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Point d’actualité

« RFID : une distribution haute définition »


par Pierre Georget, Gencod-EAN

Gencod a souhaité vous présenter le sujet concernant l’étiquette radio fréquence


parce qu’il s’agit d’un thème qui suscite d’importants travaux dans les universités et
les instituts de recherche des Etats-unis, du Japon, d’Angleterre, d’Allemagne et de
Suisse pour ne citer que les pays les plus impliqués.
En revanche, en ce qui concerne la France, nous avons le sentiment que la situation
est un peu atone. En effet, il se passe peu de choses autour de l’utilisation des
étiquettes radio fréquence dans la chaîne de distribution française en général.
Nous souhaitons vous présenter les basiques de ce que représentent l’étiquette
radio fréquence et la RFID, vous communiquer les objectifs de la communauté
internationale de la distribution dans un délai de cinq ans et enfin peut-être susciter
dans l’assistance des réflexions et des idées de travaux qui permettraient d’inventer
d’autres développements.

La constitution d’un réseau global de suivi, de traçabilité, de visibilité de tous les


produits circulant dans le monde est en pleine évolution. Il ne s’agit pas d’une
ambition d’idéalistes, mais l’ambition de Wal-Mart, celle de Procter & Gamble, celle
de Colgate… peut-être pas encore celle de Carrefour, mais certainement celle de
Metro et de Tesco. C’est une réalité sur le papier, les premières ébauches des
éléments du réseau s’organisent, même s’il subsiste des interrogations qui seront
abordées ultérieurement.

Ma présentation s’articulera autour de cinq problématiques principales :

• le repositionnement des étiquettes radio fréquence dans la chaîne de l’offre et


de la demande ; positionnement du consommateur en matière d’échanges
d’informations et de connexions entre le flux physique des produits et le flux
logique des informations sur les produits, les consommateurs, les acteurs en
général ; le réseau a pour objectif de créer une fusion entre les différents
objets qui circulent et les acheteurs ;

• le repositionnement de l’utilisation du code à barres. Nous sommes bien loin


aujourd’hui des raisons de l’introduction du code à barres qui était à l’origine
essentiellement axée sur l’accélération du passage en caisse et l’abandon du
marquage coûteux des prix unitaires en magasin (donc, absence de toute
notion de réseau). Le concept des étiquettes radio fréquence regroupe le
passage en caisse classique à d’autres paramètres et repose sur un réseau
permettant de supporter communications et informations indissociables ;

• la notion clé du « réseau des choses » parallèlement au réseau Internet.


L’objectif réside dans la connexion des objets entre eux, aux ordinateurs et
aux individus – qu’il s’agisse d’un utilisateur final, d’un acheteur ou d’un
professionnel. Et cela, comme si on imaginait, à terme, que chaque objet
circulant dans le monde, et non pas chaque référence, ait son propre site
Internet. Chaque code à barre se terminerait par un « .org » que l’on pourrait
consulter ;

• le consommateur va-t-il se sentir prisonnier d’un tel système ? En référence


au film Matrix, y aura-t-il un élu qui renversera ce système ?

• l’analyse des perspectives à court terme de ce développement avec la


présentation des objectifs des grands distributeurs et des industriels en la
matière.

Avant de poursuivre, revenons à Gencod qui est un organisme paritaire industrie-


commerce, un groupement financé par l’ensemble des industriels et des distributeurs
utilisateurs des supports technologiques de la distribution (codes à barres, échanges
de données informatisés, catalogues électroniques). Gencod regroupe aujourd’hui
environ 27 500 entreprises. Notre entreprise est convaincue que le réseau devra être
mondial et répondre aux utilisateurs français comme aux utilisateurs des autres pays.
La question reste de savoir qui va contrôler le réseau dans cette dimension
planétaire ?

Le parallèle entre les procédures de relais d’une entreprise à une autre et les
transferts du témoin d’un coureur à un autre lors d’une course de relais, permet de
comprendre l’intérêt de l’existence de Gencod et des travaux qu’il réalise. Notre rôle
consiste à positionner les éléments nécessaires à la création de ce réseau dans la
chaîne d’approvisionnement, tels que la technologie radio fréquence. Si les sportifs
ne sont pas assez entraînés et n’ont pas d’automatisme, le passage du témoin ne
peut s’opérer convenablement. Il en est de même dans la chaîne de distribution.
Gencod standardise les procédures de relais entre les entreprises. Même équipées
d’outils extraordinaires, certaines entreprises très performantes se retrouvent parfois
incapables de dialoguer avec leurs fournisseurs ou leurs clients ce qui entraîne de
multiples litiges. Notre travail consiste à faire disparaître les dysfonctionnements qui
résultent de ces problèmes de communication en automatisant le relais entre les
entreprises grâce à l’étiquette radio fréquence.

1- L’étiquette radio fréquence

L’étiquette radio fréquence est un système d’informations à part entière. Chaque


objet va être doté d’un système d’informations qui lui sera propre et tous les
systèmes d’informations seront reliés à tous les instruments qui pourront avoir un lien
avec ledit objet.
L’intitulé de notre présentation, « Distribution haute résolution » correspond à la
nécessité aujourd’hui, pour la distribution, de créer une visibilité générale entre
toutes les entreprises au travers des standards mis en place. Entre les acteurs, c’est
chose faite. Il faut maintenant affiner le processus de suivi à chaque objet.

2- Les intérêts par rapport au code à barres

Maîtriser une chaîne d’approvisionnement ou une relation du consommateur avec


son produit, c’est être capable de créer un relais, c’est-à-dire un lien entre ce
consommateur, l’objet qu’il a acheté, les fournisseurs et les distributeurs. Les
panélistes utilisent le code à barres comme relais. Ils traitent des millions de codes à
barres, après avoir défini les critères à retenir ainsi que la durée d’analyse, et
établissent des statistiques qu’ils transfèrent aux acteurs de la grande distribution qui
les réutilisent. Il existe donc une première étape de traçabilité grâce au code à barres
qui a été apposé sur chaque objet et permet d’établir un dialogue rudimentaire entre
objets achetés et système d’informations de l’ensemble de la chaîne de distribution. Il
faut cependant rappeler que les capacités de cet instrument sont sous-utilisées par la
distribution, à savoir environ 15 %. Les résultats enregistrés dans les caisses sont
peu et mal utilisés. Les règles de codification des données ne sont pas toujours
respectées alors qu’il s’agit d’un impératif pour l’obtention de résultats fiables et
précis.
Cette technique est utilisée convenablement en magasin mais extrêmement mal en
matière de logistique. Le marquage des cartons et des palettes par un code à barres
assurerait une optimisation de la logistique de distribution.

Heureusement, la troisième génération de communication avec l’objet est arrivée.


Toute modification d’information sur le code à barres est très lourde, cette
information étant figée sur le packaging. Avec l’étiquette radio fréquence, il y aura un
élément qui pourra être comparé à une disquette. Cette disquette, rattachée à
chaque objet, permettra à tout acteur d’effectuer une modification de son contenu par
une simple entrée en contact. Les perspectives d’utilisation sont extraordinaires.

3- Le réseau des choses

Marc Weiser, inventeur de la notion d’informatique diffuse et de la notion


d’informatique apaisée, estime qu’il est très compliqué de faire fonctionner son
ordinateur car l’apprentissage de son utilisation n’est pas instantané. Bien que la
capacité d’apprentissage des enfants soit plus rapide que celle des adultes, cet
apprentissage n’est pas plus aisé pour eux compte tenu du fait qu’ils ne lisent pas les
notices d’information et perdent donc du temps.
Cet inventeur a eu une vision sur le sujet : il a eu la certitude que nous allions être
pourvus d’un nombre considérable d’instruments miniatures qui nous permettraient
d’entrer en contact avec les objets. En effet, aujourd’hui, le téléphone portable est
constitué d’un PDA, d’un lecteur, d’un appareil photo. Nous avons un ensemble
d’outils qui permettent de capter l’information, de la transmettre et d’obtenir d’autres
informations en retour. L’application est tout aussi possible dans le cadre du foyer,
dans un magasin, dans la rue.

L’étiquette radio fréquence va répondre à toutes les questions que le détenteur de


cette technologie pourra se poser. Lorsqu’il croisera une personne ayant un objet
susceptible de l’intéresser, il enregistrera les informations de l’étiquette radio
fréquence sur son téléphone portable et obtiendra en retour l’origine du produit, son
prix… Il semble que nous soyons en pleine science-fiction. Il est évident que toute
technologie peut en même temps libérer l’individu et lui imposer des contraintes.

Dans cet univers où les micro-ordinateurs, les nano-ordinateurs doivent être de plus
en plus présents, Marc Weiser parle de « poussières intelligentes ». Une entreprise
américaine a par exemple émis l’idée de lancer des « poussières intelligentes » dans
les forêts. Les puces pouvant dialoguer entre elles et transmettre l’information, elles
alerteraient les autorités au moindre départ de feux de forêt.
La réflexion lancée par cet inventeur a particulièrement fait avancer les choses dans
l’analyse de l’utilisation de cette technologie au sein de la distribution.

Apposer un ordinateur sur chaque objet entraîne un coût ; en comparaison au code à


barres qui ne coûte rien puisqu’il est intégré au packaging sauf si l’on rajoute une
étiquette, ce qui revient à environ 1 centime d’euro de plus (pour les produits à poids
variable), l’étiquette radio fréquence coûte environ 30 centimes d’euro à l’unité.
Son mode de production fera varier sensiblement son coût.
Trois éléments fondamentaux vont entraîner une diminution considérable de celui-ci :
• La capacité de stockage de l’étiquette qui représente 30 % de son coût et les
fonctionnalités qui lui seront attribuées feront varier son coût final ;
• La production en masse ;
• La loi Moore : l’augmentation par deux de la capacité informatique et des
performances tous les 18 mois.

Il faut rappeler que minuscule, en termes de stockage de l’information, l’étiquette


radio fréquence nécessite toutefois une antenne, qui prendra un peu de place, pour
permettre la communication avec l’extérieur.

Les acteurs internationaux ont décidé qu’il fallait régler la question du coût en
diminuant le contenu. Ils ont inventé le code EPC (Electronic Product Code), dérivé
du premier code à barres créé, l’UPC (Uniform Product Code) : il s’agit d’un numéro
qui référence le produit et qui l’identifie de façon unique. Pour des millions de
produits identiques sortant des chaînes de fabrication, chaque unité aura un numéro
séquentiel spécifique. Une gestion par codes à barres nécessiterait une étiquette
différente par produit ce qui entraînerait un coût très important. L’outil électronique
que représente l’étiquette radio fréquence permettra, sur le long terme, une gestion
efficace et rapide. Un réseau doit être associé à ces étiquettes afin de pouvoir
exploiter les éléments enregistrés et les mises à jour nécessaires. Par voie de
conséquence, l’informatique devra être accessible partout afin de pouvoir traiter les
produits. Les usines de Procter & Gamble, de Cogate ou Gillette installent des
capteurs afin que le suivi des produits puisse s’opérer. Le magasin test Metro de
Düsseldorf a été équipé d’antennes permettant de détecter la présence, l’absence, le
mouvement d’un produit.
Nous aborderons ultérieurement le problème posé par la relation de cause à effet
entre le suivi du produit et le sentiment que le consommateur peut avoir d’être suivi,
espionné lui aussi.

Le réseau va permettre de centraliser en un point donné le contrôle de l’ensemble


des déplacements d’un produit sur toute la chaîne d’approvisionnement : du
producteur, en passant par le centre de stockage et le centre de distribution et enfin
au magasin.

Il existera de nombreuses applications :

• la visualisation des circuits de distribution des produits de luxe, par exemple,


sera facilitée. Un commercial, à l’autre bout du monde, pourra, à l’aide de son
téléphone portable, savoir immédiatement si le produit qu’il a sous les yeux
est dans le pays et le magasin où il doit se trouver, s’il n’y a pas eu de
problème de distribution, s’il ne s’agit pas d’une contrefaçon – dans la mesure
où deux produits portent la même référence ;

• la sécurité alimentaire sera renforcée pour les produits agro-alimentaires


grâce à une traçabilité sans faille.

Les entreprises seront capables de monter leur propre réseau pour contrôler leurs
propres produits. Tous les réseaux devront être reliés entre eux, d’où la nécessité de
constituer un « Internet des réseaux », afin de permettre une connexion entre les
entreprises ; un maillage de contrôle des objets deviendra indispensable : une
enseigne possédant un réseau lui permettant de couvrir l’ensemble de ses magasins
devra pouvoir se connecter aux réseaux créés par l’ensemble de ses fournisseurs.

La technologie de l’étiquette radio fréquence date d’environ trente ans. Faute d’une
réduction de son coût de fabrication, il était impossible de l’utiliser à grande échelle.
EPC Global, un organisme qui est une émanation du MIT, a donc été créé. Il a défini
des standards permettant d’atteindre un coût d’étiquette radio fréquence très bas (en
deçà de dix centimes d’euros) et par là même son utilisation à grande échelle.
Gencod est diffuseur du code à barres ainsi que de la technologie d’EPC Global.

A l’issue de cette présentation, le panorama et le concept doivent être maintenant


plus clairs pour vous. L’application d’étiquette radio fréquence ne répond pas tout à
fait à nos rêves d’il y a quatre ans, soit une étiquette de plusieurs giga-octets dans
laquelle le dialogue est infini ; mais cette étiquette va quand même permettre d’ouvrir
le dialogue. Après ces années de développement du MIT, nous avons abouti à un
code à barres électronique. Il aura fallu, malgré sa simplicité, un certain temps avant
d’en arriver à cette évolution.

Analysons maintenant ce qu’il est possible de faire et de ne pas faire avec cette
technologie.

4- Les avantages et les limites du RFID

Il est possible d’interagir. A la grande différence du code à barres totalement inerte –


si je ne le dirige pas vers son instrument de lecture rien ne se passe –, dès que
l’étiquette radio fréquence passe dans le champ d’émission, elle ouvre
automatiquement le dialogue avec son lecteur potentiel. Par exemple, si une
étiquette radio fréquence est apposée sur une palette, il n’est plus nécessaire de
tourner la palette sur le convoyeur pour qu’elle soit face au lecteur afin de permettre
sa lecture. Il n’y a plus de manipulation, ce qui réduit considérablement les coûts en
termes de logistique. Dans le secteur du textile, un entrepôt a mis en place ce
système afin de faciliter ses inventaires. Le passage d’un salarié permet d’effectuer
l’inventaire sans manipulation. En l’absence de visualisation des étiquettes de codes
à barres, ce type de fonctionnement n’était pas permis. Grâce à ces simples gains de
non-manipulation, d’automatisation de la lecture en entrées et en sorties de tout
entrepôt, Wal-Mart a estimé qu’il était possible d’économiser quelque huit milliards de
dollars par an. Cette estimation est à ramener à l’échelle américaine mais il y a une
réalité concernant l’intérêt de cette technologie et l’allégement du travail en entrepôt.
De plus, les entreprises comme Wal-Mart insistent sur la fiabilité du processus. Si à
chaque mouvement du produit dans l’entrepôt, il y a un enregistrement précis,
l’intérêt en termes de traçabilité, de suivi de flux et de fabrication des stocks
théoriques en permanence, est incontestable. Il permet, entre autres, d’éviter toute
rupture de stock en magasin.

Par contre, avec cette technologie, il n’est pas possible de lire les étiquettes en
volume. Cette opération est irréalisable car la lecture dans un volume ne permet pas
aujourd’hui une lecture de 100 % des étiquettes. En connaissant le nombre
d’étiquettes à lire et en laissant au lecteur un certain délai – trente à quarante
secondes – d’analyse, il serait peut-être envisageable d’obtenir un résultat. Mais ce
dernier ne serait absolument pas fiable. La marge d’erreur étant d’environ 20 % de
produits non lus, les résultats restent trop incertains.

Cette nouvelle technologie suscite, comme nous l’avons évoqué précédemment,


différentes interrogations.

5- Le consommateur

En ce qui concerne le consommateur, il est détenteur d’un certain nombre d’objets


électroniques qu’il maîtrise comme le téléphone portable, le PDA, le lecteur MP3.
Mais en France, la CNIL s’est interrogée sur le fait qu’une entreprise puisse avoir en
sa possession des fichiers de noms de consommateurs associés aux produits qu’ils
ont acquis ; que lesdits consommateurs n’ont pas souhaité faire désactiver les puces
de ces produits parce qu’ils envisagent de les revendre par exemple sur eBay avec
l’assurance de pouvoir régler tout problème de service après-vente…
Le consommateur, à ce moment-là, entre dans une logique de traçabilité d’individu.

Aujourd’hui, de nombreuses réflexions sont menées sur la meilleure manière


d’informer le consommateur sur le fonctionnement de ces étiquettes, leur utilisation à
titre personnel. Comment lui donnerait-on accès au réseau ? Les directives
concernant la traçabilité édictées par la Communauté européenne sont claires : la
responsabilité du propriétaire d’un produit prend fin à la sortie du magasin. Il n’y a
aucune responsabilité après le transfert de propriété. Il manque un élément dans le
chaînon de la transparence, de la volonté d’information du consommateur. En lui
donnant accès au réseau, il sera peut-être enfin rassuré sur les produits qu’il achète.
Finalement, le consommateur subit-il cette informatique diffuse ? Ou se localise-t-il
en son centre et la maîtrise-t-il ? Si en France, l’ensemble de la législation
concernant l’utilisation des fichiers informatiques est relativement rigoureux et ne
suscite donc que peu de débats, il n’en est pas de même aux États-unis.

6- Les perspectives

En 2004, nous en sommes pour le moment à une utilisation essentiellement interne


et dans une phase de tests. Un laboratoire a été ouvert pour tester les étiquettes
mises sur le marché ; il permet de mesurer les capacités de fonctionnement, la
fiabilité. Ces tests ont permis de constater l’incapacité à la lecture en volume.

Trois distributeurs importants ont fait des annonces fracassantes :

• Metro, pour le 1er novembre prochain, exige de ses cent premiers fournisseurs
la livraison de palettes marquées avec au moins une étiquette radio fréquence
sur chaque palette. Si l’on ramène le coût de l’étiquette à la valeur de la
palette et son contenu, cette opération est réalisable ;

• Wal-Mart exige la même chose à partir du 1er janvier 2005 ;

• Des entreprises comme L’Oréal, Thomson ou Danone avancent effectivement


dans cette perspective, ainsi que Tesco et Target.

L’usage de l’étiquette radio fréquence reste donc un usage logistique d’entrepôt. Ces
différentes opérations représentent déjà des millions d’étiquettes mais d’ores et déjà,
nous savons que les fournisseurs de puces pourront répondre à la demande. Avant
2010, la perspective d’une généralisation de cette technologie en matière logistique
est assurée et au-delà de cette orientation spécifique concernant les
approvisionnements, nous verrons apparaître des étiquettes radio fréquence sur les
produits de luxe pour des raisons de traçabilité, par les fournisseurs eux-mêmes.

Les perspectives 2015-2020 portent sur des pistes de travail qu’il faut explorer :
celles de l’utilisation de ces étiquettes comme outils anti-vol. Nous avons beaucoup
parlé de l’étiquette en tant que moyen de communication en termes de codification,
de repérage du produit. Il y a effectivement un autre aspect : l’unification, la fusion de
l’étiquette anti-vol avec l’étiquette d’identification, ce qui démontre le rapprochement
des deux modes d’utilisation de cette technologie.

Entre la création du code à barres en France en 1977 et sa généralisation, il s’est


écoulé quinze ans.
Une technologie de ce type, qui met en relation de nombreux acteurs dans la chaîne
d’approvisionnement mettra un temps certain à se diffuser. Ce réseau de distribution
au plan global n’est encore qu’en cours de construction.

Gencod joue aujourd’hui un rôle important dans ce débat. Le comportement des


consommateurs de pays occidentaux ne correspond pas du tout à celui des
consommateurs chinois qui ont probablement, on peut l’imaginer, d’autres attentes,
d’autres problématiques. Il en sera de même au Moyen-Orient ou en Afrique. Des
comportements complètement différents vont apparaître et ce paramètre devra être
pris en compte par les distributeurs globaux.

Il faudra être attentif car cette standardisation, ce langage commun, cette maîtrise
des technologies détenus, maîtrisés par un seul pays ou une seule puissance
économique signifieront que ce pays ou cette puissance économique détiendra les
clefs du contrôle de l’ensemble de la distribution. Même si l’analyse est poussée un
peu loin, l’interrogation existe et quelques acteurs de la distribution se demandent
pourquoi Wal-Mart a tant investi, où en est-il ?
Débat avec la salle

Un intervenant dans la salle :

Que se passera-t-il si quelqu’un cherche à s’introduire dans le réseau pour falsifier


les données ?

Pierre Georget :

C’est aussi un des enjeux que nous n’avons pas eu le temps d’évoquer. Aujourd’hui,
VeriSign, entreprise qui attribue les « .com » au plan mondial et connue pour les
certificats de sécurité qu’elle délivre, a proposé d’être au cœur du réseau. Elle
envisage à la fois d’animer le réseau et d’assurer sa sécurité tout en délivrant à tout
acteur de la distribution une clef d’accès au réseau.
Revenons à la dernière évocation de l’exposé : il est possible de sécuriser sur un
plan global, mais dans ce cas, celui qui attribuera l’élément de sécurité contrôlera
aussi le réseau. Or c’est toujours le même débat : à partir du moment où notre
sécurité est confiée à quelqu’un, ce quelqu’un nous maîtrise totalement.

Un intervenant dans la salle :

Contrairement au code à barres qui existe physiquement, peut-on faire varier le


contenu de l’étiquette radio fréquence ?

Pierre Georget :

C’est pour cela que le choix de la simplification a été retenu. Il n’y a qu’un seul
« contenu » écrit par le fournisseur. Ensuite, il n’est pas modifiable par les autres
acteurs. Cela ne résout pas la question de l’accès au réseau qui détient les
informations sur le produit en question. Ce qui nous préoccupe plus aujourd’hui c’est
le fait que quelqu’un pourrait s’introduire dans le réseau, comme vous le dites, et
aller modifier les informations qui décrivent le produit qui sont dans les bases de
données puisqu’il n’y a rien dans l’étiquette. C’est la protection des bases de
données qui contiennent l’information qui est beaucoup plus sensible.

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