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Université Protestante au Congo

Faculté d’Administration des Affaires


et Sciences Economiques
BP. 4745 Kinshasa II
Kinshasa – Lingwala

Microéconomie
Ass. Jackson KATEMBO MUHONGYA
Synthèse et exercices résolus
Alexandre NSHUE Mbo Mokime

Première Licence

Année Académique 2007 – 2008


Copyright Nshue 2007
Sommaire

Avant-propos

1. Théorie du comportement du consommateur

2. Théorie du comportement du producteur

3. Marchés et formation des prix

4. Interventions de l’Etat sur le marché

5. Biens publics et externalités

Références bibliographiques

2
Avant-propos

Le présent ouvrage est destiné aux étudiants de Licence en Sciences Economiques et


Sciences de Gestion ainsi qu’à toute personne s’intéressant à la microéconomie. Sa rédaction
a été présidée par la nécessité de mettre à la disposition des étudiants d’un recueil
d’exercices, lesquels exercices leur permettront de bien assimiler les théories
microéconomiques apprises pendant le cours. Dans cette troisième édition, j’ai jugé bon de
résoudre presque toutes les applications et de les faire précéder par quelques rappels
théoriques.

Il convient de signaler – pour cause d’honnêteté – que certains exercices n’ont pas
été composés par moi, ils ont été empruntés à d’autres auteurs. Pour chaque chapitre, il est
proposé la résolution d’un nombre important d’exercices.

Enfin, je saisis l’opportunité qui m’est faite ici, pour remercier tous mes étudiants des
années antérieures qui, grâce à leur intérêt pour la microéconomie et à leurs multiples
questions, ont suscité en moi l’envi de rédiger le présent ouvrage. Je tiens également à
remercier toutes les personnes qui ont contribué à la mise à jour et à la diffusion de ce
document. Il y va de soi qu’elles ne sont pas concernées par les faiblesses qui peuvent
entacher la version finale de l’ouvrage.

Alexandre NSHUE Mbo Mokime

Kinshasa, le 16 janvier 2006

3
1

Théorie du comportement du consommateur

L
a théorie néoclassique du comportement du consommateur se propose d’expliquer
comment se forme la demande individuelle des biens et comment est déterminée la
demande globale d’un bien (demande du bien sur le marché). A cet égard, elle postule
que tout individu est rationnel dans son processus de prise de décisions en matière de
consommation. Ceci suppose donc qu’il est soumis à un ensemble d’axiomes établissant ou
caractérisant son comportement : - axiome de comparaison ; - axiome réflexivité ; - axiome
de transitivité. Il faut d’ores et déjà noter que ce sont ces axiomes qui garantissent
l’existence de la fonction d’utilité ou de satisfaction du consommateur.

Les préférences variant d’une personne à une autre, les biens étant onéreux et les
individus n’ayant pas le même niveau de revenu, la théorie suggère qu’un consommateur
rationnel est celui qui, dans son ensemble budgétaire ou ensemble de consommation, arrive
à identifier et à consommer le panier de biens lui procurant le maximum de satisfaction.

1.1. Analyse des possibilités d’action du consommateur

Dans l’analyse du comportement du consommateur, il s’avère important de définir en


premier lieu ses possibilités d’action compte tenu de son revenu et des prix en vigueur sur le
marché. Une personne qui dispose d’un revenu monétaire de 100 ne peut pas se permettre
d’acheter un bien qui 101 UM ou plus. Par contre, il peut se permettre d’acheter – au même
moment – deux unités d’un bien qui coûte 30 UM et une unité d’un autre qui coûte 40 UM.

Pour bien étudier les choix ou décisions du consommateur, il faut dès le départ,
savoir ce qu’il peut faire sur le marché avec le pouvoir d’achat que lui confère son revenu
monétaire. Ce revient à étudier l’ensemble des éléments qui restreignent la liberté d’action
du consommateur. La première contrainte qui s’impose à lui est une contrainte financière
car les biens économiques sont, par définition, des biens onéreux. La nature peut également
imposer des contraintes au consommateur selon que le bien qu’il souhaite consommer est
disponible à des moments de temps précis (c’est le cas des fruits saisonniers) ou à des
endroits précis (c’est le cas du sable à utiliser pour des fins de construction).

D’autres contraintes aux possibilités d’action du consommateur peuvent résulter des


mesures prises par l’Etat ou les collectivités publiques. En effet, la levée d’une taxe sur la
vente d’un bien, la fixation des quotas dans la consommation de certains biens et
l’interdiction de consommer certains biens sont autant de mesures qui ne vont pas sans
conséquence sur l’aptitude d’un individu à assouvir ses besoins. Il s’avère donc important de
définir l’ensemble de faisabilité ou des possibilités d’action du consommateur, c’est-à-dire
l’ensemble des paniers de biens qui lui sont accessibles, car c’est à l’intérieur de cet
ensemble qu’il faudra rechercher le meilleur des paniers (de biens) à ses yeux.

4
Qu’entend-on par ensemble budgétaire ?

Par ensemble budgétaire EB, on entend l’ensemble des paniers de biens que le
consommateur peut se procurer compte tenu de son revenu et des prix des biens sur le
marché. Autrement dit, c’est l’ensemble des paniers de biens financièrement réalisables ou
accessibles au consommateur. Considérons le tableau ci-après.

Bien 1 Prix du Bien 2 Prix du Dépense totale Revenu Observation


bien 1 bien 2
x1 p1 x2 p2 D = p1x1 + p2x2 R Comparaison de D et R
12 10 21 5 225 200 Inaccessible
11 10 20 5 210 200 Inaccessible
10 10 20 5 200 200 Accessible
9 10 18 5 180 200 Accessible
8 10 18 5 170 200 Accessible
8 10 17 5 165 200 Accessible
7 10 16 5 150 200 Accessible
6 10 15 5 135 200 Accessible

Il ressort de ce tableau que les paniers accessibles aux consommateurs sont ceux qui
suscitent une dépense inférieure ou égale au revenu et les paniers inaccessibles sont ceux qui
entraînent une dépense totale supérieure au revenu alloué à la consommation de l’individu.

De manière formelle, on peut définir l’ensemble budgétaire EB comme suit : Soit un


individu qui est supposé acheter n biens et dont le revenu est m. Si les prix des biens sur le
marché sont p1, p2, …, pn, son ensemble budgétaire se définit en compréhension de la sorte :

EB = (x1, x2, …, xn) Rn+ telle que m ≥ p1x1 + p2x2 +… + pnxn .

Le panier de biens (x1, x2, …, xn) peut être représenté par un vecteur colonne X [ce qui veut
dire que X = (x1, x2,…, xn)] et les prix peuvent être représentés par le vecteur ligne P. Avec
cette notation, l’ensemble budgétaire peut être défini de la sorte :

EB = X Rn+ telle que m ≥ PX .

L’appartenance des paniers ou vecteurs de biens à l’ensemble Rn+ laisse entendre que les
quantités de biens ne peuvent être que supérieures ou égales à zéro (contrainte de non
négativité). Au regard de cette définition, on peut dire que c’est l’ensemble des paniers qui
ne coûtent pas plus que le revenu de l’individu, c’est-à-dire qui coûtent moins ou exactement
m. Si le nombre de biens est de deux, la contrainte budgétaire s’écrirait :

m ≥ p1x1 + p2x2.

Pour représenter graphiquement l’ensemble budgétaire, il faudra chercher à tracer sa


frontière supérieure. A cet effet, l’inégalité large de la contrainte sera remplacée par le signe
d’égalité (m = p1x1 + p2x2) et ensuite, il sera question d’identifier l’ordonnée à l’origine et
l’abscisse à l’origine. L’ordonnée à l’origine x20 est obtenue en renvoyant dans m = p1x1 + p2x2
la valeur x1 = 0. Celle-ci est égale au rapport du revenu sur le prix du bien 2, soit m/p2 et
s’interprète comme étant la quantité maximale du bien 2 que l’individu peut acheter sur le

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marché compte tenu de son revenu. De manière analogique, l’abscisse à l’origine x10 est
obtenue en supposant que x2 = 0. Elle donne la quantité maximale du bien 1 que l’individu
peut acquérir sur le marché compte tenu de son revenu, c’est-à-dire m/p1. En reliant
l’ordonnée à l’abscisse à l’origine par un segment de droite, on obtient la frontière
supérieure de l’ensemble budgétaire qu’on appelle droite de budget.

C’est en résolvant la contrainte budgétaire par rapport à x2 qu’on obtient l’équation


de la droite de budget. Celle-ci s’écrit comme suit :

x2 = (m/p2) – (p1/p2)x1.

La pente de la droite du budget est négative parce que l’accroissement de la quantité achetée
de x1 ( x1) doit se faire accompagné d’une baisse de x2 (– x2) pour que la dépense de
l’individu soit maintenue constante. Tout en admettant que les prix des biens sont constants,
prenons la variation totale (ou la différentielle totale) de m :

m = p1 x1 + p2 x 2 = 0 (ou dm = p1dx1 + p2dx 2 = 0).

La variation totale (ou la différentielle totale) est égale à zéro car le revenu est constant. En
arrangeant les éléments de cette dernière relation, on arrive à établir que :

x2/ x1= –p1/p2 (ou dx2/dx1= –p1/p2).

La pente est bel et bien négative et elle est égale au rapport des prix des biens 1 et 2. Ce
rapport de prix qu’on appelle aussi prix relatif s’interprète comme le taux de substitution du
marché en ce qu’il renseigne sur le nombre d’unité de bien 2 qu’il faut sacrifier pour
accroître la quantité du bien tout en respectant le revenu m.

L’ensemble budgétaire d’un individu qui est appelé à acheter les biens x1 et x2 sur le
marché respectivement aux prix p1 et p2 se présente de la manière ci-après.
x2

m/p2

Pente = – p1/p2

A. B.
EB
D. F. H.
0 m/p1 x1

Les paniers de biens A, D, F et H sont financières accessibles puisqu’ils appartiennent à


l’ensemble budgétaire EB alors que le panier B ne l’est pas. Les paniers A, D et F donnent lieu
à des dépenses inférieures au revenu m, le panier H donne lieu à une dépense égale à m et le
panier B entraîne une dépense supérieure à m (il est d’ailleurs en-dehors de l’ensemble EB).

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Si le revenu de l’individu est égal à 200 et que les biens 1 et 2 coûtent respectivement
10 UM et 5 UM, l’ordonnée et l’abscisse à l’origine de sa droite de budget seront :

x20 = m/p2 = 40 et x10 = m/p1 = 20.

La pente de sa droite de budget est égale –2 (le taux de substitution du marché est égal à 2).
Ainsi, pour disposer d’une unité en plus de x1, l’individu devra sacrifier 2 unités de x2.

Qu’entend-on par ensemble de consommation ?

Etant donné que les biens recherchés ne sont pas toujours disponibles sur les marchés et
que l’Etat peut réglementer la consommation d’un bien ou de toute une gamme de biens, à la
contrainte financière du consommateur, il peut se greffer d’autres contraintes. Le
contingentement de la consommation d’un bien ou la levée d’une taxe par l’Etat, modifie les
possibilités de consommation et donne lieu à un ensemble de faisabilité différent de EB.

Ainsi, l’ensemble de consommation contient les paniers de biens accessibles à


l’individu compte tenu de son pouvoir d’achat et de toutes les contraintes auxquelles il est
censé faire face : contraintes imposées par l’Etat, contrainte de disponibilité des biens sur les
marchés, contraintes naturelles. L’ensemble de consommation est dans ces conditions, un
sous-ensemble de l’ensemble budgétaire et ils se confondent lorsque seule la contrainte
financière détermine les possibilités de consommation de l’individu. Soit le tableau ci-après.

Bien 1 Prix du Bien 2 Prix du Dépense Revenu Décision de l’Etat Observation


bien 1 bien 2 théorique
X1 p1 x2 p2 D = p1x1 + p2x2 R
8 10 18 5 170 200 Personne ne peut Inaccessible
8 10 17 5 165 200 consommer plus Inaccessible
7 10 16 5 150 200 de 7 unités de x1. Accessible
6 10 15 5 135 200 Accessible

On constate que pour tous les paniers, la dépense théorique est inférieure au revenu, mais
les deux premiers paniers ne sont pas accessibles parce que contenant plus de 7 unités du
bien 1 (non respect de la norme fixée par l’Etat). Lorsque l’Etat décide que la consommation
du bien 1 ne peut pas dépasser x10, quantité inférieure à la quantité maximale que l’individu
peut acheter (m/p1), son ensemble de consommation se présentera comme suit.

x2

m/p2

Cette partie de l’ensemble budgétaire n’est plus accessible à l’individu.

EC

0 x10 m/p1 x1

7
L’ensemble de consommation EC représenté ci-dessus est un sous-ensemble de l’ensemble
budgétaire EB. La partie complémentaire de EC dans EB correspond à la partie qui n’est plus
accessible à l’individu à la suite du contingentement imposé par l’Etat.

On peut également s’imaginer ce qui se passerait si l’Etat décide de lever une taxe t
sur le bien 1 lorsque la quantité demandée de celui-ci dépasse la quantité x10. La taxe étant
une charge, les entreprises vendant le bien 1 devront revoir à la hausse le prix du bien pour
les quantités supérieures à la norme fixée par l’Etat. Dans ces conditions, la dépense totale
de l’individu D sera donnée par la relation :

D = p1x1 + p2x2

pour une consommation du bien 1 inférieure ou égale à la norme. En revanche, elle sera
donnée par la somme :
D = p1x10 + (p1 + t)(x1 – x10) + p2x2

pour une consommation du bien 1 supérieure à la norme. Ainsi, la pente de la droite du


budget sera – en valeur absolue – égale à p1/p2 pour les quantités du bien 1 inférieure à x10 et
elle sera de (p1 + t)/p2 pour les quantités du bien 1 supérieure à x10. Cette situation s’illustre
bien à travers le tableau ci-après.

Bien 1 Prix du Bien 2 Prix du Décision de l’Etat Dépense avant Dépense après Observation
bien 1 Bien 2 levée de la taxe levée de la taxe
x1 P1 x2 p2 Si la consommation
10 10 19 5 de x1 dépasse 7 195 201 Inaccessible
8 10 17 5 unités, il faudra 165 167 Accessible
7 10 16 5 supporter une taxe 150 150 Accessible
6 10 15 5 de 2 UM. 135 135 Accessible

Il ressort de ce tableau que pour les paniers contenant une quantité du bien 1 supérieure à la
norme, la dépense après l’intervention de l’Etat sera supérieure à la dépense avant
l’intervention. Le panier de biens (x1 ; x2) = (10 ; 19) qui, initialement était accessible, ne l’est
plus. Graphiquement, la situation se présentera de la sorte.

x2

m/p2
pente = p1/ p2

EC pente = (p1 + t)/p2

0 x10 x1

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L’ensemble de consommation EC est un sous-ensemble de l’ensemble budgétaire EB car tous
les points de EC appartiennent à EB mais l’inverse n’est pas vrai. Ainsi, l’effet de l’intervention
de l’Etat est de réduire l’ensemble de faisabilité du consommateur.

1.2. Préférences du consommateur et fonction d’utilité

1.2.1. Les préférences du consommateur

Le consommateur est supposé avoir des préférences à l’égard des paniers de biens
appartenant à son ensemble budgétaire EB ou ensemble de consommation EC. Ainsi, il doit
être capable de dire si le panier X est préféré ou faiblement préféré (ou être au moins aussi
désirable que) au panier Y, ou inversement. Autrement dit, le consommateur doit être en
mesure d’établir un certain préordre dans ses préférences pour qu’il soit cohérent. Cette
cohérence est le fait des trois axiomes évoqués plus haut.

Axiome de comparaison. X et Y appartenant à EC, soit X est préféré à Y, soit Y est


préféré à X, soit les deux simultanément.

Cet axiome suggère que le consommateur doit être capable de se prononcer sur sa
consommation, c’est-à-dire capable de comparer deux paniers de manière à déterminer
lequel il préfère.

Axiome de réflexivité. X appartenant à EC, X est au moins aussi désirable que X.

Ce deuxième axiome est évident et suggère qu’un panier de biens présente des particularités
qui déterminent sa valeur relative aux yeux du consommateur.

Axiome de transitivité. X, Y et Z appartenant à EC, si X est préféré à Y et Y préféré à Z,


alors X est préféré à Z.

Ce troisième axiome assure la cohérence des choix du consommateur. Il lui interdit de se


contredire dans son processus de prise de décisions.

La courbe d’indifférence

Si le consommateur se trouve en face de deux biens substituables : x1 et x2, on peut identifier


ou constituer – selon une certaine règle – un ensemble de paniers (x1 ; x2) permettant au
consommateur de réaliser un même niveau de satisfaction. Admettons que la situation de
départ de l’individu corresponde au panier A du tableau ci-dessous.

Panier Bien 1 Bien 2 Observation


x1 x2
A 15 10 Niveau de départ
B 17 09 Même satisfaction que A
C 20 10 Satisfaction supérieure à A
D 10 09 Satisfaction inférieur

9
Le panier B procure au consommateur un même niveau de satisfaction que le panier A parce
que le panier B contient un peu plus d’unités de bien 1 et un peu moins d’unités du bien 2
que le panier A. Le passage du panier A au panier B qui ne modifie en rien le niveau de
satisfaction traduit un mécanisme de substitution entre biens. Pour avoir un même niveau de
satisfaction, l’individu décide de baisser la quantité consommée du bien 2 ( x2 = –1) et
d’accroître celle du bien 1 ( x1 = 2). On peut donc dire qu’aux yeux de l’individu, une unité
de bien 2 équivaut à deux unités du bien 1.

Le panier C procure au consommateur une plus grande satisfaction que le panier A


car ils contiennent la même quantité du bien 2 et le panier C contient plus d’unités du bien 1.
Autrement dit, le passage du panier A au panier C suppose un accroissement de niveau de vie
ou de satisfaction car la quantité consommée du bien 2 n’a pas changé ( x2 = 0) et celle du
bien 1 a augmenté ( x1 = 5). Le panier D procure une satisfaction moindre que le panier A
car il contient moins d’unités des deux biens.

En partant de cet ensemble d’observations, il est possible de représenter


graphiquement le lieu géométrique des différents paniers de biens qui procurent au
consommateur un même niveau de satisfaction. Ce lieu géométrique est appelé courbe
d’indifférence en ce que l’individu – du point de vue de la satisfaction – est indifférent entre
les paniers de biens qui forme la courbe.

Pour des biens imparfaitement substituables (c’est-à-dire le cas envisagé ci-dessus), la


courbe d’indifférence – dans le plan (x1 ; x2) – est convexe par rapport à l’origine des axes.
Cette allure est justifiée par le mécanisme de substitution qui s’opère lorsque l’on passe d’un
panier de biens à un autre sans modifier le niveau de satisfaction de l’individu.

x2

x2 A A

x2B B
U0

0 x1A x1B x1

Les paniers A et B qui sont sur une même courbe d’indifférence, procure à l’individu un
même niveau de satisfaction (U0). Comme le montre si bien le graphique, le passage de A à B
correspond à une diminution de la quantité du bien 2 (– x2) et une augmentation de la
quantité du bien 1 ( x1).

Il convient de signaler que deux courbes d’indifférence puisque ne correspondant pas


à un même niveau de satisfaction ou d’utilité, ne peuvent jamais se couper. En effet, comme
nous l’avons fait remarquer avec l’axiome de transitivité, les choix d’un consommateur
rationnel doivent être cohérents. Il ne peut pas dire que le panier A est préféré au panier B

10
et dire au même moment que le panier C est préféré au panier A alors qu’à ses yeux, le
panier B équivaut au panier C. De même, il ne peut pas soutenir que le panier A est préféré
au panier B alors que le panier A équivaut au panier C et ce dernier équivaut au panier B.
Cette contradiction apparaît clairement dans le graphique suivant.

x2

B
C

0 x1

Au regard de leurs compositions respectives (x1A x1B et x2A x2B), on dit que le panier A est
préféré au panier B. Cependant, le panier C qui se trouve au point de croisement des deux
courbes d’indifférence équivaut à la fois aux paniers A et B, ce qui est une contradiction.

L’utilité marginale et le taux marginal de substitution

Le niveau de satisfaction de l’individu dépendant des quantités de biens consommées, on


peut établir la relation suivante :
U = U(x1, x2).

Etant donné que ce sont les quantités de biens qui déterminent le niveau de satisfaction, une
variation de la quantité de bien consommée entraîne une variation de la satisfaction. L’effet
de l’accroissement d’une unité (ou d’un accroissement infinitésimal) du bien 1 ou bien 2 sur
l’utilité ou la satisfaction totale de l’individu est appelé utilité marginale du bien.

Bien 1 Utilité totale Utilité marginale


x1 U Umx1
11 27 –
12 31 4
13 33 2

L’utilité marginale du bien 1 est donnée par le rapport des variations de l’utilité totale et de
la quantité consommée du bien 1, soit :

Umx1 = U/ x1 (ou Umx1 = dU/dx1).

11
Il ressort de l’observation que dans un processus de consommation, la valeur relative ou
l’utilité marginale d’un bien évolue de manière décroissante (loi de Gossen). L’anecdote
utilisée pour rendre compte de cet état de choses est celui d’une personne en provenance
dans lieu désertique et qui désir étancher sa soif en prenant de l’eau. L’intérêt qu’il va
accorder au premier verre sera plus grand que celui qu’il va accorder au second verre, et
ainsi de suite.

Tout le long d’une courbe d’indifférence, le niveau de satisfaction est constant, c’est-
à-dire égal à U0. Prenons la variation totale ou la différentielle totale de U0 :

U0 = Umx1 x1 + Umx2 x2 = 0 (ou dU0 = Umx1dx1 + Umx2dx2 = 0).

En aménageant les termes de cette relation, on arrive à l’expression suivante :

– x2/ x1 = Umx1/Umx2 (ou –dx2/dx1 = Umx1/Umx2).

Cette expression qui mesure la pente de la tangente menée en un point de la courbe


d’indifférence est appelée taux marginal de substitution. Etant donné qu’il correspond au
rapport des variations des quantités de biens consommées, on le considère comme étant
l’expression des préférences relatives des biens aux yeux du consommateur.

Lorsqu’il ajuste les quantités de biens consommées pour maintenir inchangé son
niveau de satisfaction, le consommateur se rapporte à l’utilité marginale des biens qu’il
ajuste. La perte d’utilité enregistrée lorsqu’il diminue la quantité consommée du bien 2 doit
être exactement compensée par le gain d’utilité résultant de l’accroissement de la quantité
consommée du bien 1 pour rester sur la même courbe d’indifférence.

x2

x2 A A

x2B B
U0

0 x1A x1 B x1

Le passage du panier A au panier B qui suppose une modification des quantités consommés
des deux biens, se traduit aussi par une baisse de la pente de la tangente menée à la courbe
d’indifférence (baisse du taux marginal de substitution). Pour comprendre cet état de choses,
il y a lieu de se rapporter à la loi de Gossen (loi de la décroissance de l’utilité marginale). Par
construction, le taux marginal de substitution TmS est donné par le rapport des utilités
marginales des biens, soit :

12
TmS = Umx1/Umx2.

Lorsque l’on passe du panier A au panier B, le bien 2 devient relativement rare (ce qui
accroît son utilité marginale) et le bien 1 devient relativement abondant (ce qui diminue son
utilité marginale). Il ne peut donc s’en suivre qu’une baisse du taux marginal de substitution.

1.2.2. La fonction d’utilité

Il est souvent commode d’utiliser une fonction d’utilité pour caractériser le comportement
du consommateur. Celle-ci est définie dans l’ensemble de consommation EC et est à valeur
dans l’ensemble Rn+ telle que X est préféré à Y si et seulement si U(X) U(Y). C’est un outil
permettant de synthétiser le comportement d’un consommateur rationnel mais il ne faut pas
lui donner une interprétation psychologique quelconque. Sa force réside dans le fait qu’elle
soit ordinale1.

Si la fonction d’utilité U(.) est monotone2 et qu’elle respecte les trois axiomes de
comportement, il est possible de caractériser un même comportement de consommation
par une transformation monotone de la fonction U(.). Si U(X) U(Y) pour le consommateur,
on devra nécessairement vérifier que f(U(X)) f(U(Y)) si la fonction f(.) est une
transformation monotone de la fonction U(.), car la fonction d’utilité établit une relation
d’ordre entre paniers de biens.

La fonction d’utilité est concave en ce que l’utilité totale augmente jusqu’à un certain
seuil (point de saturation) avec la quantité de biens consommés mais à un rythme
décroissant. Ceci parce que lorsqu’un bien devient relativement abondant, son utilité ou sa
valeur relative aux yeux du consommateur diminue (loi de Gossen).

Utilité

U = U(x)

0 x* x

Le point x* est un maximum parce qu’il procure à la fonction d’utilité une valeur qu’aucun
autre point de l’ensemble de faisabilité ne peut lui procurer. Lorsque la consommation de
l’individu va au-delà de x*, son niveau de vie ou de satisfaction baisse. Le point x* étant un

1
Les premiers économistes à avoir étudié le concept d’utilité le considéraient comme une grandeur cardinale.
Or, à dire le vrai, on ne peut attacher une valeur particulière à un index d’utilité et lui faire subir des opérations
arithmétiques.
2
Une fonction monotone est une fonction qui croît ou décroît toujours dans son domaine de définition.

13
maximum, son utilité marginale est égale à zéro et pour toutes les quantités venant après x*,
l’utilité marginale devient négative.

Une fonction d’utilité U(.) est dite « well behaved » lorsque sa dérivée première est
non négative et sa dérivée seconde est négative, c’est-à-dire lorsque :

U (.) 0 et U (.) 0.
Au regard de ces propriétés de la fonction d’utilité, on doit vérifier que :

U(X) aU(Y) + (1 – a)U(Z)

avec X = aY + (1 – a)Z et 0 a 1. Il découle de cette propriété qu’un panier de biens X


obtenu par la moyenne pondérée de deux autres paniers : Y et Z se situant sur une même
courbe d’indifférence, procure un niveau de satisfaction U(X) inférieur à celui que donne la
moyenne pondérée des utilités U(Y) et U(Z).

x2

x2 Y Y

X
x2 Z Z
U0

0 x1Y x1Z x1

1.2.3. Problème économique du consommateur

Le problème économique de base du consommateur est celui de la maximisation de l’utilité


que lui procure un panier de biens compte tenu des contraintes qui restreignent sa liberté
d’actions. En l’absence de toute intervention de l’Etat, le problème s’écrit formellement
comme suit :
Max U(x1, x2,…, xn)
telle que m ≥ p1x1 + p2x2 +… + pnxn
avec x1, x2,…, xn ≥ 0.

Pour que ce problème ait une solution finie, il faudrait que la fonction d’utilité soit continue
dans son domaine de définition et que l’ensemble de consommation (ensemble de faisabilité)
soit fermé et borné (c’est-à-dire un ensemble convexe).

La résolution du problème économique d’un consommateur rationnel consiste à


trouver un compromis entre ce qu’il veut (l’utilité recherchée) et ce qu’il peut (possibilités
d’action déterminées par l’ensemble de consommation). Nous allons considérer – dans les
lignes qui suivent – que le consommateur se trouve en présence de deux biens pour illustrer
les différentes méthodes de résolution de son problème d’optimisation.

14
Max U(x1, x2)
telle que m ≥ p1x1 + p2x2
avec x1, x2 ≥ 0.

Résolution graphique du problème

La résolution du problème du consommateur par la méthode graphique consiste à égaliser la


pente de sa droite de budget à la pente de sa courbe d’indifférence. Les pentes de la courbe
d’indifférence et de la droite du budget sont respectivement :

–dx2/dx1 = Umx1/Umx2 et –dx2/dx1 = p1/p2.

En égalisant ces deux pentes, on obtient la condition d’équilibre du consommateur, soit :

TmS = Umx1/Umx2 = p1/p2.

Traçons dans un même plan, la droite du budget du consommateur et un ensemble de


courbes d’indifférence3pour déterminer le panier de biens qui lui permet de réaliser son
équilibre.

x2

A C G

x2* H E F
U2

U1

U0

0 x1* x1

L’objectif du consommateur est de situer sur la courbe d’indifférence la plus élevée possible
(c’est-à-dire la courbe U2). Etant donné que les paniers qui constituent la courbe
d’indifférence U2 tels que G et F n’appartiennent pas à son ensemble budgétaire, il ne pourra
pas les acheter. Les paniers A et H sont financièrement accessibles mais ils procurent une
satisfaction inférieure à celle procurée par le panier E qui est aussi un panier accessible.

Le panier (x1* ; x2*) correspond à la solution optimale du problème en ce qu’il est le


seul panier de l’ensemble budgétaire qui permet au consommateur de réaliser la plus grande
satisfaction possible, c’est-à-dire d’atteindre la courbe d’indifférence U1. Au point E, la pente
de la droite du budget est égale à la pente de la courbe d’indifférence.

Résolution algébrique du problème

3
On appelle carte d’indifférence, un ensemble de courbes d’indifférence.

15
Le problème du consommateur peut être résolu selon une approche algébrique, à l’aide de
deux méthodes, à savoir la méthode de substitution et la méthode du multiplicateur de
Lagrange4.

Méthode de substitution

Cette méthode consiste à ramener un problème d’optimisation sous contrainte à un


problème d’optimisation libre en résolvant la contrainte par rapport à une des variables et
en renvoyant le résultat obtenu dans la fonction-objectif. En résolvant la contrainte
budgétaire par rapport à x2, on obtient :

x2 = (m – p1x1)/p2.

Si on rentre dans la fonction-objectif avec cette relation, le problème devient :

Max U = f[x1, (m – p1x1)/p2]

Prenons la condition du premier ordre de la maximisation.

dU/dx1 = Umx1 + Umx2(dx2/dx1) = 0 ou Umx1 + Umx2(–p1/p2) = 0.

En aménageant les éléments de cette dernière relation, on obtient la condition d’équilibre


d’un consommateur, soit :
TmS = Umx1/Umx2 = p1/p2.

Méthode de Lagrange

La méthode de Lagrange consiste à transformer un problème d’optimisation sous contrainte


en un problème d’optimisation libre en se servant d’une fonction auxiliaire appelée
Lagrangien. Cette fonction associe la fonction-objectif et la contrainte afin que, dans le
processus d’optimisation, soit pris en considération la sensibilité du comportement par
rapport au desserrement de n’importe quel élément de la contrainte. Le Lagrangien du
problème de maximisation de l’utilité du consommateur s’écrit de la sorte :

L = U(x1, x2) (p1x1 + p2x2 m),

où représente le multiplicateur de Lagrange. En différentiant le Lagrangien par rapport aux


xi, on obtient les conditions du premier ordre :

L/ x1 = Umx1 p1 = 0 Umx1 = p1
L/ x2 = Umx2 p2 = 0 Umx2 = p2

En divisant la première condition du premier ordre par la deuxième condition, ce qui élimine
le multiplicateur de Lagrange, on obtient :

Umx1/Umx2 = p1/p2.

4
Pour en savoir plus sur les différentes méthodes, voir l’annexe.

16
La fraction de gauche représente le taux marginal de substitution entre les biens 1 et 2 et
celle de droite le taux de substitution économique aussi appelé prix relatif des biens. La
maximisation implique l’égalité de ces deux taux. Il faut toutefois noter que ceci ne se vérifie
que si les préférences sont convexes, c’est-à-dire si les courbes d’indifférence qui rendent
compte du comportement du consommateur sont convexes par rapport à l’origine des axes.

Il est possible d’avoir des solutions frontières ou solutions au coin, c’est-à-dire des
solutions telles qu’à l’équilibre, la quantité demandée d’un bien est égale à zéro. C’est le type
de résultats que l’on obtient généralement lorsque les préférences du consommateur sont
concaves ou lorsque les biens qu’il demande sont parfaitement substituables.

1.2.4. Quelques cas particuliers de préférences

Les substituts parfaits

Deux biens x1 et x2 sont qualifiés de parfaitement substituables si le consommateur est


disposé à les substituer à un taux constant. Admettons qu’un étudiant, pour présenter son
interrogation de microéconomie, a besoin d’un stylo, peu importe la couleur de celui-ci.
Puisqu’il n’aura pas à utiliser au même moment deux stylos, on pourra lui donner un stylo de
couleur bleue ou un stylo de couleur noire. Dans ces conditions, le stylo de couleur noire
est un substitut parfait du stylo de couleur bleue et le taux d’échange est de un contre un.

Représentons par x1 le nombre de stylos de couleur bleue et par x2, le nombre de


stylos de couleur noire. Si la couleur n’importe pas, on peut considérer les paniers suivants
comme procurant au consommateur un même niveau de satisfaction ou d’utilité.

Panier A B C D E F G H I
x1 4 3 5 6 2 7 1 0 8
x2 4 5 3 2 6 1 7 8 0
x1 + x2 8 8 8 8 8 8 8 8 8

La courbe d’indifférence représentant les préférences du consommateur dans ce cas précis


est une droite de pente –1. Ceci parce que les déplacements le long de la courbe
d’indifférence exigent des sacrifices ou pertes en x2 égales aux accroissements de x1.

x2

J.

K.

0 8 x1

17
Il se dégage du tableau et du graphique que pour l’individu, ce qui importe c’est d’avoir au
total 8 stylos. Le panier K qui contient moins de 8 stylos procure une satisfaction inférieure
aux paniers A B, …, I et le panier J qui contient plus de 8 stylos, procure une satisfaction plus
grande que les paniers A B, …, I. Dans ces conditions, on peut écrire la fonction d’utilité de
l’individu de la sorte :
U(x1, x2) = x1 + x2.

A partir de ce cas particulier, on déduit que lorsque deux biens sont parfaitement
substituables, la courbe d’indifférence associée aux préférences du consommateur est une
droite. C’est la constance de la pente de la courbe qui constitue la caractéristique principale
des substituts parfaits.

Admettons qu’aux yeux d’un autre consommateur, un stylo de couleur bleue


équivaut exactement à deux stylos de couleur noire. Comme le montre bien le tableau
ci-dessous, dans ce deuxième cas, ce qui importe, ce n’est plus le total de stylos mais plutôt
le total de stylos selon les exigences en termes de couleur car le taux d’échange est de –2.

Panier A B C D E F G
x1 4 5 6 0 1 2 3
x2 4 2 0 12 10 8 6
x1 + x2 8 7 6 12 11 10 9
2x1 + x2 12 12 12 12 12 12 12

La courbe d’indifférence représentant les préférences de ce deuxième consommateur est


une droite de pente –2. Ceci parce qu’il faut sacrifier 2 unités de x2 pour avoir une unité
additionnelle de x1 pour un même niveau de satisfaction.

x2

12

0 6 x1

Dans ce deuxième cas, la courbe d’indifférence est aussi une droite. On peut donc dire que
la forme générale de la fonction d’utilité lorsque les biens des substituts parfaits est la
suivante :

U(x1, x2) = ax1 + bx2.

18
Les utilités marginales des deux biens sont constantes : Umx1 = a et Umx2 = b. Par
conséquent, le taux marginal de substitution entre les deux biens est aussi constant :

TmS = a/b.

Etant donné que le taux marginal est constant, la position d’équilibre du consommateur ne
sera pas déterminée par la condition de tangence qu’on a mis en évidence plus haut. On va
se servir à cet effet de l’approche graphique.

x2

D
Droite de budget
.F

0 E x1

Les points D, E et F sont des points financièrement réalisables puisque appartenant à


l’ensemble budgétaire. Le consommateur réalise son équilibre au point E car – de tous les
points qui lui sont accessibles – c’est le point qui lui procure le plus de satisfaction. On est
donc en présence d’une solution frontière : x1* = m/p1 et x2 = 0. Le consommateur
n’achètera que le bien 1 parce qu’il moins cher.

Les biens complémentaires

Deux biens x1 et x2 sont complémentaires dans un processus de consommation si l’on ne


peut pas consommer l’un sans l’autre et cela, dans des proportions fixes. C’est le cas d’une
personne qui consomme nécessairement une tasse de thé avec deux morceaux de sucres ou
une paire de chaussure avec une paire de chaussette. Si on lui donne deux tasses de thé, il
faudra nécessairement lui adjoindre quatre morceaux de sucre pour qu’il puisse assurer
convenablement sa consommation. De même, il faut accompagner deux paires de chaussures
de deux paires de chaussettes pour qu’il accroisse sa satisfaction.

Panier Tasses de Morceaux Utilité Observation


Thé De sucre
x1 x2
A 1 2 Même niveau Le nombre de tasse correspond aux morceaux de sucre
B 1 3 Même niveau Il y a un morceau de sucre en trop
C 1 4 Même niveau Il y a deux morceaux de sucre en trop
D 2 2 Même niveau Il y a une tasse de thé en trop
E 3 2 Même niveau Il y a deux tasses de thé en trop
F 2 4 Supérieur Le nombre de tasse correspond aux morceaux de sucre

19
Il ressort de ce tableau que le niveau de satisfaction dépend de la correspondance entre le
nombre de tasses et de morceaux. Pour accroître le niveau de satisfaction du
consommateur, il faut accroître simultanément et dans les mêmes proportions les quantités
consommées des deux biens (c’est le cas du panier F). Les paniers B, C, D et E procurent à
l’individu un même niveau de satisfaction que le panier A parce que contenant un peu trop de
sucre ou un peu trop de tasses de thé. Par un raisonnement analogue, on peut identifier les
paniers de biens qui procurent à l’individu la même satisfaction que le panier F.

x2

4 C F U1

2 A U0
D E

0 1 2 3 x1

Pour ce type de biens, la courbe d’indifférence prend la forme d’un « L » majuscule et la


fonction d’utilité s’écrit de la manière suivante :

U = min ax1, bx2 .

Les coefficients a et b renseignent sur la manière de combiner les deux biens et l’expression
« min » laisse entendre que c’est le bien qui est relativement rare (par rapport aux exigences
du consommateur) qui détermine le niveau de satisfaction.

x2

D U2
x2* E F U1

H U0

0 x1* x1

Les paniers de biens D et H sont financièrement accessibles tout comme le panier E. Mais
pour le consommateur, le meilleur des choix se trouve réalisé en E, car ce panier procure

20
une plus grande satisfaction. Le panier F qui équivaut au panier E n’est pas financièrement
réalisable parce que contenant trop d’unités du bien 1.

Les biens neutres

Un bien est neutre aux yeux d’un consommateur si la quantité disponible de ce bien
n’influence aucunement son niveau de satisfaction. Admettons qu’à une réception, le
protocole présente à un diabétique – lors d’un premier service – un panier de 19 bouteilles
de boisson sucrée. Le diabétique ne consommera aucune bouteille compte tenu de son état
de santé. Si – lors d’un deuxième service – le protocole lui présente un autre panier
contenant cette fois, 30 bouteilles de boisson sucrée, son niveau de satisfaction n’aura pas
changé quand bien même le nombre de bouteille a augmenté. Dans ces conditions, le bien
boisson sucrée est un bien neutre à ses yeux. Sa situation ne pourra s’améliorer que si on lui
présente un panier contenant du soda. Et plus important sera le nombre de bouteilles de
soda, plus élevé sera le niveau de sa satisfaction.

Si l’on représente le nombre d’unité du bien neutre (boisson sucrée) par x2 et le


nombre de bien désirable (soda) par x1, la courbe d’indifférence de l’individu sera une droite
parallèle à l’axe des ordonnées. La satisfaction augmentera que si l’on augmente la quantité
de x1. C’est ce qui justifie le passage de la courbe U0 à la courbe U1.

x2
U0 U1

0 1 2 x1

Dans ce cas, le consommateur réalise son équilibre en consacrant tout son revenu à
l’acquisition du bien désirable (solution frontière). Ceci parce que le niveau de satisfaction
est déterminé par x1 et que celui-ci est maximisé au point x1* = m/p1.

x2
U0 U1 U2 U3

m/p2

21
0 m/p1 x1

Les biens indésirables

Un bien indésirable est un bien que le consommateur n’aime ou ne souhaiterait pas


consommer. Admettons que pour des raisons de santé, un parent soit obligé de faire boire
régulièrement à son enfant du jus de carotte alors que celui-ci ne l’aime pas. Pour l’enfant, ce
jus est un bien indésirable et il ferait tout ce qu’il peut pour éviter de le consommer.

Conscient des goûts de son enfant, le parent peut – pour séduire son enfant – lui
proposer en accompagnement du chocolat (bien qu’il aime). On peut donc dire que l’enfant
sera prêt à prendre facilement un verre de jus si on lui donne par la suite un petit pot de
chocolat. S’il faut lui donner deux verres de jus, comment devrait-on ajuster la quantité de
chocolat pour que sa satisfaction soit la même que celle réalisée avec un verre de jus et un
petit pot de chocolat ? Il faudra simplement lui donner un deuxième pot de chocolat. Dans
ces conditions, les courbes d’indifférences du consommateur auront une pente positive.

x2
U0 U1 U2

0 x1
La satisfaction de l’enfant s’accroîtrait si l’on maintient inchangé le nombre de verre jus et
augmente le nombre de pot de chocolat, si l’on diminue le nombre de verre de jus et
maintient inchangé le nombre de pot de chocolat ou si l’on diminue le nombre de verre du
jus et augmente le nombre de pot de chocolat.

Les préférences concaves

Il existe de ces biens que l’individu ne peut pas consommer au même moment compte tenu
de leur nature ou de ses goûts. C’est le cas de la combinaison poisson salé – gâteau aux
fraises. Dans de telle situation, la courbe d’indifférence du consommateur est concave par
rapport à l’origine des axes.

22
x2

Droite de budget

0 F x1

Le point E qui est un point de tangence entre une courbe d’indifférence et la droite de
budget ne correspond pas à un choix optimal pour le consommateur car il est possible pour
lui d’acheter le panier F qui se situe sur une courbe d’indifférence supérieure. L’équilibre qui
est donc réalisé au point F est une solution au coin en ce que x1* = m/p1 et x2* = 0.

1.2.5. Fonctions de demande et élasticités

Les fonctions de demande renseignent sur la relation qui existe entre la quantité consommée
d’un bien et les prix des biens et le revenu du consommateur. En règle général, on s’attend à
ce que la demande d’un bien diminue lorsque son prix est en hausse et qu’elle croisse
lorsque le revenu du consommateur. Nous allons montrer, dans les lignes qui viennent, d’où
proviennent ces conclusions.

Variation du prix, équilibre du consommateur et demande

Lorsque le prix du bien 1 baisse alors que celui du bien 2 est maintenu inchangé et que le
revenu du consommateur demeure le même, on assiste à un pivotement vers l’extérieur de
la droite de budget. Ce déplacement suppose un élargissement des possibilités d’action du
consommateur, c’est-à-dire un accroissement de son pouvoir d’achat. Le consommateur
devrait à cet effet améliorer son niveau de vie en passant sur une courbe d’indifférence
supérieure (passage de U0 à U1 et passage de U1 à U2).

x2

23
E2
E1
E0
U2

U1
U0

0 x1

Prix du bien 1

p1

p1
p1

0 x1
A partir de l’évolution des prix et des quantités consommées par l’individu, on arrive à
établir une relation de sens inverse entre la demande du bien 1 et son prix.

Variation du revenu, équilibre du consommateur et demande

Les effets d’un accroissement du revenu du consommateur sont l’élargissement de son


ensemble budgétaire (la droite de budget se déplace parallèlement vers l’extérieur) et le
déplacement de sa position d’équilibre (accroissement des quantités consommées des deux
biens). Le déplacement parallèle vers l’extérieur de la droite de budget tient au fait que le
revenu a augmenté et que les prix des biens n’ont pas changé.

x2

24
E2 Courbe revenu - consommation

E1
U2

E0 U1
U0

0 x1

Revenu

0 x1

A l’aide du graphique ci-dessus, on arrive à montrer qu’un accroissement du revenu du


consommateur entraîne un accroissement de la quantité demandée du bien 1.

Bien supérieur et bien inférieur

Considérons une personne qui consomme deux biens, à savoir la viande de bœuf et le
poisson chinchard. Si, à la suite d’un accroissement de son revenu, on assiste à une
diminution de la quantité consommée de chinchard et à l’accroissement de la quantité de
viande consommée, on conclue que le chinchard est un bien inférieur et la viande de bœuf,
un bien supérieur. Graphiquement, les choses se présentent comme suit.

x2

25
E1
E2

0 x1

Cette situation montre que la relation de sens positif entre la quantité consommée d’un bien
et le revenu du consommateur n’est pas toujours vérifiée. Pour certains biens, les
accroissements du revenu du consommateur se traduisent par une baisse des quantités
consommées. On les qualifie ainsi de biens inférieurs par rapport aux biens qui les
remplacent dans le panier de consommation.

Fonctions de demande classique ou marshalienne5

La solution au problème de maximisation de l’utilité du consommateur donne lieu à des


fonctions de demande dont les arguments sont le revenu du consommateur et les prix des
biens sur les marchés, soit :

xi = xi(m, pi, …, pn).

Si le bien est normal, tout accroissement du revenu devrait se traduire par une hausse de la
quantité consommée du bien, tout accroissement de son prix pi devrait se traduire par une
baisse de la quantité consommé et les effets des variations des autres prix sur la demande
dépendent du type de relation qui relie le bien i autres biens : relation de substitualité ou
relation de complémentarité. S’il y a une relation de complémentarité, la demande diminuera
si le prix du bien j augmente et elle augmentera en cas de substitualité.

Etant donné que l’on connaît les facteurs explicatifs de la demande, il y a lieu de
chercher à mesurer l’impact d’une variation d’un des déterminants de la demande sur la
quantité de bien demandée. On serait tenter de faire le rapport de la variation de la quantité
demandée sur la variation du facteur explicatif, la variation du prix par exemple. Mais la
chose devient compliquée en ce que les unités de mesure des quantités et des prix ne sont
pas concordantes. Pour contourner cette faiblesse, les économistes se servent du coefficient
d’élasticité qui n’est rien d’autre que le rapport des variations relatives de la demande et du
prix (ou du revenu).

Le coefficient d’élasticité mesure la sensibilité de la demande à la variation d’un de ses


arguments. Ainsi, l’élasticité-revenu mesure l’effet d’une variation de m sur xi, l’élasticité-prix
l’effet d’une variation de pi sur xi et l’élasticité croisée l’effet d’une variation de pj sur xi.

Elasticité-revenu : xi, m = (dxi/dm)(m/xi)


Elasticité-prix : xi, pi = (dxi/dpi)(pi/xi)
Elasticité croisée : xi, pj = (dxi/dpj)(pj/xi).

5
Ces fonctions sont dites marshaliennes car elles ont été proposées par l’économiste A. Marshall.

26
Si l’on est en présence de données discrètes, les trois coefficients d’élasticité seront donnés
par les relations suivantes :

Elasticité-revenu : xi, m = ( xi/ m)(m/xi)


Elasticité-prix : xi, pi = ( xi/ pi)(pi/xi)
Elasticité croisée : xi, pj = ( xi/ pj)(pj/xi).

Pour éviter les complications dans le calcul de l’élasticité à partir des données discrètes,
Samuelson a suggéré les formules suivantes :

x m1 m2
Elasticité-revenu : xi, m .
m x1 x 2
x p i1 p i 2
Elasticité-prix : xi, pi
p i x1 x 2
x p j1 p j 2
Elasticité croisée : xi, pj .
p j x1 x 2

Effet prix, effet revenu et effet de substitution

Lorsque son environnement économique change, un consommateur rationnel revoie ses


choix de consommation. On s’attend généralement à ce que la demande d’un bien diminue
lorsque son prix augmente. Toutefois, il peut être observé une résistance par rapport à
cette tendance à la baisse de la demande, résistance due à un accroissement du revenu
alloué à la consommation.

La variation du prix d’un bien entraîne deux types d’effets : (1) modification du taux
d’échange ou du prix relatif des biens et (2) modification du pouvoir d’achat ou revenu réel
du consommateur. Pour ce faire, il faut toujours décomposer la variation du prix en deux
effets. L’effet de la première modification est appelé effet de substitution et celui de la
deuxième est appelé effet de revenu, effet de substitution en ce que le changement du prix
relatif doit amener l’individu à revoir la composition de son panier de biens et effet de
revenu en ce que l’ensemble des possibilités financières de l’individu change.

Lorsque le prix du bien 1 diminue en passant de p1 à p1 , la droite de budget pivote


autour de l’ordonnée à l’origine (m/p2). Ce mouvement se traduit par un changement de la
pente de la droite de budget et se décompose en deux étapes : la rotation de la droite
autour du choix initial (E0) et ensuite le déplacement parallèle vers le haut de la droite en
direction du nouvel équilibre E1.

x2

Droite de budget initiale Nouvelle droite


m/p2

27
x2 0 E0
E1

0 x10 m/p1 m/p 1 x1

Soit m le revenu associé à la droite de budget après rotation. La contrainte budgétaire après
rotation et la contrainte initiale s’écrivent respectivement de la sorte :

m = p1 x1 + p2x2 et m = p1x1 + p2x2.

Retranchons la deuxième de la première pour avoir la relation suivante :

m – m = x1 p1 – p1 ou m = x1 p1.

Cette équation indique la variation du revenu nominal nécessaire pour que le panier initial
soit accessible au nouveau prix relatif. Ainsi, l’effet de substitution xS1 est la variation de la
demande du bien 1 quand le prix et le revenu deviennent p1 et m , soit :

xS1 = x1(p1 , m ) – x1(p1, m).

L’effet de revenu est la variation de la demande du bien 1 lorsque le revenu passe de m à m


et que le prix du bien est maintenu au niveau p 1 :

xm1 = x1(p1 , m) – x1(p1 , m ).

La somme de ces deux effets donne l’équation de Slutsky qui donne la variation totale de la
demande.
x1 = x1(p1 , m) – x1(p1, m).

Fonctions de demande compensée ou hicksienne6

Par une approche duale, le problème du consommateur peut être présenté en termes d’une
minimisation de la dépense pour réaliser un niveau donné de satisfaction.

Min m = p1x1 + p2x2 +… + pnxn


telle que U(x1, x2,…, xn) ≥ U*
avec (x1, x2,…, xn) EC.
La solution de ce programme donnera lui aux mêmes valeurs d’équilibre que celles obtenues
après résolution du programme de maximisation car les deux sont en dualité. Il faudrait
cependant remarquer que les fonctions de demande que l’on obtient ici diffèrent des
fonctions de demande marshalienne en ce qu’elles ont pour arguments les prix des biens et
le niveau d’utilité U*.
xhi = xhi(U*, pi, …, pn).

6
Ces fonctions sont qualifiées de hicksiennes car elles ont été proposées par l’économiste J.R. Hicks.

28
Pour cette fonction de demande que l’on appelle fonction de demande compensée, il n’est
pas possible de calculer l’élasticité-revenu car le revenu m n’est plus argument de la fonction
de demande. Il convient également de remarquer les effets-prix ne sont pas de même
ampleur.

En règle générale, la courbe de demande hicksienne (ou compensée) a une pente plus
importante que la courbe de demande marshalienne (ou classique). Ceci parce que dans le
premier programme, l’ensemble budgétaire était fixé alors que dans le second, il est
changeant et le problème est celui de réaliser un niveau donné de satisfaction.

p1

xh1
xm1

p1 e E

0 x1 e x1

Le point E correspond à la fois à la solution du problème de maximisation de l’utilité et à la


solution du problème de minimisation de la dépense. Pour un prix supérieur à p1e, la
demande compensée sera supérieure à la demande classique car il faut maintenir inchangé le
niveau de satisfaction. En revanche, si le prix tombe à un niveau inférieur à p1e, la demande
compensée sera inférieure à la demande classique.

Demande du marché

La demande du marché Xd est donnée par la somme des demandes individuelles, c’est-à-dire
la somme des quantités de biens demandées par les n individus pour différents niveaux de
prix.
Xd = j xdj(p) (j = 1, 2, …, n).

29
Si les fonctions de demande individuelle sont de même expression, la demande du marché
sera donnée par le produit du nombre de consommateur par la fonction de demande
individuelle :
Xd = nxdj(p).

L’élasticité-prix de la demande du marché Xp est donnée par :

Xp = (dXd/dp)(p/Xd) = dln Xd/dln p.

La demande est dite équilatère lorsque l’élasticité-prix en valeur est égale à l’unité, c’est-à-
dire lorsque les variations relatives du prix entraîne des variations relatives de la demande de
mêmes ampleurs.

Applications à résoudre

1. Comment se modifie l’ensemble budgétaire en cas de variation simultanée et dans les


mêmes proportions des prix des deux biens consommés par un individu ?

2. Soit un individu qui consomme deux biens x1 et x2, sa contrainte budgétaire est
notée : m = p1x1 + p2x2. Démontrez que l’accroissement du prix p1 à concurrence de
p1 entraîne un pivotement vers l’intérieur de la droite du budget.

3. Quelle est la caractéristique fondamentale des courbes d’indifférence lorsque les


biens consommés sont des substituts parfaits ?

4. Quelle est la caractéristique fondamentale des préférences lorsque les biens


consommés sont complémentaires ?

5. Soit la fonction d’utilité U = xy où x et y mesurent respectivement les quantités


consommées de deux biens 1 et 2. Montrez que l’ensemble des paniers de biens (x, y)
apportant une utilité supérieure ou égale à U0 est convexe.

6. Soit un individu dont les préférences sont par la fonction d’utilité U = U(x1, x2). En
considérant la transformation monotone de cette dernière fonction d’utilité que l’on
écrit W = f[U(x1, x2)], montrez que l’index d’utilité est une grandeur « ordinale » et
non pas « cardinale ».

7. Soient les fonctions d’utilité ci-après :

UA = ax1 + bx2
UB = Log x1x2
UC = x10,5x20,5

30
Il est demandé de calculer les utilités marginales, de déduire la valeur du taux
marginal de substitution et de discuter de l’allure des courbes d’indifférence.

8. Soit le programme ci-après :

Max U = x1ax2b
telle que m p1x1 + p2x2
avec x1, x2 0 .

a. Résolvez le programme en dérivant les fonctions de demande des deux biens.


b. Quelles sont les quantités consommées des deux biens si m = 80, p1 = 4, p2 = 8
et a = b = 0,5 ?
c. Soit le panier de biens (x1 = 20 ; x2 = 2,5) qui procure une même satisfaction que
celle réalisée à l’équilibre. Comparez le taux marginal de substitution au point
d’équilibre et en ce point.
d. Admettez que le prix du bien 1 passe de 4 à 8. Déterminez à la fois l’effet-prix,
l’effet-revenu et l’effet de substitution. De quel type de bien s’agit-il ?

9. Soit un individu qui consomme deux biens dont la fonction d’utilité est U = x12 + x1x2.
Son ensemble de consommation appartient à R2+. Si son revenu m = 20, p1 = 5 et
p2 = 3, quel est le plan de consommation qui maximise son utilité ?

10. Soit le problème ci-après d’un consommateur.

Max U = [ax1– + bx2– ]–1/


telle que m p1x1 + p2x2
avec x1, x2 0 .

a. Résolvez le problème du consommateur.


b. Quelles sont les quantités consommées si m =10, p1 =2, p2 = 1 et a = b = 0,5 ?
c. Déterminez les effets prix, revenu et de substitution si p1 passe à 4. De quel type de
bien s’agit-il ?

11. Le comportement d’un consommateur est décrit à l’aide du programme ci-dessous :

Max U = U(x1, x2) = ax1 + bx2


telle que m p1x1 + p2x2
avec x1, x2 0 et a = cp1 et b = cp2.

A quel point se réalise l’équilibre du consommateur sur la courbe d’indifférence ?

12. Résolvez le programme ci-après :

Max U(x1, x2) = 3x1 + x2


telle que 120 4x1 +3 x2
avec x1, x2 0.

31
13. Présentez la carte d’indifférence d’un individu qui consomme un bien indésirable x1 et
un bien neutre x2 et dites dans quelles conditions il vient à réaliser ou à atteindre un
maximum de satisfaction.

14. Soit un individu qui consomme deux biens x1 et x2 parfaitement substituables au taux
un contre un. Sachant que sa contrainte budgétaire est donnée par m = p1x1 + p2x2,
déterminez les fonctions de demande de ces deux biens.

15. La fonction d’utilité d’un consommateur est donnée par

U = x1a + x2b avec a, b > 1.

a. Démontrez que le comportement que traduit cette fonction n’est pas le reflet
des préférences convexes.
b. Comment se comporte le taux marginal de substitution lorsque l’on se déplace
de la gauche vers la droite tout le long de la courbe d’indifférence ?

16. Soit un individu pour lequel les préférences sont exprimées par la fonction de
satisfaction U = ax1(x1 + x2) et qui dispose d’un revenu de cent unités monétaires. Si
p1 = 25 et p2 = 15, quel est le plan de consommation qui maximise son utilité ?
17. Soit un consommateur dont les préférences sont données par

U = Min (x1/a, x2/b)

avec a et b deux constantes. Sachant que sa contrainte budgétaire est m = p1x1 + p2x2,
déterminez les fonctions de demande des deux biens.

18. Soit la fonction d’utilité : U = x1ax2b avec a, b 0.

a. Sachant que le revenu est noté par la lettre m et que p1 et p2 représentent les prix
des biens, donnez l’expression de la courbe de consommation-revenu.
b. Donnez les expressions des fonctions de demande en calculant leur degré
d’homogénéité.
c. Exprimez les fonctions de demande lorsque a = b et lorsque a + b = 1.
d. Exprimez la fonction de dépense en bien i quand a = b et a + b = 1.

19. Le comportement d’un consommateur est décrit à l’aide du programme ci-dessous :

Max U = U(x1, x2) = 2x1 + x2


telle que 20 4x1 + 2x2
avec x1, x2 0.

A quel point réalise-t-il son équilibre sur la courbe d’indifférence ?

20. Soit un individu dont la fonction d’utilité et la contrainte budgétaire sont :

U = Log x + 2 Log y et m = pxx + pyy.

a. Dérivez les fonctions de demande de x et y.

32
b. Dans un premier temps m = 30, px = 1, py = 1. Ensuite m = 30, px = 1 et py = 4.
Calculez les deux optima, décomposez l’effet de ce changement de prix par la
méthode de la différence de coût de Samuelson et commentez les résultats.

21. Soit le programme suivant :

Max U = a ln x1 + (1 – a) ln x2
telle que m p1x1 + p2x2
avec x1, x2 0.

a. On vous demande de résoudre le programme.


b. Analysez les propriétés des fonctions de demande à partir du théorème de Euler,
théorème que vous aurez à énoncer.
c. Construisez les fonctions de demande compensée des deux biens.

22. Montrez que le multiplicateur de Lagrange correspond à l’utilité marginale du


revenu pour un consommateur qui cherche à maximiser la satisfaction que lui
procure la consommation de deux biens x1 et x2 sous une contrainte budgétaire.

23. Ecrivez le programme d’un individu qui cherche à maximiser son utilité aux
arguments C sa consommation et l le temps de loisir dont il dispose tout en sachant
que son revenu provient de son travail (en fonction du nombre d’heures prestées L
et du salaire horaire w) et que la disponibilité en termes de temps est de 24 heures
par jour. Son revenu lui permet d’acheter C au prix p et d’épargner un montant S.
Dérivez la condition d’équilibre de cet individu.

24. Ecrivez le programme d’un consommateur qui cherche à maximiser l’utilité que lui
procure les n biens qu’il consomme sous une contrainte budgétaire et sous
contrainte temporelle (dans la mesure où la consommation des biens nécessite
l’utilisation du temps). Aussi, donnez la condition nécessaire pour que le programme
soit optimal.

25. Un individu qui dispose d’un revenu de 20.000 FC consacre 45 % de ce dernier aux
dépenses d’un groupe de biens dit groupe A, 35 % aux dépenses du groupe B et 10 %
aux dépenses du groupe C. L’élasticité des dépenses par catégorie s’élève
respectivement à 0,75 pour A ; 1,1 pour B et 2 pour C. L’intéressé bénéfice d’une
augmentation salariale de 30 %.

a. Quel montant dépenser pour chaque groupe de biens après majoration du


revenu.
b. Calculez l’élasticité des dépenses totales.

26. L’évolution de la demande d’un bien q en fonction de son prix p est donnée dans le
tableau ci-après.

Prix 4 3 2 1
Quantité 40 50 60 80

a. Calculez l’élasticité-prix lorsque p passe de 1 à 2, de 2 à 3 et de 3 à 4.


b. Effectuez la même gymnastique pour des variations du prix en sens inverse.

33
c. Tirez les conséquences de ces deux séries de calcul.
d. Quel est le calcul de l’élasticité qui permet de pallier à l’inconvénient mis en
évidence à la question précédente ?

27. Un employé gagne un salaire de 200 UM qu’il consacre à l’acquisition d’un bien q
dont la fonction de demande est notée :

2m
q 50
5 3p

avec m qui représente le revenu de l’employé et p le prix du bien.

a. Calculez les effets prix, revenu et de substitution lorsque le prix passe de 10 à 5.


b. De quel type de bien s’agit-il ?
c. Calculez l’élasticité-prix.

28. Soit un individu dont les préférences sont par la fonction d’utilité U = U(x1, x2). De
par les effets prix, revenu et de substitution, dérivez (graphiquement) ses courbes de
demande ordinaire du bien 1 et de demande compensée lorsque le prix du bien passe
de p1 à p1 (avec p1 p1 ).

29. La fonction de demande y1 = 50 – p coupe une autre fonction de demande linéaire au


point p = 10. A ce point, l’élasticité-prix de y2 est six fois supérieure à celle de y1.
Donnez l’expression de la fonction de demande y2.

30. Soit un individu dont les préférences sont données par la fonction de satisfaction
U = (x12 + x1x2)0,5 et qui dispose d’un revenu de vingt unités monétaires. Si p1 = 5 et
p2 = 3, quel est le plan de consommation qui maximise son utilité ?

31. La fonction de demande y1 = 30 – 0,5p coupe une autre fonction de demande linéaire
au point p = 10. A ce point, l’élasticité-prix de y2 est quatre fois supérieure à celle de
y1. Donnez l’expression de la fonction de demande y2.

32. Soit un individu dont les préférences sont données par la fonction de satisfaction
suivante :
U = x1x2

a. Sachant que sa contrainte budgétaire est m p1x1 + p2x2, déterminez ses fonctions
de demande normale et de demande compensée.
b. Si son revenu est égal à 100 UM et que p1 et p2 sont respectivement de 2 et
10 UM, quelle serait sa position d’équilibre normale ?
c. Si p1 passe de 2 à 5 UM, quelle sera la nouvelle position d’équilibre ?
d. Tracez les courbes de demande normale et compensée du premier bien.

33. Soit un individu dont les préférences sont données par U = 2x1x2 + x2. Dérivez ses
fonctions de demandes classiques et compensées tout en sachant que m = p1x1 + p2x2.

34
34. Soit la fonction de demande individuelle ci-après :

x1 = f(p1, p2, m)

avec p1 qui représente le prix du bien 1, p2 le prix du bien 2 et m le revenu du


consommateur.

Montrez que la somme des élasticités de par rapport à p1, à p2 et à m est égale à zéro
lorsque le consommateur n’est pas frappé par une illusion monétaire.

35. Calculez les élasticités-prix directes et croisées de même que les élasticités par
rapport au revenu pour les fonctions de demande ci-après :

Log x1 = Log p1 + 0 Log p2 + 1 Log m


x2 = a Log p2 + b0 Log p1 + b1 Log m

avec , 0 , b0 > 0 ; a, 1 < 0 et b1 > 1.

36. Définissez le concept d’élasticité et, à l’aide des graphiques, illustrez les concepts
d’élasticité unitaire, élasticité parfaite, inélasticité et inélasticité parfaite.

37. Soit un individu qui consomme deux biens : x1 un bien supérieur et un bien inférieur.
A l’aide de graphiques, montrez comment vont se comporter ses préférences en cas
de variation de son revenu (hausse et baisse).

38. La demande DA s’un bien A dépend du prix pA de A, du prix pB du bien B et du prix


pC du bien C et elle est décrite par la relation :

DA = bpA–0,5pB0,2pC–0,3

Calculez les élasticités de la demande de A par rapport aux prix de A, B et C. Aussi


établissez le type de relation qui existe entre les trois biens.

39. Calculez les élasticités – prix pour les fonctions de demande ci-après :

yd = kp-a, yd = ke-app-b et yd = ke(ln p)2.

40. Soit p(y) = 940 – 48y + y2 avec p le prix et y la demande. Calculez l’élasticité-prix
pour une demande y = 10.

41. Un consommateur a la possibilité de choisir parmi les complexes de biens (x1, x2)
ci-après :

Complexes Bien 1 Bien 2 Complexes Bien 1 Bien 2


A 1 16 K 6 7
B 2 16 L 9 6
C 4 16 M 9 3
D 6 14 N 9 4
E 2 11 O 9 5
F 3 10 P 14 1
G 5 10 Q 13 2

35
H 7 9 R 12 4
I 5 6 S 14 4
J 6 6

Si les préférences du consommateur sont données par le schéma suivant :

D H S; C K O; P M I; L > K;
L S; G K R; B F; F > E;
A E P; J Q N B; O > N.

a. Déterminez les différentes combinaisons de biens qui forment une courbe


d’indifférence.
b. Classez ces courbes en commençant par celle qui procure au consommateur le
niveau de satisfaction le plus élevé.
c. Si le revenu du consommateur est de 45 UM est que les prix des deux biens sont
p1 = 4 et p2 = 3, déterminez la liste des complexes qui lui sont financièrement
accessibles.
d. Quel sera le panier de biens qu’il consommera pour maximiser sa satisfaction ?
e. Représentez graphiquement la carte d’indifférence de l’individu et son ensemble
budgétaire de manière à justifier la réponse donnée en d.
f. Caractérisez l’équilibre de l’individu si le prix du premier bien prend
successivement les valeurs 3, 4, 5 et 6.

42. Les préférences d’un consommateur sont représentées par la fonction d’utilité
suivante :
U = (x1a + x2a)b

où x1 et x2 représentent les quantités des deux biens qu’il consomme. Si son revenu
m est égal à 100 UM, si les prix des deux biens (1 et 2) sont respectivement de 1 UM
et 2 UM :

a. quel serait le panier optimal du consommateur si a = 2 et b = 0,5 ?


b. quel serait le panier optimal du consommateur si a = 0,5 et b = 2 ?
c. quel serait le panier optimal du consommateur si a = 1 et b = 1 ?

Théorie du comportement du producteur

36
L
a théorie du comportement du producteur se propose d’expliquer comment devrait
s’y prendre un entrepreneur ou une firme pour réaliser à bien sa production et
maximiser le profit qui découlerait de son activité de production. Elle postule à cet
égard qu’une firme rationnelle utilise les facteurs de production (inputs) jusqu’au point où
leur productivité marginale deviendra nulle et exploite toutes les possibilités d’affaires que
l’économie ou le marché lui offre.

2.1. Analyse de la production

Cette analyse se construit essentiellement autour de la fonction de production qui, par


définition, est l’expression de la relation technologique entre l’output de la firme et les
inputs qu’elle utilise pour venir à bout de sa production. Si l’output est représenté par y et
les n inputs par xi (avec i = 1, 2, …, n), la fonction de production peut, sous une forme
générale, s’écrire :

y = f(x1, x2,…, xn).

La fonction f(.) décrit la technologie utilisée par la firme pour générer son output. Etant
donné que les inputs sont des déterminants du niveau de production, la variation de la
quantité utilisée d’un input devrait entraîner une variation de l’échelle de production. Cet
effet qu’on appelle rendement factoriel ou productivité marginale est donné par la dérivée de
y par rapport à l’input concerné, soit :

Pmxi = dy/dxi = f i (.).

Lorsque la productivité marginale d’un facteur devient négative, cela suppose que la firme en
fait un usage excessif et qu’il faudrait en réduire l’usage. Dans ces conditions, on dit que la
production de la firme est maximisée lorsque les rendements factoriels de tous les inputs
sont nuls, c’est-à-dire lorsque la firme a déjà exploité toutes les possibilités de réalisation
technique de son activité.

Par définition, le produit moyen d’un facteur PMxi est donné par le rapport de
l’output sur la quantité utilisée de ce facteur, soit :

PMxi = y/xi.

En divisant le produit marginal d’un facteur par son produit moyen, on obtient l’élasticité de
l’output par rapport à ce facteur, soit :

Pmx i dy x i
y, xi .
PMx i dx i y

On dit qu’un facteur est sous-utilisé lorsque l’élasticité de l’output par à ce facteur est
supérieure à un (zone I) et on dit qu’il connaît un sur-utilisation économiquement tolérable
lorsque l’élasticité est inférieure à un (zone II appelée zone de validité), sans pour autant être
négative. Lorsque l’élasticité devient négative, on parle d’une sur-utilisation anti-économique
(zone III).

37
Production totale

y = f(xi)
Zone I Zone II Zone III

0 xi

0 xi

Pmx

La zone II est qualifiée de zone de validité d’une fonction de production en ce qu’elle n’est
pas caractérisée par une sous-utilisation du facteur de production ni par une sur-utilisation
anti-économique. Dans cette zone, on vérifie que le produit marginal est positif et évolue à
un rythme décroissant, soit :

f i (.) > 0 et f i (.) 0.

Selon la théorie néoclassique, ces deux conditions sont l’expression même de la régularité
d’une fonction de production.

Lorsque l’on s’intéresse à l’effet d’une variation équi-proportionnelle de tous les


facteurs de production sur l’output, on parle des rendements d’échelle. Ces derniers
peuvent être croissants, constants ou décroissants. Soit m, un facteur par lequel on
augmente les quantités utilisées de tous les facteurs. On dira qu’une technologie est
caractérisée par :

(1) des rendements constants à l’échelle si f(mx1, mx2,…, mxn) = my ;


(2) des rendements croissants à l’échelle si f(mx1, mx2,…, mxn) < my ;
(3) des rendements décroissants à l’échelle si f(mx1, mx2,…, mxn) > my.

Dans la situation (1), on observe un accroissement de la production dans les mêmes


proportions que les inputs alors que dans la situation (2), il y a accroissement plus que
proportionnel et dans la situation (3), il y a accroissement moins que proportionnel. Il

38
convient de remarquer qu’une fonction de production est dite homogène de degré k,
lorsqu’en multipliant tous les facteurs de production par un scalaire m, on obtient une
expression de la forme :

f(mx1, mx2,…, mxn) = mk f(x1, x2,…, xn).

Dans ces conditions, une technologie à rendements d’échelle constants doit être homogène
de degré 1, une technologie à rendements d’échelle croissants doit être homogène d’un
degré supérieur et une technologie à rendements d’échelle décroissants doit être homogène
d’un degré inférieur de l’unité.

Théorème de Euler. Le théorème de Euler établit que pour une fonction de production
homogène de degré m, on doit vérifier l’égalité ci-après :

my = xi(dy/dxi) = xi f i (.) (avec i = 1, 2, …, n).

On peut donc démontrer que le degré d’homogénéité d’une fonction de production est à la
somme des élasticités de l’output par rapport à tous les inputs ou facteurs qu’elle utilise. Il
suffit de diviser cette dernière relation de Euler par y pour s’en convaincre.

n
fi
m xi y, xi .
i y

2.2. Analyse des coûts

Pour réaliser son activité de production, la firme doit engager des dépenses, c’est-à-dire
supporter un coût de production. Ce dernier est donc la somme des dépenses engagées
pour produire le bien y.

Fonction de coût à court terme

A court terme, il y a des facteurs de production dont les quantités utilisées ne changent pas
et d’autres dont les quantités changent. Dans ces conditions, on distinguera le coût fixe du
coût variable et la fonction de coût total s’écrira :

C = Cv + Cf = g(y) + Cf.

Le coût fixe ne dépend pas de l’échelle de production alors que la fonction de coût variable
dépend du volume de la production y. Le coût marginal qui par définition est le coût
supporté par la firme pour générer une unité additionnelle est donné par la dérivée de C par
rapport à y, soit :

Cm = dC/dy = g (y).

La dérivée du coût total est égale à celle du coût variable car la dérivée du coût fixe (une
constante) est nulle. Le coût moyen est le rapport du coût total avec le volume de
production y, soit :

39
CM = C/y.

Compte tenu de l’évolution de la production dans le court terme (rendements croissants,


constants et puis décroissants), les courbes de coût marginal et coût moyen ont leur
concavité tournée vers le haut.

Coût,
Prix
Cm CM

Sr
Sf CvM = g(y)/y

0 Quantité

Le coût marginal atteint son minimum avant le coût moyen et coupe ce dernier en son point
minimum. Si le prix du bien tombe au niveau Sf, on dit que la firme est au niveau de son seul
de fermeture car le prix ne lui permet pas de couvrir son coût fixe. En revanche, si le prix se
situe au niveau Sr, on dit que la firme est au niveau de son seuil de rentabilité, ce qui veut
dire qu’elle ne réalise ni perte ni bénéfice. C’est donc pour des niveaux de prix supérieurs à
Sr qu’elle réalise des bénéfices.

Fonction de coût à long terme

Etant donné que dans le long terme tous les facteurs sont variables, le coût fixe est absorbé
par la fonction de coût variable et la fonction de coût total devient :

C = C(y).

En courte période, la dimension ou la taille de la firme est déterminée par le coût fixe.
Autrement dit, dans le court terme, la production est contrainte par les facteurs fixes en ce
que l’utilisation des facteurs variables dépend du niveau des facteurs fixes. Dans ces
conditions, on peut considérer que le coût total de longue période est une enveloppe de la
fonction de coût total de courte période.

Admettons que l’on soit en présence d’une firme utilisant deux facteurs de
production : x1 et x2. Dans le court terme, le facteur x2 est fixé au niveau x2° alors que l’autre
est variable. Pour réaliser la production y° dans le court terme, la firme doit utiliser la
quantité du facteur x1CT compatible à la norme fixée par x2.

40
x2

Isoquant

x2°

x2E E Isocoût

0 x1CT x1E x1
Il se dégage de ce graphique que la réalisation de y° dans le court terme coûte plus cher que
si l’on se trouvait au point E, point qui peut être envisagé dans le long terme. Si la firme avait
la possibilité de faire varier le facteur x2, elle l’aurait fait mais sa fixité le lui interdit. Ceci
montre que dans le long terme, la firme a la possibilité d’ajuster son comportement de
manière à maximiser son profit alors que dans le court terme, c’est le facteur fixe qui
détermine les possibilités de production. Ainsi, dans le court terme, la firme est dite
rationnelle lorsque le choix de sa taille correspond à la quantité x2E. Le coût de long terme
est qualifié d’enveloppe de celui de court terme, car il est toujours vérifier que : CCT CLT.

2.3. Gestion optimale d’une firme

Le problème économique de base de la firme est celui de maximiser son profit. Ce problème
peut être appréhendé en termes de maximisation de la production sous une contrainte de
coût, car le profit n’est rien d’autre que la différence entre la recette totale et le coût de
production.

Max f(x1, x2,…, xn)


telle que C ≥ p1x1 + p2x2 +… + pnxn
avec (x1, x2,…, xn) Rn+.

Ce programme peut, par une approche duale, prendre la forme d’un problème de
minimisation :

Min C = p1x1 + p2x2 +… + pnxn


telle que f(x1, x2,…, xn) ≥ y°
avec (x1, x2,…, xn) Rn+.

En prenant les conditions du premier ordre pour ces deux programmes, on arrive à établir
que l’équilibre est réalisé lorsque la firme égalise son taux marginal de substitution technique
au prix relatif des facteurs, soit :

fi pi
TmST .
fj pj

41
En se servant de cette condition d’équilibre, on peut dériver les fonctions de demande des
inputs. Celles-ci prendront respectivement les formes générales ci-après compte tenu des
deux programmes repris ci-dessus :

xi = xi (C, pi, pj) et xi = xi (y°, pi, pj).

La première fonction établit que la demande est fonction de l’enveloppe budgétaire alloué à
la production et es prix des facteurs alors que la deuxième a pour arguments le niveau de
production attendu et les prix des facteurs.

Applications à résoudre

1. La production d’un bien est envisagée à l’aide de la fonction de production suivante

Y = 10KL2 – (KL)3

avec le stock de capital K qui est fixé à l’unité.

a. Quel est le volume de main-d’œuvre L qui assure la production maximum ?


b. Quel en est le volume qui permet d’obtenir une productivité par unité
maximum ?

2. La fonction de production d’une entreprise est définie de la sorte

y = – (x1x2)3 + 4x12x2 + 3x1x2

avec x1 le facteur travail et x2 le facteur capital. En supposant que le stock de capital


est égal à un, il est demandé de :

a. calculer la quantité de travail qui maximise la production ;


b. délimiter numériquement la phase de décision rationnelle ;
c. préciser les volumes de main-d’œuvre et de production qui assurent l’utilisation
optimale des facteurs.

3. Considérez la fonction de production Q = aKL – (KL) avec K = 1 et déterminez les


trois zones selon lesquelles évolue la production.

4. Soit la fonction de production d’une entreprise que l’on note

y = f(x)

42
où y représente la production et x un facteur de production. Cette fonction étant
« well behaved », son inverse s’écrit : x = f –1(y) = x(y). Interprétez économiquement
cette fonction inverse et caractérisez son évolution dans le plan (x, y).

5. Démontrez algébriquement que la courbe de productivité marginale coupe celle de


productivité moyenne lorsque cette dernière atteint son maximum.

6. Soit la fonction de recette d’une entreprise

R = py

où R représente la recette, p le prix et y la quantité d’output vendu. Déterminez


l’effet d’une variation du prix sur la recette lorsque :

a. la demande est parfaitement inélastique


b. la demande est parfaitement élastique
c. l’élasticité de la demande est unitaire.

7. Démontrez algébriquement que la courbe de coût marginal coupe celle de coût


variable moyen en son point minimum.

8. Démontrez algébriquement que la courbe de coût variable moyen du facteur de


production x est inversement proportionnel à sa productivité moyenne.

9. Si le prix et la productivité marginale d’un facteur sont respectivement de 30 et 20, le


coût marginal de ce facteur sera de :

(a) 1,5 (b) 0,67 (c) 600 (d) 15

10. Soit la fonction de production Q(K, L) = L – 2(L2/K). Montrez en utilisant le théorème


d’Euler que cette fonction est caractérisée par des rendements d’échelle constants.

11. A l’aide d’un graphique, expliquez les concepts seuil de fermeture et seuil de
rentabilité.

12. Soit la fonction de coût ci-après qui caractérise la structure productive d’une firme

C = aq2 + bq + e (a, b, e > 0)

q représente le volume de l’output. Déterminez les quantités d’output que génère la


firme aux seuils de rentabilité et de fermeture. Donnez aussi les niveaux de prix
correspondant à ces deux seuils.

13. La fonction de coût total d’une entreprise est notée :

C = q3 – 2q2 + 15q + 8.

a. Déterminez le prix qui correspond au seuil de rentabilité.


b. Jusqu’à quel niveau ce prix peut-il tomber avant que l’entreprise décide de cesser
toute production ?

43
14. En partant de la forme générale y = f(x1, x2), dérivez la forme fonctionnelle
Cobb-Douglas.

15. Soit la fonction de revenu d’une entreprise R = f(Q) où Q l’output est une fonction du
travail L, Q = g(L). Calculez le revenu marginal produit par le facteur travail.

16. Soit la fonction de production Q = AK L . Montrez que :

a. + > 1 implique des rendements d’échelle croissants ;


b. + < 1 implique des rendements d’échelle décroissants.

17. Montrez à l’aide du théorème de Euler que, pour une fonction de production
homogène de degré un :

a. Si PmK = 0, PmL est égal à PML ;


b. Si PmL = 0, PmK est égal à PMK.

18. La fonction de production d’une firme est donnée par

Q = (KL)1/4 avec pK = 10 et pL = 5.

a. Quelle est la nature des rendements d’échelle ?


b. Donnez l’expression de l’eutope et commentez son allure.
c. Calculez l’expression des fonctions de coût total de longue période CTLP, de
coût moyen CMLP et de coût marginal CmLP
d. Si K est maintenu au niveau K0 = 16, calculez les expressions des fonctions de
coût total de courte période CTCP, de coût moyen de courte période CMCP et
de coût marginal de courte période CmCP.

19. La fonction de production d’une firme est définie comme suit

y = (2x11/2 + x2)2

où x1 représente le facteur travail et x2 le capital. Le prix du travail p1 est égal à 2 et


celui du capital p2 est égal à 1.

a. Définissez et calculez le taux marginal de substitution technique.


b. Etablissez la fonction de coût en l’absence de coût fixe.
c. Etablissez la fonction d’offre de la firme en notant p le prix de l’output généré
par la firme.

20. Expliquez à l’aide d’un graphique, le concept d’élasticité de substitution.

21. Soit une firme dont la fonction de coût total est donnée par :

C(q) = q3/27 – 10q2/3 + 150q + 20

a. Calculez son coût marginal et son coût moyen.


b. Si le prix du bien est de 150, quelle sera la quantité offerte ? Calculez le profit.

44
c. Que se passe-t-il si le prix est égal à 80 et égal à 70 ?

22. Soit la fonction de production ci-après : y = x1 – 2(x12/x2) où x1 désigne le travail et x2


le capital.

a. Calculez le taux marginal de substitution technique.


b. Calculez l’élasticité de substitution.

23. Soit une firme dont les fonctions de coût total et de production sont d’expression :

C = p1x1 + p2x2 et y = (x1x2)1/2

où y représente l’output et x1 et x2 les inputs. Si p1 = 25 et p2 = 16 et que


l’entrepreneur se fixe un objectif de production de 2500 unités, il importe :

a. de savoir quelles seront les demandes optimales des inputs.


b. d’identifier les fonctions de coût moyen et de coût marginal.
24. Soit la fonction de coût total d’une firme : C = C(y) où y représente l’output.
Caractérisez l’allure de la courbe de coût moyen et celle de la courbe de coût
marginal.

25. Soit la fonction de production y = x1a x2b dans laquelle et représentent des inputs, a et
b des paramètres positifs et y le produit.

A. Il est demandé :

a. de calculer le degré d’homogénéité de la fonction.


b. d’établir les conditions d’évolution des rendements d’échelle et rendements
factoriels.
c. De se prononcer sur la possibilité d’une coexistence de rendements à l’échelle
croissants et de rendements factoriels décroissants.

Supposons qu’il est rattaché à cette fonction de production une fonction de coût
notée :
C = p1x1 + p2x2

B. On demande :

a. d’exprimer cette fonction en raison de la production y.


b. de discuter du sens de l’évolution du coût marginal d’après les valeurs de a et b
qui affectent les inputs.

26. Soit une firme en situation de concurrence pure et parfaite dont la fonction de
production est donnée par la relation suivante :

y = (x1x2)0,5

avec x1 et x2 des inputs et y le revenu de la production réalisée. Les prix des inputs
étant respectivement p1 et p2, sa fonction de coût s’écrit : C = p1x1 + p2x2

45
On vous demande :

a. de déterminer le type de rendements d’échelle qui caractérise sa fonction de


production.
b. de dériver les fonctions de demande d’inputs.
c. d’exprimer le coût en fonction de y la production et de déterminer le coût
marginal et le coût moyen.
d. Quel est le profit réaliser par la firme ?

27. Soit une firme œuvrant dans un environnement concurrentiel. La technologie qu’elle
utilise est de la forme :
y = 0,25x10,5x2

avec x1 et x2 des inputs et y l’output. Les prix des inputs p1 et p2 tout comme le prix
de vente de l’output p sont définis par le marché.

A un moment donné, l’entreprise utilise 8 unités de x2, x1 pouvant être consommé en


quantités variables.

a. Etudiez la productivité physique de x1 et calculez l’élasticité de la production


par rapport à ce facteur.
b. Déterminez en fonction de p1 et p la fonction de demande du facteur par
l’entreprise ainsi que sa fonction d’offre.
c. Calculez x1, y et le profit maximum si p1 = 8, p2 = 108 et p = 108.
d. Déterminez en fonction de y les coûts total, moyen et marginal. Retrouvez le
profit maximum à partir des fonctions coût.
e. De combien peut-on réduire les coûts en conservant le même volume de
production mais en adaptant la quantité du facteur fixe x2, les prix n’ayant pas
changés.
f. Déterminez en fonction de y, les coûts total, moyen et marginal si x1 et x2
sont tous deux des facteurs variables.

28. La fonction de production d’une firme associant du travail x1 à du capital x2 s’écrit :

y = x11/2x21/3

Sachant que les prix de ces facteurs sont p1 et p2 et que l’entrepreneur ne peut
consacrer qu’une enveloppe donnée C = C0 à leur achat, il est demandé :

a. d’en déterminer les demandes optimales.


b. de préciser la transformation subie par le sentier d’expansion lorsque, d’une
part, le coût du capital est unitaire et que, d’autre part, se fait jour une
x1
relation entre le travail et son prix telle que p1 1 avec a > 0.
a

29. Soit les fonctions de production ci-après :

46
x12 x 22
y bx13
ax 23

y = Ax1ax2bx3c
x x
y Min 1 , 2 .
a b

Est-ce que ces fonctions sont homogènes ? Si oui, déterminez pour chacune d’elles le
type de rendements d’échelle.

30. Démontrez que, pour un problème de maximisation de la production sous une


contrainte de coût, le multiplicateur de Lagrange est égale à l’inverse du coût
marginal.

31. Soit une entreprise dont la fonction de coût total est : C = (1 + y)y avec y qui
représente son output. La demande qui est adressée est de type : p = b – ay avec a,
b 0. Par ailleurs, elle est redevable d’une taxe dont le montant T est proportionnel
au volume de son activité : T = ty (0 t 1).

On demande :

a. de trouver les conditions d’optimalité


b. de mesurer l’impact d’un alourdissement fiscal sur le profit et la production
c. de répondre aux mêmes questions qu’en (b) dans l’hypothèse où la fiscalité
frappe les profits.

32. Une entreprise utilise deux facteurs : le travail L rémunéré au prix pL et le capital K
rémunéré au prix pK. Le capital nécessaire pour produire q vaut K(q) = q2 et le travail
nécessaire pour produire q vaut L(q) = 2q.

a. Donnez l’expression de la fonction de coût total C(q) et déterminez le seuil


de rentabilité.
b. Déterminez l’offre de la firme et déduisez la demande de travail. Montrez que
celle-ci décroît lorsque pK augmente. Commentez ce résultat.

33. Soit une firme produisant un bien y à l’aide de la technologie suivante :

y = x11/4x23/4

a. Quelle est la nature des rendements d’échelle ?


b. Déterminez la productivité marginale de chaque facteur.
c. Si p1 le prix de x1 est égal à 1 et p2 le prix de x2 est égal à 3, donnez l’équation
de l’eutope.
d. Déterminez le coût unitaire de production.
e. Quelle est la forme de la courbe d’offre concurrentielle associée à cette
fonction de production ?

47
34. Un industriel produit deux biens A et B. On suppose que les fonctions de demande
des deux biens sont décrites par les relations suivantes : pA = 35 – 4QA et
pB = 26 – QB où pi et Qi (i = A, B) représentent respectivement les prix et les quantités
des biens. La fonction de coût de la double production est définie par la relation :
C(QA, QB) = QA 2 + QB2+3 QA QB

a. Calculez le profit de cet industriel en fonction uniquement des quantités QA et


QB produites.
b. L’industriel cherchant à réaliser un profit maximum, quelles sont les
conditions nécessaires que doivent vérifier pour qu’il en soit ainsi ? Calculez
les valeurs de QA, QB et du profit maximum.
c. Si pour des raisons d’ordre technique, les quantités et sont soumises à la
contrainte 2QA + 3QB = 5, calculez, dans ces nouvelles conditions, les valeurs
de QA et QB rendant le profit maximum. Vérifiez qu’il s’agit bel et bien d’un
maximum et donnez sa valeur.

48
3

Marchés et formation des prix

P
ar définition, le marché est une rencontre méthodique de l’offre et de la demande.
Autrement dit, un marché est caractérisé par la rencontre de l’offre et de la demande
et par leur interaction de manière à définir un prix permettant à la transaction d’avoir
lieu.

3.1. Marché de concurrence pure et parfaite

3.1.1. L’entreprise concurrentielle

Dans un régime de concurrence pure et parfaite, chaque entreprise considère le prix comme
une donnée (price taker), c’est-à-dire indépendant de ses propres actions, si bien que les
actions de toutes les entreprises déterminent le prix du marché.

Soit p* le prix du marché. La demande s’adressant à une entreprise concurrentielle


idéale se définit comme suit :

0 si p p*

YD(p) = quelconque si p = p*

∞ si p p*

Une entreprise concurrentielle est libre de fixer son prix de vente et de produire la quantité
qu’elle désire. Cependant, si le prix pratiqué est supérieur à celui du marché p*, personne
n’achètera son produit. En revanche, si elle pratique un prix inférieur à p*, elle aura autant
de client qu’elle veut. C’est pourquoi on dit souvent qu’une entreprise concurrentielle est
confrontée à une demande infiniment élastique.

La maximisation du profit

L’entreprise concurrentielle doit déterminer sa production y de manière à maximiser son


profit, c’est-à-dire en résolvant le programme ci-après :

Max = py – C(y)

où C(y) représente la fonction de coût de l’entreprise. Les conditions du premier et du


second ordre de l’optimisation du profit d’une firme sont :

p – C ´(y) = 0. Ceci implique que : p = C ´ (y)


–C ˝ (y) 0. Il vient ainsi que : C ˝ (y) 0.

49
La fonction d’offre donne, pour différents niveaux de prix, la production qui maximise le
profit de l’entreprise. Par conséquent, la fonction d’offre y(p) doit satisfaire la condition
suivante :
p = C ´(y(p))

La fonction d’offre de la branche est simplement la somme des fonctions d’offre des
entreprises individuelles. Si yi(p) est la fonction d’offre de la nième (ième) entreprise et si la
branche compte n entreprises, la fonction d’offre de la branche sera donnée par :

YS = ∑ yi(p) (i = 1, 2, …, n).

3.1.2. L’équilibre du marché de concurrence parfaite

Un marché de concurrence pure et parfaite est un marché présentant les caractéristiques


fondamentales ci-après :

- atomicité du marché ;
- parfaite mobilité des intervenants :
- homogénéité du produit ;
- circulation parfaite de l’information.

Dans ce marché, tous les intervenants sont des price takers en ce qu’aucun d’entre eux ne
peut de lui-même fixer le prix auquel se solderont les transactions. Par un mécanisme de
tâtonnement piloté par le commissaire priseur, les forces du marché vont interagir de
manière à conduire à la position d’équilibre.

L’équilibre est un état ou une situation dans laquelle différentes forces interagissant
sur un même lieu arrivent à se contrebalancer. Pour ce qui est d’un marché, on dira qu’il est
en équilibre lorsque les intentions des offreurs correspondent à celles des demandeurs.

Un marché se solde en équilibre lorsque le prix en vigueur permet aux deux parties
en présence de réaliser leurs plans de consommation ou d’offre sans être rationnées. Dans
ces conditions, un prix d’équilibre est un prix tel que la quantité demandée est égale à la
quantité offerte.

Soit ySi(p) la fonction d’offre d’une firme (i = 1, 2, …, n) et yDj(p) la fonction de


demande d’un individu (j = 1, 2, …, m). Un prix d’équilibre est alors une solution de
l’équation :

∑ yDj(p) = ∑ ySi(p).

Il convient de signaler que les mécanismes qui caractérisent un marché concurrentiel sont
efficaces, car en présence d’un déséquilibre (offre supérieure à la demande, ou vice versa), ils
entrent en interaction de manière à instaurer un nouvel équilibre (équilibre stable).

50
3.1.3. Bien-être

Admettons que la demande du marché yD(p) est générée par la maximisation de l’utilité du
consommateur représentatif, sa fonction d’utilité étant d’expression U(y) + x. Le bien y est
celui qu’on étudiera et le bien x représente « tout le reste ». On peut interpréter x comme
l’argent qu’il reste à dépenser pour acheter d’autres biens, une fois réalisé l’achat optimal du
bien y.

Pour un niveau de prix p*, l’offre yS(p) est égale à la demande yD(p) et la quantité
échangée du bien est y* associé au couple (p*, y*). Le surplus du consommateur SC(y) est
donné par le triangle AEP* et celui du producteur SP(y) est donné par le triangle p*EB.

Prix

A Offre

p0 F

p* E

G Demande

y* Quantité

Analytiquement, on écrit SC(y) = U(y) – py et SP(y) = py – C(y). Le problème de la réalisation


du bien-être peut être posé en termes de maximisation du surplus total : SC(y) + SP(y). En
conséquence, le prix d’équilibre concurrentiel est le seul à pouvoir maximiser le surplus
total. Si le prix P0 prévalait sur le marché, le surplus total serait donné par la surface AFGB
qui est inférieur à la surface AEB. Ceci prouve que p* est un prix idéal.

3.2. Le monopole

Une entreprise est en situation de monopole lorsque sur le marché, elle n’a pas de
concurrents. A cet égard, elle est price maker puisque le prix du marché dépend de son bon
vouloir. Elle peut soit fixer, par voie d’autorité, le prix auquel se solderont les transactions
ou offrir une quantité relativement faible du bien de manière à ce que la spéculation fasse
grimper le prix. Ainsi, le prix est fonction de la quantité y du bien :

p = p(y), avec p´(y) < 0.

Une différence majeure entre monopole et concurrence parfaite est que le prix diminue à
mesure que les ventes augmentent.

51
Equilibre du monopoleur

La fonction de profit du monopoleur s’écrit de la sorte :

= py – C(y) = yp(y) – C(y).

La condition du premier ordre de la maximisation permet de déterminer l’équilibre du


monopoleur, c’est-à-dire le critère à respecter pour qu’il ait un profit maximum.
d /dy = p(y) + yp (y) – C ´(y) = 0.

Il vient ainsi qu’à l’équilibre le monopoleur doit vérifier que

p(y) + y p (y) = C ´(y).

Autrement dit, le monopoleur pratique un prix supérieur à celui qui aurait été pratiqué sur
un marché concurrentiel. La caractéristique fondamentale d’une situation de monopole, du
point de vue de l’analyse économique, est qu’un monopoleur dispose d’un pouvoir de
marché dans le sens où la quantité de bien qu’il est en mesure de vendre varie de façon
continue en fonction du prix qu’il fixe. Ceci est à opposer au cas de l’entreprise
concurrentielle dont les ventes tombent à zéro si elle pratique un prix supérieur à celui du
marché. Bref, la firme concurrentielle est price taker et le monopoleur est price maker.

Prix

A
Cm = Offre

pm Em

pc Ec

Rm Demande = p(y)

ym yc Quantité

Le monopoleur produit la quantité ym qui correspond à l’égalité de la recette marginale et


du coût marginal et il vend le bien sur le marché au prix Pm. Si l’on était en concurrence
parfaite, le prix pratiqué serait pc et la quantité produite du bien serait yc. Puisque pm pc et
que yc ym, il vient que le surplus des consommateurs et le surplus collectif en concurrence
parfaite sont supérieurs à ceux réalisés en situation de monopole.

Nous avons vu que le niveau de production pour lequel le prix est égal au coût
marginal correspond à un optimum de Pareto. Comme la courbe de recette marginale du
monopoleur se situe toujours en dessous de la courbe de demande, il est tout à fait évident
qu’un monopoleur produit une quantité inférieure à la quantité efficace selon Pareto. En
conséquence, une situation de monopole est inefficace au sens de Pareto.

52
3.3. Concurrence monopolistique

Il est possible de rencontrer des marchés présentant à la fois des structures ou


caractéristiques presque identiques à celui de concurrence parfaite ou à celui de monopole
sans pour autant correspondre à l’une de ces deux situations, tel est le cas d’un marché de
concurrence monopolistique. Dans ce type de marché, il y intervient un nombre important
de demandeurs et un nombre important d’offreurs comme en situation de concurrence pure
et parfaite, mais ici, il y a un offreur (ou un groupe d’offreurs) qui – par la différenciation de
son produit – arrive à se constituer une part de marché propre à lui et dispose ainsi d’un
pouvoir de monopole.

En effet, lorsqu’une entreprise arrive à différencier son produit, elle jouit d’un droit
exclusif de vendre son produit dans les conditions qu’elle fixe elle=même. Autrement dit,
elle est capable d’augmenter son prix sans pour autant perdre la totalité de ses clients. La
demande adressée aux concurrents de la firme dépend ainsi du degré de ressemblance entre
les produits qu’ils proposent et celui de la firme.

La concurrence monopolistique est probablement le type de marché que l’on


rencontre le plus. Mais fort malheureusement, c’est également le type de marché le plus
difficile à analyser. Les situations de monopole pur et de concurrence parfaite sont beaucoup
plus simples et sont des fois utilisées comme première approximation pour des modèles
élaborés de concurrence monopolistique.

3.4. Oligopole et duopole

Un oligopole est un type particulier de marché de concurrence monopolistique où l’on


rencontre un nombre restreint d’entreprises en concurrence. L’analyse des marchés
oligopolistiques porte essentiellement sur deux points, à savoir la différenciation du produit et
l’entrée dans la branche. Par souci de simplicité, on se proposera d’analyser la situation dans
laquelle on ne rencontre que deux offreurs : un duopole.

Le modèle de Stackelberg

Dans le modèle de Stackelberg, on considère que l’une des firmes fait office de leader sur le
marché et l’autre fait office de suiveur ou follower. Le follower alligne son comportement
sur les décisions prises par le décideur, lesquelles décisions peuvent se rapporter à la
quantité de bien ou au prix de vente du bien sur le marché.

Leadership en quantité

Dans une situation de leadership de quantité, le follower cherche à maximiser son profit
tout en définissant sa production en fonction de la quantité offerte par le leader. Ce dernier
cherchera à maximiser son profit tout en tenant compte du fait que son choix affectera celui
du follower. Le prix du marché est une fonction décroissante de la quantité de bien offerte
sur le marché : y = y1 + y2. On écrira alors :

p = p(y) = p(y1 + y2)

53
où y1 et y2 représentent respectivement les quantités de bien offertes par la firme 1 (leader)
et la firme 2 (follower). Le problème du follower s’écrit de la sorte :

Max 2 = p(y1 + y2) y2 – C2(y2)

La condition du premier ordre donne lieu à la condition d’équilibre suivante :

Rm2 = p(y1 + y2) + y2( p/ y2) = Cm2.

Il faut noter que le choix du follower est fonction de l’offre du leader, soit :

y2 = f(y1).

Cette fonction que l’on appelle fonction de réaction donne des indications sur le
comportement du follower eu égard au choix opéré par le leader. Le problème du leader
s’écrit comme suit :

Max 1 = p(y1 + y2) y1 – C1(y1)


avec y2 = f(y1).

En substituant la fonction de réaction dans la fonction-objectif du leader, le problème


devient :
Max 1 = p[y1 + f(y1)] y1 – C1(y1)

La condition du premier ordre du leader sera ainsi :

p[.] + y1.p [1 + f (y1)] = Cm1.

Illustration

Considérons que la demande du marché soit d’expression p = a – b(y1 + y2) et que les coûts
de production des deux firmes soient nuls. Ainsi, le problème du follower s’écrira de la
manière suivante :

Max 2 = p(y1 + y2) y2 = ay2 – by1y2 – by22

La condition du premier ordre donne lieu à la fonction de réaction ci-après :

a by1
y2 .
2b

En revanche, le problème du leader s’écrira :

a by 1
Max 1 = p(y1 + y2) y1 = ay1 – b y12 – by1 .
2b

54
En prenant la condition du premier ordre de la maximisation, on arrive à établir que :

a
y1 * .
2b

En renvoyant ce résultat dans la fonction de réaction du follower, on arrive à définir la


quantité de bien qu’il offre.
a
y2 * .
4b
Par conséquent, on aura :

y* = y1* + y2* = 3a/4b et p* = a/4.

Leadership en prix

Dans une situation de leadership de prix, le follower cherche à maximiser son profit tout en
tenant compte du prix fixé par le leader. Autrement dit, le follower cherchera à égaliser son
coût marginal au prix défini par le leader. Son problème s’écrira alors :

Max 2 = py2 – C2(y2)

La condition du premier ordre donne lieu à la condition d’équilibre ci-après :

p = Cm2.

C’est à partir de cette condition qu’on trouvera la quantité de bien offerte par le follower.
L’offre du leader sera :
y1(p) = D(p) – y2(p).

En supposant que le coût marginal du leader est constant et égal à , sa fonction de profit
s’écrira :
Max 1 = p[D(p) – y2(p)] – [D(p) – y2(p)] = (p – )[D(p) – y2(p)]

C’est en prenant la condition d’équilibre (égalité de la recette marginale avec le coût


marginal) que le leader détermine sa production.

Prix Offre du follower

Demande du marché

p* Demande adressée au leader

Rm1
Cm1

y1 y* Quantité

55
Illustration

La fonction de demande est donnée par D(p) = a – bp et les fonctions de coût des deux
firmes sont C1 = y1 et C2 = y22/2. Caractérisez l’équilibre du marché tout en supposant que
la firme 1 est le leader qui fixe le prix du bien sur le marché.

La fonction de coût marginal du follower est : Cm2 = y2. En l’égalisant au prix p, on obtient sa
fonction d’offre, soit :
y2(p) = p.

Dans ces conditions, on aura :

y1 = D(p) – y2(p) = a – (1 + b)p.

En résolvant par rapport à p, on obtient :

a y1
p .
1 b

En prenant la condition d’équilibre du leader (Rm1 = Cm1), on arrive à déterminer son offre,
soit :
a (1 b)
y1 * .
2

Le modèle de Cournot

Dans le modèle de Cournot, chacune des deux firmes définit son comportement en
anticipant les actions du concurrent. On dira alors que l’équilibre est réalisé si les
anticipations faites par les deux firmes sont conforment à la réalité.

Le problème de maximisation du profit de la firme 1 se présentera comme suit :

Max 1 = p(y1 + y 2a ) y1 – C1(y1)

où y 2a représente l’anticipation de l’output de la firme 2 par la firme 1. Pour chaque


anticipation, il existe un niveau optimal d’output de la firme 1. La relation entre le choix
optimal de la firme 1 et son anticipation est donnée par la fonction :
y1 = f1( y 2a ).

Cette fonction de réaction est quelque peu similaire à ce que nous avons vu plus haut, à la
seule différence qu’ici, la réaction dépend de l’anticipation. Par un raisonnement analogique,
on établit que la fonction de réaction de la firme 2 sera d’expression :
y2 = f2( y 1a ).

La solution d’équilibre (y1*, y2*) est obtenue en résolvant le système à deux équations et
deux inconnus que forment les fonctions de réactions des deux firmes sous l’hypothèse où
les anticipations sont identiques aux réalisations.

56
y2
Courbe de réaction f1(y2)

y2* E

Courbe de réaction f2(y1)

y1* y1

La collusion

Il est possible que les firmes en présence sur le marché se rassemblent et fixent leurs prix et
outputs de manière à maximiser les profits du cartel qu’elles auront ainsi mis sur pied. Le
problème du cartel s’écrira de la sorte :

Max = p(y1 + y2)[y1 + y2] – C1(y1) – C2(y2)

En prenant les conditions du premier ordre de la maximisation, on arrive à établir qu’à


l’équilibre, on devra vérifier que :

p(y1* + y2*) + p (.)[y1 + y2] = Cm1(y1*)


p(y1* + y2*) + p (.)[y1 + y2] = Cm2(y2*)

Ceci suppose qu’à l’équilibre, les coûts marginaux des deux firmes seront identiques.

57
Applications à résoudre
3.1. Concurrence pure et parfaite

1. Soit le tableau ci-après qui livre des informations sur la structure des coûts que
supportent de manière identique plusieurs entreprises en concurrence.

Quantités Coût fixe Coût variable Coût marginal


1 60 80 -
2 60 170 90
3 60 230 60
4 60 275 45
5 60 310 25
6 60 340 30
7 60 375 35
8 60 420 45
9 60 480 60
10 60 575 95
11 60 705 130

On demande :

a. de déterminer les niveaux de production et de profit de courte période de


chaque firme en supposant que le prix du marché s’établit à 95 UM.
b. de dire comment varient ces données à mesure que le temps s’étire.
c. De préciser le nombre de firmes qui interviendront sur ce marché en longue
période, étant entendu que la demande globale évolue de la sorte

Quantité demandée 100 120 140 160 180 200 220 240
Prix 80 75 70 65 60 55 55 45

2. Une entreprise utilise la technologie ci-après pour produire des savons :


y = (x1x2)0,5 – 1 avec y la quantité de savons exprimée en tonne, x1 le facteur travail et
x2 le facteur capital. Sachant que p1 = 2 et p2 = 4, calculez :

a. les quantités de travail et de capital que l’entreprise utilisera pour produire


11.000 kg de savons
b. les fonctions de coût total, coût moyen et coût marginal
c. la quantité de savons échangée sur le marché si la demande est donnée par
yd = 80 – p.

3. Sur un marché de CPP, 100 entreprises disposent d’une même fonction de coût total
de type :
C(y) = y3 – 4y 2 + 8y

La demande qui leur est adressée se présente de la sorte Yd = 2.000 – 100p. On


demande :

a. de formuler la fonction individuelle d’offre et de déterminer le seuil de


rentabilité.

58
b. de caractériser l’équilibre du marché et d’évaluer le nombre d’intervenants
dans le long terme.

4. Sur un marché concurrentiel interviennent 600 firmes dont les fonctions de coût
total sont identiques et d’expression :

C = Q3 – 10Q2 + 50Q.

a. Etablissez les expressions de l’offre individuelle et de l’offre collective.


b. La fonction de demande collective sur ce marché a pour expression
Qd = 8.000 – 80p. Caractérisez l’équilibre du marché.
c. Calculez le volume de production de chaque firme.
d. Les prix des substituts au bien considéré ayant augmenté, l’expression de la
demande change et devient Qd = 10.000 – 80p. Caractérisez l’équilibre du
marché en infra-courte période.
e. Que devient l’offre de chaque firme ?
f. Caractérisez l’équilibre en courte période après augmentation des prix des
substituts.
g. Caractérisez l’équilibre du marché dans le long terme.

5. Sur un marché pleinement concurrentiel interviennent n firmes dont la fonction de


coût total est de type :

Ci(qi) = 0,1qi 2 + 2qi + 2,5 (i =1, 2, …, n)

avec qi la quantité produite par la ième entreprise. Si la demande adressée au marché


prend la forme :
p = 10 – 0,05Q où Q = qi

Il est demandé :

a. de trouver le niveau de production de chaque entreprise dans une


perspective de longue période ;
b. d’en déduire celui de la branche ainsi que le nombre d’unités de production y
exerçant leur activité.

6. Une entreprise utilise la technologie ci-après pour produire des savons :

y + 2 = (x1x2)0,5

avec y la quantité de savons exprimée en tonne, x1 le facteur travail et x2 le facteur


capital. Sachant que p1 = 2 et p2 = 4, calculez :

a. les quantités de travail et de capital que l’entreprise utilisera pour produire


12.000 kg de savons ;
b. les fonctions de coût total, coût moyen et coût marginal ;
c. la quantité de savons échangée sur le marché si la demande est yd = 80 – p.

59
7. Sur un marché de concurrence parfaite interviennent 15 firmes qui ont une structure
de coût identique telle que :
q
C 1 q 6
2

où q représente le volume de production. La demande adressée à ce marché est :

Qd = –85p + 485.

On demande :

a. de trouver le niveau de prix et de production réalisant l’équilibre sur ce


marché ;
b. de caractériser l’équilibre de courte période de chaque firme ;
c. de déceler l’évolution de ce marché en longue période ;
d. de décrire ce qu’il adviendra de l’équilibre de la branche si l’Etat frappe la
production d’une taxe d’une unité monétaire par bien vendu.

8. Soit une économie dans laquelle circulent deux biens x et y. Les préférences des
consommateurs sont données par la fonction d’utilité U(x, y) = xy et les entreprises
produisant le bien x ont toutes la même fonction de coût total : C = 2x2 + 4x + 2. La
contrainte budgétaire de chaque consommateur est notée R = pxx + pyy et le revenu
moyen des 20 consommateurs existants est de 10 UM. Sachant qu’il y a 40 firmes
offrant le bien x, on vous demande :

a. de dériver les fonctions de demande individuelle des deux biens ;


b. de caractériser l’équilibre sur le marché du bien x ;
c. de caractériser l’équilibre du marché si l’Etat se décide de prélever une taxe
de 2 UM par unité du bien x.

9. Soit un marché sur lequel opèrent 40 firmes ayant des fonctions de production
identique : y = f(x). Sachant que le prix du facteur x est égal à 2 et que la demande
individuelle du facteur est x = 0,25y2 + 2y.

a. dérivez la fonction d’offre individuelle et la fonction d’offre collective.


b. caractérisez l’équilibre du marché si la demande individuelle du bien y est de la
forme yd = 22 – 4,5P pour 20 consommateurs et de la forme yd = 8 – 2p pour
15 autres consommateurs.
c. Définissez le sentier temporel du prix si les offreurs ajustent le prix en
fonction de leur inventaire de stock suivant la relation pt+1 = pt – 2(YtS – Ytd)
avec p(0) = 4,55.

10. Soient n firmes en situation de CPP dont la fonction individuelle de coût Ci est de
forme :
Ci(qi) = aqi 2 – bqiQ avec a, b > 0 et Q = qi

Déterminez la fonction d’offre de la branche.

60
11. Un bien agricole consommé en saison de pluie est l’objet d’une demande par les
consommateurs que l’on écrit : Yd(p) = 40T – 50p où représente la demande, T la
température moyenne de la saison et p le prix du bien.

La technologie disponible est identique pour chacun des 100 producteurs et peut
être caractérisée par la fonction :
y = (x1x2)1/4

où y, x1, x2 représentent respectivement pour chaque firme la quantité produite, la


quantité de capital utilisée au prix p1 = 1 FC et la quantité de travail utilisée au prix
p2 = 1/16 FC.

Sachant que la température moyenne est de 22,5° C, quelle quantité Y est échangée
et à quel prix sur le marché ?

12. Soit le marché d’un bien q où se présentent plusieurs offreurs et plusieurs


demandeurs. L’étude du marché révèle l’évolution reprise dans le tableau ci-après.

Prix 5 10 15 20 25
Demande 14 13 12 11 10
Offre 2 5 8 11 14

Il est demandé :

a. de calculer la rente des producteurs.


b. de calculer la rente des consommateurs.

13. Soit le marché d’un bien q où se présentent 40 offreurs et 30 demandeurs. L’étude


des comportements individuels livre les informations ci-après.

Demande 15 11 7 3
Offre 10 11 12 13
Prix 22 24 26 28

Il est demandé :

a. de déterminer la position d’équilibre du marché et de calculer les rentes des


producteurs et des consommateurs.
b. de caractériser l’équilibre de courte période de chaque firme sachant que le
coût fixe est égal à 100.
c. de déceler l’évolution du marché en longue période.
d. de décrire ce qu’il adviendra de l’équilibre du marché si l’Etat accorde aux
consommateurs une subvention de 2 UM par unité de bien acheté.

14. Soit une économie dans laquelle circulent deux biens x et y. Les comportements des
consommateurs sont traduits par une même fonction d’utilité et leurs fonctions de
demande individuelle sont de la forme :

xd = 85 – 4Px et yd = 100 – 2,5py

61
La structure productive des firmes qui vendent le bien y est caractérisée par la
fonction de coût ci-après :
C(y) = 0,2y2 + 2y + 5.

Les firmes qui produisent le bien x utilisent une même technologie décrite par la
relation :
x = (K1/4 + 2L1/4)2

où K et L représentent respectivement le capital et le travail. Les prix des inputs sont


pK = 3 et pL = 6.

Sachant qu’il y a 40 offreurs du bien y, 20 offreurs du biens x, 20 demandeurs du bien


y et 20 demandeurs du bien x, on vous demande :

a. de caractériser l’équilibre sur les marchés des deux biens.


b. de calculer les surplus des consommateurs et des producteurs.
c. d’analyser les effets de la levée d’une taxe t sur l’offre du bien y (t = 1,5).

15. Soit la technologie de production y = x1x20,5.

a. Caractérisez les rendements d’échelle et les rendements factoriels.


b. Si x1 est maintenu constant pour une quantité de 100 unités, quelle est la
fonction de coût de court terme qui lui est associée lorsque p1 = 40 et p2 =
10 ?
c. Si 20 producteurs identiques opèrent à l’aide de cette technologie sur un
marché concurrentiel où la fonction de demande est notée : D = 41.000 –
250p, quel est le prix d’équilibre ?

3.2 Monopole et concurrence imparfaite

1. Quelles différences faites-vous entre une situation de monopole et une situation de


concurrence monopolistique ?

2. Démontrez que le monopoleur perd son pouvoir de price maker lorsque la demande
qui lui est adressée est parfaitement sensible aux variations du prix.

3. Soit le marché d’un bien y. La demande est traduite par la relation yd = –0,2p + 5 où p
représente le prix du bien y. La fonction de coût de l’entreprise offrant le bien y est
donnée par C(y) = 0,5y2 + 8y + 2.

a. Caractérisez l’équilibre du marché si l’on est en CPP.


b. Caractérisez l’équilibre du marché si l’on est en situation de monopole.
c. Comparez les deux situations.

4. Soit un monopoleur qui se voit en face de la situation ci-après :

p1 = 63 – 4Q1 ; p2 = 105 – 5Q2 et p3 = 75 – 6Q3


et
C = 20 + 15Q où Q = Q1 + Q2 + Q3.

62
Il est demandé de calculer ses recettes totales marginales, de déterminer les niveaux
de production et de chercher les prix ainsi que le profit réalisé.

5. Soient les fonctions de demande ci-après d’un monopoleur :

q1 = 25 – p1 et q2 = 75 – 3p2.

Il est demandé :

a. de déterminer les quantités réellement écoulées.


b. de déduire si les prix d’équilibre correspondants justifient leur différenciation.
c. de comparer les élasticités des deux biens.

6. Démontrez algébriquement qu’en situation de monopole, la courbe représentative de


la fonction de recette marginale est toujours localisée en dessous de celle de la
recette moyenne.

7. Si la fonction de demande est Qd = a/p (a 0) et la fonction de coût C(Q) = Qb (b


0), quel sera l’output optimal pour le monopoleur ?

8. Montrez algébriquement que le prix du monopoleur est toujours supérieur à son Cm.

9. Soit un monopoleur confronter à deux marchés dont les demandes sont :

D1(p1) = 100 – p1 et D2(p2) = 100 – 2p2.

Le coût marginal du monopoleur est constant et égal à 20 UM.

a. S’il peut discriminer en termes de prix, quel prix devrait-il pratiquer sur chaque
marché pour maximiser son profit ?
b. Quel prix unique devrait-il utiliser s’il ne peut pas discriminer ?

10. Soit la structure du coût total ci-après d’une firme :

C = 5q3 – 20q2 + 45q.

Par ailleurs, la firme est confrontée à la demande : q = 8 – 0,1p.

Déterminez la production qui maximise :

a. son bénéfice.
b. Son chiffre d’affaires.

11. Une firme possède les caractéristiques suivantes :

q = 32 – p et C(q)/q = 12 + q.

La taxe par unité vendue est de 2 UM.

63
a. Déterminez la quantité et le profit d’équilibre avant et après la taxe.
b. Déterminez le montant de la taxe supportée par les demandeurs et par la
firme.

12. Montrez à l’aide d’un graphique que, en termes de bien-être collectif, le modèle de
concurrence pure et parfaite est généralement préféré à celui de monopole.

13. Le marché des sandales est constitué de plusieurs firmes de petites dimensions. La
firme Panda qui fabrique le modèle Tynos a une structure de coût de longue période
d’expression :
CLP = y3/40 – 3y2 + 150y.

Elle arrive à s’attirer une clientèle dont la demande est exprimée par la relation :

yd = 235 – 0,5p.

a. Comment la firme est-elle arrivée à se constituer une demande propre ?


Explicitez les hypothèses correspondant à ce type de marché.
b. La fonction de coût de courte période a pour expression :

CCP = 7y3/120 – 14y2/3 + 160y + 300.

Caractérisez l’équilibre de courte période de la firme.

c. Est-ce que la taille de l’équipement est optimale ? Si la réponse est non, évaluez le
surcoût par unité produite et le profit maximum qui aurait pu être réalisé.
d. Caractérisez l’équilibre de long terme en supposant que la pente de la courbe de
demande propre à la firme reste inchangée.
e. Comparez cet équilibre de longue période avec celui d’une firme qui aurait les
mêmes structures de coût mais qui opèrerait en concurrence pure et parfaite.

14. Soit un monopole dont la fonction de coût total s’écrit C = ay avec a 0 et auquel
s’adresse une demande définit comme suit yd = p–b avec b 1.

On demande :

a. de donner l’interprétation économique de b.


b. de caractériser l’équilibre du monopoleur.

15. Une firme en situation de monopole dans deux régions forme deux marchés
économiquement distincts. Elle y vend le même produit aux prix p1 = 112 et p2 = 82.
Les fonctions de demande inverse caractérisant les deux marchés sont :

p1 = 156 – q1 et p2 = 96 – 2 q2

où q1 et q2 sont les quantités demandées. La fonction de coût total de la firme est


C = (2/3)q2 où q est la quantité produite.

a. La firme fait face aux critiques de la ligue des consommateurs qui lui reproche
de pratiquer cette discrimination pour obtenir un profit optimal. Est-ce vrai ?

64
b. La ligue revendique l’égalité de traitement tarifaire en demandant à la firme de
considérer qu’elle a à faire à un marché unique, sans pour autant remettre en
cause ses pratiques de monopole. La firme rétorque que seuls les
consommateurs de la région 1 ont intérêt à un tel changement. Est-ce juste ?

16. Soit une situation de duopole caractérisée de la sorte :

Q = q1 + q2
p = f(q1 + q2) = a(q1 + q2) + b (a < 0 ; b > 0)
C1(q1) = q12 et C2(q2) = 2q22

avec Q la production totale, q1 et q2 les productions des deux entreprises, p le prix du


marché, C1 et C2 les fonctions de coût respectives.

Déterminez analytiquement comment se détermine l’équilibre sur ce marché selon


que les intervenants épousent une stratégie de :

a. double satellisme ;
b. maîtrise simple ;
c. double maîtrise.

Par ailleurs, en posant a = – 2 et b = 80, comparez ces diverses situations au regard


de la production, du prix et des profits.

Note :

- Sous l’hypothèse de double satellitisme, chaque offreur s’évertue à


maximiser son profit sans pour autant augurer l’action du concurrent ;
- En situation de maîtrise simple, un des deux intervenants impose sa loi et
l’autre s’adapte ;
- L’hypothèse de double maîtrise suppose que la guerre des prix se traduira
par un monopole, monopole par élimination ou monopole par collusion.

17. Sur un marché où existe un nombre important d’acheteurs dont la demande


s’exprime par la fonction :
qd = 30 – p

et deux vendeurs a et b ont pour fonctions de coût total :

Ca = 1 + 2qa2 et Ca = 3 + qb2

La quantité q est telle que q = qa + qb.

Il est demandé :

a. de caractériser l’équilibre du marché lorsque les firmes adoptent une stratégie


de double satellitisme.
b. de caractériser l’équilibre dans l’hypothèse où la firme b impose sa loi.
c. de caractériser l’équilibre du marché dans l’hypothèse où les firmes forment
un cartel.

65
18. Soit un duopole où les deux firmes ont comme structures de coûts : C1 = q12 et C2 =
2q22. Les produits sont différenciés et leurs demandes sont :

q1 = 100 – 3p1 + 2p2 et q2 = 100 + p1 – 2p2

a. Calculez les fonctions de réactions de prix du duopole dans l’hypothèse où


chaque firme n’influence pas la politique de prix de son concurrent.
b. Caractérisez l’équilibre du marché dans l’hypothèse où la firme 1 impose sa
politique à la firme 2.
c. Admettons que la firme 1 se ravise et fabrique sans coût supplémentaire, un
produit identique à celui de son concurrent. Dans ces conditions, aucune des
deux firmes ne cherche à dominer son concurrent en matières de quantités à
produire et le prix d’équilibre est déterminé par le marché. Caractérisez
cette nouvelle situation.

19. Une firme écoule sa production sur un marché oligopolistique au prix p = 60. Sachant
que son coût moyen est : C(q)/q = 1,5q. Il est demandé :

a. de calculer la quantité offerte et le profit encaissé si elle se comporte


rationnellement.
b. d’interpréter les changements qu’enregistre la demande adressée à la firme
(p = RM) lorsque sa production évolue de la sorte
c. d’établir les fonctions de recettes marginales.
d. de dire ce qu’il advient du profit si la quantité produite varie d’une unité de
part et d’autre de sa valeur d’équilibre.

20. La ville de Charleroi compte 400 producteurs de bière. De manière approximative, la


fonction de production pour chacun d’eux se présente comme suit :

y = ax10,3x20,2x30,18x40,12

y représente la production et xj le jième input retenu dans le processus de


production.

A. Compte tenu des prix des différents facteurs, la fonction de coût total prend la
forme C(y) = 0,6y1,25 + 22.000 où y représente la production de chaque
producteur en douzaine de bouteilles par casier et C le coût de production
correspondant.

a. Si la concurrence joue pleinement, vers quel niveau tendra le prix ?


b. Quelle sera alors la production de la ville ?
c. Avec la concurrence extérieure, le prix à la production tombe à 7,5 UM le
casier. Quelle production devront réaliser les producteurs pour rendre leur
perte minimum ?
d. Si l’Etat belge décide de compenser totalement cette perte, quelle somme
devra-t-il débourser ?

66
B. Pour s’évader face à cette situation, un groupe de 5 producteurs décide de se
lancer dans la production de bière sans alcool. La fonction de coût total pour
chacun d’eux est donnée par C(y) = 3y2/800 + 22.000.

a. Quelle est la fonction d’offre agrégée de ces 5 producteurs ?


b. Si ces derniers s’entendent parfaitement, à la façon d’un cartel, ont-ils intérêt
à produire simultanément ? Quelle sera alors leur production sachant que la
demande sur le marché se présente de la sorte Yd = 160.000 – 4000p ?
c. Quel sera le profit réalisé par chaque producteur ?
d. Calculez, dans la position d’équilibre ainsi déterminée, l’élasticité de la
demande par rapport au prix. A partir de ce résultat, retrouvez la recette
marginale du cartel.
e. Une étude plus fine montre que la demande précédente émane de deux sous-
marchés distincts sur lesquels, les élasticités-prix de la demande sont
respectivement de –8 et –6. Quels seront les prix proposés par le cartel sur
chacun des deux compartiments du marché pour maximiser son profit ?

21. La fonction de coût d’un monopoleur s’écrit : C = y + y2/6 où y est la quantité


produite. On suppose qu’il est en face de deux groupes de consommateurs G1 et G2,
dont les fonctions de demande sont respectivement

y1 =10 – 0,25p si p 40 et y1 = 0 si p > 40.


y2 =50 – 2p si p 25 et y1 = 0 si p > 25.

P est le prix pratiqué par le monopoleur, y1 la quantité achetée par le premier groupe
et y2 la quantité achetée par le second groupe.

A. Si le monopoleur pratique un même prix pour les groupes :

1. Définissez la fonction de demande totale et déduisez la fonction de recette


marginale.
2. Caractérisez l’équilibre du marché.
3. Calculez les rentes du monopoleur, de G1 et de G2.

B. S’il pratique une discrimination, on vous demande

1. de caractériser l’équilibre du marché.


2. de calculer les surplus du monopoleur, de G1 et de G2.

C. Comparez les deux situations envisagées.

67
4

Interventions de l’Etat sur le marché

L
a fonction-objectif de l’Etat est celle de maximiser le bien-être collectif. Pour ce faire, il
doit disposer des moyens d’action conséquents et sa principale source de revenu est
l’impôt (fiscalité). Puisque l’impôt repose sur une assiette fiscale qui est composée de
biens ou d’activités économiques, il est tout à fait évident que la levée d’un impôt par l’Etat
modifiera l’équilibre du marché. Mais bien sûr, l’effet de l’impôt sur l’équilibre diffère en
fonction d u type de marché en présence.

Dans les lignes qui suivent, nous parlons de l’incidence de l’impôt sur les équilibres se
forment sur les marchés ainsi que de la prise en charge de l’impôt par les offreurs et les
demandeurs. Aussi, nous parlerons de la lutte contre les monopoles privés et la promotion
de la concurrence.

4.1. Impôt, équilibre et bien-être en concurrence parfaite

L’équilibre réalisé en concurrence parfaite correspond à un état efficace en ce qu’il maximise


le bien-être collectif, lequel bien-être est mesuré par la somme des surplus des
consommateurs et des producteurs.

Effet de l’impôt sur l’équilibre concurrentiel et le bien-être collectif

La levée d’une taxe ou d’un impôt par unité de bien vendu sur le marché entraîne une
modification de l’équilibre, de la recette réalisée par les offreurs et de la dépenses engagée
par les demandeurs. Le prix payé par les demandeurs pd est supérieur à celui perçu par les
offreurs ps, soit :
pd = ps + t

avec t qui représente le montant de la taxe imposée par l’Etat.

Prix

Offre
SC
pd A Perte sèche de l’impôt

Recette
t pe fiscale
. E
……
ps SP B Demande

y* ye Quantité

68
La levée de la taxe t a réduit au même moment le surplus des consommateurs et celui des
producteurs. Le triangle ABE donne la mesure de la perte en termes de bien-être qu’a
occasionné l’impôt (perte sèche de l’impôt). La recette fiscale est donnée par le rectangle
pd-A-B-ps et les charges respectives des consommateurs et des producteurs dans le
financement de l’impôt sont données par pd-pe et pe-ps.

Fiscalité et production de concurrence parfaite

Admettons que la taxe sur les ventes soit d’un montant t par unité. Le coût total de
l’entreprise représentative est donné par la somme du coût de production réelle et de la
charge fiscale, soit :

Ci = f(yi) + bi + tyi

où f(yi) représente le coût variable, bi le coût fixe et tyi la charge fiscale. La condition du
premier ordre de la maximisation du profit requiert qu’il produise de manière à vérifier que
Cm = p :

f ´(yi) + t = p ou f ´(yi) = p – t.

La fonction d’offre qui est dérivée de la fonction de coût marginal f ´(yi) se présente comme
suit :

ySi = yi(p – t) ou ySi = yi(ps) avec ps = pd – t.

La fonction d’offre agrégée est donnée par la somme des fonctions d’offre individuelles

YS = ∑ yi(p – t) = YS (p – t) ou YS = YS(ps)

avec ps = pd – t. L’offre globale est fonction du prix net encaissé par les vendeurs
(ps = pd – t). L’équilibre du marché est déterminé à l’aide de la relation suivante :

E = Yd(p) – YS(p – t) = 0 ou E = Yd(ps + t) – YS(ps) = 0.

4.2. Impôt et production de monopole

Soit la fonction de coût du monopoleur que l’on écrit de la sorte :

C = C(y).

Admettons que l’Etat exige une taxe spécifique de t sur les ventes par unité de bien du
monopoleur. La fonction de profit deviendra :

= yp(y) – C(y) – ty.

La condition du premier ordre de la maximisation donne lieu à la relation suivante :

Rm = p(y) + yp ´(y) = C ´(y) + t.

Calculons la différentielle totale de la recette marginale du monopoleur Rm.

69
R˝(y)dy = dRm/dy = C˝(y)dy + dt.

Après arrangement de cette dernière relation, on obtient :

dy/dt = [R ˝(y) – C ˝(y)]– 1 0.

L’instauration d’un impôt spécifique sur les ventes entraîne la diminution de la quantité
vendue et la hausse du prix.

Impôts et équilibre du consommateur

Soit un individu qui consomme deux biens : y1 et y2. Son revenu R étant donné et les prix de
vente des deux biens étant respectivement p1 et p2, le problème auquel il est confronté se
présente de la sorte :
Max U(y1, y2)
telle que R ≥ p1y1 + p2 y2
avec y1, y2 ≥ 0.

Les conditions du premier ordre de la maximisation de l’utilité conduisent à la condition


d’équilibre selon laquelle le taux marginal de substitution entre biens TmS doit être égal au
rapport des prix des biens (prix relatif des biens), soit :

TmS = Umy1/Umy2 = p1/p2.

Admettons que l’Etat lève un impôt spécifique de t unités monétaires par unité du bien y1
consommée. Cette intervention de l’Etat se traduira par un changement de l’ensemble
budgétaire du consommateur, car désormais pour disposer d’une unité de y1, il faut
s’acquitter d’un prix p1 + t. Le problème du consommateur devient :

Max U(y1, y2)


telle que R ≥ (p1 + t)y1 + p2 y2
avec y1, y2 ≥ 0.

En prenant les conditions du premier ordre, on arrive à la condition d’équilibre ci-après :

TmS = Umy1/Umy2 = (p1 + t)/p2.

Cette dernière condition étant différente de la condition d’équilibre avant la levée de l’impôt,
on conclut que l’impôt spécifique modifie l’équilibre individuel. Supposons enfin que l’Etat
prélève un impôt forfaitaire T sur le revenu du consommateur. Son problème devient :

Max U(y1, y2)


telle que R – T ≥ p1y1 + p2 y2
avec y1, y2 ≥ 0.

Les conditions marginales d’optimisation donne lieu à la même condition d’équilibre que
celui obtenu après résolution du premier programme du consommateur, soit :

70
TmS = Umy1/Umy2 = p1/p2.

Il se dégage de ces trois situations considérées que la condition initiale ne diffère pas de celle
après prélèvement de l’impôt forfaitaire. En revanche, la levée d’un impôt spécifique sur le
bien y1 change la condition d’équilibre. C’est la raison pour laquelle on dit souvent que
l’impôt forfaitaire est préféré à l’impôt spécifique. Ceci peut être prouvé par une analyse
graphique.

Incidence de l’impôt spécifique et de l’impôt forfaitaire sur le consommateur

y2

R/p2


E˝ U1

U2

y´1E y1E R/p1 y1

La situation de départ est donnée par le point E. La levée de l’impôt spécifique entraîne un
pivotement de la droite de budget, lequel pivotement débouche sur un équilibre réalisé au
point E´ avec un niveau de satisfaction U2. Si l’Etat désire collecter la même recette fiscale
par un impôt sur le revenu (impôt forfaitaire), la droite du budget initiale se déplacera
parallèlement vers le bas tout en passant par le point E´. Sur cette nouvelle droite de budget
(en tirets), il est possible d’obtenir un point d’équilibre plus intéressant que E´, tel le cas du
point E˝ qui correspond à un niveau de satisfaction supérieur à U2.

Impôts et équilibre du producteur

Le problème de base du producteur est celui de la maximisation de son profit, soit

Max π = py – C(y)

où p est le prix de l’output y et C(y) la fonction de coût total. En optimisant la fonction de


profit, on obtient la condition d’équilibre ci-après :

p = C ´(y).

Une entreprise est dite scale efficient si elle vérifie cette dernière condition d’équilibre, c’est-
à-dire qu’elle exploite correctement les opportunités lui offertes par le marché.

71
Si l’Etat prélève un impôt de t par unité vendue du bien y, la fonction de coût du
producteur deviendra C* = C(y) + ty et son problème deviendra :

Max = py – C(y) – ty

La condition du premier ordre de la maximisation débouche sur l’égalité suivante

p = C ´(y) + t.

A l’équilibre, le prix doit être à même de couvrir le coût marginal C ´(y) et la taxe spécifique.

Si l’Etat prélève un impôt forfaitaire sur le producteur, sa fonction de coût total


deviendra C* = C(y) + T et son problème s’écrira :

Max = py – C(y) – T.

Prenons la condition marginale d’optimisation.

d /dy = p – C ´(y) = 0.

Il vient qu’à l’équilibre, p = C ´(y). On peut donc conclure que l’impôt forfaitaire est préféré à
l’impôt spécifique, car la condition d’équilibre du producteur est ici identique à la condition
de départ.

Applications à résoudre

1. Soit la situation ci-après caractérisant une firme donnée :

C = q + 0,02q2 et p = 15 – 0,05q.

a. Déterminez la quantité produite pour rendre maximum le profit de la firme.


b. De quel type de marché s’agit-il ? (Justifiez-vous).
c. Admettons que l’Etat prélève une taxe de 1 UM par unité d’output vendu.
Qu’adviendra t-il de la quantité d’équilibre et du profit ?

2. La fonction de coût moyen d’un monopoleur est de la forme :

CM = q + + /q

tandis que la demande qui lui est adressée est de la forme :

p = aq + b

avec a < 0 < < <b< et b > 0,5a( – b)/(a – )

On demande :

a. de trouver la quantité et le prix d’équilibre de ce marché.

72
b. de préciser quelle devrait être l’attitude de l’Etat s’il désirait, à des fins de
protection des consommateurs, plafonner le prix de vente du monopole à :

p = 0,25a( – b)/(a – ) + b

c. d’établir qu’à l’équilibre l’élasticité-prix excède l’unité en valeur absolue

3. Soit une industrie composée de 100 firmes ayant la même structure de coûts :

Ci = 0,1yi2 + yi + 10.

La demande qui leur est adressée est de la forme :

Yd = 4000 – 400p.

Déterminez l’équilibre du marché. Qu’adviendra-t-il de l’équilibre si l’Etat impose une


taxe spécifique de t unités monétaires ? Si t = 0,9, quelles seront les charges
respectivement supportées par les offreurs et les consommateurs ?

4. Soit un monopoleur confronter à une courbe de demande de la forme :

p = 100 – 4y.

Sa fonction de coût total est donné par la relation suivante :

C = 50 + 20y.

Caractérisez l’équilibre du monopoleur. Quelle sera sa position d’équilibre si l’Etat


instaure une taxe spécifique de 8 unités monétaires sur son output ?

5. La fonction de demande individuelle des cigarettes est yd = 5/8 – (p/320) et la


fonction d’offre individuelle est ys = p/40 avec y qui représente le nombre de paquets
de cigarettes et p le prix de chaque paquet. Sachant qu’il y a 40 demandeurs et 20
offreurs et que les cigarettes sont taxées à 20 UM par paquet, on vous demande de
répondre aux questions suivantes.

a. La fonction de demande individuelle des cigarettes est yd = 5/8 – (p/320) et la


fonction d’offre individuelle est ys = p/40 avec y qui représente le nombre de
paquets de cigarettes et p le prix de chaque paquet. Sachant qu’il y a 40
demandeurs et 20 offreurs et que les cigarettes sont taxées à 20 UM par
paquet, on vous demande de répondre aux questions suivantes.
b. Caractérisez l’équilibre du marché avant et après la levée de la taxe.
c. Quels sont les montants de la taxe supportés respectivement par les
consommateurs et par les producteurs ?

6. Soit un individu qui consomme deux biens et dont les préférences sont données par
U(x1, x2) = x14x25. Le revenu de l’individu étant de 72 UM, les prix des biens étant
respectivement de 2 et 3, il vous est demandé de répondre aux questions ci-après :

a. Combien d’unités du bien 1 consommera-t-il ?

73
b. Pour des raisons de santé publique, le Gouvernement décide de frapper le
bien 1 d’une taxe spécifique afin que chaque individu consomme au maximum
10 unités du bien. Déterminez le montant de la taxe t qu’il devrait introduire
pour ramener la consommation de l’individu à 10 unités.
c. Le Gouvernement pourrait également fixer par décret, la consommation du
bien 1 à 10 unités. Quel serait alors le panier de consommation ?
b. L’individu préfère-t-il sa situation en (b) ou en (c) ? Justifiez votre réponse en
vous appuyant sur une carte d’indifférence et des droites de budget qui
présentent à la fois, les trois situations considérées.

7. La fonction de production d’un monopole s’écrit :

y = (x11/2x21/2x31/3)/9

où y représente l’output, x1, x2, x3 respectivement trois intrants dont les prix sont
respectivement, p1, p2 et p3. Le prix de l’output p est lié à la quantité demandée par la
relation : p = 216y-0,5.

Il est demandé :

a. d’établir les fonctions de longue période de coûts total, moyen et marginal ;


b. d’en déduire la quantité produite, le prix d’équilibre et le profit éventuel ;
c. de supposer que le monopole devient public et, par suite, de calculer à
nouveau les prix et quantités correspondant à une gestion à l’équilibre et à
celle d’une tarification au coût marginal.

8. Soit la structure de coût ci-après d’un monopoleur :

C = y(y + a).

Si la demande du marché est d’expression :

p= y (avec > a > 0 et > 0).

a. Déterminez la quantité et le prix qui permettent au monopoleur de


maximiser son profit.
b. S’il s’agit d’une entreprise publique, déterminez la quantité, le prix et le profit
lorsqu’elle pratique une gestion à l’équilibre et lorsqu’elle pratique une
tarification au coût marginal.
c. Si = 90, = 5 et a = 2, quelles seront les valeurs d’équilibre pour les trois
situations envisagées ? Veuillez les comparer.

74
5

Les biens publics et les externalités

C
e chapitre traite des biens publics et des effets externes. Dans la première section,
nous définissons le concept de bien public, expliquons comment se détermine la
quantité optimale d’un bien public et présentons le critère de la fourniture optimale
d’un bien public. Dans la deuxième section, nous expliquons le concept d’externalité et
parlons de la correction des effets externes négatifs et de la promotion des effets externes
positifs par l’Etat.

5.1. Biens publics

Par définition, les biens privés sont à usage exclusif en ce que leur consommation diminue les
quantités disponibles pour les autres. Ils sont ainsi caractérisés par une rivalité dans leur
consommation. On les qualifie parfois de biens « réductibles ». Certains biens n’ont pas ces
propriétés, tel le cas de l’éclairage public dans les rues. La quantité d’éclairage est fixe et la
consommation de cette quantité d’éclairage par un individu n’affecte en rien la quantité
disponible pour la consommation des autres. Par conséquent, l’éclairage public est un bien
sans rivalité et à usage non-exclusif.

Les biens qui ne répondent pas au principe de la rivalité entre consommateurs sont
des biens publics. Ceux qui ne possèdent ni la caractéristique de rivalité ni la caractéristique
de l’exclusion par le prix, sont des biens publics purs : qualité de l’environnement, sécurité
publique, … Il n’existe pas de concurrence entre les agents qui utilisent un bien collectif.
L’air que nous respirons sur terre en constitue un bon exemple : chacun peut respirer sans
empêcher quiconque de l’imiter et sans réduire la consommation d’air des autres individus.

La théorie économique distingue les biens collectifs purs des biens collectifs mixtes.
Un bien collectif est pur s’il remplit simultanément trois conditions : en premier lieu, il est
impossible d’en réserver l’utilisation à certains et de l’interdire à d’autres ; il y a impossibilité
d’exclusion. Par exemple, la défense du territoire bénéficie à tous ses habitants, alors que
l’utilisation du réseau autoroutier peut être interdit à certains du fait du droit de péage dont
il faut s’acquitter pour l’emprunter. Toutefois, dans cet exemple précis, il est utile de
préciser que dès lors qu’un individu peut s’acquitter de ce droit, personne ne peut s’opposer
à ce qu’il utilise le réseau. En second lieu, tous les individus ont la faculté de consommer ce
bien collectif : il est, par exemple, permis à chacun de déambuler à sa guise sur une voie
publique. Enfin, la satisfaction procurée par la consommation d’un bien collectif pur ne
dépend pas du nombre des usagers : elle est identique pour tous.

Les biens collectifs ne sont pas caractérisés, comme d’aucuns pourraient le penser,
par leur gratuité. Comme tout bien, ils ont un coût. Dans un grand nombre de cas, c’est à
l’État ou aux collectivités publiques qu’incombent la production et le financement de ces
biens. C’est par le biais de l’impôt, que l’État finance la mise à disposition de ces biens
collectifs. Le coût engendré par cette production n’est pas intégralement supporté par le
consommateur, car ces biens non marchands, lorsqu’ils sont facturés, le sont à prix coûtant
et n’intègrent pas les principes de la tarification privée qui inclut le profit du producteur.

75
Le problème de la tarification des biens publics suscite des controverses lorsque
l’utilisation d’un bien collectif engendre des effets externes en agissant sur le niveau de
satisfaction des autres agents, comme c’est le cas pour les biens collectifs dits mixtes. On
peut rencontrer des externalités positives tout comme des externalités négatives. Par
exemple, la satisfaction d’un individu qui dispose d’une encaisse monétaire ou d’un téléphone
dépend du nombre de personnes qui en possèdent et avec lesquelles il peut faire des
transactions ou entrer en contact. Dans ce cas précis, on parle d’une externalité positive : la
satisfaction de l’agent s’accroît avec l’augmentation du nombre d’usager de la monnaie ou
d’utilisateur de la téléphonie. Par contre, si un individu utilise les transports en commun
pendant les heures de pointe, chacun représente une gêne pour les autres usagers, et tous
voient diminuer leur satisfaction à emprunter le transport en commun.

La tarification optimale du bien collectif devra alors permettre une internalisation,


c’est-à-dire une prise en compte des coûts et des avantages sociaux, de manière à orienter
les individus vers une utilisation socialement utile des biens collectifs. La difficulté, ici, est
renforcée par l’existence des distorsions qui existent entre le niveau de satisfaction
individuel de l’agent utilisateur et le niveau de satisfaction collectif de la communauté qui
profite de ces biens. C’est donc le poids relatif de ces externalités liées à la consommation
qui commande en partie la fixation du prix des biens collectifs.

5.1.1. Détermination de la quantité optimale des biens publics

Soit une économie faite de deux individus qui consomment un bien privé x. La demande de
l’individu A est xdA et celle de B est xdB. Puisqu’ils achètent normalement des quantités
différentes du bien mais au même prix, la demande totale de ce bien Xd est donnée par la
somme des demandes individuelles, soit : Xd = xdA + xdB . La courbe de demande totale est
obtenue en additionnant horizontalement les courbes de demandes individuelles.

Détermination de la quantité optimale d’un bien privé

Prix
XS
xdA xdB

p1

p* E

p2

Xd

0 X* Quantité

Le prix d’équilibre du marché est p*, car il permet d’égaliser l’offre à la demande. Ce prix est
un indicateur du bénéfice marginal que chaque consommateur retire de la consommation
d’une unité du bien x. Etant donné que la courbe d’offre XS est dérivée de la courbe de coût
marginal, le bénéfice marginal obtenu par chaque individu p* est égal au coût marginal de
production Cm, soit p* = Cm.

76
Considérons maintenant un bien public G. Etant donné que la quantité totale du bien
G est utilisée par chaque consommateur de manière non-exclusive et que le prix payé par la
société pour disposer de G est égale à la somme des prix payés par chaque individu, la
courbe de demande totale est obtenue en additionnant verticalement les courbes de
demande individuelles.

Du point de vue de la société ou de la collectivité, la quantité optimale est celle qui


correspond à l’égalité du bénéfice marginal social et du coût marginale social. Le bénéfice
marginal social est la somme des bénéfices marginaux de tous les individus qui partagent
l’utilisation du bien public G.

Détermination de la quantité optimale d’un bien public

Contribution
Gd

Gd B GS
Gd A

gA* + gB* E

g B*

gA*

G* Quantité

Le coût marginal est égal à la contribution d’un individu au financement de G. Pour la


collectivité, le coût marginal appelé coût marginal social est donné par la somme des
contributions individuelles, soit gA* + gB*.

5.1.2. Fourniture efficace des biens publics

Considérons une économie dans laquelle circulent deux biens : x un bien privé et G un bien
public. Nous supposons que le prix du bien x est égal à un et que la société est faite de deux
individus. Ces derniers disposent chacun d’un revenu Ri et doivent déterminer leur
contribution marginale gi à l’acquisition du bien public. Si l’individu contribue à hauteur de gi,
sa consommation du bien privé sera xi = Ri – gi. La fonction d’utilité individuelle est notée
Ui(G, xi) avec U´(.) 0.

Le coût de production du bien public est C(G). Par conséquent, la société pourra
acquérir le bien public si la somme des contributions marginales permet de couvrir C.

offert si gA + gB ≥ C.
G=
non-offert si gA + gB C.

Au sens de Pareto, la fourniture d’un bien public sera efficace si la somme des contributions
individuelles est telle que gA + gB ≥ C et que :

77
UA(G, RA – gA) UA(0, RA)
UB(G, RB – gB) UB(0, RB).

Dans le cas contraire, il serait malvenu que les individus financent l’offre ou la fourniture du
bien public.

Le problème classique qui se pose pour la fourniture du bien public est celui du «
passager clandestin » ou « free rider ». Du fait qu’ils ne peuvent être exclus de la
consommation des biens publics, certains consommateurs peuvent être tentés d’en éviter le
coût en se comportant en passagers clandestins. A cet effet, l’offre des biens publics risque
d’être insuffisante. Dans un équilibre de marché, un agent rationnel n’aura pas intérêt à
participer à la production autant qu’il le pourrait : en effet, l’avantage qu’il perçoit du bien public
est largement indépendant de sa contribution, tandis que le coût qu’il supporte est directement
lié à sa contribution.

Il convient également de signaler que la non-révélation des préférences complique


l’estimation de la demande des biens publics. Pour maximiser le bien-être social, il importe
de déterminer l’institution la plus qualifiée pour estimer la demande et comparer les coûts et
bénéfices de la fourniture des biens publics.

5.1.3. Fourniture des biens publics par le vote

L’existence des biens publics est souvent considérée comme un argument décisif en faveur de
l’intervention de l’Etat. Mais, quand bien même l’on établit l’incapacité des forces du marché à
générer une quantité efficiente de biens publics, on ne peut pas se contenter de dire que l’Etat
fait mieux que les privés. C’est cette prétention qui peut être contestée d’autant plus que le
problème de la production des biens publics ne soit pas un problème technique, mais plutôt un
problème qui concerne les préférences des agents.

Souvent, on recourt au vote pour déterminer la quantité de bien public à offrir. Il faut
cependant noter que ce mode d’allocation pose quelques problèmes. Les choses commencent
bien mal pour un Etat démocratique, dans la mesure où la base sur laquelle reposent les
décisions de l’Etat est le vote, ce dernier étant lui même un bien public pur. Ceci ne doit pas être
compris dans le sens qui plairait aux apôtres de la volonté générale, mais dans le sens technique.

Le problème du vote à la majorité est qu’il mesure seulement les préférences


ordinales pour le bien public alors que les conditions d’efficacité requièrent une comparaison
des dispositions à payer. Supposons qu’il y ait trois individus devant décide de la fourniture
d’un bien public par vote. Si deux des trois individus votent pour la fourniture, l’option sera
d’acquérir ledit bien. Mais si la somme des contributions marginales est inférieure au coût de
fourniture, le vote perd son sens.

Pour contourner cette faiblesse, un autre type de vote est proposé, celui qui implique
que les individus déclarent leurs dispositions à payer pour le bien public, la règle étant que le
bien public sera fourni si la somme des dispositions à payer déclarées est supérieure ou égale
au coût de production du bien public. Mais ce type de vote n’est pas lui-même à l’abri des
déboires.

78
Si l’un des votants estime que la fourniture du bien public l’arrangera plus que les
autres, il peut déclarer un montant arbitrairement élevé pour influencer la décision de
fournir le bien. Ceci peut être évité si on impose aux individus de payer exactement ce qu’ils
ont déclaré être prêt à payer.

Enfin, signalons que le vote peut conduire à un paradoxe. Supposons qu’il y ait trois
individus : A, B et C, et trois niveaux de fourniture du bien public : 1, 2 et 3. A préfère 1 à 2
et 2 à 3, B préfère 2 à 3 et 3 à 1, C préfère 3 à 1 et 1 à 2. Dans ce cas, il y a une majorité
pour préférer 1 à 2, une majorité pour préférer 2 à 3 et une autre pour préférer 3 à 1. On
se trouve ainsi dans une impasse. Seules les autorités publiques sont capables de trancher.

5.2. Les externalités

Outre la fourniture des biens publics, l’Etat intervient parfois pour corriger des distorsions
engendrées par les effets externes ou externalités. Il y a externalité lorsque les actions d’un
individu ont une influence directe sur l’environnement d’un autre individu. Il y a également
externalité lorsqu’un échange économique affecte un tiers et que cet effet n’agit pas par
l’intermédiaire du système de prix. On distingue notamment externalité négative, situation dans
laquelle le tiers est lésé, et externalité positive, situation dans laquelle le tiers se retrouve mieux
loti. Dans le secteur de la consommation, il y a une externalité lorsque l’utilité d’un
consommateur est directement influencée par les actions d’un autre consommateur, et dans
le secteur de la production, il y a externalité lorsque l’échelle d’activité d’une firme est
directement influencée par les actions d’un autre agent.

La présence d’externalités a pour conséquence générale de rendre inefficaces les


équilibres de marchés comme nous l’avons déjà dit. Cet état de choses pousse à étudier des
modes alternatifs d’allocation des ressources. Pour rendre efficace une allocation en
présence d’externalités, il faut envisager une correction des prix auxquels sont confrontés
les individus.

5.2.1. Exemple d’une externalité négative de production

Supposons qu’on ait deux entreprises : A et B. L’entreprise A produit un bien chimique x


qu’elle vend sur un marché concurrentiel. Cette production de x impose un coût e(x) à
l’entreprise B qui est une pêcherie en ce que l’entreprise A déverse dans la rivière des
produits toxiques qui tuent les poissons. La pollution cause un préjudice à l’entreprise B. Soit
p le prix du bien x. Les profits des deux entreprises sont :

A = px – C(x)
B = –e(x)

Pour simplifier l’exposé, on ignore le profit réalisé par l’entreprise B.

La quantité d’équilibre xe est donnée par p = C´(xe). Cette production est trop
importante du point de vue social. L’entreprise A ne tient compte que des coûts qu’elle
s’impose à elle-même (coûts privés : C(x)) et ignore les coûts qu’elle impose à l’entreprise B.
Autrement dit, elle ignore le coût social de son activité : coût privé plus coût imposé à
l’autre entreprise.

79
Pour déterminer la production efficace du point de vue de la société, il faut
internaliser l’effet externe. A cet égard, on va supposer que les deux entreprises ont
fusionné. Dans ces conditions, le profit devient :

= A + B = px – C(x) –e(x)

et la condition de maximisation du premier ordre de ce problème est :

p = C´(x*) + e´(x*).

La quantité x* xe est une quantité efficace ; elle est caractérise par le fait que le prix est
égal au coût marginal social. Pour faire bref, en présence d’une externalité, l’allocation est
Pareto-optimale lorsque le prix est égal au coût marginal social et non lorsqu’il est égal au
coût marginal privé.

Etat optimal en présence d’un effet externe négatif

Prix, coûts

CmS = C´(x) + e´(x)

CmP = C´(x)

P E* E Prix du marché

0 x* xe Quantité

La courbe de coût marginal social CmS représente le supplément de coût imposé à la société
par la production du bien chimique x. Elle se localise au-dessus de la courbe de coût marginal
privé CmP parce que l’entreprise A ignore le coût marginal externe Cme = e´(x).

5.2.2. Correction des externalités négatives

Pour faire face aux effets externes négatifs, l’Etat peut édicter une réglementation
appropriée ; par exemple les usines doivent élever la hauteur de leurs cheminées, les avions
ne doivent pas survoler mes zones habitées, … Mais il n’est pas facile de définir des normes
exactes et de mesurer les coûts et avantages de la réglementation. C’est pour cela que
plusieurs économistes suggèrent le recours à la taxation pour rapprocher les coûts privés
des coûts sociaux.

-. Taxes à la Pigou

Etant donné que le choix de l’entreprise A repose sur un prix incorrect, une taxe
correctrice peut lui être imposée de manière à parvenir à une allocation efficace. On appelle
taxes à la Pigou des taxes correctrices de ce genre.

80
Admettons que l’entreprise A soit soumise à une taxe t sur sa production. La
condition de premier ordre de la maximisation du profit devient :

p = C´(x*) + t.

En fixant la taxe à un montant égal à e´(x), l’Etat conduira l’entreprise A à choisir x = x*. Le
problème devient dès lors de la connaissance de la fonction du coût de l’externalité e(x).

Correction d’un effet externe par une taxe de Pigou

Prix, Coûts

xd CmS = CmP + t

CmP = C´(x)

p* E*

pe E
CmE = e´(x)
A
B

0 x* xe Quantité

Le prix d’équilibre pe est déterminé par les forces du marché sans tenir compte du fait que la
production du bien x impose à la collectivité un coût marginal externe CmE sous forme de
pollution. Au point E, le coût marginal externe est donné par la distance xeA.

En imposant la taxe t à l’entreprise A, l’Etat l’incite à ramener sa production au niveau


optimal x* pour lequel le prix est égal au coût marginal social. Avec cette intervention, le
niveau de la pollution a été réduit : on est passé de xeA à x*B.

-. Taxe en situation de concurrence imparfaite : monopole

Le recours à la taxation n’atteint pas toujours son objectif, notamment en situation de


concurrence imparfaite. Admettons que l’entreprise A est en situation de monopole. Elle
maximisera son profit en égalisant sa recette marginale Rm à son coût marginal privé
CmP = C ´(x). Cependant, la réalisation d’un état Pareto-efficace exige l’égalité du prix au
coût marginal social CmS.

81
Application de la taxe de Pigou en situation de monopole

Prix

A
CmS = CmP + CmE = C´(x) + t
pt Et
pm Em CmP = C´(x)

p* E*
C

Rm p(x) = Demande

xt xm x* Quantité

En l’absence de taxation, l’entreprise produira la quantité xm et pratiquera le prix pm.


L’allocation optimale est celle correspondant au point E* avec x* et p*. La levée de la taxe t
pour faire coïncider le coût marginal social au prix conduit l’entreprise à égaliser le coût
CmP + CmE à sa recette marginale au point C. Le monopoleur produit ainsi la quantité xt et
pratique le prix pt. Dans ce cas, la taxation incite l’entreprise à s’éloigner davantage de la
position d’équilibre recherchée pour la collectivité.

5.2.3. Exemple d’une externalité positive

Autant qu’il est possible que le comportement d’un individu rejaillisse négativement sur le
niveau de vie ou l’activité d’un autre individu, il est possible d’avoir un effet externe positif.
Par le fait qu’une personne soit scolarisée, elle peut directement exercer une influence
positive sur son environnement ou sur les personnes qui y vivent.

Comme les effets externes positifs ne produisent pas de désagrément mais plutôt des
changements bénéfiques du point de vue de la collectivité, ils ne seront pas à corriger mais
par contre à promouvoir. L’Etat par des subventions, peut soutenir certains comportements
individuels contribuant à la réalisation du bien-être collectif. Par une réglementation, l’Etat
peut également favoriser de tels comportements.

Bénéfice marginal privé, bénéfice marginal externe et bénéfice marginal social

Par bénéfice marginal privé, on entend l’avantage ou le gain que retire un individu de l’acte
qu’il pose ou qu’il a posé. Par contre, le bénéfice marginal externe c’est le gain qu’une tierce
personne retire de l’acte posé par un autre agent économique.

Le bénéfice marginal social est le bénéfice que la collectivité tire de l’acte posé par un
individu de manière isolée pour répondre à ses intérêts personnels. Ainsi, le bénéfice
marginal social est égal à la somme du bénéfice marginal privé et du bénéfice marginal
externe, soit :
BmS = BmP + BmE.

Dans ces conditions, l’équilibre qui sera réalisé sur le marché de par l’action des privés
exclusivement ne sera pas celui recherché par l’Etat pour toute la collectivité.
Equilibre du marché en présence d’une externalité positive

82
Prix
Offre

p e´ E´

pe E Subvention

pef A Demande collective (BmS = BmP + BmE.)

Demande = BmP

ye y e´ Quantité

L’équilibre initial est réalisé au point E qui correspond au prix pe et à la quantité ye. Etant
donné que la consommation du bien produit un effet externe positif, l’Etat souhaitera voir la
demande du bien s’accroître dans la collectivité. Or, tout accroissement de la demande – à
offre inchangée – entraîne une hausse du prix, soit le passage de pe à pe´.

Par un effet d’éviction par le prix, certaines personnes seront exclues de la


consommation du bien. En effet, du fait que le prix a eu à accroître, certains demandeurs ne
seront plus capables d’acheter le bien, d’où la nécessité de voir l’Etat accorder des
subventions. La figure ci-dessus montre que la quantité d’équilibre collectif est ye´, le prix
effectivement payé par les individus est pef [ pe] et le montant de la subvention est donné
par la distance E´A.

83
Références bibliographiques

1. Chiang, A., 1974, Fundamental Methods of Mathematical Economics, 2ième éd. Mc Graw Hill,

New York.

2. Quandt, R.E. et Henderson, J., 1982, Microéconomie : Formulation mathématique

élémentaire, éd. Dunod, Paris.

3. Jacquemin, A. et H. Tulkens, 1990, Fondements de l’Economie Politique, éd. De Boeck,

Bruxelles.

4. Lecaillon, J., 1993, Analyse microéconomique, éd. Cujas, Paris.

5. Madnani, G.M.K., 1991, Mathematical Economics. Microeconomic theory, 2 ième éd. Oxford &

IBH Publishing, New Delhi.

6. Malinvaud, E., 1969, Leçons de théorie microéconomique, éd. Dunod, Paris.

7. Redslob, A., 1995, L’économie en pratique, 3ième édition Litec, Paris.

8. Simon, C. et L. Blume, 1998, Mathématiques pour économistes, éd. De Boeck, Bruxelles.

9. Varian, H.R., 1997, Introduction à la microéconomie, éd. De Boeck, Bruxelles.

10. Varian, H.R., 1995, Analyse microéconomique, éd. De Boeck, Bruxelles.

84
Annexe
Optimisation et conditions d’optimalité
Le problème d’allocation des ressources rares de l’homme à ses fins multiples et/ou
concurrentes de consommation et de production peut être appréhendé comme un problème
d’optimisation mathématique. Nous aurons à parler dans ce chapitre, des problèmes
d’optimisation et de leurs résolutions. Nous présenterons les contions classiques d’optimisation
ainsi que les conditions de Khun-Tucker.

Optimisation libre et optimisation sous contrainte

Un problème d’optimisation consiste à définir, dans un ensemble de faisabilité, la valeur d’une


variable ou d’un ensemble de variables permettant d’atteindre un objectif précis. Pour ainsi dire,
un extremum est un point idéal en ce qu’il répond au mieux à une norme ou exigence.

Optimisation libre

Un problème d’optimisation libre consiste à optimiser une fonction-objectif sans que celle-ci ne
soit soumise à une contrainte ou à un ensemble de contraintes.

Optimiser
y = f(x1, x2, …, xn).

Optimisation sous contrainte

Un problème d’optimisation sous contrainte consiste à optimiser une fonction-objectif en tenant


compte d’une contrainte ou d’un ensemble de contraintes spécifiant la rareté des ressources de
l’agent économique.

Optimiser
y = f(x1, x2, …, xn),
telle que g(x1, x2, …, xn) = C.

Ce problème peut s’interpréter comme un problème de recherche d’un compromis entre


l’objectif poursuivi et les possibilités de réalisation de l’agent ou opérateur économique.

Conditions classiques d’optimisation

Avant de présenter les conditions classiques d’optimisation, nous rappellerons le concept de


dérivée d’une fonction en un point donné de son domaine de définition et le concept de
développements en séries de Taylor.

Soit y = f(x), une fonction définie dans un domaine précis. La variation de y qui résulte d’une
variation de x à concurrence de t est de : f(x + t) – f(x). On définit la dérivée de cette fonction au
point x* par :
df ( x *) f ( x * t ) f ( x *)
lim ,
dx t 0 t

si cette limite existe. On dit alors que la fonction est différentiable en x*.

85
Considérons une fonction linéaire F(t) définie par :

F(t) = f(x*) + tf (x*).

Cette fonction est une bonne approximation de f au voisinage du point x* puisque :

f ( x * t ) F(t ) f ( x * t ) f ( x *) tf ( x *)
lim lim 0.
t 0 t t 0 t

En conséquence, on peut écrire :

f(x* + t) f(x*) + tf (x*)


f(x* + t) f(x*) + tf (x*) + 0,5t2f (x*)

Ces expressions sont appelées les développements des séries de Taylor, respectivement d’ordre
1 et d’ordre 2.

Théorème de Rolle et conditions du premier ordre

Soit une fonction y = f(x) définie et continue sur [a, b] et dérivable dans] a, b [. Si f(a) = f(b) = 0,
alors, il existe au moins une valeur c de]a, b [qui vérifie f (c) = 0.

Démonstration.

Si la fonction est constante, on vérifiera pour tout point de [a, b] que f (x) = 0. Ce qui
correspond à la proposition avancée.

Si la fonction n’est pas constante, elle prend des valeurs positives ou négatives. Pour simplifier,
supposons qu’elle prend des valeurs positives. Si c correspond au maximum, on doit vérifier que
x [a, b], f(c) f(x). La dérivée de la fonction au point c est donnée par :

f (c t ) f (c)
f (c) lim .
t 0 t

Etant donné que la dérivée d’une fonction en un point existe que si et seulement si sa limite
approchée par la gauche est égale à sa limite approchée par la droite, on aura :

f ( c t ) f (c )
f (c) lim 0.
t 0 t

Développement des séries de Taylor et conditions du second ordre

Soit la fonction y = f(x). Son approximation d’ordre 2 autour du point x* est donnée par la
relation :

f(x* + t) f(x*) + tf (x*) + 0,5t2f (x*).

Condition du second ordre pour un maximum

86
Si x* est un maximum, il vient que f(x* + t) – f(x*) 0 et on établit l’égalité suivante

f(x* + t) – f(x*) = 0,5t2f (x*),

car f (x*) = 0. Par conséquent, on aura comme condition du second ordre pour un maximum :

f (x*) 0.

Condition du second ordre pour un minimum

Si x* est un minimum, il vient que f(x* + t) – f(x*) 0 et on établit, par un raisonnement analogue
à celui utiliser pour la condition du second ordre d’un maximum, que la condition du second
ordre pour un minimum est :
f (x*) 0.

Tout compte fait, les conditions classiques d’optimisation sont :

Pour un maximum : f (x*) = 0 et f (x*) 0


Pour un minimum : f (x*) = 0 et f (x*) 0.

Par conséquent, en formalisant un problème économique, on doit veiller à ce que la solution à


un problème de maximisation ou de minimisation devra respecter ces conditions.

Conditions de Khun-Tucker

Les conditions classiques donnent lieu à des solutions intérieures, c’est-à-dire des valeurs
optimales toujours différentes de zéro, et pourtant, il est possible d’avoir des solutions
frontières, soit des situations dans lesquelles l’agent économique réalise son équilibre pour des
valeurs nulles des variables de décisions. Pour tenir compte de telles situations Khun et Tucker
ont proposé des conditions plus pertinentes que les conditions classiques.

Considérons les trois graphiques ci-après pour présenter les conditions de Khun-Tucker.

Figure a Figure b
Figure c

y y y

y = f(x) y = f(x) y = f(x)

0 x* x 0 x 0 x

f (x*) = 0 f (x*) 0 f (x*) = 0


x* 0 x* = 0 x* = 0

Il ressort de ces trois graphiques qu’un maximum peut être une solution intérieure ou une
solution frontière. Par ailleurs, la condition du première peut correspondre à une dérivée

87
négative (cfr figure b). En synthétisant ces trois situations, on arrive aux conditions de Khun-
Tucker, soit :

f (x*) 0, x* 0, et x*f (x*) = 0.

Interprétation des conditions de Khun-Tucker

Considérons le problème d’une firme qui produit son output à l’aide de n inputs. Sa fonction de
production s’écrit :
y = f(x1, x2, …, xn)

La fonction-objectif de la firme s’écrit :

Max = p f(x1, x2, …, xn) – wixi.

p représente le prix de l’output et wi les prix des inputs utiliser par la firme. Les conditions de
Khun-Tucker pour ce problème de maximisation sont :

pfi (.) – wi 0, x* 0, et xi*f (.) = 0.

Si la productivité marginale en valeur du ième facteur pfi (.) est inférieure au prix du facteur wi, la
valeur optimale du facteur sera xi* = 0. Par contre, xi* sera supérieur à zéro si la productivité
marginale en valeur du facteur est égale au prix du facteur.

Méthode de substitution

La méthode de substitution consiste à résoudre la contrainte en fonction d’une des variables de


décisions, soit en prenant x2 comme une fonction de x1: : x2 = h(x1). Cette nouvelle expression
est renvoyée dans la fonction-objectif de manière à ramener le problème d’optimisation sous
contrainte à un problème d’optimisation libre. On aura ainsi :

Max y = f[x1, h(x1)]

On se rapportera à la condition du premier ordre de manière à déterminer x1*, et en rentrant


dans la fonction h(.), on définira x2*.

Méthode du multiplicateur de Lagrange

La méthode de Lagrange consiste à ramener un problème d’optimisation sous contrainte à un


problème d’optimisation libre en passant par une fonction auxiliaire appelée fonction de
Lagrange ou Lagrangien. Le Lagrangien du problème présenté ci-dessus est :

L = f(x1, x2) [c – g(x1, x2)]

avec qu’on appelle multiplicateur de Lagrange. Il donne la mesure de la sensibilité du


comportement optimisant par rapport à un desserrement d’un élément de la contrainte du
problème.

En dérivant la fonction de Lagrange par rapport aux variables de décisions et par rapport au
multiplicateur , on obtient un système d’équations donnant les valeurs optimales xi* des
variables de décision.

88
Méthode d’égalisation des pentes

Une autre approche de résolution d’un problème d’optimisation sous contrainte consiste à
égaliser les pentes de la fonction à optimiser et de la contrainte. Prenons la différentielle totale
de f(.) ainsi que celle de g(.).

dy = f1dx1 + f2dx2 = 0
dg = g1dx1 + g2dx2 = 0

Les pentes des courbes représentatives de f(.) et g(.) sont respectivement :

–d x2/dx1 = f1/f2 et –d x2/dx1 = g1/g2.

C’est en égalisant ces deux pentes – tout en se servant de la contrainte – que l’on pourra
déterminer la solution optimale du problème.

89

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