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Cours 5 – Littérature et environnement

Menaud, maître draveur - F-A Savard


Corpus de 1930-1940 : La terre paternelle (1846) de Patrice Lacombe. Jean-Rivard défricheur
(1874) de Gerin Lajoie. Croquis laurentien (1920) de Marie-Victorin. Menaud maître draveur
(1937) de F-A Savard. Trente Arpand (1938) de Philippe Panneton. Le survenant (1945) de
Germaine Guevremont.
Peu à peu, le naturalisme cède la place au réalisme. On tente de représenter le monde tel qu’il est.
À partir des années 40, on ne croit plus à l’idée de progrès.
Roman du terroir
Ancré dans l’idéologie de l’époque. Il y a une mise en valeur de la vie agricole (agriculturisme).
On refuse un gouvernement centralisé (antiétatisme). On croit en la venue d’un sauveur
(messianisme). La littérature devient une œuvre sociale, centrée sur la religion, sur la survie du
peuple francophone. On tente de survivre contre l’anglophone, considéré comme l’autre,
l’étranger qui tente de s’emparer de nos acquis, nos terres, nos ressources. La survivance est
collective et passe par l’appropriation d’un territoire. Celle-ci passe par la colonisation (conserver
un territoire par l’agricultre) ou la figure du coureur des bois (pour occuper un territoire il faut
l’occuper, coureur des bois est trop dispersé, permet pas de consolider l’avenir du peuple). Dans
les romans de la terre québécois, l’exploration de nouveaux territoires n’est pas mise en valeur.
L’image de la nature qui domine la littérature québécoise est celle de la possession plutôt que
l’exploration de territoire sauvage. On sent une tension entre célébration de la nature sauvage et
celle de la campagne, la vie agricole.
La terre paternelle (1846) de Patrice Lacombe. On valorise la terre agricole, la défense et la
cultivation du territoire. Maison familiale est vendue à un étranger anglophone. Fils retrouve sa
famille en ville, appauvrie. L’anglophone meurt et la famille se réapproprie la terre. Pas un roman
d’aventure. Lacombe désirait peindre l’enracinement dans un lieu, la terre paternelle apparait
comme la condition de survivance du peuple canadien. Roman presque théorique, message
didactique mis à l’avant-plan. La relation entre le paysan et la nature passe au second plan, après
la résistance à l’intrusion et l’occupation anglophone. La religion est importante. Destin
manifeste : l’exploitation de la nature est sanctionnée par Dieu. La raison d’être de la terre est
d’être exploitée, défrichée et occupée. Possession de la terre comme une femme. Les autochtones
doivent être civilisés.
Cette appropriation de la terre est une critique du matérialisme, du milieu urbain. Critique déjà
présente dans Walden. Est-elle d’actualité? Le milieu agricole est un milieu capitalisé, coute et
rapporte énormément. Par exemple les espaces de camping à Winnebago, loin de la nature
sauvage. Nos vêtements de ski produit avec produit chimique, etc. On peut dire que l’agriculture
a changé, ferme agricole industrielle. Mécanisation de l’agriculture, mutation génétique rapporte
beaucoup d’argent. À plus petite échelle, certains tentent de s’échapper de ce milieu agricole
industrialisé pour revenir à un mode de vie plus simple et sain. Est-ce possible ou entretenons-
nous un mythe de la simplicité? On est souvent connecté à la technologie. On cherche une
déconnection dans la nature, pourtant cette déconnection est menacée. Désir que la terre soit un
antidote à la ville. La nature omme lieu de tradition est-elle toujours possible? Se retirer du bruit,
des structures et des appareils qui viennent modeler les existences. Revient à l’idée
d’autonomisation, désir de se libérer de ces carcans qui limitent notre liberté. On considère que la
terre est un lieu d’accueil où l’on pourra s’émanciper. C’est contre un usage plus traditionnel de
la nature, on développe une pensée d’exploitation. Une vision utilitariste de la terre se développe.
Jean-Rivard défricheur (1874) de Gérin Lajoie. Jean-Rivard, hache à la main, va construire une
ville en région, devient maire. Son premier outil est la hache, son deuxième est le discours. On
passe du colon au politicien. Jean-Rivard représente le self-made man. On célèbre la puissance
d’un homme qui se prend en main, créer quelque chose de nouveau, exploite le plein potentiel de
la terre et de lui-même. A été influencé par les discours de l’émancipation des vieilles structures
de pouvoir, influence américaine de la mobilité sociale (partir de rien et devenir tout). Prône une
auto-dépendance, quitter son milieu et compte sur ses propres forces pour tout accomplir. La
différence entre La terre paternelle et Jean-Rivard : on ne célèbre pas l’enracinement mais plutôt
la réussite. La terre n’est pas un mode de vie mais plutôt un moyen de s’enrichir. Jean-Rivard lie
le discours libéral d’une utopie capitaliste (s’enrichir) et discours religieux (stabilité sociale). Il
participe à la marchandisation du monde, la nature est là pour être utilisée et mise à profit.
Appropriation de la terre. Dans ce livre, la nature est présente mais est plutôt vue comme un
tremplin pour permettre à l’homme de « sauter » vers son succès. Elle est là pour être intégrée
dans un processus économique. Économie nationale : mettre la terre à profit pour la nation. Livre
didactique.
Menaud maître draveur (1937) de F-A Savard. Désir de liberté mais qui entre en conflit avec
l’indépendance réelle du Québec (référendum). L’intention politique mise de côté, l’intention
environnementale est toujours présente. Comme chez les romantiques, la nature est importante
surtout en ce qu’elle se rapport à l’homme. On constate 3 types de relations à la nature. De
menace, de possession, de soin (surintendance). La nature est menaçante, elle a tué Joson, la forêt
menace Menaud. L’homme menace aussi la nature, surtout l’anglophone, le capitaliste qui va
exploiter la terre, la privatiser, empêche l’habitant d’y avoir accès. Le Délié passe pour un traître,
franco-canadien, il fait passer ses intérêts avant ceux de sa communauté et de la nature. Relation
de possession sans preuve légale. Menaud a un droit acquis, ancestral, de sang sur la terre. À
l’inverse, la nature possède l’homme. Celui-ci doit travailler pour elle. Nature possède Menaud,
l’amène à la folie. La relation de soin : le paysan s’occupe de sa terre, la respecte. La forêt soigne
les hommes, Menaud se ressource dans celle-ci.
Dans Menaud, la nature est féroce, elle est impitoyable, elle tue. Elle est surtout vivante, dotée
d’une intention, d’une agentivité, elle parle (Menaud entend des voix). L’homme peut entrer en
relation avec elle. La nature réclame la justice, Menaud s’en fait le défenseur. L’innovation de
Savard est qu’il donne une couleur à la relation homme-nature, la nature est considérée comme
quelque chose de sacrée, de vivant, d’intentionnelle. Elle a une âme. On voit aussi une relation
entre religion (pas institutionnalisée) et nature. La dimension religieuse est à un niveau animiste
(spiritualité des arbres, feuilles, pierres, eau, etc.). Prôner une symbiose avec la nature, croissance
de celle-ci en parallèle avec celle de l’humain. On sent une opposition à une vision utilitariste
dans Jean-Rivard et celle spirituelle dans Menaud. La dimension éco-critique est présente dans
Menaud parce qu’il écoute le vivant, il respecte la nature, la considère comme sa semblable, son
vis-à-vis. La nature n’est pas que représentée, elle est mise en scène, en acte. On considère qu’il y
a un sens dans la nature. Savard rappelle qu’il faut être ouvert à une sensibilité poétique dans la
nature et dans l’écriture. Comment écouter la nature? Quelle est la valeur de cette spéculation?
Rapport d’atelier : s’inspirer de l’ensemble des notes de cours. Libre au niveau de la forme et du
contenu.
- Rôle de la race aujourd’hui? (attentat de Québec)
Rapport de possession lié à l’économie, le pouvoir (pas que les anglais se l’approprient).
Propriétaire invisible. Mais aussi rapport physique à la nature. Descriptions sensibles,
associées à nature. Pour Menaud, transmission de possession liée au sang, acquis, héritage.
Homme marqué, façonné par la terre. Maintenant, beaucoup de déménagement, pu
d’appartenance lié à la terre. Notion de possession à la terre, notion instable depuis
longtemps, crée stabilité mais switch idéologique.
- femme révolte dans tisserage, au niveau domestique. Reste relativement dans son rôle.
- Notion d’étranger change, comment on conçoit l’intrusion de l’étranger dans notre
environnement? Autre est spectre. Étranger vu comme quelqu’un qui asservi, rend esclave de
la terre. Pas parce que tu nais en quelque part que tu as un droit acquis. Pour Menaud,
conserver la tradition est secondaire, nécessité de conserver un rapport à la nature.
- Importance de la spiritualité. Discours institutionnel vs. discours personnel. Langue habite le
territoire, permet de se l’approprier. Nommer et façon d’en parler permet de créer un rapport
spécifique à la nature. Mouvement que l’on tente de saisir par le langage, tendance poétique
qui émerge de la nature. Création littéraire se construit en parallèle à création de la nature,
rythme. Nature est le lieu de sa parole, s’inspire de la nature, ses mouvements, ses sensations
pour décrire des émotions, des expériences humaines. Savard nous demande d’être attentif
aux autres formes d’exprimmers, aux autres moyens d’exprimer.
- Comment décrire le changement psychique de Menaud, sa folie? En quoi ce changement est-
il révélateur d’une éco-sensibilité? Importance d’entendre la nature? Spectre de la nature +
fantôme de ces ancêtres et littéraires. Des paroles, mélange de références littéraires (Francis
se perd en forêt) et de son univers. Rapport entre fiction et réalité.
- Charge politique? Action = valorisée, sédentarité = lâcheté. L’interprétation, appropriation du
lecteur, idée de révolte qui persiste.

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