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Fascicule VII
Fondations profondes
Géotechnique – RC 2007
FASCICULE 7
FONDATIONS PROFONDES
___________________________________________________________________________
1. INTRODUCTION.................................................................................................3
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1. Introduction
II arrive souvent que le terrain superficiel sur lequel une fondation devrait être assise
n'est pas susceptible de résister aux efforts qui sont en jeu. Ce cas se présente lorsque les
couches superficielles du sol sont constituées par exemple par de la vase, de la tourbe, de
l'argile molle ou d'une façon générale par des terrains peu résistants et très compressibles. Si
la fondation était exécutée directement sur ces couches, des tassements incompatibles avec la
stabilité des ouvrages se produiraient.
Dans ces conditions, il faut chercher le terrain résistant à une certaine profondeur. On
réalisera alors une fondation profonde au moyen de pieux qui seront enfoncés à travers les
mauvais terrains jusqu'au bon sol, sur lequel ils reporteront les charges (Figure 1).
Figure 1
On distingue deux types de fondations profondes très différents tant par le mode de
construction que par le comportement :
• les pieux battus ou foncés, préfabriqués ;
• les puits ou pieux moulés.
Les pieux battus et foncés sont des pieux préfabriqués soit en béton armé, soit métal-
liques. Ces pieux sont battus à l'aide d'un mouton ou vibrofoncés.
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Lorsqu'on désire que le pieu supporte une plus forte charge, il faut augmenter sa
section et alors il n'est plus possible d'utiliser des pieux préfabriqués, trop lourds et trop
difficiles à manier. On réalise des pieux moulés, c'est-à-dire qu'après avoir effectué un forage
jusqu'à la profondeur désirée, on remplit le trou du forage de béton armé ou non. Le pieu est
donc construit in situ (Figure 2).
Entre ces deux types extrêmes de pieux, il existe toute une catégorie de pieux
intermédiaires tenant à la fois du pieu moulé et du pieu battu (pieu Franki, pieu West, etc.).
Figure 2
La détermination de la force portante d'un pieu est un problème difficile, non encore
résolu théoriquement. On s'attache surtout à la détermination de la force portante verticale.
Considérons (Figure 3) un pieu isolé devant porter une charge verticale Ql et enfoncé
dans un sol que nous supposerons pulvérulent, homogène, de poids volumique γ et d'angle de
frottement interne φ. Cherchons à déterminer la charge verticale maximale Qr, que le pieu
puisse supporter, ou la pression maximale ql, si cette force est rapportée à l'unité de section.
Par analogie avec les problèmes de fondations superficielles, négligeons tout d'abord
les déformations du sol avant la rupture. Dans ce cas, un raisonnement simple d'analyse
dimensionnelle montre que la loi donnant la pression à la rupture ql est :
ql ⎛z ⎞
{3.1} = f ⎜ , ϕ⎟
γz ⎝d ⎠
ql
{3.2} = k ⋅ N γ (ϕ )
γd
k : facteur de géométrie.
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Figure 3
Cependant une telle formule n'est pas valable. Nous avons en effet négligé les
déformations du sol. Or, au moment de l'enfoncement, le volume de la portion de pieu qui a
pénétré dans le sol a refoulé un volume égal de terrain, ce qui n'a pu se faire, puisqu'il n'y a
aucune déformation à la surface, que par compressibilité des zones de sol avoisinantes. La
pression limite ql est donc également fonction des caractéristiques de compressibilité du sol.
C'est ce point qui différencie fondamentalement les fondations profondes des
fondations superficielles et qui complique beaucoup la détermination théorique de leurs
forces portantes.
Si l'on peut caractériser la compressibilité du sol par un module E, la formule donnant
la pression limite a la forme suivante :
ql ⎛z E⎞
= f⎜ ,ϕ,
γ z ⎟⎠
{3.3}
γz ⎝d
{3.4} Ql = Qp + Q f
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On considère un pieu de poids Wp enfoncé d'une quantité s par le coup d'un mouton,
de poids WM, tombant d'une hauteur h.
Toutes les formules de battage consistent à écrire que l'énergie du mouton, soit WM . h,
est transmise en totalité ou en partie, au pieu, c'est-à-dire que :
{4.1} Ql .s = WM ⋅ h
Ql : charge limite du pieu si l'on ne tient pas compte de la nature du choc et des
diverses pertes d'énergie dues au choc, aux compressions élastiques du pieu et du sol, etc.
La formule la plus ancienne est celle des Hollandais, qui suppose que le choc entre le
mouton et le pieu est un choc mou :
WM ⋅ h 1
Ql = ⋅
{4.2} s Wp
1+
WM
Figure 4
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D'autres formules plus élaborées tiennent compte des diverses pertes d'énergie et de la
nature du choc. Par exemple, la formule donnée par Chellis :
WM ⋅ h WM + e² ⋅W p
Ql = ⋅
{4.3} 1 WM + W p
s+ ( C1 + C2 + C3 )
2
où :
e = coefficient de restitution dans le choc,
C1 = compression de la tête du pieu au moment du choc,
C2 = compression du pieu au moment du choc,
C3 = tassement élastique du sol sous le choc.
Bien que séduisantes, ces formules sont de moins en moins utilisées. En effet, au
moment du choc, les caractéristiques mécaniques du sol sont fortement perturbées autour du
pieu par suite des vibrations transmises et du remaniement. On a montré qu'elles étaient assez
différentes des caractéristiques mécaniques statiques qui interviennent dans la détermination
de la charge portante et qu'ainsi la force portante déterminée à partir des essais de battage
était inférieure, dans des proportions assez variables, à la force portante réelle du pieu.
Les formules statiques sont basées sur la séparation de la charge portante en résistance
de pointe et en frottement latéral. La charge limite est donnée par :
{4.4} Ql = A ⋅ f s + S ⋅ ql
S = section de la pointe du pieu,
A = aire latérale du pieu,
ql = pression limite sous la pointe,
fs = frottement latéral unitaire le long du pieu.
{4.5} fs = β ⋅ cu
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où :
• σ’h et σ’v sont respectivement les contraintes effectives horizontale et verticale à la
profondeur où on calcule le frottement latéral ;
• K et φa sont respectivement le coefficient de poussée du sol sur le pieu et l’angle de
frottement sol-pieu. Leurs valeurs, déterminées par Broms pour différents types de
pieux, sont données sur le tableau I.
Tableau I
b
{4.7} ql = 1,3 cN c + γ DN q + 0,8 γ Nγ
2
b
{4.8} γ Nγ
2
et on a donc :
a) pour un sol argileux à court terme ( φ = 0 ; cas généralement le plus défavorable) :
{4.9} ql = cu N c + q0 avec Nc = 10
où q0 est la pression verticale totale au niveau de la pointe ; q0 = γD si le sol n’est pas chargé
en surface ;
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{4.10} ql = q0 '⋅ N q
où q0’ est la pression verticale effective au niveau de la pointe ; q0’ = γ’D si le sol n’est pas
chargé en surface.
Figure 5
Plus récemment, d'autres schémas de rupture ont été proposés par différents auteurs.
Les théories correspondantes reposent sur la forme des lignes de glissement et sur la valeur de
la contrainte qui s'exerce à la surface latérale du pieu. Le sol est supposé avoir un
comportement plastique rigide et n'avoir aucune variation de volume avant l'écoulement
plastique. Ainsi, ces théories négligent un phénomène important dans la détermination de la
pression limite de pointe, à savoir la compressibilité du sol. Elles aboutissent finalement à une
loi de proportionnalité entre le terme de pointe et la profondeur :
{4.11} ql = γ DN q + cN c
Or, l'expérience a montré que le phénomène était plus complexe et que cette loi théo-
rique n'était valable qu'au tout début de la pénétration d'un pieu. En effet, en milieu sableux
purement frottant, serré ou moyennement serré, le terme de pointe devient constant à partir
d'une certaine profondeur appelée "profondeur critique" (Figure 6) et qui dépend
essentiellement de la compacité du milieu et dont l'ordre de grandeur est de 2 à 3 fois le
diamètre du pieu.
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Figure 6
qc
{4.12} fs =
a
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{4.13} Ql = A ⋅ f s + S ⋅ ql
Figure 7
{4.14} ql = k ⋅ pl
Il faut noter que, dans cette formule, il est tenu compte implicitement du poids propre
du pieu, c'est-à-dire que ql représente le supplément de contrainte qui peut être transmis à la
pointe du pieu par l'application d'une charge en tête. Il en était de même au paragraphe
précédent 4.3.
Le coefficient k est empirique. Il dépend de :
• la catégorie des sols (voir le tableau II) ;
• la nature du pieu (foré ou battu) ;
• l'encastrement relatif du pieu, approximativement égal à :
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h
1
pl ( z ) ⋅ dz
pl ( h ) ∫0
{4.15} he =
Les valeurs du coefficient k ont été données par Ménard sous forme d’abaques (Figure
8), dans lesquels les catégories de sol sont données par le tableau II.
Tableau II
Figure 8
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Figure 9
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On remarquera que ces courbes sont indépendantes de la nature du sol. Cependant les
valeurs de fs sont à réduire :
• de 30 % pour les pieux en acier fichés dans les sables et les graviers immergés ;
• de 20 % pour les pieux fichés dans l'argile.
L'essai de pieu est une méthode qui permet de déterminer à coup sûr la valeur réelle de
la charge limite d'un pieu. Elle se multiplie de plus en plus, particulièrement sur les chantiers
importants comportant de nombreux pieux.
L'essai de pieu permet de vérifier la validité des calculs préalablement faits et, par
ailleurs, d'ajuster les coefficients empiriques utilisés dans les calculs faits à partir des résultats
de l'essai pressiométrique ou de l'essai au pénétromètre.
Il consiste à charger par paliers un pieu et à tracer les trois types de courbes présentées
sur la figure 10 :
• la courbe du déplacement en tête du pieu en fonction du temps pour chaque palier.
Il est bien connu que, pour des durées de chargement faibles, les tassements évoluent
linéairement en fonction de la racine carrée du temps ( t ) et qu'au contraire, pour des
durées de chargement longues, les tassements sont des fonctions linéaires du
logarithme du temps. Par conséquent, on représente les tassements à charge constante
par une fonction linéaire du logarithme décimal du temps :
{4.16} s = s0 + α lg t
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Figure 10
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1 1
{4.17} QL < QN < QL
2,5 2
ou :
1 1
{4.18} Qf < QN < Qf
1,5 1, 2
Considérons un pieu isolé soumis à une certaine charge Q. Le pieu résiste parce qu'il
mobilise la résistance du sol dans une zone voisine de sa pointe et de ses parois latérales.
Figure 11
Si maintenant nous considérons deux pieux voisins, la charge limite de chacun de ces
pieux par rapport à celle du pieu isolé dépendra de la distance qui les sépare :
• si cette distance est grande, les zones de mobilisation sont distinctes et on peut alors
considérer les pieux comme des pieux isolés ;
• si cette distance est faible, les zones de mobilisation se chevauchent et la charge limite
de chacun des pieux est alors inférieure à celle d'un pieu isolé. Le rapport de ces deux
charges limites s'appelle coefficient d'efficacité keff.
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Figure 12
Dans le cas d'un maillage régulier, on adopte pour le coefficient d'efficacité des
valeurs données par des formules empiriques de la forme :
d
{5.1} keff = 1− ⋅ f ( m, n )
D
On appelle charge admissible d'un pieu ou d'un groupe de pieux la charge maximum
que l'on puisse appliquer sans risque de rupture et sans que les tassements dépassent une
certaine valeur appelée tassement limite.
Pour se prémunir contre les risques de déformations excessives, on prend un
coefficient de sécurité égal à 3 pour le terme de pointe et à 2 pour le frottement latéral :
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Qp Qf
{6.1} Qadm = +
3 2
Les fondations profondes, comme les fondations superficielles, peuvent être soumises
à des efforts variés.
Les pieux de ces fondations doivent alors supporter dans le cas général : une force
verticale Q, une force horizontale H et un moment M.
Lorsque le moment ou la force horizontale sont importants, le pieu doit être fortement
armé.
Figure 13
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Nous n'aborderons pas ici les calculs des pieux soumis à des charges horizontales, qui
se fait principalement en utilisant un module de réaction du sol et en déterminant les
déformations du pieu.
Dans certains cas, on reprend les efforts horizontaux par des pieux inclinés.
On ne doit envisager des fondations profondes dans un projet qu'après avoir conclu
que des fondations superficielles ne sont pas possibles.
Figure 14
Comme nous l'avons vu, le frottement latéral le long d'un pieu est fonction du
mouvement relatif du sol et du pieu. Dans le cas général, le pieu tasse plus que le sol et ainsi
le frottement latéral participe à la résistance du pieu : on dit que le frottement latéral est
positif.
Dans certains cas, au contraire, le sol peut tasser plus que le pieu (Figure 15b). Le
frottement latéral le long du pieu est alors dirigé vers le bas et la force portante est égale à
l'effort de pointe diminué du frottement latéral : on dit que le frottement latéral est négatif.
Figure 15
Dans certaines fondations, les pieux peuvent être soumis à des efforts de cisaillement
importants pouvant provoquer leur rupture. La figure 16 en est un exemple. Le remblai a été
placé après la construction de la fondation. Sous le poids du remblai, il y a des déformations
latérales de la vase qui tendent à entraîner et à cisailler les pieux.
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Figure 16
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