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LETTRE AUX DIRIGEANTS DE LA NUPES

Chers camarades,

Je suis et demeure un partisan du rassemblement de la gauche et des écologistes. Ce


que nous avons entrepris il y a un an, est inédit et a mis un terme à l’idée de « gauches
irréconciliables » qui est l’autre façon de dire que la gauche n’aura plus jamais
vocation à gouverner.

Dans cette logique chacun d’entre nous porte sa part de responsabilité dans la
capacité à maintenir l’espoir d’une victoire de la gauche en 2027. La perspective d’un
nouveau succès des néo-libéraux ou pire de l’avènement de l’extrême-droite devrait
inviter chacun à préserver notre rassemblement, condition nécessaire, même si sa
seule existence ne suffira pas à la reconquête.

Depuis un an nous faisons vivre ensemble un intergroupe à l’Assemblée nationale.


Texte après texte, nous avons montré une capacité au travail commun. Nos groupes
ont su gérer convergences et divergences et prouvé que le dépassement est
régulièrement possible.

Depuis un an, nous avons aussi un débat ouvert sur la meilleure manière de poursuivre
au-delà de ce qui se déroule au Palais Bourbon. La question d’une liste commune aux
européennes a été posée dès les Amphis d’août 2022 par Manuel Bompard.

Dès leur congrès, les écologistes ont fait part de leur intention de partir sous leurs
propres couleurs. Les communistes par la voix de leur secrétaire national, ont
également annoncé leur volonté de concourir sous leur seul drapeau.

Pour notre part, nous avons dit notre disponibilité pour un débat, projets contre
projets, pour vérifier ce que nous pouvions faire, sans préjuger du résultat de ce
dialogue. Cet échange n’aura pas lieu faute de combattants. Nous en prenons acte.

Nous croyons néanmoins qu’il est de notre devoir de faire apparaitre un socle de
combats communs à toute la gauche, comme ont cherché à le démontrer les quatre
organisations de jeunesse qui se sont rencontrées cet été. Ce socle commun sera un
atout précieux pour assumer ensemble la réorientation de l’Union européenne dans
les votes au Parlement européen. C’est clair et c’est simple.
Ce qui est aussi clair, c’est que nous ne voulons pas prolonger le feuilleton de la liste
commune qui a pour seul résultat de décourager par nos querelles publiques, celles et
ceux qui continuent d’espérer avec la gauche. Dans toute l’Europe les partis de gauche
et écologistes qui gouvernent ou aspirent à gouverner ensemble, partent sur des listes
séparées. Au soir du 9 juin ils mesureront leur influence par l’addition de leurs scores.
C’est la voie que nous choisissons. Additionner plutôt que soustraire.

Il est l’heure de sortir de ce Cluedo politique pour savoir qui a tué la Nupes. Nous
sommes plus qu’un simple accord électoral mais nous ne sommes pas pour autant un
parti unique. Nous sommes une coalition. Personne n’a à s’aligner sur personne.
Personne n’a à s’essuyer les pieds sur le collectif. Pour l’échéance européenne, le
mode de scrutin autorise objectivement plusieurs solutions. Chacun conservera donc
ses préférences et ses frustrations.

Notre devoir est surtout de rechercher à chaque étape les meilleures voies de
passage pour faire triompher nos combats communs. Dans cette perspective, je
propose qu’une réunion rapide de nos formations politiques, dans un format et des
modalités à définir ensemble, permette de rendre à nouveau possible un dialogue
serein entre nous, de fixer en transparence et en confiance les règles de notre
fonctionnement collectif, et de poser ces combats communs.

Maintenant, il est grand temps de nous tourner à nouveau vers les Français. De leur
dire ce que nous voulons pour l’avenir du continent européen. L’Histoire ne retiendra
pas nos guerres picrocholines, elle retiendra notre capacité à sortir, tête haute, en
défendant chacun nos convictions. Et d’en faire la somme le 9 juin. Je défendrai pour
ma part avec force, au nom du Parti socialiste, le passage de l'Europe du libéralisme à
celle du socialisme écologique.

Je crois en ce que nous sommes. Je crois que nous passerons l’obstacle. J’y mettrai
toute mon énergie.

Olivier FAURE
Premier Secrétaire du Parti socialiste

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