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Pkad M1 2023
Pkad M1 2023
INTRODUCTION
DEFINITION
La PKAD est une affection génétique, héréditaire, non liée au sexe, à transmission dominante,
caractérisée par le développement progressif de kystes dans les 2 reins et de manifestations extra-rénales
INTERET
Epidémiologique :
- C’est la plus fréquente des maladies rénales héréditaires : 1/1000 naissances dans la population
et 8- 10% des causes d’insuffisance rénale chronique (IRC) en France, 3% des causes d’IRC en
milieu hospitalier en Côte d’Ivoire en 2012
- Gènes responsables : PKD1 (85% des cas), PKD2 (15% des cas) et autres : GANAB et
DNAJB11 (< 1% des cas)
Diagnostic : le diagnostic est aisé grâce à l’échographie mais parfois on a recours à la génétique dans
certaines situations singulières
- Vital : peut être engagé devant certaines complications telles que l’anévrysme des artères
cérébrales
OBJECTIFS
1. Définir la PKAD
I- GENERALITES
L’unité fonctionnelle du rein est le néphron comprenant 2 parties : le glomérule entouré de la capsule
de Bowman et le tubule comprenant 4 parties : le tube contourné proximal (TCP), l’anse de Henle (AH),
le tube contourné distale (TCD) et le canal collecteur (CC).
Le tubule rénal est tapissé d’un épithélium fait de cellules épithéliales portant des cils. Ce cil, appelé cil
primaire, est un prolongement cellulaire mobile. Le rôle des cils est l’évacuation des fluides et le
maintien de la différenciation cellulaire.
Dans l’organisme, d’autres structures canalaires (canaux biliaires, canaux pancréatiques…) sont
également tapissés d’un épithélium fait de cellules épithéliales comportant des cils
Les Polycystines 1 et 2, produits des gènes PKD1 et PKD2 et protéines des cils primaires, jouent un rôle
dans le fonctionnement du cil primaire et forment un complexe au niveau de ce cil primaire.
I-2- Pathogénie
Dans la PKAD, il y a une mutation des gènes PKD1 et PKD2. Ceci va entrainer une inactivation et une
perte de fonction de la polycystine, donc une anomalie de fonctionnement du cil primaire appelée
ciliopathie. Ceci aboutit à une prolifération anarchique des cellules de l’épithélium du tubule puis
formation de kystes. Ces cellules anormales ont une sensibilité accrue pour le récepteur V2 de l’ADH
qu’elles vont stimuler, ce qui va entrainer une sécrétion et accumulation de fluide, et une augmentation
de la taille des kystes. Les kystes proviennent initialement de la dilatation du tubule et en grossissant,
ils se détachent du tubule. Seuls 2 à 5% des tubules sont le siège de développement de kystes et tous les
segments du néphron sont intéressés.
La formation des kystes se voient également dans d’autres organes (foie, pancréas, rate, ovaires) à partir
de l’épithélium canalaire. La PKAD est donc une maladie systémique
Le développement des kystes est progressif, ce qui explique que la maladie apparaît plus tardivement et
est manifeste chez les adultes. Les premiers signes apparaissent avec un retard de 5 à 20 ans par rapport
à la formation des kystes. Les manifestations cliniques sont liées à la croissance des kystes :
II- SIGNES
II-1-1 : Clinique
A/ Circonstances de découverte
B/ Interrogatoire
Antécédents
C/ Examen physique
II-1-2 : Paraclinique
A/ Imagerie
Echographie rénale
Elle montre 2 reins de taille augmentée (longueur > 12 cm), comportant des kystes (cavités à contenu
liquidien, anéchogènes ou hypoéchogènes), de taille différente (0,5 - 5cm), disséminées dans tout le
parenchyme rénal des 2 reins (corticale et médullaire)
Peut détecter de très petits kystes (taille de 2-3 mm de diamètre). Il est rarement prescrit en routine
B/ Génétique moléculaire
Non réalisée en routine sauf en cas de doute diagnostique et en l’absence d’histoire familiale de PKAD
II-1-2 : Evolution
A/ Traitée
B/ Non traitée
C/ Traitée ou non
Complications rénales
Il s’agit de douleur ou de pesanteur. Elles sont unilatérales, souvent modérées mais peuvent être intenses
et limiter l’activité physique ou professionnelle
Hématurie macroscopique
Elle est due à la rupture du vaisseau de la paroi des kystes dans les voies urinaires
Elle est souvent isolée mais peut s’associer aux douleurs lombaires. Elle est totale, récidivante, pouvant
survenir en cas de traumatisme ou d’activité physique intense ou parfois sans facteur déclenchant
HTA
C’est une complication fréquente et précoce. Elle peut apparaître alors que les kystes ne sont pas encore
perceptibles. C’est un facteur de progression de l’insuffisance rénale
L’infection urinaire
Il s’agit de :
Lithiase urinaire
Se manifeste par un tableau de colique néphrétique. Il s’agit de lithiase d’acide urique le plus souvent
C’est une complication sévère, fréquente mais non obligatoire. La probabilité de survenue dépend de
l’âge, du volume des kystes et du gène muté. Il s’agit d’une insuffisance rénale progressive avec une
diminution du débit de filtration glomérulaire (DFG) de 2-5 ml/min/an et elle atteint le stade terminal
entre 50 et 70 ans. Elle s’accélère sous l’effet de certains facteurs : épisodes récidivant d’hématurie et/ou
d’infection urinaire, HTA non contrôlée, gène PKD1
Cancer du rein
Complications extra-rénales
Complications cardio-vasculaires
Il s’agit le plus souvent d’anévrysmes des artères cérébrales moyennes (polygone de Willis). Le risque
est la rupture avec hémorragie cérébro-méningée souvent fatale. C’est la complication la plus grave de
la PKAD. Il doit être évoqué devant des céphalées postérieures inhabituelles. Le diagnostic est fait à
l’angiographie (angioIRM ou angioscanner)
La recherche systématique peut être faite en cas d’antécédent familial de rupture d’anévrysme cérébral
ou en cas de profession à risque (pilote de ligne)
Valvulopathies
- Prolapsus de la valve mitrale, généralement asymptomatique
- Insuffisance aortique
Complications digestives
Découverte à l’échographie rénale systématique lors de l’enquête familiale chez les apparentés d’un
sujet atteint. Le nombre et la taille des kystes à l’échographie varient en fonction de l’âge
Les critères de diagnostic échographique ont été validés pour établir le diagnostic de PKAD ou
l’exclure : ce sont les critères de PEI élaborés en 2009
Les kystes hépatiques sont fréquents, surtout chez la femme et se développent plus tardivement que les
kystes rénaux
L’atteinte hépatique est généralement asymptomatique, sans retentissement sur les fonctions hépatiques.
Elle est rarement symptomatique avec hépatomégalie, cholestase, hypertension portale par compression
de la veine cave inférieure, dyspnée chronique, infection, hémorragie intra-kystique
Généralement asymptomatique, il n’y a pas de risque de survenue d’insuffisance rénale dans l’enfance
III- DIAGNOSTIC
III-1 : Positif
III-2 : Différentiel
A/ Transmission récessive
Elle est due à une mutation du gène PKHD1 situé sur le chromosome 6, qui code pour la Fibrocystine
(protéine localisée au niveau du cil primaire). C’est une affection rare : 1/40000 naissances. Elle atteint
l’enfant né de parents sains (porteurs sains). L’atteinte hépato-rénale est constante. Les kystes se
développent au dépend des tubes collecteurs.
Néphronophtise
Syndrome de Bardet-Biedl
B/ Transmission dominante
Correspond à un gros rein kystique non fonctionnel. Il est en général unilatéral et ne s’accompagne pas
d’insuffisance rénale
B/ Acquises
III-3 : Etiologique
L’enquête étiologique repose sur une anamnèse familiale à la recherche de PKAD chez l’un des parents
car c’est une maladie autosomique dominante. Mais dans 5% des cas, il existe une mutation de novo
c’est-à-dire non transmise par un parent.
L’étiologie est faite par l’étude génétique. La transmission est faite sur le mode autosomique dominant.
Chaque enfant d’un sujet atteint a un risque de 50% d’être lui-même atteint. Le risque qu’un parent
atteint a de transmettre la maladie est donc de 50% pour chacun de ses enfants, quel que soit le sexe
Il s’agit d’une affection génétiquement hétérogène. Quatre gènes ont été identifiés :
Il existe une variabilité phénotypique inter et intrafamiliale, ce qui explique la grande variété des signes
de la PKAD d’un sujet à l’autre au sein des patients porteurs de PKAD, et l’évolution variable d’une
famille à l’autre et d’un sujet à l’autre au sein d’une même famille
- PKD1 est responsable de 85% des cas de PKAD, des formes plus sévères et plus précoces, une
évolution rapide vers l’insuffisance rénale, l’âge moyen de l’IRC terminale (IRCT) étant 54 ans
- PKD2 est responsable d’environ 15% des cas de PKAD, des formes moins sévères, des kystes
plus tardifs, de la survenue de l’insuffisance rénale plus tardive avec un âge moyen d’IRCT de
69 ans
IV- TRAITEMENT
IV-1- Buts
IV-2- Moyens
A/ Mesures générales
- Boissons abondantes : 2 litres par jour pour la prévention des lithiases et des infections
- Régime hyposodé : 6g de sel par jour
- Régime hypoprotidique : 0,8 – 1g/kg/jour de protéines
B/ Moyens médicamenteux
Antihypertenseurs
Inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) : Périndopril 5 – 10 mg/jour, effet
indésirable : toux, hyperkaliémie
Antagoniste des récepteurs de l’angiotensine 2 (ARA2) : Losartan 50 – 100 mg/jour,
effet indésirable : hyperkaliémie
Inhibiteurs calciques : Amlodipine 5 – 10mg/kg/jour, effets indésirables : flush,
œdème des membres inférieurs
C/ Embolisation in situ
E/ Traitement instrumental
IV-2-2-Moyens étiopathogéniques
TOLVAPTAN : antagoniste des récepteurs V2 de l’ADH qui empêche la réabsorption de l’eau par les
tubules rénaux.
Posologie : 15 – 60 mg/jour
Effets indésirables : toxicité hépatique réversible, polyurie
Traitement onéreux
A/ Enquête familiale
Dépistage systématique chez les apparentés par échographie rénale à partir de 18 ans et renouvelée une
fois en cas de négativité vers l’âge de 30 ans car le développement des kystes peut être plus tardif
B/ Conseils génétiques
Après le dépistage, il faut expliquer cette affection aux sujets porteurs car l’évolution vers les
complications notamment l’insuffisance rénale n’est pas obligatoire, et surtout s’ils sont bien suivis. Le
risque de transmission d’un sujet atteint à son enfant est de 50%
Un sujet non atteint dans la famille aura une descendance indemne de PKAD
Chez les femmes atteintes, la grossesse est possible si la fonction rénale est normale ou peu altérée, la
surveillance de la PA est préconisée pendant la grossesse, il faut éviter les grossesses multiples
Le diagnostic prénatal est possible par échographie à partir du 3ème trimestre de la grossesse ou par
l’étude du chromosome mais non réalisé en pratique car affection non grave
IV-3- Indications
A/ Douleurs
- Repos
- Paracétamol, éviter AINS si insuffisance rénale
- ± Ponction – alcoolisation du kyste
B/ Infection urinaire
C/ Hématurie
- Repos
- Hydratation per os ou IV
- ± Embolisation artérielle in situ
- ± Néphrectomie unilatérale
D/ Lithiase urinaire
- Boissons abondantes
- Bicarbonate de sodium
- Lithotripsie extracorporelle
E/ HTA
F/ IRC
Stade terminal
Le risque de survenue d’IRC terminale est fonction de certains facteurs. La meilleure connaissance des
facteurs de progression a permis l’élaboration de scores prédictifs appelés score PROPKD qui stratifie
le risque de survenue d’IRC terminale en prenant en compte les facteurs cliniques et génétiques :
CONCLUSION