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Revue du monde musulman et de

la Méditerranée

L'urbanisme de la ville de Beyrouth sous le mandat français


Marlène Ghorayeb

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Ghorayeb Marlène. L'urbanisme de la ville de Beyrouth sous le mandat français. In: Revue du monde musulman et de la
Méditerranée, n°73-74, 1994. Figures de l'orientalisme en architecture. pp. 327-339;

doi : https://doi.org/10.3406/remmm.1994.1685

https://www.persee.fr/doc/remmm_0997-1327_1994_num_73_1_1685

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Marlène Ghorayeb"

L'urbanisme de la ville de Beyrouth

sous le mandat français

Beyrouth connaîtra son premier plan d'aménagement dix ans après


l'instauration du mandat français sur le Levant et à peu près autant après l'adoption en
France de la loi Cornudet du 14 mars 1919. Le projet de transformer Beyrouth,
assise politique du pouvoir mandataire, en une ville "moderne" existe certes
depuis le début du mandat (1920)1, cependant il faudra attendre 1931 pour que
soit fait appel au Cabinet Danger pour dresser un plan d'ensemble de la ville.
L'objectif d'une telle commande est clairement hygiéniste, puisqu'il s'agit de « doter
la ville de Beyrouth de grandes installations répondant aux exigences les plus
immédiates en ce qui concerne la salubrité et l'hygiène2 ». Au plan Danger, fondé
sur les principes de "l'art urbain", succédera, dix ans plus tard, le plan Ecochard,
qui s'inscrit déjà, quant à lui, dans l'urbanisme du Mouvement moderne.

Le "Plan d'aménagement d'extension


et d'embellissement" : hygiène et esthétique

Officiellement intitulé Société des plans régulateurs de villes, le cabinet


Danger est une agence familiale offrant une grande diversité professionnelle,
puisqu'il se compose des frères René et Raymond Danger, géomètres, et de leurs

* Architecte-urbaniste (laboratoire Théorie des mutations urbaines), Marlène Ghorayeb prépare un


doctorat à l'Institut français d'Urbanisme (Paris VIII) sur l'urbanisation de la ville de Beyrouth pendant le
mandat français, sous la direction de Stéphane Yérasimos.

REMMM 73-74, 1994/3-4


328 1 Martène Ghorayeb

enfants, dont l'un est architecte et l'autre ingénieur. Ce cabinet est connu sur la
place de Paris pour sa pratique dans le domaine de l'urbanisme, mais aussi pour
les cours d'urbanisme donnés par René Danger depuis 1908 à l'École spéciale
des Travaux publics. L'adhésion de ce dernier à la Section d'hygiène urbaine et
rurale du Musée social et à la Société française des urbanistes, révèle à quel point
l'urbanisme proposé par les frères Danger est caractéristique d'une école de
pensée en la matière.
Leur Société intervient indifféremment en métropole, dans les colonies, ou encore
dans ce qui se qualifiait à l'époque d'étranger. La grille d'analyse mobilisée pour
l'appréhension de l'espace urbain et les outils qu elle engendre ne souffrent pas
de la transposition. La démarche relève d'une méthodologie bien rodée et affinée
jusque dans sa forme. Les "Plans d'aménagement, d'embellissement et
d'extension" qu'elle produit se présentent chacun dans un carton qui renferme trois ou
quatre sous-dossiers, suivant le cas. En harmonie complète avec les exigences de
la Joi Cornudet, le dossier A propose un plan topographique de la ville à l'échelle
du 1 /5000e, le dossier B se compose du plan d'extension à cette même échelle et
d'un plan d'aménagement au 1 /2000e - traduction graphique des propositions
d'aménagement, tandis que le dossier C concerne les analyses "socio-spatiales" et
les règlements. Intitulé "Programme et règlement", ce dernier est lui-même divisé
en quatre sous dossiers : C 1 : Rapport d'enquête et justificatif, C 2 : Règlement
de police sanitaire, C 3 : Règlement de voirie et C 4 : Description des servitudes
générales. Pour certaines villes - ce n'est pas le cas pour Beyrouth - une quatrième
partie touchant à la procédure administrative vient compléter le dossier. C'est plus
particulièrement de ce dossier C dont il sera question ici, car il permet de saisir
les concepts véhiculés et les outils mobilisés.

Le rapport d'enquête :
saisir les composantes urbaines

L'enquête urbaine pose un regard global et instantané sur la ville dans l'objectif
de proposer les solutions les plus adaptées. Mais ce faisant, elle intègre à la fois le
passé par la dimension historique, le présent et l'avenir, puisque les résultats de
cette enquête conduiront à faire les choix d'aménagement. La tentative de saisir une
dynamique se fait clairement ressentir. La démarche, dans un premier temps,
ressemble à une sorte de topographie des lieux, économique et sociale. Elle vise à
produire un relevé du physique de la ville dans lequel sont répertoriés des
renseignements sur la nature du terrain, les monuments, les voies, les chemins de fer, les
équipements. . . - sorte d'instantané qui tente, par le détail, de reconstituer l'état des
lieux à un moment donné -, mais aussi à rendre compte de l'activité économique
comme de la composition sociale de l'espace urbain, avant de proposer les solutions.
La lecture du site, afin d'établir "l'enquête monographique urbaine", consiste,
si l'on se réfère au chapitre concerné du cours de R. Danger^, à procéder
méthodiquement du général au particulier et intellectuellement, à « avoir la volonté d'en-
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registrar les éléments sans préjuger de leur intérêt ». Les thèmes mobilisés pour
la compréhension des composantes urbaines de la ville de Beyrouth se présentent
dans le même ordre chronologique de la recommandation théorique, à savoir :
le site, l'histoire, la démographie, l'hygiène, la fonction publique et sociale, la
fonction économique et la circulation, l'architecture et l'esthétique locales et les pro-
jets,jmciens et actuels.
Les études géographiques, historiques et démographiques, bien que fondées sur
des analyses scientifiquement incontestables (nature du sous-sol, nombre de jours
de pluie, densité de la population par quartier, etc.), témoignent parfaitement du
romantisme colonial survivant encore au début du siècle. Danger décrira la «
physionomie générale de la ville » dans ses termes :
«... Des collines verdoyantes et fleuries presque toute l'année, une vallée assez large,
et comme fond de tableau les pentes couvertes de neige du Liban. Tout cela prête à
l'arrivée par mer un charme incomparable4. »

Le texte témoigne d'une sensibilité extrême à l'environnement naturel. Le site


et la nature constituent des éléments déterminants. Chaque perspective qui
permet l'évasion des yeux devient un critère de sélection. A ce stade de l'enquête, un
quartier est déjà pressenti comme future zone d'extension, « car c'est un des
mieux exposés au vent du large, il jouit d'une vue magnifique sur la mer » {ibid.,
p. 3). La beauté naturelle du site est opposée au chaos de la ville - façonnée par
des hommes :
« La ville s'étant développée parmi ce site admirable est en grande partie chaotique, sans
unité architecturale [...]. L'activité des habitants s'étant uniquement concentrée sur le
commerce, l'embellissement et l'agrément de la ville, considérés comme superflus, ont
été négligés au profit des préoccupations strictement utilitaires. » {Ibid., p. 2.)
Le plan s'inscrit dans une histoire urbaine - quelle que soit l'interprétation qu'on
en fait. Cependant seuls les monuments historiques répertoriés témoignent de cette
histoire.
Revendiquant une scientificité, le travail de l'urbaniste mobilise des instruments
de mesure relevant d'autres disciplines scientifiques : la statistique, la géologie, la
météorologie, la médecine ; leurs résultats sont représentés essentiellement au
moyen de graphismes et de cartographie. Les outils de mesure
traditionnellement utilisés par les Danger font faillite quant aux études démographiques. Sur
quel élément passé prendre appui pour déduire des prévisions futures quand le
seul recensement disponible date d'une année à peine ? La densité urbaine,
ordinairement critère d'hygiène et de salubrité, se transforme dans le cas de ce plan
en une interprétation ethnologique de la répartition spatiale des habitants de la
ville5. La démarche tente en fait de saisir la dynamique du mouvement
démographique, puisque à la fois le mouvement d'émigration (données chiffrées à
l'appui) et l'importance de la construction sont pris en compte.
Les études sanitaires portent d'abord sur des questions de mortalité et de
morbidité, les chiffres sont d'ailleurs confrontés à ceux de la France : « Les trois mala-
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dies qui intéressent plus particulièrement l'urbaniste [sont] la tuberculose, la


typhoïde, et le paludisme6. » Elles se proposent également d'identifier les
quartiers et les établissements insalubres, tels que les abattoirs et l'usine à gaz. Etant
situés en dehors de la zone d'habitation et bien placés par rapport aux vents
dominants, ceux-ci ne posent toutefois pas de problème majeur. Elles examinent
si les conditions indispensables à la salubrité sont satisfaisantes : existence
d'espaces libres, de squares, de terrains de jeux ; elles s'intéressent enfin à
l'alimentation en eau, aux égouts et aux ordures ménagères.
La ville se présente aussi comme le support des fonctions économiques et
administratives. Les études économiques examinent les moyens de communication
(routes, voies ferrées et port) et les ressources de la ville : agriculture, commerce,
industrie, tourisme et estivage. L'enquête s'attache également à la "vie
administrative et sociale", à savoir les administrations publiques, l'enseignement et les
distractions.
Cette "analyse de la ville" a donc pour objectif de « savoir comment (la ville)
s'est constituée. [...] Et de comprendre les lois qui guident son évolution pour
tenter d'en déduire les éléments utiles à préparer l'avenir?. » Celle-ci se conclut
sur sa raison d'être, qui est d'apporter les solutions d'aménagement aux problèmes
étudiés. Les auteurs soulignent la nécessité de sauvegarder le site par
"l'aménagement des collines et des belvédères", la création des voies en corniches, et des
servitudes de hauteur pour les habitations afin de garder des vues sur le lointain,
d'adapter l'habitation au climat. Plus généralement, le projet se devra d'aérer les
quartiers surpeuplés par la création de squares, de jardins publics, par
l'ouverture et l'élargissement des voies. Les études économiques, quant à elles,
retiendront le besoin d'une circulation périphérique, la création de deux gares, l'une
routière et l'autre de chemin de fer. Une dernière proposition consiste à
regrouper les services administratifs en un "édifice approprié".

Hygiène, circulation et embellissement :


trois concepts au cœur des propositions

Le Rapport justificatif, qui représente l'instrument technique, consacre la


deuxième étape du travail. L'enquête menée en vue d'examiner « la situation
actuelle et les tendances de l'évolution de la ville, et d'en déduire un certain
nombre de directives en vue de l'étude d'aménagement et d'extension de la ville8 »,
conduit au rapport justificatif qui résume les solutions proposées aux différents
problèmes. L'assainissement d'une ville se présente comme la première
préoccupation de l'urbaniste, puisque cette question met en cause non seulement
l'agrément ou la commodité, mais la santé même des habitants ! Cependant l'aspect
technique de la question est d'emblée évincé. La distribution de l'eau potable,
l'évacuation des eaux usées et des ordures ménagères, mentionnées comme «
principaux facteurs de l'assainissement d'une ville », ne relèvent pas du champ de
compétence du géomètre/urbaniste. L'assainissement ne se fait que par l'extension
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proposée. Il ne s'agira ainsi que de créer un "quartier de résidence bien exposé",


entouré d'un « boulevard de protection bordé de plantations appropriées : herbes
à racines tenaces d'abord, et par la suite, cactus et pins destinés à former un écran
protecteur du côté du vent » {ibid., p. 35), en bref d'assainir en s'éloignant de la
ville, par le neuf et par la végétation, à laquelle une nouvelle fonction, outre celle
de l'esthétique, est assignée : celle de la protection. L'aménagement de place,
l'élargissement de voies, la création de jardins publics et de terrain de jeux sont
aussi des facteurs d'assainissement. Espaces libres et voies publiques ont pour
fonction de faire circuler l'air et de laisser pénétrer le soleil et sont aussi l'occasion
de plantations. Air, soleil, verdure sont ainsi les grands principes de ce plan.
Si la circulation, grande préoccupation de l'urbanisme de l'entre-deux-guerres,
a pour première fonction l'hygiène, sa seconde fonction "classique" est de
faciliter les liaisons ; elle occupe ainsi une place centrale parmi les problèmes à
résoudre. La spécificité du contexte beyrouthin complique techniquement la
question à cause de la "façon désordonnée" dont s'est construite la ville
commerçante au cours des siècles, mais aussi à cause de la topographie des lieux. Enfin,
quelles que soient les données, pour les frères Danger, une des tâches principales
qui relèvent de l'ouvrage de l'aménageur, consiste à préparer la ville future qui
réclamera des voies de communication performantes, et donc à se placer dans
une réflexion prospective.
Cette dimension se prolonge par la dimension économique allouée à la
question de la circulation. Celle-ci est pensée en fonction de l'ensemble des
équipements économiques, tel que le port « qui du point de vue économique,
constitue un gros centre d'attraction », et en termes de liaisons avec le centre commercial,
ainsi qu'avec le quartier industriel (encore à l'état embryonnaire). Une des
modifications apportées à l'étude du dégagement du port avait pour objectif de «
rassembler en un organe central les débouchés de la gare maritime, de la gare
ferroviaire et d'une gare routière pour l'estivage au Liban » {ibid., p. 35). Une
notion de territorialité apparaît clairement dans les propositions. La ville se
rattache au territoire, entraînant donc un changement d'échelle. Trois axes
interrégionaux seront de fait proposés, sous le titre de "circulation générale" : Tripoli-
Beyrouth, Damas-Beyrouth, Saïda-Beyrouth, tandis que "la circulation urbaine"
traite du dégagement du port, de celui de la place des Canons, et de la création
de liaisons Est-Ouest à travers la ville.
Techniquement les solutions apportées consistent le plus souvent à proposer
des déviations ou des nouvelles voies en raccordement à des routes existantes. Seul
le boulevard périphérique représente un élément de rupture avec la réalité du
terrain de l'époque. Son tracé ne cherche pas à bouleverser l'existant, mais bien au
contraire s'appuie sur celui-ci pour les propositions à venir. Danger contourne les
problèmes d'expropriation, et prend en compte le tracé de l'extension du port
étudié au même moment par les sociétés qui en sont concessionnaires. En d'autres
termes, il n'opère aucune remise en question fondamentale, évitant ainsi de se
heurter à l'état de fait trouvé sur place.
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L'aménagement des quartiers :


fonctionnalisme et esthétique

La proposition des Danger se fonde sur un fonctionnalisme "souple" mais


cependant primordial : organiser la ville implique une répartition des fonctions
dans l'espace. La vocation à la modernité, corollaire de l'industrialisation, reste "une
tendance naturelle" à caractère universel vers laquelle aspirent toutes les villes, quel
que soit leur passé culturel. Leurs propositions d'aménagement s'imprègnent de
ces théories, bien que leur traduction sur le terrain soit timide. Leur plan divise
donc la ville en sept quartiers localisés géographiquement et prévoit
l'aménagement du bois des pins et du casino. Il propose également une zone industrielle
qui remplacera "la zone insalubre et malpropre du quartier des Arméniens". En
ce qui concerne l'activité commerciale, l'espace identifié - quartier de la place des
Martyrs - s'organise par la création de "halles centrales" qui disposeront de quatre
pavillons, "afin d'éviter des confusions et des mélanges", tandis que le commerce
de luxe se situera dans le quartier nord-est de la ville. Trois quartiers assurent la
fonction résidentielle : un lotissement "très simple, voies en gradins avec
bretelles de raccordement" à Ras Beyrouth, le quartier des Sables aménagé au bord
de la mer par "une jetée-promenade et un lotissement en éventail" et enfin une
cité-jardin indépendante qui, contrairement aux deux précédents, est localisée à
l'est de la ville, à proximité de la zone industrielle.
L'art urbain à l'œuvre implique un souci d'esthétique. Les concepts véhiculés
par cette démarche intègrent à la fois la scientificité de la discipline de l'urbanisme,
sans en exclure la préoccupation esthétique. L'urbanisme est aussi œuvre d'art. La
ville que propose théoriquement Danger se veut fonctionnelle, mais pas
rationnelle. Les jugements sur "l'esthétique" relèvent de normes universelles :
« Tout d'abord, constatons que Beyrouth manque de perspective intéressante sur la baie
ou sur la pleine mer, d'où l'idée qui nous a paru réalisable de faire disparaître ce qui
ferme la perspective, c'est à dire le bâtiment (sans caractère) du petit sérail. On le
retrouverait avec plus d'intérêt vers le fond de la place, au lieu du bâtiment actuel, on
continuerait le jardin et au-delà de la rue Weygand on pourrait prévoir une allée de
boutiques de luxe avec portiques largement ouverts. Ces boutiques seraient construites
suivant un type architectural imposé (aussi sobre et aéré que possible). La perspective se
terminerait par des terrasses et des escaliers d'où la vue s'étendrait sur le large. [. . .] On
aurait ainsi une avenue de 70 mètres de large allant du nouveau sérail à la mer. Pour
la partie située sur le port [. . .] on pourrait supprimer le pâté de maisons bouchant
l'arrivée des escaliers et le remplacer par un square. Devant, on pourrait créer pour les bateaux
un débarcadère d'apparat. »

La perspective, la continuité dans le type architectural et la végétation,


résument la conception de cette "esthétique urbaine". Il faut noter enfin l'exigence de
centralité manifestée par l'aménagement de places. Les deux quartiers de résidence
proposés (Ras Beyrouth et quartier des Sables) s'articulent autour d'une place, petite
pour la première et "très grande et organisée en terrain de jeux pour enfants qui
L'urbanisme de la ville de Beyrouth sous le mandat français 1 333

servirait de centre de quartier", pour la seconde. « Cette place formerait un centre


de composition pour le quartier » {ibid, p. 40). Cette observation est aussi valable
pour la cité-jardin, puisque la place centrale comprenant quelques boutiques et
équipements, permettra l'indépendance du quartier. Les équipements
deviennent des éléments structurant l'espace de la place centrale.
Embellir la ville à partir de son site naturel à travers le regard d'un promeneur,
cette sensibilité, déjà perceptible dans la première phase de l'analyse urbaine, se
manifeste à nouveau dans les propositions d'aménagement. L'exemple du regard
posé sur le quartier d'Achrafié, au relief accidenté, en témoigne parfaitement.
Incontestablement, la formation initiale (géomètres) des auteurs, contribue à
accorder une place prépondérante à cette mise en valeur du site.
Le choix du type d'équipement est fait sans hésitation ; le progrès et
l'évolution à venir des villes impliquent obligatoirement des équipements atemporels et
aculturels. Il y a d'abord les équipements de l'hygiène : ainsi le lavoir bains-
douches, présenté comme "l'édifice social" du quartier, figure-t-il dans toutes les
propositions. Il y a ensuite les espaces pour enfants (square) afin d'éviter les jeux
"dans la poussière des routes", des piscines et des terrains de sport, des salles de
réunion, cinémas, bibliothèques. Une attention particulière est accordée aux
crèches et jardins d'enfants. Par ailleurs, deux équipements à l'échelle de la ville
sont proposés par l'aménagement du bois des pins avec un centre sportif et un
"Club-House" et enfin la création d'un casino. Il s'agit certes de moderniser et
d'assainir sans pour autant renier la ville existante. Danger reprend l'ensemble des
projets en cours ou projetés. Pour le quartier de la place de l'Étoile, le projet de la
municipalité est transcrit intégralement. Les zones pressenties pour l'industrie et le
commerce représentent en fait des quartiers dans lesquels émergent ces activités.
On pourrait comparer cette capacité de s'accommoder de l'état des lieux à celle
de s'adapter à la nature du site.

Le règlement corollaire du plan d'aménagement

Le règlement de police sanitaire vise, en soixante-dix-huit articles répartis sous


vingt-cinq titres, à régler les questions relatives à la gestion urbaine et tente
d'organiser la vie sociale en ville. Contrairement à la souplesse observée dans les deux
rapports précédents, cette partie appelle à la rigueur et à l'autorité du droit. Le
texte reste très strict sur les normes à transmettre à travers les règlements,
déterminant ainsi en grande partie le comportement du citadin. Autant le plan
d'aménagement accepte la ville telle qu elle se présente, et se limite à quelques
modifications ponctuelles, autant le détail imposé par ce règlement qui interdira à titre
d'exemple, « de battre ou de secouer sur la voie publique des tapis ou des
vêtements. . . » (art. 49) indique une autre logique. Ce règlement sanitaire s'inspire
entièrement de la loi française du 1 5 février 1 902, avec quelques modifications de détail
pour l'adapter à la spécificité du contexte. La démarche part du particulier, les
habitations et leurs dépendances, en se dirigeant vers le collectif. Les thèmes abordés
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confèrent à l'urbaniste une pluralité de statuts. Outre celui de régisseur de


l'organisation de la vie urbaine, il revêtira tout aussi bien le rôle du "médecin" de la
ville9. Pour garantir l'application de ce règlement l'urbaniste s'accorde un droit
de contrôle (de police de la ville). En fait ces thèmes révèlent les préoccupations
classiques des hygiénistes, et par là même la problématique des urbanistes des années
1930. Le projet hygiéniste à travers ce règlement de police sanitaire organise non
seulement la vie urbaine, mais par son caractère extrêmement détaillé, il
détermine aussi les limites du champ des libertés privées. Au nom des valeurs
hygiénistes, et dans l'intérêt général, le "bien-être" du citadin doit être pris en charge
par le spécialiste, qui interdira par exemple de cracher par terre. Comment s'adapte
la loi de 1902 à Beyrouth à travers le Plan Danger ? Autant l'aménagement de
l'espace s'accommode de la ville et se situe dans une continuité urbaine, autant
l'universalité des normes avancées par ce projet de règlement néglige la spécificité
culturelle du contexte, à quelques exceptions près, tel son article 68 qui impose « un
bassin de grandeur suffisante pour les ablutions des passagers », en
remplacement de la piscine. Si l'urbanisme des frères Danger tentait de se placer sur les
"périphéries" de l'histoire urbaine locale et s'opérait dans le respect de l'héritage
notamment monumental, le projet social véhiculé par ce texte, quant à lui, résume le
modèle de progrès et d'évolution des sociétés sans autre contrainte. En fait cette
universalité des valeurs véhiculée par les projets urbains renvoie théoriquement
à égalité les villes de la métropole et les "autres", provoquant plus directement une
rupture avec le mode de perception et de gestion de l'espace. Cet urbanisme
implique tacitement un pouvoir municipal fort, légitimant un droit de contrôle
(de type policier) sur les citadins.
Hygiène des constructions, hygiène du corps, hygiène de la vie collective :
l'urbanisme devient un projet de société. Les différents articles de ce règlement
de police sanitaire entendent agir sur le mode de vie individuel et collectif. Pour
éviter la contamination, sous couvert de principes scientifiques, puisque émanant
du corps médical, l'hygiène prônée devient aussi "hygiène morale" ; l'article 72
tiré du chapitre sur les foundouks, par exemple, défend « d'admettre dans les
chambres communes des personnes de sexe différent ». Le spécialiste, en l'occurrence
l'urbaniste, traite le problème du devenir de la société ; il a non seulement pour
tâche d'embellir la ville par la création d'une place et l'étude des formes, mais
l'embellissement passe aussi par la garantie de placer l'hygiène à travers le règlement
comme la norme suprême.

L'impact du plan Danger sur la ville de Beyrouth

Dans son ensemble le Plan Danger ne sera pas mis en œuvre : seuls quelques
tronçons de voies seront exécutés, notamment en ce qui concerne le boulevard
périphérique. L'absence d'une réglementation permettant de l'appliquer servira
d'argument pour expliquer la non-application du projet10. Il provoque cependant
une dynamique qui engendre des débats sur les questions réglementaires jus-
L'urbanisme de la ville de Beyrouth sous le mandat français 1 335

qu'aux années 1934/36. Son existence en tant que document crée la base d'une
discussion sur les questions réglementaires, particulièrement en ce qui concerne
le règlement de voirie et le permis de construire. Il va jouer un rôle d'accélérateur
du processus en cours. Le programme arrêté des travaux à entreprendre à Beyrouth
pour l'année 1935 est ainsi directement inspiré des propositions d'aménagements
avancées dans le plan Danger. Mais plus important encore, est la mise au point
d'une réglementation en matière de voirie, d'hygiène et d'esthétique.
Ce plan issu de l'histoire de l'urbanisme français dont les frontières
dépassaient la métropole soulève un débat au-delà même de ses propositions pour
Beyrouth. L'urbanisme de la Société française des urbanistes (SFU) cherche à
composer entre fonctionnalisme et esthétique, tente de moderniser dans la continuité
et croit concilier la ville existante avec la ville projetée en intégrant les données
locales - végétation y comprise. Comment interpréter cette volonté de
non-rupture et cette dialectique avec le site ? Car ce désir de prendre en compte la ville
existante s'exprime différemment en métropole et dans les villes des colonies.
Dans le cas de Beyrouth, l'ensemble des projets en cours de réalisation sera
intégré dans les propositions et seul un percement timide dans le vieux tissu -
quartier du petit sérail -, est prévu. Cette démarche est encore plus significative s'agis-
sant du plan réalisé par Danger pour la ville d'Alep approuvé en 1933. Danger
recommande pour Alep de respecter « le caractère du centre ancien, notamment
les souks », et localise ses aménagements en dehors de ce noyau entouré par une
voie concentrique - "ceinture de protection". La ville indigène "traditionnelle" dans
son ensemble se transforme en monument à conserver, elle se fige telle une carte
postale. En revanche pour la ville de Troyes, par exemple, il s'agira uniquement
de ménager les édifices classés, le schéma de voirie prévoyant l'élargissement des
rues du centre ville, ou encore des percements à travers les îlots dans le but de créer
des courants d'aération. Faut-il expliquer cette attitude de plus grande réserve hors
métropole par l'impulsion que donnera l'expérience marocaine, anticipatrice des
réflexions théoriques de la SFU, ou par une certaine pudeur face à un "pittoresque
oriental" encore mal défini ?

Un urbanisme doctrinal en puissance :


le Plan Ecochard

Bien que dix ans seulement séparent le plan Danger du plan Ecochard, les
concepts véhiculés par ce dernier relèvent déjà, timidement mais directement, des
théories du Mouvement moderne. Directeur de l'Urbanisme en Syrie, Ecochard
se trouve détaché à Beyrouth en mai 1941 pour une mission de 16 jours
motivée par le souci de « régler les problèmes les plus urgents posés par l'aménagement
de la ville11 ». Contrairement à la démarche Danger, la démarche d'Ecochard est
empirique. Le praticien se fonde davantage sur son expérience personnelle et sur
sa connaissance des lieux pour déterminer les problèmes. Dans son premier
rapport rédigé à l'issue de cette mission, Ecochard établira une liste de tous les docu-
336 / Martène Ghorayeb

ments disponibles nécessaires à "l'urbanisme moderne" et dénoncera avec vigueur


l'absence d'une vision d'ensemble pour la ville de Beyrouth tout en proposant un
programme d'action. Les trois idées clés qui en émergent renseignent sur sa
conception de l'urbanisme à mettre en œuvre. Le plan prospectif qui précède le
peuplement est l'élément de progrès qu'il s'agit d'introduire et dont l'absence
indigne : « Nous ne pouvons que regretter qu'une municipalité n'ait pas à sa
disposition un plan exact pour diriger de la manière la plus utile au pays et
correspondant le mieux aux aspirations nationales12. » La ville est donc dans la
conception de l'architecte-urbaniste un objet à saisir et à traiter dans sa globalité. Cette
nécessité ne correspond pas à une importation mais à l'évolution du cours de
l'histoire. Le législatif comme moyen de mise en œuvre figure parmi les instruments
nécessaires à l'urbaniste : dans sa première proposition de programme, avant
même l'établissement de la moindre esquisse, un chapitre est réservé à la question.
Une dernière question concerne l'implication sociale de l'urbaniste.

L'outillage conceptuel mis en œuvre

Les premières propositions faites par Ecochard sont présentées dans son
rapport daté du 27/07/1942^, dont l'objectif est de fixer les grandes lignes d'extension
et l'emplacement général des grandes voies. Trois schémas révélateurs, par les
thèmes choisis, des priorités composent le dossier : "Les grandes voies de
circulation", "La ville nouvelle" et "L'urgence des réalisations"14. Une fois l'accord
obtenu sur ces principes, des études plus détaillées viendront compléter cette
esquisse. Le schéma des grandes voies de circulation classe celles-ci en trois
catégories : les voies d'évitement, reliant directement la ville de Saïda au sud à celle
de Tripoli au nord par deux tronçons de route, les liaisons latérales, permettant
d'achever à la périphérie les tronçons réalisés et à l'intérieur de créer des voies
rayonnantes reliant l'est à l'ouest, et les voies d'arrivée en ville. Ecochard n'hésite pas à
"tailler dans le vif" pour reprendre son expression afin de proposer tout un
"système de circulation" doublant l'ancien.
Le schéma concernant la ville nouvelle détermine les idées directrices de
l'urbanisme proposé par Ecochard, et qu'il explicitera dans un document rédigé
l'année suivante15. Le choix de l'emplacement - au sud ouest de la ville - dépend
d'abord du facteur climatique, car l'habitation a des besoins climatiques particuliers :
« Si les ports de la côte cherchent l'exposition au nord afin de se protéger naturellement
des vents régnant sud-ouest, l'habitation, elle, a des besoins contradictoires puisque les
vents sud-ouest apportent de l'air frais qui permettent de supporter plus facilement les
chaleurs d'été. » (Ibid.)
Pour séparer les fonctions, la ville nouvelle est excentrée par rapport au centre
des activités, notamment du port, la distance n'étant plus problématique à l'heure
où, « les transports en commun peuvent rapidement transporter à prix modique
une grosse masse de population » (ibid.). La voirie est l'armature de la ville
projetée : « l'épine dorsale de cette ville nouvelle serait la nouvelle route de Saïda. »
L'urbanisme de la ville de Beyrouth sous le mandatfrançais 1 337

II s'agit de voies hiérarchisées : « à part ces quelques grandes lignes intérieures, une
série de voies intérieures seraient étudiées en tenant compte des vues et des courbes
de niveau ». Une vision prospective engage les extensions futures :
« II faut ajouter encore que si les événements en marche venaient à dépasser les
prévisions d'extension, l'emplacement choisi serait susceptible de permettre l'installation d'une
ville beaucoup plus grande en s'étendant alors sur les dunes du sud actuellement non
fixées. » (Ibid.)
L'urbaniste ne se limite pas à fixer au sol l'emplacement et les contours de la
ville, mais il détermine aussi "les principes de construction" et prévoie les
extensions. Le paragraphe consacré aux "principes de construction", qui précise l'image
de la ville projetée et l'exprime sans encombres, révèlent les aspirations
modernistes d'Ecochard, qui sont toutefois antérieures à sa rencontre avec Le Corbu-
sier mais le prédisposeront sans doute à de telles rencontres. Qu'on en juge par
cet extrait :
« Étant donné les grandes surfaces utilisables dans cette ville nouvelle, et surtout les
possibilités d'extension qu'elle présente, on devra se refuser de la manière la plus absolue
à adopter le vieux principe de construction des villes qui veut que les rues soient des
corridors bordés de maison jointives, les surfaces accordées à chaque propriétaire
devront être suffisantes pour avoir non seulement des retraits sur rues, mais encore
pouvoir situer leurs bâtiments en plein milieu de jardin. Ceci sera obtenu par des bâtiments
importants à étages en groupant en coopératives plusieurs propriétaires qui pourraient
alors construire en un seul bloc toute une série de bâtiments et profiter de la sorte de
grands espaces communs. Ainsi le système de la construction à cour fermée, si
détestable pour les bâtiments à étages, pourra être complètement proscrit de la ville
nouvelle, et les constructions bénéficieront de grands espaces que les constructions de
rapport isolés n'auraient jamais pu avoir [...]. » (Ibid.)
Une ville nouvelle permet déjà de ne plus s'inscrire dans l'histoire, donc de nier
les principes fondateurs de la ville telle qu'elle existe, et par ce fait même de
proposer un nouveau mode de construction qui décrit la forme du grand ensemble,
avec toute l'idéologie afférente. Ecochard s'adonne à ce grand rêve d'en finir avec
ce « vieux principe de construction » en contrepartie d'un urbanisme qui donnera
lieu à "l'homme nouveau".
L'aménagement du centre ville renvoie aux mêmes concepts urbanistiques et
démontre clairement l'adhésion de l'architecte aux principes du Mouvement
moderne. Les sept propositions émises par Ecochard à cet égard devaient avoir pour
effet de changer radicalement le visage de la ville, alors même qu'il prétendait
connaître si bien la réalité orientale, comme il avait l'habitude de le dire. Les
idées majeures sur ce point consistaient à regrouper les bâtiments publics dans un
centre administratif, sur un terrain acquis en grande partie par l'Etat et la
municipalité, situé dans l'axe d'une des perspectives de la place de l'Étoile. Ce centre
devait abriter un "hôtel des postes" et différents ministères. Cet aménagement se
complétait par la création d'une place de stationnement (afin d'interdire aux
voitures de se garer dans les rues de Bab-Idriss et Souk el-Gémil et dans tout le quar-
338 /Marlène Ghorayeb

tier de l'Étoile) et de deux ronds-points giratoires. Le décongestionnement de la


circulation automobile occupait une place centrale qui amena l'urbaniste à
réorganiser complètement ces quartiers en regroupant des voies.
« L'esthétique résultera du caractère ordonné de l'ensemble monumental et du
rattachement des perspectives avec la composition déjà existante de l'Etoile. De plus
l'aménagement de jardins en terrasses sur la face est du grand sérail mettra ce dernier en valeur
en supprimant les garages agglutinés à sa base. Les grands jardins s'étageront en vue
perspective particulièrement monumentale en fond de la rue de l'Émir Béchir16. »

Un tel urbanisme n'entend pas seulement changer la face de la ville, mais il


attribue aussi à l'urbaniste un rôle social. Tous les aspects financiers, montage de
sociétés et lutte contre la plus-value, concernent l'urbaniste qui se bat pour de
nouvelles pratiques. Eeochard militera auprès de l'administration française pour faire
valoir les compétences libanaises en la matière. L'urbanisme que défend
Eeochard est celui de l'intérêt général, celui de l'État et des particuliers, contre les grands
intérêts privés et les spéculateurs. C'est à Beyrouth, et avant sa grande aventure
marocaine, qu'il combattra avec vigueur pour ces idées. Malgré la réputation
beyrouthine de "vitrine de l'Occident en Orient" et un terrain objectivement
plus favorable, Eeochard ne réussira pas, comme en Syrie, à mettre en œuvre ses
propositions. L'ambiance trop affairiste et le rejet du système centralisateur, que
revendiquait l'urbaniste, entraveront la réalisation du projet.

Le transfert du savoir et du savoir-faire français


en urbanisme à la ville de Beyrouth

L'urbanisme en tant que discipline scientifique naît au début du siècle en


intégrant des concepts "universels" donc transposables. La mondialisation des échanges,
l'internationalisation des problèmes de croissance des villes rendront encore plus
inéluctable cette "modernité" à laquelle désormais sont vouées les villes en dehors
de toute considération spatio-temporelle. La ville de Beyrouth connaîtra en moins
d'une décennie deux plans d'aménagement caractérisant chacun une école de
pensée en la matière. Qu'elle concerne la "ville hygiéniste" ou la "ville moderne",
la transposition contribue à vider les théories qui sous-tendent les projets de leur
sens initial, et laisse tout de même des empreintes marquantes sur le terrain. Si
en France une rupture s'opère entre ces deux courants après la Deuxième Guerre
mondiale, dans le contexte de Beyrouth ces plans procèdent d'une même logique
d'appréhension de l'espace urbain. Le terrain d'intervention, étranger au
processus culturel dont émanent ces courants, reçoit les principes fondateurs communs
aux deux projets comme une rupture radicale avec le mode antérieur de
production de l'espace. C'est l'urbanisme qui dirige la production de l'urbain
puisqu'il n'est plus question de laisser la ville s'auto-produire. La ville devient un
objet réfléchi dans son ensemble par des spécialistes, sur laquelle vont s'appliquer
des théories qui reflètent non seulement des valeurs esdiétiques ou hygiénistes,
L'urbanisme de la ville de Beyrouth sous le mandat français 1 339

mais un projet de société véhiculé à travers - et sous prétexte de - l'organisation


de l'espace.

NOTES
1. Les premiers travaux entrepris concernèrent plutôt les infrastructures (sol et sous-sol) et les grands
équipements, mais ne s'inscrivaient pas encore dans une politique d'ensemble.
2. "Relations Commerciales, programme des grands travaux, 18/02/1930", ministère des Affaires
étrangères, Fonds de Nantes, Beyrouth, série E, carton 364.
3. René Danger, Cours d'urbanisme, Paris, Eyrolles, 1933, p. 347.
4. Société des plans régulateurs de villes, Dossier du Plan d'aménagement, d'extension et d'embellissement
de Beyrouth, rapport d'enquête, p. 1.
5. La complexité de la composition communautaire des habitants de la ville ne permet pas une
classification facile, comme Danger le dit clairement dans le rapport d'enquête (p. 1 1) : « il n'y a pas comme à
Alep des quartiers strictement musulmans ou chrétiens avec leurs enceintes et leurs portes blindées ». La
perception classique de la ville musulmane est faussée ; l'auteur explique cette situation par une tradition
de commerce et de navigation. Cette difficulté de se représenter l'image sociale est confirmée par le
paragraphe accordé à la question, dont le titre démontre l'amalgame : "Races et religions".
6. Société des plans régulateurs de villes, Dossier du Plan. .. de Beyrouth, rapport d'enquête, op. cit., p. 13.
7. René Danger, Cours d'urbanisme, chap. I : "Définition", p. 10.
8. Société des plans régulateurs de villes, Dossier du Plan. . . de Beyrouth, rapportjustificatif, p. 28.
9. Les articles 54 à 59, "Maladies transmissibles - Déclaration" relèvent directement du discours
médical : obligation aux hôteliers de signaler un malade contagieux, isolement du malade, désinfection des affaires
personnelles, des locaux, interdiction de réintégrer les enfants malades à l'école avant avis favorable du
médecin. L'article 62, "Surveillance des denrées alimentaires" complète le tableau en s'attaquant à
l'utilisation de l'eau dans l'alimentation dans les lieux publics, jusqu'à l'entretien de la vaisselle.
10. Deux ans plus tard, René Danger rédige un projet de loi s'inspirant à la fois de la jurisprudence locale,
de la législation française et de celle du Maroc, pour les Etats du Levant, cf. René Danger, "La
législation dans les Etats du Levant sous mandat français", in Jean Royer (dir.), L 'urbanisme aux colonies et dans
les pays tropicaux, vol. II, 1935, p. 103-109.
11. Lettre du 05/05/1941 du Conseiller du municipe de Beyrouth à l'Administrateur de la ville,
ministère des Affaires étrangères, Nantes, fonds Beyrouth, série E, inv 10, carton 1307.
12. Michel Ecochard, Rapport du 04/08/41 sur "Les problèmes de l'urbanisme dans les pays du Levant",
M.A. E, Nantes, fonds Beyrouth, série E, inv. 17, carton 2927.
13. Michel Ecochard, Rapport sur la présentation de la première esquisse, M.A.E., Nantes, fonds
Beyrouth, série E, inv 10 carton 1347.
14. L'analyse de ce dernier schéma "Urgence des réalisations", ainsi que le montre son croisement avec
d'autres sources d'archives, relève de préoccupations géopolitiques que nous ne développerons pas ici.
15. Michel Ecochard, La ville nouvelle , rapport de la réunion du 28/07/1943 (ce rapport rend compte
d'une réunion au courant de laquelle l'auteur développe sa conception de la ville à venir). M.A.E., Nantes,
fonds Beyrouth, série E, inv 17, carton 2927.
16. Note (n° 1230) envoyé par M. Ecochard le 30/03/1943 à l'administrateur de la ville de Beyrouth,
M.A.E., Nantes, fonds Beyrouth, série E, inv 10, carton 1347.

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