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INTRODUCTION

Le mode d’organisation traditionnelle de la ville


traditionnelle a presque disparu aujourd’hui de la majeur partie de
la planète particulièrement dans le mode occidental, sous l’effet de la
séparation croissante entre travail intellectuel et travail manuel.
Cependant, dans le contexte algérien, ces centres anciens demeurent
conviviaux du fait qu’ils cohabitent avec le savoir-être ancestral
encore vivant. Ils sont pourvus de richesses tant économiques que
symboliques. Ils véhiculent l’histoire sociétale, urbaine et
architecturale du lieu. En d’autres termes, ils sont le porteur de
mémoire collective. Ce patrimoine est considéré par certaines
organisations comme un droit inhérent aux droits de l’Homme.
Il s’agit essentiellement des villes de
l’occident médiéval, des ksour et des
médinas du monde musulman et les Iran
établissements humains des civilisations
en Asie: la Chine, le Japon, l’Iran
antique etc .
En Europe, elle désigne aussi les
ensembles humains précédant
l'âge classique et l’apparition
des états-nations modernes.
Japon

La ville de Yazd (Iran). L’eau est amenée en ville par


un système de qanats. Les artères de la ville
historique de Yazd sont construits pour répondre au
climat désertique rigoureux. Ainsi, l’ombre est créée
Golden Pavilion, kyoto (14 par l’orientation et l’étroitesse des rues et la hauteur
ème siècle) : temple Zen des murs. Les différents éléments typologiques de
son architecture (murs, arches, voûtes et dômes)
La maison traditionnelle japonaise, en bois et aux planchers surélevés et sont construits en terre.
aux espaces libres, et très ouverte sur la nature. La caractéristique la
plus surprenante de l'architecture japonaise traditionnelle est la
juxtaposition délibérée des oppositions pour créer un effet excitant.
L’exeburance ornementale contrastant avec la modestie frugale.
Caractéristiques formelles
L’observation superficielle d’une ville traditionnelle montre un caractère
d’unité inégalé par rapport aux ensembles urbains contemporains. En fait, elle est
façonnée par une histoire, des modes de vie de société, des pratiques urbaines et de
dialogue entre les habitants. Ce centre ancien a la caractéristique d’être le lieu où
les dynamiques urbaines, sociales et économiques sont les plus fortes.
La ville traditionnelle est une portion de l’histoire du lieu, elle est une
portion de la société, elle est une portion de la vie des habitants. Chaque ville
traditionnelle a son contexte comme chaque personne a son contexte et ces
contextes ont plus de pouvoir que la ville elle-même.

En général, cette unité repose sur quelques traits fondamentaux.


Le système des voies des ensembles urbains
traditionnels est basé sur une très forte hiérarchie des
rues et des places: rue(s) principales(s), ruelles et les
impasses pour desservir les lieux d’habitation.
Le caractère unitaire de la ville traditionnelle
n’est pas seulement le fait du système des voies,
l’architecture elle-même y joue un rôle prépondérant.
Exemple de la stratégie de la maison à patio et son rôle
de régulateur thermique
Vieille-ville (Déchra) de Ménaa Hiérarchisation de l’espace :
Rue, ruelle, impasse , maison.
Ksour du M’zab
Souk: espace
profane flanque les
espaces sacrés.

Cité entourée de remparts,


organisée selon un plan
radioconcentrique et bâtie sur une
colline rocailleuse pour protéger la
palmeraie

Tour de guet pour


guetter et observer le Au sommet de la crête la mosquée et en
mouvement du Oued descendant les habitations (espaces sacrés):
M’zab . aucune vue sur la terrasse du voisin.
Les matériaux de construction sont souvent les mêmes et
tirés du terroir, les ouvertures (portes et fenêtres), par leurs
formes et leurs dimensions, mais aussi les toitures, présentent
des formes apparentées. A noter que l’architecture de ces villes
est d’une sobriété très poussée, pas d’éléments décoratifs sur les
façades qui sont généralement aveugles pour le cas des médinas
et des ksour pour des raisons d’adaptation au climat et de
préservation de l’intimité. Aucune maison est différente de
l’autre. Cela découle de l’esprit égalitaire de l’Islam.

Le dernier facteur contribuant au caractère unitaire des


ensembles urbains traditionnels est le « temps».
Architecture au M’zab
Une unité remarquable, les ensembles urbains traditionnels forcent
l’admiration des spécialistes et des profanes, par leur diversité et leur
caractère pittoresque.
Les villes traditionnelles ne se ressemblent jamais, entre elles.
Chaque ville constitue en soi un monument unique. Leurs formes dépendent
des pratiques socioculturelles, des régions, des sites et des climats. Par
exemple, dans les ksour de Ghardaïa, la mosquée, avec son minaret obélisque,
occupe une place centrale dans le tissu et les ruelles sont uniquement
réservées pour la servitude des habitations et de la mosquée, le souk est loin
des habitations (Excentré). En d’autres termes, séparation du sacré du
profane. Dans la médina de Constantine, les activités commerciales occupent
les ruelles et les placettes.
Une telle façon de faire n’est désormais plus possible dans
l’urbanisme moderne, appelé aussi urbanisme descendant, souvent détaché
des réalités et des identités locales
LOGIQUE DE PRODUCTION DE L’ESPACE URBAIN TRADITIONNEL

En fait, la ville traditionnelle échappe à toute doctrine urbanistique, à


tout pouvoir extérieur à la cité et qui dicterait ses lois et ses règles.

La production de l’espace traditionnelle n’obéit à aucune directive. Les


espaces ne sont pas là pour frapper les esprits par leur qualité esthétique.
L’usage de l’espace est principalement d’ordre utilitaire.

A titre d’exemple, les rues sont de véritables «cheminement » tracés par


des habitudes et non pas par un tracé régulateur. Le parcellaire n’a rien à voir
avec la « rationalité » du lotissement moderne » . Le plan d’une ville
traditionnelle, est le produit des usages, des coutumes, des droits acquis, des
héritages et des servitudes et aussi de participation effective des habitants dans
l’art de bâtir.
La ville se construit empiriquement, intégrant, au fur et à mesure
l’habitation, l’activité commerciale et artisanale, les lieux de circulation,
d’échange et d’incarnation du pouvoir politique, et des croyances
religieuses : marché, mosquée, palais.
La cohésion et l’originalité des formes traditionnelles s’expliquent
aussi par la cohésion sociale qui apparaît à travers des pratiques, des
croyances, des modes de vies et des expressions culturelles, partagés par
toute la communauté. Dans les maisons à patio (La Casbah d’Alger, la
Médina de Constantine), plusieurs familles vivent en communauté, en
partageant le patio, un espace commun.
Dans la ville traditionnelle, production et création, objet
ordinaire et objet d’art, savoir et savoir-faire sont inséparables.
Configuration des maisons à Ménaâ

 Utilisation des matériaux locaux


(Adobe )
• Murs aveugles ( architecture
introvertie)
• Ruelles étroites
 Adaptation au terrain
Vue sur la Souika
Ksar El Bey : cour
intérieure

Ruelles marchandes

Médina de Constantine
Maison à patio
Ksar Boussaâda

Ruelle couverte pour


Utilisation de la pierre et le bois dans les constructions protéger les passants
contre le soleil
La Casbah d’Alger

Ruelle étroites profitant de la


Le commerce au RDC
fraicheur de la mer

Ruelle étroite: dessert des maisons Utilisation du bois dans la construction: Maison à patio, lieu où vivent
encorbellement avec ses équerres ensemble plusieurs familles
Le mode traditionnel d’organisation de l’espace répond à des conditions
particulières d’organisation du travail et de société et ne peut être généralisé pour
au moins les raisons suivantes :
• il est impossible de copier les villes traditionnelles, sauf à produire des coquilles
vides;
• le procès ayant produit les villes traditionnelles est complètement étranger à la
démarche de l’urbanisme contemporain;
• le mode d’organisation traditionnelle de la ville, a presque disparu, aujourd’hui,
dans la majeur partie de la planète, sous l’effet de la séparation croissante entre
travail intellectuel et travail manuel.
• Suite à l’évolution socioéconomique de la société, la ville traditionnelle n’arrive
plus à subvenir aux besoins contemporains des usagers en termes d’espace et de
confort d’où elle ne cesse de subir dénaturation et dégradation de son cadre bâti.
En conséquence, le processus de patrimonialisation, qui est une revendication
des habitants, doit être engagé pour la sauvegarder et ainsi la valoriser .
Interventions des usagers sur le tissus traditionnel en utilisant le béton et la
brique rouge : Ménaâ ( wilaya de Batna )
Situation de l’Etat du tissu urbain au M’zab
Aussi, certains ksour qui rayonnent sur leurs territoires par les lieux de
culte (La Zaouïa par exemple ), le centre d’échanges et l'oasis qui permet la
pratique de l'agriculture, sont en train de perdre leurs cachets ksouriens .
Ces ksour sont en fait en compétition déloyale avec les villes
contemporaines qui se sont dotées d’autres fonctions: industrielle (Ouargla,
Ghardaïa), militaire (Ouargla et Touggourt) et de services (Ouargla, Touggourt et El
Oued).
Ces nouvelles fonctions ont permis de faire la ville autrement (Formes
urbaines, typologie d'habitat, matériaux de construction…). En conséquence, la
cité éclate, le béton envahit les palmeraies, les remparts disparaissent, des
habitations nouvelles se construisent extramuros, une agglomération moderne
éclatée se substitue au ksar compact aux rues couvertes et étroites. En d’autres
termes, la triptyque (Oasis, ksar, eau) sur laquelle est fondée l’oasis saharienne
est en train de pâtir. La question suivante résume la crise de la ville au Sahara.
« Peut-on maintenant parler de villes sahariennes ou de villes au Sahara ? »
La palmeraie (au fond) de la ville de Ghardaïa
est menacée par l’avancement du béton
La vétusté avancée du
cadre bâti des vieilles-villes
La Médina
de Constantine

La Casbah d’Alger

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