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EXTRAIT
ISSU DE L’OFFRE
Agroalimentaire
RÉSUMÉ
L’objet de cet article est de donner les clés pour comprendre et maîtriser les différentes étapes de la fabrication des pâtes
alimentaires. Les différentes opérations unitaires (hydratation, malaxage, extrusion, séchage à haute et très haute
température, précuisson et pasteurisation) y sont décrites de manière détaillée et compréhensible. Pour chacune de ces
étapes, sont précisés les principaux paramètres influents, les transformations physicochimiques subies par la matière et leurs
conséquences sur la qualité des produits finis.
ABSTRACT
The aim of this article is to provide the keys to understanding and mastering the different stages of pasta production. The
different unit operations (hydration, mixing, extrusion, drying at high and very high temperature, pasteurisation and
pre-cooking) are described in detail and comprehensively. For each of these unit operations, are specified the most influential
parameters and physicochemical changes along the process as well as consequences on the quality of the end-products.
plusieurs semaines pour des pâtes fraîches à plusieurs années pour les pâtes
sèches), valeur nutritionnelle (source de protéines végétales, faible indice gly-
cémique), associées à une bonne qualité hygiénique ainsi qu’à un très bon
rapport qualité-prix.
La fabrication des pâtes alimentaires met en œuvre une succession d’opéra-
tions unitaires, toutes physiques. Après que l’albumen vitreux du blé dur a été
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1. Mise en forme à pain. Plusieurs facteurs déterminent ce point de pâte. Une teneur
en protéines élevée des semoules permet de diminuer la quantité
des pâtes alimentaires d’eau à ajouter, alors qu’un fort taux d’amidon endommagé accroît
l’absorption d’eau. D’autres facteurs sont aussi à prendre en
compte tels que la température des semoules et de l’eau, ou
La mise en forme constitue la première étape de la fabrication encore la granulométrie des semoules (taille moyenne D50) ainsi
des pâtes alimentaires. Les produits obtenus peuvent ensuite être que la distribution de la taille des particules (D90-D10).
précuits, séchés, surgelés ou commercialisés en l’état. Générale-
ment, la mise en forme est effectuée dans une presse pour pâtes
alimentaires (figure 1) au sein de laquelle se succèdent quatre 1.2 Hydratation et malaxage
phases :
– alimentation et dosage des matières premières ; Contrairement au pétrissage d’une pâte à pain, le malaxage ne
– hydratation et malaxage ; conduit pas à la formation d’une pâte continue. Sa fonction est de
– mise sous vide ; répartir l’eau ajoutée de manière uniforme dans chaque particule
– extrusion et formage. de semoule. L’eau va y pénétrer en fonction du coefficient de diffu-
sion de l’eau, de la température et de la granulométrie des pro-
duits. On estime qu’une durée de 5 à 7 minutes est nécessaire
pour hydrater à cœur des particules de semoule de ∅ 300 μm à la
1.1 Alimentation et dosage température de 25 °C. Plus les particules à hydrater sont grosses et
sèches, plus la durée de malaxage sera longue. Si la durée de
Le dosage des constituants de la pâte alimentaire est détermi- malaxage est insuffisante, le cœur des particules de semoule ne
nant, non seulement en termes de prix de revient (ex. : pâtes aux sera pas hydraté, et cela va se traduire en sortie de filière par des
œufs), mais aussi pour assurer un fonctionnement régulier de la pâtes dont la texture est rugueuse et avec la présence de « points
ligne de fabrication. Il doit être aussi régulier et constant que pos- blancs ». L’utilisation de matières premières dont la granulométrie
sible quels que soient les équipements utilisés (doseurs volumé- est trop dispersée, dont la teneur en eau et/ou la température sont
triques ou pondéraux). En effet, la quantité d’eau ajoutée à la trop hétérogènes peut aussi entraîner une hydratation non uni-
semoule (ou « point de pâte » en termes de métier) définit le forme. Ceci va provoquer au sein du malaxeur la formation, autour
point de fonctionnement de la presse ainsi que le volume d’eau à d’un noyau trop sec ou trop humide, d’agglomérats de taille
éliminer au cours du séchage. La quantité d’eau à ajouter doit importante qui pourront s’avérer problématiques pendant la phase
être dosée avec précision pour éviter soit un allongement (si le d’extrusion.
produit est trop humide) soit un fendillement et un échauffement
du produit (si le produit est trop sec) lors de l’extrusion ainsi qu’au Pour obtenir une hydratation uniforme qui se manifeste par une
début du séchage. La teneur en eau de la semoule hydratée est granulométrie régulière des particules en fin de malaxage,
d’environ 30-32 %, ce qui est nettement inférieur à celle d’une pâte plusieurs technologies sont utilisées.
Dosage
Alimentation
et mise sous vide*
Distribution Premix
et mise
sous vide**
Malaxage
Extrusion
Tréfilage
Figure 1 – Les différentes étapes de la mise en forme des pâtes alimentaires (source GEA)
Moteur
Alimentation semoule
Arrivée
des liquides
Moteur
Vis d’extrusion
Tête de moule
et filière
Figure 2 – Prémélange centrifuge (premix) au-dessus d’une
mélangeuse sous vide (source GEA)
Figure 3 – Schéma de principe d’une presse Polymatik :
l’hydratation et le malaxage des semoules sont effectués par un
• Procédés de mélange centrifuge (figure 2) : la semoule et système bi-vis juste avant l’extrusion (source Buhler)
l’eau sont projetées dans un système de mélange mécanique
intensif dénommé « premix ». Ce mélangeur centrifuge à haute
vitesse permet d’améliorer le mouillage en augmentant la surface élevé. Le temps de mélange peut ainsi être réduit à moins de
de contact entre l’eau et les particules. Cette phase très intense qui 1 minute. De plus, ce dispositif permet un nettoyage facile des
ne dure que quelques secondes est suivie d’un malaxage classique équipements. Cependant, la granulométrie des semoules doit elle
à pression atmosphérique (procédé Buhler Priomatik) ou sous vide aussi être réduite et uniformisée (< 350 microns). L’important
(procédé GEA-Pavan) pendant lequel la semoule est brassée une apport énergétique peut aussi entraîner une élévation de la tempé-
dizaine de minutes par deux bras de mélange à faible vitesse (envi- rature des produits.
ron 60 rpm). Alternativement, la semoule peut aussi être laissée au D’un point de vue physico-chimique, l’hydratation et le malaxage
repos sur un tapis (procédé Storci-Fava) pendant environ ont pour objet de rendre réactifs les constituants de la pâte,
15 minutes pour permettre à l’eau de diffuser au cœur des parti- notamment les protéines. En franchissant la température de transi-
cules de semoule. tion vitreuse (encadré 1), les protéines sont alors prêtes à interagir
• Procédé à haut apport énergétique (figure 3) : ce procédé a entre elles pour former un réseau de gluten et donc une pâte. Par ail-
été développé par la société Buhler avec les presses Polymatik. Le leurs, les enzymes d’oxydation sont elles aussi activées et vont agir
malaxage est réalisé dans une bi-vis avec un apport d’énergie très sur la couleur des produits (brunissement, perte de couleur jaune).
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