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GEOTECHNIQUE

Fascicule VII

Fondations profondes

Géotechnique – RC 2007
FASCICULE 7

FONDATIONS PROFONDES

___________________________________________________________________________

Tables des matières

1. INTRODUCTION.................................................................................................3

2. LES DIFFERENTS TYPES DE FONDATIONS PROFONDES ...........................3


2.1. Les pieux battus ou foncés ........................................................................................................ 3
2.2. Les puits ou pieux moulés ......................................................................................................... 4

3. GENERALITES SUR LA FORCE PORTANTE D’UN PIEU ...............................4

4. DETERMINATION DE LA FORCE LIMITE D’UN PIEU .....................................6


4.1. Formules dynamiques déduites du battage ............................................................................. 6
4.2. Formules statiques...................................................................................................................... 7
4.2.1. Frottement latéral................................................................................................................. 7
4.2.2. Pression limite sous la pointe .............................................................................................. 8
4.3. Détermination de la force limite à partir des résultats de l’essai au pénétromètre............ 10
4.4. Détermination de la charge limite à partir des résultats de l’essai au pressiomètre ......... 11
4.4.1. Résistance en pointe ......................................................................................................... 11
4.4.2. Frottement latéral............................................................................................................... 13
4.5. Essai de pieu.............................................................................................................................. 14

5. CHARGE LIMITE D’UN GROUPE DE PIEUX ..................................................16

6. CHARGE ADMISSIBLE D’UN PIEU OU D’UN GROUPE DE PIEUX ..............17

7. PIEUX CHARGES DE FAÇON QUELCONQUE ..............................................18

8. PROJETS DE FONDATIONS PROFONDES ...................................................19


8.1. Choix entre fondations superficielles et fondations profondes........................................... 19
8.2. Type et profondeur de fondations ........................................................................................... 19
8.3. Frottement latéral négatif ......................................................................................................... 20
8.4. Risques de cisaillement des pieux .......................................................................................... 20

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1. Introduction

II arrive souvent que le terrain superficiel sur lequel une fondation devrait être assise
n'est pas susceptible de résister aux efforts qui sont en jeu. Ce cas se présente lorsque les
couches superficielles du sol sont constituées par exemple par de la vase, de la tourbe, de
l'argile molle ou d'une façon générale par des terrains peu résistants et très compressibles. Si
la fondation était exécutée directement sur ces couches, des tassements incompatibles avec la
stabilité des ouvrages se produiraient.
Dans ces conditions, il faut chercher le terrain résistant à une certaine profondeur. On
réalisera alors une fondation profonde au moyen de pieux qui seront enfoncés à travers les
mauvais terrains jusqu'au bon sol, sur lequel ils reporteront les charges (Figure 1).

Figure 1

2. Les différents types de fondations profondes

On distingue deux types de fondations profondes très différents tant par le mode de
construction que par le comportement :
• les pieux battus ou foncés, préfabriqués ;
• les puits ou pieux moulés.

2.1. Les pieux battus ou foncés

Les pieux battus et foncés sont des pieux préfabriqués soit en béton armé, soit métal-
liques. Ces pieux sont battus à l'aide d'un mouton ou vibrofoncés.

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2.2. Les puits ou pieux moulés

Lorsqu'on désire que le pieu supporte une plus forte charge, il faut augmenter sa
section et alors il n'est plus possible d'utiliser des pieux préfabriqués, trop lourds et trop
difficiles à manier. On réalise des pieux moulés, c'est-à-dire qu'après avoir effectué un forage
jusqu'à la profondeur désirée, on remplit le trou du forage de béton armé ou non. Le pieu est
donc construit in situ (Figure 2).
Entre ces deux types extrêmes de pieux, il existe toute une catégorie de pieux
intermédiaires tenant à la fois du pieu moulé et du pieu battu (pieu Franki, pieu West, etc.).

Figure 2

3. Généralités sur la force portante d’un pieu

La détermination de la force portante d'un pieu est un problème difficile, non encore
résolu théoriquement. On s'attache surtout à la détermination de la force portante verticale.
Considérons (Figure 3) un pieu isolé devant porter une charge verticale Ql et enfoncé
dans un sol que nous supposerons pulvérulent, homogène, de poids volumique γ et d'angle de
frottement interne φ. Cherchons à déterminer la charge verticale maximale Qr, que le pieu
puisse supporter, ou la pression maximale ql, si cette force est rapportée à l'unité de section.
Par analogie avec les problèmes de fondations superficielles, négligeons tout d'abord
les déformations du sol avant la rupture. Dans ce cas, un raisonnement simple d'analyse
dimensionnelle montre que la loi donnant la pression à la rupture ql est :

ql ⎛z ⎞
{3.1} = f ⎜ , ϕ⎟
γz ⎝d ⎠

Lorsque la profondeur est faible (z = d) on retrouve la pression limite d'une fondation


superficielle :

ql
{3.2} = k ⋅ N γ (ϕ )
γd

k : facteur de géométrie.

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Figure 3

Cependant une telle formule n'est pas valable. Nous avons en effet négligé les
déformations du sol. Or, au moment de l'enfoncement, le volume de la portion de pieu qui a
pénétré dans le sol a refoulé un volume égal de terrain, ce qui n'a pu se faire, puisqu'il n'y a
aucune déformation à la surface, que par compressibilité des zones de sol avoisinantes. La
pression limite ql est donc également fonction des caractéristiques de compressibilité du sol.
C'est ce point qui différencie fondamentalement les fondations profondes des
fondations superficielles et qui complique beaucoup la détermination théorique de leurs
forces portantes.
Si l'on peut caractériser la compressibilité du sol par un module E, la formule donnant
la pression limite a la forme suivante :

ql ⎛z E⎞
= f⎜ ,ϕ,
γ z ⎟⎠
{3.3}
γz ⎝d

Dans la pratique, on sépare arbitrairement la force verticale limite Ql supportée par le


pieu en résistance de pointe Qp, due à la réaction qu'offre le terrain à la pénétration de
l'extrémité inférieure du pieu, et en résistance Qf, due au frottement des parois latérales du
pieu contre le terrain :

{3.4} Ql = Qp + Q f

On cherche alors à déterminer séparément les valeurs de Qp et de Qf à la rupture. Le


terme Qf dû au frottement latéral est le plus difficile à évaluer car il dépend essentiellement
des déformations relatives du pieu et du sol. Aussi admet-on a priori que la sécurité
qu'offrira un pieu sera d'autant plus grande que la force Qp due à la résistance de pointe sera
importante.

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4. Détermination de la force limite d’un pieu

II existe de nombreuses méthodes, de validités très différentes, pour déterminer la


force limite d'un pieu. On peut soit utiliser des formules dynamiques déduites du résultat du
battage, soit utiliser des formules statiques basées sur la théorie des fondations superficielles,
soit se servir des données provenant d'un essai exécuté au pénétromètre ou au pressiomètre,
soit enfin interpréter convenablement des essais de mise en charge de pieux.

4.1. Formules dynamiques déduites du battage

On considère un pieu de poids Wp enfoncé d'une quantité s par le coup d'un mouton,
de poids WM, tombant d'une hauteur h.
Toutes les formules de battage consistent à écrire que l'énergie du mouton, soit WM . h,
est transmise en totalité ou en partie, au pieu, c'est-à-dire que :

{4.1} Ql .s = WM ⋅ h

Ql : charge limite du pieu si l'on ne tient pas compte de la nature du choc et des
diverses pertes d'énergie dues au choc, aux compressions élastiques du pieu et du sol, etc.
La formule la plus ancienne est celle des Hollandais, qui suppose que le choc entre le
mouton et le pieu est un choc mou :

WM ⋅ h 1
Ql = ⋅
{4.2} s Wp
1+
WM

Figure 4

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D'autres formules plus élaborées tiennent compte des diverses pertes d'énergie et de la
nature du choc. Par exemple, la formule donnée par Chellis :

WM ⋅ h WM + e² ⋅W p
Ql = ⋅
{4.3} 1 WM + W p
s+ ( C1 + C2 + C3 )
2

où :
e = coefficient de restitution dans le choc,
C1 = compression de la tête du pieu au moment du choc,
C2 = compression du pieu au moment du choc,
C3 = tassement élastique du sol sous le choc.
Bien que séduisantes, ces formules sont de moins en moins utilisées. En effet, au
moment du choc, les caractéristiques mécaniques du sol sont fortement perturbées autour du
pieu par suite des vibrations transmises et du remaniement. On a montré qu'elles étaient assez
différentes des caractéristiques mécaniques statiques qui interviennent dans la détermination
de la charge portante et qu'ainsi la force portante déterminée à partir des essais de battage
était inférieure, dans des proportions assez variables, à la force portante réelle du pieu.

4.2. Formules statiques

Les formules statiques sont basées sur la séparation de la charge portante en résistance
de pointe et en frottement latéral. La charge limite est donnée par :

{4.4} Ql = A ⋅ f s + S ⋅ ql
S = section de la pointe du pieu,
A = aire latérale du pieu,
ql = pression limite sous la pointe,
fs = frottement latéral unitaire le long du pieu.

4.2.1. Frottement latéral


Dans une argile saturée, le frottement latéral est donné par :

{4.5} fs = β ⋅ cu

Le coefficient réducteur β dépend de la nature du fût du pieu, de sa mise en oeuvre et


du délai de repos entre la mise en place du pieu et le chargement.
Dans les sols grenus, le frottement latéral est estimé par :

{4.6} fs = σ 'h ⋅ tgϕa = K ⋅ σ 'v ⋅ tgϕ a

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où :
• σ’h et σ’v sont respectivement les contraintes effectives horizontale et verticale à la
profondeur où on calcule le frottement latéral ;
• K et φa sont respectivement le coefficient de poussée du sol sur le pieu et l’angle de
frottement sol-pieu. Leurs valeurs, déterminées par Broms pour différents types de
pieux, sont données sur le tableau I.

Type de pieu φa K (compacité faible) K (compacité forte)

Pieu acier 20° 0,5 1


Pieu battu en béton rugueux 3/4φ 1,0 2
Pieu battu en béton lisse 3/4φ 0,5 1
Pieu foré 3/4φ 0,5 0,5
Pieu en bois conique 2/3φ v 1,5 4

Tableau I

4.2.2. Pression limite sous la pointe


La méthode la plus ancienne pour déterminer la pression limite sous la pointe est
fondée sur les formules de Terzaghi pour la capacité portante des fondations superficielles. Il
est supposé que le schéma de rupture sous la pointe est le même que celui défini
précédemment pour les semelles.
Ainsi, dans le cas de la figure 5 :

b
{4.7} ql = 1,3 cN c + γ DN q + 0,8 γ Nγ
2

On néglige généralement le terme :

b
{4.8} γ Nγ
2

et on a donc :
a) pour un sol argileux à court terme ( φ = 0 ; cas généralement le plus défavorable) :

{4.9} ql = cu N c + q0 avec Nc = 10
où q0 est la pression verticale totale au niveau de la pointe ; q0 = γD si le sol n’est pas chargé
en surface ;

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b) pour un sol granulaire (c’ = 0)

{4.10} ql = q0 '⋅ N q

où q0’ est la pression verticale effective au niveau de la pointe ; q0’ = γ’D si le sol n’est pas
chargé en surface.

Figure 5

Plus récemment, d'autres schémas de rupture ont été proposés par différents auteurs.
Les théories correspondantes reposent sur la forme des lignes de glissement et sur la valeur de
la contrainte qui s'exerce à la surface latérale du pieu. Le sol est supposé avoir un
comportement plastique rigide et n'avoir aucune variation de volume avant l'écoulement
plastique. Ainsi, ces théories négligent un phénomène important dans la détermination de la
pression limite de pointe, à savoir la compressibilité du sol. Elles aboutissent finalement à une
loi de proportionnalité entre le terme de pointe et la profondeur :

{4.11} ql = γ DN q + cN c

Or, l'expérience a montré que le phénomène était plus complexe et que cette loi théo-
rique n'était valable qu'au tout début de la pénétration d'un pieu. En effet, en milieu sableux
purement frottant, serré ou moyennement serré, le terme de pointe devient constant à partir
d'une certaine profondeur appelée "profondeur critique" (Figure 6) et qui dépend
essentiellement de la compacité du milieu et dont l'ordre de grandeur est de 2 à 3 fois le
diamètre du pieu.

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Figure 6

L'expérience a donc conduit à abandonner les formules classiques utilisant les


caractéristiques de résistance du sol déterminées en laboratoire et à dimensionner les
fondations profondes à partir des résultats d'essais en place : essais pénétrométriques, essais
pressiométriques, et essais de chargement en vraie grandeur.

4.3. Détermination de la force limite à partir des résultats


de l’essai au pénétromètre

On effectue au voisinage de l’emplacement futur du pieu un ou plusieurs essais au


pénétromètre.
La pression limite ql sous la pointe du pieu est déterminée à partir de la valeur de la
résistance de pointe qc du pénétromètre :
• dans les argiles : ql = qc ;
• dans les sables et les sols intermédiaires : ql = k.qc où k<1.
Ce coefficient k un peu arbitraire remplace la loi de similitude ignorée pour les sols.
Dans le cas des sols sans cohésion, on peut obtenir une valeur plus précise du
coefficient k en utilisant les abaques donnés par Kerisel et déduits d’essais réels.
Le frottement latéral le long du pieu est difficile à évaluer à partir du frottement
mesuré lors de l’essai pénétrométrique. En effet, le frottement latéral dépend des dépla-
cements du pieu, donc de sa déformation, que l'on ignore en général. C'est pourquoi on
préfère relier le frottement latéral aux caractéristiques de résistance au cisaillement du sol. A
partir des résultats de l'essai au pénétromètre, on détermine :

qc
{4.12} fs =
a

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avec a = 100 (sables denses)


a = 75 (sables lâches)
a = 60 (sols intermédiaires)
a = 50 (argiles)
La charge limite a pour valeur :

{4.13} Ql = A ⋅ f s + S ⋅ ql

4.4. Détermination de la charge limite à partir des


résultats de l’essai au pressiomètre

4.4.1. Résistance en pointe


La pression limite ql sous la pointe est déterminée à partir de la valeur de la pression
limite pl, mesurée dans un ou plusieurs essais au pressiomètre à la base du pieu, selon la
formule :

Figure 7

{4.14} ql = k ⋅ pl

Il faut noter que, dans cette formule, il est tenu compte implicitement du poids propre
du pieu, c'est-à-dire que ql représente le supplément de contrainte qui peut être transmis à la
pointe du pieu par l'application d'une charge en tête. Il en était de même au paragraphe
précédent 4.3.
Le coefficient k est empirique. Il dépend de :
• la catégorie des sols (voir le tableau II) ;
• la nature du pieu (foré ou battu) ;
• l'encastrement relatif du pieu, approximativement égal à :
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h
1
pl ( z ) ⋅ dz
pl ( h ) ∫0
{4.15} he =

Les valeurs du coefficient k ont été données par Ménard sous forme d’abaques (Figure
8), dans lesquels les catégories de sol sont données par le tableau II.

pl (kPa) Sol Catégorie


< 1 200 Argile
I
< 700 Limon
1 800 à 4 000 Argile raide et marne
1 200 à 3 000 Limons compacts
II
400 à 800 Sable compressible
1 000 à 3 000 Roche tendre altérée
1 000 à 2 000 Sable et gravier
III
4 000 à 10 000 Roche
3 000 à 6 000 Sable et gravier très compact III bis

Tableau II

Figure 8

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4.4.2. Frottement latéral


Les valeurs usuelles du frottement latéral ont été établies de façon purement
expérimentale par Ménard, qui les a données sous forme de courbe en fonction de la pression
limite nette mesurée au pressiomètre, c'est-à-dire de (pl - p0). Ces courbes sont présentées à la
figure 9.
Ménard a indiqué que, dans un terrain sableux, le poinçonnement du pieu dans le sol
produit, au voisinage de la pointe, un serrage du sol contre le fût et que, dans cette zone, le
frottement latéral limite est nettement supérieur à celui qui se manifeste le long du fût.
Ce frottement latéral amélioré est en général appelé terme d'encastrement et sa
hauteur d'application au-dessus de la pointe a été fixée par Ménard à trois diamètres environ.
Par contre, dans les argiles pour lesquelles φu = 0, un tel phénomène n'existe pas et le
frottement latéral est constant tout le long du fût.
Sur la figure 9 :
• la courbe A correspond au frottement latéral usuel ;
• la courbe B correspond au frottement amélioré sur trois diamètres à partir de la base
par le "serrage" du sol grenu.

Figure 9

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On remarquera que ces courbes sont indépendantes de la nature du sol. Cependant les
valeurs de fs sont à réduire :
• de 30 % pour les pieux en acier fichés dans les sables et les graviers immergés ;
• de 20 % pour les pieux fichés dans l'argile.

4.5. Essai de pieu

L'essai de pieu est une méthode qui permet de déterminer à coup sûr la valeur réelle de
la charge limite d'un pieu. Elle se multiplie de plus en plus, particulièrement sur les chantiers
importants comportant de nombreux pieux.
L'essai de pieu permet de vérifier la validité des calculs préalablement faits et, par
ailleurs, d'ajuster les coefficients empiriques utilisés dans les calculs faits à partir des résultats
de l'essai pressiométrique ou de l'essai au pénétromètre.
Il consiste à charger par paliers un pieu et à tracer les trois types de courbes présentées
sur la figure 10 :
• la courbe du déplacement en tête du pieu en fonction du temps pour chaque palier.
Il est bien connu que, pour des durées de chargement faibles, les tassements évoluent
linéairement en fonction de la racine carrée du temps ( t ) et qu'au contraire, pour des
durées de chargement longues, les tassements sont des fonctions linéaires du
logarithme du temps. Par conséquent, on représente les tassements à charge constante
par une fonction linéaire du logarithme décimal du temps :

{4.16} s = s0 + α lg t

ce qui est en accord expérimental avec la durée des paliers imposés ;


• la courbe charge-déplacement final sous chaque palier. L'allure de cette courbe
montre qu'au début les tassements varient linéairement en fonction de la charge
appliquée, puis la courbe présente un coude au-delà duquel les tassements deviennent
importants. Chaque point de la courbe correspond à la valeur finale du tassement après
stabilisation sous une charge donnée.
• la courbe de la charge Q en fonction de la pente (α) des courbes déplacement-temps.
La charge de fluage est donnée par l'abscisse du coude de cette courbe, qui est
constituée de deux parties droites.

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Figure 10

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La charge admissible QN est alors déterminée de la manière suivante :

1 1
{4.17} QL < QN < QL
2,5 2

ou :

1 1
{4.18} Qf < QN < Qf
1,5 1, 2

5. Charge limite d’un groupe de pieux

Considérons un pieu isolé soumis à une certaine charge Q. Le pieu résiste parce qu'il
mobilise la résistance du sol dans une zone voisine de sa pointe et de ses parois latérales.

Figure 11

Si maintenant nous considérons deux pieux voisins, la charge limite de chacun de ces
pieux par rapport à celle du pieu isolé dépendra de la distance qui les sépare :
• si cette distance est grande, les zones de mobilisation sont distinctes et on peut alors
considérer les pieux comme des pieux isolés ;
• si cette distance est faible, les zones de mobilisation se chevauchent et la charge limite
de chacun des pieux est alors inférieure à celle d'un pieu isolé. Le rapport de ces deux
charges limites s'appelle coefficient d'efficacité keff.

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Figure 12

Dans le cas d'un maillage régulier, on adopte pour le coefficient d'efficacité des
valeurs données par des formules empiriques de la forme :

d
{5.1} keff = 1− ⋅ f ( m, n )
D

avec : d = distance entre les pieux ;


D = diamètre des pieux.

Kerisel propose de prendre :


• keff = 1 pour d > 7D
d
• keff = 0,51 + 0,07 pour 2D < d < 7D
D
et, dans le cas où d < 2D, de calculer la force portante du groupe de pieux en
additionnant les résistances de pointe et en prenant comme frottement latéral, le frottement
s'exerçant sur la surface circonscrite au groupe de pieux.

6. Charge admissible d’un pieu ou d’un groupe de


pieux

On appelle charge admissible d'un pieu ou d'un groupe de pieux la charge maximum
que l'on puisse appliquer sans risque de rupture et sans que les tassements dépassent une
certaine valeur appelée tassement limite.
Pour se prémunir contre les risques de déformations excessives, on prend un
coefficient de sécurité égal à 3 pour le terme de pointe et à 2 pour le frottement latéral :

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Qp Qf
{6.1} Qadm = +
3 2

Dans le cas des formules de battage, et plus particulièrement de la formule des


Hollandais, on prend un coefficient de sécurité égal à 6 sur la charge limite.
Il est quelquefois nécessaire de vérifier que les tassements sont inférieurs aux
tassements limites. Le tassement d'un pieu, c'est-à-dire le déplacement vertical de la tête du
pieu, est la somme de plusieurs tassements :
9 le tassement élastique du pieu sous la charge qu'il supporte. La détermination de ce
tassement nécessite de connaître le module de déformation du pieu, ainsi que la
répartition le long du pieu des forces de frottement latéral ;
9 le tassement des couches de sol au voisinage et sous la pointe du pieu. Lorsque le pieu
repose sur un substratum très rigide (rocher), ce tassement est très faible.
Il est en général difficile d'évaluer la valeur exacte du tassement d'un pieu.

7. Pieux chargés de façon quelconque

Les fondations profondes, comme les fondations superficielles, peuvent être soumises
à des efforts variés.
Les pieux de ces fondations doivent alors supporter dans le cas général : une force
verticale Q, une force horizontale H et un moment M.
Lorsque le moment ou la force horizontale sont importants, le pieu doit être fortement
armé.

Figure 13

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Nous n'aborderons pas ici les calculs des pieux soumis à des charges horizontales, qui
se fait principalement en utilisant un module de réaction du sol et en déterminant les
déformations du pieu.
Dans certains cas, on reprend les efforts horizontaux par des pieux inclinés.

8. Projets de fondations profondes

Dans un projet de fondations profondes, on doit procéder aux opérations suivantes :


ƒ reconnaissance géotechnique et essais ;
ƒ choix entre fondations profondes et fondations superficielles ;
ƒ type et profondeur des fondations ;
ƒ calcul des charges limites ;
ƒ calcul des charges admissibles et, parfois, détermination des tassements ;
ƒ vérifications particulières : frottement négatif, risque de cisaillement des pieux, etc.
Nous détaillons ci-dessous quelques-unes de ces opérations.

8.1. Choix entre fondations superficielles et fondations


profondes

On ne doit envisager des fondations profondes dans un projet qu'après avoir conclu
que des fondations superficielles ne sont pas possibles.

8.2. Type et profondeur de fondations

On détermine, d'après la coupe géotechnique du sol, la couche suffisamment résis-


tante dans laquelle seront ancrés les pieux ou les puits. Deux cas peuvent se présenter :
9 cette couche existe. Si elle est épaisse et très résistance (rocher par exemple), il n'y a
guère de problème de portance ; on utilise des pieux ou des puits suivant l'importance
des charges à transmettre ;
9 cette couche n'existe pas ou se trouve à trop grande profondeur. Dans ce cas, la
fondation pourra être faite sur pieux, mais on cherchera à profiter au maximum de la
résistance au frottement latéral. Les pieux sont alors dits flottants, car leur effort de
pointe est très faible.
Cependant, il ne faut pas oublier que, pour mobiliser tout le frottement latéral, les
pieux doivent être suffisamment espacés. Si les pieux sont trop rapprochés (Figure 14) tout se
passe comme si l'on avait une fondation massive enterrée et on ne peut plus compter que sur
le frottement latéral des pieux situés sur le pourtour de la fondation.
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Figure 14

8.3. Frottement latéral négatif

Comme nous l'avons vu, le frottement latéral le long d'un pieu est fonction du
mouvement relatif du sol et du pieu. Dans le cas général, le pieu tasse plus que le sol et ainsi
le frottement latéral participe à la résistance du pieu : on dit que le frottement latéral est
positif.
Dans certains cas, au contraire, le sol peut tasser plus que le pieu (Figure 15b). Le
frottement latéral le long du pieu est alors dirigé vers le bas et la force portante est égale à
l'effort de pointe diminué du frottement latéral : on dit que le frottement latéral est négatif.

Figure 15

8.4. Risques de cisaillement des pieux

Dans certaines fondations, les pieux peuvent être soumis à des efforts de cisaillement
importants pouvant provoquer leur rupture. La figure 16 en est un exemple. Le remblai a été
placé après la construction de la fondation. Sous le poids du remblai, il y a des déformations
latérales de la vase qui tendent à entraîner et à cisailler les pieux.

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Figure 16

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