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MODULE SIX
MANUEL DU PARTICIPANT
Plan
Pendant longtemps, les ports n'avaient pas une attitude très dynamique en matière de
commercialisation de leurs services. Pour expliquer cette attitude, il y avait en toile de fond la
conviction que les ports possédaient des hinterlands captifs, donc que les marchandises de
l'hinterland passeraient toujours par le port et que les armateurs y feraient toujours escale.
Sous la multiple impulsion de la croissance importante du volume du commerce maritime
(surtout à partir des années 1960), de l’augmentation de la capacité de charge des navires
conduisant à une concentration des cargaisons et une réduction du nombre d’escales, de
l’expansion de nouvelles techniques de transport comme la conteneurisation et de
l’amélioration des dessertes terrestres routières, ferroviaires, parfois fluviales en termes de
capacité et de rapidité, ainsi que de leur constitution progressive en réseaux, la concurrence
entre différents ports pour les mêmes trafics s’est développée. La notion de distance
géographique s’est vue progressivement remplacée par les notions de qualité du service,
comme la limitation de la durée des opérations, la fiabilité et le coût. En conséquence les
hinterlands (ou arrière pays) doivent être partagés avec d'autres ports. Cette évolution a
poussé les ports à améliorer leurs réponses aux demandes des usagers qui de nos jours sont
considérés comme des clients. Aussi les ports qui réussissent le mieux à se développer sont
ceux qui disposent de l’hinterland le plus riche et productif et qui ont su dynamiser leur
gestion et qui ont développé une stratégie et des actions commerciales pour conserver (ou
gagner) des parts de marché.
Le marketing portuaire est aujourd’hui une activité courante dans la gestion d’un port
tout en ayant une ampleur variable selon la complexité et le volume du trafic et le niveau de la
concurrence. Cependant, dans tous les cas de figure, l’action entreprise doit correspondre à un
objectif. En d’autres termes, la question qui doit toujours être présente à l’esprit est la
suivante. Pourquoi le port a-t-il besoin d’entreprendre cette action de marketing? Pour donner
une réponse et fixer les objectifs, il est nécessaire de commencer par une analyse de la
situation générale et à l'identification des problèmes que rencontre le port, ainsi que des atouts
dont il dispose pour y faire face.
Il existe une relation très étroite entre certains objectifs et les intérêts de certaines
catégories de personnes dans le port. Il existe également des contradictions entre divers
objectifs, par exemple, entre la réduction du temps de transit du navire au port et la
maximisation de l’utilisation des équipements ou des recettes sur le navire.
ci dispose d’installations adéquates ou qu’il puisse les mettre en place à peu de frais. Chercher
des moyens de diversification du trafic sera donc généralement l’un des objectifs prioritaires
des actions de marketing.
Autres objectifs
Les objectifs de marketing présentés jusqu’ici sont tous liés au domaine purement
commercial. Toutefois, les ports sont souvent appelés à assumer d’autres fonctions pour
lesquelles des objectifs doivent également être fixés. Par exemple, le port est souvent le
principal employeur au plan local et doit alors remplir des obligations d’ordre social - tâche
difficile lorsque des innovations technologiques dans les transports et la manutention
conduisent à réduire le nombre de personnels nécessaires, comme c’est le cas depuis un quart
de siècle. Le marketing, en attirant de nouvelles activités dans les zones portuaires (industrie,
distribution, reconditionnement...), lesquelles peuvent absorber une partie du personnel
déplacé, remplit ainsi un objectif social d’autant plus important que ses retombées macro-
économiques sur la région sont significatives.
Pour atteindre l’objectif marketing, la première des tâches est de se doter d’une
structure permanente de veille stratégique et économique permettant d’obtenir les
informations utiles aux prises de décisions du responsable marketing. Généralement, un
compromis est nécessaire entre ce dont les responsables pensent avoir besoin, ce dont ils ont
réellement besoin et ce qui est techniquement et économiquement possible. Avant tout, il faut
éviter l’écueil d’une information inexacte, insuffisante, périmée ou trop conjoncturelle qui
n’aura pour résultat qu’une action de marketing inefficace.
ports : l’évolution du transport multimodal, les nouveaux conteneurs, les systèmes EDI,
l’amélioration des transports terrestres, les nouveaux navires ou modes de transport, les
avantages, les inconvénients, le coût et le rythme de ces changements, les nouvelles
technologies employées dans les ports pour la manutention, les services de navigation, le
traitement des informations, et les nouveaux types de contrat de transport.
des informations sur la situation et le développement des autres ports. Elles doivent être
aussi complètes que possible, en particulier celles concernant les ports directement
concurrents. Les informations doivent être collectées sur l’organisation du port, sa
situation nautique, ses équipements, ses capacités, ses résultats, les coûts et d’autres
aspects importants aux yeux des usagers du port, telles que les relations de travail, les
coûts de transport de/vers l’hinterland et les services maritimes des ports concurrents.
Finalement (et peut-être ce qui est le plus important), les informations sur son propre port
doivent être exhaustives et approfondies : Accès nautique, liaison avec l'arrière pays,
infrastructures, superstructures, qualité des services offerts, climat social, etc.
On peut distinguer deux sous-systèmes qui sont nécessaires pour que la fonction de
marketing soit bien exercée :
La collecte des informations requises.
Les études analytiques basées sur ces informations.
d’effort dans la collecte et l’analyse des informations. Examinons un cas. Si les informations
internes rassemblées indiquent qu’un trafic ‘X’ diminue, ceci peut, à première vue, apparaître
comme un problème. Pourquoi une telle situation est-elle arrivée ? Quelle en est la cause ? On
peut ainsi découvrir par exemple que les coûts de passage portuaire pour ce trafic ne
répondent plus aux exigences des usagers portuaires et les pénalisent par rapport à ceux
existant dans un port concurrent. C’est là le véritable problème. L’étude portera donc sur la
manière de réduire les coûts de passage pour que leurs effets puissent à nouveau être
favorables au trafic en question et on doit élaborer un objectif correspondant. Ceci pourrait
être : « Préciser les mesures à prendre pour réduire les coûts de passage du trafic ‘X’ et rendre
le port compétitif ».
Avec un problème et un (ou des) objectif(s) correctement défini(s), les recherches sur
différentes hypothèses de travail peuvent commencer. Le meilleur moyen d’initier ce travail
est de déterminer les résultats que l'on souhaite obtenir. Ceci permet de mieux définir la
méthode de travail.
Prenons l’exemple suivant : le problème à traiter est que les grands opérateurs du trafic
de transbordement ne sont pas satisfaits des services portuaires pour la manutention des
conteneurs. On pourra alors fixer les objectifs suivants à l’étude :
Identifier :
1. Quelles sont les principales critiques des opérateurs de trafic de transbordement ?
2. Quels sont les ports de transbordement concurrents que pourraient utiliser ces opérateurs ?
Quels sont les services offerts par ces ports concurrents ?
3. Quel est le trafic de conteneurs qui sera perdu si aucun changement n’est apporté ?
4. Quel est le rapport réel coût/profit pour le trafic de transbordement ? et comment le service
pourrait être amélioré (période de franchise étendue, réduction des tarifs)
5. Si le tarif est réduit de 20 %, que va-t-il se passer ? (combien de conteneurs continueront à
passer par le port ? combien de conteneurs supplémentaires arriveront ? quelles sont les
perspectives à court et à long terme ? Quelles incidences pour les comptes des
opérateurs ?)
6. Quel serait l’impact d’une amélioration des services (par exemple, extension de la période
de franchise) sur les activités portuaires actuelles et potentielles ?
7. Quelles sont les perspectives d’autres trafics et leurs implications à long terme pour le
développement du port ?
On pourra aussi essayer d’analyser si le mécontentement des opérateurs n’est pas
destiné à obtenir des baisses tarifaires en mettant en avant des incidents particuliers. Il
convient, à cet égard, d’apprécier si l’insatisfaction relevée s’appuie sur des cas isolés ou sur
un grand nombre de situations.
Les responsables sont parfois conscients des problèmes existants mais ils n’en
connaissent pas la nature réelle. Il faut alors clarifier la situation et identifier les problèmes.
Dans l’exemple ci-dessus, l’objectif 1 correspond à ce type de recherche. Les objectifs 2, 3, 4
correspondent à une recherche descriptive destinée à éliminer l’incertitude concernant un
problème particulier. Les objectifs 5, 6, 7 sont destinés à cerner les relations de cause à effet
entre les variables.
L’identification des sources d’information exige un plan de recherche préalable. Par
exemple, pour réduire les coûts, on peut être tenté d'utiliser uniquement des données de
deuxième main. Les données de deuxième main sont des informations qui existent déjà et qui
ont été collectées dans d’autres buts, par exemple pour un usage interne, pour un magazine
portuaire, pour des études, des rapports ou des publications officielles. Cependant, des
Bien que ce soit ici un exemple simplifié, il apparaît qu'en offrant une période de
franchise supplémentaire, le gain à long terme dépasse la perte à court terme. Une étude de
marketing de ce type, bien étayée, peut aider les responsables à prendre les bonnes décisions.
La segmentation du marché
Seuls les plus grands ports mondiaux peuvent prétendre être présents sur tous les
marchés. Pour tous les autres, la meilleure stratégie commerciale est d’identifier les segments
du marché les plus attractifs et que le port pourra exploiter efficacement. La segmentation du
marché signifie diviser un marché de grande taille et indifférencié en petits sous groupes ou
segments homogènes ayant chacun une caractéristique commune (des intérêts ou des besoins
communs). De cette façon, la Direction Commerciale peut adapter son produit, ses services et
sa stratégie promotionnelle aux besoins des usagers appartenant à un seul ou à plusieurs
segments du marché de façon à les satisfaire au mieux.
La segmentation du marché procure plusieurs avantages
Mieux répondre à l’attente des véritables usagers, c’est-à-dire de ceux qui décident
d’utiliser le port pour leur propre activité. Quel que soit le marché, les besoins d’un
usager ou d’un groupe d’usagers sont toujours différents, une segmentation du marché
sera avantageuse. Par exemple, les besoins d’une compagnie maritime de lignes régulières
sont souvent différents de ceux d’un armateur de tramp. Un programme de marketing
unique permet difficilement de répondre aux exigences spécifiques de chacun des usagers.
Dans le cas de la navigation de ligne c'est la marchandise qui suit le navire alors que dans
le cas d'un tramp c'est le navire qui suit la marchandise; il faudra donc, dans chaque cas,
des actions de marketing spécifiques.
Générer des revenus supplémentaires. Dans la mesure où les clients et les trafics du
port n’offrent pas une rentabilité identique, le port doit consacrer plus de ressources pour
attirer les activités les plus profitables. Par exemple, certains trafics de charbon sont
transbordés après avoir été déchargés tandis que d’autres non. Le transbordement de la
marchandise qui nécessite une double manutention doit être séparé du reste de ce trafic,
car elle présente un plus grand attrait commercial pour le port.
Le marketing de masse. Quand on offre un service portuaire ou qu’on destine une action
marketing à tous les usagers du port sans distinction, on parle de marketing de masse. Une
réduction des droits portuaires de 2% sur toutes les marchandises et les navires ou la
diffusion d’une publicité dans le « Lloyd List » correspond à un marketing de masse.
Le marketing concentré. Si un marché est divisé en 3 segments : pétrole brut, vrac sec et
marchandises diverses et si le port sélectionne seulement un de ces segments et y consacre
toutes ses ressources et ses efforts de marketing pour répondre exclusivement aux besoins
exprimés sur ce segment, on parle de marketing concentré.
Le marketing différencié des services. Dans la plupart des cas, les ports choisissent plus
d’un segment de marché. Une combinaison de plusieurs marchés sera définie pour
s’appliquer à un ou plusieurs sous-marchés. Le port de Gand, par exemple, a choisi le
trafic de véhicules, les jus de fruit et les vracs secs comme marchandises principales et a
défini des stratégies adaptées à chacun de ces trafics.
Le marketing adapté à l’usager. Les ports estiment parfois que les besoins exprimés sur
le marché sont si variés et les usagers si différents les uns des autres qu’aucun groupe
d’usagers représentatif ne peut être identifié. De plus, la taille de certains usagers peut être
si importante que le port doit adapter chacun de ses services pour répondre exactement à
leurs demandes. Au port de Gand, des clients comme Honda Motor ont bénéficié d’un
marketing complètement adapté.
Se fier uniquement au marketing de masse n’est plus aujourd’hui suffisant. Les usa-
gers d’un port, quelle que soit sa taille, ont besoin de plus en plus de services spécifiques, et
ce d’autant plus qu’ils occupent une position de force en raison d’une forte concurrence au ni-
veau de l’offre. Par conséquent, les ports doivent s’orienter davantage vers un marketing
adapté aux usagers qui leur permet d’identifier au mieux les opportunités du marché.
Par régions
C’est la segmentation du marché sur le plan géographique, par origine ou destination,
et elle complète souvent celle effectuée par marchandise (voir les statistiques commerciales
dans le sous module 5b). Elle permet des actions de marketing très spécifiques comme, par
exemple, sur le blé australien, canadien, français... Les possibilités de segmentation sont di-
verses et peuvent inclure non seulement les régions/sous-régions (Afrique, Afrique de l’Est,
etc.) mais aussi d’autres regroupements en fonction de critères tels que : les langues (pays
francophones), les systèmes économiques en vigueur, les blocs économiques (ALENA, pays
A.C.P. associés à la communauté européenne, etc.). Il faut procéder à une segmentation du
marché chaque fois qu’une différence géographique se traduit par des différences au niveau
de la demande des usagers.
Une segmentation peut aussi être introduite pour tenir compte de l’accessibilité ter-
restre.
Une fois que le marché a été segmenté de la façon la plus appropriée, l’analyse de marketing
doit être effectuée pour identifier les opportunités commerciales. Deux méthodes analytiques
couramment utilisées dans de nombreux ports seront présentées ci-après.
L’un des rôles de la Direction Commerciale est de répertorier les domaines dans
lesquels on peut identifier ces facteurs. La liste suivante couvre les principaux domaines
communs à la plupart des ports.
Les caractéristiques géographiques et physiques
Les caractéristiques géographiques peuvent procurer soit des avantages soit des
désavantages pour le port dans sa capacité à attirer les navires et la marchandise. Les points
forts ou faibles seront liés à la situation du port par rapport aux des grandes routes maritimes
et par rapport à l’origine ou à la destination des marchandises. Les grands ports d’éclatement
du trafic de conteneurs comme Algeciras pour la Méditerranée Occidentale ou Singapour pour
le Sud-Est Asiatique montrent clairement les avantages que l’on peut tirer d’une situation
géographique stratégiquement favorable. D’autres ports situés hors des grandes routes
maritimes pâtissent de leur situation géographique pour le trafic de conteneurs et sont réduits
au rôle de ports feeders. Des ports de mer facilement accessibles sur le plan nautique sont
favorisés par rapport à ceux éloignés à l’intérieur des estuaires ou accessibles par canaux.
Mais ces derniers sont souvent mieux reliés par voies terrestres à l’hinterland et ils sont plus
proches des grands centres de population.
Les caractéristiques physiques du site portuaire telles la qualité de l’accès nautique, la
disponibilité d’espaces fonciers ou la proximité de structures urbaines représentent aussi
autant de points forts pour le marketing portuaire (ou de points faibles dans le cas contraire).
Les caractéristiques commerciales
Il s’agit d’analyser les forces et faiblesses du port dans divers domaines tels la
possibilité d'appliquer sans entraves des tarifs compétitifs ou la mise en oeuvre de services
spécifiques pour les usagers que n'offrent pas les ports concurrents (centres de distribution,
etc.). Des ports où surviennent des grèves fréquentes, ou des pertes et dommages sur les
marchandises ou bien ceux dont les services sont réputés coûteux seront lourdement
handicapés en matière de marketing.
Les caractéristiques institutionnelles
Les différents types d'organisation portuaire (port propriétaire foncier, port outil ou
port opérateur) apportent des avantages comparatifs dans certains domaines - organisation et
pouvoir de contrôle sur les activités, souplesse tarifaire - que le marketing peut
éventuellement exploiter.
Les caractéristiques financières
La situation financière du port est certainement un élément important à classer soit
parmi les points forts ou les points faibles du port. La manière dont les ports sont amenés à
couvrir leurs coûts, en fonction de l’existence (ou non) de subventions de fonds publics, se
répercute sur le niveau des droits portuaires. La Direction Commerciale aura tout intérêt à
suivre de près la situation financière des ports concurrents, pour procéder à des comparaisons.
Les caractéristiques opérationnelles
Le degré d’ouverture du port aux opérations (parfois 24 h/24, parfois le week-end, ou
non), le caractère obligatoire ou non de services tels que le pilotage ou le lamanage, les
pratiques douanières et les heures de service pour le dédouanement sont autant d’éléments que
l'on classera parmi les points forts ou faibles du port.
Les changements dans le volume et les caractéristiques du trafic font que la demande
de services portuaires est en constante évolution. Il existe autant d’opportunités que de
menaces et pour éviter les écueils et tirer meilleur parti de ces situations, il va de soi que la
Direction Commerciale doit non seulement les suivre attentivement mais aussi réagir
rapidement en offrant des services adaptés. Clairement, il n’est pas possible de répondre à
tous les changements de demande de services. L’emploi d’outils analytiques comme la
méthode SWOT aide à la définition de stratégies de marketing adaptées.
Politique maritime et législation
Tout changement de politique maritime et de législation peut avoir un impact
important sur le trafic du port. Par exemple, une modification de la législation sur le travail ou
la privatisation d’un secteur entraînant une réduction des coûts de passage portuaire offrent
des opportunités pour attirer de nouveaux usagers à condition que le marketing cible bien la
clientèle potentielle. Par contre, si un port concurrent dans un pays voisin bénéficie de tels
changements, une menace de détournement de trafic peut en résulter. Combattre une telle
menace exigera de grands efforts d’adaptabilité.
Des changements de politique ou de législation (par ex : droit des armateurs étrangers
de participer ou non aux trafics de cabotage) représentent d’autres domaines où des
opportunités ou menaces peuvent se manifester.
Il faut être très attentif aux contrôles douaniers et sanitaires, dont l’exercice différent
d’un pays à l’autre peut constituer un atout ou un handicap pour les ports que peut utiliser le
trafic en cause, pour lequel ils sont en permanente compétition.
L’environnement général du port
De nombreux facteurs que le port ne maîtrisent pas directement peuvent se traduire en
autant d’opportunités que de menaces. Le développement d'une législation pour la protection
de l’environnement affecte diversement les ports selon les sites qu’ils occupent. Elles peuvent
empêcher l’extension d’installations nécessaires pour faire face à la concurrence de ports dans
les pays voisins et menacer de ce fait la viabilité du port à moyen terme. Dans ce cas, le port
peut réagir en cherchant à adapter ses structures existantes ou en modifiant ses stratégies afin
de contourner l’effet des lois et de retourner en opportunités nouvelles une situation qui
paraissait compromise. Au cours des récentes décennies la législation des Etats Unis pour
protéger l'environnement a créé des difficultés considérables et retardé de nombreux projets
de développement portuaire.
L’amélioration des réseaux de transport terrestre est l’un des facteurs les plus
importants pouvant affecter favorablement ou défavorablement les activités du port. Cela
signifie que de telles améliorations peuvent entraîner à la fois une extension de l’hinterland
desservi par le port (opportunité) et renforcer la concurrence entre ports (menace).
On doit utiliser les conclusions de l’analyse SWOT pour formuler les principales
questions auxquelles doit répondre le plan de marketing. Les décisions liées à ces questions
permettront ensuite de définir et de réviser avec précision les objectifs du marketing et les
stratégies. Citons quelques exemples :
- Quelles sont les décisions à prendre et quel segment de marché choisir?
- Quelles sont les activités à abandonner, quels investissements devraient être retardés voire
arrêtés?
- Quelle qualité de service offrir, quel niveau de tarif?
- Quand est-il ou devient-il trop coûteux d’offrir certains services aux clients?
- Comment répartir les ressources pour mieux répondre à la demande des usagers?
- Comment évaluer les décisions relatives aux investissements en cours pour obtenir leur
meilleure rentabilité?
Les trafics STARS (« étoiles ») sont ceux pour lesquels la part de marché du port est
élevée et dont les perspectives de croissance sont élevées. Il faudrait envisager de nouveaux
investissements pour ces trafics.
Les trafics PROBLEM CHILDREN (« enfants difficiles ») sont ceux pour lesquels la
part de marché du port est plutôt faible mais dont on prévoit une forte progression. A
nouveau, il faudrait envisager de nouveaux investissements et probablement une stratégie de
marketing offensive.
Les trafics CASH COWS (« vaches à sous ») sont des trafics pour lesquels la part de
marché du port est élevée mais dont les perspectives de croissance sont faibles. Ces trafics ont
bénéficié d’investissements dans le passé et génèrent des revenus nécessaires au financement
des investissements futurs.
Les trafics DOGS (« chiens ») sont les trafics pour lesquels le port ne possède qu’une
faible part de marché et dont les perspectives de croissance sont assez faibles. Il serait prudent
de ne pas investir à nouveau et peut-être faudrait-il désinvestir.
Pour appliquer cette méthode il est utile de commencer par la préparation d’une
matrice sur les dix dernières années, laquelle montrera les trafics qui ont progressé ou diminué
dans le port par rapport à l’ensemble des ports voisins en notant le rythme de croissance.
Toutefois, il convient de ne pas se contenter de présenter les performances passées. Il faut
utiliser les tendances (sous réserve d’explications rationnelles de celles-ci) pour faire des
prévisions futures, sur lesquelles seront basées les actions de marketing.
Deux autres remarques s’imposent aussi. En premier lieu, le marketing n’est pas
seulement concerné par le choix des trafics. Le port doit également décider quel est le type
d'activités qu'il convient de développer. Celles-ci se sont diversifiées considérablement au
cours des années récentes. On peut ainsi décider de consacrer des ressources au
développement d’activités spécifiques, telle que la distribution physique, au lieu d’essayer
d’attirer plus de trafics. En deuxième lieu, si le taux de croissance du trafic demeure un
élément fondamental pour définir la stratégie de marketing, il n’est pas le seul. La rentabilité
du trafic est aussi une notion qui devra être prise en compte. Un port doit donner la priorité
aux trafics les plus rentables même si leurs taux de croissance ne sont pas les plus élevés.
L’exemple de la matrice présentée ci-après montre comment les quatre situations de
base décrites dans le modèle du Boston Consulting Group peuvent être détaillées. Il s’agit
d’une étude de cas des ports belges comportant des prévisions futures de croissance jusqu’en
l’an 2000 pour 37 trafics à l’entrée et 25 trafics à la sortie du range Le Havre-Hambourg.
sorties
- produits
chimiques
- machines
- papier et carton
Croissance entrées entrées entrées entrées entrées
modérée - minerais non - bois - riz - oléagineux - cacao
ferreux - cellulose - métaux non - caoutchouc et
- déchets de ferreux produits dérivés sorties
sorties métaux non - minéraux bruts - mélasse - nourriture
- sucre et produits ferreux - produits - café animale
dérivés métallurgiques - produits - graisse et huiles
- malt sorties pétroliers végétales et
- automobiles sorties animales
- produits - caoutchouc et sorties
métallurgiques produits dérivés - boissons
- verre - produits laitiers - fuel solide
- textiles - matériaux de - déchets de fer et
construction acier
Stagnation entrées entrées entrées entrées
- engrais chimique - engrais naturel - produits - nourriture
pétroliers animale
sorties sorties - ciment - graisse et huile
- farines - métaux non animale et végétale
- minerais non ferreux
ferreux
- minéraux brut
- engrais chimique
Déclin entrées sorties entrées entrées sorties
modéré - grains - grain - matières - viande - pétrole brut
premières pour
sorties l’industrie textile
- métaux et fer - tabac et dérivés
- minerais ferreux
Déclin entrées entrées
prononcé - sulfure de fer et - grumes
soufre non traité
Autres méthodes
De nombreuses autres méthodes existent qui ne sont d’ailleurs pas spécifiques au
secteur portuaire. Il s’agit de méthodes de type bench-marking où le port confie à un
consultant existant le soin de mener une enquête permettant de comparer les données
économiques de divers ports dans divers pays. Ceci suppose d’une part que le consultant
dispose de correspondants dans ces divers pays et qu’il accepte de fournir un certain nombre
de résultats de cette comparaison. Ceci se pratique couramment pour les terrains portuaires,
pour le coût de passage de navires-type et pour disposer de renseignements d’ordre général
sur la comparaison des facilités législatives des divers pays.
marché
leader - « part du lion » - risques commerciaux et preneur de risques
du marché techniques élevés
- profit élevé
challenger - Position - coûteux ambitieux
d’attaque
- Rien à perdre - risqué
suiveur - moindres risques - trop passif conservateur
- part de marché médiocre
spécialisé dans un créneau - garantie - développement limité « small is beautiful »
challenger peut essayer de se doter d’un avantage en qualité de service et entamer ainsi la
position du port leader.
Dans certains cas, le créneau peut être représenté par une seule grande entreprise ayant
un trafic spécialisé important et qui préfère être le client privilégié d’un seul port plutôt qu’un
client parmi d’autres dans un grand port.
La section précédente a décrit les différentes tâches à accomplir et les principes à suivre dans
la phase préparatoire du marketing. Leur qualité est décisive pour l’efficacité et la réussite des
actions qui seront entreprises. Cependant, pour agir concrètement, il ne suffit pas de savoir où
l’on va, pourquoi et ce qu’il faut faire. Il faut aussi adopter une organisation appropriée et
savoir comment répartir les responsabilités.
Toute entreprise portuaire moderne doit veiller à ce que des améliorations soient constamment
apportées à la qualité de ses services grâce à des contrôles et des mesures régulières. Un
indicateur de contrôle pour le département exploitation est la satisfaction du client. Celle-ci
dépendra de critères tels que la rapidité, la sécurité et le coût minimum. Le but sera
d’optimiser les coûts et la qualité de toutes les opérations de la chaîne.
La multitude d’entreprises et de personnes qui vivent et gravitent dans un port ne crée pas
automatiquement une Communauté Portuaire - il y a tout simplement juxtaposition, voire
antagonisme des intervenants. Une place devient Communauté Portuaire lorsque chaque
entreprise portuaire a le sentiment d’appartenir à une chaîne dont tous les maillons sont
interdépendants et quand tous les personnels se sentent concernés et responsables. La
Communauté Portuaire naît de la qualité des relations et des prestations et des résultats qui en
découlent, mais jamais d’un acte autoritaire. Parfaitement soudée, une communauté portuaire
est une remarquable force de notoriété et de vente. On se reportera au Module 2 de la
première session où le concept de Communauté portuaire et son organisation ont été
examinés.
les résoudre en ne perdant pas de vue que l'intérêt bien compris de chacun des partenaires pris
individuellement passe nécessairement par le développement des activités du port dans son
ensemble.
L’image qui peut être adoptée est celle d’une chaîne de services cohérente où chaque
maillon doit assurer sa solidarité avec les services qui le précédent ou le suivent : c’est la
force de l’ensemble qui représente la capacité à œuvrer en allant dans le même sens.
- La force de l’unité
Il existe une « conscience de place portuaire » qui provient du poids économique que
représente le port. L’intérêt général doit primer, ce qui nécessite un respect et une
compréhension de l’autre, des habitudes de concertation et de coordination. Cette unité
permet de s’adapter facilement et rapidement aux besoins du marché. La communauté
portuaire doit avoir un comportement homogène face aux incidents graves de la vie portuaire.
Le poids des messages est aussi renforcé grâce à l'existence d'une communauté portuaire unie
qui s'approprie en quelque sorte ce message élaboré par l'un de ses membres et en assure la
promotion et l'application.
- La concertation des moyens d’action
La communauté portuaire permet de regrouper des moyens financiers et d’engager des
actions concertées qu'un seul partenaire ne peut organiser et financer seul même s'il s'agit de
l'autorité portuaire : Publication d'une revue portuaire, organisation de manifestations
commerciales ou de tournées de prospection, mise au point d’une informatique
communautaire, etc.
- Le professionnalisme
La communauté portuaire facilite la mise en oeuvre d’actions concrètes et ciblées. Elle
permet de mettre en valeur les moyens proposés et les services rendus par le port. Elle joue un
rôle important dans l’approche du marché par des actions d’information et de
commercialisation. La communauté peut réagir au marché, tenir compte immédiatement des
besoins et des mécontentements des usagers. La communauté portuaire est mieux armée pour
affronter la concurrence.
- Le changement de comportement
L'existence d'une communauté portuaire est une garantie de l’homogénéité du groupe
des acteurs de la place portuaire. La relation commerciale entre les acteurs portuaires crée un
contexte relationnel où les notions de client, de « responsabilisation », de résultats
deviennent essentielles. La recherche du meilleur rapport qualité/prix devient une
préoccupation constante.
- L’effet de groupe
Lorsque la communauté est organisée et soudée, un effet de groupe apparaît qui est le
résultat d’une stimulation qui se crée parmi les acteurs de la Communauté. Cet effet de groupe
entraîne à son tour une incitation aux progrès, une mobilisation des personnels, et améliore la
qualité des actions entreprises.
- La mécanique du succès
L’obtention de résultats (de toute nature) en commun donne confiance aux membres
de la Communauté portuaire, instaure un climat de confiance dans les relations avec la
clientèle et accroît les ambitions.
La communauté portuaire est le fruit du mariage d’une autorité, responsable d’un port,
avec les entreprises qui y travaillent, après une longue période de discussion pendant laquelle
s’affirmera la volonté de créer un climat propice au développement de relations commerciales
et, bien entendu, d’actions commerciales en commun. La communauté d’intérêt doit être le
facteur de motivation. Le consensus entre employeurs, employés et syndicats, tous convaincus
que leur avenir dépend de leur capacité à unir leurs efforts pour gagner de nouveaux trafics,
est l’élément constitutif d’une communauté portuaire active. Quand de tels liens existent les
armateurs et les chargeurs considèrent qu'ils trouveront dans le port la fiabilité, le dynamisme,
l'esprit de responsabilité auxquels ils aspirent car ils sont le meilleur garant de l'élimination de
conflits sociaux à répétition, ou de troubles divers (vols, accidents, etc.).
La philosophie sous-jacente à ces principes est qu’un groupe d’intérêts ne peut prospérer qu’à
la condition que tout le port prospère. Par exemple, il est inutile d’avoir une autorité portuaire
dynamique pratiquant des tarifs compétitifs alors que les entreprises de manutention de leur
côté présentent des tarifs élevés et que la productivité demeure faible. Ou bien, quelle est
l’utilité d’une productivité correcte dans les opérations portuaires si les capacités d’entrepo-
sage créent des goulets d’étranglement ou que les douanes ralentissent la livraison des mar-
chandises? La solidité d’une chaîne est à la mesure de son maillon le plus faible.
L’action conjointe renforce la collaboration entre les acteurs du port. Peu importe sa com-
plexité ou sa grandeur, un port est toujours une entité intégrée possédant trois
caractéristiques :
Les deux mêmes groupes de client - les chargeurs et les armateurs (la marchandise et
les navires) sont présents dans toutes les activités portuaires.
les clients ont généralement besoin d’un « paquet de services » de préférence à un
service unique.
une activité ou un service ne peut généralement pas se développer sans le
développement parallèle et coordonné des autres activités du port.
En résumé, on peut dire que la constitution d’une communauté portuaire est devenue
l’un des déterminants essentiels de l’efficacité de l’organisation portuaire et un élément vital
d’une stratégie de marketing d’un port moderne. La synergie qu’elle génère tend à maintenir
les orientations des parties prenantes sur des objectifs précis destinés à faire valoir les atouts
du port et accroître son utilisation. Dans un domaine aussi concurrentiel que le trafic
portuaire, aucun port qui se veut dynamique ne peut s’en passer.
La Promotion
De toutes les fonctions marketing d’un port, la promotion est la plus visible et celle qui
est la plus liée à l’environnement culturel. A travers la promotion, l’autorité et la communauté
portuaires se manifestent et s’expriment à voix haute pour être vues et entendues. La
promotion peut être définie comme la communication entre le port et les différents groupes
ciblés, pour les informer et pour influencer leur attitude et leur comportement à l’égard du
port. Celui-ci peut bien posséder un excellent produit, c’est-à-dire être parfaitement équipé et
d’accès nautique profond et sûr, avec des outillages de manutention de qualité et une
productivité élevée, encore faut-il avertir les décideurs -armateurs et chargeurs actuels et
potentiels - de son existence et de ses possibilités.
L’effort de promotion ne sera pas tout à fait identique sur tous les marchés. Des
différences peuvent survenir selon les pays à trois niveaux :
les moyens de communication
l’audience
les produits
Les formes de promotion énumérées ci-après seront examinées une par une afin de
mettre en relief les caractéristiques que doit prendre en compte la Direction Commerciale
dans le choix d’une forme appropriée de promotion pour une cible spécifique.
a. Publicité
b. Mailing direct
c. Expositions internationales du secteur maritime
d. Organisation de journées portuaires
e. Vente directe - voyage d’affaires
f. Représentants
g. Réseaux de correspondants sur le plan national
h. Manifestations au niveau national
i. Visites scolaires
j. Organisation de conférences
k. Délégation de conférenciers
l. Journée pour la presse
m. Autres outils
(a) La Publicité
Quel que soit l’objectif poursuivi, il faut analyser quels sont les médias les plus
appropriés pour atteindre le but fixé.
quel magazine, journal professionnel ou quotidien ?
quelle chaîne de télévision (et quelle émission) ?
Il va de soi que, dans la mesure du possible, la publicité devrait être présentée dans la
langue du groupe ciblé même si, dans le domaine des transports maritimes, l’emploi de
l’anglais est largement répandu. La communication avec les gens dans leur propre langue
procure de toute façon un avantage indéniable.
Le rôle de la publicité varie considérablement selon les pays. Alors que dans certains
pays, la publicité est très importante, dans d’autres, sa portée est plutôt réduite. Du moment
où la Direction Commerciale du port décide qu’une action de publicité sera entreprise, celle-ci
doit être conçue très soigneusement :
le message doit être clair ;
utiliser le média qui touche le public ciblé ;
toujours mentionner les coordonnées du port ;
sélectionner soigneusement les différentes possibilités ;
l’aide d’un spécialiste pour concevoir une image avec un logo, des slogans, etc...peut
être nécessaire.
La publicité d’un port est bien entendu très différente de celle d’un produit à grande
distribution. Pour un port, le message publicitaire doit s’orienter sur la position géographique
du port, son accès nautique et la qualité des services fournis ou de ses équipements.
Avant que la publicité ne puisse paraître, cinq décisions doivent être prises :
sélectionner une agence spécialisée qui a une bonne connaissance du(des) marché(s)
ciblé(s), le cas échéant ;
choisir le message en fonction du « produit » que le port souhaite vendre ;
sélectionner le média ;
déterminer le budget ;
déterminer comment l’efficacité sera évaluée.
Le but du port est de choisir une agence qui l’aidera au mieux à atteindre ses objectifs. Pour
cela, il est nécessaire d’évaluer l’agence en suivant des critères tels que :
le degré de couverture du marché que l’on souhaite atteindre
la qualité de la couverture (quelles mesures prend l’agence pour préparer le marché à
une campagne publicitaire ?)
la variété des services offerts (l’agence offre-t-elle d’autres services tels que : des
études de marché, des services de relations publiques...)
le degré de contrôle et de communication sur les actions de publicité
les références de l’agence (A-t-elle effectué des campagnes publicitaires pour de
grandes entreprises de services similaires à un port ?)
Choisir le message
Le principal problème est de définir le message qui correspondra au(x) marché(s) ciblé(s). Les
principes suivants devraient être observés. Le message doit :
être clair et mettre en valeur les atouts du port, par exemple, certains trafics (croisière,
fruits, vracs secs), services industriels ou équipements ;
être identifiable grâce au logo, l’utilisation de couleurs spécifiques ou un slogan;
être différent des messages des concurrents ;
interpeller les clients sur le(s) marché(s) ciblé(s) ;
pouvoir être appliqué.
Sélectionner le média
Pour des publicités sur des services maritimes, il est recommandé d’utiliser le support de :
magazines spécialisés
numéros spéciaux des journaux économiques (par exemple, le Financial Times)
ouvrages de référence (par exemple, des annuaires).
L’emploi de la radio ou de la télévision n’est pas à exclure (à supposer qu’un budget suffisant
existe) mais il faudrait que son coût plutôt élevé soit justifié par des estimations des
retombées attendues.
Déterminer le budget
Puisque la publicité n’est qu’un élément parmi les différentes formes de promotion, il
est difficile de mesurer sa rentabilité de façon isolée et donc de lui accorder un budget basé
sur celle-ci. Une méthode souvent utilisée est de fixer le budget pour la publicité sur la base
d’un pourcentage des revenus. Lorsque ceux-ci augmentent, l’effort de publicité peut être
renforcé. Cependant, dans le cas contraire où les revenus chutent, cette méthode montre ses
limites, d’autant plus que c’est pendant de tels moments qu’il faut généralement accroître la
publicité, sous peine de voir le trafic sombrer définitivement. Il est nécessaire, donc, d’utiliser
cette méthode avec flexibilité.
Une autre méthode consiste à fixer des objectifs tels que la croissance des revenus, la
notoriété du nom, etc.., puis à définir les actions de publicité qui devront être prises pour
atteindre ces objectifs. Comme on peut calculer le coût de ces tâches avec précision, il est
possible de connaître à l’avance le budget nécessaire à l’effort publicitaire. Il va de soi que
l’on ne peut pas fixer les objectifs sans avoir une connaissance approfondie du marché.
Déterminer comment l’efficacité sera évaluée
L’expérience montre que la publicité est nécessaire pour sortir de l’ombre. Mais, elle
doit être combinée avec d’autres formes de promotion (par exemple, la participation à des
expositions ou conférences) et évaluée autant que possible.
On peut évaluer l’efficacité de la publicité en demandant aux usagers du port si la
publicité a modifié leur décision quant à l’utilisation du port. Cette méthode (effectuée par
sondage éventuellement) est fiable mais finalement peu courante dans l’industrie portuaire.
En ce qui concerne la publicité dans des magazines ou journaux spécialisés, on peut
travailler à partir de coupons-réponses, ce qui permet de déterminer l’origine des réponses,
mais cette méthode ne peut au mieux que refléter la situation partiellement. En fait, toute
évaluation de l’efficacité de la publicité restera limitée à quelques points de vérification.
Le mailing direct nécessite une liste fiable d’usagers portuaires potentiels. Cette liste
d’adresses peut être constituée au cours des campagnes de publicité, d’expositions, de
journées portuaires ou d’études de marché (par exemple, l’annuaire des opérateurs de
croisières). Le mailing direct présente un avantage, supérieur à la publicité en général, qui est
de pouvoir personnaliser le message et de le détailler. Toutefois, il est important de vérifier :
le nom du correspondant (Madame ou Monsieur X)
sa fonction
les références mentionnées
le soin apporté à la rédaction de la lettre
que les pièces référencées sont réellement jointes
les noms des personnes qu’il faut contacter pour plus d’informations
Pour être sûr d’avoir des visiteurs au stand, il faut soigneusement préparer la participation à la
manifestation. Il est toujours utile d’envoyer de nombreuses invitations (ou billets d’entrée)
aux clients actuels et potentiels pour qu’ils viennent visiter le stand (où il faut leur réserver un
accueil très attentionné), tout en y ajoutant une lettre de présentation et des précisions sur
l’emplacement où se trouve le stand. Il est également important d’essayer de bien situer le
stand ou lieu d’exposition de sorte que les flux de visiteurs y passent. Evidemment, les places
de choix sont très prisées et généralement l’emplacement se négociera à un tarif plus élevé.
Une participation régulière à une certaine exposition permet aussi d’accroître l’influence
auprès des organisateurs et d’améliorer, par conséquent, la position du stand. Les remarques
suivantes peuvent aider dans ce domaine :
savoir que le hall d’exposition principal est toujours plus attractif que les bâtiments
latéraux.
se situer à proximité du bureau d’information présente des avantages
c’est également vrai des places à proximité des lieux de pause-café, mais éviter les
places à proximité des restaurants qui gênent les discussions.
les places centrales sont la plupart du temps bien situées mais très chères
les places de coin ou avec deux entrées sont plus attractives que les places de rangée.
quand les expositions ont lieu dans des pays tropicaux ou chauds, vérifier que le lieu
d’exposition est équipé de l’air conditionné. Si tel n’est pas le cas, choisir un lieu
naturellement ventilé. S’il fait trop chaud sur le stand, l’attention des visiteurs sera
réduite.
on n’a pas besoin de la place la mieux située pour être vu, un petit stand bien conçu est
souvent plus attractif qu’un grand stand qui tend à intimider les visiteurs.
La conception même du stand est vitale pour que celui-ci attire des visiteurs. Il faut
l’aménager avec bon goût :
concevoir un aménagement harmonieux avec l’utilisation de couleurs attirantes ;
utiliser des matériaux de haute qualité (à terme, c’est un choix économique) ;
exposer vos produits de façon attrayante et cohérente ;
utiliser avec précaution les slogans et exposer le matériel tel que les photographies, les
modèles, les dessins, etc. Une photographie vaut mieux que de grandes explications ;
finalement, donner une impression de vie en décorant le stand d’exposition avec des
plantes.
Le stand doit présenter un caractère informatif :
des messages clairs
des photos correctes sur le plan technique
des cartes
Effectuer un suivi
La participation à des expositions internationales est un exercice onéreux et doit
déboucher sur un accroissement d’activité pour le port. Pour rendre plus efficace cette action
de promotion, il est vital d’effectuer un suivi. Un mauvais suivi ou pas de suivi du tout est
souvent pire en termes de promotion qu’une absence de participation parce que le « désir » du
client ne sera pas satisfait. Le suivi doit être assuré aussi vite que possible de sorte que les
contacts qui ont été noués soient maintenus. Des mesures spécifiques peuvent prendre la
forme d ’une lettre de remerciements pour la visite au stand, une réponse détaillée à des
questions soulevées ou une invitation pour venir visiter le port.
où les représentants du port sont incapables de répondre à une question, à une critique sur le
fonctionnement du port présentée par un des ses clients.
Tout comme pour les expositions internationales, le suivi des journées portuaires est
nécessaire. On doit préparer un compte-rendu de la journée et sur la base de celui-ci, établir
un plan d’action lequel doit comporter l’envoi de remerciements aux participants et de
documentation aux personnes qui ne sont pas venues, ainsi qu’une invitation pour venir visiter
le port afin que chacun puisse se rendre compte lui-même de la qualité de ses services offerts.
L’effort consenti pour organiser des journées portuaires est considérable et, sans suivi, une
bonne partie des efforts peut être perdue.
l’environnement culturel
La sélection des représentants doit être sévère et répondre aux critères suivants :
connaissance du service que le port souhaite promouvoir
qualité de leurs activités sur ce marché
prendre en compte leur réseau relationnel professionnel
aisance de communication
présentation
Les représentants locaux sont évidemment d’un grand secours lorsque le port doit
organiser une journée portuaire dans la région ou lors de la participation à des manifestations
professionnelles. Leur rémunération doit nécessairement être en rapport avec les efforts
accomplis dont le suivi incombera à la Direction Commerciale.
Il est important d’informer correctement le public pour que celui-ci puisse juger de la
valeur et de l’importance d’un port dans la ville ou la région et soutenir ses efforts de
marketing.
Il est dans l’intérêt du port d’organiser des rencontres régulières avec la presse et
d’entretenir des relations cordiales avec les journalistes. L’utilité d’une journée pour la presse
est que le port peut l’informer sur ce qui se passe réellement sur le terrain et éviter la
publication d’informations exagérées ou négatives fondées sur des propos de deuxième main
ou une méconnaissance de tous les éléments d’une situation donnée.
Une journée réservée à la presse peut être organisée de la façon suivante. Tous les
représentants des revues ou des journaux spécialisés sont invités. Le voyage et les frais de
séjour seront payés. On expose d’abord dans un discours d’introduction les changements les
plus importants survenus dans le port, les résultats obtenus et les plans de développement
élaborés. Après quoi, une session de questions/réponses est organisée et éventuellement des
groupes de travail spécialisés sont constitués (selon les langues éventuellement lorsqu’il s’agit
de la presse internationale).
En principe, 4 à 5 représentants de la communauté portuaire : transitaires,
manutentionnaires, agents maritimes, et autorité portuaire répondent aux questions des
journalistes qui sont soit soumises avant, soit posées sur le moment.
Après la conférence de presse, on organise une visite d’un équipement récemment
construit ou qui présente de l’intérêt, par exemple, un entrepôt pour les marchandises
dangereuses, un nouveau terminal à conteneurs, la manutention des fruits. Une visite par
bateau est toujours très appréciée. Un apéritif servi à bord ou dans la zone bord à quai (club
nautique, etc.) contribue au rapprochement des participants avec les responsables du port et
aura un effet bénéfique sur l'image du port qui ultérieurement sera reflétée dans les comptes
rendus des journalistes.
Lorsque ces journées pour la presse nationale et/ou internationale sont organisées
chaque année, les journalistes apprécient de pouvoir se rencontrer régulièrement, en
particulier à certaines périodes, et parce que c’est une occasion unique de parler « de la
profession » avec les collègues, les représentants de l’autorité portuaire et les experts
maritimes.
Le produit / le service
Les services portuaires, c’est-à-dire les produits que le port vend, sont la pierre
angulaire autour de laquelle vont s’organiser toutes les activités de marketing. Ce que le port
offre justifie son choix comme port d’escale de certains trafics ou comme lieu pour de
nouveaux investissements. Cependant, la rentabilité d’actions de marketing pour pénétrer de
nouveaux marchés n'est pas toujours évidente. Il faut examiner si les efforts que l'on va
consentir pour "vendre" les services que le port souhaiterait offrir sur ce marché, seront payés
de retour.
Vendre un produit tel qu’un service portuaire est évidemment plus complexe que de
vendre un produit de grande distribution. Le produit portuaire est composé de plusieurs
éléments :
la position géographique
l’approche maritime
la disponibilité de terrains
les liaisons avec l'arrière pays
les différents services que l’on attend du port tels que l’entreposage, la manutention, le
pilotage, l’eau potable, etc.
le climat psychologique
la main d’oeuvre
le savoir-faire technique et de gestion
L’importance de chacun de ses éléments est variable selon le trafic. C’est à partir de la
qualité avec laquelle ceux-ci sont combinés que dépendra le choix du port. Par conséquent, la
vente d’un service portuaire exige que le produit soit adapté aux besoins des clients. Toute la
difficulté à trouver ce qu’est un bon produit réside dans la difficulté à définir les besoins et les
demandes de « l’acheteur » comme déjà indiqué dans la partie consacrée à l’analyse.
Les Prix
La tarification est une fonction de marketing délicate. Les ports qui sont par définition
situés sur un marché international compétitif doivent prendre des décisions tarifaires qui
tiennent compte :
des coûts estimés
de la concurrence : les avantages comparatifs
des trafics
des variables du marché : la demande
de l’offre des services
de la monnaie et les conditions de paiement
du niveau d’utilisation des installations
des objectifs financiers du port (réserves, etc.)
Les tarifs portuaires spécifiques qui sont les redevances perçues en contrepartie d’un
service spécifique offert à l’usager du port : armateur, chargeur, transitaire etc. par ex. :
Tarif de remorquage, pilotage, magasinage, etc.
ont établi des estimations des frais acquittés par les navires en s’appuyant à la fois sur les
tarifs officiels et sur des données moyennes concernant la rotation des navires et des
marchandises. Dans un autre pays, une comparaison des coûts entre ports concurrents a été
réalisée à partir des factures acquittées par les exploitants de navires utilisant ces ports. Ont
notamment été pris en compte les frais de manutention et d’autres services fournis par le
secteur privé.
Les stratégies tarifaires évoluent désormais en fonction des différents marchés. Les
taux stipulés par les tarifs officiels sont des taux maximaux, que différents mécanismes et
arrangements permettent d’abaisser individuellement.
En fait les stratégies tarifaires des ports peuvent se classer en trois grands groupes :
Les stratégies basées sur les coûts.
Il s’agira de demander aux tarifs de générer des revenus permettant de couvrir les coûts
portuaires : investissements, exploitation, coûts fixes, variables etc.
Les stratégies basées sur la demande ou le trafic.
Les tarifs portuaires seront établis en examinant quelle va être la réaction des usagers.
Les stratégies basées sur les performances.
Les tarifs seront calculés pour améliorer l’utilisation et le rendement des installations ou
équipements portuaires.
On a récapitulé sur le tableau ci-après quelques exemples de stratégies tarifaires
portuaires (appliquées par l’autorité portuaire, les prestataires de services ou usagers).
En pratique ces différentes stratégies peuvent souvent être appliquées simultanément,
pour un même tarif : par ex. le tarif de magasinage peut être basé sur une stratégie de
couverture des coûts et modulé, avec période de franchise et taux progressifs en application
d’une stratégie d’amélioration des performances, en l’occurrence le taux d’occupation des
magasins. Mais on peut aussi appliquer dans un même port des stratégies différentes pour des
tarifs différents : ainsi les droits de port sur la marchandise peuvent être calculés sur la base
d’une stratégie basée principalement sur la demande, en l’occurrence la capacité de payer des
chargeurs, et le tarif de pilotage peut être calculé en appliquant une stratégie basée
essentiellement sur les coûts des opérations de pilotage (Coût du matériel naval et terrestre, du
personnel, des fournitures, frais généraux, etc.).
Cette présentation s’appuiera sur l’étude faite par la CNUCED sur ce sujet (Chapitre
III de la tarification portuaire) en l’actualisant là où cela est nécessaire. En fait, il y a eu peu
de changements en ce domaine au cours des dernières décennies. La CNUCED a étudié un
échantillon de 104 ports dans le monde entier.
Les droits de port.
Ils correspondent à l’utilisation générale du port. Il existe parfois un tarif unique (40%
des cas) généralement payé par le navire. Mais le plus souvent il y a un double droit de port :
l’un est appliqué sur le navire et l'autre sur la marchandise. Dans la majorité des cas les droits
de port sur le navire sont calculés sur la base de son tonnage brut (67% des cas) ou net (21%).
Mais plusieurs pays dont la France, ont modifié cette assiette car ils constataient que les
chiffres présentés par les armements ne reflétaient pas toujours le volume réel du navire.
L’assiette a été modifiée et est calculée en fonction des trois paramètres longueur, largeur,
tirant d’eau. D’autres pays ont abandonné la jauge nette au profit de la jauge brute. Le droit de
port sur la marchandise est généralement calculé sur son poids (ou son volume).
Les tarifs portuaires spécifiques.
En utilisant l’étude CNUCED, on a récapitulé sur le tableau ci-après les principaux
tarifs spécifiques, le pourcentage de cas où ils sont appliqués et les deux principales bases de
calcul.
La CNUCED a proposé le système tarifaire suivant qui donne une vision globale des
différentes rubriques possibles d’un système tarifaire couvrant les principales activités d’un
port de commerce. Chaque port ayant sa propre spécificité, un tel système doit être adapté aux
conditions locales
1. Droit de port sur Utilisation des installations et services Deux éléments : taille du Jauge brute* Taux forfaitaires pour différentes
le navire maritimes à caractère général navire et type du navire (ou tjb ou classes de jauge brute* (ou de tjb ou
longueur) de longueur) et différents types de
navires (paquebots, transporteurs de
vrac, etc.)
2. Pilotage Pilotage du navire Taille du navire Idem Taux forfaitaires pour différentes
classes de jauge brute* (ou de tjb ou
de longueur)
3. Remorquage Remorquage du navire Idem Idem Idem
4. Accostage Manoeuvre de amarres pendant Idem Idem Idem
l’accostage/appareillage
5. Occupation du Occupation du poste à quai par le Tarif tenant compte de trois Jauge brute* (ou Taux forfaitaires par jour, pour
poste à quai navire éléments : taille du navire, tjb ou longueur) différentes classes de jauge brute* (ou
type de quai et temps par jour de tjb ou de longueur) et différents
d’occupation du poste à quai types de postes à quai (conventionnels,
minerais, pétroliers, etc.)
B. Redevances sur la marchandise
6. Droit de port Utilisation du port (ensemble des Deux éléments : Poids et Tonne métrique Taux forfaitaires, par tonne, pour
sur la marchandise installations et services généraux) nature de la marchandise différents groupes de produits classés
selon :
a) La nature de la
marchandise (minerai,
pétrole, marchandises
diverses, etc.)
b) Ce que la marchandise
peut payer
7. Manutention à Toutes les opérations concernant la Tarif tenant compte de deux Idem Taux forfaitaires, par tonne, pour
bord marchandise depuis la cale du navire éléments : poids et différents groupes de produits classés
jusqu’au quai (et vice versa) conditionnement de la selon leur méthode de manutention
marchandise (vrac, sacs,
palettes, etc.)
8. Manutention à Toutes les opérations concernant la Idem Idem Idem
terre marchandise depuis le quai jusqu’au
hangar ou à la livraison (et vice versa)
9. Stockage Utilisation des hangars de quai. Période Tarif tenant compte de trois Tonne métrique Taux progressifs, appliqués par tonne
de franchise jusqu’au déchargement éléments : poids, volume (ou et journée et par jour pour différents groupes de
complet du navire les conditions de gerbage) et produits ayant le même volume (ou les
temps passé par la mêmes conditions de stockage)
marchandise dans le hangar
10. Magasinage Utilisation de magasins. Pas de période Idem Idem Taux forfaitaires, par tonne et par
de franchise semaine, pour différents groupes de
produits ayant les mêmes
caractéristiques de stockage.
* Selon la définition de l’OMI
Ajoutons une distinction entre les coûts spécifiques ou directs et les coûts généraux ou
indirects : un coût spécifique peut être rattaché à une activité déterminée - manutention,
pilotage, etc. - et peut être fixe ou variable. Un coût général ne peut pas être rattaché à aucune
activité spécifique : il est occasionné par le fonctionnement général du port, par exemple les
salaires du personnel de la direction.
annuelles. Alors on pourra fixer des tarifs journaliers, mensuels, etc. en fonction des coûts et
des avantages correspondants. Cela s’effectue grâce aux méthodes de dépréciation ou
d’amortissement (la dépréciation est une perte de valeur, l’amortissement est une technique
économique ou comptable pour calculer les valeurs annuelles de la dépréciation).
Un investissement portuaire peut être renouvelable ou non. Une grue de quai est un
exemple d’investissement renouvelable. Le terrain est un bien non renouvelable. Le coût
annuel d’un bien non renouvelable est limité aux charges d’intérêt. Un bien renouvelable se
déprécie en fonction de l’usage qui en est fait, mais aussi par obsolescence, c’est à dire du fait
qu’avec le passage du temps d’autres biens plus modernes sont créés qui le rendent moins
performant. Le calcul de l’amortissement d’un bien renouvelable va devoir tenir compte de sa
dépréciation et des charges d’intérêt. Ces deux rubriques constituent les charges de capital.
Prenons l’exemple d’une remorque portuaire simple coûtant 10 000 dollars et ayant une durée
de vie de 10 ans. Un premier calcul des coûts annuels d’amortissement donne 1000 dollars.
Mais il faut ajouter le coût des intérêts car lorsqu’on investit 10 000 dollars dans une
remorque, on immobilise un capital de 10 000 dollars pendant 10 ans ce qui constitue une
perte, un coût économique correspondant aux intérêts que l’on aurait pu gagner. Présenté
d’une autre façon, cela correspond au coût des intérêts que l’on doit payer si pour acheter la
remorque on a fait un emprunt de 10 000 dollars sur 10 ans.
Cette présentation assez détaillée devrait conduire à éviter des erreurs fréquentes en ce
domaine : comptabiliser deux fois la même chose, c’est à dire les charges de dépréciation et
d’intérêt obtenues par les méthodes d’amortissement et y ajouter les coûts en capital et/ou
intérêt des emprunts effectués pour acquérir ce même bien.
On trouvera dans l’annexe V de l’étude CNUCED sur la tarification portuaire un
exposé détaillé du calcul des charges de capital et des méthodes d’amortissement. Une copie
est jointe en annexe de ce cours.
Grâce à ces méthodes on va pouvoir disposer pour chaque année (ou mois ou jour)
d’indications sur les coûts de capital que l’on pourra examiner sur une même base que les
coûts variables d’exploitation, ce qui constituera une base indispensable pour fixer les tarifs
en tenant compte d’autres paramètres notamment la capacité de payer, qui dépend directement
des avantages retirés par l’utilisateur de sa venue au port. Rien ne serait plus stupide que de
procéder à des calculs détaillés des coûts d’amortissement et des installations et de fixer le
niveau des tarifs à ce niveau, s’il doit décourager le trafic. Car alors, non seulement on devra
quand même rembourser les emprunts correspondants, mais on n’aura aucune rentrée
d’argent !
Une autre remarque s’impose à ce stade : la différence entre les coûts économiques et
les coûts comptables. Les coûts comptables sont ceux enregistrés sur les livres de compte
établis en conformité avec les règlements en vigueur dans le pays. Les coûts économiques
correspondent à ceux qui sont dictés par la réalité du marché et de la bonne gestion des
ressources dont on dispose. Il peut y avoir de grandes différences. Ainsi, un équipement dont
on ne se sert plus et qui est invendable, même à la ferraille, telle une grue de quai par
exemple, a une valeur économique nulle, alors que souvent une estimation comptable de cette
grue est inscrite sur les livres de comptabilité.
Deux autres questions méritent d’être examinées car elles donnent lieu à des
controverses et à des écarts entre les chiffres comptables et les valeurs économiques :
l’évaluation de la valeur des biens (des actifs) et le choix de la période d’amortissement.
Pour amortir un bien il faut connaître sa valeur. Les comptables utilisent souvent la
valeur historique. Parfois cette valeur est actualisée. Au plan économique et pour les besoins
d’une étude tarifaire il faut se tenir le plus près possible de la situation réelle, c’est à dire du
prix du marché (c’est par exemple, pour le terrain, la valeur qu’il aurait s’il était vendu pour
une opération immobilière, etc.) ou la valeur de renouvellement du bien. Si l’on prend le prix
du marché pour un véhicule par exemple (Marché de l’occasion) la période d’amortissement
sera plus courte que si l’on prend le prix du véhicule neuf (valeur de renouvellement).
La durée de l’amortissement doit être aussi proche que possible de la réalité
économique. Dans certains pays les comptables sont tenus d’utiliser des périodes bien trop
longues. Sur le tableau ci-après sont récapitulées les pratiques en vigueur dans les ports, telles
qu’elles sont publiées dans l’étude de la CNUCED sur les tarifs portuaires.
Un centre de coût est un dispositif comptable permettant de regrouper tous les coûts se
rapportant à une même opération. Ces centres de coût seront très utiles pour une étude
tarifaire car les assiettes des diverses redevances qui vont déterminer les centres de Revenu
seront calquées sur un ou plusieurs centres de coût. On trouvera sur le tableau ci-après une
présentation des centres de coût d’un port hypothétique.
Les centres de coût possibles d'un port hypothétique :
Coté Mer Point de jonction Coté Terre
Centres de coûts Coûts généraux maritimes par Autres coûts généraux par exemple :
généraux exemple : dragage, brise-lames administration, terrains, ateliers
Occupation
Centres de coûts Pilotage Remorquage Accostage du poste à Manutention Manutention Stockage Magasinage
spécifiques Appareillage quai à bord à terre provisoire
Les centres de revenus seront identiques aux centres de coût, si l’assiette du tarif
correspondant est identique (par ex. pilotage). Ou bien le centre de Revenu couvrira plusieurs
centres de coût si le tarif correspond à une prestation s’étendant sur plusieurs centres de coût
(par ex. le tarif de remorquage peut couvrir les opérations et les coûts de remorquage et de
lamanage).
Une fois définis les centres de coût, les coûts peuvent être calculés et ramenés à l’unité
de temps choisi : l’heure, la journée. Il n’y a aucune difficulté pour les coûts variables. Pour
les coûts directs fixes on peut les imputer aisément si l’unité de temps est l’année. Plus l’unité
de temps est courte, l’heure par exemple, plus cela sera difficile car il faut employer des clefs
d’imputation basées sur des facteurs liés au trafic. Prenons le centre de Revenu
« Remorquage ». Les coûts directs variables sont ceux occasionnés à chaque opération :
Combustible, primes, heures supplémentaires. Les coûts directs fixes seront les salaires des
équipages, les coûts de capital des navires, etc. Pour obtenir un coût horaire, on divisera le
total des coûts annuels par, par exemple, le nombre annuel d’heures travaillées. Mais lorsqu’il
s’agit d’imputer des charges fixes indirectes comme par exemple les coûts de la Direction ou
des services administratifs du port, l’arbitraire est bien plus évident. Il ne faut jamais se laisser
illusionner par le mirage des clefs d’imputation sophistiquées des coûts fixes indirects. Elles
sont arbitraires et il n’y a pas de degré dans l’arbitraire. Mais ces méthodes ne sont pas
inutiles pour autant car elles permettent les comparaisons et facilitent les discussions. Quand
une autorité portuaire annonce aux armements ou aux chargeurs une augmentation de tarifs de
telle activité de 10%, en présentant des statistiques de ses coûts totaux (avec les coûts
indirects imputés...arbitrairement) qui ont augmenté de 15%, on a de bonnes bases pour
convaincre les clients du port ! En fait, il n’est pas utile de pousser très loin cette affectation
des charges fixes, comme on va le voir dans les sections suivantes.
Niveau final de
I tarification
H Autres objectifs
Objectifs de tarifaires
G Tenir compte des
ports concurrents
Améliorer l'utilisation
F des ouvrages
par des ristournes
E Autres contraintes
Contraintes
tarifaires
D Constituer des réserves
Zone initiale de
C tarification
B Coûts
A Avantages
Au bas du graphique sont représentés les deux éléments fondamentaux qui vont orienter la
politique de tarification du service portuaire examiné : d’une part les coûts de production
(Normalement les tarifs devront être suffisants pour au moins couvrir les coûts de production)
et d’autre part la somme des avantages acquis par l’utilisateur du service considéré (Si ce
service est facturé au delà de ces avantages, l’utilisateur ne fera pas usage du service).
Viennent ensuite des contraintes qui vont avoir une incidence sur les coûts, en les majorant :
par exemple si l’on veut constituer des réserves, il faudra prévoir la récupération d’une
certaine somme qui va donc devoir être ajoutée aux coûts. Ces contraintes, sont représentées
en remontant progressivement à partir du bas du tableau : elles poussent progressivement vers
la gauche la limite inférieure de la zone de tarification. Viennent ensuite les objectifs que le
port se fixe en ce qui concerne le service examiné : par exemple rendre ce service compétitif
par rapport à la concurrence. Cela peut conduire à ne pas facturer jusqu’au maximum possible
correspondant aux avantages que retire l’utilisateur. On pousse donc vers la droite la limite
supérieure de la zone de tarification. Prenons un exemple : si le port loue des chariots
élévateurs plus cher que le prix demandé par des entreprises installées sur la place, il n’aura
aucun client. Et ainsi de suite. Donc progressivement la zone de tarification se rétrécit jusqu’à
la dernière étape où cette zone est représentée par un rectangle réduit : Coté droit on a la
limite inférieure représentant la totalité des coûts et coté gauche on a la limite supérieure
tenant compte des objectifs adoptés. On fixera tout naturellement le tarif au niveau du coté
gauche de ce rectangle, ce qui assurera le maximum de revenus compte tenu des objectifs et
des contraintes.
erreur capitale. Dans le deuxième cas il conviendra de jouer sur les tarifs pour améliorer les
performances du port et l’utilisation de ses installations.
Tous les cadres portuaires connaissent bien cette politique qui consiste soit à accorder
des ristournes voire des suppressions de tarif pour attirer certains trafics. Ainsi la plupart des
ports européens qui sont concurrents sur certains trafics conteneurisés ont été conduits, pour
assurer un trafic minimum sur leurs terminaux à conteneurs dotés des derniers équipements
(Portiques Over Panamax, etc.), à accorder des ristournes ou autres avantages directs ou
indirects importants. Inversement, certaines installations sont vitales pour le fonctionnement
du port et ne doivent pas être engorgées. Tel est le cas des magasins en première zone, près du
bord à quai. Aussi donne-t-on souvent une période de franchise pour inciter à leur utilisation
et éviter l’enlèvement direct qui ralentit les opérations navire. Mais ensuite on applique un
tarif de magasinage progressif pour éviter que les chargeurs utilisent ces magasins de transit
pour du stockage de longue durée, ce qui serait une hérésie dans la zone bord à quai.
Soulignons, comme l’a fait M. Picheral du Port Autonome de Marseille, que les
changements radicaux dans les tarifs portuaires sont très rares. Par contre, il est fréquent de
procéder à des ajustements, souvent annuels. C’est là une opportunité dont il faut savoir tirer
plein profit, en se dotant de moyens adéquats, par exemple obtenir que dans le cadre d’un
ajustement global faible (3 ou 5% de hausse globale des tarifs) on puisse procéder à des
modifications ponctuelles bien plus élevées pour attirer du trafic ou pénaliser telle activité. Le
port de Marseille a même créé un «fonds d’intervention » pour faciliter la mise en œuvre de
ces ajustements dans le but d’attirer du trafic.
Lorsque la décision est prise d’effectuer une refonte des tarifs portuaires, partielle ou
totale, il convient de concilier les aspects théoriques et les considérations pratiques. Toute
erreur en ce domaine est grave puisqu’elle peut entraîner un déséquilibre des comptes, des
pertes de trafic et d’emploi qui demanderont parfois des mois voire des années pour être
rétablis. La CNUCED a prôné une approche pragmatique appelée CPV, pour Coûts,
Performance et Valeur pour indiquer que les tarifs qui seront basés sur les coûts, viseront à
améliorer les performances des installations et tiendront compte de la valeur qu’attache
l’usager à l’utilisation du port, ce qui va déterminer sa capacité de payer le tarif
correspondant. Cette approche est aussi appelée la tarification en trois parties ou a trois volets
(Three parts Tariff). Une esquisse de cette approche était présentée dans la première étude
CNUCED « La tarification portuaire ». Elle est présentée en détail dans la dernière étude
« Strategic Port Pricing » (pas disponible en français).
Cette démarche va consister à adopter ou plutôt à donner une importance particulière
pour chacune des redevances portuaires (droits de port ou tarifs spécifiques) l’une des trois
« stratégies » tarifaires possibles, présentées dans la section II (stratégie basée sur les coûts,
sur les performances ou sur la demande). Souvent d’ailleurs on sera amené à combiner deux
ou trois stratégies.
La première étape consistera à bien identifier et définir les objectifs et les contraintes
que l’on a adopté en ce domaine (ou qui ont été adoptés pas les instances supérieures).
Ensuite on examinera les tarifs spécifiques des services marginaux, que l’autorité
portuaire met en œuvre, mais qui pourraient parfaitement être confiés au secteur privé : Le
minimum du tarif sera le coût variable correspondant car si une telle activité ne peut assurer la
couverture de ses propres coûts variables il convient de considérer la possibilité de le faire
effectuer par le secteur privé (à moins que ce ne soit une activité de service public). Dans une
telle situation, cela signifierait que ce sont les autres tarifs qui apportent une subvention à ce
service « marginal ». Si un tel service est confié à une autre organisation, l’autorité portuaire
verra ses charges réduites ce qui peut se traduire par une diminution des autres tarifs ou une
augmentation de ses provisions et réserves. Le tarif de base correspondant à la couverture des
coûts variables sera majoré pour contribuer à la couverture des coûts fixes du port en tenant
compte de l’élasticité de la demande, c’est à dire de la réaction que vont avoir les usagers, en
fonction de la valeur qu’ils attachent à ce service spécifique.
De tels tarifs spécifiques concernent les services tels que le pilotage, lamanage,
remorquage, fourniture d’eau, d’électricité, réparation navale, location de matériel, etc.
On passera ensuite au tarif d’occupation des postes à quai. Ici les coûts fixes sont
considérables par rapport aux coûts variables. Le tarif sera calculé en tenant compte des deux
autres paramètres : la capacité contributive de l’usager (la demande ou valeur) et le niveau
souhaitable d’occupation des postes à quai (performance). C’est le responsable du navire qui
paie ce tarif généralement. Il conviendra donc d’éviter de le décourager. Pour améliorer
l’occupation des postes (performance) la plupart des ports appliquent un tarif à la journée.
Mais attention de ne pas pénaliser les têtes de ligne maritimes en voulant pénaliser les navires
ventouses.
On adoptera une approche comparable pour les tarifs de magasinage. Ici les coûts fixes
sont moins lourds mais le souci de bien utiliser les hangars ou terre-pleins de première zone
(proches du plan d’eau) est primordial. D’où des assiettes de tarification adaptées : au m 2, à la
journée, etc. On donne généralement une période de franchise de quelques jours et ensuite on
applique un tarif progressif pour éviter que les usagers n’utilisent les hangars ou terre-pleins
comme lieu d’entreposage permanent. Ce tarif est cependant, dans de nombreux ports, l’une
des sources principales de revenus. Il peut assurer 30 à 40% des ressources du port. D’où la
nécessité d’être très prudent avant de tout modifier.
La manutention pouvant être effectuée par l’autorité portuaire ou par des entreprises
privées (ou publiques) la nature des coûts correspondants peut varier considérablement. Ainsi,
dans le cas d’un port « outil » qui fournit à l’entreprise de manutention des quais entièrement
équipés, avec location de grues et engins à l’heure, une grande partie des coûts pour le
manutentionnaire seront variables. Par contre, quand l’autorité portuaire manutentionnaire (ou
l’entrepreneur de manutention) sont propriétaires des quais la part des coûts fixes sera élevée
comme il ressort du tableau ci-après :
Exemple de calcul des Coûts pour la manutention des conteneurs (sur une période de
6 mois)
Catégorie des Coûts Coût partiel $ Coût total $
Coûts fixes :
- Dépréciation des installations et équipements 1 200 000
- Entretien des installations 20 500
- Assurance 65 000
- Divers 20 000
- Salaire Employés permanents 250 000
- Frais généraux 268 875
- Services sous traités 75 000
: Total Coûts fixes 1 899 375
Coûts variables :
- Combustibles 15 500
- Entretien des équipements 61 000
- Salaire employés occasionnels 30 500
- Heures supplémentaires 25 500
: Total Coûts variables 132 500
Total Général + 2 031 875
Estimation du trafic sur 6 mois (EVP) 38 500
Coût moyen par EVP 52,77
Coût variable par EVP 3,44
source : CNUCED. Strategic Port Pricing
Quand la tarification des opérations de manutention est appliquée par une entreprise
indépendante de l’autorité portuaire, elle doit être telle que la totalité des coûts soient couverts
et qu’une marge (profit) soit dégagée si possible. Si c’est l’autorité portuaire qui fixe le tarif
(quand elle effectue la manutention) elle aura plus de souplesse et demandera aux tarifs de
couvrir les coûts variables et d’assurer la couverture maximale des coûts fixes. Si ce n’est pas
possible, ce poste devra être subventionné par un autre tarif. Mais une telle politique de
subventions « croisées » n’est pas saine car elle va à l’encontre d’une bonne utilisation des
installations et elle se traduit pat une hausse du coût de passage portuaire. Dans de tels cas, si
l’autorité portuaire ne peut arriver à obtenir les performances requises pour permettre aux
tarifs de couvrir au moins les coûts directs, il est préférable que la manutention soit effectuée
par une autre organisation spécialisée en ce domaine (secteur privé) quand il y a des
candidats, ce qui n’est pas toujours le cas notamment dans les PVD.
Le poids du tarif de manutention dans le coût de passage portuaire est très élevé. La
CNUCED a estimé qu ’en moyenne et en toute première approximation le poids du tarif de
manutention dans le coût de passage est deux fois plus élevé que celui de l’ensemble des
autres redevances portuaires.
Quand on aura examiné tous les tarifs spécifiques du port, il conviendra d’étudier les
deux dernières redevances : les droits de port sur le navire et les droits de port sur la
marchandise. Ils correspondent à l’utilisation générale du port, dans son ensemble. Ici la
démarche à suivre consiste à demander à ces tarifs de couvrir la totalité des coûts (notamment
fixes) y compris les provisions, qui n’ont pas été couverts par les tarifs spécifiques. Chaque
catégorie d’usager fera l’objet d’un examen spécifique pour tenir compte de la valeur qu’il
attache à sa venue au port, et du souci du port de développer tel ou tel type de trafic. Donc en
fait, on basera le calcul sur des considérations de capacité contributive de l’usager et
d’examen des performances du port et ce n’est qu’en dernier ressort que l’on se préoccupera,
globalement, des coûts.
La question qui se pose souvent est de savoir quel niveau de contribution aux revenus
de l’autorité portuaire faut-il demander respectivement à ses deux principaux clients : le
navire et la marchandise. La question se pose principalement pour les droits de port, qui ne
correspondent pas à un service spécifique mais à l’usage général du port. Dans la plupart des
pays la marchandise est beaucoup plus pénalisée que le navire. Pour l’armateur, tout tarif
portuaire est incorporé dans le taux de fret. Mais comme celui-ci est calculé pour une rangée
de port, certains ports « bon marché » sont pénalisés par rapport aux ports les plus chers. On
peut penser qu’en fin de compte c’est le chargeur qui supporte ces coûts, mais ce sujet est
délicat car les redevances sur le navire sont encaissées en devise, alors que celles sur le
chargeur sont payées en monnaie locale. Par ailleurs tout port souhaite être choisi comme port
d’escale (ou tête de ligne) par les armements des lignes régulières car cela attire le trafic. Il ne
faut donc pas faire fuir les armements par des droits de port très élevé.
Comme il faut, en fin de compte, équilibrer les comptes du port et ce notamment grâce
aux droits de port sur le navire et sur la marchandise, la plupart des ports y parviennent grâce
aux redevances demandées à la marchandise car la marge de manoeuvre est plus grande
(l’élasticité de la demande est plus faible) que pour le navire.
Le tableau ci-après montre la répartition des revenus de deux autorités portuaires (qui
ne font pas la manutention).
Port A Port B
Redevances sur la marchandise 56,4 % 71,5 %
Redevances sur le navire 12,1 % 14,5 %
(pilotage, amarrage, séjour)
Produits du domaine 17,7 % 9,7 %
Autres sources 13,8 % 4,3 %
Pour l’étude CNUCED sur la tarification portuaire il apparaît que dans le plus grand
nombre de ports étudiés on a une répartition de l’ordre de 80 à 90% pour les droits de port sur
la marchandise et 20 à 10% pour ceux sur le navire.
Au port de Marseille (qui est un port « outil » propriétaire de l’outillage « lourd »), la
politique suivie a été de ne pas pénaliser la marchandise. En conséquence, la plus grande
partie des droits de port étaient prélevés sur le navire. La répartition des revenus de l’autorité
portuaire s’établissait ainsi fin 96 :
Droits de port environ 40 % (dont 15 % sur la marchandise)
Tarif de location de l’outillage environ 50 %
Produits du domaine environ 10 %
Au port de Dunkerque la répartition était d'environ un tiers pour les recettes des
concessions, un tiers pour les droits de port et un tiers pour les tarifs de location de l'outillage.
En ce qui concerne le poids respectif des principaux tarifs dans le coût de passage de la
marchandise, on obtenait les répartitions suivantes pour le passage d’un conteneur dont le
coût s’élèvait de 1 000 à 1 200 FF.
Droits de port 10 %
Manutention 80 %
(englobant environ 20% pour location de l’outillage au port)
Services auxiliaires au navire (pilotage) 10 %
- les études prévisionnelles du trafic. Sans perspective sur le futur niveau d’activité du port,
il est impossible d’entreprendre une évaluation des investissements projetés.
- les études de rentabilité économique. Il est impératif de comparer les avantages et les
coûts des investissements projetés et de les maintenir actualisés.
Tâche 1 - Etablir une analyse du trafic courant (le profondeurs nécessaires à long terme pour les
cas échéant) navires de toute catégorie et de tout tonnage.
Les données nécessaires sont indiquées au module Tâche 7 - Répartir le trafic entre les grandes zones
1.1 portuaires
Tâche 2 - Etablir une prévision générale à long Au stade de l’établissement du plan directeur, il
terme du trafic convient d’entreprendre successivement les
activités suivantes :
A vrai dire, la direction d’un port ne peut
commencer à établir des prévisions tant que le rôle 1. Examiner l’impact sur l’environnement des
du port n’a pas été défini au niveau national, mais diverses catégories d’activités portuaires
nombre de travaux préparatoires et de projections (séparément et conjointement).
simples peuvent être effectués sans attendre. Au 2. Etudier les plans d’eau et les voies d’accès
stade du plan directeur, une prévision générale à existants et comparer les différents moyens de
long terme est seule nécessaire. les approfondir ou de les élargir (y compris par
de nouveaux déblais).
Tâche 3 - Entreprendre les études techniques
3. Etudier les terrains existants et disponibles et
générales nécessaires
comparer les différents moyens de les agrandir
Les études requises pour l’établissement d’un plan (y compris par exondation).
directeur visent à fournir un ensemble de données 4. Dessiner diverses configurations de zonage avec
pour servir de base aux décisions importantes en les couloirs de communication correspondants.
matière de zonage; elles sont complétées par des 5. Evaluer approximativement les diverses
études à long terme (sur l’envasement, par ex.) configurations possibles, en fonction de
l’économie de transports, de l’investissement
Tâche 4 - Analyser le rôle du port tel qu’il est
initial et de la souplesse de fonctionnement.
déterminé par l’autorité nationale
6. Etablir un plan de zonage pour la solution
En l’absence de plan national, il pourra être retenue.
nécessaire d’analyser le rôle du port sur le plan 7. Tracer des cartes bathymétriques pour le zonage
local, en présentant les résultats de l’analyse à titre adopté, correspondant aux phases successives
de projet. de chaque scénario d’exécution.
Tâche 5 - Déterminer les besoins à long terme en Tâche 8 - Calculer le coût estimatif de chaque
terrains pour chacune des phases prévues terminal ou groupe de postes à quai
Pour chaque courant de trafic résultant de la 1. Déterminer l’évolution probable des terminaux
définition du rôle du port : ou des groupes de postes à quai, dans chaque
1. Revoir les caractéristiques de chaque catégorie partie du plan de zonage, pour chaque scénario
de trafic (transport, stockage, tonnage et tirant d’exécution.
d’eau des navires, incidences 2. Calculer le coût estimatif de chaque
environnementales). aménagement de terminal.
2. Revoir les plans et les possibilités de N.B. - Bien qu’il soit difficile d’obtenir ces
développement industriel de la zone portuaire. estimations, il importe de fixer un chiffre indicatif,
3. Calculer la superficie globale des terrains même très approximatif. En effet, sans ces chiffres,
nécessaires pour l’ensemble des cargaisons il sera impossible d’établir un plan
susceptibles de transiter à long terme d’investissements à long terme, qui est
4. Evaluer la superficie des terrains nécessaires indispensable pour déterminer si le plan directeur
pour le développement industriel à long terme est réalisable ou non.
de la zone portuaire. 3. Présenter les résultats sous forme de tableaux.
5. Evaluer la superficie des terrains nécessaires
pour les activités auxiliaires (logement, Tâche 9 - Etablir le projet de plan directeur et le
administration) dans la zone portuaire. faire approuver
6. Présenter sous forme de tableau les besoins en
terrains, pour chaque phase et chaque courant de Le plan directeur devrait inclure :
trafic. a) Les prévisions à long terme et leur justification;
b) Les cartes de planification;
Tâche 6 - Déterminer les besoins à long terme en c) Les incidences de l’investissement.
plans d’eau et chenaux d’accès
Pour chaque courant de trafic, calculer La préparation du plan peut s’organiser comme
approximativement les plans d’eau et les suit :
Chaque année,
3. Etudes techniques
4. Rôle du port
1. Analyse du trafic 2. Prévision du trafic 5. Besoins en terrains
8. Dimensions et coûts
des terminaux
Décision
11.Système de commande
pour le démarrage de projets
Comme les besoins en superficie dépasseront le cadre du port actuel, le planificateur doit
décider quelle configuration des extensions conviendrait le mieux au trafic prévu. Certes, il
pourrait toujours essayer de gagner des superficies par un rationalisation de l’agencement du
port actuel mais cela sera, dans la plupart des cas, insuffisant et il faudrait aussi examiner les
possibilités de dragages et de remblayages pour la création de nouvelles superficies, dans le
cadre général des configurations de ports présentées dans le module 2 du cours sur la Gestion
moderne des Ports.
CNUCED - «La gestion moderne des ports » - Certificat de gestion portuaire pour cadres 77
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LA GESTION COMMERCIALE ET ECONOMIQUE MODULE 6
Dans un port, on prévoit le trafic futur pour que les plans de développement puissent
s’adapter à la demande. Afin de pouvoir prendre les meilleures décisions concernant le genre
d’installations futures, la longueur de quai et les superficies à terre nécessaires, il importe de
prévoir :
la nature et le tonnage des marchandises que le port traitera;
la façon dont ces marchandises seront emballées et transportées comme fret maritime;
le nombre, le type et le tonnage des navires qui feront escale au port pour assurer ce trafic.
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LA GESTION COMMERCIALE ET ECONOMIQUE MODULE 6
Des tableaux de prévisions annuelles devraient être préparés par pays ou zone de
chargement et de déchargement et par grandes catégories de fret. Ceux-ci faciliteront le suivi
des trafics dans l’avenir et permettront de savoir à quel moment le trafic réel commence à
s’écarter des prévisions. A son tour, un écart par rapport aux prévisions devrait amener une
analyse des causes, ce qui aidera à réviser les prévisions de même que les plans futurs du port.
Exemple d’une configuration type d’une prévision de trafic pour diverses années
Scénario A Scénario B
CATEGORIES
DE FRET 2004 2005 2006 2007 2010 2015 2004 2005 2006 2007 2010 2015
Déchargements :
Ou pays/zones
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LA GESTION COMMERCIALE ET ECONOMIQUE MODULE 6
La procédure de prévision
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LA GESTION COMMERCIALE ET ECONOMIQUE MODULE 6
probable de l’erreur. Cette évaluation est certes affaire de jugement. Des prévisions ainsi
faites différeront selon ce que leurs auteurs estiment raisonnable. L’incertitude en matière de
prévision provient surtout de l’apparition de facteurs nouveaux, ce que les techniques
mathématiques ne peuvent prévoir.
La prévision du trafic est un art qui exige beaucoup du planificateur. Dans certains
pays qui manquent de moyens et d'expérience en ce domaine on fait appel à des consultants
extérieurs pour établir une prévision mais dans le cas où le planificateur lui-même souhaite
effectuer ses propres prévisions, la liste suivante des choses à faire et à ne pas faire peut être
utile.
Il faut s’entretenir avec les usagers du port de leurs plans futurs, notamment des
changements en matière de technologie, de conditionnement et de groupage des
marchandises et de logistique au sens plus ou moins large.
Il ne faut pas oublier qu’une sous-évaluation du trafic pourrait être plus coûteuse
qu’une surévaluation.
Il faut prendre l’avis du directeur du trafic du port.
Il ne faut pas croire sans bonnes raisons qu’une tendance passée persistera dans
l’avenir.
Il faut consacrer plus de temps à rechercher les événements futurs probables qu’à
étudier les tendances passées.
Il ne faut pas éliminer des prévisions un trafic simplement parce qu’il n’est pas tout à
fait certain. Informer l’organe responsable de l’investissement de toutes les
possibilités; c’est à lui de décider des risques à courir.
Il faut préparer des prévisions séparées pour le trafic en transit vers les pays voisins.
Ce trafic est soumis à des formalités différentes, les redevances et les besoins
d’entreposage en ce qui le concerne sont différents et il peut ne pas évoluer de la
même manière que le trafic national.
Il ne faut pas utiliser des techniques mathématiques perfectionnées pour déduire des
tendances précises à partir d’états du trafic. Il est fort peu probable que les données
soient suffisamment homogènes ou constantes pour justifier cet effort.
Il faut établir des tableaux séparés pour le trafic de transbordement. Ce trafic n’évolue
pas comme le trafic normal et peut se modifier rapidement, car il est très volatil.
Il ne faut pas perdre son temps à chercher à évaluer l’élasticité de la demande des
services portuaires.
Il faut établir une classification suffisamment détaillée des cargaisons de façon à
n’avoir qu’un faible pourcentage sous la rubrique « divers ».
Il faut revoir périodiquement quels types de marchandises peuvent être conteneurisées,
car il se produit des modifications chaque année, qui vont vers une généralisation
toujours croissante de cette technique.
Il ne faut pas tenter de deviner le poids moyen de marchandises par conteneur.
Evaluer ce poids d’après la connaissance que l’on a du type de marchandises
transporté.
Il faut tenir un registre complet du trafic et introduire un système de vérification
régulière des statistiques clés afin de déceler tout écart par rapport aux prévisions.
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PROJET DU PORT
Prévisions de trafic
Plan de développement
Plan d'actions
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LA GESTION COMMERCIALE ET ECONOMIQUE MODULE 6
La recherche des avantages et des coûts impliqués dans l’exécution d’un projet devra
être aussi exhaustive que possible, tout en évitant l’écueil de leur duplication. Il n’est pas
possible d’établir une liste générale des éléments de coûts et d’avantages à prendre en
considération dans un exercice d’évaluation. Chaque investissement présente ses particularités
fonctionnelles et physiques. On peut seulement donner ici un certain nombre d ’exemples de
ce qui peut constituer, soit un coût, soit un avantage. En soulignant cependant la nécessité de
se poser au préalable la question : A qui va profiter le projet et de dérouler en conséquence le
fil des diverses conséquences de l'investissement. Par ex : approfondissement d'un chenal,
accueil de plus gros navires, économies d'échelle, baisse des coûts, impact sur les frêts,
répercussion sur les usagers, etc.
d) Des coûts externes mesurables à rechercher dans les mêmes directions que les
économies externes dont on fera état ci-dessous.
e) Des coûts externes non mesurables ou intangibles que l’on identifiera pour mémoire
et qui se rapportent à la qualité de la vie : il s’agit par exemple de la pollution apportée par
l’implantation d’un port à une zone auparavant affectée aux loisirs.
L’évaluation des coûts externes constituera la partie la plus délicate de l’étude. Elle
s’avérera d’autant plus nécessaire que l’investissement portuaire sera de plus grande
dimension : on peut alors s’attendre que les répercussions négatives sur les activités existantes
soient plus marquées; car, sur le plan des trafics initiés, des coûts de sur-utilisation ou de
sous-utilisation pourront être entraînés dans des secteurs complémentaires et, sur le plan des
facteurs de production, la réalisation d’un projet portuaire implique l’immobilisation de
capitaux très importants qui, parce qu’ils auront été soustraits à des emplois alternatifs,
entraînera une augmentation des coûts des biens à la fabrication desquels ces capitaux
auraient pu être affectés.
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LA GESTION COMMERCIALE ET ECONOMIQUE MODULE 6
L’économie maritime
Au niveau de l’économie maritime, l’investissement portuaire aura normalement pour
conséquence d’accroître la productivité des navires, soit en accélérant la rotation des navires,
soit en permettant le recours à des technologies nouvelles, soit en donnant l’accès à des
navires de plus grande dimension. Dans chacun de ces trois cas, des baisses de coûts seront
obtenues et l’on devra les estimer. Ainsi, la création d’un quai nouveau permettra de réduire le
temps d’attente des navires : si cette réduction est de deux jours et si le coût par jour d’un
navire type est de 15000 dollars, le bénéfice annuel sera équivalent à 30000 dollars, que
multiplie le nombre de navires desservant le port par année. De même, les économies
d’échelle liées à des navires de plus grande dimension auxquels l’approfondissement d’un
chenal donne accès seront évaluées en fonction de l’importance du trafic annuel concerné.
Enfin, l’ouverture d’un terminal à conteneurs doit en principe accroître la productivité globale
du transport maritime, car, en dépit d’un prix d’achat plus élevé et du coût additionnel
constitué par les jeux de conteneurs nécessaires à l’exploitation du navire, un porte-conteneurs
offrira une capacité de transport par année de trois à dix fois supérieure à celle d’un navire
conventionnel suivant la longueur du parcours maritime, ce facteur compensant largement le
premier.
L’économie portuaire
L’économie portuaire constitue le deuxième domaine d’investigation. L’attention se
portera sur l’administration portuaire et sur les entreprises dont l’activité s’exerce à l’intérieur
de la zone du port : manutentionnaires, transitaires, compagnies de remorquage, la longueur
de leur liste dépendant des attributions que se réserve l’administration publique. Les effets de
l’investissement seront analysés, selon qu’il s’agit d’un investissement de capacité ou d’un
investissement de productivité. Ainsi, l’extension des capacités portuaires pourra réduire les
coûts de la manutention : par exemple en limitant les distances d’extraportage, ou encore en
réduisant les contraintes de stockage intensif sur un espace raréfié, ou enfin en diminuant la
proportion des heures supplémentaires, des heures de nuit ou des primes de productivité qui
seront d’autant plus élevées que le taux brut d’occupation des postes à quai sera plus élevé.
Pour les investissements de productivité, tels que l’ouverture d’un terminal à conteneurs, des
gains de productivité seront à mesurer au niveau des coûts d’infrastructure par tonne et à celui
des coûts d’équipement et de matériel de manutention. Il faut noter que les effets peuvent se
combiner, ce qu’une analyse des systèmes concernés devra déterminer.
Il peut se faire aussi qu’un nouvel investissement rende désormais inutiles certaines
dépenses d’entretien dans une partie du port désormais désaffectée; d’autre part, sur un plan
plus fondamental, l’investissement qui augmente l’intensité capitalistique entraînera
corrélativement une réduction relative des coûts d’exploitation. Ainsi, du temps des wharfs, le
système portuaire imposait une double manutention des allèges faisant la navette entre le
navire en rade et les installations à terre. L’intérêt de construire des ports en eau profonde a
consisté justement dans la disparition de ces coûts élevés d’exploitation.
L’économie de la distribution
L’économie de la distribution constitue le troisième domaine de recherche. Il s’agira
de s’interroger sur les conditions économiques du transport des marchandises entre le port et
sa destination ou son origine intérieure et de l’impact de leurs changements en relation directe
avec le projet sur les paramètres de commercialisation du produit. L’analyste devra faire
preuve de suffisamment de sagacité pour prévoir les conséquences les plus marquantes.
Quatre types de questions seront posés :
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LA GESTION COMMERCIALE ET ECONOMIQUE MODULE 6
a) Le projet a-t-il une influence sur la distance intérieure que la marchandise doit
couvrir, la distance elle-même étant appréciée conjointement aux aspects économiques et
notamment aux coûts de transports correspondants? Il peut se faire que la création d’un port
raccourcisse la distance à parcourir.
b) Le projet a-t-il une influence sur les coûts de stockage? Cette influence peut être
négative ou positive. Dans les transports de pétrole, l’accroissement de la taille des pétroliers
a été accompagnée de coûts de stockage supplémentaires au port en raison de la moindre
fréquence des escales des grands navires et des nécessités d’une manutention rapide. A
l’inverse, la réduction des temps de trajet par l’adoption des nouvelles technologies de
transport ou la disparition d’un état chronique d’encombrement portuaire seront sources
d’économies supplémentaires car elles permettent de réduire et même de supprimer les stocks
de sécurité destinés à faire face aux variations aléatoires de la demande.
c) Le projet a-t-il une influence sur la balance commerciale? Un renforcement de la
compétitivité des produits d’exportation, voire la commercialisation de nouveaux produits et
la baisse des coûts d’importation entraîneront un surplus que l’on cherchera à mesurer.
d) Le projet a-t-il une influence sur le régime de marché? Si un pouvoir de monopole
s’en trouvait atténué ou même annihilé, le bénéfice social résultant de prix plus concurrentiels
devrait être compté.
L’économie de la production
L’économie de la production constitue le quatrième domaine de la recherche. On
tiendra compte des potentialités offertes par l’investissement portuaire au secteur de la
production. Il y a en particulier deux facteurs dont le coût peut se trouver réduit à la suite de
l’amélioration d’un port. Sous certaines conditions, le coût du capital sera plus faible si une
amélioration de la balance commerciale vient réduire la pression sur le cours de change de la
monnaie nationale. D’autre part, l’entreprise absorbe pour sa production des biens
intermédiaires et acquiert des équipements qui, en cas d’importation, reviendront moins cher.
Ces deux facteurs seront positivement affectés par un investissement portuaire réducteur des
coûts de passage. L’élévation concomitante de l’efficacité marginale du capital ouvrira des
perspectives nouvelles à l’investisseur et il s’ensuivra une élévation du niveau de la
production qui, dans la mesure où elle est clairement identifiée comme consécutive à
l’investissement portuaire et non susceptible d’être atteinte par d’autres voies, devra être
incorporée à l’évaluation. Dans les pays en développement, les effets d’entraînement sur
l’économie de l’amélioration des ports sont ce que les planificateurs visent au premier chef :
les écarter du calcul risquerait d’aboutir à une sous-évaluation des avantages et à un sous-
dimensionnement du projet dont l’économie pâtirait. Dès que l’on considère que le taux de
croissance de l’économie dépend du taux d’épargne, on peut assimiler toute économie de
transport à une source d’épargne supplémentaire et donc à une augmentation en puissance du
taux d’épargne national, généralement très bas, ce qui limite les possibilités d’investissement.
Des considérations relatives à l’aménagement du territoire et aux effets induits, directs
ou indirects, sont importantes.
L’économie sociale
L’économie sociale constitue le dernier domaine où devra s’exercer la sagacité de
l’analyste. Les objectifs sociaux ne sauraient être oubliés et en particulier, on perçoit mieux
aujourd’hui qu’un choix fondamental est à faire entre le mieux-être et le « plus-être ». On se
trouve ici dans un domaine où le subjectif l’emporte sur l’objectif et où une quantification
s’avérerait sinon impossible, du moins très sujette à caution. Les projets devront plutôt être
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classés au regard de ces effets suivant une technique ordinale du genre : impact très positif,
neutre, négatif et très négatif; quant aux cas visés, il pourra s’agir de façon non limitative de la
pollution de l’eau et de l’air, de la pollution par le bruit, de l’impact sur l’attrait touristique, de
l’impact sur le bien-être des travailleurs du port, du changement entraîné sur les mentalités :
nombreuses sont les économistes pour qui le transfert technologique, la diffusion des
connaissances et l’inoculation d’un esprit d’entreprise aux populations locales n’est pas le
moindre bénéfice à attendre d’un investissement dans les pays en développement, quoique
difficilement mesurable.
Tels sont donc les cinq domaines où l’analyste recherchera les effets de
l’investissement portuaire. Mais il devra reconnaître le caractère un peu artificiel du
découpage établi, et qui n’a d’autre fin que de permettre un repérage plus systématique. Les
interférences sont multiples et certains effets qui prennent naissance ici se répercutent là.
Considérer chaque stade successif de la recherche sans tenir compte des autres comporterait le
risque de compter deux fois la même chose. Pour se prémunir contre ce risque, des
précautions sont à prendre. On entre ici dans le domaine de la technique d’évaluation
proprement dite.
L’actualisation
On commencera par calculer, année par année, le flux monétaire net que
l’aménagement devrait créer pendant toute sa durée utile et qui est, pour chaque année, la
différence entre les avantages et les coûts, tous deux exprimés en termes monétaires. Ce flux
net est ensuite actualisé et ramené ainsi à sa valeur actualisée nette. Une telle opération est
indispensable si l'on veut pouvoir additionner les valeurs exprimant les avantages (ou les
coûts) qui ont été constatés pour des années différentes. Ainsi si je dois bénéficier d'une
rentrée d'argent de 1 000 € cette année et d'une rentrée identique de 1 000 € dans dix ans, il est
évident que la première a plus de valeur pour moi que la deuxième qui est entachée
d'incertitude. La technique de l'actualisation fait disparaître cette différence en appliquant aux
valeurs enregistrées chaque année un coefficient, le taux d'actualisation, qui va agir comme le
fait un taux d'intérêt, en réduisant les valeurs escomptées dans le futur d'une manière d'autant
plus grande que l'horizon est lointain. A cet effet, il existe des tables d’actualisation que peut
employer le planificateur. Prenons un exemple. Si le taux d’actualisation est de 10%, un flux
net de 100 000 dollars pour la cinquième année de service de l’aménagement aura une valeur
actualisée de 62 100 dollars puisque le facteur d’actualisation est de 0,621. Cela revient à dire
qu’un investissement de 62 100 dollars rapportant 10% d’intérêt aurait une valeur de 100 000
dollars cinq ans plus tard.
Lorsqu’il s’agit de calculer la rentabilité commerciale, le taux d’actualisation à
employer est le taux d’intérêt du marché. Toutefois, lorsqu’on calcule la rentabilité
économique pour le pays, le taux d’actualisation approprié est plus difficile à définir en raison
de l’incidence de facteurs sociaux. Le choix du taux d’actualisation est une question de
politique nationale. On peut obtenir auprès des instances nationales une indication sur le taux
d'actualisation à appliquer.
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Le premier mode consiste à dégager ce qui reste à l’investisseur des recettes perçues
après qu’il a assumé les charges d’exploitation. Ce bénéfice net (colonne 3) est ensuite
actualisé pour chaque année selon un taux donné, ici 11%. Il faut se garder de l’erreur qui
consisterait à incorporer l’amortissement : le coût de substitution du capital qu’il recouvre est
déjà pris en compte par la technique de l’actualisation. La VAN ici est la différence entre le
total de la colonne 4 et la valeur initiale de 1000, ce qui donne 3,03.
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Le deuxième mode donne un résultat identique. On intègre aux coûts les annuités
d’amortissement du capital (colonne 5). Ensuite, on dégage les excédents ou déficits entre ces
annuités et les bénéfices nets (colonne 5 - colonne 3). Ce chiffre est alors actualisé pour
chaque année au même taux donné. Dans cet exemple, le projet est acceptable car le résultat
est positif.
Le taux de rentabilité interne
Cette méthode consiste à calculer le taux d'actualisation qui permettra d'équilibrer les
bénéfices et les coûts sur l’ensemble de la durée d’existence d’un projet. Par rapport à la
méthode précédente, la différence essentielle réside en ce que le taux d’actualisation est le
résultat du calcul, alors qu’il en constitue le moyen dans l’autre cas; l’un s’exprime comme un
ratio, reflétant le coût de substitution du capital affecté à un projet spécifique, l’autre comme
le bénéfice net retiré d’un projet, son calcul étant fondé sur un taux d’actualisation, reflet des
caractéristiques d’emploi du capital extérieures au projet.
Le but est de rechercher le TRI pour lequel la valeur actualisée nette devient égale à
zéro. La seule démarche possible est celle du calcul par approximations successives, obéissant
aux principes suivants :
choisir un taux vraisemblable et calculer la valeur actualisée nette ;
si celle-ci est positive, on refera le calcul avec un autre taux d’autant plus bas que la
valeur nette précédemment trouvée aura été plus élevée ;
l’opération sera répétée jusqu’à ce que l’on parvienne au taux pour lequel la valeur
actualisée nette devient égale à zéro.
En résumé, le TRI est le taux d’actualisation auquel la valeur actualisée des avantages
est égale à la valeur actualisée des coûts. Si le TRI d’un projet dépasse le taux de rentabilité
requis, dénommé généralement taux limite, le projet peut être accepté ; dans le cas contraire,
il est à rejeter.
Le taux de rentabilité interne comporte un avantage sur la valeur actualisée nette.
Celle-ci, lorsqu’elle est positive, signifie que le projet en question a un rendement au moins
équivalent à ce qui peut être jugé comme le taux minimal que l’investissement alternatif
garantit dans l’économie. La valeur actualisée nette ne permet cependant pas de savoir si ce
projet est très productif, productif ou médiocrement productif. Autrement dit, elle ne permet
pas d’établir un classement entre investissements alternatifs de montants différents présentant
tous une valeur actualisée nette supérieure à zéro. Or, le choix de l’investissement le plus
productif s’imposera d’autant plus que la contrainte budgétaire sera plus accusée. On peut
comprendre que, entre deux projets dégageant la même valeur actualisée de 1 million mais
dont l’un aurait nécessité un investissement de 20 millions et l’autre de seulement 10 millions,
l’intérêt commanderait de choisir le second. Par le taux de rentabilité interne, le classement
des projets devient possible. Un autre grand avantage de la méthode du TRI, c'est qu'elle
n'impose pas d'obtenir une estimation du taux d'actualisation en vigueur dans le pays, ce qui
n'est pas toujours aisé et donne lieu souvent à des approximations.
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Pourcentage
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rentable et que l’autre ne l’est pas. Il faut étudier séparément la justification économique et la
viabilité financière de chaque type d’installation. On ne pourra pas toujours éviter que l’une
subventionne l’autre, mais, avant de s’y résoudre, il importe d’examiner les méthodes
permettant d’obtenir la contrepartie financière des avantages économiques, qui consisteront
généralement en un ajustement des tarifs.
Dernière remarque, lorsque les études de rentabilité économique d'un investissement
portuaire donnent des résultats éloignés de ceux des études de rentabilité financière du même
investissement on doit analyser cet écart et essayer d'en comprendre la raison. Si l'analyse
financière donne des résultats nettement inférieurs à l'analyse économique on peut s'interroger
sur le niveau (et la structure) des tarifs correspondants. D'autres facteurs peuvent expliquer de
tels écarts. Par exemple, un investissement peut procurer des avantages à des personnes qui ne
sont pas des clients du port. Tel est le cas par exemple d'un investissement pour les navires de
croisière qui vont amener des clients aux restaurants, bars, etc. de la ville (qui eux ne sont pas
des clients du port).
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A. Notions de base
Investisseurs
Zone de contact
Zone interne
Eta
Ce schéma fait apparaître deux zones pour l'entreprise symbolisée ici par un cercle à
l'intérieur duquel est identifié un carré :
zone de contact avec l'environnement (partie coloriée) : L'entreprise s'insère dans un
processus économique entre un marché d'amont (fournisseurs) et un marché d'aval (clients);
elle a des relations avec des apporteurs de capitaux et avec l'Etat, qui définit les règles
juridiques sur lesquelles se fondent ces relations. Celles-ci sont le plus souvent contractuelles
et elles se concrétisent par des échanges monétaires immédiats ou différés : achats, ventes,
emprunts, impôts, etc.
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zone interne : C'est dans cette zone que s'exerce l'action de production de
l'entreprise; les responsabilités y sont d'un autre ordre; elles mettent en cause des éléments
physiques (énergie, matière, travail, etc.) elles s'apprécient par des calculs de rendements
élémentaires et de productivités techniques;
Cette distinction entre des zones et des préoccupations de nature différente se retrouve
dans l'organisation de la comptabilité où l'on distingue :
a) Une comptabilité "générale", ainsi dénommée parce qu'elle correspond à la zone des
contacts extérieurs, c'est-à-dire à l'ensemble de l'entreprise. Elle rend compte de la
situation patrimoniale active et passive de l'entreprise en faisant apparaître tous ses avoirs
et toutes ses dettes, ainsi que ses résultats d'exploitation.
b) Une comptabilité "analytique" correspondant à la zone interne et dont les objectifs sont :
i) de faire apparaître les éléments pouvant contribuer à la détermination des prix
de vente ou au contrôle de leur rentabilité et de fournir des éléments
justificatifs de facturation d'objets de produits ou de services;
ii) de permettre l'examen des conditions internes de l'exploitation par l'analyse des
charges d'exploitation et l'observation de leur évolution et par la comparaison
de ces charges à des prévisions ou à des normes préétablies, l'analyse des
écarts et la recherche de leur causes;
iii) de fournir à l'entreprise des bases d'évaluation de certains éléments de son
actif : immobilisations, stocks, travaux en cours, etc.
Durant des dizaines d’années la Comptabilité Générale a été dans la pratique l’unique
outil de contrôle de la Gestion Economique et Financière. Bien sûr, plus tard, sont apparus de
nouveaux instruments, plus précis tels que la Comptabilité Analytique, le Budget Base Zéro
(B.B.Z), la Gestion par Objectifs, etc… Aucun d’entre eux cependant, n’a réussi à supplanter
la Comptabilité Générale dans sa capacité explicative de la santé économique et financière de
l’entreprise. Rien ne représente mieux la position financière et patrimoniale que le Bilan. Rien
ne profile avec tant de netteté que le Compte de Résultat, la capacité économique à générer
des ressources adaptées aux besoins de financement du capital et de financement de la
croissance. Il n’y a pas non plus d’expression meilleure que le Compte d'Emplois et de
Ressources pour savoir d'où proviennent les ressources et quelles en sont leurs utilisations. A
tel point, que le succès ou l'échec des décisions adoptées lors de l'application à la gestion de
ces instruments plus fins, doit se mesurer, précisément et fondamentalement, par la forme
selon laquelle évoluent dans le temps ces trois documents comptables.
Ce n'est pas, par conséquent, la survie d'un simple archaïsme qui impose aux
entreprises l'obligation de produire annuellement ces trois documents. Il s'agit de la meilleure
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façon connue à ce jour pour que toute personne puisse disposer d'une photographie globale et
fidèle de la réalité de l'entreprise.
Ce sont de telles raisons qui conduisent à inclure dans tout examen de la gestion
économique, financière et aussi commerciale, un rappel introductif et très général sur les
éléments fondamentaux de la Comptabilité Générale, qui a une quadruple finalité :
Donner une vision globale et simple du rôle que l'économie et les finances jouent dans
l'entreprise, en comprenant son fonctionnement et en permettant de délimiter avec netteté
ces deux secteurs et de comprendre leurs relations mutuelles.
Faciliter l'interprétation correcte des documents comptables (Bilan, Compte de Résultat
et l'Etat d'Origine et d'Emplois des Ressources).
Fournir des connaissances conceptuelles claires sur la comptabilisation et les effets que
produisent dans les documents comptables les différentes opérations économiques ou
financières que réalise l'entreprise.
Se familiariser avec une terminologie élémentaire.
En revanche, cette introduction ne prétend pas entrer dans les secrets de la stricte
technique comptable, entre autres raisons parce qu'il n'y a pas place pour cela, et qu'il ne serait
pas facile d'harmoniser les particularités des Plans Comptables propres à chaque pays et des
pratiques d’analyses comptables propres à chaque port, d'autant plus que cela n'ajouterait rien
d'essentiel à la connaissance du fonctionnement de l'économie et des finances de l'entreprise.
La comptabilité donne des informations au centime près, mais il convient de souligner
que cette précision n'est pas toujours nécessaire pour l'utilisation que l'on fait de l'information
comptable. La comptabilité est basée sur des informations historiques, c'est à dire reflétant
une situation passée de l'entreprise. Elle donne aux clients et fournisseurs de l'entreprise des
informations sur la santé de l'entreprise qui les aideront à mieux évaluer les risques qu'ils
prennent à travailler avec elle. Elle permet de remplir les obligations fiscales et sociales
imposées à l'entreprise. Elle informe les actionnaires quand il y en a et permet d'effectuer les
contrôles prévus par la loi.
La comptabilité a cependant des limites. Elle est coûteuse ce qui devrait inciter les
responsables à ne produire que les seules informations comptables dont ils ont besoin. Elle est
exprimée en unités monétaires courantes (et non constantes), et en conséquence ne prend pas
en compte le phénomène de l'inflation. Elle s'adapte mal aux opérations prévisionnelles ou
échelonnées dans le temps. En fait la comptabilité est faite pour les échanges à caractère
définitif.
Toute comptabilité doit être sincère, fidèle et régulière. Elle donne une image aussi
objective que possible de la santé financière de l'entreprise, en étant prudente ce qui se traduit
par l'obligation de faire des provisions lorsque qu'il y a un doute sur la valeur d'un bien ou
d'une charge.
La comptabilité est bâtie sur le principe du coût historique, c'est à dire le coût
d'acquisition d'un bien ou son coût de production, ou sa valeur vénale s'il s'agit d'un don.
Toute compensation qui se traduirait par des manipulations des chiffres est interdite. Il y a en
comptabilité une permanence dans les règles et procédures et une totale séparation des
opérations de chaque exercice.
Le droit comptable est élaboré dans chaque pays selon des cheminements divers.
Ainsi, en France, le droit comptable provient des origines suivantes :
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Au Gabon, l'office des Ports et Rades du Gabon (OPRAG) a fait l'objet d'une réforme
financière et comptable pour tenir compte de la mise en place d'une TVA au Gabon et de la
suppression de régimes fiscaux dérogatoires. Cette réforme s'est effectuée en appliquant les
normes nationales légales en la matière et celles approuvées par l'organisation régionale de
coopération africaine et malgache (OCAM).
On notera que la comptabilité est une source privilégiée d'informations, non seulement
à l'intérieur du port et pour ses clients, mais encore pour :
- les administrations financières et économiques
- les organismes chargés de la protection sociale
- Le Comité d'entreprise
- Les Commissaires aux Comptes
- Le public (Greffe du tribunal de Commerce)
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l'on ne se défait jamais. C'est pourquoi, l'on additionnera toujours la même quantité des deux
côtés, ou l'on retranchera la même quantité des deux côtés, ou l'on additionnera et retranchera
la même quantité du même côté. (Principe de la partie double).
Nous avons donné du Bilan de l'entreprise et des éléments essentiels qu'il intègre, une
présentation très simple, de façon que le plus complexe des bilans que nous rencontrons
puisse être réduit, par simple regroupement, à un bilan comparable, avec deux composants de
l'Actif (Actif Immobilisé et Actif Circulant) et trois composants du Passif (Non Exigible,
Exigible à Long Terme, Passif Circulant).
Par pure convention, les éléments de l'Actif se placent toujours à gauche et les
comptes qui le composent s'inscrivent dans les livres comptables également à gauche et sous
la rubrique "DEBIT". Comme meilleure règle mnémotechnique on pourrait retenir que "ce
qu’a l'entreprise" (les éléments de l'actif), elle l'a "grâce à", ou "elle le doit" aux créditeurs à
court ou long terme et aux propriétaires de l'entreprise, éléments qui constituent le Passif et
qui se placent toujours à droite, sous la rubrique "CREDIT". En définitive, à droite, dans le
Passif (en Crédit) nous avons l'origine des ressources dont dispose l'entreprise (propres ou
étrangères), tandis qu’à gauche, dans l'Actif (en Débit), se trouve la "Matérialisation" de
celles-ci en biens et droits.
Enfin, nous nommerons l'ensemble des capitaux propres et de l'Exigible à Long Terme
FINANCEMENT DE BASE, faisant allusion au caractère "durable" de ces ressources
financières.
L'ensemble des éléments constituant les Immobilisations Nettes, ou le Patrimoine Net
et l'Exigible à Long Terme, s'appellera COMPTES DE HAUT DE BILAN. (Graphique 2)
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Tout cela est quantifié monétairement par ses valeurs nettes, c'est à dire, après
déduction de la dépréciation par l'usage, le passage du temps ou l'obsolescence,
l'amortissement des emprunts ou les pertes constatées de valeur même si elles n'ont pas été
réalisées (aliénation du bien ou du droit). En revanche, les augmentations de valeur, malgré le
fait qu'elles puissent apparaître évidentes, ne doivent pas être prises en compte tant qu'elles
n'ont pas été réalisées, excepté les augmentations expressément permises, toujours avec un
caractère très restrictif, selon les lois de chaque pays. (Principe de prudence de la
Comptabilité)
Comme on a pu l'observer, à mesure que l'on descend dans l'Actif, nous avons
enregistré les différents éléments par ordre croissant de leur degré de liquidité.
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Aussi bien pour le Passif Circulant que pour l'Exigible à long terme, s'applique le Principe
Comptable, en vertu duquel les obligations sont comptabilisées à partir du moment même où
est réalisée l'opération qui les génère.
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a) Capital
Représente le versement effectif des propriétaires ou actionnaires de l'entreprise. Dans
les entreprises d'une certaine grandeur, le capital est constitué par des actions qui sont des
titres transmissibles et, dans certains cas, négociables en Bourse. Il existe dans tous les pays,
des limitations légales face au risque de perte du capital de l'entreprise pour réduire la prise de
risque pour les actionnaires.
b) Réserves et Provisions.
C'est la partie du Non Exigible qui provient des bénéfices accumulés durant la vie de
l'entreprise et non répartis entre les actionnaires. Aussi dans tous les pays il existe des
dispositions légales, lors de la répartition des bénéfices, pour que se constituent
"obligatoirement" des Réserves qui augmentent la garantie de l'entreprise face aux tiers. Il
existe en général deux types de Réserves : les légales, exigées par la loi, et les volontaires,
constituées par décision propre à l'entreprise, (généralement pour financer son expansion).
Les Provisions sont des réserves constituées dans un but spécifique, généralement
destiné à la couverture des risques prévisibles ou à l'étalement dans le temps des charges
exceptionnelles ponctuelles ou de périodicité pluriannuelle.
c) Subventions.
Comprennent tous les capitaux reçus de tiers (généralement du secteur public), sans
conditions de remboursement (à fonds perdus).
Nous sommes arrivés de cette manière à établir un Bilan de l'entreprise concrétisé en
cinq catégories de comptes, niveau de division qu'il ne sera pas nécessaire de dépasser
désormais, et qui permet d'analyser facilement le plus complexe des bilans de n'importe quelle
entreprise, en utilisant uniquement les concepts déjà exposés.
Tous les comptes du Bilan sont des comptes permanents de la Comptabilité.
Autrement dit, ce sont des comptes d'actif et de passif qui nous permettent de connaître au
moment où le Bilan est établi, combien possède l'entreprise et à combien s'élèvent ses
obligations. Ceci est une caractéristique fondamentale qui différencie les comptes du Bilan
des autres comptes de la Comptabilité auxquels nous ferons référence plus loin, qui ne font
pas partie du Bilan, et qui sont des comptes "transitoires" dits "de résultat" enregistrant des
"flux", c'est à dire des quantités produites, vendues, achetées, etc. durant une période, par
exemple l'année.
C'est aussi le bon moment pour mettre en avant ce que nous appellerons l'IDENTITE
FINANCIERE FONDAMENTALE (Graphique 7) qui, comme on le verra plus tard, est à la
base de la gestion financière de l'entreprise à moyen ou long terme. Nous l'appelons "identité"
et non "égalité" parce que c'est quelque chose qui se vérifie toujours dans tout Bilan. On
pourrait dire que c'est une égalité inévitable qui fait que le Financement de Base couvre de
manière permanente l'actif immobilisé et le fonds de roulement.
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Nous enregistrerons sous cette appellation toutes les opérations qui se réalisent entre
deux comptes du Bilan (permanents ou "stock"). Ces opérations n'impliquent aucune action de
production, à tel point que théoriquement elles sont même compatibles avec l'inactivité de
l'entreprise. Décrivons quelques exemples :
a) Encaissement
Cette opération consiste à rendre effectif le droit à percevoir une quantité déterminée
"x" d'argent. Cette opération est indépendante du moment où s'est produit un tel droit.
Il est évident qu'au moment où se réalisera l'encaissement, le stock de Créances
diminuera, et dans la même mesure celui des disponibilités augmentera. Dans le Journal on
notera à gauche (Débit) Disponibilités (pour que son solde augmente), et à droite (Crédit)
Créances (pour que son solde diminue). Un moyen "mnémotechnique" : "Qui reçoit, doit...",
"d" comme débit. Donc quand on encaisse, on porte la somme à gauche, au débit du compte
financier (banque ou caisse).
b) Paiement
Cette opération consiste à remplir l'obligation de remettre une quantité "x" d'argent.
Elle est, elle aussi, indépendante du moment où s'est produit une telle obligation.
Cela engendrera la diminution des En cours de paiement (Dettes Fournisseurs), ainsi
que des Disponibilités, le Fonds de Roulement ne variant pas, l'équilibre financier de base ne
se modifie pas non plus.
d) Augmentation du capital
Elle entraîne une augmentation du compte de Capital, avec parallèlement une
augmentation de celui des Disponibilités.
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L'actif circulant augmente, dans la même mesure que le Fond de Roulement, et que le
Financement de Base.
e) Investissement corporel
Accroissement des Immobilisations corporelles et des Créances.
En s'accroissant, le Passif Circulant diminue le Fonds de Roulement, le Financement
de Base restant lui inaltéré. (Il faut signaler que cette opération est généralement
accompagnée ou complétée par une autre qui, préalablement ou postérieurement, augmente le
Financement de Base car il n'est pas acceptable de financer avec les capitaux circulants des
investissements durables).
Nous allons dénommer ainsi les opérations que réalise l'entreprise et qui ont une
traduction comptable dans un compte permanent, de stock ou de Bilan et dans d'autres
comptes transitoires ou de "flux". Comme nous le verrons, il s'agit d'opérations qui
correspondent à l'activité de production dans l'entreprise. Cet activité sera décrite en
comptabilité dans des comptes de charges et de produits qui vont permettre de suivre et de
comprendre la vie et les activités journalières de l'entreprise.
En fin d'exercice ces comptes permettent d'indiquer ce que sont les résultats obtenus
pour la période considérée.
Seront analysés tour à tour les comptes de produits, les comptes de charges, et les
comptes de résultats en prenant l'exemple des ports. Enfin seront détaillées certaines
procédures comptables concernant ces comptes de charges et de produits.
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compte permet de mieux comprendre quelle est la stratégie de l'entreprise (financière mais
aussi commerciale).
Les comptes de charges
Les charges que supporte le port se classent également en trois groupes :
charges d'exploitation
charges exceptionnelles
charges financières
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a) Achats
Opération consistant en l'acquisition de matières premières ou produits semi-élaborés
ou finis qui vont être transformés ou consommés dans le processus de production ou vendus
postérieurement. Il s'agit de biens fongibles ou à vocation de courte durée. L'acquisition de
biens non fongibles avec vocation de longue durée dans l'entreprise serait, en revanche, une
opération financière que nous avions nommée Investissement dans le chapitre antérieur.
En comptabilisant cette opération il apparaîtra tout d'abord une augmentation des en
cours de paiement (Dettes Fournisseurs - compte du Bilan). De nouveau nous allons ici
séparer méthodologiquement et conceptuellement le moment pendant lequel se crée
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passer par les Créances va permettre de "tenir" des comptes courants pour chacun des clients
et de savoir, à tout moment, combien et quand on lui a facturé et combien et quand on a
encaissé.
Analysons maintenant l'écriture de contre passation dans le Journal. S'il s'est produit
une augmentation de l'Actif Circulant (Créance), sans que ne s'altèrent l'Actif Immobilisé et
les Passif circulants et exigible à long terme, il n'existe pas d'autre possibilité que de
compenser par l'augmentation du Non Exigible et plus précisément, des Réserves, puisqu'il
n'y a pas de variation du Capital et ni des Subventions. A la place, nous continuons d'utiliser
l'artifice consistant à "créer" un compte transitoire ou de "flux" que nous appellerons Ventes
et à son crédit (à droite) nous noterons la quantité vendue. Il convient de remarquer encore
une fois que ce compte représente un pur concept, tout comme les comptes substituant
"transitoirement" les Réserves, les droits engendrés par l'opération "n'étant pas" dans les
réserves, mais dans les Créances. Avec cet artifice nous pourrons connaître à tout moment le
volume des ventes de l'entreprise depuis le début de la période.
Une fois enregistrée dans les comptes transitoires ou de "flux" la quantité qu'il y avait
durant la période pour les "produits" (qui ne sont pas des créances mais des générations de
droit) et les "charges" (qui ne sont pas des paiements mais des générations d'obligation), nous
sommes en condition pour évaluer le Bénéfice obtenu par l'entreprise durant cette période
comme différence entre le total des produits et le total des charges (Perte si la dite différence
se révèle négative)
Mais avant tout il est indispensable de mener à bien quelques ajustements, sans
lesquels, on obtiendrait une image fausse du bénéfice ou de la perte résultante. Nous
appellerons ces ajustements "opérations de clôture d'exercice". Dans tous les cas, cette
procédure s'effectue en fin de période, et les ajustements nécessaires sont les suivants :
En premier lieu, nous devrons régulariser les Stocks, qui sont encore au niveau initial de la
période
"i" Stock initial (Charge) à Stock (Actif Circ.) "i"
"f" Stock (Actif Circ.) à Stock final (Charge) "f"
De cette manière, dans le Bilan apparaît comme nouveau solde des stocks la quantité
des stocks qui existe réellement, tandis que, du côté de la charge, nous pourrons faire le
regroupement suivant :
(Stock initial + Achats - Stock final)
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Il est possible que nous "devions" rattacher comme charges de la période certaines
"Provisions".
L'expérience nous apprend que statistiquement un petit, mais certain, pourcentage des
Créances n'arrive jamais à être recouvré du fait de l'insolvabilité des débiteurs. Il paraît
prudent, dans les limites permises par la législation fiscale de chaque pays, que nous
comptabilisions une charge dont la contre passation serait d'agir comme un nombre à
soustraire (généralement explicite sous l'appellation de "Provisions pour clients douteux").
D'autre part, il est fréquent que l'entreprise assume avec une périodicité pluriannuelle,
des charges d'entretien spécial de ses installations. Il peut aussi arriver qu'il faille prévoir dans
le futur des charges occasionnelles de quelque importance. Dans tous les cas, après une
estimation raisonnable de la quantité des charges occasionnelles et de sa périodicité, il paraît
logique d'étaler ses effets en "dotant" à chaque exercice en tant que charge la partie adéquate
correspondante, de manière que, quand de telles charges se produisent, elles ne soient pas
"supportées" exclusivement par l'exercice pendant lequel elles ont lieu, mais par la
"Provision" des périodes antérieures.
Il convient d'attirer l'attention sur une nuance très importante qui différencie Provision
pour clients douteux des autres provisions. Les premières supposent une diminution des
ressources générées et il faut prévoir que plusieurs d'entre elles ne seront jamais effectives.
Les secondes signifient seulement l'attribution d'une partie des ressources générées à des
risques à venir possibles.
L'entreprise ne peut "oublier" que, durant le cours de la période, son stock de capital fixe
(ses immobilisations) a perdu de la valeur parce que du temps s'est écoulé (il a "vieilli"), parce
qu'il s'est usé (il s'est "détérioré"), ou parce que la technologie a conçu des installations et des
équipements plus "productifs" (obsolescence). Pour en tenir compte, nous devons "doter" une
charge, dans les limites légales établies dans chaque pays, dont la contre passation serait d'agir
comme un nombre à soustraire (généralement explicite, sous l'appellation "d'Amortissements
de l'actif immobilisé")
Dans ce cas il n'y a pas non plus de "sortie" de ressources de l'entreprise mais
seulement une diminution de la valeur de l'Actif Immobilisé.
Enfin, après avoir réalisé ces ajustements "raisonnables et légalement permis", le Trésor
Public a généralement l'habitude de "retenir" un Impôt sur le Bénéfice des Sociétés, qui
constitue l'ultime charge de l'entreprise imputable à la période et cette fois avec une réelle
sortie de ressources.
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Nous disposons maintenant d'un ensemble exhaustif des comptes de "flux" qui
recueillent toutes les charges et les produits qui ont été générés durant la période. La
différence entre le total des produits et le total des charges constitue, si elle est positive, le
Bénéfice Net (si elle est négative, la perte).
L'ensemble de ces comptes s'appelle Compte de Résultat ou Pertes et Profits.
L'information se concrétise dans ce Compte, qui permettra de définir l'affectation donnée au
résultat.
Maintenant nous comprenons plus clairement la nécessité de séparer
méthodologiquement et conceptuellement les produits et charges des encaissements et
paiements. Les produits et charges sont la base de l'économie" de l'entreprise. Les
encaissements et les paiements sont de la responsabilité, entre autres compétences, de la
branche financière de l'entreprise (Graphique 9).
Le Compte de Résultat (l'économique) est le reflet de la capacité de l'entreprise à
produire des ressources, et le Bilan (le financier) est l'image de la santé du patrimoine.
Comme nous venons de "le voir" ce ne sont pas des choses indépendantes. La politique se
définit dans le Bilan et s'exécute dans le Compte de Résultat.
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Avec ce que nous avons vu jusqu'à présent, nous sommes en situation d'être capables
de comprendre la comptabilité de l'entreprise. Et, surtout, nous sommes en situation
d'interpréter les documents comptables, de délimiter ce qui est "économique" de ce qui est
"financier", de comprendre leur interrelation.
Elle a pour but l'élaboration d'indicateurs qui permettront de mieux gérer l'entreprise.
Ces indicateurs ou ratios sont obtenus en mettant en relation des agrégats comptables extraits
donc des documents comptables déjà présentés et complétés par d'autres informations sur
l'entreprise (personnel, etc.). Ces indicateurs ou ratios peuvent être regroupés en trois grandes
catégories : les ratios de rentabilité, de financement et de trésorerie.
Frais de personnel Les frais de personnel pèsent plus ou moins lourd dans
Valeur ajoutée la valeur ajoutée. Il est intéressant pour l'entreprise que
ces frais aillent en décroissant.
Il est souhaitable que le poids de l'EBE soit important et aille en croissant, par rapport à la
valeur ajoutée.
Frais financiers
Selon les résultats obtenus on peut évaluer le poids des
Chiffre d'affaire frais financiers dans la vie de l'entreprise. Il est
souhaitable que ce ratio ne soit pas supérieur à 6%.
Les indicateurs peuvent être présentés sous une forme graphique qui facilite la lecture
et l'interprétation.
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La présentation de ces ratios peut être effectuée sous une forme graphique pour
faciliter la lecture et la compréhension.
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A souligner que les banques et organisations de financement analysent de très près ces
indicateurs et notamment ceux qui indiquent le niveau d'endettement du port ainsi que sa
capacité d'autofinancement et de profitabilité. Si ces chiffres ne sont pas bons, il sera alors
exigé, avant d'accorder un prêt, de présenter des garanties importantes, notamment celle de
l'Etat. Il est important que la tendance générale montre qu'il y a une volonté d'améliorer les
résultats, car il peut toujours y avoir une mauvaise année accidentelle.
La mise en œuvre de cet outil de gestion suppose la construction d'un réseau d'analyse
qui permette, selon une périodicité qui aura été définie à l'avance, de regrouper charges et
produits selon des conventions préétablies.
Les méthodes d'analyse sont nombreuses et présentent bien entendu aussi bien des
avantages que des inconvénients ! (méthode des coûts variables; méthode du coût direct;
méthode de l'imputation rationnelle des charges fixes; analyse fonctionnelle; ACTIVITY
BASED COSTING, etc.). La méthode la plus communément répandue reste encore
aujourd'hui, même si elle est relativement complexe, et souvent discutée, celle des coûts
complets.
Sans rentrer dans le détail de la technique nous aborderons tour à tour le réseau
d'analyse qui doit être mis en place, puis les étapes qui doivent être suivies lors de la mise en
œuvre avant de donner quelques exemples de comptabilité analytique empruntés à des ports
français.
Charges et produits d'une même période doivent faire l'objet de regroupements par
destination.
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Ainsi par exemple dans la méthode des coûts complets il va falloir distinguer les
charges de l'entreprise entre celles directement liées à un produit et celles communes à
plusieurs produits. Cette méthode va nécessiter la constitution de centres d'analyse, c'est à dire
la création de divisions de l'entreprise dans lesquelles les charges communes à plusieurs
produits vont venir s'imputer, selon des clefs de répartition.
Passage des dépenses indirectes par des centres d’analyse ou centres de responsabilité (ou
centres de cessions de prestations)
Ces centres sont le plus souvent définis par référence à l'organigramme de l'entreprise
qui précise pour chacune des grandes fonctions, les différents organes, les responsables et le
rôle rempli...
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Au total le recours à l'outil informatique vient faciliter la mise en oeuvre de ces constructions
souvent complexes. Il convient cependant de ne jamais tomber dans le travers du
perfectionnisme qui peut aboutir à des résultats certes justes, mais inexploitables...
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conteneurs (5 ateliers) :
Atlantique (COAT)
Europe (COEU)
Océan (COOC)
Amériques (COAM)
Asie + Osaka (COAO)
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Les deux premiers documents sont destinés aux gestionnaires et utilisés pour la gestion
des services.
Le dernier document est plutôt destiné à la Direction Générale et au Conseil
d'Administration.
Ce document synthétique regroupe l'ensemble des prix de revient en 13 sites ; 7 pour
les bassins Est et 6 pour les bassins Ouest. A cela s'ajoute un tableau récapitulatif des activités
hors exploitation, afin qu'un rapprochement avec la comptabilité générale puisse être fait.
Chaque tableau est construit selon le même schéma. On y distingue trois niveaux de
résultats :
le résultat brut d'exploitation directement généré par l'activité du site. Les produits sont
composés des droits de port, des taxes d'outillage et des produits du domaine. Les charges
regroupent les dépenses de grosses réparations ainsi que les autres charges de
fonctionnement.
le résultat net d'exploitation inclut les autres produits (participation de l'Etat sur les
infrastructures au titre du chapitre 44-34 qui vise les dépenses d’entretien des accès
portuaire, divers autres produits et les quotes-parts des subventions d'équipement) et les
autres charges d'exploitation (les dotations aux amortissements des immobilisations du
site et les frais financiers).
le résultat net global est à proprement parlé un résultat complet, élargissant les notions
précédentes afin d'y intégrer les frais d'administration générale, les provisions sur les
créances des clients du site et le coût des services au bénéfice de l'exploitation.
Ainsi pour chaque activité du port et d'une manière simple il est possible de mettre en
évidence les marges dégagées avec les conséquences sur la politique tarifaire.
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Devant la complexité croissante de la gestion des entreprises sont nées trois sortes de
préoccupations :
suivre de plus près l'évolution de l'entreprise dans son milieu économique;
Augmenter la rapidité de réponse de l'entreprise aux sollicitations et aux contraintes de
l'extérieur,
Décentraliser la gestion puisqu'on constate de plus en plus que les décisions ne peuvent
plus être prises par un seul homme et qu'on décide, en fait, à de nombreux niveaux.
La solution des deux premiers points dépend étroitement de la manière dont sera
résolu le troisième car chaque responsable sera d'autant plus disponible pour étudier les
décisions de son propre ressort qu'il sera libéré du souci des décisions à prendre par ses
subordonnés : au sommet de la hiérarchie, le Directeur Général pourra suivre l'évolution de
l'entreprise dans la situation économique générale et se consacrer à l'étude des grandes options
et aux prises de décisions fondamentales.
Cette décentralisation est aussi humainement souhaitable car elle permet au maximum
d'hommes de participer au pouvoir économique par l'initiative et la responsabilité.
Mais cette efficacité ne pourra être atteinte que dans la mesure où les décisions des
différents responsables seront mieux préparées.
Le contrôle de gestion correspond à un effort de rationalisation et d'introduction de
l'esprit scientifique dans la gestion, il a pour but de donner aux responsables les outils qui
concourent à la préparation de leurs décisions.
Les caractéristiques essentielles du contrôle de gestion sont :
(a) une vision très claire des objectifs poursuivis
Cela repose sur la définition d'objectifs :
clairs et précis
réalistes (atteignables...)
compatibles entre eux et coordonnés
peu nombreux pour un même individu
significatif pour l'individu (personnalisé...)
partagés (adhésion...) ou bien expliqués Ce préalable de la définition des objectifs est
fondamental car il va permettre :
la coordination
la programmation
la supervision
le contrôle de l'efficacité des opérations c'est un moyen de "manager"
l'engagement personnel
la motivation
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la prise de responsabilités
Tels sont dans l'idéal les moyens nécessaires à l'exercice d'un contrôle de gestion
efficace.
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Dans le cadre d'une orientation globale de l'entreprise à moyen terme sont établis les
programmes détaillés de l'année suivante. A ce stade, des discussions sont nécessaires
pour confronter les différents programmes; le sont également les études économiques
ou financières pour estimer les conséquences financières des décisions possibles.
Ces programmes sont ensuite valorisés par l'intermédiaire de normes, de prix
d'ordre, de coûts standards, de modèles et prennent la forme de prévisions de recettes
et de dépenses.
Les budgets fixes et multiples constituent les charges de structure, les budgets
variables, les charges d'exploitation.
On retrouve ici l'intérêt de cette distinction énoncée plus haut, qui permet de discerner
plus aisément l'incidence du niveau d'activité sur les résultats.
Si cet écart est considéré comme anormal, il doit faire l'objet d'une analyse assez
poussée de façon à essayer d'y voir clair.
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Certaines erreurs sont à éviter, et mieux vaut ne pas disposer de contrôle de gestion
que d'avoir un dispositif qui présenterait les caractéristiques suivantes :
c'est l'outil de la seule Direction Générale; les opérationnels ignorent tout ou presque de sa
structure, de ses résultats, etc.
c'est l'outil des comptables; il est essentiellement centré sur l'exactitude des chiffres au
détriment de la rapidité pour disposer des informations et de leur transparence, etc.
c'est un outil orienté vers la mesure des écarts, sans se préoccuper des mesures concrètes
devant suivre le constat.
c'est un outil qui privilégie la norme et son respect; il n'est pas conçu comme un outil
d'amélioration de la gestion.
c'est un outil construit sans objectifs précis;
c'est donc la négation de toute gestion.
c'est un outil sans systèmes de mesures; etc.
G. Conclusion
La Direction Générale, les Directions Sectorielles, les Chefs de Services doivent aussi
disposer en direct d'outils de pilotage pour remplir leur mission.
Contrairement à certaines idées reçues le mal le plus répandu en la matière est le plus
souvent l'excès d'informations, parfois peu fiables ou incontrôlables. Il convient dès lors de
bâtir avec beaucoup de soins le tableau de bord qui permettra le pilotage.
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Ce tableau de bord devra être bien adapté au niveau hiérarchique auquel il est destiné.
Autrement dit, pour chaque niveau hiérarchique, il ne devra comprendre que les seules
informations utiles et nécessaires à ce niveau, et pouvant donner lieu à action et correction.
Ainsi les écarts constatés doivent être présentés et analysés au cours de réunions pério-
diques parfaitement programmées.
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Un niveau 1, pour des indicateurs de résultats destinés à prendre des décisions d'action.
Ces indicateurs vont essentiellement permettre de mesurer la progression vers l'objectif et
mettre en évidence les écarts.
Par exemple la mesure du développement de l'activité (trafic - chiffre d'affaires...).
Par exemple, la maîtrise des coûts et l'analyse de la rentabilité (recettes, dépenses,
marges, etc....).
Par exemple la maîtrise de la masse salariale et des effectifs.
Un niveau 2, pour des clignotants destinés à diagnostiquer très en avant l'apparition de
certains risques. Ces indicateurs seront le plus souvent le témoignage de la performance
de l'entreprise.
Par exemple : évolution du portefeuille clients, des réclamations, des rebuts, des
négociations sociales, de la maintenance des outillages, etc....
Un niveau 3, pour des indicateurs d'analyse détaillée.
Les indicateurs doivent permettre de mieux comprendre l'origine de certains écarts et
de définir ainsi les actions correctives.
Ce sera par exemple un indicateur permettant d'analyser le portefeuille clients, ou
certaines recettes sensibles...
Ces champs d'intervention sont le plus souvent interdépendants. Il est certain qu'un
projet bien mené (investissement optimal et performant par exemple) aura des conséquences
bénéfiques sur le social, sur les clients et sur les finances...
Au total, la préoccupation majeure du pilotage doit être d'instaurer dans l'entreprise un
dialogue de gestion et de performance.
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En conclusion sur l'utilisation qui doit être faite de la ressource comptable et financière
et de son implication dans le devenir de l'entreprise par sa place dans le pilotage et la gestion
il convient de rappeler en quelques mots la nécessité d'absolue du "contrôle interne".
En effet, il ne servirait à rien de disposer des meilleurs outils de gestion et de pilotage
si les informations physiques et financières qui alimentent ces outils ne sont pas fiables. aussi
convient-il en parallèle aux démarches de gestion de s'assurer de la qualité des informations
en renforçant les dispositifs de contrôle interne.
Globalement le contrôle interne est aujourd'hui défini comme un processus mis en
oeuvre par la Direction Générale, la hiérarchie, le personnel d'une entreprise, de manière à
fournir une assurance raisonnable quant à la réalisation des objectifs suivants :
la réalisation et l'optimisation des opérations
la fiabilité des informations financières
la conformité aux lois et réglementations en vigueur
Le contrôle interne doit être conçu comme un processus mis en oeuvre au niveau
de toutes les activités de l'entreprise (finances - production - personnel...) ; il
s'exerce à tous les stades de l'organisation sociale et à tous les niveaux
hiérarchiques.
En fait un contrôle interne bien compris et donc efficace doit solliciter tout le
personnel de l'entreprise. Il doit apparaître comme un état d'esprit caractéristique de la culture
de l'entreprise. Il repose sur un large partage des responsabilités et sur une forte adhésion de
l'ensemble du personnel aux objectifs de l'entreprise. Le contrôle interne participe à la
démarche qualité, tant au niveau des prestations fournies que des résultats obtenus.
Bien que chacun dans le contrôle interne soit responsable de la vérification et de la
bonne exécution des opérations que lui-même ou son service a en charge, certaines personnes
ont des activités spécifiquement dévolues au contrôle du bon fonctionnement de l'entreprise :
les cadres financiers par exemple; les juristes de l'entreprise; et aussi les auditeurs internes ou
externes...
Au total, le contrôle de la juste application de l'ensemble des règles qui régissent la vie
de l'entreprise est sans nul doute le corollaire de tout dispositif de contrôle de gestion.
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