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Mouvements du texte-
1) La descente burlesque du taxi et la rencontre avec la femme (§1)
2) Le portrait de la femme vue par le narrateur et son analyse de la situation (l.4 à 18)
3) Le départ imminent de la femme (l.19 et 20)
4) L’intervention du chauffeur de taxi (l.21)
Phr 1 - Je descendais du taxi et la heurtai, avec ses paquets, en ouvrant la portière: pain, œufs, lait se
répandirent sur le trottoir- et c'est ainsi que nous nous sommes rencontrés, sous la petite pluie fine qui
s'ennuyait.
Enonciation à la première personne.
Alternance imparfait « descendais »/ passé simple « heurtait » propre au récit au passé. L’imparfait
relatant ici une action non circonscrite dans le temps alors que l’action de heurter, ponctuelle, est
délimitée.
Récit d’une rencontre fortuite
Rencontre burlesque. Comique de situation. L’accumulation des produits répandus sur le sol n’est pas sans
faire penser aux produits répandus par Perette dans la fable « Perette et le pot au lait » de La Fontaine
La rencontre commence sous le signe de la maladresse et ne pose pas le cadre habituel propice à la
rencontre amoureuse.
Pourtant le glissement de « je »/ « la » à « nous » laisse supposer que ces circonstances pour le moins
étonnantes préludent à la rencontre amoureuse ce que confirme la seconde partie de la phrase bien
délimitée par le signe diacritique du tiret « et c’est ainsi que »
La tournure emphatique « c’est…que » met cet événement en relief et laisse supposer que c’est un evt clé
dans la vie des deux personnages.
Effet d’attente sur le lecteur
Phrase 3- Un visage qui semblait avoir attendu les cheveux blancs pour réussir ce que la jeunesse et
l'agrément des traits n'avaient fait qu'esquisser comme une promesse.
Phrase nominale focalisation sur la partie du corps décrite : le visage.
Le point de vue de la narration reste le point de vue interne comme le prouvent encore les modalisateurs :
« semblait ».
L’auteur casse les codes de la description de la beauté habituellement indexée à la jeunesse. Ici, la
jeunesse n’est que le prémisse de la beauté comme le montre dans la comparaison des mots comme
« attendre » et « esquisser » alors que l’âge mur est lu comme un aboutissement ;
La tournure restrictive « ne…que » atténue les atouts de la jeunesse pour valoriser l’âge mûr.
Phrase 4 – Elle paraissait essoufflée, comme si elle avait couru et craint d'arriver trop tard.
L’essoufflement n’est pas un critère d’élégance chez une personne. Le narrateur casse les codes de l’éloge
Point de vue interne. Le narrateur établit des hypothèses sur la personne rencontrée
Procédé de mise en attente. Le lecteur voudrait valider ou invalider cette hypothèse.
Phrase 5 - Je ne crois pas aux pressentiments, mais il y a longtemps que j'ai perdu foi en mes croyances.
Phrase binaire avec une conjonction adversative le narrateur amorce une légère contradiction
Phrase 6 - Les "je n'y crois plus " sont encore des certitudes et il n’y a rien de plus trompeur. Il ressort de
cette phrase un effet de mystère du fait des diverses négations qui renvoient au contraire de ce qui est dit.
Effet de balancement chez le lecteur
Phrase 7 - J'essayai de ramasser ce qui restait de vivres à mes pieds et faillis tomber.
On persiste dans le registre comique avec la situation burlesque décrite. La maladresse du narrateur
persiste.
Phrases 9 et 10
-Laissez...
-Je suis désolé, désolé....Excusez-moi...
Discours direct : dialogue entre les protagonistes. Effet de réel
Redondance des propos dans la réplique du narrateur : « désolé » X 2 « Excusez-moi »
Les points de suspension traduisent la gêne, l’embarras des personnages
Phrase 11- Les rides se creusaient autour des yeux, et les années se posaient, venaient reprendre leur place.
Le visage s’anime avec des vbs de mvt : « se creusaient », « se posaient », « venaient reprendre leur place »
Dédramatisation des signes liés à l’âge et au temps.
Phrase 14- Déjà, elle se détournait, et je craignis le pire: se manquer par "comme il faut ", respect des
convenances et bon usage du monde.
Deux propositions dans lesquelles le temps verbal est important.
L’imparfait, qui croque ici une action en cours saisit le mouvement de la femme sur le vif et le fait durer.
Le verbe craindre au passé simple traduit la peur brutale du rendez-vous manqué.
Le rythme ternaire de la proposition circonstancielle de cause clôt la phrase et confirme le côté non
protocolaire des personnages. Les trois raisons citées (par comme il faut, respect des convenances, bon
usage du monde) sont associées au « pire ». Le narrateur souhaite une rencontre en dehors des
représentations habituelles
Conclusion –
La suite de ce récit nous apprendra qu’au moment de régler la course, l’homme n’avait pas d’argent
et c’est la femme qui lui a avancé la somme. Cette scène de rencontre rompt avec les codes classiques de
la rencontre amoureuse tant dans le portrait élogieux d’une femme loin de correspondre pourtant aux
critères de la beauté idéale que dans les circonstances qui entourent cette rencontre pour le moins
burlesque. Gary , dans la mouvance d’ Aragon avec le portrait dépréciatif de Bérénice vu par Aurélien,
s’empare à son tour du motif de la rencontre amoureuse et déroge aux codes classiques par un
retournement original puisqu’il tourne les effets du temps à l’avantage de la femme.