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Chapitre 4 : Pertes de précontrainte Page 28

Chapitre 4

Pertes de précontrainte

4.1) Introduction
4.1.1) Généralités
De façon générale, on désigne sous le nom de perte de précontrainte toute différence entre la
force (ou la contrainte) exercée par le vérin lors de sa mise en tension et la force (ou la
contrainte) qui s’exerce en un point donné de l’armature à une époque donné.
Cette différence est due :
a) aux pertes qui se produisent lors de la mise en tension, que l’on appelle « pertes
instantanées » qui sont dues :
- au frottement du câble sur sa gaine ;
- au recul ou tassement à l’ancrage ;
- à la non simultanéité de mise en tension des différents câbles.
b) au chute de tension qui se produit au cours du temps, que l’on appelle « pertes
différées » et qui sont dues au :
- retrait du béton ;
- fluage du béton ;
- relaxation des aciers.
Le calcul des pertes de précontrainte est nécessaire pour l’une ou l’autre des raisons
suivantes :
 soit pour déterminer la tension résiduelle à une section quelconque c’est-à-dire la
tension permanente disponible à cette section après toutes pertes, étant donné une
tension initiale à l’extrémité active (tension initiale fixée à priori) ;
 soit pour déterminer la tension initiale à appliquer à l’extrémité active étant donné une
tension permanente à une section quelconque (tension permanente fixée a priori).

4.1.2) Tension à l’origine


La mise en tension des câbles de précontrainte s’effectue grâce à l’action des vérins
hydrauliques. Au point le plus sollicité du câble, on évitera d’atteindre une valeur trop proche

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de la rupture de l’acier, c’est pourquoi on fixe règlementairement une traction maximale de


mise en tension appelée tension à l’origine et notée ߪ௉బ.
Dans le cas de point de post-tension ou de pré-tension, ߪ௉బprend la valeur suivante :
ߪ௉బ = ‫( ݊݅ ܯ‬0,8 ݂௣௥௚ ; 0,90 ݂௣௘௚ )
Avec :
݂௣௥௚ : contrainte de rupture garantie

݂௣௘௚ : limite conventionnelle d’élasticité à 0,1%.


Dans le cas de produits industrialisés en pré-tension et faisant l’objet d’un système fiable
d’assurance de qualité, cette valeur peut être prise égale à :
ߪ௉బ = ‫( ݊݅ ܯ‬0,85 ݂௣௥௚ ; 0,95 ݂௣௘௚ )
Pour les barres, la tension à l’origine est prise égale à :
ߪ௉బ = 0,7 ݂௣௥௚
Pour les tirants d’ancrage dans le sol (murs de soutènement, pieux…), on retiendra comme
valeur de mise en tension :
- pour les tirants provisoires :
ߪ௉బ = 0,75 ݂௣௘௚
- pour les tirants définitifs :
ߪ௉బ = 0,60 ݂௣௘௚

4.2) Pertes instantanées


4.2.1) Perte par frottement
Elle se produit par frottement du câble sur la gaine lors de la mise en tension de celui-ci dans
les zones où il y a contact entre ces éléments c’est-à-dire dans les parties courbes et aux points
où le tracé présente des irrégularités.
a) Effet de la courbure d’un câble :
Considérons un tronçon AB de câble de rayon r (rayon de courbure) et d’ouverture angulaire
α. Sa longueur est ݀‫ߙ݀ݎ = ݏ‬. Appliquons une force de traction P à chaque extrémité (figure
4.1).
ௗఈ
Le câble exerce sur le béton une force centripète égale à 2ܲ sin (la résultante).

ௗఈ
݀ߙ étant petit, 2 sin ≃ ݀ߙ

ௗఈ
Donc 2 sin ܲ ≃ ܲ݀ߙ

Cette force radiale répartie le long de AB a une densité :

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ܲ݀ߙ ܲ݀ߙ ܲ
‫=݌‬ = =
݀‫ݏ‬ ‫ݎ ߙ݀ݎ‬
Elle est appelée « poussée sur vide » du câble. Le béton exerce une force égale et opposée.

P P

A p B

Figure 4.1: Force radiale due à la courbure d’un câble tendu

b) Frottement en courbe :
Considérons le même tronçon de câble mis en tension. Le câble tend à s’allonger mais cet
allongement est freiné par le frottement sur la gaine (figure 4.2).

P+dP P

A p B

Figure 4.2: Force radiale due à la courbure et linéaire


due au frottement d’un câble tendu.


Si f représente le coefficient de frottement, ‫= ݌‬ la force radiale, par unité de longueur.

La résultante du frottement dP est égale à la force normale multipliée par le coefficient de


frottement dû à la courbure (f) :

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ܲ
݀ܲ = −݂ ‫ = ߙ݀ݎ‬−݂ܲ݀ߙ
‫ݎ‬
D’où l’équation différentielle :
݀ܲ
= −݂݀ߙ
ܲ
L’intégration de cette équation donne :
௉ ఈ
݀ܲ
න = න −݂݀ߙ ⟹ ܲ = ܲ଴݁ି௙ఈ
ܲ
௉బ ଴

En raisonnant sur les contraintes et non sur les efforts, nous obtenons :
ߪ௉ = ߪ௉బ ݁ି௙ఈ (ߙ ݁݊ ‫)݀ܽݎ‬
La valeur de α à prendre en compte est représentée par la somme des variations d’angle du
câble entre l’ancrage et le point étudie.
On détermine α en additionnant les angles du câble avec l’horizontale en chaque point
d’inflexion, à son extrémité et au point étudié.

c) Frottement en ligne droite :


La gaine n’est jamais parfaitement droite (gaine rectiligne) à cause des défauts de rectitude
résultant des déformations de la gaine entre ses attaches, son propre poids et celui du béton.
Sur une longueur élémentaire ݀‫ݔ‬, la perte de tension ݀ܲ est proportionnelle à l’effort de
traction ܲ et à la longueur ݀‫ݔ‬.
Le coefficient de frottement par unité de longueur dénoté ߮, donc les pertes en ligne :
݀ܲ = −߮ܲ݀‫ݔ‬
La perte de tension totale est :
݀ܲ = −݂ܲ݀ߙ − ߮ܲ݀‫ݔ‬
D’où l’équation différentielle
݀ܲ
= −݂݀ߙ − ߮݀‫ݔ‬
ܲ
L’intégration de cette équation donne :
௉ ఈ ௫
݀ܲ
න = න −݂݀ߙ − න ߮݀‫ݔ‬ ⟹ ܲ = ܲ଴݁ି௙ఈିఝ ௫
ܲ
௉బ ଴ ଴

En raisonnant sur les contraintes, nous obtenons :


ߪ௉ = ߪ௉బ ݁ି௙ఈିఝ ௫

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Avec :
݂ : coefficient de frottement en courbe (en rad-1)
߮ : coefficient de frottement en ligne (en m-1)
‫ ݔ‬: distance de la section considérée à l’ancrage (en m)
ߙ : déviation angulaire totale du câble sur la distance ‫( ݔ‬en rad)
ߪ௉బ : tension à m’origine
En pratique, pour les tracés usuels des armatures des poutres, compte tenu des faibles valeurs
de l’exposant de la formule ci-dessous, on ne conserve que les deux premiers termes du
développement en série de l’exponentielle, de sorte que la formule devient :
 En termes de contraintes :
ߪ௉ = ߪ௉బ [1 − (݂ߙ + ߮‫])ݔ‬
 En termes d’efforts :
ܲ = ܲ଴[1 − (݂ߙ + ߮‫])ݔ‬

La perte par frottement est donnée par :


 En termes de contraintes :
∆ߪ௙ = ߪ௉బ − ߪ௉ = ߪ௉బ (݂ߙ + ߮‫)ݔ‬
∆ߪ௙ = ߪ௉బ − ߪ௉ = ߪ௉బ (1 − ݁ି௙ఈିఝ ௫)
 En termes d’efforts :
∆ܲ௙ = ܲ଴ − ܲ = ܲ଴(݂ߙ + ߮‫)ݔ‬
∆ܲ௙ = ܲ଴ − ܲ = ܲ଴(1 − ݁ି௙ఈିఝ ௫)
Les valeurs des coefficients ݂ et ߮ varient suivant la nature du câble et la nature des
ingrédients utilisés pour améliorer le glissement.

4.2.2) Perte par glissement à l’ancrage


Dans tous les procédés de mise en tension, lors du transfert de l’effort de traction du vérin à
l’ancrage, il se produit des pertes de tension dans l’acier au voisinage de son ancrage. Ces
pertes sont dues à la déformation du mécanisme d’ancrage et au glissement dans les ancrages.
L’effet du glissement est observé sur une distance « d » au voisinage de l’origine. En effet, le
déplacement du câble est gêné par le frottement entre le câble et la gaine mais en sens inverse.
Après une distance d, la somme des efforts de frottement équilibre la perte de tension due au

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glissement du câble et il n’y a plus de déplacement du câble au-delà de cette distance, donc
pas de perte.
Sur la longueur d, on peut admettre que les diagrammes des tensions, avant et après recul
d’ancrage, sont rectilignes et symétriques par rapport à la droite d’ordonnée ߪௗ (figure 4.3).

σP(x)

σP0 I Avant glissement

dx

Δσg(x)
σd L J

σPA M N
σP0’ Après glissement
K

x
O d A

Figure 4.3: Digramme des contraintes le long du câble


avant et après glissement à l’ancrage.

Considérons un élément de câble de longueur ݀‫ݔ‬, il a subit une variation de contrainte


∆ߪ௚ (‫)ݔ‬, donc un raccourcissement ߜ݀‫ݔ‬. La contrainte appliquée étant dans le domaine
élastique du câble, on peut écrire :
ߜ݀‫ߪ∆ ݔ‬௚ (‫)ݔ‬
=
݀‫ݔ‬ ‫ܧ‬௉
Le raccourcissement total sur la distance d :
ௗ ௗ
∆ߪ௚ (‫)ݔ‬
න ߜ݀‫ = ݔ‬න ݀‫ݔ‬
‫ܧ‬௉
଴ ଴

Or ce raccourcissement du câble doit être égale à la rentrée d’ancrage à l’origine (O), valeur
qui est connue expérimentalement et qui est un des paramètres du système d’ancrage. Cette
valeur est notée conventionnellement ݃ donc :

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1
݃= න ∆ߪ௚ (‫ݔ݀)ݔ‬
‫ܧ‬௉

Sur la figure, on voit que la valeur de cette intégrale est égale à la surface du triangle IJK :
ߪ௉బ − ߪ′௉బ
݃‫ܧ‬௉ = ܽ݅‫= ܭܬܫ݈݁݃݊ܽ݅ݎݐ ݑ݀݁ݎ‬ ݀
2
D’autre part nous avons deux triangles semblables IJL et INM :
ߪ௉బ − ߪ′௉బ ߪ௉బ − ߪ௉ಲ
=
2݀ ݈ை஺
A partir des deux équations précédentes, on a :

݃‫ܧ‬௉ ݈ை஺
݀=ඨ
ߪ௉బ − ߪ௉ಲ

Donc :
݀
⎧ߪ′௉బ = ߪ௉బ − 2
(ߪ − ߪ௉ಲ )
݈ை஺ ௉బ 
⎨ ߪ =ߪ − ݀
(ߪ − ߪ௉ಲ )
⎩ ௗ ௉బ
݈ை஺ ௉బ

Les pertes par glissement à l’ancrage:


 ‫ = ݔ‬0 ∶ ∆ߪ௚ (‫ = ݔ‬0) = ߪ௉బ − ߪ′௉బ
 ‫ ∶ ݀ < ݔ‬il y a des pertes dues au tassement à l’ancrage (∆ߪ௚ (‫ ≠ )ݔ‬0)
 ‫ ∶ ݀ ≥ ݔ‬il n’y a pas de pertes par tassement à l’ancrage (∆ߪ௚ (‫ = )ݔ‬0)

4.2.3) Non-simultanéité de mise en tension (Raccourcissement élastique)


Supposons qu’une poutre soit armée avec plusieurs câbles de précontrainte. La mise en
tension des câbles ne pouvant s’effectuer que câble par câble, la mise en tension du deuxième
câble va entrainer un raccourcissement de la poutre et du premier câble ; de même la mise en
tension du troisième câble va entrainer un raccourcissement de poutre et les deux premiers
câbles et ainsi de suite.
 Poutre à deux câbles :

Chaque câble reprend un effort , le raccourcissement du béton à la mise en tension d’un

câble vaut :
∆݈௕ ߪ௕ ܲ ݈ܲ
= = ⇒ ∆݈௕ =
݈ ‫ܧ‬௕௜ 2‫ܧܤ‬௕௜ 2‫ܧܤ‬௕௜

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Avec :
‫ ܤ‬: l’aire de béton
‫ܧ‬௕௜ : le module instantané du béton
∆݈௕ : le raccourcissement du béton
A la mise en tension du deuxième câble, le béton se raccourcit de ∆݈௕, il en est donc de même
pour le premier câble qui subit un raccourcissement :
∆ߪ௣ ݈ܲ
∆݈௉ = ∆݈௕ = ݈ =
‫ܧ‬௉ 2‫ܧܤ‬௕௜
La chute de contrainte dans le premier câble à la mise en tension du deuxième câble vaut :
1 ‫ܧ‬௉ ߪ௕
∆ߪ௉ =
2 ‫ܧ‬௕௜
Comme le deuxième câble n’est pas influencé, la perte moyenne des deux câbles vaut :
1 ‫ܧ‬௉ ߪ௕
∆ߪ௉ =
4 ‫ܧ‬௕௜
 Poutre à trois câbles :

Chaque câble reprend un effort . On obtient à la mise en tension du deuxième câble un

raccourcissement du béton :
݈ܲ
∆݈௕ =
3‫ܧܤ‬௕௜
donc un raccourcissement du premier câble :
݈ܲ
∆݈௉ =
3‫ܧܤ‬௕௜
Pour la mise en tension du troisième câble, le raccourcissement du béton (et donc des deux
premiers câbles) vaut :
݈ܲ
∆݈௕ = ∆݈௉ =
3‫ܧܤ‬௕௜
Donc la perte de tension dans le premier câble est :
1 ‫ܧ‬௉ ߪ௕ 1 ‫ܧ‬௉ ߪ௕ 2 ‫ܧ‬௉ ߪ௕
+ =
3 ‫ܧ‬௕௜ 3 ‫ܧ‬௕௜ 3 ‫ܧ‬௕௜
Et dans le deuxième câble vaut :
1 ‫ܧ‬௉ ߪ௕
3 ‫ܧ‬௕௜
D’où une perte moyenne des trois câbles :
1 1 2 ‫ܧ‬௉ ߪ௕ 1 ‫ܧ‬௉ ߪ௕
∆ߪ௉ = ൬ + ൰ =
3 3 3 ‫ܧ‬௕௜ 3 ‫ܧ‬௕௜

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Pour une poutre à quatre câbles on obtient :


1 1 2 3 ‫ܧ‬௉ ߪ௕ 3 ‫ܧ‬௉ ߪ௕
∆ߪ௉ = ൬ + + ൰ =
4 4 4 4 ‫ܧ‬௕௜ 8 ‫ܧ‬௕௜
Et pour poutre à n câbles :
1 1 2 3 4 ‫ܧ‬௉ ߪ௕ ݊(݊ − 1) ‫ܧ‬௉ ߪ௕ (݊ − 1) ‫ܧ‬௉ ߪ௕଴
∆ߪ௡ = ൬ + + + +⋯൰ = =
݊ ݊ ݊ ݊ ݊ ‫ܧ‬௕௜ 2݊ଶ ‫ܧ‬௕௜ 2݊ ‫ܧ‬௕௜
Avec :
ߪ௕଴ : la contrainte moyenne du béton au niveau du câble à la mise en tension.
Pour : n=2 le coefficient vaut 1/4
Pour : n=3 le coefficient vaut 1/3
Pour : n=4 le coefficient vaut 3/8
Pour : n=∞ le coefficient vaut 1/2
Le BPEL préconise de prendre un coefficient (1/2) pour les variations de contraintes dues à la
contrainte relative à la phase de mise en tension et aux actions permanentes appliquée
simultanément à cette mise en tension (ߪ௕଴)ଵ, et la valeur 1 pour les variations de contrainte
dues aux actions permanentes postérieures à cette phase de précontrainte, y compris celles
dues aux armatures de précontrainte mises en tension ultérieurement (ߪ௕଴)ଶ .
Donc la perte de tension due à la non-simultanéité de mise en tension vaut :
1 ‫ܧ‬௉ (ߪ௕଴)ଵ ‫ܧ‬௉ (ߪ௕଴)ଶ
∆ߪ௡ = + 1.
2 ‫ܧ‬௜௝ ‫ܧ‬௜௝

4.2.4) Total des pertes instantanées


Le total des pertes de précontrainte instantanées ∆ߪ௉೔(‫ )ݔ‬permet de déterminer la tension
initiale (ߪ௉೔(‫ ))ݔ‬dont la valeur est de :
ߪ௉೔(‫ߪ = )ݔ‬௉బ − ∆ߪ௉೔(‫)ݔ‬
Avec :
∆ߪ௉೔ = ∆ߪ௙ + ∆ߪ௚ + ∆ߪ௡

4.3) Pertes différées


4.3.1) Perte due au retrait
Le retrait est un phénomène de raccourcissement du béton dans le temps, dû à une
évaporation de l’eau excédentaire contenue dans le béton et à des réactions chimiques.
La valeur de la perte de précontrainte due au retrait vaut :
∆ߪ௥ = ߝ௥. ‫ܧ‬௉

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4.3.2) Perte due au fluage


Le fluage est caractérisé par une augmentation de la déformation du béton dans le temps.
Ainsi pour une pièce comprimée qui subit un raccourcissement instantané ߝ௜ à la mise en
charge, on constate que la déformation totale augmente et peut atteindre 3 fois la déformation
instantanée.
Le fluage correspond à une déformation dans le temps à effort constant (et donc à longueur
variable), la relaxation correspondant à une chute de tension (ou de compression) à longueur
constante.
Le raccourcissement instantané vaut :
∆݈ ߪ௕௖
ߝ௜ = =
݈ ‫ܧ‬௕௜
Le raccourcissement final vaut environ 3ߝ௜, la part due au fluage vaut donc :
∆݈ ߪ௕௖
ߝ௙௟ = 2 =2
݈ ‫ܧ‬௕௜
Le raccourcissement des aciers de précontrainte vaut donc ߝ௙௟, ce qui entraîne une perte de

précontrainte ∆ߪ௙௟ :
‫ܧ‬௉
∆ߪ௙௟ = 2ߪ௕௖
‫ܧ‬௕௜
Où ߪ௕௖ représente la contrainte moyenne du béton au niveau du câble que l’on peut supposer
calculée à un temps infini.
Pour plus de précision, on pourra utiliser la formule donnée par le BPEL :
‫ܧ‬௉
∆ߪ௙௟ = (ߪ௕ + ߪெ )
‫ܧ‬௜௝
Où ߪ௕ représente la contrainte finale et ߪெ la contrainte maximale supportée par le béton dans
la section considérée, au niveau du centre de gravité des armatures de précontrainte sous
l’action de la précontrainte et les actions permanentes qui peuvent être variables dans le
temps.

4.3.3) Perte par relaxation


La relaxation de l’acier est un relâchement de tension à longueur constante. Elle n’apparaît
pour les aciers à haute limite élastique utilisés en béton précontraint que pour les contraintes
supérieures à 30 ou 40% de leur contrainte de rupture garantie.
Elle dépend de la nature de l’acier, de son traitement et l’on distingue des aciers :

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- A relaxation normale, RN ;
- A très basse relaxation, TBR.
Compte tenu de la faible différence de coût existant entre ces aciers, l’économie réalisée sur
les aciers par une perte par relaxation plus faible, fait choisir en général les aciers TBR.
Un acier est caractérisé par sa relaxation à 1000 heures exprimée en % = ߩଵ଴଴଴.
La perte par relaxation s’écrira alors :
6 ߪ௣௜(‫)ݔ‬
∆ߪఘ = ߩଵ଴଴଴ ቆ − ߤ଴ቇߪ௣௜(‫)ݔ‬
100 ݂௣௥௚
Avec :
ߩଵ଴଴଴ : valeur en % de la relaxation à 1000 heures
ߪ௣௜(‫ )ݔ‬: tension initiale de l’acier
݂௣௥௚ : contrainte de rupture garantie
ߤ଴ : étant un coefficient pris égal à :
 0,43 pour les armatures à très basse relaxation (TBR)
 0,30 pour les armatures à relaxation normale (RN)
 0,35 pour les autres armatures.

4.3.4) Variation dans le temps des pertes différées


La perte différée finale est prise égale à :
5
∆ߪௗ = ∆ߪ௥ + ∆ߪ௙௟ + ∆ߪఘ
6
Le coefficient 5/6 tient compte de la non-indépendance des pertes. La perte par relaxation
diminue sous l’effet du retrait et du fluage du béton.
La valeur des pertes de précontrainte différée à l’âge j varie dans le temps en fonction de sa
valeur finale ∆ߪௗ :
∆ߪௗ௝ = ‫)݆(ݎ‬. ∆ߪௗ
Avec :
݆
‫= )݆(ݎ‬
݆+ 9‫ݎ‬௠

Où : j : âge du béton à la date de mise en précontrainte


‫ݎ‬௠ : rayon moyen de la pièce.

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4.4) Précontrainte de calcul en BPEL


4.4.1) En état-limite de service
La précontrainte de calcul est égale à la plus défavorable des deux valeurs :
- Précontrainte maximale : ܲଵ = 1,02ܲ଴ − 0,8∆ߪ௉
- Précontrainte minimale : ܲଶ = 0,98ܲ଴ − 1,2∆ߪ௉
Avec : ∆ߪ௉ : pertes totales de précontrainte instantanées plus différées (∆ߪ௉ = ∆ߪ௉೔ + ∆ߪௗ ).
La précontrainte de calcul est :
ܲௗ = ܲଵ ‫ܲ ݑ݋‬ଶ
On prend ainsi en compte deux incertitudes :
- l'une de 2% sur la valeur de la précontrainte à la mise en tension (lecture, étalonnage
du vérin et de la pompe hydraulique) ;
- l’autre de 20% sur l’évaluation des pertes de précontrainte.
Sauf dans les sections de vérification particulière, on pourra faire les calculs avec :
ܲ௠ = ܲ଴ − ∆ߪ௉
4.4.2) En état-limite ultime
La précontrainte de calcul vaut :
ܲௗ = ܲ଴ − ∆ߪ௉ = ܲ௠

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