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(1) Le fleuve Negro prend sa source en Colombie et se jette dans le fleuve Amazone dans
l’État d’Amazonas, au Brésil. Il s’agit du septième plus grand fleuve du monde par son
débit.
(2) Feuille semblable à celle de la coca, mais avec une concentration plus faible d’alcaloïdes
et un effet moins hallucinogène.
(3) Grande habitation indigène, qui héberge plusieurs familles.
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fut fait, le ciel, les mers, les océans et la terre entière apparurent, et les
« hommes-poissons » débarquèrent et commencèrent à peupler le monde
entier (1). Pour les Kaxinawá, peuple qui habite l’État d’Acre (Brésil) et
le Pérou, l’origine de la vie est la « femme boa constrictor », qui vit dans
les eaux de l’igarapé (2). Chez les Shipibos, un peuple de l’Amazonie
péruvienne, la rivière, où la vie a pris naissance, est un grand serpent
appelé Ronin.
Dans la mythologie africaine (3), le concept du « serpent cos-
mique », en tant que force primitive de la création, est très important.
Pour les Fon du royaume de Daomé (qui a existé entre le 16e et le 19e
siècle ; aujourd’hui, son territoire fait partie du Bénin, un pays d’Afrique
occidentale), il s’appelait Dan Ayido Hwedo. Mawu, la déesse mère
suprême, chevauchait le serpent Dan, à la recherche d’un endroit pour
les humains. Pendant le trajet, ils créèrent la planète Terre en forme de
calebasse, entourée d’eau de tous côtés. Sur Terre, toute la nature fut
façonnée par le rythme de Dan, qui, tout en serpentant, formait les conti-
nents, les vallées, les rivières et les montagnes. Avec toute la nature plus
l’humanité, la Terre est devenue trop lourde et pourrait couler. Mawu a
demandé à Dan d’aller dans l’eau et de s’enrouler autour d’elle pour la
protéger.
Dans la mythologie yoruba (du Nigeria et du Bénin), qui a
donné naissance à la religion du candomblé au Brésil, le serpent est le
symbole de l’orixá, du mouvement continu, Oxumarê, chargé de relier
le ciel (monde sacré) à la terre (monde profane). En yoruba, Oxumarê
signifie le serpent arc-en-ciel et peut être représenté par deux serpents
(1) Usumi Pãrõkumu, Torãmü KËHÍRI, Antes o mundo não existia. Mitologia do povo Desana-
Kéhíripõrã, 3 ed., Rio de Janeiro, Dantes, 2009. À l’origine, une première version du
livre a été publiée en 1980 par la FOIRN (Fédération des organisations indigènes du
Rio Negro), qui a bénéficié du soutien de l’anthropologue Berta Gleizer Ribeiro qui a
dactylographié, révisé et réécrit le texte original, en dialogue permanent avec les auteurs.
En 1995, le livre a été réédité et est considéré comme le point de départ de la collection
Narradores Indígenas do Rio Negro, publiée par l’ISA (Institut Socio environnemental).
Le livre est considéré comme une première initiative du peuple indigène pour écrire son
histoire, devenant une source d’inspiration pour plusieurs autres projets de recherche et
dans les domaines de la littérature et du cinéma.
(2) Igarapé est un mot d’origine indienne du tronc linguistique Tupi, qui signifie,
littéralement, chemin de canoë. Les igarapés sont communs dans le bassin de l’Amazone
et ont des eaux sombres, semblables à celles du fleuve Negro. Ils ne sont navigables
que par de petits bateaux et des canoës, et jouent un rôle important en tant que voies
de transport et de communication. Les igarapés constituent une partie intégrante et
essentielle du fonctionnement de la forêt amazonienne, car ils fonctionnent comme des
corridors écologiques, facilitant le déplacement de la faune et le flux génétique entre les
populations d’espèces animales et végétales.
(3) Pour la rédaction des mythes mentionnés dans ce texte, nous avons utilisé comme
source bibliographique le livre organisé par Roy Willis, Mitologias, São Paulo, Publifolha,
2007.
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(1) Gilbert Durand, As estruturas do imaginário, São Paulo, Martins Fontes, 1997.
(2) Mario Blaser, Un relato de globalización desde el Chaco, Popayán, Universidad del Cauca,
2013.
(3) Johann Jacob Bachofen, Das Mutterrecht. Die Gynäkokratie der alten Welt ihrer religiösen
und rechtlichen Natur, Stuttgart, Verlag von Krais & Hoffmann, 1861. El matriarcado. Una
investigación sobre la ginecocracia en el mundo antiguo según su naturaliza religiosa y jurídica, Madrid,
Ediciones Akal, 2018. Malheureusement, l’œuvre a reçu par erreur le titre El matriarcado
(2018) dans sa version espagnole. Le terme matriarcat (l’inverse du patriarcat) suppose
une société hiérarchisée, dans laquelle le pouvoir serait exercé par les femmes, ce qui ne
correspond pas aux sociétés dans lesquelles le droit maternel, étudié par Bachofen, était
en vigueur. Ainsi, dans la mesure du possible, la version espagnole sera confrontée à
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l’original allemand, pour une meilleure compréhension et une plus grande honnêteté avec
les idées de Bachofen.
(1) Le carbone 14, instable et radioactif, appelé radiocarbone, est un isotope naturel de
l’élément carbone. Lorsqu’un être vivant meurt, il cesse d’interagir avec la biosphère et son
carbone 14 reste inchangé et commence naturellement et lentement à s’affaiblir. Comme
le carbone 14 met des milliers d’années à disparaître complètement, il est devenu l’élément
clé pour la datation des artefacts et des squelettes, devenant ainsi un outil efficace pour
élucider le passé (BETA Analytic, n.d.).
(2) Voir Maria Tamanini, « Tecnologia e arqueologia se unem para desvendar enigmas do
passado », in TecMundo, 15 janvrier 2020 (www.tecmundo.com.br).
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(1) « J’ai appris que ces créatures ressemblant à des dragons se trouvaient ainsi
dans toutes les formes de vie, y compris l’homme. Ils étaient les vrais maîtres de
l’humanité et de la planète entière, m’a-t-on dit. Nous, les humains, n’étions que leurs
réceptacles et leurs serviteurs. Rétrospectivement, on pourrait dire que c’était presque
comme de l’ADN, bien qu’à cette époque, en 1961, je ne savais rien de l’ADN (acide
désoxyribonucléique) ». Michael Harner, O caminho do xamã. Um guia de poder e cura, São
Paulo, Cultrix, 1980, p. 26.
(2) Joseph Campbell, As máscaras de deus. Mitologia criativa, São Paulo, Palas Athena, 2010,
p. 154.
(3) Henri Frankfort, “Mesopotamia”, in Reyes y Dioses. Estudio de la religión del Oriente
Próximo en la Antigüedad, en tanto que la integración de la sociedad y la naturaleza, Madrid, Alianza
Editorial, 1983, pp. 235-360.
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Figures 1, 2 et 3
Figure 1 : Sceau akkadien, Le Seigneur Serpent, dans Henri Frankfort, 1951, p. 87.
Figure 2 : Double serpent Ningizzida, Jarre de Gudea.
Figure 3 : Double hélice de l’ADN
(1) Leonardo Boff, Saber cuidar. Ética do humano – compaixão pela terra, Petrópolis, Vozes, 2017.
(2) La structure de la molécule d’ADN a été découverte par Rosalind Franklin (1920-1958)
en 1951. Sur la base de ses études, notamment d’une photo appelée « photo 51 », James
Watson, Francis Crick et Maurice Wilkins ont démontré le fonctionnement et la structure
en double hélice de l’ADN en 1953, ce qui leur a valu le prix Nobel de Physiologie ou de
Médecine en 1962. Malheureusement, en raison de son décès prématuré, à l’âge de 37 ans,
à cause d’un cancer des ovaires, Rosalind n’a pas appris que ses photos avaient contribué
à la découverte de la double hélice de l’ADN, ni que ses recherches avaient reçu le prix
Nobel. Malgré la suggestion de James Watson, elle n’a même pas reçu le prix posthume,
puisque le comité responsable des nominations ne pratiquait pas ce type de prix. James
Watson (1968), A dupla hélice. Como descobri a estrutura do DNA, Rio de Janeiro, Zahar, 2014.
(3) Jeremy Narby a vécu avec le peuple indigène Ashaninka de la communauté Quirishari
(dans la vallée de Pichis, en Amazonie péruvienne). Son idée initiale, qui s’est concrétisée
dans le livre Le Serpent cosmique, était d’étudier le monde hallucinogène des chamans ou
ayahuasqueros. Jeremy Narby, A serpente cósmica. O DNA e a origem do saber, Rio de Janeiro,
Dantes, 2018, pp. 82-83.
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(1) James Watson, A dupla hélice. Como descobri a estrutura do DNA, op. cit.
(2) Le mamba noir (Dendroaspis polylepis) est une grande espèce de serpent extrêmement
venimeux appartenant à la famille des Elapidae. Il est originaire d’Afrique subsaharienne
et se trouve en Afrique du Sud, au Kenya, en Tanzanie, en Zambie, au Zimbabwe, au
Mozambique, au Botswana, en Angola et en Namibie.
(3) Jeremy Narby, A serpente cósmica. O DNA e a origem do saber, op. cit., p. 116.
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(1) Gerardo Reichel-Dolmatoff, Desana-Simbolismo de los indios tukano del Vaupés, Bogotá,
Procultura, 1986.
(2) Ibidem, p. 87.
(3) Ibid.
(4) L’anaconda est un genre de serpent boinae que l’on trouve en Amérique du Sud et qui
peut atteindre six mètres de long. Il appartient au groupe semi-aquatique et comprend l’un
des plus grands serpents du monde, l’Eunectes murinus, populairement connu au Brésil sous
le nom de « sucuri-vert ».
(5) Ailton Alves Lacerda Krenak est un leader indigène, environnementaliste, philosophe,
poète et professeur honoraire de l’Université Fédérale de Juiz de Fora (État de Minas
Gerais). Il est considéré comme l’un des plus grands leaders du mouvement indigène
brésilien et est reconnu internationalement. En 1985, il fonda l’organisation non
gouvernementale Núcleo de Cultura Indígena (Centre de culture indigène), dans le but
de promouvoir la culture indigène. En 1987, peu après la fin de la dictature militaire,
il participa à l’Assemblée nationale constituante, qui rédigea la Constitution de 1988,
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toujours en vigueur au Brésil. Ailton Krenak, « A serpente e a canoa, Flecha 1 », in
Cadernos Selvagem, Rio de Janeiro, Dantes, 2021.
(1) Johann Jacob Bachofen, Das Mutterrecht. Die Gynäkokratie der alten Welt ihrer religiösen und
rechtlichen Natur, op. cit.
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(1) Erich Fromm, Anatomia da destrutividade humana, Rio de Janeiro, Zahar Editores, 1975.
(2) Jason Moore, « De Objeto a Oikeios, Geração do Meio Ambiente na Ecologia Mundial
Capitalista », in Sandro Dutra e Silva (org.), Ensaios em ciências ambientais : crises riscos e
racionalidades, Rio de Janeiro, Garamond, 2016.
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(1) Ashish Kothari, Ariel Salleh, Arturo Escobar, Federico Demaria, Alberto Acosta,
Pluriverso. Um dicionário do pós-desenvolvimento, São Paulo, Elefante, 2021, p. 46.
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(1) Karl Marx, Os despossuídos : debates sobre a lei referente ao furto de madeira, São Paulo,
Boitempo, 2017.
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(1) Au Brésil, le système est pratiqué dans différentes régions du pays depuis 1995. La
proposition a été présentée par l’agriculteur et chercheur suisse Ernst Götsch, qui, depuis
plus de 40 ans, récupère les zones dégradées en intégrant la production agricole à la
nature (www.agendagotsch.com).
(2) Ashish Kothari, Ariel Salleh, Arturo Escobar, Federico Demaria, Alberto Acosta,
Pluriverso. Um dicionário do pós-desenvolvimento, op. cit.
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(1) Les Sateré-Mawé habitent la région du fleuve Amazone moyen dans l’État d’Amazonas
(Brésil) et leur langue appartient au tronc linguistique Tupi. Selon le recensement de 2014,
la population a atteint 14 000 individus, vivant dans deux communautés distinctes, dans la
terre indigène d’Andira-Marau et de Costá-Laranjal. « Peuples indigènes du Brésil, Sateré-
Mawé », in Instituto Sócioambiental (ISA) (https://pib.socioambiental.org/).
(2) Nations Unis, Convention sur la diversité biologique signée le 5 juin 1992 à Rio de
Janeiro, in Recueil des Traités des Nations Unies, vol. 1760. 1992 (https://www.un.org/fr/).
(3) La terra preta est un type de sol sombre situé dans la région amazonienne.
Scientifiquement, on l’appelle anthrosol, ce qui signifie des sols formés ou profondément
modifiés par les activités humaines, telles que l’addition de matières organiques ou de
déchets ménagers, l’irrigation ou la culture. Il présente des concentrations particulièrement
élevées de charbon de bois, de matière organique et de nutriments (notamment phosphore,
potassium et calcium).
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(1) Marcio Goldman, « Formas do saber e modos do ser : observações sobre multiplicidade
e ontologia no candomblé », in Religião e Sociedade, n° 25, vol. 2, Rio de Janeiro, Instituto
de Estudos da Religião, 2005, pp. 102-120 (www.academia.edu).