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I-2-Q25
Objectifs
• Diagnostiquer les principales complications maternelles
L
es suites de couches débutent 2 heures des suites de couches : complications hémorragiques, infectieuses,
après l’accouchement, durent 6 semaines, thromboemboliques.
en moyenne, en se terminant par le retour
de couches (retour des menstruations). Leur
surveillance s’effectue généralement en hospitalisation les de vacuité utérine et de définir l’importance de la rétention. Le
premiers jours. traitement chirurgical étant pourvoyeur de nombreuses compli-
cations (perforations utérines, infections ou synéchies utérines),
il n’est envisagé qu’en cas d’échec d’un traitement médical par
COMPLICATIONS HÉMORRAGIQUES utérotoniques ou d’une rétention très volumineuse. Il consiste en
l’évacuation utérine au doigt ou à la curette mousse sous contrôle
Précoces (dans les 48 premières heures) échographique en limitant au minimum l’usage de l’aspiration.
1. Inertie utérine isolée
Elle peut succéder à une hémorragie de la délivrance que l’on 4. Thrombus vaginal
pensait maîtrisée. Elle survient donc dans les premières heures Il s’agit de collections sanguines des tissus cellulaires de la
du post-partum. Elle est favorisée par la multiparité, l’accouchement vulve, du vagin ou du paramètre, ayant tendance à diffuser, qui
dystocique et la surdistension utérine (macrosomie, hydramnios, se sont constituées lors de l’accouchement. Le plus souvent dia-
gémellaire). gnostiqué en salle de naissance, il peut parfois être découvert
L’utérus est mal involué et mou. Le traitement est fondé sur en suites de couches. S’il est volumineux, très douloureux, exten-
les utérotoniques type Syntocinon ou analogues des prosta- sif ou responsable d’une déglobulisation, il impose un traitement
glandines (Nalador). chirurgical. L’hématome est évacué, un saignement actif est
recherché pour en réaliser l’hémostase.
2. Endométrite hémorragique
Le tableau clinique est le même que celui d’une endométrite Tardives (retour de couches hémorragique)
simple (v. infra) mais associé à des saignements supérieurs à la Il s’agit d’un diagnostic d’élimination ; en effet, on recherche
normale. En plus du traitement habituel, les utérotoniques s’im- avant tout des signes en faveur d’une endométrite ou d’une
posent. rétention placentaire. L’examen clinique est normal en dehors de
saignements abondants. La prescription d’une contraception hor-
3. Rétention placentaire monale comprenant des estrogènes, en l’absence de contre-
C’est la principale cause des hémorragies utérines précoces. indications, améliore le plus souvent ce symptôme en diminuant
Il s’agit le plus souvent d’une rétention de débris placentaires plus l’atrophie endométriale responsable.
que de débris membranaires. Les saignements sont supérieurs Quelle que soit la complication, il faut rechercher une anémie
à la normale ou peuvent durer plus de 10 à 15 jours ; ils sont plus secondaire par carence martiale à l’aide d’une NFS (numération
ou moins associés à des douleurs ou à des signes cliniques d’infection formule sanguine) et la compenser en fonction de l’état général
en cas de diagnostic retardé (fièvre, lochies malodorantes). L’écho- de la patiente par une supplémentation ferrique orale ou paren-
graphie pelvienne est indispensable afin de confirmer l’absence térale ou une transfusion.
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D’autre part, des anomalies de la coagulation, quelles soient clavulanique (Augmentin), adaptée secondairement aux résultats
acquises ou constitutionnelles, peuvent aggraver ces complica- du prélèvement vaginal. Un relais per os est réalisé après 48 heures
tions hémorragiques. d’apyrexie.
Certains proposent l’utilisation d’utérotoniques pour favoriser
la rétraction utérine (Methergin ou Syntocinon). L’allaitement ne
COMPLICATIONS INFECTIEUSES doit pas être interrompu.
L’évolution est généralement très rapidement favorable ; en
Endométrite cas contraire, il faut rechercher une rétention placentaire ou une
Il s’agit de la première cause de fièvre dans le post-partum. thrombophlébite pelvienne suppurée.
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2. Galactophorite
Elle survient généralement dans les suites d’une lymphangite POINTS FORTS
vers le 10e ou 15e jour du post-partum. De début progressif, elle à retenir
est révélée par une fièvre modérée à 38,5 °C et des douleurs Les suites de couches sont une période à risque
mammaires unilatérales. À l’examen, le sein est douloureux dans de morbidité voire de mortalité maternelle imposant
son ensemble, et le lait recueilli sur une compresse est souillé de une surveillance rapprochée. Ceci passe par un examen
pus (signe de Budin positif). L’allaitement est suspendu. Une antibio- clinique approfondi pluriquotidien.
thérapie est rapidement instaurée après un bilan bactériologique. Les complications hémorragiques et thromboemboliques
sont les plus graves, ce d’autant que le diagnostic est
3. Abcès mammaire
parfois retardé.
Les douleurs mammaires sont pulsatiles et insomniantes. Une L’allaitement demande un encadrement particulier
masse fluctuante est palpée. Le traitement est chirurgical et de l’équipe afin qu’il soit non compliqué et donc poursuivi
consiste en un drainage. L’allaitement est définitivement contre- tant que la patiente le souhaite
indiqué mais pas pour une grossesse ultérieure.
Le tableau compare ces trois complications.
Infection urinaire
Les signes cliniques sont les mêmes qu’en dehors du post- heureusement rarissime. Le traitement comprend des antibio-
partum : pollakiurie, brûlures mictionnelles. La palpation des tiques et une héparinothérapie.
fosses lombaires recherche une douleur provoquée. L’examen
cytobactériologique des urines confirme le diagnostic, et le trai- Abcès périnéaux ou abdominaux
tement est antibiotique. Que ce soit l’épisiotomie ou la cicatrice de césarienne, des
abcès sont à redouter. Ils sont souvent secondaires à des héma-
Péritonite tomes. Les soins locaux permettent généralement d’éviter une
Elle apparaît généralement dans les suites d’une endométrite reprise chirurgicale.
mal traitée. Les signes cliniques sont très marqués :
— fièvre élevée avec altération de l’état général ;
— défense abdominopelvienne ; COMPLICATIONS THROMBOEMBOLIQUES
— empâtement des culs-de-sac vaginaux ; Ces complications représentent l’une des causes majeures de
— plus ou moins iléus réflexe. mortalité maternelle, mais elles restent heureusement rares, leur
incidence est inférieure à 1 %. De nombreux facteurs de risque
Thrombophlébites suppurées ont été identifiés :
Il s’agit de phlébite des troncs utérins ou utéro-ovariens. L’é- — âge supérieur à 40 ans ;
chographie voire le scanner permettent d’orienter le diagnostic, — antécédents thromboemboliques ;
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Suites de couches pathologiques : pathologie maternelle dans les 40 jours
Réponses : A : F, F, V / B : V, F, V / C : 1, 3, 4.
2 Le traitement premier d’une rétention placentaire
est chirurgical par curetage.
Thrombophlébites 3 L’allaitement doit être suspendu momentanément
des membres inférieurs en cas de galactophorite.
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