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Le parallèle entre les procédures de relais d’une entreprise à une autre et les
transferts du témoin d’un coureur à un autre lors d’une course de relais, permet de
comprendre l’intérêt de l’existence de Gencod et des travaux qu’il réalise. Notre rôle
consiste à positionner les éléments nécessaires à la création de ce réseau dans la
chaîne d’approvisionnement, tels que la technologie radio fréquence. Si les sportifs
ne sont pas assez entraînés et n’ont pas d’automatisme, le passage du témoin ne
peut s’opérer convenablement. Il en est de même dans la chaîne de distribution.
Gencod standardise les procédures de relais entre les entreprises. Même équipées
d’outils extraordinaires, certaines entreprises très performantes se retrouvent parfois
incapables de dialoguer avec leurs fournisseurs ou leurs clients ce qui entraîne de
multiples litiges. Notre travail consiste à faire disparaître les dysfonctionnements qui
résultent de ces problèmes de communication en automatisant le relais entre les
entreprises grâce à l’étiquette radio fréquence.
Dans cet univers où les micro-ordinateurs, les nano-ordinateurs doivent être de plus
en plus présents, Marc Weiser parle de « poussières intelligentes ». Une entreprise
américaine a par exemple émis l’idée de lancer des « poussières intelligentes » dans
les forêts. Les puces pouvant dialoguer entre elles et transmettre l’information, elles
alerteraient les autorités au moindre départ de feux de forêt.
La réflexion lancée par cet inventeur a particulièrement fait avancer les choses dans
l’analyse de l’utilisation de cette technologie au sein de la distribution.
Les acteurs internationaux ont décidé qu’il fallait régler la question du coût en
diminuant le contenu. Ils ont inventé le code EPC (Electronic Product Code), dérivé
du premier code à barres créé, l’UPC (Uniform Product Code) : il s’agit d’un numéro
qui référence le produit et qui l’identifie de façon unique. Pour des millions de
produits identiques sortant des chaînes de fabrication, chaque unité aura un numéro
séquentiel spécifique. Une gestion par codes à barres nécessiterait une étiquette
différente par produit ce qui entraînerait un coût très important. L’outil électronique
que représente l’étiquette radio fréquence permettra, sur le long terme, une gestion
efficace et rapide. Un réseau doit être associé à ces étiquettes afin de pouvoir
exploiter les éléments enregistrés et les mises à jour nécessaires. Par voie de
conséquence, l’informatique devra être accessible partout afin de pouvoir traiter les
produits. Les usines de Procter & Gamble, de Cogate ou Gillette installent des
capteurs afin que le suivi des produits puisse s’opérer. Le magasin test Metro de
Düsseldorf a été équipé d’antennes permettant de détecter la présence, l’absence, le
mouvement d’un produit.
Nous aborderons ultérieurement le problème posé par la relation de cause à effet
entre le suivi du produit et le sentiment que le consommateur peut avoir d’être suivi,
espionné lui aussi.
Les entreprises seront capables de monter leur propre réseau pour contrôler leurs
propres produits. Tous les réseaux devront être reliés entre eux, d’où la nécessité de
constituer un « Internet des réseaux », afin de permettre une connexion entre les
entreprises ; un maillage de contrôle des objets deviendra indispensable : une
enseigne possédant un réseau lui permettant de couvrir l’ensemble de ses magasins
devra pouvoir se connecter aux réseaux créés par l’ensemble de ses fournisseurs.
La technologie de l’étiquette radio fréquence date d’environ trente ans. Faute d’une
réduction de son coût de fabrication, il était impossible de l’utiliser à grande échelle.
EPC Global, un organisme qui est une émanation du MIT, a donc été créé. Il a défini
des standards permettant d’atteindre un coût d’étiquette radio fréquence très bas (en
deçà de dix centimes d’euros) et par là même son utilisation à grande échelle.
Gencod est diffuseur du code à barres ainsi que de la technologie d’EPC Global.
Analysons maintenant ce qu’il est possible de faire et de ne pas faire avec cette
technologie.
Par contre, avec cette technologie, il n’est pas possible de lire les étiquettes en
volume. Cette opération est irréalisable car la lecture dans un volume ne permet pas
aujourd’hui une lecture de 100 % des étiquettes. En connaissant le nombre
d’étiquettes à lire et en laissant au lecteur un certain délai – trente à quarante
secondes – d’analyse, il serait peut-être envisageable d’obtenir un résultat. Mais ce
dernier ne serait absolument pas fiable. La marge d’erreur étant d’environ 20 % de
produits non lus, les résultats restent trop incertains.
5- Le consommateur
6- Les perspectives
• Metro, pour le 1er novembre prochain, exige de ses cent premiers fournisseurs
la livraison de palettes marquées avec au moins une étiquette radio fréquence
sur chaque palette. Si l’on ramène le coût de l’étiquette à la valeur de la
palette et son contenu, cette opération est réalisable ;
L’usage de l’étiquette radio fréquence reste donc un usage logistique d’entrepôt. Ces
différentes opérations représentent déjà des millions d’étiquettes mais d’ores et déjà,
nous savons que les fournisseurs de puces pourront répondre à la demande. Avant
2010, la perspective d’une généralisation de cette technologie en matière logistique
est assurée et au-delà de cette orientation spécifique concernant les
approvisionnements, nous verrons apparaître des étiquettes radio fréquence sur les
produits de luxe pour des raisons de traçabilité, par les fournisseurs eux-mêmes.
Les perspectives 2015-2020 portent sur des pistes de travail qu’il faut explorer :
celles de l’utilisation de ces étiquettes comme outils anti-vol. Nous avons beaucoup
parlé de l’étiquette en tant que moyen de communication en termes de codification,
de repérage du produit. Il y a effectivement un autre aspect : l’unification, la fusion de
l’étiquette anti-vol avec l’étiquette d’identification, ce qui démontre le rapprochement
des deux modes d’utilisation de cette technologie.
Il faudra être attentif car cette standardisation, ce langage commun, cette maîtrise
des technologies détenus, maîtrisés par un seul pays ou une seule puissance
économique signifieront que ce pays ou cette puissance économique détiendra les
clefs du contrôle de l’ensemble de la distribution. Même si l’analyse est poussée un
peu loin, l’interrogation existe et quelques acteurs de la distribution se demandent
pourquoi Wal-Mart a tant investi, où en est-il ?
Débat avec la salle
Pierre Georget :
C’est aussi un des enjeux que nous n’avons pas eu le temps d’évoquer. Aujourd’hui,
VeriSign, entreprise qui attribue les « .com » au plan mondial et connue pour les
certificats de sécurité qu’elle délivre, a proposé d’être au cœur du réseau. Elle
envisage à la fois d’animer le réseau et d’assurer sa sécurité tout en délivrant à tout
acteur de la distribution une clef d’accès au réseau.
Revenons à la dernière évocation de l’exposé : il est possible de sécuriser sur un
plan global, mais dans ce cas, celui qui attribuera l’élément de sécurité contrôlera
aussi le réseau. Or c’est toujours le même débat : à partir du moment où notre
sécurité est confiée à quelqu’un, ce quelqu’un nous maîtrise totalement.
Pierre Georget :
C’est pour cela que le choix de la simplification a été retenu. Il n’y a qu’un seul
« contenu » écrit par le fournisseur. Ensuite, il n’est pas modifiable par les autres
acteurs. Cela ne résout pas la question de l’accès au réseau qui détient les
informations sur le produit en question. Ce qui nous préoccupe plus aujourd’hui c’est
le fait que quelqu’un pourrait s’introduire dans le réseau, comme vous le dites, et
aller modifier les informations qui décrivent le produit qui sont dans les bases de
données puisqu’il n’y a rien dans l’étiquette. C’est la protection des bases de
données qui contiennent l’information qui est beaucoup plus sensible.