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~ ,Aspectsde la politique culturelle

r I

.

de ~Algérie-
Sid-Ahmed Baghli
Politiques culturelles :études et documents
Dans cette collection
Réflexionspréalables SUT les politiques culturelles
L a politique culturelle aux &tats-Unis, par Charles C. Mark
Les droits cultlrrels en tant que droits de l’homme
La politique culturelle au Japon, par Nobuya Shikaumi
Aspects de la politique culturelle française,par le Service des études et recherches du
Ministère des.affaires culturelles, Paris
La,politique culturelle en Tunisie,par R a a Said
L a politique culturelle en Grande-Bretagne,par Michael Green et Michael Wilding, en
consultation avec le professeur Richard Hoggart
L a politique culturelle en Union des républiques socialistes soviétiques, par
A. A. Zvorykine,avec le concours de N. I. Goloubtsova et E.I. Rabinovitch
L a politique culturelle en Tchécoslovaquie,par Miroslav Marek, avec le concours de Milan
Hromádka et Josef Choust
L a politique culturelle en Italie. $tude effectuee par les soins de la Commission nationale
italienne pour l’Unesco
L a politique culturelle en Yougoslavie,par Stevan MajstoroviC
La politique culturelle en Bulgarie,par Kostadine Popov
L a politique culturelle à Cuba,par Lisandro Otero, avec le concours de Francisco Martinez
Hinojosa
Quelques aspects des politiques culturelles en Inde, par Kapila Malik Vatsyayan
Lapolitique culturelle en Finlande. ktude effectube par les soins de la Commission nationale
finlandaise pour l’Unesco
Lapolirique culturelleen ggypte,par Magdi W a h b a
L a politique culturelle en Pologne, par Stanislaw Witold Balicki, Jerey Kossak et
Miroelaw Zulawski
L a politique culturelle en Iran, par Djamchid B e b a m
L a politique culturelle au Nigéria, par T.A. Fasuyi
L a politique culturelle à Sri Lanka, par H.H.Bandara
Le rôle de la culture dans les loisirs en Nouvelle-Zélande,par Bernard W.Smyth
La politique culturelle au Sénégal,par Mamadou Seyni MBengue
L a politique culturelle en République fédérale d’Allemagne
L a politique culturelle en Indonésie. Étude réalisbe par la Direction générale de la culture,
Ministere de l’bducation et de la culture de la République d’hdonbsie
L a politique culturelle en Israël, par Joseph Michman
L a politique culturelle aux Philippines, Étude r6digée sous les auspices de la Commission
nationale des Philippines pour l’Unesco
L a politique culturelle au Libéria,par Kenneth Y.Best
L a politique culturelle en Roumanie,par Ion Dodu Balan
L a politique culturelle en Hongrie. $tude menee sous les auspices de la Commission nationale
hongroise pour l’Unesco
L a politique culturelle en République-Uniede Tanzanie,par L. A. Mbughuni
L a politique culturelle au Kenya, par Kivuto Ndeti
L a politique culturelle en République démocratique allemande,par Hans Koch
L a politique culturelle en République unie du Cameroun, par J. C. Bahoken et
Engelberte Atangana
Aspects de la politique culturelle au Togo,par K.M.Aithnard
L a politique culturelle en République du Zaire. $tude préparée sous la direction du
Dr Bokonga Ekanga Botombele
L a politique culturelle en Afghanistan, par Sha6e Rahe1
L a politique culturelle au Ghana. $tude préparbe par la Division culturelle du Ministhe
de l’éducation et de la culture, Accra
Aspects de la politique culturelle de l’Algérie,par S i d - b e d Baghli
Publié en 1977 par l'Organisation
des Nations Unies pour l'éducation,
la science et la culture
7, place de Fontenoy, 75700 Paris
Imprimerie des Presses Universitaires
de France

ISBN 92-3-201474-2
ad. anglaise 92-3-101474-9

0 Unesco 1977
Préface

L e but de cette collection est de montrer c o m m e n t divers États membres


planifient et appliquent leur politique culturelle.
Les politiques culturelles sont aussi diverses que les cultures elles-
m ê m e s ;il appartient à chaque État m e m b r e de déterminer et d’appliquer
la sienne, compte tenu de sa conception de la culture, de son système socio-
économique, de son idéologie politique et de son développement techno-
logique. Néanmoins, les méthodes de la politique culturelle ( c o m m e celles
de la politique générale du développement) posent des problèmes universels
- principalement d’ordre institutionnel, administratif et financier -
et l’on reconnaît de plus en plus la nécessité d’échanges d’expériences
et d’informations à leur sujet. Les publications de la présente collection
- dont on s’est efforcé d’uniformiser autant que possible la présentation
afin de faciliter les comparaisons- portent essentiellement sur ces aspects
techniques de la politique culturelle.
En règle générale, les études traitent des questions suivantes :principes
et méthodes de la politique culturelle, évaluation des besoins culturels,
structures administratives et gestion, planification et financement, organi-
sation des ressources, législation, budget, institutions publiques et privées,
contenu culturel de l’éducation, autonomie et décentralisation culturelles,
formation du personnel, infrastructure institutionnelle correspondant à
des besoins culturels particuliers, préservation du patrimoine culturel,
institutions de diffusion culturelle, coopération culturelle internationale
et questions annexes.
Les études portent sur des pays représentant des systèmes sociaux et
économiques, des régions géographiques et des niveaux de développement
différents. Elles reflètent par conséquent une large variété de conceptions
et de méthodes de la politique culturelle. D a n s leur ensemble, elles peuvent
fournir des modèles utiles aux pays qui n’ont pas encore mis au point
une politique culturelle. A tous les pays, et notamment à ceux qui cherchent
de nouvelles formules pour leur politique culturelle, elles permettent
de profiter de l’expérience acquise ailleurs.
Cette étude a été préparée pour l’Unesco par M. Sid-Ahmed Baghli,
directeur des Beaux-Arts, monuments et sites au Ministère de l’information
et d e la culture, Alger.
Les opinions qui y sont exprimées sont celles de l’auteur et n e sauraient
engager l’Unesco.
Table des matières

9 Introduction
11 Aspects fondamentaux de la politique culturelle
16 L e retour aux sources et la revalorisation du patri-
moine culturel
28 Structures administratives et législation nationale.
Organisation des structures culturelles
38 L a diffusion de la culture
50 L a formation et la coopération culturelle
54 Bilan et perspectives
57 elements de bibliographie
Introduction

L e concept de politique culturelle suppose une double réflexion préalable.


L’une a u niveau de la notion m ê m e de culture, qui tend actuellement à
embrasser pratiquement toute l’activité humaine et son environnement
social, anthropologique et idéologique1. L’autre a u niveau de la Snalité
de toute culture, qui doit se baser sur la prise de conscience (( qu’une
communauté humaine possède de son propre mouvement historique et en
fonction de quoi elle tend à affirmer la continuité de son être propre et à
en assurer le développement 9.
Cette dernière idée nous paraît essentielle pour poser d’emblée la
question qui nous préoccupe dans le contexte précis de l’originalité symbio-
tique de la culture et de l’histoire.
E n fait, aborder les problèmes culturels en Algérie c’est évoquer une
expérience qui dépasse peut-être la dimension d’un petit pays. Rares
sont, en effet, dans la vie de l’humanité, des peuples et des idées, les
exemples d’une culture aussi marquée par le destin. Un destin fait d’inva-
sions et d‘oppressions séculaires, mais également de résistances et d’atta-
chement farouche et étonnant à une identité culturelle plusieurs fois
millénaire. Cette évolution revêt un aspect primordial qu’il est utile
d’évoquer brièvement.
Les galets aménagés d’Ah Hanech (Sétif) attestent que la civilisation
lithique sur la terre algérienne date de plus d’un million d’années. Les
gravures et les peintures rupestres, vieilles de quelque cinq mille ans,
témoignent de la grandeur de l‘art préhistorique a u sud du pays. Mais
c’est durant les deux derniers millénaires que l’histoire du peuple algérien
l a comporté certaines constantes fondamentales :lutte pour la continuité

1. cf. :D.Paul Schafer, ((Vers un nouvel ordre mondial :l’âge culturel n, Cultures,vol. II,
no 3, 1975, les Presses de l’Unesco et la Baconnière.
2. Réflexions préaalables sur les politiques culturelles, Pans, Unesco, 1969 (PoIitíques
culturelles :études et documents, 1).
9
Introduction

nationale, foi en la justice sociale, ouverture aux courants de la civili-


sation universelle. L a tradition de résistance s’est affirmée il y a près de
vingt siècles, lors de la domination romaine; elle a continué sous les
Vandales et les Byzantins. Puis une ère décisive a c o m m e n c é au V I I siècle,
~
avec l’apparition de l’islam, qui a façonné l’unité linguistique et spirituelle,
enrichissant les traditions et la personnalité algériennes par l’apport
de la civilisation arabo-musulmane jusqu’en 1830, soit pendant mille ans
(l’organisation étatique de l’Algérie s’est renforcée, son espace géogra-
phique s’est individualisé, la culture s’est considérablement développée,
surtout à l’âge d’or des civilisations rostémide, hammadite et abdelwa-
dite). Mais l’invasion coloniale française a brutalement interrompu cette
évolution.
D e 1830 à 1954,une farouche lutte pour la survie nationale a été menée
afin de sauvegarder la société, son identité culturelle, et pour faire face à
une politique de peuplement étranger, d’occupation des terres, et à des
massacres effroyables. Sur le plan culturel, la langue arabe était pratique-
ment interdite, l’analphabétisme sévissait dans le cadre d’une vaste
entreprise d’obscurantisme où la personnalité du peuple algérien était niée.
L’ampleur inouïe des moyens mis en œuvre pendant cent trente ans
par une grande puissance européenne pour déculturer le peuple et l’assimiler
aurait dû avoir pour effet d’effacer à jamais la langue nationale, les valeurs
spirituelles et religieuses, l’histoire et la conscience nationales. En fait, le
soulèvement du ler novembre 1954 a surpris ceux qui ne croyaient pas à
la ténacité de la personnalité algérienne et à la survie de sa culture.
L e joug colonial fut secoué et la liberté arrachée en 1962. I1 ne s’agit
pas ici de célébrer un exploit mais de souligner la puissance du phénomène
culturel qui a sous-tendu pendant plus d’un siècle la volonté d’exister,
malgré la domination, les contraintes, les dévastations, les tentatives
d’étouffement et les promesses fugaces. N’a-t-on pas cru alors à la prédis-
position collective des ((indigènes )) à l’assendssement, en s o m m e à leur
(( colonisabilité ) )?

I1 y a lieu également de rappeler l’engrenage du mécanisme dialectique


de la répression et du soulèvement, de l’obscurantisme érigé en système et
de l’infaillibilité de la mémoire collective...
L’expérience de l’Algérie est, dans ce domaine, particulièrement instruc-
tive car elle révèle l’intensité de la résistance culturelle m ê m e aux m o m e n t s
les plus sombres et les plus difficiles. C’est ainsi qu’à la I.& du X I X ~ siècle
et au début du X X ~ un long effort pacifique mais têtu a déterminé (( le
destin de la société algérienne en danger de mort, son dur labeur de
reconstitution très souvent contrarié, les ressorts secrets de sa cohésion
a n o n y m e o u de sa survie combien tenace, combien précaire... 9.
Cristallisée, réduite parfois à son expression la plus essentielle et la
moins ((saisissable )), la culture est toujours restée l’âme vive de la nation.

1. Mostefa Lacheraf, L’Algérie, nation et société, p. 15 et 16, Ed. Maspero-SNED,1976.

10
Aspects fondamentaux
de la politique culturelle

La politique culturelle de l’Algérie doit être située dans le double contexte


de la lutte populaire pour l’indépendance et de la volonté de sortir du
sous-développement. E n effet, tenter d’isoler les questions culturelles des
questions économiques est une erreur o u une manière d’éluder les vrais
problèmes, car le développement est global : (( L a révolution culturelle
constitue le couronnement de notre révolution globale, fondée sur les trois
piliers que sont les révolutions industrielle, agraire et culturellel. )) Ces
trois révolutions définissent les grandes lignes et les principes du socia-
lisme et de l’épanouissement de l’homme algérien. Elles ont un contenu
démocratique et populaire qui consacre l’action du ler novembre 1954,
lorsque les masses opprimées ont pris les armes pour recouvrer leur liberté,
leurs biens spoliés et leur identité culturelle gravement menacée.
C’est dans cette longue lutte que s’est forgée une Algérie révolution-
naire, engagée dans la voie socialiste mais fidèle à elle-même. L e socialisme
est conçu c o m m e étant la seule voie à suivre pour régler les problèmes
fondamentaux de la nation, mettre un terme à l’exploitation de l’homme
par l’homme et assurer un mieux-être matériel et culturel à tout le peuple
dans le respect de sa personnalité et de ses valeurs spirituelles propres.
Selon la Charte nationale :i( L e socialisme en Algérie n e procède d’aucune
métaphysique matérialiste et n e se rattache à aucune conception d o g m a -
tique étrangère à notre génie national. Son édification s’identifie avec
l’épanouissement des valeurs islamiques qui sont un élément constitutif
fondamental de la personnalité du peuple algérien2. 1)
L e développement en Algérie vise à réaliser la promotion des masses
populaires en leur assurant l’accès à tous les bienfaits du progrès, sur les
plans matériel et culturel. I1 s’agit de poursuivre l’élimination des inégalités

1. Discours du président Boumediene, 4 juillet 1971.


2. cf. Charte nationale, ordonnance no 76-57 du 5 juillet 1976,titre I, chap. IV.

11
Aspects fondamentaux de la politique culturelle

et des contradictions qui subsistent encore au sein de la société au lende-


main de l’indépendance.
Confrontée à des tâches immenses d‘édification sur tous les plans,
l’Algérie a dû oeuvrer non seulement pour faire renaître une culture
nationale authentique dans son essence et dynamique et moderne dans son
existence et sa prospective, mais aussi et simultanément pour s’affranchir
des séquelles de la domination coloniale.

L’évaluation des besoins culturels

C’est dans ce contexte que la politique culturelle de l’Algérie doit être


analysée.
Les questions que se posaient, au lendemain de l’indépendance, les
étrangers et m ê m e certains Algériens touchaient aux problèmes de fond.
Les valeurs culturelles qui ont permis l’afhmation de la personnalité et
l’accomplissement d’un acte libérateur peuvent-elles constituer encore un
instrument d’épanouissement et de développement ? L’identité culturelle
est-elle conciliable avec la modernité à l’ère des progrès technologiques
et scientifiques ? Autrement dit, peut-on rejoindre l’idée de Péguy qui
disait que la révolution fait appel à une tradition antérieure plus profonde
que la tradition en place ? En fait, l’authenticité est devenue l’objectif
fondamental des pays qui viennent de recouvrer leur indépendance. En
s’articulant au progrès, elle permet une renaissance lucide et féconde et
s’intègre ainsi au m o n d e moderne. En effet, l’adhésion d‘une société à ses
valeurs, à son génie propre doit être dynamique. Elle ne doit pas stagner
dans les mythes o u se scléroser dans un certain mimétisme :un retour aux
sources bien compris constitue au contraire un soutien biologique inépui-
sable pour le développement.
Nous devons retrouver les sources de nos valeurs non pour nous y
enfermer mais plutôt pour opérer un inventaire critique afin d’éliminer
les éléments devenus caducs et inhibiteurs, les éléments étrangers aberrants
et aliénateurs introduits par le colonialisme, et retenir les éléments encore
valables, les actualiser et les enrichir de tous les acquis des révolutions
scientifique, technique et sociale, et les faire déboucher sur le moderne
et l’universel1.
En fait, quelques éléments fondamentaux de la politique culturelle
avaient déjà constitué des jalons importants tout a u long des dernières
décennies. A la veille du déclenchement de la guerre de libération nationale,
l’Association des ulémas et les mouvements nationalistes avaient réclamé
en vain la restauration de la langue nationale et de la culture arabo-
musulmane. L e congrès de la S o u m m a m (aoiit 1956) précisait que
l’islam doit être ouvert, universel et scientifique, et non rétrograde et

1. Symposium d’Alger sur u La culture africaine 11, p. 178,Alger, SNED,1969.

12
Aspects fondamentaux de la politique culturelle

maraboutique. L e programme de Tripoli de juin 1962 mettait l’accent


sur la culture nationale et la langue arabe considérée c o m m e langue de
civilisation et de science.
Plus tard, la Charte d’Alger souligna le principe de la scolarisation
massive, de l’arabisation et de la renaissance de l’islam. Des colloques,
des séminaires, des écrits ont également développé les thèmes de cette
politique culturelle qui se précise dans son essence et dans sa forme.
L‘idée de base peut se résumer ainsi :((fitre soi-même, être de son peuple,
être de son temps1. 1)
Finalement, le fondement idéologique de cette politique culturelle a
été clairement d é b i dans une Charte nationale qui a été soumise à un
large et démocratique débat national. Cet important document, approuvé
par le peuple algérien lors du référendum du 27 juin 1976, a été promulgué
par ordonnance no 76-57 du 5 juillet 1976. I1 d é h i t la doctrine et la
stratégie de la révolution algérienne. I1 a été complété le 19 novembre 1976
par l’adoption par le peuple de la Constitution nationale. L a Charte
nationale formule les lignes directrices d u développement et consacre
une grande place aux actions destinées à favoriser le progrès social et
culturel dont les objectifs sont précisés en collaboration avec l’ensemble
de la nation, puisque c’est à l’issue d’un débat libre et fructueux que les
grandes idées ont été défìnitivement arrêtées.
L’intervention des mass media a permis de toucher la quasi-totalité
des citoyens, qui se sont exprimés librement à travers la presse écrite, à la
radio et la télévision. Ils ont rappelé que la langue arabe est un élément
essentiel de l’identité culturelle. S a primauté n’exclut cependant pas un
ferme encouragement à l’acquisition des langues étrangères. Les mass
media ont également souligné la nécessité de poursuivre l’algérianisation
et la démocratisation de l’enseignement, qui doit être unifié. Ils ont enfin
demandé que soit multiplié l’équipement culturel pour que la radio, la
télévision, l’édition, les musées, les écoles de musique, le cinéma, le théâtre
et un réseau très fourni de bibliothèques puissent renforcer la diffusion
d‘une culture attrayante mais dont la qualité soit propre à élever le
niveau intellectuel et idéologique du citoyen.
Ces objectifs sont énoncés dans le chapitre de la Charte nationale
consacré à la révolution culturelle :
(L a révolution culturelle a un triple objectif pour aboutir à la formation
(

d‘un h o m m e nouveau, dans une société nouvelle :


)a) A f i m e r , en la consolidant, l’identité nationale algérienne et favoriser
)
le développement culturel sous toutes ses formes ;
) b) glever sans cesse le niveau de l’instruction scolaire et de la compé-
)

tence technique ;

1. Ahmed Taleb Ibrahimi, De la décolonisation b lo révolution culturelle, p. 24, Alger,


SNED.

13
Aspects fondamentaux de la politique culturelle

)
) e) Adopter un style de vie qui soit en harmonie avec les principes de la
révolution socialiste tels que d é h i s par la présente Charte.
)) I1 conviendrait d’ajouter à ces fonctions primordiales :

1) 1. Celle d’instrument d’une prise de conscience sociale et d’une action


adéquate portées toutes deux à transformer les structures archaïques
et injustes de la société ;
)) 2. Celle de lutte organisée et motivée contre le sous-développement

socio-économique du pays ;
)) 3. Celle, enfin, d’effort éducatif vigilant destiné à combattre tous les

préjugés de race, de classe, de sexe, de métier manuel, le goût de la


violence anti-sociale,le chauvinisme, les idées sectaires concernant la
culture et le m o d e de vie. Cette m ê m e dimension de la culture agira
en vue d’une plus grande solidarité avec les peuples opprimés victimes
de ségrégation ou de mépris social, avec les peuples encore exploités
o u anciennement colonisés. Pour une meilleure appréciation de leur
histoire, de leurs luttes libératrices, de leurs problèmes d’édification
nationale et le respect des cultures et civilisations différentes des
nôtres1. n

Les axa et lea moyens de la politique culturelle


Durant la dernière décennie, ces objectifs constituaient déjà le but à
atteindre. Mais la confusion et les difficultés des premières années suivant
l’indépendance n’avaient pas permis d’organiser véritablement l’action
culturelle. En effet, une des principales caractéristiques de la culture
algérienne a u lendemain d u 5 juillet 1962 était sa dépendance à l’égard de
l’influence française. L e système et l’équipement mis en place à l’époque
coloniale continuaient à dominer la vie culturelle, qu’ils conhaient dans
u n rôle réduit, équivoque et parfois m ê m e anachronique.
Depuis 1965, l’orientation générale de la politique culturelle est axée
sur quatre tâches essentielles :
1. L a revalorisation du patrimoine culturel à travers ses monuments, ses
oeuvres d’art, ses musées et surtout par le recouvrement de la langue
nationale et la démocratisation de l’éducation ;
2. L a réorganisation des structures administratives et culturelles et
l’élaboration d’une législation nationale afin d‘adapter la mission
culturelle aux options fondamentales du pays. Certains textes remon-
taient en effet à plus d’un siècle et ne répondaient plus aux objectifs
nationaux ;
3. L a promotion de la diffusion culturelle par trois actions :
u) Priorité à l’audio-visuel. I1 s’agissait d’assurer un décollage rapide
et efficace sur le plan de l’information et de la culture en dotant le

1. Extrait du chap. I du titre II de l’ordonnance no 76-57 du 5 juillet 1976 portant


publication de la Charte nationale.

14
Aspects fondamentaux de la politique culturelle

pays des moyens nécessaires pour mettre les mass media à la portée
de tous. Car, à l’ère des mass media et de leur promotion prodigieuse
a u service des populations encore marquées par l’analphabétisme,
il fallait mettre en œuvre une audacieuse politique de l’audio-
visuel dans l’intérêt de l’éducation, de la culture et de l’information ;
b) Démocratisation et décentralisation, pour diffuser la culture et
stimuler la création ;
c) Développement de la production du livre et de la lecture publique,
pour répondre aux besoins de la formation, de la recherche et de la
diffusion de la lecture auprès des étudiants et des travailleurs c o m m e
des h o m m e s de culture ;
4. L a formation et l’organisation de la coopération culturelle, pour
contribuer à l’épanouissement de la culture sur le plan national et
international.

15
Le retour aux
sources et la revalorisation
du patrimoine culturel

L’effort à déployer pour assurer la récupération de la personnalité culturelle


et la mise en valeur du patrimoine s’inscrit dans la logique d’un déve-
loppement harmonieux et global. I1 faudrait effectivement démystifier
certaines opinions prétendument d’avant-garde selon lesquelles il y a
contradiction entre le progrès et l’attachement à un patrimoine (( large-
ment dépassé ) ).

I1 s’agit évidemment d’adopter une attitude dynamique par rapport


à l’héritage culturel et de ne pas se complaire dans une contemplation
passive et nostalgique du passé. E n fait, l’effort de modernité par l’ljtihad
donne à la tradition ou taqlid un souffle révolutionnaire qui vivifie la culture
en afhrmant son authenticité et son ouverture sur le m o n d e contemporain.
Les composantes essentielles de cette politique sont l’éducation, la
restauration de la langue nationale et la mise en valeur d u patrimoine
historique.
L’éducation conditionne toute transformation sociale novatrice et
demeure le meilleur instrument de lutte contre l’obscurantisme, l’alié-
nation et les autres séquelles de la domination. C’est à travers un ensei-
gnement algérianisé, généralisé et unifié que se forme le citoyen conscient,
attaché au progrès, à sa langue et à sa culture. L a Charte nationale souligne
que (( la langue arabe est un élément essentiel de l’identité culturelle d u
peuple algérien. On ne saurait séparer notre personnalité de la langue
nationale qui l’exprime... En retrouvant son propre équilibre à travers
l’expression légitime, authentique et rationnellement outillée de son être
national, l’Algérie contribuera beaucoup à enrichir la civilisation univer-
selle tout en profitant à bon escient de ses apports et expériences D.
Appréhendée avec force et appliquée avec réalisme depuis le 19juin 1965,
la politique de récupération de la langue nationale a nécessité et nécessite
encore des efforts de longue haleine. L’arabisation, qui semblait au début
une tâche insurmontable, est apparue au fur et à mesure de sa mise en
pratique c o m m e une expérience fructueuse et une réalisation remarquable.

16
Le retour aux sources et la revalorisation
du patrimoine culturel

La politique d’arabisation et d’éducation


L e recouvrement et l’épanouissement de l’identité culturelle nécessitaient
d’abord la restauration de la langue nationale c o m m e base essentielle de
toute politique culturelle. ((C’est pourquoi, après l’indépendance, la récupé-
ration du sol et le recouvrement des attributs de la souveraineté n e pou-
vaient avoir tout leur sens sans l’afhmation de notre personnalité et de
notre culture dont la langue et l’histoire sont des composantes essentielles.
C o m m e n t n e pas reconnaître, en effet, qu’un peuple qui oublie son passé
est un peuple sans racines, donc à la merci des vents de l’histoire ? Savoir
d’où 1’011vient n’est pas moins important que savoir où l’on va, car toute
culture est à la fois un lien avec le passé et un élan vers l’avenir. Parmi
les tâches d’édification qui nous pressent de toutes parts, la récupération
et le développement de notre patrimoine culturel n e sont ni les moins urgentes
ni les moins importantes. Mais, pour exprimer cette culture dans toute son
authenticité, il n e saurait y avoir qu’un instrument :la langue arabel. 1)
Un certain nombre d’axes fondamentaux avaient été tracés durant la
dernière décennie pour guider la politique d’éducation et d é h i r les
grandes lignes des plans successifs à travers lesquels s’est matérialisée la
doctrine de l’enseignement et de l’arabisation.
Liant l’action à la réflexion, le gouvernement a lancé une vaste entre-
prise de généralisation et de démocratisation de l’enseignement. Cette
entreprise nationale, révolutionnaire et scientifique a nécessité l’algéria-
nisation des institutions, des programmes et du personnel. Au niveau
de l’enseignement primaire, la première année a été arabisée en 1965.
A partir de 1971, le français n’a plus été qu’une matière enseignée en 3e,
4e, 5e et 6 e année. En 1968, une licence de droit en langue nationale a été
instituée.
L’enseignement se veut révolutionnaire par le rythme d‘expansion.
L a priorité accordée à l’éducation par le gouvernement apparaît dans
l’évolution des effectifs et les moyens financiers exceptionnels consentis à
ce secteur. L e budget de fonctionnement est passé de 490 millions de dinars
en 1965 à près de 3 milliards en 1975, soit 14 milliards pour la décennie.
I1 représentait le tiers du budget de l’fitat en 1974/75.Les dépenses d’équi-
pement sont passées de 130 millions de dinars en 1965 à 1 milliard en 1975,
soit 6 milliards de dinars pour les dix années écoulées. Les effectifs du
cycle primaire élémentaire sont passés de 1200 O00 écoliers en 1965 à
2 750 O00 en 1975 et 3 millions en 1976.L e taux de scolarisation,qui était
en 1954 de 14 %, s’élevait à 73 % en 1975. L’Université d’Alger comptait
500 étudiants algériens au m o m e n t de la guerre de libération ; en 1975,
50 O00 étudiants ont fréquenté les universités et les écoles supérieures
algériennes d’Alger, d’Oran et de Constantine.

1. A b e d Taleb Ibrahimi, De la décolonisation h la révolution culturelle, p. 215, Alger,


SNED,1973.

17
Le retour aux sources et la revalorisation
du patrimoine culturel

L’université nouvelle a un rôle important à jouer dans le domaine de la


recherche et de la connaissance des trésors du patrimoine national, des
traditions et des coutumes, notamment pour rappeler cette appartenance
à une culture, à un peuple qui bâtit une Algérie nouvelle mais fidèle à
elle-même.
Les instituts d’Alger, Oran, Constantine, A n n a b a et Tlemcen déve-
loppent l’étude des sciences sociales et humaines pour fortifier chez le
jeune Algérien ((le sens de la mesure, l’esprit critique, le goût de la recherche,
en étayant les bases idéologiques de ses convictions socialistes et les
moyens de prospection, d’analyse et de réhabilitation de l’héritage culturel
algérien populaire et classique actuellement négligé, méconnu o u déprécié ul.
L’ex-Faculté des lettres d’Alger a donné naissance à trois instituts :
celui des langues vivantes étrangères, celui de langue et littérature arabes
et celui des sciences sociales (philosophie, sociologie et psychologie).
Cependant, une place de choix est accordée aux matières scientifiques et
techniques, qui bénéficient d’une priorité certaine, en raison notamment
des besoins de l’économie algérienne et des options du pays. C’est ainsi
que, dans la seule année 1970, une école polytechnique d’architecture
et d’urbanisme, une école nationale vétérinaire ainsi que six instituts de
technologie ont vu le jour.

Lutte contre l’analphabhtisme

Pour diffuser la connaissance et l’utilisation de la langue arabe, des initia-


tives ont été prises dans le cadre de la lutte contre l’analphabétisme
au sein des entreprises, des édifices du culte et, a u niveau élémentaire,
une action de masse a été menée en vue de l’alphabétisation généralisée
dans toutes les structures organisées de la société. U n centre national
d’alphabétisation, dont le rôle d’animation et d’orientation est important,
a été créé à cette fin. Les résultats de cette politique ont touché 500 O00 tra-
vailleurs et ont permis de tenter une expérience avec la collaboration
du PNUD et de l’Unesco. L e Centre national d’alphabétisation a mis
en route un programme expérimental considéré par l’Unesco c o m m e un
projet pilote susceptible d’être généralisé dans le cadre du programme
mondial d’alphabétisation.
L a formation des alphabétiseurs, entreprise avec le précieux concours
des moyens audio-visuels, en particulier de la radio-télévision et de l’édu-
cation nationale, a permis d’enregistrer des résultats encourageants dans
le domaine de la formation extrascolaire. I1 s’agit d’appliquer ((un système
qui, partant de l’alphabétisation et des moyens d’enseignement et de
culture les plus divers, puisse couvrir tous les niveaux d’éducation ))
et qui vise essentiellement la promotion des masses laborieuses.

1. Charte nationale, titre III, chap. I.

18
Le retour aux sources et la revalorisation
du patrimoine culturel

Au total, le Ie* Plan quadriennal a permis l’alphabétisation, fonc-


tionnelle ou autre, d’environ 1 100 O00 personnes, à raison d’un million
d’alphabétisés par le CNA et 100 O00 par les unités industrielles, dans le
cadre de l’alphabétisation fonctionnelle. U n e étude partielle donne, selon
les secteurs d’activité :50 O00 alphabétisés dans le secteur agricole d’auto-
gestion; 250 O00 dans le secteur agricole traditionnel; 30 O00 dans les
mines, l’énergie et l’industrie ; 10 O00 dans le bâtiment et les travaux
publics ; 10 O00 dans les transports ; 50 O00 dans le commerce ; 50 O00 dans
l’administration ; 250 O00 femmes au foyer (télévision) et 30 O00 jeunes
de dix à dix-neufans.
Mentionnons enfin le rôle considérable du Centre national d’ensei-
gnement généralisé (CNEG), qui permet à tous ceux qui ne sont pas inscrits
dans les établissements scolaires de préparer des examens et des diplômes
grâce à des cours par correspondance. Mais ce sont certainement la radio-
télévision et les mass media en général qui ont le plus contribué à vulgariser
la langue parmi les masses et qui ont constitué le support le plus efficace
de l’œuvre entreprise.
L’arabisation de l’environnement lors de la Campagne d’octobre 1976
a donné aux villes et à la capitale un visage plus authentique et créé les
conditions opportunes d’une initiation quotidienne à l’écriture arabe.
I1 s’agissait tout simplement d’écrire dans la langue nationale les noms
des rues, des places, des magasins et des autres lieux publics.
L a langue nationale s’adapte peu à peu aux besoins de la société
actuelle et devient progressivement l’instrument de travail dans la vie
administrative, économique et sociale.

Sauvegarde et mise en valeur


du patrimoine culturel

C o m m e dans d’autres secteurs de la vie socio-économique,et peut-être


de façon plus grave encore, les séquelles de la domination coloniale ont été
dramatiques dans le domaine de la recherche archéologique et historique,
de la protection de certains monuments et de la promotion des arts d’une
manière générale. Au lendemain de l’indépendance on pouvait compter
sur les doigts de la main les Algériens ayant reçu une formation scientifique,
technique et artistique. D e nombreux monuments étaient abandonnés
ou occupés par des (( squatters )) qui dégradaient de prestigieux palais,
tel celui du dey d’Alger au sommet de la Casbah. Enfin, la meilleure partie
des collections du Musée national des beaux-artsd‘Alger avait été transférée
au Musée du Louvre à la veille de l’indépendance.
L a Sous-Directiondes beaux-arts du Ministère de l’éducation nationale
s’est attelée avec de modestes moyens à une immense tâche de recensement,
de codification et de protection du patrimoine monumental. Devant la
multitude des problèmes qui se posaient, l’essentiel des activités a consisté

19
Le retour aux sources et la revalorisation
du patrimoine culturel

à sauvegarder de prestigieux ensembles antiques c o m m e ceux d’Hippone,


Timgad, Djemila, Tipaza et Mansoura (Tlemcen). L a récupération des
œuvres d’art qui se trouvaient en France a constitué une autre priorité
pour l’Algérie indépendante. Après de longues négociations, le gouver-
nement a obtenu la rétrocession en 1969 de 156 tableaux et de 136 dessins,
qui ont été restitués au Musée national des beaux-arts d’Alger.
En décembre 1967, la législation nationale en matière de beaux-arts
a été promulguée sous la forme d’une ordonnance relative aux fouilles et
à la protection des sites et m o n u m e n t s historiques et naturels. Cette
réglementation moderne et efficace est un outil précieux pour la sauvegarde
du patrimoine. Elle a institué une commission nationale ainsi que des
commissions à l’échelle de chaque wilaya ou département. Enfin, la liste
des m o n u m e n t s classés publiée en annexe à ce texte révèle la richesse et
la variété des biens culturels et des témoignages m o n u m e n t a u x d’un
passé plusieurs fois millénaire.
Trois mesures législatives ont été prises en application de l’ordonnance.
L a célèbre vallée d u M’Zab (arrêté du 28 juin 1969)’ dont l’architecture
exemplaire et le site impressionnant constituent un ensemble culturel
mondialement connu, a été classée. U n atelier spécialisé, subventionné
par l’fitat, a été créé pour veiller à la sauvegarde de la pentapole qui s’y
trouve. L e deuxième classement (décret no 72-168)assure depuis 1972
la protection du Parc national du Tassili, site prestigieux où l’homme
et la nature ont conjugué leur génie pour créer un musée en plein air
d’art et de préhistoire. L’Office du Parc national du Tassili est chargé de
protéger et de mettre en valeur cette pièce maîtresse du patrimoine.
Enfin, l’ouverture d’une instance de classement de la Casbah d’Alger a
permis en 1975 d’accorder la priorité à la sauvegarde de cet important
ensemble urbanistique, historique et touristique. Un puissant organisme,
le C O M E D O R , effectue des études approfondies pour aménager et mettre
en valeur la vieille médina algéroise, en étroite collaboration avec les
ministères et les services concernés.
Ces trois expériences méritent de retenir l’attention car elles soulignent
la nécessité d’étendre les classements à des ensembles, pour ne pas rompre
leur équilibre écologique et pour bien les situer dans leur environne-
ment naturel et culturel. Les répercussions bancières de ces opérations
inscrites au Ier et au IIe Plan quadriennal se chiffrent en millions de
dinars.
Les autres restaurations ponctuelles de monuments historiques classés
ont porté principalement sur le patrimoine de l’époque musulmane. Près
de M’sila, le minaret de la Kalaa des B e n i - H a m m a d (XII~siècle), endom-
m a g é par plusieurs tremblements de terre, a été restauré en 1973/74.
A Alger, des demeures d’époque turque ont été sauvegardées par le Service
des m o n u m e n t s historiques, et certaines villas d’hôtes ont été merveil-
leusement mises en valeur avec le concours de la Présidence du Conseil.
En 1974, d’importants travaux ont été réalisés pour sauver les m o n u m e n t s
20
Le retour aux sources et la revalorisation
du patrimoine culturel

de Mansourah et de Sidi B o u Médine (Tlemcen), et plus particulièrement


la Médersa aux riches faïences et aux stucs délicats.
En 1974, cette politique de valorisation du patrimoine de la civili-
sation musulmane est apparue plus nettement dans le cadre du IIe Plan
quadriennal, qui a prévu un effort financier appréciable pour la restau-
ration et la mise en valeur des m o n u m e n t s nationaux.
L e palais d u dey d’Alger, dont l’évacuation a été réalisée en 1974, fait
l’objet d’un vaste programme d’étude et de mise en valeur. I1 en est de
m ê m e pour le palais du bey de Constantine, les vestiges de l’époque de
l’émir Abdelkader ainsi que les grands mausolées berbères d u Medracen
(Aurès) et de la S o u m a a du Khroub (Constantine).
L‘animation des monuments et sites anciens devient de plus en plus
réelle avec les spectacles son et lumière et les manifestations artistiques
organisées par de jeunes amateurs (Festival scolaire de Djemila) et des
ensembles nationaux et étrangers. C’est dans le cadre antique du théâtre
de Timgad que se déroule le Festival méditerranéen, où se produisent de
multiples troupes et groupes folkloriques qui veulent remettre en honneur
le patrimoine culturel de la nation. Quelques pièces célèbres du répertoire
hellénistique ont été représentées non loin de l’arc de Trajan.

Tourisme et culture

Les monuments et sites constituent un atout touristique majeur pour


l’Algérie. I1 est utile à cet égard de formuler quelques observations sur la
déontologie en matière de relation entre le tourisme et la culture, car
le tourisme est considéré par de nombreux pays en développement c o m m e
une source capitale de revenus. Les risques sont très grands. Citons,
par exemple, celui d‘être obligé de continuer à (( offrir l’exotique et le
pittoresque )) pour satisfaire une certaine clientèle... Toujours pour jus-
tifier les investissements qu’ils supposent, un processus est entamé qui
débouche sur un ensemble d’opérations peu compatibles avec une doctrine
urbaine saine :priorité au tourisme et à ses exigences quel que soit le
contexte social, construction, dans les vieilles villes o u tout près d’elles,
d’édifices à caractère touristique qui rompent l’harmonie architecturale et
créent des fonctions qui ne répondent pas au caractère d u milieu citadin
traditionnel.
L a politique de l’Algérie est, dans ce domaine, beaucoup plus prudente
et certainement sage. On essaie d’établir actuellement des programmes de
(( tourisme culturel n, mais les visiteurs étrangers doivent être en mesure

et en état de comprendre la valeur d’une civilisation et, pour cela, ils


ont besoin d’une certaine initiation. Or ils ne sont pas toujours préparés
aux visites faites ((à la v a vite 1) dans des lieux chargés d’histoire et d’où
é m a n e un certain message spirituel. Ainsi, lorsque la visite des mosquées
anciennes o u des médersas est autorisée, il est certes demandé aux visiteurs

21
Le retour aux sources et la revalorisation
du patrimoine culturel

étrangers d’ôter leurs chaussures ou de revêtir un habit décent prévu à cet


effet, mais il n’est pratiquement pas prévu d’ (( initiation )) pour les aider
à comprendre l’architecture des lieux et leurs fonctions religieuses ou
culturelles.
L e tourisme doit donc répondre, d’une part, à un besoin national et
permettre aux Algériens de connaître leur pays et, d’autre part, il constitue
un m o y e n de communiquer avec les autres peuples dans la meilleure tradi-
tion de l’hospitalitk, ainsi que de faire connaître le vrai visage de l’Algérie
et faire comprendre sa culture.

Les musées

Les musées, naguère réservés à une certaine élite, s’ouvrent de plus en


plus à l’ensemble de la population et plus particulièrement aux élèves des
écoles et aux étudiants des universités. I1 existe actuellement une trentaine
de musées consacrés à l’archéologie, à l’histoire, aux beaux-arts, ainsi
qu’aux arts et aux traditions populaires.

M U S É E S D’ALGÉRIE
Alger
1. Musée national des antiquités
Antiquités classiques et musulmanes : art musulman.
2. Musée national des beaux-arts
Art moderne, peinture, dessin, sculpture, gravure.
3. Mqsée du Moudjahed
Collections sur la guerre de libération nationale.
4. Musée national du Bardo
Ethnographie, préhistoire, collections africaines.
5. Musée d’enfants
Travaux d’enfants.
6. Musée des arts populaires
Collections artisanales ; arts et traditions populaires.
7. Musée de l’armée
Collections se rapportant à la lutte de libération nationale.
Alger-Tipaza
8. Musée de Tipaza
Sculpture et archéologie antiques.
-
Cherchell Parc Boequet
9. Musée de plein air et Nouveau musée
Mosarques antiques.
Timgad
10. Musée de Timgad
Antiquitks classiques : SCUlptUreE, mosalques, collections numismatiques.
Annaba, route d’Hippone
11. Musée d’Hippone
Antiquités classiques ; mosaxques.
Tébessa
12. Musée du temple de Minerve
Préhistoire, antiquités, art local.

22
Le retour a u x sources et la revalorisation
du patrimoine culturel

Djemila
13. Musée de Djemila
Sculpture, mosaïques, antiquités classiques.
Sétif
14. Musée de Sétif
Antiquités classiques ; ethnographie.
Cherchell
15. Musée de Cherchell
Archéologie ; antiquités égyptiennes, grecques et romaines.
Constantine ; plateaux du Koudiat
16. Musée de Constantine
Préhistoire, antiquités, arts musulmans, peinture.
Tazoult (ex-Lambdse)
17. Musée de Tazoult
Antiquités classiques.
Oran, boulevard Zabana
18. Musée d’Oran
Préhistoire,antiquités, art moderne, ethnographie, sciences naturelles.
Guelma
19. Musée du théâtre de Guelma
Sculpture et numismatique.
Ouargla
20. Musée saharien d’Ouargla
Préhistoire, ethnographie et artisanat.
Tlemcen, mosquée de Sidi-bel-Hacène
21. Musée de Tlemcen
Antiquités, arts musulmans.
Bbni-Abbès
22. Centre de recherche scientifique de Béni-Abbès
Parc botanique et zoologique.
El-Oued
23. Musée d’El-Oued
Préhistoire, ethnographie et œuvres artisanales.
Bejaia (ex-Bougie)
24. Musée de Bejaia
Archéologie ; sciences naturelles.
Ghardaia
25. Musée folklorique de Ghardaia
Artisanat, collections folkloriques.
Alger le H a m m a
26. Jardin d’essai
Flore.
Beni Saf
27. Parc botanique et zoologique
Flore et faune.
Alger le H a m m a
28. Parc zoologique
Faune.
Bou Ismail
29. Aquarium
Faune marine.
Bou Saado
30. Projet d’écomusée
Peinture, histoire, arts et traditions populaires.

23
Le retour aux sources et la revalorisation
du patrimoine culturel

Parmi les chefs-d‘œuvredes collections nationales,il faut mentionner, dans


le domaine de la préhistoire, les premières industries lithiques, dont cer-
tains éléments remontent à plus d‘un million d’années (sphéroïdesà facettes
d’Ain Hanech-Sétif,au Musée du Bardo, Alger) et les inestimables gravures
et fresques rupestres du Tassili dont la valeur scientifique et artistique est
immense.
L‘époque antique est représentée par les multiples vestiges de la civili-
sation berbéro-romaine : médailles et monnaies, verreries, sculptures,
mosaïques et éléments d’architecture et d’épigraphie.
L’art et l’architecture musulmans sont encore insuffisamment repré-
sentés dans les musées. Mais les dernières fouilles et découvertes permettent
d’avoir des spécimens utiles à la connaissance de la civilisation arabo-
musulmane en Algérie.
Les pièces de monnaie, les bijoux, les inscriptions et les fragments archi-
tecturaux de l’ère hammadide sont exposés à Sétif, Alger et Constantine.
L’époque des Bani-Ziyan est illustrée par les vestiges et les documents
exposés dans les musées de Tlemcen et de la capitale.
L e Musée national des beaux-arts d’Alger est considéré c o m m e l’un des
plus riches qui existent en Afrique et en Asie (exception faite du Japon)
par la valeur de ses collections qui présentent un large panorama de la
peinture européenne depuis le X I V ~siècle jusqu’à nos jours.
Enfin, sous l’égide du Ministère des anciens Moudjahidine, un nouveau
musée vient d’être créé pour retracer l’histoire extraordinairement riche
et féconde de la guerre de libération nationale. Installé dans la tristement
célèbre prison Barberousse,il présentera,selon les normes les plus modernes
de la muséologie, les documents de cette époque.
L a mise en place dans les autres musées de puissants moyens audio-
visuels facilitera la diffusion de leur message culturel auprès des masses.
Dans le domaine de la conservation,un laboratoire de restauration a
traité plusieurs tableaux du Musée d’Alger, mais les grandes et délicates
interventions ont été effectuées à l’étranger. C’est ainsi qu’au cours des
deux dernières années le trophée d’Hippone, antique et immense statue
de bronze, a été restauré au Laboratoire du fer de Nancy et que le mobilier
en argent et en bronze de Massinissa a été traité et analysé dans un labo-
ratoire spécialisé de la République fédérale d’Allemagne.
Sur le plan international,les musées ont participé à plusieurs manifes-
tations culturelles. En 1975 et 1976, dix expositions de peinture, d’art et de
traditions populaires ont été organisées dans des pays africains, arabes,
latino-américains et européens. Les musées algériens sont membres du
Conseil international des musées et sont représentés au Conseil exécutif de
cette institution.
Parmi les publications des musées, citons l’ouvrage d’art sur Mohamed
Racim, miniaturiste algérien, qui a remporté le Prix international du
Cadrat d’or.

24
Fresque préhistorique
du Tassili.

Mausolée du Medracen.
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L a Kalaa des B e n i - H a m m a d (XF-XII~


siècle). Minaret restauré.

Architecture du M'Zab, site classé.


Fouille d'une mosquée (Agadir).

La Maison de la culture de Tizi Ouzou.


Ballets algériens.

L e musée d u Bardo, Alger.


Le retour aux sources et la revalorisation
du patrimoine culturel

I L’archéologie et la recherche historique

C’est à partir de 1965 que le Service des antiquités a p u être ((algérianisé 1)


et qu’une politique nationale en matière de recherche archéologique a été
définie.
L’archéologie romaine avait connu un développement important durant
la période coloniale ; des dizaines de sites avaient fait l’objet de fouilles
et plusieurs cités avaient été restaurées. Mais l’archéologie musulmane était
demeurée le parent pauvre de la recherche et de la mise en valeur du
1
I patrimoine algérien.
L e nouveau programme de travaux est axé sur la civilisation musulmane
mais ne néglige pas pour autant la période antique et libyco-berbère. Les
fouilles et les sondages sont réalisés, dans la plupart des cas, selon les
techniques modernes de fouilles stratigraphiques. L a direction des travaux
est confiée à des Algériens et aucune concession de terrains recelant des
vestiges n’est accordée à des étrangers. Cependant, des savants et des
chercheurs internationaux coopèrent avec les services algériens dans le
cadre des accords culturels, notamment pour initier les jeunes Algériens
aux méthodes de travail actuelles. Des savants allemands, polonais et
italiens ont prêté leur concours à ce titre.
Les principaux résultats ont été obtenus à Agadir, près de Tlemcen,
où des fouilles se poursuivent pour mettre au jour une des mosquées les
plus anciennes d’Algérie. A la Kalaa des B e n i - H a m m a d , c’est un ensemble
de m o n u m e n t s musulmans des XI^ et XI@ siècles qui est étudié depuis 1965.
Un palais, un oratoire et un grand bassin ont été dégagés et des trésors
monétaires importants ont été découverts.
A Tiddis, l’étude des structures de l’habitat antique a permis de suivre
la continuité de l’habitat à l’époque musulmane.
Enfin, des sondages ont éclairé l’histoire des sites médiévaux de Sidi
O q b a et Honafn.
Pour la période prémusulmane, de nombreuses interventions ont été
nécessaires, du fait m ê m e du puissant m o u v e m e n t d’édification qui anime
le pays depuis le lancement des trois plans.
Les nécropoles antiques de Tipaza ont été mises au jour à l’occasion de
la construction d’un complexe balnéaire touristique sur les lieux. On sauve-
gardera le précieux caveau à fresques et les ((tables funéraires D.L’ensemble
du complexe a dû être déplacé. D’autres interventions ont eu lieu notam-
ment à Tébessa, Cherchell, Sétif, Tazoult, Frenda et A n n a b a pour effectuer
des fouilles de sauvetage o u des prospections et des relevés topographiques.
, Les résultats de tous ces travaux sont publiés dans le Bulletin d’archéo-
Zogie algérienne et dans ses suppléments. Des guides ont été réalisés sur les
principaux sites d’Algérie :la Kalaa des B e n i - H a m m a d , Timgad, Djemila,
Tipaza, Hippone, Sétif, Tiddis et le mausolée royal de Maurétanie.

25
Le retour aux sources et la revalorisation
du patrimoine culturel

La reconquête du patrimoine culturel


et historique

L a récupération du patrimoine devient encore plus importante lorsqu’elle


concerne l’époque moderne qui a succédé à l’âge d’or de la civilisation
arabo-musulmane ( X ~ - X I I I ~ après J.4.).
siècle D e multiples initiatives ont
été prises pour la collecte et l’étude des éléments représentatifs des arts et
traditions populaires, des archives et documents historiques. Les musées
nationaux, le Centre de recherche en anthropologie, préhistoire et ethno-
graphie, l’Institut national de musique conjuguent leurs efforts pour
rechercher, rkpertorier et sauvegarder notamment le riche patrimoine
musical andalou et saharien, et, d’une manière générale, tout le legs de la
poésie orale et de la musique populaire. Des mesures d’urgence sont prévues
dans le IIe Plan pour recenser et récupérer les éléments de ce patrimoine
que menacent de faire disparaître à jamais les progrès de la technique et
l’expansion du nouveau m o d e de vie.
L a culture traditionnelle se manifeste encore dans la production arti-
sanale qui reflète la survie d u génie créateur du peuple.
L e développement de l’artisanat a été progressivement assuré dans le
cadre d u Ier Plan quadriennal (1970-1973)par un programme de formation
et d’investissement visant 140 unités de production. I1 s’agit de revaloriser
les corps de métier traditionnels, notamment dans le domaine d u tissage,
de la céramique, de la poterie, des bijouteries, de la sculpture sur bois et de
la vannerie.
Les programmes confiés aux organisations nationales et des institutions
coopératives donnent des résultats particulièrement remarquables.
L a Société nationale de l’artisanat traditionnel est chargée de réhabiliter,
sauvegarder et développer le secteur de l’artisanat.
L e Musée des arts et traditions populaires et le Musée du Bardo d‘Alger
possèdent une collection complète d’objets et de documents de référence
précieux pour la promotion d’une production nationale authentique.

Réécrire l’histoire

En raison des déformations historiques et des voiles jetés sur certaines


périodes, l’histoire d u pays est encore m a l connue. D e grands travaux
doivent être entrepris notamment pour éclairer le passé récent.
Les recherches visant à rassembler les sources de l’histoire nationale font
l’objet de grands efforts de la part des pouvoirs publics. L a Direction des
archives nationales, le Centre national d’études historiques, la Bibliothèque
nationale et les musées ont effectué un important travail en vue du rapa-
triement des archives qui se trouvaient à l’étranger. C’est ainsi qu’une
partie des archives nationales emportées à Aix-en-Provence (France) a pu
être récupérée par le gouvernement en 1975 et que des documents inédits

26
L e retour aux sources et la revalorisation
d u patrimoine culturel

qui se trouvaient à Istanbul et Ankara ont été cédés par les autorités turques
l au Centre national d’études historiques.
L’objectif de toutes ces mesures est de mettre à la disposition des cher-
cheurs des séries complètes de documents, de recueils de références et
d’inventaires scientifiques nécessaires à la recherche historique.
Enfin, la collecte organisée par le Musée du Moudjahid permet, grâce
aux objets et témoignages oraux relatifs à la guerre de libération nationale,
de rassembler de précieux éléments nécessaires à la connaissance de l’his-
toire du pays et plus particulièrement de la Révolution algérienne, car
l’histoire de l’Algérie reste encore à écrire par les nouvelles générations, qui
doivent la libérer des aliénations de l’étranger et la décoloniser totalement.
Mentionnons, à cet égard, l’extraordinaire engouement du public pour
les publications nationales à caractère historique, qui sont toutes des
best-sellers.

27
Structures administratives
et législation nationale
Organisation des structures
culturelles

Historique

C e n’est qu’au lendemain du 19 juin 1965 qu’un véritable effort a été fait
pour promulguer une réglementation nationale en harmonie avec les options
du pays. Des textes ont été élaborés et des institutions créées afin de per-
mettre a u x supports de la culture de remplir efficacement leur mission.
Plus tard, le décret no 70-53 du 21 juillet 1970 a créé un Ministère de
l’information et de la culture. Cette réorganisation a permis de regrouper
pour la première fois les principales attributions en matière de culture. Ces
dernières étaient réparties auparavant entre le Ministère de l’éducation
nationale, qui avait une Direction des affaires culturelles (arts, musées,
bibliothèques), et le Ministère de l’information, qui avait une Direction de
la culture populaire et des loisirs. Enfin, le décret no 75-31 du 22 jan-
vier 1975 est venu renforcer plus particulièrement les structures culturelles.

Le Ministère
de l’information et de la culture

I1 comprend, outre une inspection et une direction générales, six directions


et une vingtaine d’organismes sous tutelle.
U n e de ces directions s’occupe des questions touchant à la presse et à
l’information et une autre à l’administration générale. Les quatre autres
exercent directement leur action dans le domaine de la culture. I1 s’agit
des directions des beaux-arts, monuments et sites, des arts et lettres, de la
lecture publique et de la documentation, et enfin de la cinématographie
et des moyens audio-visuels.
En ce qui concerne les organismes sous tutelle, ils forment le support
essentiel des activités culturelles.

28
Structures administratives et législation nationale
Organisation des structures culturelles

LES DIRECTIONS C H A R G É E S
D E L A C U L T U R E A U MINISTBRE

1. L a Direction des arts et des lettres est chargée de la conservation, de la


restauration, de l’enrichissement et de la diffusion du patrimoine culturel
national dans le domaine des arts et des lettres. Elle organise et contrôle
les activités culturelles menées dans ce domaine. Elle exerce, dans ce cadre,
la tutelle des organismes et établissements correspondants qui relèvent du
Ministère de l’information et de la culture.
Elle comprend trois sous-directions :
L a Sous-Direction de la production est chargée de la sauvegarde, de la
conservation et de l’enrichissement du patrimoine culturel en matière
littéraire et artistique. A ce titre, elle anime les travaux de recherche et de
prospection portant sur les œuvres anciennes et sur celles du folklore
national, et elle concourt à leur publication. Elle a également pour
mission d’organiser et de promouvoir l’édition d’oeuvres d’auteurs natio-
naux, notamment en oeuvrant à la recherche de talents nouveaux et à la
publication de leurs productions. Elle veille à la diffusion la plus large
possible du patrimoine national dans ses diverses formes d’expression
littéraire et artistique, qu’elles soient du genre traditionnel, élaboré ou
populaire. Elle conçoit, élabore et publie, en collaboration avec les services
et organismes concernés relevant du Ministère de l’information et de la
culture, tous documents littéraires et artistiques intéressants par leur
valeur didactique ou culturelle :brochures, plaquettes, affiches, disques,
partitions musicales, etc. Elle oriente, développe et contrôle l’importation
d’œunes littéraires et artistiques (livres, disques et productions analogues).
A ce titre, elle d é h i t des critères de sélection et délivre les visas nécessaires.
L a Sous-Direction de l’animation culturelle est chargée de promouvoir
la décentralisation des activités culturelles sur le territoire national. A
cet effet, elle organise et anime les activités des institutions Culturelles
décentralisées relevant du Ministère de l’information et de la culture
(maisons de la culture, centres d e culture et d’information, théâtres, etc.).
Elle suscite, organise et anime les manifestations culturelles programmées
par le Ministère de l’information et d e la culture dans un cadre national
ou régional ainsi qu’à l’étranger. A ce titre, elle organise, en collaboration
avec les services concernés, des semaines culturelles, festivals, séminaires,
cycles de conférences, etc. D e m ê m e , elle participe à Ia préparation et à la
réalisation des programmes culturels arrêtés à l’occasion de festivités
nationales, cérémonies officielles et autres manifestations du m ê m e genre.
Elle organise et anime les concours destinés à encourager la production
littéraire et artistique. Elle encourage, coordonne et contrôle, pour ce qui
concerne le Ministère de l’information et d e la culture, les activités des
associations et groupes culturels non professionnels.
La Sous-Direction de l’enseignement artistique a pour mission d e pro-
mouvoir la formation d‘artistes, animateurs, cadres,formateurs et chercheurs

29
Structures administratives et législation nationale
Organisation des structures culturelles

dans les domaines des arts dramatiques, de la musique et de la cho-


régraphie. A cet effet : elle organise, anime et contrôle les activités
des instituts et établissements spécialisés existants ou à créer sous la
tutelle du Ministère de l’information et de la culture ; elle déhit leurs
missions respectives et élabore, avec le concours de commissions ou de
personnalités compétentes, leurs programmes et leurs méthodes d’action
et d’enseignement ; elle assure la tutelle pédagogique des enseignants et
animateurs qui exercent au sein de ces établissements ; elle participe à la
conception et à l’élaboration des manuels et ouvrages didactiques destinés
à l’enseignement artistique ; elle est chargée d’organiser et d’animer des
stages, séminaires et colloques autour de thèmes artistiques définis ;
elle entretient les rapports les plus étroits et les plus harmonieux avec
les instituts de formation et d’études artistiques relevant d’autres départe-
ments et services :conservatoires régionaux,écoles de musique, etc. Dans
le m ê m e esprit, elle concourt à l’instauration et au maintien d’une colla-
boration continue avec les institutions compétentes et assure la tutelle
des établissements d’enseignement général des différents ordres et niveaux
en vue de la promotion de l’enseignement artistique. D e même, elle
coordonne les relations entre les instituts de formation artistique et les
différents milieux artistiques professionnels, en vue d’une meilleure orga-
nisation des débouchés offerts dans le secteur artistique ; elle suscite et
anime toutes activités expérimentales tendant à soutenir la recherche
menée dans les instituts spécialisés ; elle arrête les programmes d’attri-
bution de bourses à l’étranger pour la formation spécialisée, après
évaluation des besoins des secteurs concernés.

2.L a Direction des beaux-arts,monuments et sites est chargée de protéger,


étudier, et mettre en valeur le patrimoine culturel dans le domaine des
beaux-arts,des musées, des antiquités, des monuments et des sites. Elle
initie, coordonne et contrôle les activités de formation et de recherche
dans ce domaine. Elle exerce, dans ce cadre, la tutelle des organismes et
établissements correspondants qui relèvent du Ministère de l’information
et de la culture. Elle comprend deux sous-directions:
L a Sous-Direction des beaux-arts et des antiquités est chargée : de
créer, gérer, enrichir et développer les musées archéologiques,historiques,
ethnographiques, scientifiques et artistiques ; de constituer et d’enrichir
les collections nationales d’antiquités, d’œuvres d’art, d’objets ethno-
graphiques et autres ; d’exécuter, de contrôler et de coordonner les fouilles
archéologiques ; d’effectuer des recherches scientifiques, préhistoriques,
historiques et ethnographiques en vue de faire connaître les diverses civi-
lisations qui ont prospéré en Algérie ; de contrôler le commerce des anti-
quités et de prendre toutes mesures pour interdire l’importation illicite
de biens culturels ; de favoriser le développement des arts plastiques,
notamment par l’organisation d’expositions ; d’orienter et de contrôler
l’enseignement dispensé dans les écoles et instituts des beaux-artsrelevant

30
Structures administratives et législation nationale
Organisation des structures culturelles

du Ministère de l’information et de la culture ; d’organiser et d‘animer des


stages, séminaires et colloques dans les domaines relevant de ses attri-
butions ;de publier des documents relatifs a u patrimoine culturel (brochures,
périodiques et ouvrages scientifiques ou artistiques, etc.).
L a Sous-Direction des monuments historiques et sites est chargée :
de recenser et répertorier les biens culturels, immeubles et meubles classés,
appartenant à l’État et aux particuliers ; d’établir l’inventaire du patri-
moine culturel et naturel à classer ;d’entretenir,restaurer o u faire restaurer
les monuments historiques et les sites culturels et naturels classés ; de
préparer et de coordonner les travaux de la Commission nationale des
monuments et sites et des commissions de wilayas.

3. L a Direction de la cinématographie et des moyens audio-visuels a


pour mission d’orienter, contrôler et développer les activités culturelles
diffusées par le film et les moyens audio-visuels. Elle exerce, dans ce
cadre, la tutelle des organismes et établissements correspondants qui
relèvent du Ministère de l’information et de la culture. Elle comprend
deux sous-directions :
L a Sous-Direction de la production et de la diffusion est chargée :
d’élaborer les programmes d’animation culturelle pour les techniques
audio-visuelles ; de susciter et d’encourager toute création d’œuvre ciné-
matographique ; d’étudier les scénarios et d’émettre des avis en vue de la
délivrance des autorisations de tournage pour les films produits et réalisés
en Algérie ; d’élaborer les programmes de participation cinématogra-
phique aux manifestations culturelles nationales et internationales ; de
contrôler la diffusion des films étrangers en Algérie par la délivrance
de visas ; de délivrer les autorisations d’ouverture de nouvelles salles de
spectacle ; de contrôler la programmation des oeuvres cinématographiques
dans les salles de spectacle.
L a Sous-Direction de la réglementation cinématographique est chargée :
d’élaborer et de développer des études de synthèse sur l’activité ciné-
matographique et de radiodiffusion-télévision ; de fournir, aux fins
d’exploitation, des éléments statistiques sur l’activité menée dans le
domaine du cinéma et de la radiodiffusion-télévision; d’instruire les
dossiers de demandes d’avis techniques ; de planifier la formation profes-
sionnelle spécialisée ; de réglementer l’exercice de la profession cinémato-
graphique ; de tenir le registre public de la cinématographie ; d’organiser
l’inspection cinématographique ; de contrôler les incidences financières de
l’activité cinématographique.

4. L a Direction de la lecture publique et de la documentation est chargée


de promouvoir la lecture publique, d’organiser l‘information documentaire
destinée au Ministère de l’information et de la culture et de rédiger des
publications visant à faire connaître l’Algérie et ses réalisations dans les
principaux domaines de l’activité nationale. Elle exerce, dans ce cadre,

31
Structures administratives et législation nationale
Organisation des structures culturelles

la tutelle des organismes et établissements correspondants qui relèvent


du Ministère de l’information et d e la culture. Elle comprend deux sous-
directions :
L a Som-Direction d e la lecture publique et les bibliothèques est chargée
de promouvoir la lecture publique par :la réalisation d’études prospectives
préalables à la mise en place de structures de lecture publique adéquates ;
l’élaboration et le contrôle de la réglementation organisant la lecture
publique à l’échelle nationale ; l’assistance technique aux bibliothèques,
notamment au m o y e n de stages, séminaires et colloques, ainsi que de
publications didactiques traitant de l’organisation et du fonctionnement
des bibliothèques publiques ; la création des conditions propres à la mise
sur pied d’un Office national des bibliothèques et de la lecture publique.
Elle a en outre pour tâches :de coordonner et d’animer les activités des
bibliothèques et services de documentation publics ; de participer, avec
les services et organismes concernés, à la diffusion de la culture par le livre
et les documents que les bibliothèques et centres de documentation publics
sont amenés à conserver et à communiquer ; de former, informer et perfec-
tionner les personnels des bibliothèques et services de documentation publics.
L a Sous-Direction de la documentation et des publications est chargée :
d’organiser et de gérer le service de documentation mettant à la dispo-
sition des services centraux du Ministère de l’information et de la culture
et des organismes placés sous sa tutelle les informations de caractère
politique, économique, social et culturel nécessaires à leurs activités ;
d’assurer la coordination et la complémentarité entre les services de
documentation existants ou à créer dans les organismes relevant du
Ministère de l’information et de la culture ; de concevoir et de réaliser des
expositions (documents, photographies, cartes, affiches, etc.) et de participer
aux campagnes nationales d’information et d’explication ainsi qu’aux
manifestations culturelles programmées par le Ministère de l’information
et de la culture ou d’autres institutions officielles, ces tâches concernant
aussi bien la documentation écrite que photographique ; de concevoir,
élaborer et réaliser toutes publications de caractère culturel, politique,
social, économique, etc., telles que brochures, revues, albums, recueils,
dossiers documentaires, bibliographies, etc. ; d’assurer la diffusion la plus
large possible de ces publications tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

5. Eníin, a u niveau de l’ensemble du ministère, une Direction générale


des programmes et des études assure la planification et la coordination des
activités. Elle est chargée, à la lumière des orientations définies, d‘élaborer
des plans et des programmes globaux d‘activité dans les domaines de la
culture, de la documentation et de l’information, en liaison avec les services
publics, les institutions et les organismes concernés par ces activités.
Elle a par ailleurs pour mission d’organiser, de coordonner et de contrôler,
en collaboration avec les autres départements concernés, l’application des
accords en matière d‘échanges culturels passés avec les pays étrangers

32
Structures administratives et législation nationale
Organisation des structures culturelles

et les organisations internationales. Elle est enfin chargée de l’étude des


textes législatifs et réglementaires. Elle comprend trois sous-directions
dont les attributions sont définies ci-dessous.
L a Sous-Direction des programmes est chargée de traduire sous la forme
de plans et programmes d’action périodiques les orientations de la poli-
tique nationale dans les domaines de la culture, de l’information et de la
documentation. A ce titre :elle procède au recensement prévisionnel des
activités et manifestations programmées sur le territoire national et à
l’étranger, afin d’harmoniser les interventions du Ministère de l’information
et de la culture dans les différents domaines relevant de ses attributions ;
elle participe à l’établissement de prévisions concernant les moyens à
dégager pour la réalisation de ces activités; elle en dresse le bilan et
établit des rapports périodiques. L a Sous-Direction des programmes est
également chargée : de procéder aux enquêtes (statistiques et autres)
ainsi qu’aux évaluations ponctuelles nécessaires ; de coopérer avec les
autres services du Ministère de l’information et de la culture et, si besoin
est, de coordonner leurs activités avec celles des autres départements
ministériels, institutions et organismes oeuvrant dans les domaines d e
la culture, de l’information et de la documentation ; de suivre, en colla-
boration avec les autres directions et services relevant du Ministère de
l’information et de la culture, l’élaboration et l’application des programmes
de construction et d’équipement :elle constitue de ce fait le noyau de la
cellule de planification du Ministère de l’information et de la culture.
L a Sous-direction des échanges culturels est chargée d’organiser, d e
coordonner et de contrôler l’application des accords culturels passés avec
les pays étrangers et les organisations internationales :en organisant et en
entretenant, dans les formes normales, les relations du Ministère de l’infor-
mation et de la culture avec les pays étrangers et leurs ambassades ainsi
qu’avec les organisations internationales ; en organisant, avec les directions
et services concernés, l’accueil, l’installation et le séjour des personnes
et délégations étrangères ; en organisant dans les m ê m e s conditions lea
déplacements à l’étranger de fonctionnaires algériens relevant du Ministère
de l’information et de la culture. Elle est en outre chargée des relations
publiques du Ministère de l’information et de la culture, pour les questions
d’ordre général.
La Sous-Direction delalégislation est chargée :d e l’élaboration des textes
législatifs et réglementaires concernant le Ministère d e l’information et de
la culture ;de l’étude des textes législatifs et réglementaires qui sont soumis
à celui-ci par les autres départements ministériels.

LES O R G A N I S M E S S O U S T U T E L L E

L a quasi-totalité des organismes sous tutelle apporte un soutien précieux


aux activités culturelles du Ministère de l’information et de la culture. En
effet, en dehors de l’Agence nationale télégraphique de presse (APS)et de

33
Structures administratives et législation nationale
Organisation des structures culturelles

la Société nationale d’édition et de publicité, qui jouent un rôle spécifique


en matière d’information et de publicité, l’activité culturelle se manifeste
déjà dans la presse nationale écrite à travers les sociétés nationales :
Ech-Chaab-Presse,El-Moudjahid-Presse,An-Nasr-Presseet République-
EI-Djoumhouria-Presse.
Des établissements publics subventionnés par le Ministère de l’infor-
mation et de la culture sont chargés d’être les principaux supports de la
politique culturelle. Ce sont :
L a Radiodiffusion-Télévision algérienne (RTA) qui a été organisée en
novembre 1967 en fonction du développement de son réseau et des
nécessités d’intensifier sa production. Elle comprend une direction tech-
nique,une direction de latélévision et deux directions de la radiodiffusion
pour les quatre chaînes ;
L e Centre algérien de la cinématographie (CAC);
L’Office national pour le commerce et l’industrie cinématographiques
(ONCIC), créé en 1967et qui a des attributions en matière de production,
de distribution et de réalisation technique dans le domaine du cinéma ;
L a Société nationale d’édition et de diffusion (SNED), créée en 1966 et
chargée de la diffusion des publications nationales et étrangères et de
l’édition ;
L’Office national des droits d’auteur (ONDA);
L a Bibliothèque nationale ;
Les centres de culture et d’information, qui constituent des services exté-
rieurs du ministère et sont chargés de mettre à la disposition du public
les moyens nécessaires à la promotion de la culture ;
Les maisons de la culture, qui ont pour mission de contribuer au dévelop-
pement d’une culture vivante et populaire dans le cadre de la décentra-
lisation des activités culturelles ;
L e Théâtre national d’Alger et les théâtres régionaux,créés également dans
le cadre de la décentralisation et qui contribuent à la diffusion de la
culture populaire ;
L’Institut national de musique,établissement public chargé de la recherche
et de la formation en matière de musique et de danses traditionnelles ;
L‘Institut national de Bordj-El-Kiffan(Alger), qui forme des comédiens,
danseurs et chorégraphes et, depuis 1975, des animateurs culturels ;
L’École nationale des beaux-arts d‘Alger et ses annexes d’Oran et de
Constantine, chargées de la formation en matière d’arts plastiques et de
décoration ;
L‘Office du Parc national du Tassili,établissement chargé de la protection
du site et des richesses artistiques et préhistoriques qu’il recèle ;
L’Atelier d’étude et de restauration de la vallée du M’Zab, qui a pour
mission de veiller à la sauvegarde de la pentapole du Sud algérien en
instruisant les permis de construire et les plans directeurs d’urbanisme.
I1 faut signaler également que d’autres organismes étatiques accomplis-
sent, dans le cadre de leurs prérogatives propres, de grands efforts pour la

34
Structures administratives et législation nationale
Organisation des structures culturelles

1
TABLEAU evolution du budget de l’administration centrale
(information et culture)

Annee Budget (en dinars) Annee Budget (en dinars)

1965 5 298 O00 1971 20 594 O00


1966 5 800 O00 1972 20 244 O00
1967 4 200 O00 1973 23 500 O00
1968 7 700 O00 1974 25 500 O00
1969 12 520 O00 1975 38 O00 O00
1970 15 495 O00

promotion de certains secteurs culturels. C’est ainsi que la Présidence du


Conseil a créé la Direction des archives nationales et le Fonds des archives
(ordonnance no 71-36du 3 juin 1971)’ ainsi que le Centre national d‘études
historiques (ordonnance no 71-56du 5 août 1971).
L e Ministère des enseignements primaire et secondaire et le Ministère
de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique associent à la
formation des activités culturelles fructueuses.
L e Ministère de l’enseignement originel et des affaires religieuses organise
chaque année un séminaire pour la connaissance de la pensée islamique.
A ces colloques participent des savants d u m o n d e m u s u l m a n et de l’occident
qui étudient les problèmes de la civilisation islamique et de son insertion
dans les grands courants du progrès et du développement contemporain.
Enfm, le Ministère des anciens Moudjahidine a créé une importante
institution, le Musée national du Moudjahid (ordonnance no 71-66 du
12 décembre 1972), qui collecte, étudie, conserve et présente les documents
et témoignages relatifs à la guerre de libération nationale.

L a nouvelle législation

Les textes législatifs les plus importants ont été élaborés à partir de 1967
et définissent une réglementation conforme aux options du pays. Ils
constituent pour les différents organismes et supports de la culture un
outil indispensable à l’accomplissement de leur mission.
C’est ainsi que, dans le domaine des beaux-arts, des textes d’avant-
garde assurent la sauvegarde du patrimoine archéologique des m o n u m e n t s
et des sites et affirment notamment certains principes nouveaux de souve-
raineté concernant la propriété des biens culturels et les prérogatives en
matière de fouilles archéologiques.
Les dispositions du nouveau Code pénal relatives aux atteintes à la
propriété littéraire et artistique ainsi que la législation sur le droit d’auteur
garantissent les intérêts matériels et moraux des créateurs, stimulant ainsi
la production et la création.

35
Structures administratives et législation nationale
Organisation des structures culturelles

Enfin,la législation dans le domaine de l’édition et du cinéma est des-


tinée à promouvoir l’industrie naissante du livre et du film et à organiser
des structures d’animation et de diffusion culturelle.

L E S T E X T E S L É G I S L A T I F SI M P O R T A N T S
1966
27 janvier Ordonnance (66-28)portant création de la Société nationale d’édition
et de diffusion

1967
17 mam Ordonnance (67-50)portant création du Centre algérien de la ciné-
matographie
Ordonnance (67-51) portant création de l’Office national pour le
commerce et l’industrie cinématographiques
Ordonnance (67-52) portant réglementation de l’art et de l’industrie
cinématographiques
20 septembre Arrêté fixant au ler octobre 1967 l’entrée en vigueur des monopoles
décernés à 1’ONCIC
9 novembre Ordonnance (67-234) portant organisation de la RTA
20 décembre Ordonnance (67-281) relative aux fouilles et à la protection des sites
et monuments historiques et naturels

1968
9 juillet Ordonnance (68-429) portant création de l’Institut national de
musique
15 novembre Décret (68-622) portant création des centres de culture et d’in-
formation
Décret (68-623) portant création du Centre de diffusion cinéma-
tographique

1970
12 juin Ordonnance (70-30)concernant le statut des théhtres régionaux
Ordonnance (70-40) portant création de l’Institut national d’art
dramatique et chorégraphique

1971
26 juin Arrêté portant classement de la vallée du M’Zab parmi les sites
historiques

1972
27 juillet Décret (72-168) portant création du Parc national du Tassili et de
l’établissement public chargé de sa gestion
5 octobre Décret (72-209)concernant le statut particulier des maîtres-assistants
des beaux-arts
Décret (72-210) concernant le statut particulier des assistants des
beaux-arts

1973
3 avril Ordonnance (73-14) relative au droit d’auteur
16 avril Décret (73-71) portant création du Théâtre régional d’Annaba
Décret (73-72) portant création du Théâtre régional de Constantine
Décret (73-73) portant création du Théâtre régional d’Oran
Décret (73-74)portant création du Théâtre régional de Sidi-Bel-Abbès

36
Structures administratives et législation nationale
Organisation des structures culturelles

25 juillet Ordonnance (73-46) portant création de l’Office national d u droit


d’auteur
ler octobre Décret (75-159) modifiant les articles 2, 5 et 9 du décret no 70-166
d u 10 novembre 1970 portant composition des conseils exécutifs
des wilayas (création des directions de l’information et de la culture
dans les wilayas d’Alger, d’Oran et de Constantine)

1974
ler février Ordonnance (74-19) modifiant et complétant l’ordonnance d u
17 mars 1967 portant création de I’ONCIC
24 septembre Arrêté fixant les conditions d’adhgsion des auteurs à l’Office national
d u droit d’auteur
8 octobre Arrêté interministériel fixant les conditions d’organisation et de
fonctionnement des directions des wilayas chargées de l’information
et de la culture
6 décembre Décret (74-244) portant création des maisons de la culture

1975
29 avril Ordonnance (75-29) portant organisation de I’kcole nationale des
beaux-arts

1976
20 février Décret (76-45) organisant le régime des études de I’lhole nationale
des beaux-arts
27 juillet Décret (76-128) fixant les conditions de recrutement et de rému-
nération du personnel de direction et d’animation des maisons de
la culture

37
La diffusion de la culture

I La politique de l’audio-visuel

1 En 1954, le dixième seulement de la population savait lire et écrire. I1


fallut donc, au lendemain de l’indépendance, lutter contre l’analphabétisme
en s’adressant d’abord aux populations non citadines, de loin les plus
nombreuses et complètement démunies d’équipements socio-culturels.
( L e décalage de nature qui existe fatalement entre des moyens édu-
(

catifs modernes de plus en plus perfectionnés et l’état d’arriération dont


souffre malgré lui et en dépit de sa bonne volonté le m o n d e rural doit
trouver sa solution et sa marge minimale dans une sorte de pédagogie
audacieuse, éprouvée, efficacel... D.

L A R A D I O ET L A T É L É V I S I O N

I1 fallait s’appuyer sur les mass media et plus particulièrement sur la


radio et la télévision, qui apporteraient u11 puissant soutien à toute action
d’information, d’éducation et de culture. Solution judicieuse et op tion
audacieuse qui nécessitaient d’immenses moyens et qui allaient déterminer
la politique de l’information et de la culture au lendemain du 19 juin 1965.
I Mais jusqu’en 1965 seul le littoral était desservi par la radio et la télé-
vision et encore la diffusion culturelle était-elle exclusivement tributaire
~
de la production artistique et littéraire française. I1 restait donc à déve-
lopper le réseau de télévieion et de radio pour toucher l’ensemble du pays,
~
tâche colossale lorsqu’on pense à l’étendue de l’Algérie et aux obstacles
naturels.
I Pourtant, au cours de cette dernière décennie, la couverture quasi totale

1. Mostefa Lacheraf,L a culture algérienne contemporaine.Essaide définitionsetperspectives...,


p. 29, Alger, Services culturels du parti, 1968.

38
La diffusion de la culture

du territoire national a pu être réalisée grâce à l’adoption du système de


transmission par satellite’. Pour mesurer les efforts gigantesques qui
ont été déployés, quelques chiffres sont nécessaires, L a Radiodiffusion-
Télévision algérienne (RTA)se trouve aujourd’hui à la tête d’un patrimoine
de 388 367 832 dinars dont un dixième seulement est représenté par le
legs colonial. D’autre part, le budget de fonctionnement, qui s’élevait
en 1963 à 8 744 973 dinars, a atteint 112 millions de dinars en 1975, dont
54 500 O00 dinars de subventions de l’etat. Celui-cia consacré au budget
d’équipement de la RTA plus de 310 millions de dinars de 1965 à 1975,non
compris les investissements du IIe Plan quadriennal. L e nombre de récep-
teurs de radio, estimé à 596 O00 en 1962, a été évalué à 1 million en 1968
et à 3 millions en 1975 ; quant à celui des postes de télévision, il atteint
800 O00 en 1976.
Les programmes radiophoniques des quatre chaînes dépassent trois
cents heures par semaine.
L a chaîne I en langue nationale fonctionne vingt-quatre heures sur
I vingt-quatre et la chaîne IV, dont la création est récente, présente des
émissions destinées à l’étranger.
L a télévision, qui émettait cinq heures par jour en 1969, dépasse
aujourd’hui les sept heures quotidiennes, son programme s’étant enrichi
d’émissions scolaires et culturellesrégulières. En 1968,les émissions d’ensei-
gnement occupaient deux heures par semaine ; aujourd’hui, elles occupent
une heure par jour.
L a production nationale représente cette année près de 50 yodu volume
de diffusion ; une partie appréciable de cette production est consacrée à la
culture et aux loisirs.
L’élaboration des programmes de la radio et de la télévision répond à
une double préoccupation : développer la production nationale et faire
progresser l’arabisation, ce qui constitue généralement un seul et m ê m e
objectif puisque toutes les réalisations se font en langue nationale. Les
programmes comprennent :des émissions scolaires consacrées à l’enseigne-
ment de l’arabe, à la littérature, à la philosophie et aux sciences ; des
émissions enfantinesrégulières (c’est ainsi que la série du ((Jardin enchanté ))
fait le tour de l’Algérie et est animée par des jeunes) ; des programmes
culturels proprement dits (tables rondes, causeries,interviews et concours).

1. Avec la mise en service, avant janvier 1977, d u dernier émetteur de Mécheria, le pro-
g r a m m e d’extension d u réseau de tél6vision sera terminé. L a première étape a permis
d’unifier en 1970 le réseau de télévision dans le nord d u pays. L a seconde phase, réalisée
en 1975 et 1976, a touché les hauts plateaux avec l’implantation d’émetteurs dans les
Aurès,dans la région de Laghouat et de Tlemcen. Enfin, en 1976, se termine la dernière
phase, qui intéresse le sud d u pays. L e système de transmission utilise un satellite,
une station terrienne principale (Lakhdaria) et 13 sous-stations(notamment à T a m a n -
rasset, Béchar, Tindouf, Adrar, Hassi-Messaoud, Ouargla, et GhardaYa). Mentionnons
également le relais situé aux Baléares et la double liaison hertzienne gui permet 1
l’Algérie de recevoir les programmes d’Eurovision et de Mondovision et, le cas échéant,
de transmettre à son tour ses programmes.

39
L a diffusion de la culture

En&, la création d’une deuxième chaíne de télévision en couleur, dans


le cadre d u IIe Plan quadriennal, permettra de diffuser chaque jour u n
programme éducatif et culturel plus riche dans l’ensemble du territoire
national.
En étant à la portée des masses, la radio et la télévision contribuent
également à la lutte contre le sous-développement. Les grandes campagnes
déclenchées par la RTA pour sensibiliser et mobiliser la population ont
montré la puissance et I‘eficacité des moyens audio-visuels dans la bataille
pour l’édification nationale.
Certes, la RTA remplit une mission d‘information à caractère politique
mais elle joue également un rôle dans la diffusion de la culture et de la
formation de l’ensemble des citoyens. I1 faut souligner l’effort fourni par
cet organisme pour élever le niveau d’éducation de la population, déve-
lopper et approfondir la conscience nationale.
I1 est toujours impressionnant de voir surgir, en plein cœur d u Sahara
ou dans les nouveaux villages socialistes, des antennes de télévision qui
brisent l’isolement et rendent accessibles à tous l’information, le savoir et
la culture. On ne soulignera jamais assez le rôle de la télévision dans la
révolution culturelle qui s’opère dans les foyers traditionnels, naguère à
l’écart des grands courants de la vie culturelle.

LE C I N É M A

L e cinéma algérien a pris naissance en 1957 durant la lutte armée de


libération nationale. Les premiers films de la jeune école d u cinéma algérien
ont été tournés dans des conditions difficiles, au milieu des maquis ou
parmi les réfugiés.
Au lendemain de l’indépendance, l’infrastructure d’un véritable cinéma
national c o m m e n ç a à être créée, avec le Centre national d u cinéma,
institué en 1964.Mais la lourdeur de ce centre amena, en 1967, de profondes
modifications dans l’organisation et la réglementation de l’art et de
l’industrie cinématographiques. C’est ainsi que 1’05ce national du
commerce et de l’industrie (ONCIC)vit le jour, ainsi que le Centre algérien
cinématographique, tandis qu’une nouvelle législation réglementait ce
domaine (ordonnance 6752 d u 17 mars 1967). L ’ O N C I C regroupa la
plupart des cinéastes algériens et contrôla la production et la distribution
des films.
Cette nouvelle organisation permit le démarrage d’une production
nationale de Bms de court et de long métrage, leur diffusion à travers
le pays et à l’étranger, ainsi que l’exercice d u monopole sur l’importation
et la distribution des Hms étrangers. L‘application de cette dernière
mesure déclencha en 1969 le boycottage des trusts internationaux qui
assuraient 65 % de l’approvisionnement d u réseau national et qui fournis-
saient à l’Algérie, à des prix exorbitants, des films dont la qualité était
très souvent loin de répondre aux critères moraux et culturels les plus

40
La diffusion de la culture

prix et la qualité des importations.


Les goûts hérités de la pratique d’un certain cinéma occidental et
l’aliénation culturelle qui les accompagne ont c o m m e n c é à changer avec
l’apparition de films nationaux ou de coproductions de qualité. E n fait
le cinéma algérien atteint aujourd’hui u n niveau de production appréciable,
d’autant qu’il n’a m ê m e pas vingt ans d’existence. Trente films de long
métrage et 13 coproductions forment, avec les 200 fdms de court métrage,
un palmarès important. Les Ums algériens ont déjà remporté 12 prix
lors de divers festivals (La guerre de libération, Patrouille à l‘est, Le char-
bonnier, L a voie, Le vent des Aurès, Une si jeune paix, L’Enfer à dix ans,
La diffusion de la culture

TABLEAU
2 Cine'ma :nombre de programmes sortis

Année Nombre Nombre


de programmes Annee de programmes

1967 2 480 1971 13 110


1968 4 804 1972 20 804
1969 11 591 1973 31 945
1970 14 208 1974 29 539

TABLEAU
3 Production cinématographique nationale

AmBe Longs m6trages Coproductions Courts métrages

1965 4 9
1966 1 7
1967 2 13
1968 2 1 4
1969 3 1 24
1970 2 1 13
1971 1 4 13
1972 3 1 19
1973 4 10
1974 6 11
1975 2 1 38
1976 4 1 40

I
TABLEAU
4 Cinébus. Campagnes de sensibilisation
à la révolution agraire
l
Wilaya Nombre
Programmes
de localités visitées
~

Première campagne
-
(leraoût 4 septembre 1972)
Mostaganem 69
El-Asnam 37
Tiaret 32 10
Médéa 30
Deuxième campagne
(5-18décembre 1972)
L a Saoura 13 4
Troisième campagne
(ler-23
février 1973)
Constantine
Les Aurès 18 7
Annaba
Sétif

42
La diffusion de la culture

L a Fédération nationale des arts lyriques et la Fédération des ciné-clubs


regroupent des organisations dynamiques implantées jusque dans les
villages agricoles socialistes et qui assurent une animation culturelle
positive conformément à la politique de décentralisation et de d é m o -
cratisation.

TABLEAU
5 Activités de la Cinémathèque algérienne

Nombre de projections Nombre de spectateurs


1972 1973 1974 1972 1973 1974

Alger 1820 1820 1710 310 969 350 047 317 637
Oran 1820 1820 1670 383 427 220 800 236 173
Annaba 1430
- 1500
- 1438
- ~~~
89027 75 336 78 334
TOTAL 5 070 5 140 4818 783 423 646 183 632 144

L a presse nationale

L a mission essentielle de la presse écrite nationale reste l’information


au sens large du terme. Mais le Ministère de l’information et de la culture
a rappelé aux principaux journaux qu’ils sont également u n instrument
de formation et d’élévation du niveau culturel. Aussi certains quotidiens
ont-ils adopté une présentation et une rédaction qui visent à faire pro-
gresser l’usage de la langue nationale (écriture ((vocalisée ))pour faciliter
la lecture de l’arabe). L a variété des rubriques et surtout les suppléments
culturels hebdomadaires donnent aux journaux une nouvelle dimension
intellectuelle et les rendent très accessibles.
Les quotidiens nationaux Ech-Chaab (Le peuple), El-Moudjahid (Le
combattant), El-Djoumhouria (La république) et An-Nasr (La victoire)
tirent en m o y e n n e à 200 O00 exemplaires environ par jour.
Depuis 1974, des installations électroniques pour impression télé-
photographique permettent la transmission des pages de journaux de la
capitale à Constantine.
Cependant, de grands efforts doivent encore être accomplis pour
couvrir l’ensemble d u territoire national et vaincre les grandes distances
qui séparent les populations, notamment a u sud du pays et dans les zones
rurales d‘accès difficile.

La décentralisation
et Ia démocratisation de la culture

Depuis l’indépendance, la culture n’est plus l’apanage d’une élite mais un


droit que l’on considère de plus en plus ((c o m m e aussi essentiel que le pain
qu’on m a n g e ou l’air qu’on respire D.

43
La diffusion de la culture

Au fur et à mesure gue le pays s’industrialise et que la réforme agraire se


poursuit, le phénomène culturel apparaît sous sa forme démocratisée et
décentralisée. Chaque progrès accompli en matière d’édification et d’équi-
pement crée des besoins culturels Su; demandent à être satisfaits.
L a gestion socialiste des entreprises ouvre des perspectives nouvelles
a u secteur de la production ; il s’agit là d’une étape dans le processus de
démocratisation de I’fitat qui vise à associer les travailleurs à la gestion
des affaires. Les syndicats doivent également organiser les travailleurs,
aiguiser leur conscience politique et œuvrer à leur formation pour édifier
une société nouvelle où ils seront les maîtres de leur destin.
Les travailleurs, de leur côté, ont c o m m e n c é à organiser une auto-
animation culturelle caractérisée par des manifestations de troupes théâ-
trales et musicales, des conférences-débats, etc. Au niveau de l’entreprise
s’organise peu à peu une activité culturelle embryonnaire encore, mais
pleine de promesses.
En&, le volontariat des étudiants a introduit dans les campagnes
et les douars les plus reculés des rencontres très fructueuses sur le plan
culturel :en juillet 1972, les étudiants, sacrifiant leurs vacances, se sont
engagés volontairement pour vivre avec les fellahs et les aider. I1 s’agissait
notamment de leur expliquer les textes et de les inciter à participer à la
campagne d’hygiène et de soins médicaux. Institutionnalisé en mars 1973,
le volontariat est devenu une tradition cristallisant l’enthousiasme des
jeunes, des ouvriers et des fonctionnaires.
Cependant les besoins culturels sont encore plus sensibles dans les
grandes agglomérations ; l’etat doit consentir des sacrifices hanciers
considérablespour réaliser les bases matérielles et l’infrastructure nécessaire
au développement culturel, selon un programme planifié qui touche
l’ensemble du territoire et le m a x i m u m de citoyens.

LES M A I S O N S D E L A C U L T U R E

Dans le contexte de la décentralisation et la démocratisation de la culture,


l’une des grandes réalisations en matière d’infrastructure culturelle est
certainement l’implantation des maisons de la culture à travers le terri-
toire national. I1 s’agissait non seulement de mettre un terme a u privi-
lège qu’avait la capitale d’être le pôle exclusif des grandes manifestations
culturelles, mais aussi de créer, au niveau des chefs-lieux de wilaya
(département), un équipement complet en mesure de répondre aux besoins
et aux activités des différentes régions du pays.
Chaque maison de la culture comprend une salle polyvalente pour le
théâtre et le cinéma, une bibliothèque, des salles de conférences ou de
répétitions, des galeries d‘exposition, des ateliers p o w les différentes
activités artistiques et culturelles et parfois un théâtre de plein air.
Quinze projets ont déjà été réalisés ou sont en cours de réalisation, ce qui
représente une institution par wilaya selon l’ancien découpage adminis-

44
I
L a diffusion de la culture

tratif. I1 s’agit notamment des maisons de la culture de Tizi-Ouzou,


Batna, Tlemcen, Sétif, Saïda, Médéa, El-Asnam, Constantine, Ouargla,
Oran ...
L’objectif des maisons de la culture est de contribuer à faire découvrir
le patrimoine national et d’offrir un cadre et des moyens d’action appro-
priés pour la diffusion culturelle à travers le territoire national. Elles ont
également pour mission de favoriser la création et d’établir des contacts
et des dialogues entre l’auteur, l’interprète et le public dans les différentes
régions du pays.
L’effort considérable demandé aux pouvoirs publics pour édifier et
équiper ce réseau aura pour effet de contribuer à stimuler la vie culturelle,
notamment dans les régions éloignées de la capitale.

I
L E THÉATRE E T L A D É C E N T R A L I S A T I O N

L e Théâtre national algérien, créé en 1963, a présenté depuis lors une


cinquantaine de pièces de théâtre écrites par des auteurs nationaux tels
que Rouiched, Kaki, Mammeri, Bachtarzi, Kateb Yacine, Assia Djebbar
ou Raïs. I1 a également monté des œuvres empruntées au répertoire uni-
versel (Molière, Diab, Ali Salem...). Parmi les pièces données récemment,
citons Elmeqbara (Le cimetière), satire dénonçant l’attitude des féodaux
qui tentent de reprendre les c o m m a n d e s dans la nouvelle société. D a n s le
domaine de la chorégraphie, il a fallu un long travail de recherche pour
mettre au point un programme de danses populaires qui reflètent les arts
et traditions des différentesrégions du pays. Les ballets algériens obtiennent
un grand succès auprès des spectateurs nationaux o u à l’étranger car ils
expriment l’originalité de la culture algérienne dans sa manifestation la
plus simple et la plus accessible, celle de l’harmonie du mouvement, du son
rythmé, du costume et d u décor. Ils commencent à être connus en Espagne
(où ils ont remporté le Prix d’or du Festival de Murcie), en Iran, en
République démocratique allemande, au Canada, etc. A u lendemain de
l’indépendance, le Théâtre national ne pouvait pas répondre aux besoins
réels des masses. Concentrées dans la capitale, ses activités pliaient sous le
poids de la bureaucratie. Plus tard, surtout à partir de 1971,la politique de
décentralisation et de démocratisation a apporté des solutions progressives
aux difficultés nées de la concentration. D e u x pôles ont été créés à A n n a b a
et Oran pour élargir la diffusion du théâtre à l’est et à l’ouest du pays ;les
pièces représentées portent sur l’éducation et la formation et eorrespondent
aux préoccupations des masses et aux options du pays. L e théâtre d’Oran
a réalisé collectivement, à partir d’enquêtes sur le terrain, deux pièces
qui ont pour sujet la révolution agraire et la gestion socialiste, Elmeïda et
El Mentoudj. D’autres œuvres présentées, telle La terre à ceux qui la
travaillent, ont un caractère didactique et politique. L a réorganisation
actuelle du théâtre de Bel-Abbès et de Constantine permettra d’accentuer
la décentralisation et de promouvoir une large diffusion de la production

45
La diffusion de la culture

culturelle. L a démocratisation de la culture sera assurée par les cinq


théâtres régionaux, p i toucheront régulièrement u n m a x i m u m de specta-
teurs. I1 reste cependant à pallier l’insuffisance de créations nouvelles,
ce qui est possible si l’on considère les potentialités du jeune théâtre
amateur, beaucoup plus fécond et spontané.
D e nombreuses troupes de théâtre ont pris naissance dans les entre-
prises publiques et les universités, apportant un sang nouveau et ouvrant
de grandes perspectives à la fonction socio-culturelledu théâtre populaire.
Les problèmes qui se posent dans ce domaine sont largement débattus
au cours des festivals organisés chaque année depuis 1967 à Mostaganem.
Des colloques qui se tiennent à ces occasions se dégagent de précieuses
réflexions sur la contribution du théâtre à l’éducation des masses et à
l’élévation de leur niveau culturel ;les questions de formation et de création
y sont également discutées.
Des dizaines de troupes d’amateurs s’appuient sur la création collec-
tive pour expliquer à la population la révolution agraire, la gestion socia-
liste des entreprises et les thèmes se rapportant aux préoccupations de la
phase actuelle d‘édification. Les thèmes sociaux abordés par de jeunes
créateurs ont soulevé l’intérêt, parfois m ê m e la passion, des masses :
situation de la femme, bureaucratie, délinquance, etc.

MANIFESTATIONS C U L T U R E L L E S
ET D É C E N T R A L I S A T I O N

Le processus de décentralisation et d‘encouragement aux manifestations


à caractère culturel s’est traduit par diverses mesures, notamment celle
adoptée en 1969 et qui a consisté à confier la gestion des salles de spectacles
aux communes.
Des subventions sont accordées aux festivals régionaux qui, à l’instar
du Festival de Timgad,essayent de créer une animation culturelle à travers
le théâtre et les arts populaires.
Des festivals nationaux de musique classique, de chant et de poésie
populaires sont organisés chaque année depuis 1966 pour favoriser la
promotion des formations d’amateurs sélectionnées dans différentes parties
du territoire national.
Enfin, des semaines culturelles organisées à l’intérieur du pays sont
encouragées et subventionnées par le ministère chargé de la culture.
L’animation se situe également au niveau du Parti et des organisa-
tions de masse, des entreprises socialistes, des collectivités locales et des
associations à caractère culturel. I1 existe actuellement en Algérie plus de
150 associations de musique, 50 troupes de théâtre et 120 associations des
arts et traditionspopulaires quibénéficientd’unepolitique d’encouragement.
L e Ministère de l’information et de la culture subventionne plus parti-
culièrement les organismes professionnels les plus importants.
L’Union nationale des arts plastiques (UNAP), qui regroupe les artistes

46
La diffusion de la culture

peintres, sculpteurs et miniaturistes, déploie des activités considérables


pour démocratiser son secteur et multiplier les expositions organisées dans
sa galerie ou à l’étranger.
L’Union des écrivains algériens (UNEA), qui s’est créée en 1963, orga-
nise des débats,des conférences et des activités culturelles visant la promo-
tion littéraire.

L e livre et la lecture publique

L e développement de la lecture publique constitue un objectif fondamental


de la politique culturelle. I1 exige donc l’organisation de l’édition et de la
diffusion du livre, celui-cidemeurant le support classique de toute culture
et un puissant moyen de libération.
L’ordre colonial n’avait pas permis l’épanouissement d’une production
nationale. L’industrie (( métropolitaine 1) du livre exerçait une mainmise
absolue sur le marché algérien par l’intermédiaire d‘un groupe étranger qui,
au lendemain de l’indépendance, chercha à perpétuer certaines influences et
certains monopoles commerciaux. Ce n’est qu’au lendemain du 19 juin 1965
que des mesures furent prises pour assainir le marché, créer une industrie
nationale du livre et encourager la lecture publique. Afin d’algérianiser la
diffusion des publications dont le contrôle exclusif était encore aux mains
de ce groupe étranger, la décision fut prise en 1966 de nationaliser les
messageries et de les confier à la nouvelle Société nationale d‘édition et de
diffusion.En affirmantainsi sa souveraineté,l’Algérie sauvegardaitson inté-
grité culturellepar un développement dulivre conforme aux intérêtsdu pays1.
La SNED a donc pris en charge, dans une première phase, la diffusion
des périodiques et des livres tant nationaux qu’étrangers. Dans la phase
suivante, celle de la création d’une industrie du livre en mesure de répondre
aux immenses besoins du pays et de mettre un terme à la dépendance en
matière d’édition, elle a entrepris la réalisation d’un grand complexe d’arts
graphiques à Réghaïa, dans la région d‘Alger. L’entrée en service de ce
complexe, dont la première pierre a été posée à la fin de l’année 1973, est
prévue pour le courant de l’année 1977.
L e pays sera ainsi doté, dans le domaine de l’impression, d’un équipe-
ment d‘avant-garde dont la capacité annuelle de production sera de 7 mil-
lions de livres, 7 500 O00 revues et brochures et environ l 500 O00 tonnes
d’affiches, de calendriers et d’imprimés divers. Les investissements néces-
saires s’élèveront h plus de 110 millions de dinars, soit l’équivalent de
quelque 22 millions de dollars. Les cadres et les 200 ouvriers qualifiés
nécessaires au fonctionnement initial de l’institution ont déjà reçu une
formation spécialisée à l’étranger.

1. En 1966, la diffusion nationale intéressait 700 O00 exemplaires (en arabe et en


français) ; en 1974, elle atteignait 4 millions d’exemplaires (30 yo de littérature popu-
laire, 28 yo de littérature générale, 22 yo de livres pour enfants et 20 yo de livres
scolaires et universitaires).

I 47
La diffusion de la culture

En outre, la politique d’encouragement aux jeunes auteurs a permis de


consentir des ((avances ))sur les droits d’auteur dès la publication des manus-
crits, tandis que la législation sur le droit d’auteur et la création d’un
Office national du droit d’auteur en 1973 ont contribué à stimuler la pro-
duction nationale, en assurant la défense des droits patrimoniaux et moraux
des créateurs d’oeuvres de l’esprit. D’un autre côté, un effort exceptionnel
a été demandé à la SNED pour mettre le livre à la portée de toutes les
bourses. Aussi le prix de vente des livres et le coût de leur diffusion sont-ils
évalués sans tenir compte de considérations de rentabilité financière. Les
livres coûtent entre 2 dinars (ouvrages pour enfants) et 20 dinars (ouvrages
universitaires). Grâce à cette politique, la SNED a pu éditer quelque
500 titres depuis sa création. D e l’ordre de 50 titres en 1973, la production
annuelle avoisine, depuis 1975,100 titres, dont la moitié en langue nationale.
Les tirages pour 1975 ont représenté 200 O00 exemplaires, sans compter les
2 millions d e livres pour enfants et adolescents.
Dans le domaine culturel, mentionnons également les collections publiées
par le Ministère de l’information et de la culture à l’intention des lecteurs
nationaux et étrangers, par exemplela série ((Artet culture n, dont 10 albums
ont paru en arabe, français, anglais et espagnol.
I1 reste entendu que les efforts de l’État et des pouvoirs publics en
faveur de l’édition n e pourront être fructueux que si une production intel-
lectuelle suffisante et de qualité se développe, surtout grâce aux générations
nouvelles, qui ont bénéficié de la scolarisation et de l’arabisation, car si les
mass media ont joué un rôle important pour faire progresser l’emploi de
l’arabe, il n’en demeure pas moins que la maîtrise de la langue n e peut être
développée que par la production d’ouvrages accessibles au grand public.
Trois revues en langue nationale paraissent régulièrement. Elles per-
mettent aux lecteurs de découvrir la littérature et de s’informer de tout ce
qui touche à la culture. I1 s’agit d’Amal, qui présente de jeunes talents,
d’Ath-Thaqufa, qui publie des études culturelles, et d’dlouane, qui est une
revue d’actualité. I1 faut mentionner également la revue Al-Açula, publiée
par le Ministère de l’enseignement originel et des affaires religieuses et dont
les études illustrent les grands courants de la civilisation et de la pensée
arabo-musulmanes.
LA LECTURE PUBLIQUE

Pour que le livre soit à la portée de tous, il est indispensable non seulement
de pratiquer des prix accessibles mais aussi de développer les circuits de
diffusion et de multiplier les bibliothèques publiques.
L a SNED s’efforce de multiplier les points de vente et de diffusion des
livres et des publications périodiques à travers le territoire national, dont
l’immensité engendre des difficultés et des charges financières certaines.
Malgré ces difficultés, elle a pu vendre, en 1974’4millions de livres dont 42 %
d’ouvrages scolaires, universitaires et de livres pour enfants, sans compter
les 8 millions de manuels produits par l’Institut pédagogique national.

48
La diffusion de la culture

L'OPÉRATION M I L L E B I B L I O T H È Q U E S

Pour mettre le livre à la portée de chaque citoyen,les pouvoirs publics ont


décidé la création, à travers le pays, de mille bibliothèques.Cette opération,
inscrite au IIe Plan quadriennal,bénéficie d'un crédit global de 15 millions
de dinars. Elle a été lancée en 1974.
Le ministère chargé de la culture a déjà distribué 75 O00 ouvrages à
250 bibliothèques.
En 1976, 200 O00 livres ont été achetés pour accroître les fonds de
400 bibliothèques implantées dans des communes et des chefs-lieux de
département.

T A B L E A U6 Les moyens didactiques (manuels...)

Production Acquisitions Ensemble'

Fran- Total Arabe Français Total


Annee Arabe Français Total Arabe Fais

1970/71 4 473 514 1625 742 6 099 256 166 O00 384 063 550 063 4 639 514 2 009 805 6 649 319
1971/72 3 170 357 1753 120 4 913 477 887 417 425 243 572 660 8 257 774 2 168 363 5 426 137
1972/73 4 066 262 1 487 738 5 554 O00 27 O00 324 750 351 750 4 093 262 1 812 488 5 905 750
1973/74 5309000 2965000 8274000 16000 734000 750000 5325000 3755000 9040000

a. Soit au total, pour les quatre andes :27 020 206, dont 24 840 733 produits en Algbrie, ce qui conne
92 yo des besoins des 6coles.
Source. Institut p6dagogique national.

LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE

L'ordonnance 70-34 du 29 mai 1970 précise les attributions de la Biblio-


thèque nationale, notamment en ce qui concerne l'application de la loi sur
le dépôt légal,la publication d'une bibliographie nationale et les services de
prêt au public et d'échanges de publications.
L a bibliothèque reçoit régulièrement près de 1 500 publications pério-
diques. Elle dispose d'un fonds de plus de 9 O00 manuscrits et d'une
discothèque de 4 O00 microsillons qui peuvent être écoutés dans des cabines
d'écoute modernes.
L a communication des ouvrages concerne 10 O00 lecteurs ; la biblio-
thèque accueille en moyenne 850 personnes par jour.
En 1965 la Bibliothèque nationale possédait 600O00 titres ; elle en a
aujourd'hui plus de 900 000,dont 200 O00 en langue nationale.

49
La formation et la coopération
culturelle

La formation
L a formation est une composante majeure de toute activité culturelle. Car
l’utilisation d‘une infrastructure culturelle n’est pas une simple affaire de
technique ou de gestion mais exige des vocations, un niveau intellectuel
élevé et aussi du talent et un certain engagement.
L e personnel charge de maîtriser et d‘animer les différents supports
de la culture a d’abord d û être (( algérianisé )) pour ramener à de plus
justes dimensions la (( coopération ))prolifique déjà en place au lendemain
de l’indépendance. Des actions ponctuelles furent alors entreprises pour
assurer la formation rapide des futurs professionnels par les organismes
concernés (prise en charge de la formation des jeunes cinéastes par le
Centre national du cinéma, de celle des aides-documentalistespar la Biblio-
thèque nationale, etc.).
Mais, pour dispenser u n enseignement national plus complet, des insti-
tuts furent créés et des écoles réorganisées. Pour les disciplines qui n’étaient
pas enseignées dans les diverses institutions nationales de formation, les
étudiants furent envoyés à l’étranger afin d’y acquérir un perfectionnement
technique.
L A F O R M A T I O N D E S ASSISTANTS
DE BIBLIOTHÈQUES
ET D E CENTRES D E DOCUMENTATION

L a Direction de la lecture publique et de la documentation organise des


stages de formation qui mènent au diplôme technique des bibliothèques et
archives. Les 400 assistants formés depuis 1965 exercent leurs fonctions
dans les bibliothèques, centres de documentation et centres d’archives des
différents organismes publics.
Dans le cadre de la politique d’encouragement à la lecture, un projet
de création d’une École nationale des techniques de la documentation est

50
L a formation et la coopération culturelle

en cours de réalisation pour faire face aux besoins croissants en la matière.


Les boursiers suivent généralement un enseignement supérieur dans le
domaine des arts et de l’archéologie, du cinéma, de la télévision, de la
musique et de l’industrie du livre dans les pays socialistes (URSSnotam-
ment), dans les pays arabes (Égypte) et en Europe (France, Belgique,
Grèce et Italie).
L’ÉCOLE N A T I O N A L E D E S B E A U X - A R T S
I
En 1970, date à laquelle la section d’architecture a été rattachée à l’École
polytechnique d’architecture et d’urbanisme, l’École nationale des beaux-
arts a été réorganisée et dotée de nouveaux statuts. Elle est chargée de
donner une formation dans le domaine de la peinture, de la sculpture, des
arts graphiques, de la décoration et de la communication visuelle. Elle
assure en outre un enseignement pratique dans le domaine des arts tradi-
tionnels d e la miniature, de l’enluminure, de la calligraphie et de la céra-
mique. Les études, d‘une durée de quatre ans, sont sanctionnées par un
certificat d‘études artistiques générales et un diplôme des beaux-arts.
D e u x écoles annexes, situées à Oran et à Constantine, ont été rattachées
à l’ficole nationale des beaux-arts d’Alger.

L’INSTITUT D E B O R D J - E L - K I F F A N

Cet institut a pour mission de former des comédiens, des metteurs en


scène, des danseurs et des chorégraphes. Les premières promotions exercent
actuellement a u Théâtre national d’Alger, dans les théâtres régionaux, à la
Radiodiffusion-Télévision ou a u Ministère de la jeunesse et des sports.
En 1974, cet établissement a réorganisé son enseignement pour former des
animateurs culturels capables de faire fonctionner les maisons de la culture,
notamment sur le plan des arts scéniques et des activités musicales. L e
contenu et la méthodologie de l’enseignement dispensé assurent aux étu-
diants une culture générale suffisante pour leur permettre d’accomplir la
mission qui leur est assignée dans le cadre de la démocratisation de la
culture.
L a section musicale de l’Institut national de musique, qui dispense un
enseignement du premier et du second degré à une centaine d‘étudiants,
a été rattachée en 1973 à l’Institut de Bordj-El-Kiffan.

LA STRUCTURE PROFESSIONNELLE

L a structure professionnelle du secteur culturel a pris forme progressive-


ment et les statuts du personnel spécialisé ont été élaborés en fonction des
différents secteurs d’activité. Nous n’évoquerons pas les catégories clas-
siques de personnel des services administratifs et économiques mais nous
pouvons énumérer quelques corps spécialisés de travailleurs d e la culture
dépendant du Ministère de l’information et de la culture :les conservateurs,

51
La formation et la coopération culturelle

chargés de recherches et spécialistesayant un diplôme d’études supérieures,


qui s’occupent des musées, de la recherche archéologique, des monuments,
des bibliothèques, des archives ;les attachés de recherche (du niveau de la
licence), qui collaborent dans le m ê m e domaine avec les conservateurset les
chargés de recherches ou qui,le cas échéant,les suppléent ;les assistants de
recherches (techniciens du niveau du baccalauréat), qui travaillent dans les
musées, les bibliothèques, les centres de documentation et les archives ;les
conseillers culturels, attachés au ministère chargé de la culture, qui parti-
cipent à l’élaboration et à la mise en œuvre de différents programmes
culturels ; les animateurs culturels ou spécialistes de l’action culturelle,
notamment au niveau des maisons de la culture.

La coopération culturelle

L’Algérie entretient des relations fructueuses avec l’étranger swr le plan


politique et économique. Dans le domaine culturel,un développement plus
modeste a suivi cette coopération internationale :des liens de plus en plus
solides ont été noués avec les organisations internationales importantes,en
particulier l’Unesco,l’organisation de l‘unité africaine et la Ligue des h a t s
arabes.
U n e coopération efficace entre l’Algérie et le Fonds spécial des Nations
Unies a été inaugurée dès l’indépendance avec la réalisation du projet
(Algérie I )
( , qui portait sur la formation scientifique.
)

Avec l’aide du Programme des Nations Unies pour le développement et


le concours de l’Unesco,l’Algérie a été l’un des premiers pays à entreprendre
une expérience pilote d’alphabétisation massive des adultes.
Dans le cadre de la lutte pour l’élimination de l’analphabétisme,l’action
du Centre national d’alphabétisation présente un intérêt national pri-
mordial mais constitue également une initiative de portée internationale.
L’ouverture culturelle sur le monde et les pays d’Afrique et du Moyen-
Orient s’est traduite notamment par l’adhésion de l’Algérie à l’Union des
radiodiffusions et télévisions nationales d’Afrique (URTNA)et à la Fédé-
ration panafricaine des cinéastes (FEPACI), ainsi que par une contribution
active aux congrès, séminaires et festivals organisés tant sur le territoire
national que dans les autres pays du continent africain. Citons en parti-
culier l’organisation en 1969,à Alger, du Ier Festival culturel panafricain
et celle du 2e congrès de l’Union panafricaine des cinéastes en 1975.C’est
également dans le m ê m e esprit de coopération que l’Algérie a accueilli le
Congrès des écrivains arabes en 1974 et celui de l’Union générale des artistes
peintres arabes en 1975.
Des accords bilatéraux, des protocoles culturels couvrent les activités
cinématographiques, artistiques, théâtrales et musicales dans le cadre de
programmes biennaux établis en coopération avec les pays arabes,africains,
latino-américainset les États socialistes de l’Asie et de l’occident.

52
La formation et la coopération culturelle

Basés sur la compréhension mutuelle, ces échanges prennent la forme


de semaines culturelles,semaines du film, expositions, échanges d’experts,
octroi de bourses d’études ou de formation.
L’aspect le plus remarquable de cette coopération est certainement
l’organisation à l’étranger de semaines culturelles qui permettent de donner
une image aussi précise que possible de l’Algérie et de la dimension cultu-
relle de la révolution. Le programme de ces semaines culturelles comprend
un éventail très large de manifestations : musique, variétés et chants
algériens, avec le concours de la Radiodiffusion-Télévision algérienne ;
théâtre et ballets du Théâtre national algérien ; conférences faites par des
professeurs d’université sur des thèmes historiques, littéraires, sociolo-
giques, etc. ; expositions à caractère archéologique et artistique organisées
avec le concours des musées nationaux ;projections de films,documentaires
et longs métrages algériens ; expositions de livres.
Chaque semaine culturelle organisée à l’étranger nécessite le déplace-
ment d’une centaine de personnes (conférenciers, artistes et musiciens),
I mais c’est là la manière la plus vivante et la plus efficace de montrer les
divers aspects de la culture algérienne et de contribuer à une meilleure
compréhension des civilisations et des peuples. Les semaines culturelles
remportent toujours un très grand succès dans les pays où elles ont lieu.

53
Bilan et perspectives

Cette vision d’ensemble de la politique culturelle en Algérie, nécessairement


fragmentaire, appelle une remarque essentielle pour permettre de mieux
juger le chemin parcouru, les difficultés rencontrées et les tâches immenses
qui restent à accomplir. I1 s’agit effectivement d’en situer les résultats
positifs ou négatifs dans le contexte historique de l’héritage extrêmement
pesant laissé par une colonisation qui a engendré cent trente années de
domination, un sous-développement marqué et une déculturation effective
et générale.
Malgré le poids du passé et les multiples problèmes à affronter, la
politique culturelle a créé une situation nouvelle qui a suscité à eon tour
de nouveaux problèmes mais qui a du moins eu le mérite de dégager clai-
rement les principes à suivre et les objectifs à atteindre. Certes, les insuffi-
sances inévitables de la création et de la production nationales en matière
culturelle demandent encore bien des efforts et du temps pour être résor-
bées, surtout dans un pays dont la population comptait 90 yo d’analpha-
bètes il y a à peine vingt ans. Mais pour aider à mesurer l’oeuvre accomplie,
il faut souligner qu’aujourd’hui la scolarisation touche plus de 75 yo des
enfants d’âge scolaire, que la télévision pénètre dans la quasi-totalité des
régions du pays et atteint des localités situées à 2 O00 k m de la capitale,
et que des crédits exceptionnels d’un montant de plusieurs milliards de
dinars ont été affectés à l’infrastructure culturelle, à la mise en valeur du
patrimoine et à la formation.
L’évolution de la société et la transformation du genre de vie ont amené
une révolution dans les mentalités et dans les faits. L a maturité du peuple
algérien lui a permis d e fournir des efforts remarquables pour réaliser les
plans de développement et pour former un h o m m e nouveau au sein de
l’Algérie nouvelle.
L a bataille pour la démocratisation de l’instruction est en grande partie
gagnée. Cela signifie que la promotion est désormais fondée sur le mérite
et non l’origine ou la fortune.

54
Bilan et perspectives

L a décolonisation est également résorbée dans bien des domaines


grâce à la récupération de la langue nationale, de l’histoire, d u patrimoine
et d’une personnalité longtemps étouffée.
Un nouveau système de valeurs est né qui crée des modes de pensée et
une éthique qui éliminent peu à peu tout ce qui est pernicieux et négatif :
l’égolsme, l’esprit de lucre, l’arrivisme et l’indiscipline. Un effort continu
d’explication incite a u dévouement à la cause publique, au désintéresse-
ment, et favorise l’élévation du niveau culturel1.
L a promotion de la femme, hier victime de la société féodale et coloniale,
est un autre exemple frappant des grandes transformations en cours.
Aujourd’hui l’amélioration du sort de la f e m m e est réelle, ses droits poli-
tiques sont reconnus et elle participe de plus en plus activement au déve-
loppement et à l’éducation.
En somme, la socialisation des moyens de production est une puissante
motivation pour changer les rapports sociaux et continuer la lutte contre
le sous-développement économique et culturel.
Les actions destinées à favoriser le progrès social et culturel visent à
améliorer les conditions de vie des masses en leur permettant notamment
de bénéficier de la médecine gratuite, et de loisirs accrus.
L’institution de l’école fondamentale de neuf années prolongera la scola-
rit6 obligatoire jusqu’au brevet d’enseignement fondamental.
L a construction d’universités et de centres universitaires multipliera à
travers le territoire les foyers de diffusion et de rayonnement de la science,
de la culture et de la technique.
En assurant la généralisation et la démocratisation de l’enseignement,
en améliorant le niveau de vie par une répartition équitable du revenu
national, en dotant k p y s d ’ m e infrastructure et d’un équipement
culturels appropriés, l’État donnera aux masses populaires des possibilités
réelles d’accéder à une culture populaire.
L’action de l’État en matière d’infrastructure culturelle prévoit à court
terme :la création d’une deuxième c h d n e de télévision afin d‘intensifier les
programmes éducatifs et culturels et de vulgariser les connaissances scien-
tifiques et techniques ; la généralisation de l’implantation des maisons de
culture à travers l’ensemble du territoire national pour encourager la
création artistique et favoriser l’animation culturelle ; le renforcement de
la diffusion du livre ; la mise à la disposition des masses paysannes des
moyens audio-visuels et des programmations appropriés nécessaires à 1’616-
vation d u niveau culturel ; l’application dans tout le pays d’une politique
en faveur de l’enfance et de la jeunesse grâce à la multiplication de crèches
et jardins d‘enfants, de cantines, de foyers, de bibliothèques, de complexes
sportifs et d’institutions culturelles, afin d’offrir aux générations montantes
des loisirs sains et utiles dans un climat social imprégné de leurs valeurs

1. Cf. Ahmed Taleb Ibrahimi, De la décolonisution d la réwolution culturelle, p. 219, Alger,


I SNED, 1973.

l 55
Bilan et perspectives

nationales1 ; la construction d’une maison de la culture par wilaya, d’un


centre culturel dans chaque daira (sous-préfecture) et d’un cercle culturel
dans les villes et quartiers importants.
Cette infrastructure culturelle doit être complétée par la formation d’un
personnel soucieux de servir les citoyens et d’animateurs et de spécialistes
conscients de leur rôle. En effet, les installations techniques les plus perfec-
tionnées ne pourront jamais se passer de l’homme et de son talent.
Enfin, de nouveaux efforts sont prévus pour continuer à doter le pays
d’une infrastructure culturelle moderne et décentralisée. A l’instar de la
radio et de la télévision, qui couvriront très bientôt l’ensemble du pays,
les bibliothèques,les maisons de la culture,les musées et les théâtres doivent
atteindre les différentes régions du territoire, de manière que dans chaque
quartier, dans le moindre village, le peuple soit en mesure d’exercer son
droit à la culture.
L a création par les artistes de l’Union nationale des arts plastiques et
d’un Musée rural d’art à Tessala El-Mardja, petit ((village socialiste n, est
un symbole et un exemple à multiplier pour allier le progrès économique à
la promotion de la culture.
Tous ces efforts se situent dans le contexte d’une stratégie de dévelop-
pement global dont la mise en œuvre se caractérise par une action continue,
mûre et sérieuse, en vue de l’édification du pays, et par une volonté iné-
branlable de sortir du sous-développement.
Seule la poursuite d’une telle politique donnera l’impulsion nécessaire à
l’épanouissement d’un h o m m e libre dans une société plus authentique,
plus juste et plus heureuse n.

1. Extraits de la Charte nationale, chap. VI, titre VI.

56
Éléments de bibliographie

ABDELMALEK, A. ; BELAL, A . ; HANAFI, H.L a renaissance du monde arabe. Éd. Duculot


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1973.
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Jacques. Maghreb. Histoire et société. Éd. Duculot et S N E D , 1974. 227 p.
Charte nationale. Ordonnance no 76-57 du 5 juillet 1976 portant publication de la Charte
nationale. Publiée par le F L N , Alger E P A , 1976. 190 p. Alger, SNED.
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Culture africaine. Symposium d’Alger, 21 juillet leraoût 1969, Alger, SNED.
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MINISTERE DE L’INFORMATIONET DE LA CULTURE. Dix années de réalisations (19juin 1965
19 juin 1975). Alger, SNED,1976.
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Abdelmalek. Renaissance de la littérature arabe en Algérie. Alger, SNED,
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Abderrahmane. Les institutions administratives algériennes, 1971-1975.Alger,
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RÉPUBLIQUE ALGÉRIENNÈDÉMOCRATIQUE ET POPULAIRE. Dix ans d’efforts.Alger, SNED,
Presses des gditions populaires de l’armée, 1976. 355 p.
SHAFER, Paul. (( Vers un nouvel ordre mondial :l’âge culturel D. Cultures, vol. II, no 3,
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SARI, Djilali. Les villes précoloniales de l’Algérie occidentale. Alger, SNED,1975.
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Revues

Amal, publication en arabe d u Ministère de l’information et de la culture, Alger, SNED.


At-Thaquafa, publication en arabe d u Ministère de l’information et de Ia culture, Alger,
SNED.

57
gléments de bibliographie

Al-Acala, publication en arabe du Ministère de l'enseignement originel et des affaires


religieuses, Alger, SNED.
Histoire et civilisation du Maghreb, revue de la Société d'Histoire algérienne,Alger, SNED.
- algérienne,
Bulletin d'archéologie - Publication du Service des antiquités.
Libyca,revue d u Centre de recherches anthropologiques,préhistoriqueset ethnographiques,
Alger, SNED.

58
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