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Cadre théorique Chapitre II

LA SALLE DE SURVEILLANCE POST-INTERVENTIONNELLE

I- DEFINITION :

La salle de surveillance post interventionnelle (SSPI) est une salle de soins et de


surveillance post-anesthésique immédiate, destinée à accueillir des patients opérés, jusqu’à
stabilisation de leurs fonctions vitales et élimination des effets résiduels de l’anesthésie,
autorisant ainsi leur transfert vers les unités d’hospitalisation.

La SSPI doit être ouverte et fonctionnelle 24h/24h selon les structures.

En cas de fonctionnement 24h/24h, cette salle permet d’éviter de transférer les patients
opérés en urgence ou dans la soirée, directement du bloc opératoire vers les unités
d’hospitalisation dans des conditions de relative insécurité.

Du fait de sa fonction de surveillance et de dépistage de la survenue des complications


non seulement liées à l’anesthésie, mais aussi celles liées à l’intervention chirurgicale, cette
salle dite précédemment « salle de réveil » a été appelée, en 1994, Salle De Surveillance
Post-Interventionnelle (SSPI).

II- OBJECTIFS DE LA SSPI :

Admettre les patients en SSPI a pour objectifs :

 l’accueil et l’installation du patient, en sécurité, confortablement et selon les


prescriptions médicales et anesthésiques,

 la surveillance et le maintien des grandes fonctions vitales,

 la prévention et le traitement de toute complication éventuelle,

 et l’évaluation et la prise en charge de la douleur post-opératoire.

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III- ACTIVITES SPECIFIQUES DE LA SSPI :

L’augmentation de l’activité de la SSPI ne peut se faire que grâce à la fonction


particulière des anesthésistes. Cette activité peut revêtir plusieurs formes :

 Actes à but analgésique : Ce sont tous les actes pratiqués dans le cadre de la prise
en charge de la douleur aiguë ou chronique (pose de PCA, ALR à but analgésique...), mais
aussi, les actes douloureux exécutés par d’autres intervenants comme certaines biopsies.
 Actes à but thérapeutique : Ce sont des actes courts qui demandent une anesthésie
(sismothérapie, cardioversion).
 Actes invasifs : Il s’agit notamment les poses de cathéters.
 Actes diagnostiques : Ce sont des actes invasifs ou non invasifs, pratiqués par les
médecins anesthésistes, comme les échocardiographies transpariétales, trans-
œsophagiennes, doppler, les fibroscopies bronchiques, etc…

La pratique de ces actes en SSPI présente plusieurs avantages :


 Occupation des postes sur des plages horaires vacantes (le matin avant 10h).
 Sécurité renforcée de la surveillance des patients pendant et après l’acte.
 Utilisation maximale des matériels.
 Utilisation d’un personnel performant disponible.
 Regroupement en un seul lieu de ces activités, d’autant que la présence médicale
est déjà effective.

D’autres possibilités de développement de la SSPI peuvent être étudiées, notamment


l’élaboration d’une fonction tampon de la SSPI avec une unité de réanimation, les unités
d’hospitalisation, voire une unité d’urgence [4, 5].

En effet, cette structure présente certaines particularités permettant l’accueil des


urgences chirurgicales lourdes :

- Elle est située à proximité des blocs opératoires et est en relation avec les
laboratoires,
- La structure modulable offre un espace suffisant pour une prise en charge optimale,
- Les équipements médicaux nécessaires sont présents et opérationnels,
- Le personnel est formé et performant.

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Cette activité d’urgence est variée : urgences dites internes (patients s’aggravant en
services d’hospitalisation), urgences externes (polytraumatismes et pathologies
chirurgicales), activité d’accueil de patients en état de mort encéphalique. Cependant,
l’organisation d’une telle structure doit être très rigoureuse, elle est entièrement régulée par
les responsables médicaux et paramédicaux de la SSPI afin d’éviter tout débordement
intempestif.

Hormis les urgences, la SSPI doit pouvoir garder des patients instables en
postopératoire toute la nuit si besoin, voire même recevoir les patients en préopératoire si
besoin.

IV- ORGANISATION ET GESTION DE LA SSPI :

IV.1- Architecture de la SSPI :

IV.1.1- Localisation :

La SSPI doit se trouver à proximité du bloc opératoire pour limiter la durée de transport
du malade et permettre l’intervention rapide d’un MAR ou des services techniques tels
que les services de radiologie et de laboratoire.

Le poste de soins doit avoir une position centrale face aux patients. Il est souhaitable de
l’isoler de la salle de réveil elle-même, et dans ce cas, un vitrage d’enceinte améliore la
surveillance. Il doit comporter un plan de travail, une paillasse, un lavabo, des placards de
rangement du matériel de soins, une pharmacie avec un coffre à stupéfiants.

IV.1.2- Surface :

La surface pour chaque poste s’établit aux environs de 12 à 15 m 2 au sol à laquelle


s’ajoutent les surfaces de circulation des lits. Cette variabilité dépend de l’option du
support de couchage (lit, brancard, berceaux pour enfant), l’idéal pour les patients étant le
lit. Quelques postes doivent être estimés à environ 20 m 2 à 25 m2, ils sont réservés aux
patients demandant une logistique médicale plus importante.

Les surfaces dévolues aux réserves de matériel, salle de repos du personnel, bureaux,
vestiaires, unités de nettoyage sont fonction de l’importance de la SSPI. Certains locaux,

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vestiaires, réserves de matériels, bureaux, salles de repos, peuvent être commun soit au
bloc opératoire, soit à une réanimation chirurgicale adjacente (Figure 1).

IV.1.3- Aménagement d’une SSPI :

Selon l’importance de la SSPI, notre choix s’orientera vers des dispositions différentes.
La surveillance continue des patients régira l’aménagement géographique de la SSPI. En
effet, il est nécessaire que le personnel soignant ait la possibilité d’avoir tous les lits dans
son champ de vision. C’est pourquoi nous privilégierons une disposition en demi-cercle ou
avec un poste central (Figure 1).

Figure 1 : exemple de mise en commun des locaux

Certaines sociétés savantes tel que la SFAR recommandent des salles de réveil avec un
maximum de 10 postes. Cependant, si la demande de capacité d’accueil est supérieure à 12
postes, la séparation en deux zones communicantes paraît intéressante (Figure 2). Ce qui
permet la fermeture d’une partie notamment la nuit et pour le nettoyage. Pour un réveil
paisible, il est important de prévoir une insonorisation et des éclairages modulables.
L’intensité est réglable et certains postes sont équipés de spots types Scialytique.

La SSPI n’est pas une structure figée. Elle doit pouvoir s’adapter instantanément à la
demande de logistique médicale ou non médicale exigée par les patients. Des séparations
mobiles, comme des rideaux ou des paravents, est un principe souhaitable pour respecter
l’intimité des patients lors de certains gestes techniques.

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Lorsqu’aucun patient n’est présent, la SSPI est un espace vide dégagé de tout matériel.
Seuls, sont pré-équipés les postes définis par la structure avec le matériel minimum
obligatoire, notamment : Scope - SpO2 - PNI, aspiration, petit matériel d’apport d’O2 voire
de ventilation au masque.

Le matériel non utilisé systématiquement est rangé à proximité immédiate ou dans le


poste de soins (système de réchauffement, respirateur, chariot d’urgence, moniteur de la
curarisation, thermomètre tympanique, bouteilles d’O2).

Figure 2 : exemple de plan complet d’une SSPI

IV.2- Equipements et Matériels :

La SSPI est dotée de dispositifs médicaux permettant, pour chaque poste installé, de
surveiller les fonctions vitales (neurologique, respiratoire, cardio vasculaire et thermique).
Elle est, en plus, équipée d’un dispositif d’alerte, de matériel d’assistance ventilatoire testé
quotidiennement, d’un chariot regroupant l’ensemble du matériel nécessaire à la prise en

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charge de l’urgence, d’un défibrillateur et d’un moniteur de la curarisation, d’un appareil à


glycémie et à hémoglobine instantanée. L’ensemble des dispositifs médicaux présents en
SSPI doit faire l’objet d’une check-list quotidienne.

Pour chaque emplacement de patient, l’équipement est comme suite :

o Prises d’oxygène et de vide,


o Matériel d'oxygénothérapie, ballons auto-remplisseurs,
o Electrocardioscope,
o Oxymètre de pouls,
o Supports de flacons de perfusion et de sondes d’aspiration,
o Electrocardiogramme,
o Chariot d'urgence surmonté d'un défibrillateur, et contenant des médicaments
d’urgence et le matériel d’intubation,
o Tensiomètre et stéthoscope,
o Seringues électriques,
o Matériels consommables.
o Prises électriques en nombre suffisant,
o Lits et brancards permettant un accès facile à la tête du patient,
o Couvertures dont une au moins est chauffante, matelas chauffant,
o Lavabo pour le lavage des mains (manuel et automatique),
o Téléphones (Les infirmières doivent pouvoir demander de l’aide rapidement, si
nécessaire).

IV.1.5- Différents types de SSPI :

A – SSPI pour anesthésie ambulatoire :

La chirurgie ambulatoire doit être préférentiellement réalisée dans des locaux


particuliers uniquement réservés à cette activité au sein de l'hôpital. Ce sont des gestes
courts qui ne nécessitent pas l'hospitalisation des malades. Une SSPI propre aux patients
bénéficiant de ce type de chirurgie doit être mise en place.

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L'existence d'une salle de repos post-réveil est une autre particularité du centre
d'interventions ambulatoires. Cette salle doit jouxter la SSPI, elle est aménagée de
fauteuils, et l'entourage du patient y est admis.

Le matériel médical et paramédical d’une SSPI destinée à la chirurgie ambulatoire est


identique à celui d'une SSPI habituelle.

Nous devons prévoir d'éventuelles complications médicales ou chirurgicales, et donc la


possibilité de transfert d'un patient vers une salle de SSPI centrale, ou vers une unité de
réanimation quand cela est indispensable. Le matériel nécessaire à ce transport est comme
suite :
- Un brancard léger, un porte-bouteille d'O2 et un support de perfusion.
- Un électrocardioscope et un défibrillateur fonctionnant sur batterie.
- Un saturomètre sur batterie.
- Un respirateur de transport.
- Un aspirateur de mucosité.
- Un ballon d'insufflation manuelle.
- Une bouteille d'O2.

La responsabilité d'un centre d'interventions ambulatoires est fréquemment confiée à un


MAR. Le fonctionnement de la salle de réveil doit durer de 8 à 18 h voire de 8 à 20 h. Les
horaires d'activité du personnel seront donc de 10 ou de 12 h/jour, ce qui implique une
rotation des AMAR et ISP au niveau des secteurs de réveil.

B – SSPI centrale :

La plupart des hôpitaux de construction moderne ont choisi le regroupement des locaux,
du plateau technique, c'est-à-dire un bloc opératoire commun à toutes les spécialités
chirurgicales, jouxtant une grande salle de réveil centrale. Ce schéma positionne la salle de
réveil ou SSPI au centre du plateau technique comme centre des interactions
indispensables entre les différents services de chirurgie, d'imagerie, d'endoscopie, de bloc
opératoire, d'urgences, voire des services de médecine.

‛‛ C'est la SSPI centrale qui fera l'objet de notre étude’’.

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IV.2- Gestion de l’environnement :

IV.2.1- Ressources humaines :

 Médecin anesthésiste-réanimateur : Il est responsable de la SSPI, dirige l’équipe


en charge de la surveillance des patients, prescrit le traitement, en particulier l’analgésie
postopératoire, assure la liaison avec les chirurgiens et décide du moment de sortie des
patients. Il a sous sa direction un personnel infirmier qualifié.
 Auxiliaire Médical en Anesthésie-Réanimation (AMAR) : La présence d’un
AMAR en salle de surveillance post interventionnelle se justifie par son aptitude à évaluer
les signes de réveil, à reconnaitre les accidents susceptibles de se produire et à mettre en
œuvre sans délai les gestes techniques indispensables. L’AMAR s’occupe de l’entretien du
matériel d’anesthésie (Respirateurs, moniteurs, médicaments...)

 Surveillant médical (SM) ou infirmier Chef : Le surveillant médical doit veiller


la gestion et à l’organisation du service.

 Infirmier de santé publique (ISP) : L'ISP doit être bien formé pour assurer une
surveillance adéquate de l’opéré. Il doit noter les signes vitaux et évaluer l'état du patient
toutes les 5 à 10 minutes. Il intervient aussi dans l'évaluation de la douleur ainsi que dans la
mise en œuvre des moyens analgésiques en collaboration avec le MAR.

IV.2.2- Fonctionnement d’une SSPI :

La vérification de la SSPI est obligatoire selon le décret du 5 décembre 1994.

Matériovigilance : Il est entendu que la matériovigilance maintenant admise pour le


matériel d’anesthésie s’applique aussi à la SSPI :
• Vérification quotidienne, check liste d’ouverture de la SSPI
• Contrat d’entretien, fiche d’alerte pour le suivi du matériel homologué.

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L’AMAR ou ISP doit signer la check-list. L’anesthésiste, responsable de la SSPI, la


contresigne pour plus de traçabilité. La feuille de surveillance en SSPI sera renseignée dès
l’arrivée du patient, elle reflète l’évolution et le suivi pendant son séjour en SSPI. Elle doit
être aussi complète que possible.

VI- BENEFICIAIRES D’UNE SURVEILLANCE EN SSPI :

Ce sont :

 Tout patient ayant bénéficié d'une anesthésie générale


 Tout patient ayant bénéficié d'une sédation
 La plupart des patients ayant ou devant bénéficié d'une anesthésie loco-régionale
 Les patients des services pour des actes locaux (pose de cathéter...)
 Les patients pris en charge en urgence (polytraumatisés...)

VII- LIAISONS :

Du fait de son caractère temporaire de séjour, la SSPI nécessite la présence de liaisons


avec les différents services :
- Le bloc opératoire.
- L'imagerie et l’endoscopie.
- Les services de chirurgie et de médecine.
- Les services de réanimation.
- Les urgences.

Les liaisons sont de deux types et comportent :


A – Liaisons horizontales :
Elles permettent d’assurer une rotation et une circulation aisées des lits et des chariots
ainsi que le transport des bocaux de drainage. Les accompagnateurs peuvent se tenir près
de la tête de leur proche malade. Les couloirs reliant le bloc opératoire à la SSPI doivent
avoir deux mètres de largeur.

B– Liaisons verticales :

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Destinés à transporter les patients opérés ou à opérer, de la SSPI vers les autres services
de l'hôpital, et vice-versa, les ascenseurs doivent être munis d'un appel sélectif et avoir des
dimensions minimales comme suit : profondeur 2.5m, largeur 2m, et hauteurs de 2m à
2.5m, pour faciliter le passage des lits et chariots.

C– Liaisons fil/air : (Figure 3)


La SSPI doit être équipée d’un téléphone avec appel interne et externe et d’un
interphone permettant de communiquer avec les salles opératoires. Un appel lumineux et
sonore est indispensable si la SSPI est de petite dimension, pour les situations de grande
urgence. Une prise informatique pour le traitement de l'activité et l'obtention des résultats
d'examens est à prévoir si l'hôpital est équipé d'un réseau informatique.

Figure 3 : Liaison avec les services


hors bloc opératoire

Service
d’hospitalisation

Sortie à domicile

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Salle repos post-
opératoire

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