13.

DIABELLI

Ludwig van Beethoven (1770-1827)

Trente-trois variations sur un thème
de valse d’Anton Diabelli en ut majeur op. 120

Orlando Bass piano

environ 60 minutes

Mercredi 2 août 2023 - 12h

Abbaye de Sainte Croix

SALON (MUSIQUE À L’EMPÉRI)

FONDÉ EN 1993 PAR ÉRIC LE SAGE, PAUL MEYER, EMMANUEL PAHUD
 Var. 24. Fughetta. Andante
Var. 25. Allegro
Var. 26. Allegretto
Var. 27. Vivace
Var. 28. Allegro
Var. 29. Adagio ma non troppo
Var. 30. Andante sempre cantabile
Var. 31. Largo, molto espressivo
Var. 32. Fuga. Allegro
Var. 33. Tempo di Menuetto, moderato
(ma non tirar si dietro)

En 1819, l’éditeur Anton Diabelli adresse une valse

de son cru aux compositeurs les plus connus de son
temps pour qu’ils lui fournissent chacun une varia-
tion. L’ensemble devait constituer, outre une opéra-
PRÉSENTATION tion promotionnelle doublée d’un œuvre caritative,
un catalogue de la musique de l’époque : au milieu
Ludwig van Beethoven (1770-1827) de nombreux contributeurs oubliés aujourd’hui, on
Trente-trois variations sur un thème trouve Franz Schubert, le jeune Franz Liszt, et, pour
de valse d’Anton Diabelli en ut majeur op. 120 l’anecdote, un obscur rejeton du nom de Wolfgang
Amadeus Mozart.
Composition : commencée en 1819 (23 variations) ;
achevée fin 1822-début 1823, après une interruption Le plus considérable compositeur de l’époque
de trois ans. était évidemment Beethoven. Si le thème qu’on lui
Dédicace : Antonie Brentano. proposait l’a d’abord agacé, il a su le convaincre.
Création : pas de création publique connue du vivant Mieux, au lieu de livrer un travail alimentaire, il a
du compositeur. dressé un chef d’œuvre monumental comportant
Première publication : 1823, sous le titre Verän- 33 variations (Beethoven emploie toutefois le
derungen über einen Walzer für das Pianoforte. terme de Veränderungen, soit transformations, ce
environ 60 minutes qui pourrait suggérer qu’il considérait cet ouvrage
comme différent, soit de nature soit d’importance,
Thème. Vivace des autres ensembles de variations qu’il avait écrits
Var. 1. Alla Marcia maestoso jusqu’à présent), composées pour 23 d’entre elles
Var. 2. Poco allegro avant les trois dernières sonates (les variations
Var. 3. L’istesso tempo qui concluent l’opus 109 et surtout l’opus 111
Var. 4. Un poco più vivace entretiennent des rapports étroits avec les Diabelli),
Var. 5. Allegro vivace pour les 10 autres, en parallèle au travail sur la Missa
Var. 6. Allegro, ma non troppo e serioso Solemnis et la Neuvième Symphonie en 1823. Ces
Var. 7. Un poco più allegro variations sont donc la dernière œuvre d’envergure
Var. 8. Poco vivace écrite pour le piano, 33 variations couronnant le
Var. 9. Allegro pesante e risoluto massif des 32 sonates.
Var. 10. Presto
Var. 11. Allegretto Le terrain de jeu, ses règles
Var. 12. Un poco più moto
Var. 13. Vivace Le terme «variations» admet, pour simplifier, deux
Var. 14. Grave e maestoso acceptions. Pour la première, on part d’un morceau
Var. 15. Presto scherzando simple, appelé thème, qui est progressivement
Var. 16. Allegro modifié, orné, enrichi mais toujours reconnaissable,
Var. 17. L’istesso tempo souvent pour culminer dans une version
Var. 18. Poco moderato considérablement amplifiée. C’est le cas des
Var. 19. Presto variations alimentaires de Beethoven, composées
Var. 20. Andante rapidement d’après des thèmes très en faveur
Var. 21. Allegro con brio – Meno allegro auprès du public. Dans une certaine mesure, on peut
Var. 22. Allegro molto alla rattacher à cette démarche, avec évidemment une
« Notte e giorno faticar » di Mozart toute autre profondeur, les variations qui concluent
Var. 23. Allegro assai les sonates op. 109 et 111. La deuxième identifie dans
le thème un certain nombre d’éléments structurels peut-être d’ailleurs ce mélange si particulier de
caractéristiques (les progressions harmoniques, classicisme de bon aloi et de maladresses insignes
les rythmes...). Les variations sont alors autant de qui a fait de ce thème un aussi puissant stimulant
morceaux pratiquement indépendants partageant pour l’imagination de Beethoven. Il ne s’agit guère
avec le thème tout ou partie de ces éléments, et d’une valse, mais plutôt d’un menuet joué trop vite
ayant donc entre eux un air de famille pas toujours (mais on aurait dans ce cas entendu le début de
évident à cerner à l’oreille. Stockhausen avait la main gauche comme une citation du début de
donné une définition très pertinente : « non pas le la Huitième symphonie). Ce défaut savoureux est
même objet vus sous différents éclairages, mais des gardé pour la fin : la dernière variation, clôturant
objets différents traversés pas la même lumière. » tout un catalogue de danses, sera un menuet, le
Cette démarche permet de bâtir une œuvre de vaste corrigé en quelque sorte. La régularité des parties
dimension, à la fois unifiée et multiforme. Les qualités du thème, bonne en elle-même, est fâcheusement
requises pour un bon thème ne sont pas les mêmes alourdie par une insigne monotonie : chaque cellule
dans les deux cas : les amplifications nécessitent un de quatre mesure provient d’un motif sur deux
thème mélodique et déjà beau (celui de l’Arietta par mesures dupliqué par une rosalie, un procédé banal
exemple), les variations de structure implique un que Beethoven détestait en tant que tel, mais qu’il
thème à la fois neutre mélodiquement et riche en adorait détourner. Enfin, le pire : après la chute de
éléments saillants. La valse proposée par Diabelli quinte, cette répétition du même accord (deux
répond parfaitement à cette exigence, en raison séries de dix dans la première partie, deux séries
de certaines de ses qualités propres, mais aussi, de onze dans la seconde, soit quarante-deux noires
paradoxalement, grâce à ses défauts. sur les quatre-vingt-seize que contient le thème).
Avec cela, Beethoven écrira une fugue. Qu’il soit fait
La principale qualité de la valse de Diabelli est la autant cas des défauts du thème ne surprend pas
simplicité de sa structure : deux parties de seize dans une œuvre faisant une si large place à l’humour
mesures chacune, reprises. Chaque partie se (parfois très inquiétant) : les variations 1, 13, 16, 21,
subdivise en deux sous-parties de huit mesures, 22 en sont les meilleurs exemples.
elles-mêmes divisibles en cellules de quatre mesures
(la variation 21 pousse à l’extrême cette division La question d’un plan global des variations est
interne). Les deux tiers des variations s’y tiendront. très controversée. Disons d’emblée qu’aucun n’est
Le schéma harmonique est à l’avenant : en première aisément discernable à l’écoute. On se bornera
partie, on va d’ut majeur (difficile de faire plus ici à remarquer quelques grandes tendances. Les
neutre) à sol majeur (la dominante), soit à peine une variations 1 à 7 présentent une dramatisation
modulation ; la deuxième partie revient de sol majeur croissante du discours. La variation 9, la première
à ut majeur. Le tout sans mélodie à proprement en ut mineur, précède une variation virtuose
parler, les deux mains se répondant par des figures généralement vue comme la conclusion d’une
d’accompagnement, ce qui donnera libre cours à partie : de fait, pour un ensemble de variations de
l’imagination. Un tel schéma donne évidemment taille normale, Beethoven se serait sans doute
lieu à un effet de miroir entre les deux parties, ce arrêté là. Les variations 16 et 17, de part et d’autre
qui sera exploité notamment dans les variations 5, de la moitié des variations, sont enchaînées et en
6 ou 19 sous forme de canon. Enfin, deux éléments miroir, tandis que la variation 20, située en terme
pimentent le thème : des accents à contretemps de pagination au milieu de l’œuvre, est une énigme
(qui seront illustrés par les variations 4, 7, 9, 14, 28) qui semble clore un ensemble : la variation 21 donne
associés à de subtiles irrégularités entre la première d’ailleurs fortement le sentiment d’un nouveau
et la deuxième partie, quelque chose qui rencontre départ, avec une virtuosité de plus en plus marquée
avec bonheur les préoccupations compositionnelles (une progression seulement différée par le calme
de Beethoven (étant donné que Diabelli avait été de la variation 24) jusqu’à la variation 28, véritable
longtemps son copiste, ce n’est peut-être pas un explosion jubilatoire. On note que les variations 3
hasard) ; et surtout, cette savoureuse anacrouse et 4, 11 et 12, 26 et 27, fonctionnent par paires, la
avec sa petite note pétillante d’humour, avec laquelle deuxième pouvant être vue comme une extension
Beethoven va beaucoup s’amuser (par exemple les de la première avec un tempo plus fluide. Enfin, et
variations 9, 11, 26), suivie d’une chute de quinte c’est le plus évident, les cinq dernières variations
saillante et aisément reconnaissable. forment un ensemble à part, avec une extraordinaire
progression de la douleur à la transcendance.
Les défauts du thème, s’ils ont certainement été
la cause du refus initial de Beethoven, se sont
finalement révélés au moins aussi féconds. C’est
 LA SUITE : 18. JEUDI 3 AOÛT, 21H 23. SAMEDI 5 AOÛT, 21H
CHÂTEAU DE L’EMPÉRI CHÂTEAU DE L’EMPÉRI
FESTIVAL-SALON.FR
Assistance : info@festival-salon.fr DE CINQ À SIX GRAN FINAL
06 26 76 17 95 Prokofiev, Flament, Dohnányi, Verdi Granados, Debussy, Spohr, Farrenc
Emmanuel Pahud flûte
14. MERCREDI 2 AOÛT, 19H Paul Meyer clarinette Lisa Batiashvili,
CHÂTEAU DE L’EMPÉRI François Meyer hautbois et cor anglais Natalia Lomeiko, Yuri Zhislin violon
François Leleux hautbois Lilli Maijala, Gareth Lubbe alto
HAYDEN & FRIENDS Gilbert Audin basson Marie Viard , Claudio Bohórquez
Carte blanche Benoît de Barsony cor violoncelle Olivier Thiery contrebasse
Hayden Chisholm saxophone Maja Avramovic, Natalia Lomeiko violon Anaëlle Tourret harpe
Claudio Bohórquez violoncelle Lilli Maijala, Gareth Lubbe alto Emmanuel Pahud flûte
Gareth Lubbe alto Claudio Bohórquez, Paul Meyer clarinette
Orlando Bass piano François Leleux hautbois
Astrig Siranossian violoncelle
Olivier Thiery contrebasse Gilbert Audin basson
15. MERCREDI 2 AOÛT, 21H Éric Le Sage piano Benoît de Barsony cor
CHÂTEAU DE L’EMPÉRI Frank Braley piano
19. VENDREDI 4 AOÛT, 12H
(SANS) SANCAN ABBAYE DE SAINTE CROIX
Bruch, Damase, Schulhoff, Brahms
Anaëlle Tourret harpe ABBAYE LACHRYMAE
Emmanuel Pahud flûte Benjamin Britten, Clara Schumann
François Meyer hautbois
Paul Meyer clarinette Anaëlle Touret harpe
Gilbert Audin basson Natalia Lomeiko violon
Benoît de Barsony cor Gareth Lubbe alto Frank Braley piano
Natalia Lomeiko, Yuri Zhislin violon
Lilli Maijala, Gareth Lubbe alto 20. VENDREDI 4 AOÛT, 15H
Astrig Siranossian violoncelle ABBAYE DE SAINTE CROIX
Olivier Thiery contrebasse
Frank Braley piano ABBAYE CLARINETTES
Carte blanche
16.JEUDI 3 AOÛT, 12H
ABBAYE DE SAINTE CROIX Paul Meyer clarinette
Emmanuel Pahud flûte
ANAËLLE Carte blanche Frank Braley piano
Anaëlle Touret harpe
avec la participation d’Emmanuel Pahud flûte Michel Portal décline l’invitation.
Benjamin Britten Suite for Harp Op. 83 Il est malheureusement souffrant.
H. Renié Légende d’après les Elfes de Leconte
de Lisle
J.S. Bach Sonate pour flûte et clavier en sol 21.SAMEDI 5 AOÛT, 12H
mineur BW 1020 ABBAYE DE SAINTE CROIX
Saint-Saëns Romance pour flûte et harpe
J. Ibert Entr‘acte pour flûte et harpe PETROVA
Schumann, Debussy, Prokofiev
17. JEUDI 3 AOÛT, 18H
ÉGLISE SAINT MICHEL Liya Petrova violon
Éric Le Sage piano
LUBBE Carte Blanche
Gareth Lubbe alto
Claudio Bohórquez violoncelle 22. SAMEDI 5 AOÛT, 19H
CHÂTEAU DE L’EMPÉRI
Ludwig von Beethoven Duo “avec deux BUFFET CRAMPON
lunettes obligatoires” en mi bémol majeur
WoO 32 pour alto et violoncelle PRÉSENTE SÉBASTIAN JACOT
Gareth Lubbe Transitions Etude 1 “pour un C.P.E. Bach, Poulenc, Holliger, Pleyel,
altiste au chant diphonique avec violon. Ferneyhough, Devienne
Reinhold Glière Huit Morceaux pour violon
et violoncelle op. 39 Sebastian Jacot flûte
Zoltán Kodály Duo pour violon et violoncelle Paul Meyer clarinette
op. 7 Marie Viard violoncelle
John Corigliano (arr. Lubbe) Éric Le Sage piano
Thème du “le Violon Rouge” pour violon,
violoncelle et chanteur harmonique #salon #festival_salon

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