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Dans le mystère de l’incarnation, on y retrouve celui de la mort et de la résurrection de Jésus-

Christ. L’image traditionnelle de l’incarnation donne l’idée d’une crèche remplie d’animaux, mais
qu’en est-il de la réalité culturelle et sociale de l’époque du temps de sa naissance ? Israël,
comme pays du Moyen-Orient, était un pays où la verdure poussait à longueur d’année. Il
n’était pas nécessaire d’entreposer la paille comme dans les pays européens qui avait des hivers
très froids et rigoureux. De plus, les étables en Israël étaient souvent des grottes où l’on mettait
les animaux. Les mangeoires étaient souvent faites en pierre et l’on y retrouvait en général de
l’eau pour abreuver les animaux. La tradition européenne a assimilé la mangeoire à celle en bois
remplis de paille que l’on voit dans nos fameuses représentations de la crèche. Plus
déconcertant encore est le fait que les animaux présents à l’incarnation ne sont nullement
mentionnés dans les Évangiles. Le seul animal qu’on suppose fortement la présence durant la
naissance de Jésus est celle du mouton, puisque les bergers sont présents pour la naissance
dans l’Évangile de Luc. Toutes ces différences avec la conception populaire de la crèche
pourraient nous déstabiliser. Cependant, ces réalités culturelles et sociales du pays d’Israël
dévoilent tout autant l’économie du salut que Jésus devait réaliser en naissant. Il était le
Sauveur attendu et le « Dieu fait chair » qui dès sa naissance révélait à l’homme le but de sa vie
ici sur terre : la mort et la résurrection. Si la mangeoire était en pierre et qu’il donnait de l’eau
aux animaux, la mort et la résurrection de Jésus étaient le début de l’eau vive répandu dans le
monde à travers le baptême des chrétiens dans l’eau et dans l’Esprit. Jésus est venu pour nous
abreuver, pour nous donner l’eau vive et divine que seul Dieu peut donner. Couché dans une
mangeoire en pierre à l’intérieur d’une grotte à sa naissance, à sa mort son corps mort est
étendu sur une pierre et à l’intérieur d’une grotte (tombe). Ce lien direct ne dévoile-t-il pas
l’unité entre l’incarnation et la mort de Jésus ? La résurrection ne symbolise-t-elle pas la vie du
Christ qui se répand dans les membres chrétiens ? Finalement, la présence des moutons à la
naissance de Jésus ainsi que celle des bergers donne une force à ce lien entre l’incarnation, la
mort et la résurrection. Jésus, l’agneau pascal, figure du serviteur souffrant, est le premier-né
d’entre les morts, et donc le seul et unique berger qui peut nous guider dans ce chemin de mort
et de résurrection que nous suivons à sa suite. S’il peut nous montrer le chemin, c’est qu’il est
lui-même ce chemin, cette source à laquelle nous devons nous abreuver pour qu’il perce le
rocher de notre cœur et fasse jaillir l’eau vive qui s’y cache. Ainsi, nous pourrons mourir au vieil
homme et renaître en lui, nous pourrons devenir nous aussi eau vive de charité pour le monde.
C’est ce lien splendide entre le mystère de l’incarnation et celui de la mort et de la
résurrection qui a poussé la tradition chrétienne à vouloir embellir la scène de la naissance par
l’ajout d’animaux et d’autres ornements, toujours fondé sur l’Écriture sainte. Par exemple,
l’ajout de l’âne et du bœuf est représentatif de la parole du prophète Isaie : « le boeuf connaît
son possesseur, Et l'âne la crèche de son maître ». On peut faire un lien avec la parole même
de Jésus : « mes brebis écoutent ma voix ». Force est d’admettre que la réalité sociale et
culturelle de la naissance de Jésus donne un regard d’amour et d’émerveillement sur cette
pauvreté dans laquelle notre sauveur est né, mort, et ressuscité. Comme saint François, notre
cœur ne peut rester indifférent face à cet abaissement de la part de Dieu. Comme lui, voyons
dans la pauvreté voulue de notre divin roi, dans ce désir de Jésus de ne rien posséder, un
appel à être parfaitement libre face aux plaisirs divers que nous offrent notre société. O Dame
Pauvreté, sois ce guide qui nous libère de nous-même pour ne désirer qu’aimer.

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