Nature writing ou écrinature Une écriture ou la nature joue un rôle central. Mélange hybride d’histoire naturelle, d’autobiographie, de fiction, etc. John Borrows, écrivain du 19 e siècle distingue le scientifique et l’écrivain (le nature writer). Le scientifique parle de la nature de manière objective (comme si la nature était un ensemble de faits) mais est incapable d’expliciter sa relation avec celle-ci. Le nature writer a une sensibilité avec la Nature. Il ne considère pas la nature comme une réserve d’objets, il parle de sa relation avec celle-ci. L’environnement devient un agent, presqu’un personnage, il est porteur d’actions. Dans les nature writing, les préoccupations environnementales sont légitimes et travaillées. Il y a une responsabilité environnementale qui oriente ces écrits mais aussi un certain sens esthétique, littéraire. L’écriture est façonnée selon l’objet qui la nourrit. Il s’agit non pas seulement de représenter la Nature mais aussi la mettre en scène, l’écrivain exprime les connections entre les espèces, le climat, etc. Distinction entre corps et esprit (humain être de raison, tout le reste est inférieur), humain et Nature de 1500-1900. Début de l’ère moderne, on repense ces distinctions. Nature writer considère que l’écrivain, l’homme est une partie de la Nature. Et si l’humain est un animal, donc lorsqu’il parle de la nature, cela revient à dire que la nature parle d’elle-même. Thoreau et Borrows sont considérés comme les premiers écrivains représentants ce genre. Au 19 e siècle, l’écrinature devient un genre institutionnalisé. Forme et effet Pourquoi du nature writing? Permet de décentrer le regard humain, réorienter les consciences vers la Nature pour la reconsidérer, sans l’idéaliser nécessairement. Écriture pourrait être vue comme éco des effets de la Nature. Le lecteur devrait ressentir du naturel. Correspondance entre forme et fond du texte. Dans le Nature writing parfois effet de lenteur, déviation du sujet, intention bifurque, errements dans l’esprit comme errements, promenade, marche dans la forêt. Réflexion de l’homme parallèle à l’expérience de la Nature. Littérature non-fictionnelle Généralement, le nature writing est une variante de la littérature non-fictionnelle, c’est-à-dire une écriture dont le contenu est présenté par l’écrivain de manière plutôt factuelle et concrète (dans une fiction, au contraire, l’écrivain laisse un doute quant à la vérité de ses propos). Cette écriture est souvent sous forme de prose, dans un essai. Il n’y a pas nécessairement d’histoire. Toutefois, le nature writing prend parfois la forme fictionnelle, par exemple le seigneur des anneaux, Nature décrite à profusion. Littérature américaine Le nature writing s’apparente aussi à la littérature américaine. Annie Dillard a permis d’institutionnaliser, de concrétiser la place du nature writing en littérature. Au 20 e siècle, en réaction à l’urbanisation, la mécanisation et le développement numérique, se développe l’environnementalisme, qui commence à s’imposer sur la sphère publique. Débute donc une centralisation des enjeux environnementaux. Famille, frontières Les romans qui se sont inspirés des écrits nature ont insistés sur l’importance de la famille (renouveau des fresques familiales). Unité interrelationnelle, biologiques. La famille comme modèle de pensée qui dépasse nos constructions sociales. Amène aussi une abolition des frontières géographiques. Cependant peut sembler ambigu puisque ouverture des frontières peut amener marchandisation. La conquête de la nature sauvage, pour les américains, l’exploitation du territoire amène l’idée de propriété, de fierté nationale. Les américains idéalise la nature mais en même temps, l’exploite et contribuent à sa destruction, pas de sensibilité écologique. L’écrinature essaie de contrer l’idée qui voudrait que la Nature soit considérée comme un puit de ressources. Tente de rappeler qu’il y a dans la Nature une valeur qui ne dépend pas de l’humain, elle a une valeur en soi (pas obligé d’être utile à l’homme). Les nature writer du 19 e et 20e siècle considère que l’humain n’a pas de droit sur la Nature. Problèmes de traduction Plusieurs écrinatures sont des traductions. Perte de sens. Anglais pas la même racine épistémologique que le français. Difficile à traduire puisque les expériences et références ne sont pas les mêmes. Nature représentée n’est pas la même pour différentes populations. Saisir la réalité d’un environnement dans des mots peut devenir problématique. L’écrinature met au jour que la langue est intiment lié à un environnement, un écosystème, une réalité concrète. Langage est un système de modelage, modèle l’expérience (la traduire mais aussi lui donner une forme). Comment mettre des mots sur l’expérience de l’eau? Nager dans l’eau, ressentie sur le corps. Cette traduction de l’expérience est problématique. Difficile de sortir d’un carcan linguistique. Les nature writer tentent de mettre à l’épreuve la linguistique face à l’environnement, tentent de traduire l’expérience naturelle en mots. Implique une certaine expérimentation linguistique, une multi-dimentionalisation de la relation entre langage et monde. Région, paysannerie Écrinature américain développe une sensibilité à l’égard de la région, où les écrivains y voit un refuge contre une course contre le profit émergeant. L’écrinature s’est développé en réaction à l’ignorance et aux mœurs des habitants de la ville. Célébrer l’expérience biographique de l’habitant de la campagne, avec ses références, son langage. Heidegger, philosophe allemand du 20e siècle, a refusé un poste à l’Université de Berlin. Pour lui, les forces telluriques et linguistiques sont analogues. L’écrivain écrit comme la nature s’exprime. Critique et dénonce l’homogénéité culturelle (même habits, références, musique, etc.), l’urbanisation, la modernité. Pourquoi restons-nous en province? Pour la différence, patois différents des milieux urbains. Toute tentative de normalisation amène l’effacement de la variété. Capitalisme autant que le socialisme ont supportés le travail, au détriment de la vie paysanne, qui ne peut se concilier avec l’idée de croissance économique, profit. Heidegger refuse cette croissance, désire qu’on laisse autonomie et lois aux paysans. Folklore, vie de campagne sont en voie de disparition. Littérature pastorale Mode de vie migrateur, nomade des pasteurs et leurs troupeaux, variant selon la recherche de nourriture, le climat. Représentation dans la littérature de ce mode de vie pastoral, souvent idéalisé. Les pasteurs sont connectés à leur territoire et leur mode de vie a une influence sur les nature writer qui y puisent une source d’inspiration. Livre d’extérieur Récit de voyage, exploration de territoires inhabités, promenade en plein air, etc. Dans les livres d’extérieurs, la rigueur scientifique devient secondaire à l’égard littéraire et esthétique de leur écriture de la Nature. Ces livres sont des sortes de guide. Les écrivains ont un désir d’expliquer à d’autres la vie en forêt, survivre à l’hiver, etc. Réinterprètent de manière imagée, ressentie leur expérience du voyage. Cette littérature donne aussi la sensibilité de l’écrivain, qui se livre au lecteur. Les premiers critiques ne savent que faire de ces écrits, dans quelle catégorie la classer. Sorte de voyage sentimental, d’excursion romantique, pleins d’écritures sont mélangés de manière ludique et désorganisé. Esquisse, narration, philosophie. Plume libre. Gouvernement et administration publique Les décisions prisent par le gouvernement ont contribués à un certain imaginaire collectif et une certaine appréciation du territoire. Des mesures gouvernementales ont été prises pour supporter la conservation de l’espace naturel. Création d’organismes de protection de la nature sauvage : John Muir. Cela a eu une incidence sur l’écriture et l’art. Au 19-début 20 e siècle, l’État américain a reconnu l’importance de la Nature et cherchaient déjà des solutions aux problèmes de déforestation. Il a reconnu que le « laisser faire » menait ou risquait de mener à la destruction de l’environnement. Environnement considéré comme une fin en soi. 1872 : Parc national de Yellow Stone. David Thoreau De famille protestante, il grandit à Concord (Boston), ville intellectuelle. Hougton Mifflin, écrivain ayant une influence sur Thoreau, sera associé à un certain transcendantalisme américain qui divinise la nature. Celle-ci est vue comme une force terrestre nous dépassant mais dont l’humain dépend. Thoreau aspire a une vie aussi libre et indépendante que possible. Ne s’est jamais marié, est athée. N’a pas eu de réelle profession, d’emploi à long terme. Il accumule les jobines (dont l’arpentage). Naturaliste, il connait le nom des animaux, des plantes, etc. Cette proximité avec la nature l’amène à critiquer les habitudes de vie de ses contemporains. Évitait les centres urbains, le bruit, etc. Tout en célébrant la nature, ses écrits portent une critique sociale. Il remet en question la mode, l’éducation, les coutumes, etc. Selon cet écrivain il faut faire soi-même l’expérience de la nature. Précurseur de l’individualisme américain. Pourtant, Thoreau allait en ville, pas fermé à tout contact social mais choisit ses interactions avec parcimonie. Ermitage pas un mode de vie complètement viable. Il considère qu’il y a une force dans la vie en groupe. Prône un mode vie minimaliste, simple. Il se nourrissait des « choses les plus proches ». Indifférence à l’inconfort, à une certaine souffrance physique, à la luxure. Son mode de vie répond à un besoin de santé autant physique que mental, spirituel. Il lisait beaucoup de textes philosophiques bouddhistes et hindous. Préférait toujours marcher puisque la pensée s’incarne dans le monde (corps confronté aux couleurs, aux odeurs, à la température, etc.). Cette pratique devient centrale dans son travail d’écriture.
Près de Walden, il se construit une cabane. En protestation contre la guerre américano-mexicaine
des années 1840, contre l’esclavagisme. Il refuse de payer ses taxes, mis en prison, écrit « Resistance to civil government » (désobéissance civile). Texte qui rejoint des prises de positions très divergentes. Dans ce texte, il supporte que la conscience individuelle est plus importante, plus forte que le gouvernement. Thoreau prône une autonomie absolue de la conscience individuelle. Rejette l’autorité. Agent de l’Underground railroad (passage illégal d’homme), supporte une justice sociale. Prône aussi une autonomie à l’égard de l’Europe (de la France, de l’Angleterre, etc.). Il se fiait au « gros bon sens », au travail pratique, connaissait son environnement (floraison des plantes, habitudes migratoires des oiseaux, etc.). Il refusait les hommages des autres, dénonçait l’empirisme des villes, voulait être sa propre loi (au-delà de la loi des hommes). Il avait une sensibilité romantique, voit de l’harmonie entre le cosmos et la matière la plus rudimentaire. Il devient un écrivain phare du nature writing. Thoreau est aussi une réflexion sur la vie. Réfléchir à notre lieu de paix, espace affectif. Comment mettre des mots sur ce lieu? Amène souvent des métaphores, figures de style, etc.