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ENTRE :
JEAN-FRANÇOIS MORASSE
DEMANDEUR
(intimé)
- et -
GABRIEL NADEAU-DUBOIS
INTIMÉ
(appelant)
- et -
RÉPONSE DE L’INTIMÉ
(règle 27 des Règles de la Cour suprême du Canada)
L-3864-15
Montréal 514 374-0400 Québec 418 641-0101 lafortune.ca
-2-
Procureur de l’intervenante
-i-
MÉMOIRE DE L’INTIMÉ
JURISPRUDENCE
_______________
-1-
Mémoire de l’intimé Exposé concis des faits et de la position
MÉMOIRE DE L’INTIMÉ
1. L’intimé croit utile d’ajouter quelques précisions à l’exposé des faits du demandeur.
2. D’abord, il faut noter que l’injonction interlocutoire provisoire du 12 avril 20121 émise en faveur
du demandeur Jean-François Morasse était dirigée contre l’Université Laval, la Confédération
des associations d’étudiants et d’étudiantes de l’Université Laval (« CADEUL ») et
l’Association des étudiants et étudiantes en arts plastiques de l’Université Laval (« ASÉTAP »).
La CADEUL a cessé d’être une personne désignée dans l’ordonnance de sauvegarde émise par
le juge Émond le 2 mai 20122. L’ASÉTAP était membre de la CADEUL.
3. Quelques jours auparavant, soit les 28 et 29 avril 2012, l’ASÉTAP était devenue membre de
la Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (« CLASSE »), une
vaste coalition regroupant diverses associations étudiantes autonomes au Québec. L’ASÉTAP
avait participé, par l’entremise de délégués, au congrès tenu par la CLASSE à ces dates.
4. À l’époque, l’intimé était l’un des porte-paroles de ladite coalition d’associations, la CLASSE.
1
Jugement de la Cour supérieure (Lemelin, J.), Demande d’autorisation d’appel, ci-après, « D.A. »,
vol. I, p. 4 et s.
2
Jugement de la Cour supérieure (Émond, J.), par. 55 et s., D.A., vol. I, p. 18 et s.
3
DVD de l’entrevue accordée à RDI, D.A., vol. I, p. 108.
4
Jugement de la Cour supérieure (Jacques, J.), par. 3, D.A., vol. I, p. 22.
5
D.A., vol., I, p. 10 et s.
6
Jugement de la Cour d’appel (Bich, Giroux et Dufresne, JJ.C.A.) (ci-après « Jugement de la C.A. »),
D.A., par. 19, vol. I, p. 64.
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Mémoire de l’intimé Exposé concis des faits et de la position
6. Par jugement du 1er novembre 2012, le juge Denis Jacques de la Cour supérieure a
déclaré l’intimé coupable d’outrage au tribunal pour avoir incité à contrevenir à l’Ordonnance et
ainsi avoir agi de manière à entraver le cours normal de la justice ou avoir porté atteinte à
l’autorité ou à la dignité du tribunal (art. 50 du Code de procédure civile), donc avoir posé une
action susceptible d’empêcher ou d’affecter de façon négative l’accès aux cours7.
8. Cette intervention de la Cour d’appel a été rendue nécessaire en raison des erreurs manifestes
et dominantes du juge de première instance dans l’appréciation des faits et dans son
processus inférentiel. Ce dernier a même commis une erreur de droit dans l’application des
principes juridiques aux faits.
10. L’intimé soumet que le dossier ne comporte aucune question d’importance nationale pour le
public, ou question autrement importante, au sens de l’article 40 (1) de la Loi sur la
Cour suprême11.
11. En effet, il s’agit d’un dossier qui fait intervenir les principes reconnus par la Cour d’appel
du Québec et la Cour suprême du Canada en matière d’outrage au tribunal et qui les applique
dans une situation bien précise.
12. Lesdits principes sont rappelés par la Cour d’appel aux paragraphes 29 à 41 de son jugement.
La Cour d’appel s’appuie sur des arrêts bien connus de la Cour suprême du Canada, de la
Cour d’appel du Québec et la Cour d’appel de la Nouvelle-Écosse, tel qu’il appert des
références en bas de page. Elle cite même certains d’entre eux.
7
Jugement de la Cour supérieure (Jacques, J.), D.A., vol. I, p. 24 et s.
8
Jugement de la C.A., D.A., vol. I, p. 59.
9
Jugement de la C.A., par. 48-64, D.A., vol. I, p. 71-75.
10
Jugement de la C.A., par. 65-78, D.A., vol. I, p. 75-77.
11
LRC 1985, c S-26.
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Mémoire de l’intimé Exposé concis des faits et de la position
13. Il convient de noter que parmi les arrêts sur lesquels s’est basée la Cour d’appel pour intervenir en
l’espèce se trouvent Constructions Louisbourg ltée c. Société Radio-Canada et Javanmardi c.
Collège des médecins du Québec, deux dossiers que la présente Cour a refusé d’entendre en 2014
et 201312. Ces arrêts, et en particulier l’arrêt Javanmardi13 dans lequel la Cour d’appel annule une
condamnation pour outrage au tribunal, reprennent de façon tout à fait analogue au présent
jugement les principes applicables en matière d’outrage, guidés par les autres arrêts de principe
Centre commercial Les Rivières ltée c. Jean bleu inc.14, Droit de la famille – 12287515, et l’arrêt
phare de cette Cour Vidéotron ltée c. Industries Microlec Produits Électroniques inc.16
15. En outre, contrairement aux prétentions du demandeur et tel qu’il sera plus amplement
expliqué ci-après, le présent dossier ne soulève en aucune manière l’admissibilité d’une
défense autonome de liberté d’expression. La Cour d’appel a tout simplement conclu qu’en
l’espèce, l’actus reus n’avait pas été démontré selon le fardeau de preuve applicable.
16. Le présent dossier constitue en somme un simple cas d’application de principes largement
reconnus. Il ne pose pas de question nouvelle, ni constitutionnelle ni d’intérêt national.
17. De plus, la Cour d’appel ne s’écartant pas des principes habituels et se bornant à corriger les
erreurs manifestes et dominantes et erreur de droit du juge de première instance, elle a exercé
correctement son rôle de tribunal d’appel et n’a commis aucune erreur.
18. Par conséquent, l’intimé soumet qu’il n’est pas opportun pour la Cour suprême du Canada
d’octroyer l’autorisation d’appel demandée.
12
Constructions Louisbourg ltée c. Société Radio-Canada, 2014 QCCA 155 (demande d’autorisation
d’appel à la Cour suprême rejetée, dossier 35797, 26 juin 2014), Réponse de l’intimé, ci-après « R.I. »,
p. 23 et s.; Javanmardi c. Collège des médecins du Québec, 2013 QCCA 306 (demande d’autorisation
d’appel à la Cour suprême rejetée, dossier 35325, 11 juillet 2013), R.I., p. 50 et s.
13
Javanmardi c. Collège des médecins du Québec, précité note 12, par. 23 et s., R.I., p. 57 et s.
14
2012 QCCA 1663, D.A., vol. II, p. 245.
15
2012 QCCA 1855, R.I., p. 34 et s.
16
[1992] 2 R.C.S. 1065, D.A., vol. IV, p. 654.
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Mémoire de l’intimé Exposé des questions en litige
19. La Cour d’appel n’a pas substitué sa propre appréciation à celle du juge de première instance.
Tout en respectant la déférence due au juge du procès, elle a exercé sa compétence pour
évaluer si les faits en preuve pouvaient justifier les conclusions auxquelles le juge de
première instance est arrivé. Puisque ces conclusions étaient entachées d’erreurs manifestes
et dominantes, voire aussi d’une erreur de droit dans l’application des principes aux faits,
elle a dû intervenir, agissant strictement dans le cadre de sa compétence.
Deuxième argument : La Cour d’appel n’a pas erré en droit en exigeant que le
demandeur démontre la connaissance, par l’intimé, de l’ordonnance dont il allègue la
violation, et ce, que ce soit par une preuve directe ou par le biais d’une preuve
circonstancielle.
20. L’exigence d’une preuve de connaissance de l’ordonnance dont on allègue la violation est
en tout point conforme aux principes applicables. La Cour d’appel n’a pas nié la possibilité
de démontrer, par le biais d’une preuve circonstancielle, la connaissance de ladite
ordonnance. Au contraire, elle l’a reconnue dans son jugement. Conformément aux principes
juridiques applicables, la Cour d’appel a tout simplement constaté qu’en l’espèce, la preuve
présentée en première instance ne permettait en aucun cas de conclure hors de tout doute
raisonnable à la connaissance de l’Ordonnance qu’on reproche à l’intimé d’avoir violée, et
ce, ni directement, ni de façon circonstancielle.
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Mémoire de l’intimé Exposé des questions en litige
21. La Cour d’appel a conclu que les paroles prononcées, qu’elles soient prises isolément ou
placées dans leur contexte, ne constituent pas une incitation à violer l’Ordonnance et ne
peuvent être interprétées comme tel. Par conséquent, elle a dû conclure que l’actus reus
n’était manifestement pas démontré hors de tout doute raisonnable et donc que l’intimé
n’avait pas commis l’infraction. Contrairement à ce que prétend le demandeur, la
Cour d’appel n’a pas conclu qu’elle devait acquitter l’intimé en raison d’une défense
autonome basée sur la liberté d’expression.
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Mémoire de l’intimé Exposé des arguments
22. La norme d’intervention applicable et la déférence d’une cour d’appel envers un jugement de
première instance ne sont pas supérieures en matière d’outrage au tribunal. En d’autres mots,
une cour d’appel ne doit pas une déférence supérieure au juge de première instance lorsqu’il
s’agit d’une affaire d’outrage au tribunal. La norme d’intervention n’est pas plus sévère.
23. Dès 199217, la présente Cour insistait sur la gravité d’une procédure d’outrage au tribunal,
laquelle comporte des caractéristiques pénales, tout comme l’a rappelé la Cour d’appel dans
le présent jugement :
[…]
[références omises]
24. En ce sens, la discrétion du juge de première instance est encore plus restreinte en pareille
matière.
17
Vidéotron ltée c. Industries Microlec Produits Électroniques inc., précité note 16, D.A., vol. IV,
p. 654.
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Mémoire de l’intimé Exposé des arguments
27. Tel qu’on peut le constater dans les cas où la Cour d’appel est intervenue pour annuler des
condamnations pour outrage au tribunal, tels que Centre commercial Les Rivières ltée et
Javanmardi19, c’est la norme d’intervention habituelle qui s’applique au tribunal d’appel,
laquelle est bien connue par cette honorable Cour20.
28. Notamment, une cour d’appel est autorisée à modifier une conclusion factuelle en cas d’erreur
manifeste et dominante dans l’appréciation des faits ou lorsque le processus inférentiel suivi par le
premier juge est lui-même manifestement erroné. Elle peut également intervenir en cas d’erreur
manifeste et dominante ou d’erreur de droit dans l’application de principes juridiques à des faits21.
29. En l’espèce, le juge de première instance a commis des erreurs manifestes et dominantes
dans l’appréciation de la preuve, tirant des inférences de faits manifestement erronées. Le
juge a de plus commis une erreur de droit dans son application des principes juridiques aux
faits, plus particulièrement du fardeau de preuve.
30. Reconnaissant d’entrée de jeu la déférence due au premier juge sur les questions de faits
(Jugement de la C.A., par. 48 et 65, D.A., vol. I, p. 71 et 75), c’est dans cette perspective que la
Cour d’appel a étudié le jugement de première instance et a pris soin d’expliquer minutieusement
les motifs de son intervention.
18
Droit de la famille – 122875, précité note 15, par. 42, R.I., p. 47-48; Centre commercial Les Rivières ltée
c. Jean bleu inc., précité note 14, par. 68, 73, D.A., vol. II, p. 263, 264; Javanmardi c. Collège des
médecins du Québec, précité note 12, par. 34, R.I., p. 59; Constructions Louisbourg ltée c. Société
Radio-Canada, précité note 12, par. 26, R.I., p. 30-31.
19
Centre commercial Les Rivières ltée c. Jean bleu inc., précité note 14, par. 83, D.A., vol. II, p. 267;
Javanmardi c. Collège des médecins du Québec, précité note 12, R.I., p. 50 et s.
20
Housen c. Nikolaisen, [2002] 2 RCS 235, D.A., vol. II, p. 297.
21
Id., par. 8 à 33, D.A., vol. II, p. 307-319.
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Mémoire de l’intimé Exposé des arguments
31. Il est bien établi que la connaissance de l’ordonnance est l’un des éléments constitutifs de
l’outrage et qu’elle doit être démontrée hors de tout doute raisonnable. Cette connaissance
doit être personnelle et réelle22.
32. En droite ligne avec la jurisprudence applicable, la Cour d’appel résumait ainsi en 2008 les
différents éléments constitutifs de l’infraction de l’outrage civil23 :
33. Dans le présent arrêt, la Cour d’appel reconnaît d’entrée de jeu la possibilité de démontrer
cette connaissance par une preuve circonstancielle. Elle écrit :
34. En l’espèce, nous pouvons résumer ainsi les éléments de preuve présentés lors du procès
relativement à la connaissance de l’Ordonnance par l’intimé :
22
Bhatnager c. Canada (Ministre de l’Emploi et de l’Immigration), [1990] 2 R.C.S. 217, par. 15-19,
D.A., vol. II, p. 239-241; Baxter Travenol Laboratories of Canada Ltd. c. Cutter (Canada), [1983]
2 R.C.S. 388, par. 15, D.A., vol. I, p. 142; Montréal (Ville de) c. Syndicat des cols bleus regroupés
de Montréal, section locale 301 (SCFP), 2006 QCCS 5273, par. 116 et s., R.I., p. 95 et s.
23
Valeurs mobilières Desjardins inc. c. Financière Banque Nationale inc., 2008 QCCA 99, par. 8, R.I.,
p. 199.
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Mémoire de l’intimé Exposé des arguments
L’intimé n’a pas reçu signification de l’Ordonnance et n’avait pas à la recevoir, n’étant
pas une personne désignée dans la requête pour l’obtention de l’Ordonnance ni dans
l’Ordonnance elle-même;
L’intimé n’était pas présent lors de l’émission de l’Ordonnance et n’avait pas à l’être;
L’intimé n’était pas étudiant à l’Université Laval. Il n’y a aucune preuve même qu’il
était étudiant;
L’intimé n’a pas été vu par les témoins sur les lignes de piquetage aux entrées de la
Faculté des arts plastiques ni ailleurs sur le campus de l’Université Laval;
35. Après étude de la preuve et des motifs du juge de première instance, la Cour d’appel s’est
vue obligée de constater qu’aucun des faits retenus par le juge ni les inférences qu’il en a tiré
ne prouvent la connaissance de l’Ordonnance par l’intimé (Jugement de la C.A., par. 51-63,
D.A., vol. I, p. 72-74). Le cumul de tels faits et inférences sans valeur probante ne saurait,
par leur accumulation, prouver cet élément essentiel de l’infraction selon le lourd fardeau de
preuve applicable (Jugement de la C.A., par. 51, D.A., vol. I, p. 72).
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Mémoire de l’intimé Exposé des arguments
36. La Cour d’appel a passé en revue les faits et motifs du juge de première instance. D’une part,
le fait que l’ASÉTAP ait reçu signification du jugement et que l’ASÉTAP soit devenue
membre de la CLASSE, dont l’intimé était l’un des porte-paroles, est une chaîne de faits qui
n’emporte aucune preuve hors de tout doute de la connaissance de l’intimé (Jugement de la
C.A., par. 53, D.A., vol. I, p. 72), conclusion en tout point conforme aux principes ressortant
de l’arrêt Bhatnager de cette Cour.
37. Dans cette dernière affaire, même la signification de l’ordonnance aux avocats des ministres
ne constituait pas, à l’égard des ministres, une preuve suffisante de connaissance de
l’ordonnance pour justifier une conclusion d’outrage, rien ne démontrant hors de tout doute
que l’ordonnance avait bel et bien été portée à la connaissance personnelle desdits ministres24.
38. La Cour d’appel a ensuite examiné l’analyse du juge de première instance de la déclaration
de l’intimé dans le contexte de l’entrevue télévisée (Jugement de la C.A., par. 55-59, D.A.,
vol. I, p. 72-74). Rappelons les propos tenus lors de l’entrevue télévisée :
24
Bhatnager c. Canada (Ministre de l’Emploi et de l’Immigration), précité note 22, D.A., vol. II, p. 233.
25
DVD de l’entrevue accordée à RDI, D.A., vol. I, p. 108.
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Mémoire de l’intimé Exposé des arguments
39. Comme le conclut la Cour d’appel, il est impossible et par conséquent manifestement erroné
de déduire des propos de l’intimé, même remis dans leur contexte, que celui-ci avait hors de
tout doute une connaissance personnelle et réelle de toutes les injonctions qui auraient été
émises un peu partout au Québec concernant le conflit étudiant, dans les universités et dans
les collèges d’enseignement général et professionnel (« CÉGEPS »).
40. Aussi est-il impossible de déduire du fait que l’intimé semblait savoir que des injonctions
existaient – ce qui n’est pas non plus prouvé – qu’il avait nécessairement une connaissance
personnelle réelle de l’Ordonnance du juge Émond. Il faudrait pour ce faire extrapoler et
prêter des intentions à l’intimé (Jugement de la C.A., par. 57-59, D.A., vol. I, p. 73-74). Il
faudrait, en somme, présumer la connaissance de l’intimé. Or, il est évidemment interdit au
juge du procès d’ajouter ainsi à la preuve pour en combler des lacunes.
41. Au surplus, contrairement à ce que tient pour acquis le premier juge, aucune preuve au procès
n’a démontré que les injonctions contre des universités, CÉGEPS et/ou associations
étudiantes contenaient les mêmes ordonnances, étaient rédigées dans les mêmes termes et
avaient les mêmes objectifs. Aucune preuve n’a même été présentée à ce sujet.
42. Par son raisonnement, le juge de première instance s’est trouvé à atténuer le fardeau de
preuve et même à opérer des inversions du fardeau de preuve (Jugement de la C.A., par. 57,
D.A., vol. I, p. 73).
43. Le juge du procès a commis à nouveau cette erreur en tirant des inférences à l’appui de sa
conclusion de connaissance du fait que certaines personnes n’ont pas témoigné pour la
défense (tels que d’autres officiers de l’ASÉTAP et les personnes désignées aux instances
de la CLASSE) et du fait que l’intimé n’a pas témoigné (Jugement de la C.A., par. 57, 61,
D.A., vol. I, p. 73-74), ce qu’il répète abondamment dans son jugement.
44. Or, une inversion du fardeau de preuve constitue une pure erreur de droit. À tout le moins,
il s’agit d’une erreur manifeste et dominante sur une question mixte de fait et de droit.
45. Concluant qu’une « multitude de véhicules », à savoir les éléments mentionnés ci-dessus,
auraient pu emmener l’intimé à avoir connaissance de l’Ordonnance, le juge de première
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Mémoire de l’intimé Exposé des arguments
instance a ajouté que ce sont des avocats du même cabinet qui ont représenté l’ASÉTAP lors
des procédures relatives à l’Ordonnance puis l’intimé lors de la procédure en outrage au
tribunal, laissant entendre que cela contribuait aussi à la preuve de connaissance.
46. Pourtant, l’intimé est devenu pour la première fois client du cabinet du soussigné uniquement
après avoir reçu l’ordonnance spéciale de comparaître du 17 mai 2012, donc bien après
l’émission de l’Ordonnance du 2 mai 2012. D’un simple point de vue temporel, cette
inférence est manifestement fausse. De plus, il s’agit là d’un élément dénué de toute
pertinence pour les raisons explicitées par la Cour d’appel elle-même au paragraphe 62 de
son jugement et qui ne pouvait en aucun temps être considéré par le juge du procès.
47. Une telle inférence est de plus en complète contradiction avec l’arrêt Bhatnager de cette Cour,
dans lequel même la signification aux avocats qui représentaient effectivement des ministères
n’était pas suffisante, dans les circonstances, pour démontrer la connaissance des ministres en
l’absence de preuve que l’ordonnance avait été personnellement portée à leur attention26.
48. En somme, l’honorable juge de première instance ne pouvait valablement conclure, selon
l’ensemble de cette preuve dite circonstancielle, que l’intimé avait hors de tout doute
raisonnable connaissance de l’Ordonnance qu’on lui reproche d’avoir violée.
49. Bien que l’absence de preuve de connaissance suffisait pour acquitter l’intimé, la
Cour d’appel a aussi vérifié si l’actus reus avait été démontré. Elle a dû conclure par la
négative : compte tenu de la preuve, il était manifestement erroné de conclure que l’intimé a
incité le public à transgresser l’Ordonnance.
50. Avec égards, il importe d’abord de corriger un raccourci intellectuel abondamment répété par
le demandeur dans sa demande d’autorisation. Ce dernier prétend que l’intimé a publiquement
déclaré qu’il estimait légitime « de contrevenir aux ordonnances judiciaires ».
26
Bhatnager c. Canada (Ministre de l’Emploi et de l’Immigration), précité note 22, D.A., vol. II, p. 233.
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Mémoire de l’intimé Exposé des arguments
51. Or, la simple lecture de la déclaration de l’intimé fait bien voir qu’il n’a pas tenu ces propos.
Une telle interprétation requiert une présomption quant aux intentions de l’intimé et elle ne
tient pas compte de la preuve présentée au procès.
[nos soulignements]
53. Comme le remarque la Cour d’appel, l’Ordonnance n’interdit pas le piquetage28. Elle interdit
le blocage des salles de cours du certificat d’arts plastiques de l’Université Laval (Jugement
de la C.A., par. 68, D.A., vol. I, p. 75).
54. Or, ce qui ressort de manière claire et nette de la déclaration, c’est que l’intimé exprime son
désaccord avec la judiciarisation du conflit étudiant.
55. L’expression de cette opinion constitue-t-elle hors de tout doute raisonnable une incitation
du public à violer l’Ordonnance?
56. Compte tenu de la preuve, la seule réponse qui tienne est non. L’intimé n’a pas incité les
tenants de son opinion à violer l’Ordonnance. Il n’a pas encouragé le public à empêcher
l’accès aux cours.
57. Ici encore, pour en arriver à une conclusion contraire comme le juge de première instance, il
faut nécessairement ajouter à la preuve et y aller de présomptions. Comme l’explique la
Cour d’appel, il faut prêter des intentions à l’intimé et aller au-delà de ses paroles pour y voir
une incitation à violer l’Ordonnance (Jugement de la C.A., par. 71, D.A., vol. I, p. 76).
27
Jugement de la Cour supérieure (Émond, J.), par. 60, D.A., vol. I, p. 19.
28
Rappelons que le piquetage pour manifester son désaccord est légal et protégé par la Charte
canadienne des droits et libertés. S.D.G.M.R., section locale 558 c. Pepsi-Cola Canada Beverages
(West) Ltd., [2002] 1 R.C.S. 156, R.I., p. 148 et s.
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Mémoire de l’intimé Exposé des arguments
58. La preuve présentée ne permet pas de déterminer avec le niveau de certitude requis que
l’intimé, lorsqu’il parle de moyens de pression et de piquetage, réfère à des moyens illégaux
qui sont interdits par l’Ordonnance (Jugement de la C.A., par. 71, D.A., vol. I, p. 76).
59. Considérant la preuve et le fardeau de preuve applicable, la seule conclusion possible est que
l’actus reus n’a pas été démontré.
60. Mentionnons enfin que les parallèles que dresse le demandeur entre l’intimé et l’officier d’un
syndicat ne tiennent pas la route. Il est en preuve que l’intimé n’était pas un officier des
associations visées par l’Ordonnance et que l’Ordonnance ne lui a pas été transmise. Les
membres des associations visées par l’Ordonnance n’étaient d’aucune façon sous l’autorité
ou les ordres de l’intimé.
61. On ne saurait déceler dans les faits de l’espèce une quelconque obligation positive de l’intimé
à encourager le respect de l’Ordonnance et à poser des gestes de manière à assurer le respect
de l’Ordonnance. D’ailleurs, ce n’est pas ce qui a été reproché à l’intimé.
62. De plus, il a été démontré au procès que le demandeur a eu accès sans difficulté à ses cours
du certificat en arts plastiques et que l’Ordonnance a été respectée.
63. En somme, les erreurs manifestes et dominantes du juge dans l’appréciation des faits et son
processus inférentiel relatifs à la preuve de la connaissance et de l’actus reus, auxquelles
s’ajoute une erreur de droit dans l’application du fardeau de preuve aux faits, commandaient
l’intervention de la Cour d’appel.
B. La Cour d’appel n’a pas erré en droit en exigeant que le demandeur démontre la
connaissance, par l’intimé, de l’ordonnance dont il allègue la violation, et ce, que
ce soit par une preuve directe ou par le biais d’une preuve circonstancielle.
64. L’intimé soumet qu’en soulevant cette question, le demandeur confond deux choses : d’une
part, l’exigence de prouver la connaissance de l’ordonnance qui aurait été violée, et d’autre
part, la possibilité de remplir ce fardeau par le biais d’une preuve circonstancielle.
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Mémoire de l’intimé Exposé des arguments
66. Pour que la connaissance soit réelle et personnelle, la connaissance doit porter sur l’existence
de l’ordonnance et aussi sur ses termes (son contenu)32.
67. C’est un truisme d’ajouter que la connaissance personnelle et réelle dont il est question est la
connaissance de l’ordonnance dont on allègue la violation et non d’une quelconque autre
ordonnance rendue ailleurs, impliquant des parties différentes, et que la poursuite prétendrait
être similaire.
69. Aucune preuve n’a été présentée pour démontrer que d’autres injonctions émises ailleurs au
Québec étaient identiques ou similaires à l’Ordonnance, qu’elles étaient rédigées dans les
mêmes termes que l’Ordonnance ou qu’elles contenaient les mêmes ordres.
70. Au surplus, aucune preuve n’a été faite de la connaissance personnelle réelle de l’intimé
d’une quelconque de ces autres injonctions prétendument similaires à l’Ordonnance.
71. Rappelons par ailleurs que la simple notoriété médiatique d’une injonction ne saurait
constituer une preuve hors de tout doute raisonnable de la connaissance personnelle et réelle
29
Bhatnager c. Canada (Ministre de l’Emploi et de l’Immigration), précité note 22, par. 15-19, D.A.,
vol. II, p. 239-241.
30
Id.
31
Id., par. 17, D.A., vol. II, p. 240.
32
Valeurs mobilières Desjardins inc. c. Financière Banque Nationale inc., précité note 23, par. 8, R.I.,
p. 199; Montréal (Ville de) c. Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, section locale 301
(SCFP), précité note 22, par. 148, R.I., p. 98.
- 16 -
Mémoire de l’intimé Exposé des arguments
73. En déterminant que les circonstances du présent cas d’espèce ne permettaient pas de conclure
à une preuve circonstancielle de la connaissance de l’Ordonnance, la Cour d’appel n’a en
rien éliminé la possibilité de démontrer par une preuve circonstancielle la connaissance par
un accusé de l’ordonnance qu’on lui reproche d’avoir violée34, comme cela s’est fait dans
l’affaire Estrada35. Au contraire, elle a examiné les faits pour déterminer si une telle preuve
circonstancielle existait et si elle prouvait la connaissance hors de tout doute raisonnable. Il
se trouve qu’en l’espèce, ce n’était pas le cas.
74. Enfin, il convient d’apporter des précisions omises par le demandeur relativement à certaines
décisions qu’il invoque.
75. Dans l’arrêt Autorités des marchés financiers36, il était démontré que l’accusé Matthews avait
reçu en mains propres par courrier, avec sa signature à l’appui, la lettre faisant état de
l’ordonnance du tribunal administratif déposée au greffe de la Cour supérieure. L’ayant reçue,
Matthews ne pouvait se défendre d’avoir refusé de la lire, et ce, par aveuglement volontaire37.
Cependant, la connaissance de la conjointe de Matthews, pour laquelle aucune preuve de
livraison de la lettre en mains propres n’avait été présentée, ne pouvait être inférée hors de tout
doute raisonnable du fait que son conjoint avait eu connaissance de l’ordonnance38.
33
Montréal (Ville de) c. Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, section locale 301 (SCFP),
précité note 22, par. 145-154, R.I., p. 97-98.
34
La Cour d’appel rappelle elle-même cette possibilité au par. 49 de son jugement, D.A., vol. I, p. 72;
Voir aussi le par. 59 in fine, D.A., vol. I, p. 73-74.
35
Estrada c. Young, 2005 QCCA 493, par. 11, D.A., vol. II, p. 287.
36
Autorité des marchés financiers c. Matthews, 2010 QCCA 563, D.A., vol. I, p. 125.
37
Id., par. 4, 18-19, p. 127, 131.
38
Id., par. 20-21, p. 131.
- 17 -
Mémoire de l’intimé Exposé des arguments
76. D’une façon similaire, dans Samson39, même si l’ordonnance dont la violation était alléguée
n’avait pas été signifiée au défendeur, il était en preuve que son avocate la lui avait
personnellement transmise40.
77. Quant à la décision Zhang41, elle ne porte pas sur la preuve de connaissance, mais sur la
clarté et l’interprétation des termes contenus dans une ordonnance une fois la connaissance
démontrée, dans un contexte où les parties avaient elles-mêmes négocié les termes de
l’ordonnance et les connaissaient très bien.
78. La très laconique décision Lévy transport ltée42 porte sur les détails de la procédure pour
l’émission et la signification de l’ordonnance spéciale de comparaître pour outrage.
79. La brève décision Procom43 a trait à une partie qui tentait de remettre en question sa
condamnation pour outrage simplement parce que les ordonnances qui lui avaient été
signifiées (et lui étaient donc connues) n’étaient pas « certifiées conformes ». Cette affaire,
tout comme Lévy transport ltée, sont sans intérêt aucun dans la présente espèce.
80. Avec égards, le demandeur cite hors contexte des décisions, dont plusieurs ne portent même
pas sur le fardeau de preuve et la connaissance personnelle réelle de l’ordonnance, pour
convaincre la Cour que le fardeau applicable, qu’il n’a su satisfaire, devrait en fait être
amoindri et rendu plus « flexible ».
81. Il est clair que dans le présent cas, il n’est pas possible, sur la base la preuve présentée,
d’inférer hors de tout doute raisonnable la connaissance de l’Ordonnance par l’intimé. Par
conséquent, la Cour d’appel était justifiée d’intervenir, ce qu’elle a fait sans modifier l’état
39
Samson c. Banque Canadienne Impériale de Commerce, 2010 QCCA 241, D.A., vol. IV, p. 571.
40
Id., par. 5, D.A., vol. IV, p. 577.
41
Zhang c. Chau, [2003] J.Q. no 8071, J.E. 2003-1288, D.A., vol. IV, p. 683.
42
Lévy transport ltée c. Réguette transport ltée, [2001] J.Q. no 4269, J.E. 2001-1818, D.A., vol. III,
p. 374.
43
Procom immobilier inc. c. Québec (Commission des valeurs mobilières), [1992] J.Q. no 697, J.E.
92-851, D.A., vol. III, p. 388.
- 18 -
Mémoire de l’intimé Exposé des arguments
du droit et sans remettre en question la façon dont cette preuve peut être faite, à savoir de
manière directe ou circonstancielle.
C. La Cour d’appel a analysé objectivement les paroles prononcées par l’intimé pour
conclure qu’il était manifestement erroné d’y voir une incitation à transgresser
l’Ordonnance et que, par conséquent, l’actus reus n’était pas démontré. Elle n’a
pas considéré la liberté d’expression comme un moyen de défense en soi.
82. Il importe de rappeler le cheminement suivi par la Cour d’appel dans son arrêt.
83. La Cour a d’abord conclu qu’il n’existait pas de preuve de connaissance et donc qu’un
acquittement était requis (Jugement de la C.A., par. 64, D.A., vol. I, p. 75).
84. « Pour les fins de l’argument seulement », elle a décidé de prétendre que la connaissance
avait été prouvée afin de procéder à l’étape suivante, soit de vérifier si l’actus reus de
l’infraction avait été démontré (Jugement de la C.A., par. 65 et s., D.A., vol. I, p. 75 et s.).
85. En examinant la preuve, à savoir les paroles prononcées par l’intimé, la Cour en est venue à
la conclusion qu’elles ne constituaient pas « un encouragement ou une incitation à violer
l’Ordonnance » (Jugement de la C.A., par. 70-72, D.A., vol. I, p. 75-76). Par conséquent,
l’élément matériel de l’infraction n’a pas été démontré.
86. Ayant déjà conclu à l’absence de preuve de l’actus reus, et ce, avant même toute
considération relative à la liberté d’expression, la Cour d’appel a ensuite fait la remarque
qu’il est plus difficile d’évaluer l’actus reus lorsque celui-ci consiste en l’interprétation de
paroles prononcées en public plutôt que la simple constatation de gestes concrets posés
(Jugement de la C.A., par. 73 et s, D.A., vol. I, p. 76 et s.).
87. La Cour d’appel a ainsi profité de l’occasion pour inviter l’interprète à la prudence lorsqu’il
est confronté à de telles circonstances, rappelant que de tenir un discours public constitue
l’exercice d’un droit garanti (Jugement de la C.A., par. 75-76, D.A., vol. I, p. 76-77).
88. Avec égards, le demandeur fait erreur en prétendant que la Cour d’appel a donné ouverture à un
moyen de défense autonome fondé sur la liberté d’expression en l’absence d’argument
- 19 -
Mémoire de l’intimé Exposé des arguments
constitutionnel. Le demandeur omet de mentionner que dans un premier temps, la Cour a conclu
à l’absence de preuve de l’actus reus. La conduite de l’intimé, dans les faits, n’était pas illégale.
89. Ainsi, une défense fondée sur la liberté d’expression n’est pas venue « annuler » la
condamnation de l’intimé dont la commission de l’actus reus aurait été prouvée.
90. Tout le raisonnement du demandeur est construit sur la prémisse erronée que l’actus reus,
une incitation à contrevenir à l’Ordonnance, a été démontré, mais que la Cour d’appel a
décidé de permettre ou de protéger cet acte illégal au nom de la liberté d’expression.
91. Mentionnons par ailleurs que l’intimé a toujours maintenu qu’il n’avait pas incité à violer
l’Ordonnance. En toute logique, il n’a pas cherché à s’éviter une condamnation en prétendant
qu’il lui était permis d’inciter à la violation de l’Ordonnance ou en soutenant que les
dispositions sur l’outrage au tribunal étaient inconstitutionnelles eu égard à sa liberté
d’expression, ce qu’il n’avait pas à faire.
92. Aussi, en aucun cas la Cour d’appel n’est-elle venue prétendre que tout discours public,
incluant un discours illégal tel qu’une incitation à violer une injonction, est protégé par la
liberté d’expression et qu’aucune condamnation pour outrage au tribunal ne peut découler
d’un tel discours.
93. Enfin, le parallèle avec la décision Bertrand c. R.44 est dépourvu d’intérêt. Dans cette affaire,
le mode d’expression choisi par les accusés emportait en soi la commission d’infractions
criminelles spécifiques pour lesquelles ils ont été accusés et condamnés. En outre, ces modes
d’expression violents ne bénéficiaient pas de la protection constitutionnelle de l’article 2b).
94. En conclusion, ce troisième argument du défendeur est également dénué de fondement. Avec
égards, il constitue une tentative infructueuse de rattacher le présent dossier à une question
constitutionnelle afin d’intéresser cette honorable Cour au dossier.
95. Dans ce contexte, et étant donné qu’il s’agit d’un dossier dans lequel les principes juridiques
44
Bertrand c. R., 2011 QCCA 1412, D.A., vol. II, p. 177.
- 20 -
Mémoire de l’intimé Exposé des arguments
applicables sont clairs et pour lequel la Cour d’appel est intervenue dans le respect de sa
compétence en révisant les conclusions manifestement erronées du juge de première
instance, la Cour suprême doit refuser d’intervenir et rejeter la requête du demandeur.
- 21 -
Mémoire de l’intimé Arguments au sujet des dépens
96. Les dépens demandés à ce stade-ci sont les dépens engagés devant cette Cour.
-----------
_______________________________
Me Giuseppe Sciortino
Procureur de l’intimé
- 22 -
Mémoire de l’intimé Table alphabétique des sources
Jurisprudence Paragraphe(s)
Jurisprudence (suite)
COUR D’APPEL
N° : 500-09-022562-128
(500-05-081276-113)
SOCIÉTÉ RADIO-CANADA
INTIMÉE – Intimée
ARRÊT
[2] Le juge a fondé son jugement sur deux motifs principaux. D’une part, il a jugé
qu’une ordonnance de mise d’un dossier sous scellés est distincte d’une ordonnance de
non-publication et n’a pas la même finalité ni la même portée. En conséquence, elle ne
peut couvrir une situation où, comme en l’espèce, l’intimée a publié des informations
tirées d’une dénonciation qui faisait partie du dossier mis sous scellés, mais qu’elle a
obtenue d’une source confidentielle sans avoir eu accès au dossier de la Cour.
[3] Le juge a également conclu que l’intimée n’a pas contrevenu à la règle énoncée
par la Cour suprême dans son arrêt Nouvelle-Écosse (Procureur général) c. MacIntyre2
1
[2012] R.J.Q. 533 (C.S.), 2012 QCCS 767.
- 24 -
500-09-022562-128 PAGE : 2
qui postule que le public n’a pas accès aux mandats de perquisition et aux documents
sur lesquels ils sont fondés, et ce, jusqu’à leur exécution ou lorsque, après leur
exécution, il n’est rien trouvé. Selon le juge, la portée de cet arrêt ne peut être étendue
jusqu’à couvrir les informations obtenues d’autres sources et sans avoir eu accès au
[4] La Cour n’est pas prête à décider que les motifs du juge de première instance
sont erronés. La jurisprudence tend à faire une distinction entre l’ordonnance de mise
sous scellés et l’ordonnance de garder la confidentialité ou celle interdisant la
publication3. Qui plus est, lorsque, en 1997, le Parlement canadien a adopté les
principes établis par la Cour suprême dans son arrêt MacIntyre et les a codifiés au
Code criminel, il a fait au paragraphe 487.3(1) la distinction entre l’interdiction, par
ordonnance, de « […] l’accès à l’information relative au mandat […] » et celle de la
communication de cette information. La version anglaise de cette disposition précise :
« A judge or justice may […] make an order prohibiting access to and the disclosure of
any information relating to the warrant ».
[5] Il n’est cependant pas nécessaire de trancher ces questions de fond de façon
définitive pour régler l’appel. Il suffit de constater que subsistent plusieurs doutes quant
à la portée de l’ordonnance de mise sous scellés prononcée le 16 février 2011 par le
juge Boyer de la Cour du Québec et que ces doutes doivent bénéficier à l’intimée.
[6] Les principes applicables en matière d’outrage au tribunal sont bien établis par
une jurisprudence constante. Ainsi :
- dans le cas d’un manquement à une ordonnance, s’il subsiste un doute quant
à la portée juridique de l’ordonnance qui aurait été violée, ce doute doit
bénéficier à celui à qui on reproche la contravention4;
2
Nouvelle-Écosse (Procureur général) c. MacIntyre, [1982] 1 R.C.S. 175.
3
B.R. c. Létourneau Photographe inc., J.E. 2000-961 (C.S.), paragr. 23; Métromédia CMR Montréal
inc. c. Johnson, [2006] R.J.Q. 395 (C.A .), note 38, p. 407.
4
Vidéotron ltée c. Industries Microlec produits électroniques inc. [1992] 2 R.C.S. 1065, p. 1077.
5
Syndicat des employés de Transport Dumont (C.S.N.) c. Nap. Dumont ltée, [1978] C.A. 530, p. 532.
6
Zhang c. Chau, J.E. 2003-1288 (C.A.), paragr. 24.
- 25 -
500-09-022562-128 PAGE : 3
de savoir si cette ordonnance est suffisante par elle-même pour interdire la publication
d’informations obtenues autrement qu’en ayant accès au dossier de la Cour.
[8] Ces doutes ne sont pas uniquement théoriques puisque la preuve révèle que le
[9] C’est ce qui apparaît des extraits suivants du témoignage du journaliste Alain
Gravel au procès, alors qu’il est interrogé par l’avocat de l’appelante :
Q. [50] Ça va.
R. Et la première chose...
LA COUR :
R. ... le seize (16) février, si je fais erreur sur le seize (16) février...
R. Le dix-sept (17) avril. Encore là, regardez, là! C'est le seize (16) février.
Oui. Donc, c'est le seize (16) février que le juge Boyer entend les parties
pour cette requête de mise sous scellés. Le lendemain, le dix-sept (17)
février, j’ai une conversation avec madame Valérie Savard, porte-parole
officielle du ministère du Revenu du Québec, qui m’annonce, parce qu’on
veut le document, qui m’annonce qu’il y a une mise sous scellés qui a été
prononcée la veille. Elle me donne le nom du juge et elle me donne
l’heure, la durée de l'audition. Donc, pour nous guider pour... donc avoir
davantage d’informations. Donc, comme bon journaliste, avec mon
groupe, ce qu’on a décidé de faire, c’est d’aller donc voir toute
l’information qu’il y avait, pas seulement de se contenter d’un résumé ou
- 26 -
500-09-022562-128 PAGE : 4
Nous, ce qui nous intéressait avant tout, c’est de voir s’il y avait une
Me LUC GIROUX :
Q. [54] Alors, si je comprends bien, vous, vous vous êtes dit, malgré le
contenu de la bande audio, vu qu’il y avait une seule ordonnance de mise
sous scellés, vous avez pris pour acquis que vous étiez en droit de
publier un extrait de cette dénonciation-là qui était sous scellés?
LA COUR :
500-09-022562-128 PAGE : 5
[10] Des doutes similaires existent au regard de la portée de l’arrêt MacIntyre. Dans
cet arrêt, le juge Dickson, écrivant pour la majorité, a affirmé que la question alors
soumise à la Cour était limitée aux mandats de perquisition et aux dénonciations 7. En
l’espèce, il ne s’agit pas d’un mandat de perquisition, mais d’une ordonnance de
communication. Au surplus, alors que le Code criminel applique maintenant à
l’ordonnance de communication les mêmes règles que celles portant sur la perquisition
en ce qui concerne l’accès aux documents sur lesquels l’ordonnance se fonde, le Code
de procédure pénale8 (C.p.p.) du Québec, qui s’applique ici, n’en fait pour sa part
aucune mention et ne traite que de la perquisition9.
[11] Par ailleurs, un doute subsiste également quant à savoir si les règles qui
régissent le mandat de perquisition et, notamment, l’article 123 C.p.p., s’appliquent
également de façon automatique à l’ordonnance de communication de documents ou
de renseignements délivrée en l’espèce sous l’autorité de l’article 40.1.3 de la Loi sur le
ministère du Revenu10. Cette question avait d’ailleurs été soulevée devant le juge de
première instance qui a estimé qu’il n’était pas nécessaire d’y répondre puisque selon
lui, comme déjà vu, l’arrêt MacIntyre de la Cour suprême ne s’applique pas lorsque les
informations et le document de dénonciation rendus publics n’ont pas été obtenus par
l’accès au dossier11.
[12] À l'audience devant la Cour, l’avocat de l’appelante est revenu de façon plus
élaborée sur un moyen qu’il prétend avoir fait valoir devant le juge de première instance
7
Arrêt précité, note 2, p. 183.
8
Code de procédure pénale, L.R.Q., c. C-25.1, [ci-après cité : C.p.p.].
9
Cette situation avait d’ailleurs été signalée lors de l’audience tenue le 16 février 2011 devant le juge
Boyer de la Cour du Québec.
10
Loi sur le ministère du Revenu, L.R.Q., c. M-31.
11
Jugement de première instance, précité, note 1, aux paragr. 73-74.
- 28 -
500-09-022562-128 PAGE : 6
voulant que l’intimée aurait dû être déclarée coupable d’outrage au tribunal pour avoir
entravé le cours normal de la justice, selon l'article 50, al. 1 in fine C.p.c..
[13] Selon ce moyen, l’intimée savait que la volonté clairement exprimée par le
[17] D’une part, il est pour le moins étonnant qu’en appel l’appelante fasse valoir
l’argument qu’en agissant ainsi, l’intimée se serait rendue coupable d’un outrage au
tribunal pour avoir entravé le cours normal de la justice selon l’article 50, al. 1 in fine
C.p.c.
[18] En effet, tant dans son inscription en appel que dans son mémoire, l’appelante
fait justement reproche au juge de première instance d’avoir traité cet argument comme
visant une condamnation pour outrage alors qu’il lui avait été soumis comme un simple
facteur aggravant de l’outrage qu’aurait commis l’intimée.
12
Lettre de l’avocate de l’intimée au juge Guy Cournoyer de la Cour supérieure, pièce R-3. Voir infra,
au paragr. 22.
13
Pièce R-14.
14
Pièce SRC-2.
15
Pièce R-16.
16
Pièce R-14.
17
Requête pour l’émission d’une ordonnance spéciale de comparaître à des accusations d’outrage au
tribunal à l’encontre de l’intimée Radio-Canada du 21 juillet 2011, paragr. 41.
- 29 -
500-09-022562-128 PAGE : 7
[19] C'est ce qui appert des paragraphes 127 à 146 de l’inscription en appel et
spécialement de ses paragraphes 128 et 146 qu’il est opportun de citer :
128. Bien qu’il soit tout à fait juste que l’appelante ait avancé cet argument, il
[...]
[22] Dès le 4 avril 2011, l’intimée écrit au juge saisi de la requête de l’appelante
recherchant la délivrance d’ordonnances de non-publication, de huis clos et de mise
sous scellés18. Ainsi que le révèle l'extrait cité ci-après, l’intimée, en toute transparence,
énonce qu’elle veut intervenir à ce débat pour faire valoir le principe de la publicité des
débats et de la liberté de presse :
Monsieur le Juge,
18
Supra, note 12.
- 30 -
500-09-022562-128 PAGE : 8
débat pour faire valoir ses droits quant à des demandes pouvant porter atteinte
au principe de la publicité des débats et à la liberté de la presse.
Par conséquent, nous souhaiterions obtenir la date à laquelle une telle requête
[25] Plutôt que de plaider sa requête pour tenter d’obtenir une ordonnance de non-
publication, l’appelante l’a laissée en suspens et, le 21 juillet 2011, elle a entrepris des
procédures en outrage au tribunal contre l’intimée.
[26] Dans un tel contexte, il est important de garder à l’esprit qu’une ordonnance
d’outrage au tribunal a un caractère discrétionnaire et contextuel et qu’elle doit être vue
comme une mesure de dernier recours de telle sorte que le juge, dans l’exercice de ce
pouvoir discrétionnaire, doit d’abord se demander s’il n’y a pas d’autres redressements
19
Jugement de première instance, précité, note 1, au paragr. 100.
20
Dagenais c. Société Radio-Canada, [1994] 3 R.C.S. 835.
21
Ibid et l’arrêt R. c. Mentuck , [2001] 3 R.C.S. 442.
- 31 -
500-09-022562-128 PAGE : 9
plus appropriés lorsqu’on se plaint qu’une partie ne se conforme pas à une ordonnance
du tribunal22.
[27] Ainsi, en l’espèce, et compte tenu des doutes quant à la portée réelle d’une
[28] En finale, en considérant le principe suivi par la Cour suprême selon lequel en
matière d’administration de la justice : « Il est aujourd’hui bien établi cependant que le
secret est l’exception et que la publicité est la règle »23, l’appelante n’a pas convaincu la
Cour que la portée juridique de l’ordonnance de la Cour du Québec du 16 février 2011
et celle de l’arrêt MacIntyre de la Cour suprême étaient suffisamment précises et claires
pour justifier une condamnation de l’intimée pour outrage au tribunal.
[29] Elle n’a pas davantage démontré que l’intimée se serait rendue coupable d’avoir
entravé le cours normal de l’administration de la justice.
22
Centre commercial Les Rivières ltée c. Jean bleu inc., 2012 QCCA 1663, J.E. 2012-1860, paragr. 1-2
et 67-68 (j. Kasirer); Droit de la famille – 128875, 2012 QCCA 1855, J.E. 2012-2024, au paragr. 42;
Javanmardi c. Collège des médecins du Québec, 2013 QCCA 306, [2013] R.J.Q. 328, au paragr. 25
(autorisation de pourvoi refusée par la Cour suprême le 11 juillet 2013, no 35325).
23
Nouvelle-Écosse (Procureur général) c. MacIntyre, arrêt précité, note 2, p. 183.
- 32 -
500-09-022562-128 PAGE : 10
Me Luc Giroux
Me Mélisa Thibault
Dentons Canada
Pour l’appelante
Constructions Louisbourg ltée c. Société Radio-Canada, CSC dossier 35797, 26 juin 2014
N o 35797
ENTRE : BETWEEN:
Demanderesse Applicant
- et - - and -
Intimée Respondent
JUGEMENT JUDGMENT
La demande d’autorisation d’appel de The application for leave to appeal from the
l’arrêt de la Cour d’appel du Québec judgment of the Court of Appeal of Quebec
(Montréal), numéro 500-09-022562-128, (Montréal), Number 500-09-022562-128,
2014 QCCA 155, daté du 27 janvier 2014, 2014 QCCA 155, dated January 27, 2014, is
est rejetée avec dépens. dismissed with costs.
J.C.S.C.
- 34 -
CANADA
N° : 500-09-022491-120
(500-12-268174-038)
S... Q...
APPELANTE – défenderesse
c.
C... G...
INTIMÉ - demandeur
ARRÊT
[2] Pour les motifs du juge Dalphond, auxquels souscrivent les juges Hilton et Léger;
LA COUR :
500-09-022491-120 PAGE : 2
Me Guy Nephtali
AMATO NEPHTALI RUBINO
Pour l'appelante
Me Luce Gayrard
Pour l'intimé
500-09-022491-120 PAGE : 1
[7] Pour les motifs qui suivent, je suis d'avis que la condamnation doit être infirmée
parce que la procédure suivie, tout en étant conforme à celle décrite dans plusieurs
arrêts et jugements1, était malgré tout contraire aux principes applicables en matière
d'outrage depuis l'avènement des chartes des droits, notamment l'art. 11 c) de la Charte
canadienne des droits et libertés et l'art. 33.1 de la Charte des droits et libertés de la
personne, qui tous deux reconnaissent le droit d'une personne passible d'une sanction
de nature pénale, comme l'emprisonnement, de ne pas être tenue de témoigner contre
elle-même.
LE CONTEXTE
[8] Il s’agit de la troisième procédure en outrage par l’intimé contre l’appelante dans
le dossier. Les deux premières tentatives ont été rejetées. La dernière débute le 5 juillet
2011 lorsque l’intimé obtient ex parte d’un juge de la Cour supérieure une ordonnance
spéciale à comparaître pour répondre à un outrage au tribunal ainsi rédigée :
To appear before this Honorable Court, practice division, family division, sitting in
Room 2.11 at the Montreal Court House located at 1 Notre-Dame East, province
of Quebec, Tuesday September 8th 2011 at 2:00 p.m, to hear the proof of the
acts with which she is charged and to urge any grounds of defence which she
may have to avoid to be found guilty of Contempt of Court and be liable to a fine
or to imprisonment as provided for by article 51 of the Code of Civil Procedure
(...)
[je souligne]
1
Voir notamment : Daigle v. St-Gabriel-de-Brandon (Paroisse), [1991] R.D.J. 249 (C.A.); Droit de la
famille-1605, [1995] R.D.F. 8 (C.A.); Droit de la famille-3674, [2000] R.D.F. 493 (C.S.); Sans v.
Roques, J.E. 2004-790 (C.A.); Droit de la famille – 072747, 2007 QCCA 1592, paragr. 50; Syndicat
de la fonction publique du Québec inc. c. Québec (Procureur général), 2008 QCCA 839, paragr. 10;
Fontes PNS ltée c. Hamel, 2008 QCCA 2247.
- 37 -
500-09-022491-120 PAGE : 2
ORDER and ENJOIN Defendant to appear before this Court at the indicated date
and time, to hear proof of the acts with which she is charged and to urge any
grounds of defence which she may have;
IMPOSE upon Defendant the sanction this Honorable Court may deem
appropriate in the circumstances;
[10] C'est donc uniquement en lisant la requête que l'appelante peut comprendre ce
qui lui est reproché. L'intimé y fait plusieurs reproches à l'appelante, mais l'accuse
principalement d'avoir fait défaut d’aller reconduire ses enfants dans un camp de
vacances le 30 juin 2011, tel qu'ordonné par la juge Laberge de la Cour supérieure. On
peut aussi comprendre, quoique cela ne soit pas dénué d'ambiguïtés, que l’intimé lui
reproche d’avoir gardé les enfants avec elle depuis février 2011, à la suite d’une fin de
semaine d’accès chez elle, malgré le fait que leur garde lui avait été confiée.
...
Ms. S. Q.:
THE COURT:
Yes.
Ms. S. Q.:
THE COURT:
- 38 -
500-09-022491-120 PAGE : 3
That’s right.
Ms. S. Q.:
THE COURT:
M’hm.
Ms S. Q.:
THE COURT:
Ms. S. Q.:
THE COURT:
That is your duty only if you have the feeling that Mr. G. made his proof out
beyond any reasonable doubt, because this is kind of a criminal matter.
Ms. S. Q.:
M’hm, yes.
THE COURT:
Okay? So, the suing party has the burden of the proof, and he has to prove his
point beyond any reasonable doubt. If that is the case, then there is a
‘renversement’, and then it’s your turn to explain why you did not fulfil or you
thought you did or whatever, exactly what you explained to me, and then...
because you’re not obliged to testify.
Ms. S. Q.:
THE COURT:
- 39 -
500-09-022491-120 PAGE : 4
Ms. S. Q.:
THE COURT:
Yes.
Ms. S. Q.:
And I never testified, because the obligation was not there... and I believe the
first part is actus reus.
THE COURT:
M’hm.
Ms. S. Q.:
THE COURT:
Okay.
Ms. S. Q.:
THE COURT:
Okay.
Ms. S. Q.:
THE COURT:
Okay.
Ms. S. Q.:
- 40 -
500-09-022491-120 PAGE : 5
With regard to the children, though, is it possible to reserve that until tomorrow
morning... until at the end of today. I will explain to you happily now why not, but I
would like to see how things are proceeding today to conclude its necessity, true
necessity, because I don’t have the intention of putting the children in this
If I feel that the information that I know is properly conveyed to this Court, then I
don’t feel the necessity for them to come forward.
THE COURT:
Okay.
Ms. S. Q.:
If at any point I feel that I’m still not able to convey what the essence is and my
true efforts, what I would hope to achieve with their testimony, with you in
Chambers, is... is it true. Was I really sending that message to them? Was I
clear? Was my intention there? Was I consistent, whether we were here or there
or doing this or doing that? Was it consistent, and did you get that sense from the
children that I was really aware of my responsibility.
So, if I felt that I’m not able to convey it in this courtroom prior to them coming
tomorrow... I believe they had requested to come in the afternoon.
THE COURT:
...
[12] Par la suite, les discussions se poursuivent sur des questions d’intendance.
L’avocate de l’intimé indique qu’il y a deux éléments à l’outrage, soit le refus de
conduire les enfants au camp et de les avoir gardés avec elle depuis le mois de février.
Elle ajoute que les actus reus pour ces deux gestes avaient été admis par l'appelante
devant la juge Laberge au mois d’août 2011.
[13] L’appelante répond qu'elle comprenait n'avoir été citée pour outrage qu'en
relation avec le défaut de conduire les enfants au camp et pour rien d’autre :
Ms. S. Q.:
500-09-022491-120 PAGE : 6
I was aware of the driving part of the Contempt of Court. I was not aware that I
would be providing proofs on... the children do live... had been living with me at
that... during the... since February, I don’t deny that.
[14] En tout état de cause, l’appelante admet alors que les enfants sont avec elle
depuis le mois de février 2011 et qu’elle ne les a pas conduits au camp. Elle indique
cependant qu’elle fera la preuve des circonstances expliquant ces évènements,
ajoutant qu’elle n’en est pas responsable puisqu'il s’agissait bien de la volonté des
enfants eux-mêmes.
[15] La juge du procès fait alors consigner au procès-verbal qu’il y a admission des
paragraphes 15 à 20 de la requête pour citation pour outrage en ces termes2 :
[16] En aucun moment, la juge ne mentionne à l’appelante qu’elle peut insister pour
que l'intimé témoigne et qu’elle aura alors le droit absolu de le contre-interroger.
Me LUCE GAYRARD:
THE COURT:
Yes.
2
En l’espèce, il aurait été préférable que les admissions soient faites et consignées au procès -verbal
dans la langue anglaise, soit celle de la personne citée.
- 42 -
500-09-022491-120 PAGE : 7
Me LUCE GAYRARD:
... Madame can make proof with respect to the mens rea, and thereafter we will
make counter-proof, since we do still have the burden and... to prove beyond a
THE COURT:
Very good.
Me LUCE GAYRARD:
THE COURT:
Ms. S. Q.:
Yes.
THE COURT:
So, then I believe that you wish to testify, as you just told me?
Ms. S. Q.:
Yes.
THE COURT:
Yes, okay. So, then you will have to stand into the... in the box.
...
Si les enfants venaient témoigner demain, les deux diraient que leur mère leur a
dit, à de nombreuses reprises, qu’ils allaient au camp, qu’il y a un jugement,
qu’ils doivent le respecter et qu’ils n’avaient pas le choix.
- 43 -
500-09-022491-120 PAGE : 8
Les parties conviennent que si Y venait témoigner demain il dirait qu’il n’a pas vu
[21] L’affaire est ensuite mise en délibéré et, par jugement rendu le 8 mars 2012,
l’appelante est déclarée coupable d’outrage. Après une courte pause, tel qu'annoncé
dans une lettre du 6 mars 2012, la juge procède immédiatement à la détermination de
la peine, malgré la demande de remise de l'appelante, toujours non assistée d'un
avocat.
[22] L'appelante est condamnée à six mois de prison, alors que l’avocate de l’i ntimé
en réclamait douze, soit la peine maximale. Elle est alors immédiatement mise en état
d’arrestation et transportée à la prison Tanguay, d’où elle sera remise en liberté, une
semaine plus tard après avoir trouvé un avocat pour la représenter (Droit de la famille -
12551, 2012 QCCA 501).
[23] La procédure en outrage au tribunal est de nature quasi pénale étant donné les
conséquences possibles : Vidéotron Ltée c. Industries Microlec Produits Électroniques
inc., [1992] 2 R.C.S. 1065, 1078.
[24] Il s’ensuit que la procédure à suivre, qui diffère de la procédure civile habituelle,
doit être respectée strictement (strictissimi juris).
[25] D'abord, l'ordonnance spéciale (ou citation à comparaître) doit être signifiée à la
personne poursuivie. L'art. 53 C.p.c. précise que l'ordonnance enjoint de comparaître
au jour et à l'heure indiqués, pour entendre la preuve des faits qui lui sont reprochés et
faire valoir ses moyens de défense. L'ordonnance spéciale doit donc énoncer
- 44 -
500-09-022491-120 PAGE : 9
[26] Il revient au juge qui délivre l'ordonnance spéciale d’exercer un rôle de filtrage et
[27] Une personne citée pour outrage a le droit de connaître la nature exacte des
accusations et a droit d'être informée de tous les détails pertinents, surtout si elle est
citée pour un outrage commis hors la présence de la cour (R. v. Cohn (1984), 15 C.C.C.
(3d) 150 (C.A. Ont.)). Il s'ensuit que, concurremment à la signification de la citation ou
peu après, la partie poursuivante doit communiquer les pièces et autres éléments
qu'elle entend invoquer pour démontrer l'outrage, ce qui est d'ailleurs tout à fait
conforme aux exigences des art. 331.1 et suivants C.p.c. Elle devra aussi communiquer
conformément à la règle 15 du Règlement de procédure civile (Cour supérieure), la liste
des témoins, les admissions proposées et un exposé concis des questions de fait et de
droit en litige. Par contre, la personne citée n’a pas l’obligation de compléter ce
formulaire. À mon avis, la communication des pièces et autres éléments jumelés au
formulaire II prescrit par la règle 15 constitue une communication adéquate de la preuve
de la partie poursuivante à la partie accusée d'outrage.
[28] Lors du procès, il revient à la partie poursuivante d'établir, hors de tout doute
raisonnable, tant l’actus reus que la mens rea, et ce, sans pouvoir contraindre la
personne citée (art. 53.1 C.p.c., codifiant l'arrêt Vidéotron, supra). Ce fardeau de
preuve, différent de celui habituel en matière civile (prépondérance : art. 2804 C.c.Q.),
doit être satisfait pleinement avant que la partie accusée n'ait à décider de témoigner.
[29] Durant ce procès, la pratique de ne statuer sur les objections prises sous réserve
qu'à l'occasion du jugement au fond ne peut être suivie s'agissant d'une matière quasi
pénale : voir les commentaires de mon collègue le juge Hilton dans Droit de la famille –
12599, 2012 QCCA 520, paragr. 36-49.
3 e
Denis Ferland et Benoît Emery, Précis de procédure civile, 4 éd., vol. 1 « Art. 1 – 481 C.p.c. »,
Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2003, p. 124, citant Cotroni c. Commission de police du Québec,
[1978] 1 R.C.S. 1048.
4
Ibid., p. 125; Desroches c. Procureur général du Québec, [1967] B.R. 604 (C.A.).
- 45 -
500-09-022491-120 PAGE : 10
[30] Sur les éléments à prouver hors de tout doute raisonnable, je fais mien l'extrait
suivant des motifs du juge Saunders pour la Cour d'appel de la Nouvelle-Écosse dans
l'arrêt Godin v. Godin, 2012 NSCA 54, 317 N.S.R. (2d) 204, paragr. 47 :
(ii) proper notice must be given to the contemnor of the terms of the order;
(iii) there must be clear proof that the contemnor intentionally committed 5 an act
which is in fact prohibited by the terms of the order, and
(iv) mens rea must be proven which, in the context of civil contempt
proceedings, means that while it is not necessary to prove a specific intent to
bring the court into disrepute, flout a court order, or interfere with the due course
of justice, it is essential to prove an intention to knowingly and wilfully do some
act which is contrary to a court order.
[31] En aucun cas, la partie accusée n'est tenue de fournir des explications ou de
démontrer un moyen de défense. La personne poursuivie n’a aucun fardeau de preuve
ni aucune obligation de témoigner ou de faire des admissions. Ce n'est qu'une fois la
preuve de la partie poursuivante faite, qu'elle peut décider de témoigner ou non. Si elle
choisit de témoigner, elle pourra bien sûr être contre-interrogée et ne pourra refuser de
répondre. Elle pourra aussi faire entendre des témoins, qu'elle ait témoigné ou non.
[33] Il va de soi que la procédure en outrage au tribunal, puisque régie par des règles
particulières et différentes de celles des dossiers civils ou familiaux, fait en sorte que le
juge saisi d'une demande d'outrage ne peut en même temps entendre des requêtes
ordinaires, comme en modification des ordonnances de garde, une demande
d'injonction ou de saisie, etc. (Droit de la famille – 12599, précité; paragr. 29-33). En
réalité, une ordonnance spéciale, même si délivrée dans un dossier civil ou familial, doit
donner lieu à une procédure distincte des autres procédures et être traitée séparément
de ces dernières. Il faut bien isoler le processus quasi pénal du processus civil.
[34] Il peut être préférable dans certains cas que le juge qui entend les procédures en
outrage ne soit pas celui qui a rendu l'ordonnance, par exemple, lorsqu'il y a un débat
sur l'interprétation de l'ordonnance dont on allègue une violation. De même, il faut éviter
5
Par opposition à un acte involontaire ou en l’absence de connaissance de l’ordonnance.
- 46 -
500-09-022491-120 PAGE : 11
des situations pouvant soulever une crainte raisonnable de partialité chez la personne
citée, comme, par exemple, lorsque le juge a manifesté du mécontentement avec la
conduite de cette personne dans le cadre d'une procédure antérieure ou encore
possède une connaissance particulière des parties ou du dossier dont il ne pourrait faire
[35] Il y a lieu aussi de rappeler que, lorsqu’une procédure en outrage est entendue
contre une partie non représentée par avocat, le juge a un rôle particulier à jouer. Il doit
s’assurer, vu la nature quasi pénale de la procédure, que la personne poursuivie
comprenne bien la nature du procès et, en particulier, son droit de garder le silence.
Sans devenir l’avocat de la personne poursuivie, le juge doit s’assurer que le procès
demeurera juste et équitable, conformément aux règles applicables en matière
criminelle.
[36] Ainsi dans l'arrêt Sechon c. R., J.E. 96-157 (C.A), le juge Rothman écrivait :
And where an accused, for whatever reason, is not represented by counsel at his
trial, it is clear, as well, that the trial judge has a duty to provide reasonable
assistance to the accused in the presentation of evidence and in putting his
defences before the court.
[je souligne]
[37] Ce principe est réaffirmé dans l'arrêt Guenette c. R., J.E. 2002-420 (C.A.) en ces
termes :
[je souligne]
[38] Plus récemment, le juge Vézina de notre Cour entérinait ce principe dans l'arrêt
Franche c. R., 2005 QCCA 719. Tout en reconnaissant la complexité de la situation, la
Cour accueillait l'appel d'une peine prononcée après que l'accusé non représenté n'eut
fait aucune représentation, parce que le juge de première instance ne s'était pas enquis
des circonstances particulières du dossier.
- 47 -
500-09-022491-120 PAGE : 12
[39] Les auteurs Béliveau et Vauclair résument l'état du droit comme suit :
Si l'accusé n'a pas droit à l'aide d'un procureur, ou qu'il refuse d'en avoir un, le
juge a néanmoins l'obligation d'assurer un procès équitable. [...] La règle
[notes omises]
[40] Même en matière disciplinaire, notre Cour reconnaissait récemment que lorsque
la partie poursuivie est non assistée d'un avocat, le comité de discipline a un devoir
d'assistance limité envers elle : Ménard c. Gardner, 2012 QCCA 1546. Cela ne peut
qu'être plus vrai en matière d'outrage au tribunal.
[41] En somme, sans être un spécialiste du droit criminel, le juge saisi d'une
procédure en outrage doit toujours se rappeler qu'il ne préside pas un dossier civil
ordinaire, mais un dossier de nature quasi pénale, largement influencé par les règles du
droit criminel et pénal avec lesquelles il devrait être suffisamment familier.
[42] Finalement, même si la partie poursuivante établit hors de tout doute raisonnable
les éléments requis tant pour l'actus reus que la mens rea, le juge doit s'interroger sur
l'opportunité de prononcer une peine. Tout récemment, mon collègue le juge Kasirer
rappelait dans Centre commercial Les Rivières ltée c. Le Jean Bleu inc., 2012 QCCA
1663, l'aspect discrétionnaire, reconnu à l'art. 49 C.p.c., du pouvoir des tribunaux
supérieurs de punir pour outrage commis hors la présence du tribunal (outrage ex
facie) :
[68] I am inclined, at least on the basis of the facts of the present case, to see
the exhaustion of other remedies less as a formal rule of law and more as a
reflection of the proper exercise of judicial discretion undertaken pursuant to
article 49 C.C.P. Indeed the discretionary and contextual character of a contempt
order would suggest that exhausting remedies is best viewed as a sound judicial
policy rather than as an unbending legal rule. A judge seized of a motion for
contempt should inquire first whether there are other available remedies suitable
for redressing a party’s disobedience of a court order, reserving punitive
measures of contempt for quasi-criminal conduct that meaningfully impugns the
6 e
Pierre Béliveau et Martin Vauclair, Traité de preuve et de procédure pénales, 19 éd., Cowansville
os
(Qc), Éditions Yvon Blais, 2012, n 1542-1544, p. 687-688.
- 48 -
500-09-022491-120 PAGE : 13
[47] Il faut aussi souligner qu'il a été consigné au procès-verbal que l'intimé
reconnaissait que l'appelante avait expliqué aux enfants, des adolescents, qu'ils
devaient aller au camp, devaient respecter le jugement de garde et n'avaient pas le
choix. Avec pareilles admissions, il est difficile de conclure hors de tout doute
raisonnable que l'appelante a intentionnellement voulu violer l'ordonnance de conduire
les enfants au camp ou celle confiant la garde à l’intimé, à moins de lire dans celles-ci
une obligation pour l'appelante de prendre tous les moyens nécessaires, y compris la
force physique, pour y donner effet. Cela ne serait pas réaliste ni raisonnable (voir :
Godin v. Godin, précité, paragr. 61 et suivants). L'intimé a aussi semblé consentir de
facto à ce que les enfants demeurent avec l’appelante pendant une certaine période.
[48] Une fois ces constats faits, quelle est la réparation appropriée? Deux options
sont possibles : un retour du dossier en Cour supérieure pour un nouveau procès (Droit
de la famille – 12599, précité) ou un rejet des procédures en outrage.
500-09-022491-120 PAGE : 14
semble plus approprié de rejeter la requête en outrage. Cela ne signifie pas que la Cour
endosse la conduite de l'appelante ou encore qu'elle s'est bien comportée, bien au
contraire. Mais il demeure que les procédures ont été mal engagées et mal conduites,
au point de tout vicier.
LE DISPOSITIF
[51] Pour ces motifs, je propose d'accueillir l'appel avec dépens, d'infirmer le
jugement de la Cour supérieure rendu sur l'outrage et de prononcer l'acquittement de
l'appelante.
CANADA
N° : 500-09-020795-100
(500-17-046337-088)
MITRA JAVANMARDI
APPELANTE - Intimée
c.
ARRÊT
[2] Pour les motifs du juge Dalphond, auxquels souscrivent les juges Rochon et
Gagnon;
[3] LA COUR :
500-09-020795-100 PAGE : 2
Me Julius H. Grey
Me Simon Gruda-Dolbec
GREY CASGRAIN
Pour l’appelante
Me Stéphane Gauthier
Me Caroline Briand
CAIN LAMARRE CASGRAIN WELLS
Pour l’intimé
500-09-020795-100 PAGE : 1
LE CONTEXTE
[9] Aux fins des présentes, il suffit de rappeler les faits suivants :
- depuis vingt-cinq ans, elle a fait l'objet de certaines poursuites pénales par le
Collège des médecins du Québec (Collège). En juillet 1987, elle a plaidé
coupable à deux accusations de pratique illégale de la médecine, en
septembre 1990, à trois accusations similaires et en juin 2006, à une accusation
de pratique illégale de la médecine et une autre d'usurpation du titre de médecin;
500-09-020795-100 PAGE : 2
191. Si une personne répète des 191. If a person repeats the offences
infractions visées à l'un des contemplated in any of sections 188,
articles 188, 188.1, 188.1.1, 188.1.2, 188.1, 188.1.1, 188.1.2, 188.2, 188.2.1
188.2, 188.2.1 ou 188.3, le procureur and 188.3, the Attorney General or,
général ou, après autorisation de ce following his authorization and upon a
dernier et sur résolution du Conseil resolution of the board of directors or
d'administration ou du comité exécutif the executive committee of the
de l'ordre intéressé, l'ordre, après que interested order, the interested order,
des poursuites pénales aient été after penal proceedings have been
intentées, peut requérir de la Cour instituted, may require of the Superior
supérieure un bref d'injonction Court an interlocutory writ of injunction
interlocutoire enjoignant à cette enjoining that person or his directors,
personne, à ses administrateurs, officers, representatives, attorneys or
dirigeants, représentants, fondés de employees to cease committing the
pouvoir ou employés, de cesser la alleged offences until final judgment is
perpétration des infractions pronounced in penal proceedings.
reprochées jusqu'à prononciation du
jugement final à être rendu au pénal.
[je souligne]
[11] Le lendemain, une ordonnance de sauvegarde est délivrée de consentement.
Elle deviendra ensuite une injonction interlocutoire. Le dispositif de ces jugements est
ainsi rédigé :
500-09-020795-100 PAGE : 3
B) De prétendre de quelque façon être médecin et poser des actes qui seraient
de nature à donner lieu de croire qu'elle est autorisée à exercer la profession de
médecin;
[je souligne]
[13] Depuis la fin de 2008, l’appelante n'accepte pas de nouveaux clients et fait
signer, lors des rendez-vous avec ses clients existants, un formulaire qui comprend les
déclarations suivantes :
- 55 -
500-09-020795-100 PAGE : 4
Avis
Veuillez noter que cette visite ne représente aucunement un diagnostic
et ou traitement, seul votre médecin est autorisé à le faire.
Informed consent
Statement of Acknowledgement
I also confirm that I have the ability to accept or reject this care of my own free
will and choice and that I am not an agent of any private, local, county, provincial
or federal agency attempting to gather information without so stating. I accept full
responsibility for any fees incurred during care and treatment.
________________________
Signature
[je souligne]
2
Le client doit remplir un questionnaire de quatre pages sur son état de santé.
- 56 -
500-09-020795-100 PAGE : 5
*****
[17] Au terme d'un procès de deux jours en novembre 2009, où l'appelante a choisi
de ne pas témoigner ni de présenter de la preuve 3, par jugement écrit rendu le 27 mai
2010 (2010 QCCS 2279), le juge Lacoursière la trouve coupable de trois violations :
avoir prescrit des substances, avoir diagnostiqué des maladies et avoir laissé croire
qu’elle était une médecin.
Research produces no clear answer as to whether one has to wait for the
sentence or not for the judgment to become sufficiently final; it therefore appears
prudent to inscribe within 30 days and to amend after sentence, if this becomes
necessary;
[19] Le 18 août 2010, les parties sont entendues sur la peine. Le Collège suggère un
emprisonnement de six mois et une amende de 25 000 $, alors que l’appelante soutient
qu’une amende de 1 000 $ serait suffisante. Le 25 août 2010, par un jugement soigné,
le juge lui impose une amende de 15 000 $.
*****
[21] Selon l'avocat de l'appelante, la preuve est insuffisante pour conclure qu’elle a
délivré des prescriptions. De plus, il n'y a aucun élément de preuve supportant sa
condamnation d’avoir posé des diagnostics. Quant à la conclusion qu'elle a représenté
3
Il y a cependant eu des admissions le 19 novembre 2009.
- 57 -
500-09-020795-100 PAGE : 6
être un médecin, elle est déraisonnable, tant au niveau de l'actus reus que de la mens
rea.
[22] Sur la peine, l'avocat soutient que celle-ci est excessive en l'espèce, à supposer
L'ANALYSE
[24] Dans deux arrêts récents, notre Cour a revu les règles applicables à la
délivrance des ordonnances spéciales de comparaître et aux poursuites en outrage :
Centre commercial Les Rivières ltée c. Jean Bleu inc., 2012 QCCA 1663 et Droit de la
famille — 122875, 2012 QCCA 1855.
[25] Dans le premier, la Cour rappelle que l’outrage est un remède exceptionnel. En
l'espèce, nous sommes en présence d'une injonction émise dans un contexte
exceptionnel, conformément à l'art. 191 C.prof., et dont on allègue ensuite de multiples
violations. L'assignation pour outrage est alors le seul remède possible.
[26] Dans le deuxième, après avoir décrit les procédures particulières préalables au
procès pour outrage, j’écris au nom de la Cour :
[29] Durant ce procès, la pratique de ne statuer sur les objections prises sous
réserve qu'à l'occasion du jugement au fond ne peut être suivie s'agissant d'une
matière quasi pénale : voir les commentaires de mon collègue le juge Hilton dans
Droit de la famille – 12599, 2012 QCCA 520, paragr. 36-49.
- 58 -
500-09-020795-100 PAGE : 7
[30] Sur les éléments à prouver hors de tout doute raisonnable, je fais mien
l'extrait suivant des motifs du juge Saunders pour la Cour d'appel de la Nouvelle-
Écosse dans l'arrêt Godin v. Godin, 2012 NSCA 54, 317 N.S.R. (2d) 204,
paragr. 47 :
(ii) proper notice must be given to the contemnor of the terms of the order;
(iii) there must be clear proof that the contemnor intentionally committed an act
which is in fact prohibited by the terms of the order; and
(iv) mens rea must be proven which, in the context of civil contempt proceedings,
means that while it is not necessary to prove a specific intent to bring the court into
disrepute, flout a court order, or interfere with the due course of justice, it is essential
to prove an intention to knowingly and wilfully do some act which is contrary to a
court order.
[31] En aucun cas, la partie accusée n'est tenue de fournir des explications ou
de démontrer un moyen de défense. La personne poursuivie n’a aucun fardeau
de preuve ni aucune obligation de témoigner ou de faire des admissions. Ce
n'est qu'une fois la preuve de la partie poursuivante faite, qu'elle peut décider de
témoigner ou non. Si elle choisit de témoigner, elle pourra bien sûr être contre-
interrogée et ne pourra refuser de répondre. Elle pourra aussi faire entendre des
témoins, qu'elle ait témoigné ou non.
[27] En l'espèce, le juge de première instance, qui n'avait pas le bénéfice de cet arrêt,
a énoncé une procédure différente dans son jugement du 27 mai 2010. Cependant,
cela est sans conséquence réelle puisque l'appelante a choisi d'exercer son droit au
silence et que la preuve fut faite exclusivement par la partie poursuivante, le Collège.
500-09-020795-100 PAGE : 8
[30] Dans notre droit processuel, le droit d’appel n’existe qu’en présence d’une
disposition spécifique. Il s’exerce soit de plein droit, soit sur permission.
[32] Il faut aussi préciser que la procédure en outrage constitue un litige distinct et
indépendant du dossier dans lequel elle s'inscrit. En effet, elle est assujettie à des
règles particulières, décrites dans la section précédente, en raison de sa nature quasi
pénale.
[33] Dans le cas de l'outrage ex facie, comme c'est le cas lors de la violation d'une
injonction, elle consiste en deux étapes :
[34] À la première étape, le juge jouit d'une certaine discrétion (Centre commercial
Les Rivières ltée c. Jean Bleu inc., supra, paragr. 68). S'il décide d'autoriser
l'ordonnance spéciale de comparaître (l'assignation), sa décision ne pourra pas, en
principe, faire l'objet d'un appel.
[35] Les auteurs Denis Ferland et Benoît Émery, Précis de procédure civile du
Québec, 4e éd., vol. 1, Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2003, écrivent à la p. 125 :
[note omise]
[36] Paul-Arthur Gendreau, France Thibault, Denis Ferland, Bernard Cliche et Martine
Gravel, L'injonction, Cowansville, Éditions Yvon Blais, 1998, adoptent une position
similaire à la p. 358 :
500-09-020795-100 PAGE : 9
[39] Une fois l'assignation autorisée et signifiée, le dossier sera mis en état, incluant
communication de la preuve, puis on procédera à l'enquête et aux plaidoiries5
(l'instruction). Le Code de procédure prévoit que les cas d'outrage doivent être jugés
avec célérité : instruction sommaire 6 et un seul jugement se prononçant sur le bien-
fondé de l'accusation d'outrage, incluant la peine (art. 54 C.p.c.), si le juge est
convaincu hors de tout doute raisonnable par la preuve qu'il y a eu outrage (art.
53.1 C.p.c.). En effet, l'art. 54 C.p.c. est ainsi rédigé :
54. Le jugement est rendu après 54. Judgment is rendered after
instruction sommaire; s'il emporte summary hearing; if it contains a
condamnation, il doit indiquer la peine condemnation it must state the
imposée et énoncer les faits sur punishment imposed and set forth the
lesquels il se fonde, et, en ce cas, il facts upon which it is based, and in
est exécuté conformément au such case it shall be executed in
4
On peut penser, par exemple, à l'assignation d'un député pendant une session parlementaire, ce qui
est interdit.
5
Incluant le droit des parties de faire des représentations sur la peine appropriée en fonction de la
nature de l'outrage dont la personne est finalement déclarée coupable et avant la sentence : R. c. K.
(B.), [1995] 4 R.C.S. 186; Droit de la famille — 122875, supra.
6
Le sens du mot sommaire est ici double. Dans son sens ancien, inspiré de la tradition britannique
(voir : Arlidge, Eady & Smith, On Contempt, Thomson Reuters, U.K., 2001,paragr. I-53 et suivants), il
signifie par procédure sommaire plutôt que par acte d'accusation (indictment), afin que l'outrage soit
puni le plus rapidement possible (voir : Adrian Popovici, L'outrage au tribunal, Éditions Thémis,
Montréal, 1976, p. 116-118); par conséquent, il ne pouvait donner lieu à un procès devant jury, ce qui
était autrefois possible au Québec en matière civile. La Cour suprême reconnaît la validité d'une
procédure sommaire en matière d'outrage : R. c. K. (B.), supra. Dans son acception moderne, il ne
peut que signifier que le système judiciaire et les parties doivent faire diligence pour se rendre dans
les meilleurs délais à l'instruction, laquelle n'a rien de sommaire au sens, par exemple, des art. 54.2
et 54.4 C.p.c., vu son caractère quasi pénal et les règles exigeantes qui en découlent.
- 61 -
500-09-020795-100 PAGE : 10
[41] L'art. 26, al. 1(3) C.p.c. reconnaît depuis 1979 un droit d'appel de plein droit d'un
tel jugement :
[42] Quant aux jugements rendus avant l'instruction sommaire ou pendant celle-ci, ils
constituent des jugements interlocutoires (art. 29, al. 3 C.p.c.) et sont, comme tous les
jugements de cette nature, assujettis aux art. 29 et 511 C.p.c. (9052-1550 Québec inc.
c. Banque Nationale du Canada, 2006 QCCA 64, le juge Hilton, statuant comme juge
unique). Ainsi, pendant l'instruction, seuls certains jugements interlocutoires en matière
d'objections à la preuve peuvent faire l'objet d'un appel dans la mesure prévue aux art.
29 et 511 C.p.c.
[43] Il n'y a donc, à première vue, pas de difficulté d'application quant à la procédure
d'appel en matière d'outrage.
500-09-020795-100 PAGE : 11
2011 QCCS 3661, paragr. 2 à la note 1 (appel rejeté sur une autre question : 2012
QCCA 508) :
[48] Peut-on alors en appeler de plein droit? Non, puisqu'il ne s'agit pas d'un
jugement visé par l'art. 26 C.p.c. Alors, sur permission sous les art. 29 et 511 C.p.c.?
7
Je crois qu'il faudrait plutôt lire « in criminal proceedings ».
8
Avec égards, cela est inexact puisque l'art. 54 C.p.c. prescrit aussi que le jugement qui condamne
doit prononcer la peine et les motifs qui justifient cette condamnation.
9
Cette analogie ne permet pas cependant d'appliquer les règles de procédures criminelles en matière
d'appel, alors que la procédure d'outrage est assujettie à celles prévues au Code de procédure
civile : 9052-1550 Québec inc. c. Banque Nationale du Canada, supra, paragr. 9-11.
10
À la différence du processus criminel, cette déclaration de culpabilité n'entraîne pas la constitution
d'un casier judiciaire et n'est pas inscrite dans les registres policiers et criminels. Le stigmate social,
s'il en est, n'est pas du même ordre.
- 63 -
500-09-020795-100 PAGE : 12
Non plus, puisqu'il a été rendu dans le cadre d'une instruction non complétée (art. 29,
al. 2 C.p.c.).
[49] Dans un autre récent arrêt, Droit de la famille — 122617, 2012 QCCA 1721, une
273.2. Le jugement sur la demande de scission est sans appel; le droit d’appeler des
jugements rendus sur le fond de l’instance ne prend naissance qu’à compter du
jugement qui y met fin.
[50] En d'autres mots, eu égard au texte de l'art. 273.2 C.p.c., la Cour conclut qu'il n'y
a pas possibilité d'appeler du jugement prononçant la culpabilité et qu'il y a un sursis de
la naissance du droit d’appel quant au jugement sur la déclaration de culpabilité
jusqu'au jugement final. Tout récemment, dans Chamandy c. Chartier, 2013 QCCA 161,
une autre formation, composée des juges Morissette, Kasirer et Fournier, applique cet
arrêt et déclare un appel du jugement sur la déclaration de culpabilité irrégulièrement
formé. Par contre, une fois la peine prononcée, la personne citée peut se limiter à faire
appel du verdict.
[51] Il s'ensuit aussi, comme le soulignait il y a quelques mois une autre formation de
la Cour composée des juges Pelletier, Hilton et Wagner (maintenant à la Cour suprême)
dans l'arrêt Droit de la famille — 12583, 2012 QCCA 508, que, malgré la présence de
deux jugements distincts, l'un sur la déclaration de culpabilité et l'autre sur la peine,
aucun n’est un jugement complet sur le fond et, par voie de conséquence, une seule
condamnation à des dépens est possible :
[7] Finally, the Court notes that the trial judge awarded costs to Ms C. in both the
judgment finding him in contempt and in the sentencing judgment that is the
object of this appeal. Costs could only have been properly awarded once, since
contempt proceedings constitute a single proceeding, despite the fact that in this
case there were two stages to the proceeding.
- 64 -
500-09-020795-100 PAGE : 13
[53] En l'espèce, le seul jugement final est celui prononçant la peine, rendu le 25 août
2010. Lui seul peut donc faire l'objet d'un appel de plein droit sous l'art. 26,
al. 1(3) C.p.c. Quant à celui déclarant l'appelante coupable, rendu le 27 mai 2010, il y a
lieu de déclarer qu'il ne pouvait faire l'objet d'un appel avant le prononcé de la peine.
[54] L'inscription en appel du 23 juin 2010 à l'égard du verdict est sans effet valide.
Quant à l'appel du jugement final, il s'est fait par le dépôt le 14 septembre 2010 au
greffe de la Cour d'une inscription en appel amendée, signifiée à la partie adverse.
Techniquement, on peut soutenir que l'inscription en appel du jugement final est
irrégulière, puisqu'il fallait qu'elle soit déposée au greffe de la Cour supérieure.
[55] Il demeure que les frais exigibles ont été payés en Cour supérieure en juin 2010,
que le délai d'appel du jugement final a été respecté, que la procédure amendée a été
signifiée à la partie adverse concurremment, que la partie adverse n'a jamais soulevé
l'irrégularité de l'inscription et que cette dernière soulève des questions sérieuses quant
au fond. Dans ces circonstances, je suis d'avis qu'il y a lieu de déclarer que l'inscription
en appel amendée du 14 septembre 2010 constitue une inscription en appel du
jugement final dûment formée.
11
Comité de révision de la procédure civile, Une nouvelle culture judiciaire, Québec, Gouvernement du
Québec, 2001, p. 132.
- 65 -
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[56] Sur l'accusation d'avoir prescrit des substances à ses clients, les jugements de la
Cour supérieure étaient clairs : « Interdit […] de prescrire des médicaments ou d’autres
[74] Les pièces A-12, A-15, A-18, A-50, A-51 et A-52 sont toutes postérieures
à l'Ordonnance. Elles ont toutes les apparences d'une ordonnance 12 et réfèrent à
des produits qui vont de l'huile de foie de morue et la graine de lin au Meta-
Glyceryx et Cordycep, produits de santé naturels.
[77] Le bloc-note sur lequel apparaissent les écrits porte l'en-tête "Mitra
Javanmardi, N.D. Homeopathic & Naturopathic Physician". Il a toutes les allures
et les dimensions du formulaire de prescription utilisé par la profession médicale.
Selon la preuve, la copie blanche est remise au patient et une copie jaune reste
au dossier. (soulignement ajouté)
[78] Le Tribunal conclut que les pièces A-12, A-15, A-18, A-50, A-51 et A-52,
toutes datés du 13 novembre 2008, sont des « recommandations
thérapeutiques » sous forme d'ordonnance. Il s'agit là de « prescriptions d'autres
substances », au sens de l'Ordonnance, lesquelles, selon le témoignage de Mme
Trommer, sont toutes disponibles et vendues au Centre.
[notes omises]
12
Ici dans le sens du mot prescription.
- 66 -
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[81] Le Petit Larousse 2009 décrit ainsi le diagnostic : «1. Méd. Identification
d’une maladie par ses symptômes. 2. Identification de la nature d’un
dysfonctionnement, d’une difficulté».
[note omise]
[62] Avec égards, je ne partage pas cette prétention. Certes l'analyse du juge pourrait
être plus complète sur les deux éléments requis pour cette violation, mais il est
manifeste que la conclusion du juge repose sur bien plus qu'une simple inférence tirée
de l'existence de prescriptions, comme l'indiquent d'ailleurs les mots « Compte tenu du
contexte ».
[63] Ainsi, la lecture des dossiers correspondants aux prescriptions cotées A-12, A-
15, A-18, A-50, A-51 et A-52 révèle que celles-ci ont été complétées à la suite d'une
rencontre entre le client et l'appelante où celle-ci a noté les symptômes rapportés par le
client et diverses caractéristiques personnelles. Il est alors logique de retenir que les
prescriptions ont été remises aux clients après une consultation où ceux-ci ont décrit
leurs maux et où l'appelante a diagnostiqué une maladie ou une déficience de la santé
- 67 -
500-09-020795-100 PAGE : 16
[64] Dans l'arrêt Vézina c. Corp. professionnelle des médecins du Québec, [1998]
[je souligne]
[67] L'application d'un tel processus par l’appelante est confirmée par la description
que donne elle-même l'appelante de ses services :
I also confirm that I have the ability to accept or reject this care of my own free
will and choice and that I am not an agent of any private, local, county, provincial
or federal agency attempting to gather information without so stating. I accept full
responsibility for any fees incurred during care and treatment.
- 68 -
500-09-020795-100 PAGE : 17
[68] Clairement le patient qui se rend à sa clinique et accepte de lui verser des
honoraires (250 $ pour 90 minutes) pour une consultation a des attentes qui dépassent
un simple conseil sur un produit en vente libre (effets, posologie recommandée, lieu
d'origine, etc.).
[70] La troisième violation alléguée reproche à l'appelante d'avoir prétendu être une
médecin ou d'avoir posé des actes qui seraient de nature à donner lieu de croire qu'elle
est autorisée à exercer la profession de médecin. Il s'agit du paragraphe B) des
ordonnances, lequel, tel qu'indiqué précédemment, ne fait que reprendre l'art. 32
C.prof., tout en précisant la profession concernée, soit la médecine.
[71] Dans l'arrêt Lessard c. Ordre des acupuncteurs du Québec, 2005 QCCA 832, au
paragr. 8, la Cour déclare :
[72] Une telle violation comporte donc deux éléments : des actes ou paroles de la
personne poursuivie et une finalité, créer l'impression chez le client qu'il est en
présence d'un médecin.
[74] En effet, l'appelante a fait remettre et signer par ses clients le document intitulé
Informed Consent - Statement of Acknowledgement, cité plus haut. De plus, elle affiche
depuis janvier 2009 sur la porte d'entrée de la clinique, un jugement qui lui interdit de
pratiquer la médecine.
[75] Avec égards, le document remis aux clients, dont une copie signée se trouvait
dans une très grande majorité des dossiers saisis, tend à démontrer que les clients
étaient bien conscients qu'ils ne faisaient pas affaire avec un médecin ni avec quelqu'un
qui laisse croire qu'il en était un. Un doute raisonnable ne peut qu’exister à cet égard 13.
13
Il en va de même à l'égard de la volonté de l'appelante de se faire passer pour un médecin.
- 69 -
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[76] La preuve, hors de tout doute raisonnable, de l'élément matériel de deux des
violations alléguées a été faite. Mais cela ne suffit pas pour obtenir une condamnation.
[77] Sur ce point, je cite à nouveau l'arrêt Droit de la famille — 122875, supra :
[30] Sur les éléments à prouver hors de tout doute raisonnable, je fais mien
l'extrait suivant des motifs du juge Saunders pour la Cour d'appel de la Nouvelle-
Écosse dans l'arrêt Godin v. Godin, 2012 NSCA 54, 317 N.S.R. (2d) 204,
paragr. 47 :
(ii) proper notice must be given to the contemnor of the terms of the
order;
(iii) there must be clear proof that the contemnor intentionally committed
an act which is in fact prohibited by the terms of the order, and
(iv) mens rea must be proven which, in the context of civil contempt
proceedings, means that while it is not necessary to prove a specific
intent to bring the court into disrepute, flout a court order, or interfere with
the due course of justice, it is essential to prove an intention to knowingly
and wilfully do some act which is contrary to a court order.
[78] En somme pour l’élément intellectuel, il suffit d'établir l'intention de faire le geste
reproché, que l’on sait par ailleurs interdit par l'ordonnance.
[79] En l'espèce, les prescriptions et les diagnostics ont été posés de façon répétée
ce qui démontre la volonté de l’appelante de poser ces gestes. Il ne s'agit pas de gestes
posés accidentellement, mais d’actes intentionnels et volontaires, sachant qu’ils étaient
interdits. L'élément intellectuel, la mens rea, a été établi hors de tout doute raisonnable
à l'égard de ces deux violations.
[80] L'art. 761 C.p.c. stipule qu'une personne qui ne respecte pas une injonction est
coupable d'un outrage au tribunal et s'expose à une amende qui ne peut excéder
50 000 $ avec ou sans emprisonnement pour une période maximale d'une année :
- 70 -
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Le tribunal peut également ordonner The court may also order the
que ce qui a été fait en contravention destruction or removal of anything
à l'injonction soit détruit ou enlevé, s'il done in contravention of the
y a lieu. injunction, if there is reason to do so.
[je souligne]
[81] Puisque la violation d'une ordonnance d'injonction constitue une forme d'outrage
au tribunal, les art. 49 à 54 C.p.c. s'appliquent dans la mesure où ils ne sont pas
modifiés par l'art. 761 C.p.c., qui prévoit la possibilité d'une amende plus grande.
[82] Puisque l'art. 761 C.p.c. prévoit les peines possibles, comme d'ailleurs l'art.
51 C.p.c. dans les autres cas d'outrage, on peut se demander si seules celles-ci
peuvent être imposées advenant violation. Je n'ai pas à répondre en l'espèce à cette
question, puisque la sanction imposée ici est l'amende.
[83] Quant aux dispositions du Code de procédure pénale, seules celles du chapitre
XIII - Exécution des jugements sont applicables (recouvrement des sommes, frais
d'exécution, versement des sommes au fonds consolidé, mandat d'amener, délai et
modalités de paiement, saisie, travaux compensatoires, emprisonnement, etc.).
500-09-020795-100 PAGE : 20
[87] En l'espèce, l'ordonnance a été émise en vertu de l'art. 191 C.prof., une
disposition, somme toute, de dernier ressort puisqu'elle requiert l'autorisation préalable
du procureur général et ne peut être demandée qu'alors que des poursuites pénales
sont en cours, et ce, à l’encontre d’une personne qui récidive 14. Manifestement, elle vise
des cas exceptionnels, les récidivistes, et a pour objectif la cessation immédiate des
opérations illégales qui, malgré les poursuites pénales antérieures, se continuent. En
principe, cette procédure accessoire sera rapide et plus facile car assujettie aux règles
habituelles en matière d'injonction15, dont celles relatives à la preuve civile, incluant la
possibilité de forcer la personne poursuivie à témoigner. Par l'injonction, si délivrée, on
veut s'assurer d'une cessation immédiate des opérations illégales sous peine d'outrage
14
Je souligne que la peine en cas de condamnation pénale est l'amende, laquelle peut maintenant, en
vertu de l'art. 188 du Code des professions, atteindre 40 000 $ par chef d’accusation pour une
personne physique en cas de récidive.
15
Ordre des comptables agréés c. Papillon, 2005 QCCA 860 (C.A.).
- 72 -
500-09-020795-100 PAGE : 21
[90] Quant à la violation dont l'appelante doit être acquittée, elle est la moins
susceptible de causer un préjudice à un membre du public, alors que l'acte de
diagnostiquer, puis celui de prescrire des substances sont susceptibles de résulter en
des conséquences importantes, voire même graves, sur l'état de la personne qui a
consulté.
CONCLUSION
[92] Pour ces motifs, je propose d'accueillir l'appel, sans frais, d'infirmer en partie le
jugement de la Cour supérieure afin d'acquitter l'appelante de l'accusation d'avoir donné
à croire qu'elle pratiquait la médecine et de réduire l'amende à 10 000 $.
Javanmardi c. Collège des médecins du Québec, CSC dossier 35325, 11 juillet 2013
No. 35325
BETWEEN: ENTRE :
Applicant Demanderesse
- and - - et -
Respondent Intimé
JUDGMENT JUGEMENT
The application for leave to appeal from the La demande d’autorisation d’appel de l’arrêt
judgment of the Court of Appeal of Quebec de la Cour d’appel du Québec (Montréal),
(Montréal), Number 500-09-020795-100, numéro 500-09-020795-100, 2013 QCCA
2013 QCCA 306, dated February 19, 2013, 306, daté du 19 février 2013, est rejetée avec
is dismissed with costs. dépens.
J.S.C.C.
- 74 -
Montréal (Ville de) c. Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, section locale 301
(SCFP), 2006 QCCS 5273
Montréal (Ville de) c. Syndicat des cols bleus regroupés de 2006 QCCS 5273
Montréal, section locale 301 (SCFP)
COUR SUPÉRIEURE
No : 500-05-076450-046
VILLE DE MONTRÉAL
Requérante
c.
JUGEMENT
______________________________________________________________________
INTRODUCTION
[2] Le litige oppose ici des parties qui vivent des relations patronales-syndicales
plutôt tumultueuses soit, d'un côté, la Ville de Montréal et, de l'autre, le Syndicat des
cols bleus1, ses dirigeants, délégués syndicaux et salariés membres.
[3] L'événement au centre du débat s'est produit les 26 et 27 mai 2004. L'épisode
est connu comme celui de « l'échange des camions ».
1
Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal (SCFP), section locale 301.
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(SCFP), 2006 QCCS 5273
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[6] Dans sa requête4, la Ville demande qu'ils soient tous déclarés coupables
d'outrage au tribunal.
[7] Les intimés rétorquent que ce ne saurait être le cas. Ils ont choisi, comme c'est
leur droit, de ne pas présenter de défense. Ils estiment que la Ville n'a pas prouvé hors
de tout doute raisonnable les éléments essentiels des infractions reprochées à chacun.
Ils revendiquent leur acquittement.
LES ACCUSATIONS
[8] D’une part, la Ville accuse le Syndicat, ses 4 dirigeants et ses 12 délégués
syndicaux d'avoir violé deux paragraphes de l'Ordonnance du CSE qui prescrivent ceci:
[9] D'autre part, elle reproche aux 286 salariés membres et à 10 des délégués
syndicaux d'avoir enfreint deux autres paragraphes de l'Ordonnance qui décrètent ce
qui suit :
2
Le Tribunal exclut de ce décompte les 169 intimés acquittés totalement à la suite du Jugement sur
requêtes en non-lieu rendu le 27 septembre 2006 (rectifié le 13 octobre 2006).
3
Pièce R-2 (l’Ordonnance ou l’Ordonnance du CSE).
4
Requête pour l'émission d'une ordonnance spéciale de comparaître à une accusation d'outrage au
tribunal datée du 8 juin 2004.
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[46] ORDONNE à tous les salariés, membres du Syndicat des cols bleus
regroupés de Montréal (SCFP), s.l. 301, de n'utiliser les véhicules de la Ville que
dans le cadre de leur prestation normale de travail.
[11] Ce dépôt à la Cour supérieure aux termes de l'article 111.20 du Code du travail5
(C.t.) est admis. Les parties reconnaissent également qu'en mai 2004, il n'y avait pas
signature d'une nouvelle convention collective ou de ce qui en tient lieu. L’Ordonnance
était par conséquent toujours en vigueur.
[12] Les gestes reprochés à la base des accusations portées varient selon les intimés
visés :
1. au Syndicat des cols bleus, aux 4 dirigeants et aux 12 délégués syndicaux, la
Ville fait grief de ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour s'assurer
que les 26 et 27 mai 2004, les membres du Syndicat fournissent leur
prestation habituelle de travail et utilisent les véhicules de la Ville dans le
cadre de leur prestation normale de travail6;
2. aux 286 salariés membres du Syndicat et à 10 des délégués syndicaux, la
Ville reproche d'avoir participé, aux mêmes dates, à un échange des
véhicules qui leur étaient assignés avec ceux d'autres arrondissements. Pour
ces intimés, on parle d'échanges de véhicules répartis dans 25
arrondissements au total7.
5
L.R.Q., c. C-27.
6
Paragraphe 80 et paragraphes 11, 14, 17, 22, 25, 30, 33, 38, 41, 44, 49, 52, 55, 62, 67, 72, 75 et 81
de la requête.
7
Paragraphes 9 à 79 de la requête.
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LA PREUVE
[15] Dès que la Ville a déclaré sa preuve close, les intimés ont soulevé deux requêtes
en non-lieu. La première, générale, visait tous les intimés exception faite du Syndicat et
des 4 dirigeants. La seconde, particularisée, concernait certains salariés membres
précisément identifiés.
[17] À la suite de ce jugement, les intimés qui restent ont choisi de ne pas présenter
de défense. En ce qui les concerne, la preuve présentée par la Ville peut se regrouper
sous cinq rubriques que le Tribunal identifie comme suit :
[18] L'essentiel de la preuve de la Ville a porté sur les gestes reprochés aux salariés
membres du Syndicat et aux délégués syndicaux.
[20] Pour les 286 salariés membres et les 10 autres qui sont aussi délégués
syndicaux, la preuve a porté sur l'assignation d'un véhicule à leur attention, sur
l'échange de ce véhicule avec celui d'un autre arrondissement et, le cas échéant, sur
leur statut de délégué syndical.
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[21] Pour 280 d’entre eux, le geste reproché s'est produit le 26 mai ; pour les 16
autres, il fut commis le 27 mai.
[22] Les contremaîtres, chefs de division ou chefs d'équipe entendus à l’égard de ces
[23] Sauf pour 14 salariés sur lesquels nous reviendrons, ces témoins ont établi
l'assignation d'un véhicule de la Ville à chaque intimé sur la foi de leurs documents, de
leurs notes personnelles ou de leur mémoire. Il faut savoir que dans la plupart des cas,
on dresse quotidiennement une feuille d'assignation des véhicules, tandis que dans
certains autres, les salariés gardent toujours le même véhicule jour après jour.
[24] Dans 17 des arrondissements visés, les témoins entendus ont confirmé que les
salariés à qui un véhicule est assigné en demeure le responsable. Il lui appartient d'en
rapporter les clés à son clos de travail à la fin de son quart. C'est là son travail habituel.
[25] Ces témoins ont aussi établi que chaque intimé à qui un véhicule fut assigné l'a
échangé avec celui d'un autre arrondissement le 26 ou le 27 mai 2004. Selon la
preuve, au moins un témoin a vu chaque intimé dans le véhicule d'un autre
arrondissement, soit sur la route, sur les lieux de travail ou à son retour à son clos de
travail. Dans de nombreux cas, on a précisément noté les numéros de plaque et
d'identification de cet autre véhicule.
[26] Quant aux deux délégués syndicaux qui n'ont pas eu d'assignation de véhicule,
les contremaîtres entendus ont confirmé leur statut, de même que leur présence sur les
lieux de travail le jour des gestes reprochés aux autres salariés. Daniel Montpetit, de
l'arrondissement Pointe-Claire, était là le 27 mai; Guylaine Ricard, de l'arrondissement
Rivière-des-Prairies/Pointe-aux-Trembles/Montréal-Est, était passagère d’un véhicule
échangé le 26 mai.
[27] Pour tous ces intimés salariés membres du Syndicat ou délégués syndicaux, le
Tribunal joint comme Annexe C des tableaux qui résument cette preuve. On y retrouve,
pour chaque arrondissement et chaque intimé, leur nom, la date du geste reproché, les
témoins entendus et pièces produites en attestant, et la date de la preuve faite à
l'audience à cette fin. Cette annexe fait partie intégrante de ce jugement.
[28] Pour ce qui est des gestes reprochés au Syndicat et aux 4 dirigeants
maintenant, la Ville s'est limitée à une preuve documentaire et aux inférences tirées du
reste de la preuve offerte.
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Consoeurs,
Confrères,
Tel que discuté et convenu unanimement lors de notre dernière assemblée
régulière du 28 avril dernier, où nous avons eu une participation record, dans les
jours, les semaines ou les mois qui viennent, nous aurons besoin de votre
participation massive, solidaire et efficace, pour démontrer clairement aux élus
qu'ils doivent compter sur nous pour réussir cette nouvelle grande ville unifiée.
Dans cet ordre d'idées, nous prendrons, entre autres, l'initiative de débuter
certaines harmonisations qui traînent depuis trop longtemps, empêchant le
sentiment d'appartenance de nos concitoyens et concitoyennes des ex-
banlieues. Soyez donc tous et toutes à l'affût des informations nécessaires à ce
sujet, de façon à contribuer activement et promptement à la sensibilisation
actuellement nécessaire.
Merci de votre solidarité.
Syndicalement,
Michel Parent.
b) ensuite, un « tract » dont copie fut retrouvée le 26 mai sur un des lieux
d'échanges des véhicules, dans des véhicules échangés et dans certains
arrondissements. Il y est dit ceci9 :
COMITÉ D'HARMONISATION DE
LA NOUVELLE VILLE DE MONTRÉAL
Voici pour vous un premier geste concret
que nous croyons utile à la création
ainsi qu'à l'harmonisation de la
nouvelle grande ville de Montréal
afin qu'elle demeure forte et unifiée
Ceci est la clé afin de démontrer aux citoyens et
Citoyennes de chacun des arrondissements leur
Appartenance à la nouvelle grande ville.
8
Pièce R-4.
9
Pièce R-5.
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[30] Par ailleurs, la preuve de la Ville a porté sur une série de faits que le Tribunal
b) le « tract »11 qui explique ni plus ni moins la «raison d’être» des échanges
effectués est reçu le 26 mai par Mme Colle, la responsable du dossier des
relations de travail. Il provient de l'arrondissement Île-Bizard/Ste-Geneviève/Ste-
Anne-de-Bellevue. D’autres copies sont trouvées sur un des lieux d'échanges
des véhicules (aréna Rodrigue Gilbert) par M. Durand, dans des véhicules
échangés dans l'arrondissement Sud-Ouest par M. Perret, et sur un lieu de
travail de l'arrondissement Beaconsfield/Baie d'Urfé ;
10
Pièce R-4.
11
Pièce R-5.
12
Pièce R-6.
13
Pièce R-7.
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g) dans la quasi-totalité des cas, les salariés membres échangent le véhicule qui
leur est assigné avec un véhicule somme toute similaire, sinon identique. Par
exemple, le chauffeur d'un camion-citerne l’échange avec un autre camion-
citerne, celui d'un camion-balai avec un camion-balai, etc. ;
i) plusieurs des véhicules échangés rapportés par les salariés membres portent
des autocollants indiquant « Défusion = Confusion », parfois placés de telle
manière qu’ils masquent le numéro d'identification des véhicules.
[32] Une autre partie de la preuve a détaillé certains des impacts des gestes
reprochés sur les activités de la Ville. Quatre aspects sont couverts:
c) dans 5 arrondissements, les témoins entendus ont fait part des inconvénients
subis pour récupérer les véhicules échangés à d'autres arrondissements. Dans
4 arrondissements (Montréal-Nord, Outremont, Pierrefonds et Sud-Ouest), on a
défrayé des coûts ou encouru des frais de remorquage pour les rapporter. Dans
un autre (Lachine), les salariés ont refusé de retourner les véhicules échangés
au bon arrondissement;
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[35] Au niveau des salariés membres et des délégués syndicaux, la Ville a d’abord
insisté sur ce communiqué « Cols Bleus Express », nommément adressé à « tous et
toutes les cols bleus de la Ville de Montréal » et leur demandant d’appliquer
l’Ordonnance du CSE.
[36] Ensuite, elle a produit des extraits de cinq quotidiens de la région de Montréal
parus le 19 septembre 200317 pour établir le caractère public entourant l'Ordonnance.
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ailleurs, deux contremaîtres ont confirmé avoir vu le même communiqué sur les tables
de la cafétéria d'un des clos de travail de l'arrondissement Ahuntsic/Cartierville.
[…] La primauté du droit est le fondement de notre société; sans elle, la paix, l'ordre
et le bon gouvernement n'existent pas. La primauté du droit est directement
tributaire de la capacité des tribunaux de faire observer leur procédure et de
maintenir leur dignité et le respect qui leur est dû. Pour ce faire, les tribunaux ont,
depuis le XIIe siècle, exercé le pouvoir de punir pour outrage au tribunal.
[41] À cet égard, la juge Trahan souligne avec justesse qu’il « est de l'essence même
des sociétés libres et démocratiques, vivant dans un régime où existe la primauté du
droit, que les ordonnances des tribunaux soient respectés »20.
[43] Dans un arrêt maintes fois repris, le juge Brossard explique ainsi le déroulement
de la marche à suivre à ce chapitre22 :
- l'intimée devait, en premier lieu, établir hors de tout doute que l'appelant avait violé les
ordonnances contenues dans le jugement de divorce au fond. C'est l'actus reus;
- cette démonstration faite, le fardeau revenait alors à l'intimée d'établir, hors de tout
doute, la fausseté des motifs invoqués par l'appelant et de satisfaire le tribunal, hors de
18
Droit de la famille – 1790, [1993] R.D.F. 199, 263 (C.S.).
19
United Nurses of Alberta c. Alberta (Procureur general), [1992] 1 R.C.S. 901, 931.
20
Société de transport de la Ville de Laval c. Syndicat des chauffeurs de la Société de transport de la
Ville de Laval, 23 octobre 2002, AZ-50148590 (C.S.), par. 78.
21
Id., par. 79; Ville de Verdun c. c. Syndical canadien de la Fonction publique (SCFP), s.l. 302, 30 mai
2000, AZ-00029060 (C.S.), p. 5.
22
Droit de la famille – 1605, [1995] R.D.F. 8 (C.A.).
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tout doute raisonnable, de la "mens rea" de l'appelant, c'est-à-dire que c'est de propos
volontaire, délibéré et sans aucune excuse légitime qu'il avait violé l'ordonnance.
Aucune de ces étapes ne saurait être escamotée. Les explications fournies par
[44] Troisièmement, comme le souligne cet extrait et l'édicte maintenant l'article 53.1
C.p.c., la preuve de tous et chacun des éléments essentiels de l'outrage ne doit pas
laisser place à un doute raisonnable.
[45] Dans l'arrêt R. c. Lifchus23, la Cour suprême enseigne ceci sur cette norme de
preuve :
36 […] :
• il faut davantage que la preuve que l’accusé est probablement coupable […].
[46] Cette norme doit bien sûr s'évaluer sur la foi de la preuve produite et entendue
en salle d'audience, c’est-à-dire sur les faits prouvés et les inférences qui en découlent.
Le doute raisonnable, qui repose sur la raison et le sens commun, doit donc émaner de
la preuve elle-même ou de l'absence de preuve.
[47] En substance, hors de tout doute raisonnable implique que le Tribunal doit être
fermement convaincu de la culpabilité des intimés. C'est un haut niveau de certitude.
Probablement ou vraisemblablement coupable est insuffisant. Il faut être sûr, certain.
23
[1997] 3 R.C.S. 320.
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[48] Enfin, quatrièmement, il s’agit ici d'un outrage aux termes de l'article 50 C.p.c. :
50. Est coupable d'outrage au tribunal celui qui contrevient à une ordonnance ou
à une injonction du tribunal ou d'un de ses juges, ou qui agit de manière, soit à
[49] Selon l'article 111.20 C.t., le dépôt de l'Ordonnance du CSE au greffe de la Cour
supérieure lui confère la même force et le même effet qu’un jugement émanant de cette
Cour.
[50] Toutefois, cet article ne fait pas d’une telle ordonnance un jugement de la Cour
supérieure24. Son dépôt ne fait que lui conférer un caractère exécutoire au même titre
qu'un jugement de cette Cour.
[52] Cela dit, les éléments essentiels des infractions reprochées aux intimés que la
Ville doit prouver hors de tout doute raisonnable sont les suivants :
24
Procureur général du Québec c. Fédération des affaires sociales, C.S. Montréal, nº 500-05-011526-
892, 20 décembre 1989, j. Lesyk, p. 5.
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ANALYSE ET DISCUSSION
[54] Ici, le texte de l'Ordonnance du CSE est clair. Les mots choisis sont simples. Le
lecteur sait exactement à quoi s'en tenir. L'Ordonnance ne souffre d'aucune ambiguïté.
[56] De même, prendre les mesures nécessaires pour s'assurer que ses membres
fassent cela ne peut sérieusement porter à interprétation pour le Syndicat des cols
bleus, ses dirigeants ou ses délégués. Si c'était le cas, on s'inquiéterait de leurs
compétences dans leur domaine de prédilection.
[59] L’analyse de la preuve du geste reproché aux 286 salariés membres du Syndicat
et à 10 des délégués syndicaux, soit d'avoir échangé les véhicules qui leur étaient
assignés avec ceux d'autres arrondissements, doit se faire en deux temps.
[60] En premier lieu, le Tribunal est d'avis que 14 d'entre eux doivent être acquittés,
puisque la preuve n'établit pas hors de tout doute raisonnable qu'un véhicule leur fut de
fait assigné.
25
Zhang c. Chau, J.E. 2003-1288, par. 25 (C.A.).
26
Commission scolaire de Montréal c. Alliance des professeurs et professeures de Montréal, 7 février
2002, AZ-50111823 (C.S.); Corporation d’urgences-santé de la région Montréal-Métropolitain c.
Rassemblement des employés ambulanciers du Québec (RETAQ) (FAS-CSN), 6 mars 2001, AZ-
50084287 (C.S.).
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[61] Pour ces 14 intimés, la Ville a choisi de présenter sa preuve en stipulant qu'un
véhicule était assigné à plusieurs d'entre eux, sans préciser lequel en était le chauffeur
responsable. Or, la preuve non contredite soumise par la Ville démontre que les
passagers, aides ou étudiants n'ont ni la responsabilité d'un véhicule, ni de véhicule
[62] Tous les contremaîtres à qui la question fut posée l'ont affirmé sans exception.
[63] Par conséquent, dans un cas où l'on présente la preuve sans préciser lequel des
occupants d'un véhicule en est le chauffeur responsable, il y a un doute raisonnable qui
se soulève quant à chacun. On ne peut en effet alors attribuer à l'un ou à l'autre la
responsabilité afférente à l'assignation du véhicule.
[64] Cela suffit pour conclure qu'un élément essentiel de l'infraction reprochée n'est
pas établi hors de tout doute raisonnable, ce qui entraîne l'acquittement des 14 intimés
suivants :
1) Vanessa René-Beaudry Ile-Bizard/Ste-Geneviève/Ste-Anne-de-Bellevue
2) Odrey Dufort Ile-Bizard/Ste-Geneviève/Ste-Anne-de-Bellevue
3) Thierry Dufort Ile-Bizard/Ste-Geneviève/Ste-Anne-de-Bellevue
4) Martine Rouette Ile-Bizard/Ste-Geneviève/Ste-Anne-de-Bellevue
5) Jos Da Silva Pierrefonds/Senneville
6) Ronald Huber Pierrefonds/Senneville
7) Denis Gagnon Pierrefonds/Senneville
8) Michel Gilbert Pierrefonds/Senneville
9) Luc Lévesque Pierrefonds/Senneville
10) Robin Lévesque Pierrefonds/Senneville
11) André Chartrand Pierrefonds/Senneville
12) Pierre Paul Plateau Mont-Royal
13) Ronald Toupin Plateau Mont-Royal
14) Daniel Cyr Plateau Mont-Royal
[65] En second lieu, pour ce qui est des 272 autres salariés membres du Syndicat et
de 10 des délégués syndicaux, le Tribunal considère que la Ville a prouvé hors de tout
doute raisonnable la commission du geste reproché pour tous et chacun.
[66] Cela inclut, d'un côté, l'assignation d'un véhicule à leur attention et, de l'autre
côté, l'échange de ce véhicule avec celui d'un autre arrondissement.
[67] Les tableaux joints au présent jugement comme Annexe C identifient pour
chacun de ces 282 intimés le nom des témoins et les pièces produites qui, à la date
d'audience indiquée, ont ainsi prouvé hors de tout doute raisonnable le geste reproché.
[68] Il serait inutilement fastidieux d'ajouter plus à ce que ces tableaux résument
succinctement et qui est, dans chaque cas, très clair.
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[69] Pour chacun, ces gestes reprochés et prouvés constituent une violation de
l'Ordonnance du CSE.
[70] Tous sont des chauffeurs qui avaient la responsabilité d'un véhicule. Il est
[71] Les intimés plaident qu’il n’y aurait pas eu violation de l'Ordonnance puisque,
après l'échange, ils auraient majoritairement continué à exécuter leurs tâches comme
auparavant.
[72] Sans commenter la preuve sur la prestation de travail fournie par les intimés
pour le reste des journées visées qui, selon le Tribunal, n'a pas la limpidité qu’on lui
attribue, cet argument doit être rejeté.
[73] Le fait que certains intimés aient continué à fournir leur prestation de travail pour
une partie des 26 ou 27 mai 2004 ne change rien au constat qu'au moment où ils ont
échangé le véhicule qui leur était assigné, ils ne fournissaient pas leur prestation
habituelle de travail, ni n’utilisaient leur véhicule dans ce cadre.
[74] Cela suffit pour constituer une violation flagrante de l'Ordonnance du CSE, peu
importe la durée de cette contravention.
[75] Les intimés soulèvent aussi trois cas particuliers où la preuve n'établirait pas
hors de tout doute raisonnable la commission du geste reproché à l’égard de certains
d'entre eux. Le Tribunal ne partage pas cet avis.
[76] Dans l'arrondissement Pierrefonds, bien que M. Réjean Aubé se soit exprimé en
utilisant le « on » plutôt que le « je », cela ne justifie pas de mettre de côté son
témoignage au motif d'absence de connaissance personnelle des faits. Aucune
question en contre-interrogatoire n'a fait ressortir cet élément. À l'audience, ce témoin a
plutôt démontré une connaissance intime de tous les faits sur lesquels il a témoigné.
[79] M. Chatigny l'a vue passer avec un camion-balai d'une couleur autre que celui
de son arrondissement. Elle n'aurait pu s'y retrouver qu'en raison d'un échange du
véhicule qu'elle avait à l'origine. L'inférence tirée des faits prouvés est incontestable. À
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[81] De façon similaire, les tableaux joints en annexe indiquent le nom des témoins
qui, de l'avis du Tribunal, ont prouvé hors de tout doute raisonnable le statut de délégué
syndical de 10 des salariés intimés qui ont procédé à un échange de véhicules.
[82] Dans les cas des deux délégués qui n'ont pas procédé à un tel échange, leur
statut est également prouvé. Les témoins identifiés aux tableaux ont de plus attesté de
la présence de Mme Ricard dans un véhicule échangé et confirmé celle de M. Montpetit
sur les lieux de travail de son arrondissement où pas moins de 15 salariés ont procédé
à un échange de véhicules.
[83] Dans le cas de tous ces délégués syndicaux, leurs agissements à ce titre
constituent une violation claire de l'Ordonnance du CSE.
[84] L'obligation de prendre les mesures nécessaires pour s'assurer que les
membres du Syndicat fournissent leur prestation normale de travail et utilisent les
véhicules de la Ville dans ce cadre comprend, à tout le moins, l'obligation de ne pas
participer aux agissements décriés, ni de demeurer passifs devant leur commission.
[85] Ici, non seulement n'y a-t-il pas eu prise de mesures nécessaires pour assurer le
respect de l’Ordonnance, mais il y a eu au surplus participation active de ces délégués
syndicaux aux gestes commis par les membres du Syndicat en violation de celle-ci.
[86] Tout comme pour les 282 intimés identifiés au point précédent, la preuve ne
laisse place à aucun doute raisonnable en ce qui concerne la commission du geste
reproché et la violation de l'Ordonnance par ces 12 intimés en leur qualité de délégués
syndicaux.
27
Québec (Procureur général) c. Syndicat de la fonction publique du Québec, 2006 QCCS 1687, par.
61; Société de transport de la Ville de Laval c. Syndicat des chauffeurs de la Société de transport de
la Ville de Laval, précité, note 20; Scierie Des Outardes c. Syndicat canadien des travailleurs du
papier local 22-B, D.T.E. 91T-732 (C.S.), p. 30.
28
Paul-Arthur GENDREAU et France THIBAULT, Denis FERLAND, Bernard CLICHE, Martine
GRAVEL, L'injonction, Cowansville, Les Éditions Yvon Blais, 1998, p. 356.
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[89] Soit dit avec égards, ce n'est pas sérieux. De l'avis du Tribunal, la preuve est
tout à l'effet contraire.
[90] Une multitude de faits prouvés justifient aisément l'inférence que l'échange de
véhicules dont on parle s'est indubitablement produit avec l'approbation, le soutien, la
planification et l'implication du Syndicat et de ses dirigeants.
v) les échanges de véhicules se font dans 5 endroits publics, tous aux environs
des mêmes heures dans la matinée. Le vidéo de l'emplacement Blue
Bonnets révèle une organisation particulièrement efficace, dont une personne
tenant à la main une liste et coordonnant visiblement les échanges. Ce
même vidéo montre également que des autocollants sont prêts pour être
distribués et sont d’ailleurs utilisés et apposés sur les véhicules qui font l'objet
des échanges. L'exercice, même s'il implique de nombreux véhicules d’au
moins 3 arrondissements distincts, est conclu dans un espace de temps d'à
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vi) presque tous les salariés impliqués ont pu échanger leur véhicule pour un
[92] Devant cette preuve, le Tribunal estime indéniable que les gestes dont on parle
ne furent pas posés spontanément par les salariés membres. Ils étaient, sans l'ombre
d'un doute, commandés par le Syndicat. Les faits énumérés témoignent d'une
planification évidente. De telles actions ne peuvent avoir eu lieu qu'avec le soutien,
l'implication et, surtout, la bénédiction du Syndicat et de ses dirigeants. Ni le sens
commun, ni la logique ne permettent un doute raisonnable quant à cette constatation.
[93] Dans l'arrêt Syndicat des employés de l'hôpital St-Augustin29, la Cour d'appel dit
ceci :
Comme officiers du syndical appelant, les autres appelants avaient l'obligation de
faire respecter l'injonction. La preuve démontre qu'ils ne l'ont pas fait. […] Il est
de jurisprudence que les officiers d'un syndicat doivent personnellement se
soumettre à une injonction du Tribunal et doivent en plus, dans les limites de ce
qui est raisonnable, user des pouvoirs de leurs fonctions pour empêcher la
violation de l'injonction par les personnes sous leurs ordres. Ainsi en a décidé
cette cour dans Banks c. Upper Lakes Shipping Ltd. ([1963] B.R. 910).
[94] Ici, le Syndicat et ses dirigeants étaient de surcroît sujets à l’Ordonnance leur
intimant de prendre les mesures nécessaires pour que leurs membres ne fassent
justement pas ce qu'ils les ont incités à faire, avec un soutien évident.
29
Syndicat des employés de l'Hôpital St-Augustin c. P.G. du Québec, [1977] C.A. 539, 541.
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[95] Dans l'affaire Scierie Des Outardes30, le juge Pidgeon souligne que l'absence de
mesures prises par les chefs de groupe du syndicat pour assurer que l’injonction soit
respectée constitue en soi une démonstration que le syndicat n'a pas fait son possible
pour empêcher les contraventions reprochées.
[120] […] Les dirigeants syndicaux sont des leaders. Ils ont été élus parce qu'ils
ont de l'ascendant sur leurs membres. Certes, ils ont été élus pour défendre les
droits de leurs membres mais ils ont, aussi, l'obligation de donner le bon exemple
et faire en sorte que les ordonnances des tribunaux soient respectées. Les
tribunaux sont l'un des instruments créés pour faire respecter le droit et sa
primauté dans des sociétés comme la nôtre, dont nous sommes fiers de dire
qu'elle est libre et démocratique. Le droit et les tribunaux sont les garants du droit
d'association qui est celui qui est à la source de l'existence des syndicats. Si les
syndicats et leurs dirigeants ne jouent pas un rôle actif pour faire respecter les
jugements des tribunaux, ils minent l'autorité du droit qui leur permet d'exister et
celle de l'institution (les tribunaux) qui les protège. […]
[121] […]
[122] […] À cause de leur rôle de leaders, ils n'ont pas à attendre qu'on leur
demande d'intervenir quand les contraventions ont lieu. Ils ont un rôle actif à
exercer en tant que dirigeants du Syndicat, pour rappeler à leurs membres, de
façon proactive, que dans une société libre et démocratique tous les citoyens,
syndiqués ou non, doivent respecter les jugements des tribunaux. Les
syndiqués, leurs dirigeants et leur Syndicat ne sont pas au-dessus des lois.
30
Scierie Des Outardes c. Syndicat canadien des travailleurs du papier local 22-B, précité, note 27,
p. 38.
31
Id., pp. 42 et 43.
32
Société de transport de la Ville de Laval c. Syndicat des chauffeurs de la Société de transport de la
Ville de Laval, précité, note 20.
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[100] Le Tribunal considère que le Syndicat et ses dirigeants n'ont certainement pas
pris les mesures nécessaires comme l’exigeait l'Ordonnance du CSE et ce, pour
chacune des journées des 26 et 27 mai 2004. Ils ont, de ce fait, contrevenu hors de
tout doute raisonnable à cette Ordonnance.
[102] Cela dit, les intimés invoquent un argument additionnel pour exonérer les
dirigeants poursuivis autres que le président Michel Parent.
[103] Ils évoquent que la preuve n'établit pas leur statut de dirigeant syndical au
moment des événements. Si le communiqué syndical du 25 mai 2004 confirme le statut
de président de Michel Parent à cette époque, rien dans la preuve, disent-ils, ne
démontre que les trois autres, dirigeants syndicaux au moment de l'émission de
l'Ordonnance, l'étaient toujours au moment de la commission des gestes reprochés.
[104] Les intimés ont raison d’affirmer cela. La preuve est silencieuse sur ce point.
[106] Or, il s’agit d'un élément essentiel de l'infraction reprochée à ces personnes, soit
la preuve de leur qualité de dirigeant syndical au moment du geste attaqué. Cela suffit
donc à les acquitter, malgré les propos qui précèdent.
3. L'intention
[108] Même si, devant la preuve de l'actus reus, soit la violation de l'Ordonnance du
CSE, les intimés ont choisi de ne présenter ni défense ni explication pour se justifier (le
« show cause »), la Ville conserve néanmoins le fardeau de démontrer leur intention de
poser les gestes reprochés, soit la mens rea.
[109] À cet égard, si tant est que la mens rea soit requise dans le cas de la violation
explicite d'une ordonnance dans le contexte d'un outrage civil découlant d'une affaire de
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nature privée, on peut la déduire des circonstances comme c'est le cas pour d'autres
infractions criminelles33.
[110] Sur la mens rea requise en matière d'outrage au tribunal, la Cour d'appel
[111] Quitte à le redire, cette mens rea de l'infraction réside ici dans l'intention de
poser le geste reproché, et non dans celle de commettre un outrage au tribunal35 :
[…] in order to constitute a contempt, it is not necessary to prove that the
defendant intended to disobey or flout the order of the Court. The offence
consists of the intentional doing of an act which is in fact prohibited by the order.
The absence of the contumacious intent is a mitigating but not an exculpatory
circumstance.
[113] L'échange de véhicules n'a pu s’effectuer sans que les participants ne réalisent
parfaitement ce qu'ils faisaient. L'efficacité minutieuse avec laquelle le tout s'est produit
indique que les gestes se sont posés de propos volontaire et délibéré.
33
United Nurses of Alberta c. Alberta (Procureur général), précité, note 19, p. 933.
34
Daigle c. St-Gabriel de Brandon (Corporation municipale de la paroisse de), [1991] R.D.J. 249, 253
(C.A.).
35
Re Sheppard and Sheppard, (1976), 67 D.L.R. (3rd) 592, 595-596 (C.A. Ont.); cité avec approbation
dans Canada c. Taylor, [1987] 3 C.F. 593, 605 (F.C.A.) et Société de transport de la Ville de Laval c.
Syndicat des chauffeurs de la Société de transport de la Ville de Laval, précité, note 20, par. 81.
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4. La connaissance de l'Ordonnance
[116] Pour le Syndicat des cols bleus, son président, ses délégués et ses salariés
[118] Dans cet arrêt, la Cour suprême précise que cette connaissance peut être
démontrée de façon circonstancielle; entre autres, dans les affaires d'outrage, on peut
toujours inférer la connaissance lorsque les faits permettant d'appuyer cette inférence
sont prouvés37.
[120] Ils sont tous deux parties nommées à l'Ordonnance du CSE38. Ils y étaient
représentés par un représentant syndical. C'est une inférence raisonnable de conclure
que la partie nommée à une ordonnance et dûment représentée dans le débat qui y a
mené en a eu connaissance personnelle et réelle.
[121] En outre, le communiqué syndical « Cols Bleus Express »39, par lequel Michel
Parent, en sa qualité de président et au nom du comité exécutif du Syndicat, demande
à tous et toutes les cols bleus de la Ville de Montréal d’appliquer l'Ordonnance,
confirme indéniablement cette connaissance.
[122] Dans leur cas, il n'y a aucun doute raisonnable que ce quatrième élément
essentiel est dûment prouvé.
[123] Pour ce qui est des salariés membres et des délégués syndicaux cette fois, la
Ville devait également prouver leur connaissance personnelle réelle de l'Ordonnance,
que ce soit par signification ou un autre mode d'information40.
36
Bhatnager c. Canada (ministre de l'Emploi et de l'Immigration), [1990] 2 R.C.S. 217, 225.
37
Id., 226.
38
Pièce R-2.
39
Pièce R-3.
40
Ville de Verdun c. c. Syndical canadien de la Fonction publique (SCFP), s.l. 302, précité, note 21.
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[127] D'ailleurs, la seule preuve que cet affichage ou cette distribution se soit faite
dans deux arrondissements démontre avec emphase l'absence de preuve d'un tel
affichage et d'une telle distribution dans tous les autres.
[128] Il faut rappeler que la Cour suprême parle d'une connaissance personnelle réelle
de l'ordonnance menant à l'outrage. La connaissance de l'un ne peut certes être
imputable aux autres.
[129] Enfin, la preuve ne démontre pas non plus que la Ville aurait elle-même affiché,
publicisé ou distribué le contenu de l'Ordonnance auprès des intimés en question 43.
[131] Selon elle, l'Ordonnance du CSE imposait au Syndicat d'en faire connaître
immédiatement les termes à ses membres. De plus, l'efficacité du mouvement des 26
et 27 mai serait une démonstration éloquente de la communication particulièrement
efficace avec laquelle peut opérer le Syndicat.
[132] Partant, la Ville suggère qu'on peut en tirer une inférence de connaissance de
l'Ordonnance, car le communiqué « Cols Bleus Express » qui en dévoilait les termes
était nommément adressé à tous et toutes les cols bleus de la Ville de Montréal. Il a, dit
la Ville, immanquablement dû se rendre à ses destinataires. La preuve d’affichage et
de distribution, bien que partielle, en témoigne et le confirme.
41
Pièce R-3.
42
Voir Société de transport de la Ville de Laval c. Syndicat des chauffeurs de la Société de transport de
la Ville de Laval, précité, note 20, par. 25, où ce mode de communication de l'ordonnance s'est révélé
suffisant parce qu'affiché sur le babillard se trouvant dans les lieux de travail concernés.
43
Voir Ville de Montréal c. Association des pompiers de Montréal, 1er novembre 2000, AZ-50080367,
par. 24 (C.A.), où la preuve documentaire établissait l'affichage des ordonnances en litige dans les 36
casernes de pompiers et ce, par les officiers du SPIM (Service de protection incendie de Montréal).
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[137] Ce n'est pas tout. La position de la Ville sur ce point repose sur une prémisse
que la preuve n'établit pas.
[138] Pour tirer l'inférence voulant que le Syndicat ait fait connaître à ses membres
l'Ordonnance par le communiqué « Cols Bleus Express » qu'il a circulé, la Ville devait
établir un fait névralgique. Soit que les intimés étaient effectivement des salariés au
moment où ce communiqué fut affiché ou distribué sur les lieux de travail comme
l'inférence proposée le présume.
[141] Établir que les intimés étaient salariés de la Ville en mai 2004 lors des violations
reprochées est une chose; prouver qu'ils l'étaient aussi en septembre 2003 pour justifier
leur connaissance de l’Ordonnance par le biais du communiqué syndical en est une
autre.
[142] Si la Ville a établi le premier énoncé, elle n’a pas prouvé le second.
[143] Assumer que tous ces intimés étaient salariés en septembre 2003 ou qu’aucun
n’était alors en vacances, malade ou absent serait faire preuve d’une grande
spéculation que la norme de preuve applicable ne permet pas.
[145] Selon elle, cinq extraits de quotidiens publiés dans la région de Montréal le 19
septembre 200344 auraient donné une notoriété telle à l'Ordonnance du CSE qu'on peut
en inférer une connaissance de ses termes par tous les intimés.
[147] En premier lieu, aucun des extraits déposés en preuve ne reprend le texte même
de l'Ordonnance du CSE.
44
Pièce R-8.
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[148] En second lieu, l'extrait du quotidien La Presse ne parle pas des termes de
l'Ordonnance qui concernent les violations traitées ici, sans compter que l’extrait ne fait
pas état de la durée d'application de l'Ordonnance.
[150] Enfin, en dernier lieu, on ignore tout de l'étendue de la circulation des trois autres
quotidiens (Le Devoir, The Gazette et le Journal de Montréal), y compris de leur
pénétration du marché particulier des cols bleus.
[151] D'aucuns ajouteront qu'il est loin d'être acquis que tous les intimés lisent l'un ou
l'autre de ces journaux ou s'informent tous par la voie des médias écrits plutôt que par
l'entremise de d'autres, comme la radio ou la télévision, dont la preuve ne traite pas.
[154] Cet argument de dernier ressort doit subir le même sort que les autres.
[155] En droit québécois, l'article 2808 C.c.Q. précise qu’un tribunal doit prendre
connaissance d'office de tout fait dont la notoriété rend l'existence raisonnablement
incontestable.
45
R. c. Find, [2001] 1 R.C.S. 863, par. 48.
46
R. c. Spence [2005] 3 R.C.S. 458, par. 60, 61 et 65.
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[160] Ainsi, plus un fait a une incidence directe sur l’issue même du procès, plus on
[161] Dans une affaire récente impliquant justement la Ville47, le juge Mongeon
souligne que les faits connus d'office sont limités aux évidences universellement
reconnues et acceptées comme telles.
[162] Dans ce jugement où il donne raison à la Ville, il estime que les moyens de
pression des cols bleus ou le ralentissement des travaux d'entretien des rues et
chemins publics à Montréal en février 2002 ne relèvent pas de la connaissance d'office.
[164] Somme toute, quoiqu'il soit plausible, voire probable, que ces intimés aient eu
connaissance de l'Ordonnance du CSE, le Tribunal n'en est ni sûr, ni certain.
[165] Les éléments de preuve invoqués par la Ville à ce niveau, pris isolément ou
globalement, ne satisfont pas la norme de preuve requise.
[166] En ce qui concerne ces intimés, un doute raisonnable sur l'élément essentiel de
leur connaissance personnelle réelle de l'Ordonnance du CSE existe, tant à cause de
l'absence de preuve de certains faits que de la preuve incomplète ou limitée de
d'autres.
[167] Cela justifie, à lui seul, de prononcer l'acquittement de tous les salariés membres
du Syndicat et de tous les délégués syndicaux, peu importe les autres conclusions du
Tribunal sur les trois premiers éléments des infractions reprochées.
CONCLUSION
47
Montréal (Ville de) c. De Michele, J.E. 2006-568, AZ-50340509, par. 43 (C.S.).
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[171] Troisièmement, les 272 salariés membres qui restent et les 12 délégués
syndicaux doivent aussi être acquittés en l'absence d'une preuve hors de tout doute
raisonnable de leur connaissance personnelle réelle de l'Ordonnance du CSE.
[173] Des 472 intimés poursuivis initialement, ce sont les deux seuls pour qui la Ville a
prouvé hors de tout doute raisonnable tous les éléments essentiels des infractions
reprochées. Il n'y en a pas d'autres.
[174] Sur la question des dépens, vu le succès mitigé de la requête de la Ville, il n'y a
pas lieu d'en accorder.
[176] DÉCLARE le Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal (SCFP), section
locale 301, et son président, Michel Parent, coupables d'outrage au tribunal pour
chacune des journées des 26 et 27 mai 2004;
[178] PRONONCE l'acquittement de tous les autres intimés, c’est-à-dire ceux et celles
dont le nom apparaît sur la liste jointe au présent jugement pour en faire partie
intégrante comme Annexe B, que ce soit en leur qualité de dirigeant syndical, de
délégué syndical ou de salarié membre du Syndicat;
Me Michel Derouet
Trudel, Nadeau
Avocats des intimés
Dates d’audience : 5, 8, 11, 12, 13, 14, 15, 19, 20, 26 septembre 2006;
2, 4 et 13 octobre 2006
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ANNEXE A
LISTE DES INTIMÉS APPARAISSANT
À LA REQUÊTE POUR OUTRAGE AU TRIBUNAL
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ANNEXE B
LISTE DES INTIMÉS ACQUITTÉS
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(SCFP), 2006 QCCS 5273
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(SCFP), 2006 QCCS 5273
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ANNEXE C
Tableaux des arrondissements
(pages 45 à 71)
Pièces produites
Date Témoins entendus attestant de Date
Nom des intimés de l’assignation attestant de l’assignation l’assignation et de de la preuve à
et de l’échange et de l’échange l’échange l'audience
1. Éric Allaire 26 mai 2004 Carole Bilodeau AC-2 14 septembre 2006
2. Maurille Côté 26 mai 2004 Carole Bilodeau ------ 14 septembre 2006
(SCFP), 2006 QCCS 5273
10. Gabriella Cantolama 26 mai 2004 Yves Gagnon AC-5 14 septembre 2006
11. Emilien Chiasson 26 mai 2004 Yves Gagnon AC-5 14 septembre 2006
12. Serge Ouimet 26 mai 2004 Yves Gagnon AC-5 14 septembre 2006
13. Sylvain Paquette 26 mai 2004 Yves Gagnon AC-5 14 septembre 2006
14. Daniel Chassagnol 26 mai 2004 Michel Laroche AC-5 14 septembre 2006
15. Raymond Côté 26 mai 2004 Michel Laroche AC-3 14 septembre 2006
16. Gérald Gauthier 26 mai 2004 Michel Laroche AC-3 14 septembre 2006
17. Michel Paré 26 mai 2004 Michel Laroche AC-3 14 septembre 2006
18. Pedro Sotomayor 26 mai 2004 Michel Laroche AC-3 14 septembre 2006
Montréal (Ville de) c. Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, section locale 301
19. Michel St-Hilaire 26 mai 2004 Michel Laroche AC-3 14 septembre 2006
Montréal (Ville de) c. Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, section locale 301
(SCFP), 2006 QCCS 5273
* Preuve que délégué ou dirigeant syndical
500-05-076450-046
Pièces produites
Date Témoins entendus attestant de Date
Nom des intimés de l’assignation attestant de l’assignation l’assignation et de de la preuve à
et de l’échange et de l’échange l’échange l'audience
20. Mario Poccia * 26 mai 2004 Ronald Larivière ------ 14 septembre 2006
(SCFP), 2006 QCCS 5273
21. Mario Beauchamp 26 mai 2004 Daniel Roch AC-6 14 septembre 2006
22. Alain Cayer 26 mai 2004 Daniel Roch AC-6 14 septembre 2006
23. Roch Perrier 26 mai 2004 Daniel Roch AC-6 14 septembre 2006
24.
25.
- 120 -
26.
27.
28.
29.
30.
31.
32.
33.
34.
35.
36.
Montréal (Ville de) c. Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, section locale 301
37.
Montréal (Ville de) c. Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, section locale 301
(SCFP), 2006 QCCS 5273
1. Martin Dassylva * 26 mai 2004 Benoit Desloges A-1, A-2 12 septembre 2006
2. Sylvain Boudreault 26 mai 2004 Benoit Desloges A-1, A-2 12 septembre 2006
3. Christian Potvin 26 mai 2004 Benoit Desloges A-1, A-2 12 septembre 2006
4. Bernard Lambert 26 mai 2004 Benoit Desloges A-1, A-2 12 septembre 2006
5. Benoit Coulombe 26 mai 2004 Benoit Desloges A-1, A-2 12 septembre 2006
Benoit Desloges A-1, A-2 12 septembre 2006
- 122 -
8. Steve Murphy 26 mai 2004 Benoit Desloges A-1, A-2 12 septembre 2006
9. Robert Fortin 26 mai 2004 Benoit Desloges A-1, A-2 12 septembre 2006
10. Jacques Bernard 26 mai 2004 Benoit Desloges et A-1, A-2 12 septembre 2006
Aurélien Fourcaudot
11. Richard Trépanier 26 mai 2004 Benoit Desloges et A-1, A-2 12 septembre 2006
Aurélien Fourcaudot
12. Michel Dion 26 mai 2004 Benoit Desloges et A-1, A-2 12 septembre 2006
Aurélien Fourcaudot
13. Robert Leblanc 26 mai 2004 Nicola Musacchio A-1 12 septembre 2006
14. Jean-René Dubuisson 26 mai 2004 Nicola Musacchio A-1 12 septembre 2006
* Preuve que délégué ou dirigeant syndical
Montréal (Ville de) c. Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, section locale 301
1. Daniel Masse 26 mai 2004 Pierre-Yves Morin BB-1, BB-2 12 septembre 2006
2. Richard Ménard 26 mai 2004 Pierre-Yves Morin BB-1, BB-2 12 septembre 2006
3. Nicolas Rupert 26 mai 2004 Pierre-Yves Morin BB-1, BB-2 12 septembre 2006
4. Claude Therrien 26 mai 2004 Pierre-Yves Morin BB-1, BB-2 12 septembre 2006
5. Adam Van Doninck 26 mai 2004 Pierre-Yves Morin BB-1, BB-2 12 septembre 2006
6. Pierre Charlebois 26 mai 2004 Gaétan Gingras BB-3, BB-4 20 septembre 2006
- 123 -
7. Allan Cundall 26 mai 2004 Gaétan Gingras BB-3, BB-4 20 septembre 2006
8. Jean Déry 26 mai 2004 Gaétan Gingras BB-3, BB-4 20 septembre 2006
9. Raymond Lalonde 26 mai 2004 Gaétan Gingras BB-3, BB-4 20 septembre 2006
10. Caroline Lussier 26 mai 2004 Gaétan Gingras BB-3, BB-4 20 septembre 2006
11. Marc-André Ménard 26 mai 2004 Gaétan Gingras BB-3, BB-4 20 septembre 2006
12. André Scraire 26 mai 2004 Gaétan Gingras BB-3, BB-4 20 septembre 2006
13. Mark Singer 26 mai 2004 Gaétan Gingras BB-3, BB-4 20 septembre 2006
14. Jacques Bouchard 26 mai 2004 Sylvain Bergeron BB-3, BB-4 20 septembre 2006
15. Timothy Lysyshyn 26 mai 2004 Sylvain Bergeron BB-3, BB-4 20 septembre 2006
16. Claude Payette 26 mai 2004 Sylvain Bergeron BB-3, BB-4 20 septembre 2006
17. Martin Séguin 26 mai 2004 Sylvain Bergeron BB-3, BB-4 20 septembre 2006
* Preuve que délégué ou dirigeant syndical
Montréal (Ville de) c. Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, section locale 301
Pièces produites
Date Témoins entendus attestant de Date
(SCFP), 2006 QCCS 5273
Pièces produites
Date Témoins entendus attestant de Date
Nom des intimés
(SCFP), 2006 QCCS 5273
Pièces produites
Date Témoins entendus attestant de Date
(SCFP), 2006 QCCS 5273
Pièces produites
Date Témoins entendus attestant de Date
Nom des intimés attestant de l’assignation l’assignation et de de la preuve à
(SCFP), 2006 QCCS 5273
de l’assignation
et de l’échange et de l’échange l’échange l'audience
1. Christopher Sowinski 26 mai 2004 André Aubé K-1 13 septembre 2006
2. Sylvain Desbiens * 26 mai 2004 André Aubé K-1 13 septembre 2006
3. Stéphane Martin 26 mai 2004 André Aubé K-1 13 septembre 2006
4. Alain Bourbonnais 26 mai 2004 André Aubé K-1 13 septembre 2006
5. Pierre Pilon 26 mai 2004 André Aubé K-1 13 septembre 2006
- 128 -
Pièces produites
Date Témoins entendus attestant de Date
Nom des intimés de l’assignation attestant de l’assignation l’assignation et de de la preuve à
(SCFP), 2006 QCCS 5273
Pièces produites
Date Témoins entendus attestant de Date
Nom des intimés de l’assignation attestant de l’assignation l’assignation et de de la preuve à
(SCFP), 2006 QCCS 5273
10. Enrique Vergara 26 mai 2004 Jean-Pierre Frappier MHM-1 20 septembre 2006
11. Michel Leblanc 26 mai 2004 Jean-Pierre Frappier MHM-1 20 septembre 2006
12. Fernando Polissena 26 mai 2004 Jean-Pierre Frappier MHM-1 20 septembre 2006
13. Bruno Leclerc 26 mai 2004 Jean-Pierre Frappier MHM-1 20 septembre 2006
14. Robert Guérin 26 mai 2004 Jean-Pierre Frappier MHM-1 20 septembre 2006
15. Réjean Beaudry 26 mai 2004 Jean-Pierre Frappier MHM-1 20 septembre 2006
Montréal (Ville de) c. Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, section locale 301
500-05-076450-046
PREUVE DE L’ÉCHANGE DE VÉHICULES PAR INTIMÉ
ARRONDISSEMENT : MONTRÉAL-NORD (Par. 73, 74 et 75 de la requête)
Pièces produites
Date Témoins entendus attestant de Date
Nom des intimés de l’assignation attestant de l’assignation et de de la preuve à
et de l’échange l’assignation et de l’échange l'audience
(SCFP), 2006 QCCS 5273
l’échange
1. Claude Lamarche * 26 mai 2004 Pierre Thouin MN-1, MN-2, MN-12, MN-25 12 septembre 2006
2. Alain Daigle 26 mai 2004 Pierre Thouin MN-1, MN-2, MN-14, MN-26 12 septembre 2006
3. Benoît Tassé 26 mai 2004 Pierre Thouin MN-1, MN-2, MN-15 12 septembre 2006
4. Fernand Moisan 26 mai 2004 Pierre Thouin MN-1, MN-2, MN-17 12 septembre 2006
5. Alain Lavoie 26 mai 2004 Pierre Thouin MN-1, MN-2, MN-5, MN-27 12 septembre 2006
6. Sylvain Côté 26 mai 2004 Pierre Thouin MN-1, MN-2, MN-28 12 septembre 2006
- 132 -
7. Michel Dunham 26 mai 2004 Pierre Thouin MN-1, MN-2, MN-11, MN-21 12 septembre 2006
8. Gérard Joyal 26 mai 2004 Pierre Thouin MN-1, MN-2, MN-8, MN-16 12 septembre 2006
9. Jocelyn Grenier 26 mai 2004 Pierre Thouin MN-1, MN-2, MN-3, MN-6, 12 septembre 2006
MN-20
10. Pierre Beaulieu 26 mai 2004 Sylvain Mailhot MN-1, MN-2, MN-13, MN-24 12 septembre 2006
11. Gaston Drolet 26 mai 2004 Sylvain Mailhot MN-1, MN-2, MN-9, MN-22 12 septembre 2006
12. Yves Labrecque 26 mai 2004 Sylvain Mailhot MN-2, MN-23 12 septembre 2006
13. Denis Roy 26 mai 2004 Sylvain Mailhot MN-1, MN-2, MN-7, MN-19 12 septembre 2006
14. Jocelyn Grenier 27 mai 2004 Pierre Thouin MN-1, MN-2 12 septembre 2006
15. Patrick Rondeau 27 mai 2004 Pierre Thouin MN-1, MN-2 12 septembre 2006
16. Sébastien Brind'amour 26 mai 2004 Pierre Thouin MN-1, MN-10 12 septembre 2006
17. Benoît Bourdeau 26 mai 2004 Pierre Thouin MN-2 12 septembre 2006
18. Claude Lamarche 27 mai 2004 Pierre Thouin MN-2 12 septembre 2006
Montréal (Ville de) c. Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, section locale 301
500-05-076450-046
Pièces produites
Date Témoins entendus attestant de Date
Nom des intimés
(SCFP), 2006 QCCS 5273
1. Sandro Ciccotosto
Pierre Joly
2. Louis Legris 26 mai 2004 Daniel Galarneau PS-2, PS-6, PS-1 19 septembre 2006
Pierre Joly
3. Guy Champagne 26 mai 2004 Daniel Galarneau PS-2, PS-6, PS-1 19 septembre 2006
Pierre Joly
4. Denis Poirier 26 mai 2004 Daniel Galarneau PS-2, PS-6, PS-1 19 septembre 2006
Pierre Joly
- 134 -
5. Réjean Bourgoin 26 mai 2004 Daniel Galarneau PS-2, PS-6, PS-1 19 septembre 2006
Pierre Joly
6. Réginald Bourgoin 26 mai 2004 Daniel Galarneau PS-2, PS-8, PS-1 19 septembre 2006
Éric Gagnon
7. Didier Lagacé 26 mai 2004 Daniel Galarneau PS-2, PS-8, PS-1 19 septembre 2006
Éric Gagnon
8. Stéphane Libersan 26 mai 2004 Daniel Galarneau Réjean PS-2, PS-7, PS-1 19 septembre 2006
Aubé
9. Domenico Albanese 26 mai 2004 Daniel Galarneau PS-2, PS-7, PS-1 19 septembre 2006
Réjean Aubé
10. Mijanou Lavoie 26 mai 2004 Daniel Galarneau PS-2, PS-7, PS-1 19 septembre 2006
Réjean Aubé
11. Martin Larivière 26 mai 2004 Éric Gagnon PS-2 19 septembre 2006
12. Christopher Blake 26 mai 2004 Pierre Joly PS-2, PS-6 19 septembre 2006
Daniel Galarneau
Montréal (Ville de) c. Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, section locale 301
500-05-076450-046
Pièces produites
Date Témoins entendus attestant de Date
Nom des intimés de l’assignation attestant de l’assignation l’assignation et de de la preuve à
(SCFP), 2006 QCCS 5273
500-05-076450-046
PREUVE DE L’ÉCHANGE DE VÉHICULES PAR INTIMÉ
10. Daniel Paolucci 26 mai 2004 Donald Cudmore ------- 15 septembre 2006
11. Michael Shaughnessy 26 mai 2004 Donald Cudmore ------- 15 septembre 2006
12. Michel Denis 26 mai 2004 Bernard Brunet ------- 15 septembre 2006
13. James Stroud 26 mai 2004 Bernard Brunet ------- 15 septembre 2006
14. David Barrette 26 mai 2004 Bernard Brunet ------- 15 septembre 2006
15. Yves Bonnier 27 mai 2004 Donald Cudmore ------- 15 septembre 2006
Montréal (Ville de) c. Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, section locale 301
500-05-076450-046
PREUVE DE L’ÉCHANGE DE VÉHICULES PAR INTIMÉ
ARRONDISSEMENT : RIVIÈRE-DES-PRAIRIES / POINTE-AUX-TREMBLES / MONTRÉAL-EST
(Par. 65, 66 et 67 de la requête)
(SCFP), 2006 QCCS 5273
Pièces produites
Date Témoins entendus attestant de Date
Nom des intimés de l’assignation attestant de l’assignation l’assignation et de de la preuve à
et de l’échange et de l’échange l’échange l'audience
1. Carole Picotin 26 mai 2004 Claude David RPM-1 11 septembre 2006
2. Daniel Breault 26 mai 2004 Claude David RPM-1 11 septembre 2006
3. Patricia Mathieu 26 mai 2004 Robert Martin RPM-1 11 septembre 2006
- 137 -
500-05-076450-046
Pièces produites
(SCFP), 2006 QCCS 5273
4.
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Montréal (Ville de) c. Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, section locale 301
Montréal (Ville de) c. Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, section locale 301
(SCFP), 2006 QCCS 5273
Pièces produites
Date Témoins entendus attestant de Date
(SCFP), 2006 QCCS 5273
5. Richard Robichaud 26 mai 2004 Daniel Lauzon SL-2, SL-5 11 septembre 2006
6. André Prud'homme 26 mai 2004 Angelo Geromin SL-3, SL-4 11 septembre 2006
Patrick Laforest
7.
8.
9.
10.
11.
12.
13.
* Preuve que délégué ou dirigeant syndical
Montréal (Ville de) c. Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, section locale 301
Pièces produites
Date Témoins entendus attestant de Date
Nom des intimés de l’assignation attestant de l’assignation l’assignation et de de la preuve à
(SCFP), 2006 QCCS 5273
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
13.
14.
15.
Montréal (Ville de) c. Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, section locale 301
1. Suzanne Éthier 26 mai 2004 Patrick Perret SO-1, SO-2 14 septembre 2006
2. Marie-Claude Duranceau 26 mai 2004 Patrick Perret SO-1, SO-2 14 septembre 2006
3. Denise Provençal 26 mai 2004 Patrick Perret SO-1, SO-2 14 septembre 2006
4. Lucie Torrejon 26 mai 2004 Patrick Perret SO-1, SO-2 14 septembre 2006
5. Réjean Rouette 26 mai 2004 Patrick Perret SO-1, SO-2 14 septembre 2006
6. Mathieu Roy 26 mai 2004 Julie Arnaud SO-1 14 septembre 2006
- 142 -
10. Roger Loiselle 26 mai 2004 Robert Libersan ------ 14 septembre 2006
11. Denis Delorme 26 mai 2004 Robert Libersan ------ 14 septembre 2006
12. Sylvie Tardif 26 mai 2004 Michel Savoie ------ 14 septembre 2006
13. Jean Beaulieu 26 mai 2004 Alain Lajeunesse ------ 19 septembre 2006
14. Luc Baril 26 mai 2004 Pierre Malette ------ 19 septembre 2006
15. Pierre Racicot 26 mai 2004 Pierre Malette ------ 19 septembre 2006
16. Éric Pelletier 26 mai 2004 Pierre Malette ------ 19 septembre 2006
Montréal (Ville de) c. Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, section locale 301
Pièces produites
Date Témoins entendus attestant de Date
Nom des intimés de l’assignation attestant de l’assignation l’assignation et de de la preuve à
(SCFP), 2006 QCCS 5273
22. J. Bindell Thermodor 26 mai 2004 Paul Landry ------ 20 septembre 2006
23. Nathalie Latendresse 26 mai 2004 Paul Landry ------ 20 septembre 2006
24. Roberto Andreani 26 mai 2004 Paul Landry ------ 20 septembre 2006
25. Florent Bianchi 26 mai 2004 Paul Landry ------ 20 septembre 2006
26. Léo Chabot 26 mai 2004 Paul Landry ------ 20 septembre 2006
27. Michel Seney 26 mai 2004 Patrick Perret SO-1 14 septembre 2006
28. Stéphane Hamel 26 mai 2004 Patrick Perret SO-1 14 septembre 2006
29. Sylvain Tremblay 26 mai 2004 Patrick Perret SO-1 14 septembre 2006
30.
31.
Montréal (Ville de) c. Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, section locale 301
Pièces produites
Date Témoins entendus attestant de Date
Nom des intimés de l’assignation attestant de l’assignation l’assignation et de de la preuve à
et de l’échange et de l’échange l’échange l'audience
(SCFP), 2006 QCCS 5273
1. Ghislain Sasseville 26 mai 2004 Martin Roberge VE-1, VE-2 11 septembre 2006
Pierre Boutin
2. Jean-Claude Lareault 26 mai 2004 Martin Roberge VE-1, VE-2 11 septembre 2006
Pierre Boutin
3. Pierre Buhak 26 mai 2004 Martin Roberge VE-1, VE-2 11 septembre 2006
Pierre Boutin
- 144 -
4. Jean Bélisle * 26 mai 2004 Martin Roberge VE-1, VE-2 11 septembre 2006
Pierre Boutin
5. Daniel Trottier 26 mai 2004 Martin Roberge VE-1, VE-2 11 septembre 2006
Pierre Boutin
6. Rosaire Jalbert 26 mai 2004 Martin Roberge VE-1, VE-2 11 septembre 2006
Pierre Boutin
7. Marcel Groulx 26 mai 2004 Martin Roberge VE-1, VE-2 11 septembre 2006
Pierre Boutin
8. Jean-Pierre Daoust 27 mai 2004 Martin Roberge VE-1, VE-3 11 septembre 2006
Pierre Boutin
9. Jean-Yves Aucoin 27 mai 2004 Martin Roberge VE-1, VE-3 11 septembre 2006
Pierre Boutin
10.
* Preuve que délégué ou dirigeant syndical
Montréal (Ville de) c. Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, section locale 301
Pièces produites
Date Témoins entendus attestant de Date
Nom des intimés attestant de l’assignation l’assignation et de de la preuve à
de l’assignation
et de l’échange l’échange l'audience
(SCFP), 2006 QCCS 5273
et de l’échange
1. Angelo Colella 26 mai 2004 Martin Tremblay ------ 20 septembre 2006
2. François Miller 26 mai 2004 Claude Dubois ------ 20 septembre 2006
3.
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- 145 -
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Montréal (Ville de) c. Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, section locale 301
Pièces produites
Date Témoins entendus attestant de Date
Nom des intimés de l’assignation attestant de l’assignation l’assignation et de de la preuve à
(SCFP), 2006 QCCS 5273
4.
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5.
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13.
14.
* Preuve que délégué ou dirigeant syndical
Montréal (Ville de) c. Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, section locale 301
Pièces produites
Date Témoins entendus attestant de Date
Nom des intimés
(SCFP), 2006 QCCS 5273
5.
6.
7.
8.
9.
10.
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12.
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14.
* Preuve que délégué ou dirigeant syndical
Montréal (Ville de) c. Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, section locale 301
S.D.G.M.R., section locale 558 c. Pepsi-Cola Canada Beverages (West) Ltd., [2002]
1 R.C.S. 156
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Valeurs mobilières Desjardins inc. c. Financière Banque Nationale inc., 2008 QCCA 99
COUR D’APPEL
N° : 500-09-016561-060
(500-17-023115-044)
ARRÊT
[1] LA COUR; -Statuant sur l'appel d'un jugement rendu le 7 mars 2006 par la Cour
supérieure, district de Montréal (Mme la juge Hélène Langlois), qui a déclaré l'appelante
coupable d'outrage au tribunal;
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500-09-016561-060 PAGE : 2
[3] Pour les motifs du juge Chamberland, auxquels souscrivent les juges Doyon et
Duval-Hesler :
Me Bernard Synnott
FASKEN, MARTINEAU, DuMOULIN
Pour l'appelante
Me Frédéric Massé
Me Chantal Lamarche
HEENAN BLAIKIE
Pour l'intimée
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500-09-016561-060 PAGE : 1
[8] En matière d'outrage au tribunal, la partie requérante doit prouver hors de tout
doute raisonnable1 1) que l'ordonnance dont elle allègue la violation est claire de telle
sorte que la personne à qui l'ordre est donné sait ce que le tribunal lui commande de
faire, ou de ne pas faire, et la nature des gestes requis, ou défendus2; 2) que la partie
intimée connaissait les termes de l'ordonnance; 3) que la partie intimée a posé les
gestes que l'ordonnance lui défendait de poser, ou n'a pas fait ce que l'ordonnance lui
commandait de faire (l'actus reus); et enfin, 4) que la partie intimée a intentionnellement
contrevenu à l'ordonnance (la mens rea)3.
[10] Le débat quant au sens à donner au mot « inciter » n'en est pas véritablement
un. Selon les dictionnaires et la jurisprudence4, « inciter » c'est entraîner ou pousser
quelqu'un à faire quelque chose, ici à quitter un emploi pour en accepter un autre; le fait
d'inciter implique nécessairement celui de poser un geste visant à amener la personne
à agir d'une certaine façon. En somme, quelqu'un ne peut en inciter un autre à faire
quelque chose tout en demeurant absolument passif.
1
Dans Vidéotron Ltée c. Industries Microlec Produits Électronique Inc., [1992] 2 R.C.S. 1065, la Cour
suprême, à la majorité, insiste sur le caractère quasi pénal de l'outrage au tribunal pour lui appliquer
les protections propres au droit criminel.
2
Restaurant Faubourg St-Denis c. Durand, [1990] R.J.Q. 1218 (C.A.).
3
Kellogg's Co. of Canada c. Procureur Général du Québec, [1978] C.A. 258; Syndicat canadien de la
fonction publique, section locale 301 c. Montréal (Ville), [1997] 1 R.C.S. 793, paragr. 66; Tessier c.
Roux, [1998] A.Q. no. 578, paragr. 32-34 (C.A.); Parent c. Maziade, J.E. 2007-1384, paragr. 29
(C.A.);
4
Leboeuf c. Groupe SNC-Lavalin Inc., J.E. 99-517 (C.A.); R. c. Lacoursière, J.E. 2003-21 (C.A.).
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[11] La juge de première instance n'a donc pas donné une portée trop large au mot
inciter et, partant, à l'ordonnance du 19 novembre 2004.
[12] La question qui se pose est celle de savoir si la juge de première instance s'est
trompée en concluant que VMD avait incité M. Lavoie à joindre ses rangs alors que
[13] L'appelante insiste beaucoup sur le fait que cette offre avait été précédée d'une
rencontre en avril 2004, à l'occasion de laquelle M. Philippe Boivin (le directeur de la
succursale de Chicoutimi) aurait fait une offre d'emploi à M. Lavoie, essentiellement aux
mêmes conditions que l'offre écrite subséquente.
[14] La juge de première instance fait état de cette rencontre, organisée par
M. Marc Villeneuve (le directeur adjoint du centre financier rattaché à la Caisse
populaire Desjardins d'Alma). Elle dit qu'il s'agissait d'une « rencontre exploratoire » au
cours de laquelle M. Lavoie qui, déjà à cette époque, songeait à se joindre à VMD,
interroge M. Boivin sur les conditions de travail reliées au poste de conseiller en
placement chez VMD.
[16] La juge de première instance écrit que la preuve ne révèle « aucun geste
incitatif » par un employé ou représentant de VMD « antérieurement à l'ordonnance »
(paragr. 44). Il s'agirait, selon l'appelante, d'une erreur.
[17] Il ne s'agit probablement pas d'une erreur puisque la rencontre d'avril 2004
n'était, selon le qualificatif utilisé par la juge de première instance, qu'« exploratoire »
(paragr. 13). Il n'y a pas eu d'offre d'emploi formelle faite ce jour-là; M. Boivin n'avait
d'ailleurs pas le pouvoir de faire une telle offre à M. Lavoie.
[19] L'appelante plaide que son offre du 5 janvier 2005 reprend les conditions de
travail normalement offertes aux conseillers en placement; elle n'aurait donc pas ce
caractère incitatif que l'ordonnance prohibe.
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[20] L'argument ne tient pas. L'appelante n'avait pas à offrir à M. Lavoie des
conditions plus généreuses que les conditions du marché pour contrevenir à
l'ordonnance; elle n'avait qu'à poser un geste, quel qu'il soit, visant à amener M. Lavoie
à quitter FBN et à joindre ses rangs.
Cette offre non seulement confirme des conditions d'emploi qui satisfont Lavoie
mais lui apporte des avantages dont il ne bénéficie pas s'il conserve son emploi
à la Financière, soit le boni de 325 000 $ correspondant à une indemnité de
transfert et le système de références de clientèle ; enfin, elle permet à Lavoie de
quitter la Financière sans que cela ait une incidence sur son droit d'exercer la
fonction de conseiller en placements puisqu'il doit toujours détenir un emploi à ce
titre pour demeurer inscrit à l'Association canadienne des courtiers en valeurs
mobilières.
[23] L'appelante plaide que son offre d'emploi ne peut pas constituer une incitation au
sens de l'ordonnance puisqu'elle n'a pas été faite à son initiative mais tout simplement
pour répondre aux demandes insistantes de M. Lavoie. En somme, le dépôt d'une
offre d'emploi perdrait tout caractère incitatif lorsqu'elle répondrait à la demande – et, en
l'espèce, la demande insistante – de l'employé. Autrement, plaide l'appelante, il
faudrait dire que l'ordonnance lui interdisait non seulement d'inciter les employés de
FBN à quitter leur emploi mais également de les embaucher, et ce, même quand la
demande d'embauche venait de ces employés.
[25] L'appelante plaide enfin que son attitude démontre qu'elle n'a jamais eu
l'intention de contrevenir à l'ordonnance du 19 novembre 2004.
[27] Personne ne conteste qu'en présentant une offre écrite à M. Lavoie le 5 janvier
2005, VMD avait l'intention de lui faire une offre qui le convaincrait de quitter son emploi
- 202 -
Valeurs mobilières Desjardins inc. c. Financière Banque Nationale inc., 2008 QCCA 99
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afin de se joindre à elle, avec sa clientèle. VMD savait que l'offre inciterait M. Lavoie à
quitter son emploi. Elle devait également savoir que son geste contrevenait à
l'ordonnance puisque, dans une note de service du 22 novembre 2004, un de ses
avocats écrivait « En principe, si on avait entrepris de solliciter un employé avant le 19
[28] Il est possible que les circonstances ayant mené à l'offre du 5 janvier 2005
permettent d'atténuer le caractère coupable du geste posé par l'appelante, mais il s'agit
là d'un élément dont la juge pourra tenir compte au moment d'infliger la peine. Les
circonstances ne permettent toutefois pas d'occulter le fait que l'appelante a sciemment
fait une offre à M. Lavoie, le 5 janvier 2005, pour l'inciter à quitter son emploi chez FBN
et joindre les rangs de VMD.
[29] Pour toutes ces raisons, je propose de rejeter l'appel, avec dépens.