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On réserve le nom de forme impersonnelle (ou encore unipersonnelle) à un type de construction verbale
particulière. À côté des phrases où le verbe, variable en personne, reçoit un sujet pourvu de sens et renvoyant à
une entité précise :
Pierre travaille. Je travaille. Vous travaillez.
Dans l’exemple suivant :
Il faut que tu travailles.
le verbe reçoit comme seul sujet possible un pronom invariable il ne renvoyant à aucune « personne »
et ne représentant aucun élément : le verbe falloir sera dit impersonnel.
La forme impersonnelle s'oppose ainsi à la construction personnelle, soit que le verbe n’existe que sous l’une
des deux formes (verbes essentiellement impersonnels, il neige, il pleut), soit que l’on puisse observer, avec des
verbes normalement personnels, une construction accidentellement impersonnelle (Trois livres restent sur la table/
Il reste trois livres sur la table.)
La transformation impersonnelle
A partir de deux phrases : Une chose est évidente. Pierre est parti.
on peut faire une transformation complétive et l'on obtient : "Que Pierre est parti est évident".
Comme ce type de construction est peu naturel, on fait une autre transformation (de déplacement) : la
phrase avec que passe à la fin et à la place laissée vide, on met un pronom ce ou il :
C’est évident que Pierre est parti.
Il est évident que Pierre est parti.
De même pour deux phrases comme : Une chose me gêne. Je pars demain.
La transformation complétive donne la phrase : Que je parte demain me gêne.
qui n'est pas très usuelle. Elle souffre une transformation infinitive (due à la coréférence du sujet de la
subordonnée et l’objet direct de la principale) et l'on obtient : Partir demain me gêne.
Une nouvelle transformation de déplacement donne : Il me gêne de partir demain. Ça me gêne de partir demain.
La grammaire traditionnelle analyse en termes de « sujet apparent » les pronoms ce et il, et de « sujet
réel » la complétive introduite par que ou par de. Cette analyse traduit le fait que ce ou il sont des éléments vides
de sens qui ont été insérés lors du déplacement de la complétive et qui n’ayant aucune valeur sémantique sont
seulement l’indice morphologique de la 3ème personne du singulier.
Verbes impersonnels
Il faut remarquer que n’importe quel verbe ne peut pas être utilisé impersonnellement dans l’usage courant.
R. Martin écrit que ces verbes expriment « nécessairement la survenance, l’exigence ou l’inexistence »
et il les oppose à d’autres qui ne peuvent jamais entrer dans une construction impersonnelle (dégeler, maigrir, vieillir,
changer, etc.) qui indiquent un changement d’état.
Le français a étendu l’emploi de la forme impersonnelle à des verbes intransitifs, aux verbes rester, manquer,
valoir mieux, arriver, aux verbes « extraposés » et aux verbes pronominaux à sens passif.
• Verbes intransitifs : (dont la plupart sont des verbes de mouvement) aller, arriver, courir, descendre, entrer,
monter, partir, passer, remonter, rentrer, repartir, retourner, revenir, sortir, tomber, venir, couler, marcher, sauter, etc.
Il est arrivé quelque chose d'effroyable en Norvège en 2011. (Sujet réel : SN)
Il est tombé des cordes la semaine dernière. (Sujet réel : SN)
Il vient des visiteurs du monde entier. (Sujet réel : SN)
Il s'ensuivit une grande joie. (Sujet réel : SN)
Qu’est-ce qu’il se passe ? (Sujet réel : SN)
Il m'est arrivé un accident. (Sujet réel : SN)
Il m'arrive de me tromper. (Sujet réel : Subordonnée Substantive Infinitive)
Il m'est arrivé que le train soit en retard. (Sujet réel : Subordonnée Substantive Conjonctive)
Il me revient qu'elle ne se sentait pas à l'aise quand je lui ai fait une remarque.
• Se pouvoir, se trouver :
Il se peut qu’il ait fait des erreurs. (Sujet réel : Subordonnée Substantive Conjonctive)
Il se peut que je sois en retard de quelques minutes. (Sujet réel : Subordonnée Substantive Conjonctive)
Il se trouve que Jeanne est jalouse de Marie. (Sujet réel : Subordonnée Substantive Conjonctive)
• Tarder, tenir :
Il me tarde d’être avec toi. (Sujet réel : Subordonnée Substantive Infinitive)
Il me tarde que les vacances arrivent. (Sujet réel : Subordonnée Substantive Conjonctive)
Il ne tient qu’à vous de vous décider. (Sujet réel : Subordonnée Substantive Conjonctive)
Il y a de mots enfermés dans des livres poussiéreux. Il ne tient qu'à nous de les faire revivre.
• Être/ devenir + adjectif :
Il est indéniable qu’il l’a fait exprès. (Sujet réel : Subordonnée Substantive Conjonctive)
Il est évident que vous ne me connaissez pas. (Sujet réel : Subordonnée Substantive Conjonctive)
C’est impossible d’arriver à l’heure quand il y a des grèves. (Sujet réel : Subordonnée Substantive Infinitive)
Il devient difficile de monter jusqu'au chalet. (Sujet réel : Subordonnée Substantive Infinitive)
Il deviendra possible que tu réussisses ton examen. (Sujet réel : Subordonnée Substantive Conjonctive)
• Passifs extraposés :
Il a été trouvé un portefeuille. (Sujet réel : SN)
Il a été décidé de partir. (Sujet réel : Subordonnée Substantive Infinitive)
Il a été décidé que les vacances commenceraient le 15 mai. (Sujet réel : Subordonnée Substantive Conjonctive)
Il ne fut discuté que de violence à l'école. (Sujet réel : SN)
Il m'a été recommandé de me tenir à l’écart. (Sujet réel : Subordonnée Substantive Infinitive)
Il est conseillé de quitter les lieux avant 17 heures. (Sujet réel : Subordonnée Substantive Infinitive)
• Falloir :
Il faut du temps. (OD = SN « du temps »)
Il faut y aller. (Proposition Subordonnée Substantive, Infinitive, OD de « faut »)
Il faut que j'aille. (Proposition Subordonnée Substantive, Conjonctive, OD de « faut »)
• Verbes Sembler et Paraître :
Il paraît que c'est possible. (Proposition Subordonnée Substantive, Conjonctive, Attribut)
Il semble qu'il viendra. (Proposition Subordonnée Substantive, Conjonctive, Attribut)
Il semble qu'il est utile de venir. (Proposition Subordonnée Substantive, Conjonctive, Attribut)
• Être (emploi littéraire dans le sens d’exister ou suivi d’une indication temporelle)
Il est de belles fleurs dans le bois.
Il n’est pire sourd que celui qui ne veut entendre.
Il est des parfums frais comme des chairs d’enfant.
Il est huit heures. Il est midi. Il est tard.
➢ Syntagme nominal → Selon les conditions syntaxiques, des verbes à complément zéro ou intransitifs
admettent seulement la construction personnelle ou les deux (personnelle et impersonnelle). Sont à considérer
les caractéristiques suivantes :
➢ Lorsque le nom est déterminé par un article indéfini ou un adjectif numéral la construction
impersonnelle est aussi possible que la personnelle.
Un accident est arrivé. Il est arrivé un accident.
Deux camions arrivent. Il arrive deux camions.
➢ Si le substantif est précédé d'un article défini, d'un adjectif démonstratif ou d'un adjectif
possessif, on emploie généralement le tour personnel.
Ce camion arrive.
Mon camion arrive.
➢ Pourtant, la tournure impersonnelle devient presque obligatoire lorsque c'est un article partitif
celui qui détermine le nom.
Il manque du sel.
➢ La transformation impersonnelle est aussi conditionnée par la présence ou l'absence des
compléments du verbe. Si le verbe n'a pas de complément, seule la construction
impersonnelle est possible.
Il reste des pommes.
Si le verbe a un complément, les deux tours sont possibles.
Il reste des pommes à vendre.
Des pommes restent à vendre.
➢ Avec quelques pronoms indéfinis sujet (quelqu'un, quelque chose, personne... rien, peu de, plusieurs, je ne sais
qui, n'importe qui...) la construction impersonnelle est possible.
Il viendra quelqu’un de ma part.
Quelqu’un viendra de ma part.
Elle est obligatoire dans le cas de grande chose.
Il n'est pas arrivé grande chose.
➢ Verbe Arriver :
Ça m'arrive de ne pas trouver mes clés.
Que le train soit en retard, ça arrive.
➢ Verbe Faire :
Ça me fait plaisir, de le voir.
Ça m'a fait plaisir, que tu sois là.
Ça m'a fait changer d'avis, de voir cela.
➢ Verbe Apprendre :
Ça m'a appris de choses, d'avoir été en classe.
Ça m'a appris quelque chose, qu'on m'ait envoyé là.
➢ Verbe Servir :
Ça ne m'a servi à rien d'y aller.
Ça m'a beaucoup servi, que vous soyez là.
➢ Verbe Plaire :
Ça ne me plaît pas, d'aller au cinéma.
Ça te plaît, qu'on soit ici.
Ça ne plaît pas à Sophie, que tu ne sois pas venu.
➢ Verbe Compter :
Ça compte, de savoir l'anglais.
Ça compte, que vous soyez venu.
➢ Verbe Coûter :
Ça m'a coûté 20 euros de garer la voiture là.
Ça m'a coûté cher d'aller en vacances.