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CHAPITRE 14

Adaptation des plantes


aux stress environnementaux
Paul-André Calatayud, Jean-Pierre Garrec et Michel Nicole

Contrairement aux animaux qui peuvent se par laquelle la plante met en place sa machi-
déplacer lorsque les conditions de vie ne leur sont nerie d'adaptation ou de réponse aux différents
plus favorables, les plantes sont pour la plupart stress environnementaux (fig. 14-1). Ainsi, une
fixées. Elles ont de ce fait développé des stratégies voie de transduction d'un signal commence
d'adaptation pour répondre aux changements par la perception de ce signal au niveau de la
environnementaux en modulant et en ajustant en membrane (par un senseur ou non), suivie par
permanence leurs systèmes métaboliques. la production de seconds messagers et, éventuel-
Les plantes doivent affronter différents types lement, de facteurs de transcription. Ces facteurs
d'agressions ou de stress abiotiques et s'y de transcription contrôlent l'expression de gènes
adapter : le manque ou l'excès d'eau, les fortes impliqués dans la réponse au stress, incluant des
ou faibles luminosités, la pollution de l'air, la changements morphologiques, biochimiques et
salinité des sols, les températures extrêmes et physiologiques à court et à plus long terme.
le vent. Elles subissent également d'autres types
d'agressions par des organismes vivants, on parle Réponse des plantes à la sécheresse
alors de stress biotiques. Nous ne traiterons pour La sécheresse altère fréquemment la balance
ce type de stress que de l'adaptation des plantes hormonale de la plante et modifie l'activité de
aux agressions par les micro-organismes. Celles nombreuses enzymes, ainsi que l'expression
impliquant les insectes seront examinées dans la du génome (Lamaze et al., 1995). A terme, on.
partie 5 de l'ouvrage. assiste à un ajustement osmotique des cellules,
puis à des modifications morphologiques, anato-
MÉCANISMES GÉNÉRAUX miques, physiologiques et développementales de
DE RÉPONSE DES PlANTES la plante.
AUX CONTRAINTES DE L'ENVIRONNEMENT Conséquences de la sécheresse
Les mécanismes par lesquels les plantes sur la physiologie des plantes
perçoivent les signaux environnementaux et Les modifications de la balance hormonale
les transmettent à la machinerie cellulaire pour concernent aussi bien l'auxine, les gibberellines
activer des mécanismes de réponses adaptées et les cytokinines que les médiateurs plus clas-
déterminent chaque jour leur survie. siques de la réponse au stress, comme l'acide
La transmission ou transduction de signaux de abscissique (ABA), l'éthylène et le jasmonate.
stress constitue la première étape physiologique En règle générale, chez la plupart des espèces

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Interactions insectes-plantes

r-
I
Stress

~ 'm"'".'~'"""""" 1

1 Facteurs de transcription 1

J~t--t,
1 1 Activation de gènes 1 \

l ,
\ + 1
, ~I
'-l,t--"/
Protéines d'adaptation 1 ~

Figure 14-1 - Vue schématique des mécanismes de perception du stress et de transduction du signal
chez les plantes supérieures,

végétales, on assiste à une augmentation de la


synthèse d:ABA et à une réduction de celle de
cytokinine.
La sécheresse ou déficit hydrique inhibe la
synthèse de la plupart des protéines, tandis que
celle d'un ensemble restreint de protéines appe-
lées « protéines de stress » est induite. Simulta-
nément, la protéolyse est favorisée. Alors que
l'activité de certaines enzymes diminue (comme
la Rubisco 1 et la PEPcase2) , celle d'autres enzymes
peut augmenter. Cest le cas, par exemple, des
enzymes hydrolytiques comme l'a -amylase et les
prot éinases, ou d'enzymes catalysant la synthèse
1. Ribu lose 1,5 bisphosphat e carboxylase/oxygénase,
en zyme fixant le C0 2 10rs de la photosynthèse en composé
à 3 carbones (le 3-phosphog lycérate) à partir du ribu lose
1,5 bisph osphate.
Cyprès sownis à des conditions extrêmes de stress sur 2. Pho sph oEnolPyruv ate carboxylase, enz yme fixant le
un plateau aride de Turquie : fortes chaleurs en été, HCO J'lors de la photosynthèse C 4 en comp osé à 4 carb ones
froids rigoureux en hiver (© N, Sauvion/l nra). (loxaloac étate) à parti r du phosphcenolpyru vare.

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Adaptation des plantes auxstress environnementaux

des composés de type « osmolyte compatible» et proline], des polyamines, des acides organiques,
de glucides. Le déficit hydrique provoque aussi des sucres [comme le saccharose], des amines
l'activation ou l'inhibition de très nombreuses quaternaires et des sels minéraux) dans les cellules
autres enzymes. (Delauney et Verma, 1993; Premachandra et al.,
Les gènes inductibles par la sécheresse sont 1992; Tarczynski et al., 1993).
supposés jouer un rôle dans l'adaptation du À plus long terme, on assiste à des changements
végétal au déficit hydrique. Citons par exemple physiologiques et anatomiques comme une
un groupe de gènes, connus pour protéger les synthèse d'acides gras modifiant la perméabi-
structures cellulaires lors de la dessiccation des lité de la membrane plasmique des cellules, une
graines, appelés gènes lea (pour late embryo- réduction de la surface foliaire (ralentissement
genesis abundant en anglais); ainsi qu'un autre de l'émergence et accélération de la sénescence
groupe de lea, auquel appartiennent les déhy- des feuilles), une augmentation de l'épaisseur
drines, connues celles-ci pour préserver la des feuilles accompagnée d'un changement
conformation des protéines lors de la déshydrata- de la composition des cires cuticulaires et une
tion. D'autres gènes sont impliqués dans l'ajuste- augmentation importante du développement du
ment osmotique des cellules. Ils vont déclencher système racinaire.
l'accumulation de solutés appelés « osmolytes »
(proline, glycine, saccharose... ). En revanche,
Mécanismes de résistance à la sécheresse
l'expression d'autres gènes est diminuée, cest Les mécanismes de résistance des plantes à la
le cas de ceux codant la petite sous-unité de la sécheresse sont l'échappement, la restauration,
Rubisco (gènes rbcS) et les protéines associées la tolérance à la déshydratation et lévitement
aux chrorophylles a et b (gènes cab) (Bray, 1993). (Lamaze et al., 1995).
La croissance des tissus foliaires est un processus Léchappement correspond à la capacité de la
très sensible au déficit hydrique, puisqu'il est plante d'achever son cycle de croissance lors de
directement lié à l'absorption d'eau par les périodes favorables, évitant ainsi les périodes de
cellules. On assiste généralement à un ralentis- contrainte hydrique (cas des plantes en milieux
sement, voire une inhibition, de la croissance désertiques).
souvent associée à l'ABA et à d'autres hormones La restauration consiste en la capacité de la
végétales. plante à rétablir un métabolisme normal après
La conductance stomatique foliaire est rapide- une période de déficit hydrique (cas des mousses,
ment affectée par le déficit hydrique, se mani- lichens et des algues). Ce mécanisme ne concerne
festant par une fermeture des stomates évitant la pas les Angiospermes qui utilisent plutôt un
déperdition d'eau. Cette fermeture est déclenchée mécanisme de protection.
par une augmentation de la teneur en ABA au La tolérance à la sécheresse correspond à la
voisinage des cellules de garde. Cette hormone capacité des plantes à supporter des niveaux
peut être libérée par les racines ayant détecté un de déficit hydrique élevés. Ce mécanisme est
manque d'eau dans le sol, constituant ainsi un rendu possible par l'élévation de la viscosité du
signal racinaire d'alerte (Davies et Zhang, 1991). cytoplasme des cellules, par la protection des
La fermeture des stomates entraîne à terme une enzymes et des membranes par certains osmo-
baisse de l'activité photosynthétique de la plante. protectants et antioxydants, et par la modifica-
À moyen terme, la plante s'adapte au déficit tion de la composition phospholipidiques des
hydrique par un ajustement osmotique « actif» membranes cellulaires.
des cellules. Ce mécanisme, qui participe au Lévitement correspond à la capacité de la plante
maintien des structures cellulaires et évite une à éviter les phénomènes de déshydratation des
déperdition deau, se manifeste par une accumu- tissus, à la fois en maintenant le prélèvement
lation d'osmolytes (des acides aminés [comme la d'eau du milieu et en diminuant les déperditions

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Interactions insectes-plantes

du composé absorbé. I'un des mécanismes communes qui régissent les interactions plantes -
fondamentaux de ce mécanisme est l'ajustement pollutions atmosphériques.
osmotique. Ce processus permet notamment La réponse des plantes à la pollution atmosphé-
le maintien de la turgescence des apex et des rique va dépendre des deux parties qui sont en
feuilles en croissance, qui, associé à l'extensibilité jeu: d'une part la plante, et d'autre part la nature
des parois, permet le maintien de la croissance de la pollution présente (fig. 14-2).
cellulaire malgré la déficience en eau.
la réponse va dépendre de la plante
Réponse des plantes Après pénétration du polluant dans la plante par
l'intermédiaire des stomates, le polluant va, d'une
à la pollution atmosphérique
part, comme la majorité des stress abiotiques,
Comme le nombre de polluants atmosphé- entraîner à partir de son caractère agressif un
riques est très élevé, avec pour chacun d'eux des stress de type oxydatif (production de radicaux
réponses spécifiques des plantes, nous allons hydroxyles et d'espèces oxygénées réactives), et,
traiter uniquement des grandes caractéristiques d'autre part, entraîner un stress spécifique lié à

Stress abiotiques agissant Stress biotiques agissant


sur l'expression sur l'expression
des effets des polluants des effets des polluants
Lumière, Nature de l'espèce
Température, Génotype
Vent, Âge
Humidité de l'air et du sol Stades physiologiques
CO 2 · · · État sanitaire de la plante...

Modifications dans les plantes liées aux polluants atmosphériques


Modifications morphologiques végétales et florales
Chloroses et nécroses
Effets directs ou indirects sur les stomates
Action sur la photosynthèse
Action sur la respiration
Action sur le transfert des assimilats
Perturbations métaboliques, mise en place de systèmes de défense physiques et biochimiques
Stress oxydatif et autres stress spécifiques
Action génotoxique : adduits à l'ADN...
Perturbations de la reproduction
Modifications morphologiques, structurales et chimiques des pollens...

Î T
Caractéristiques des polluants Caractéristiques des plantes
agissant sur l'expression agissant sur l'expression
de leurs effets des effets des polluants
Phytotoxicité Fonctionnement stomatique
Propriétés physico-chimiques Barrière cuticulaire
Dose Systèmes anti-oxydants
Dynamique de dose... Systèmes de détoxification
Caractère xérophile...

Figure 14-2 - Interférences de divers paramètres sur l'expression des effets des polluants atmosphériques
chez les plantes.

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Adaptation desplantes auxstress environnementaux

ses caractéristiques propres (perturbation du répercussions positives (sécheresse, augmenta-


métabolisme du calcium dans le cas d'une pollu- tion du CO 2... ) ou négatives (maladies) sur sa
tion fluorhydrique (HF), perturbation de l'équi- réponse à la pollution atmosphérique.
libre oxydoréducteur des cellules dans le cas
d'une pollution aux oxydes de soufre (S02' .. ).
La réponse va dépendre du polluant
Face à ces stress, la stratégie classique de défense De par leurs compositions chimiques propres,
de la plante consistera, pour limiter l'absorp- les polluants sont plus ou moins phytotoxiques,
tion du polluant d'un côté et pour augmenter la et à concentrations égales dans l'air on classe
tolérance à celui-ci de l'autre, à mettre en œuvre généralement les principaux polluants atmos-
d'une part des processus physiques (fermeture phériques dans l'ordre suivant de phytotoxicité
des stomates, chutes de feuilles... ) et d'autre part décroissante:
des facteurs chimiques et biochimiques (fabri- Acide fluohydrique (HF) > ozone (03) > dioxyde
cation de précipités insolubles, détoxification de soufre (S02) > dioxyde d'azote (N0 2)
par émissions de formes réduites par les feuilles,
En plus de la phytotoxicité du polluant, la réponse
dégradations enzymatiques par les P450, rôles
des plantes à celui-ci va dépendre de la dose de
des systèmes antioxydants ... ).
polluant (concentration x temps) reçue. Mais il
Lors de l'installation d'un stress pollution, si faut tout de suite signaler qu'à doses de polluant
un pool de processus de défense existe déjà égales, celles-ci auront d'autant plus d'impact sur
dans la plante, celle-ci va plus ou moins rapi- la plante qu'elles seront appliquées sur un temps
dement mettre en place un nouvel ensemble de court. On explique généralement cet effet pic
processus. C'est de la conjugaison entre le pool
par le fait que, sur de courtes périodes, la plante
de processus déjà présent et le pool de ceux que
n'a pas le temps de mettre en route ses systèmes
la plante est capable de mettre en route suite à
de défense.
l'agression que va dépendre la résistance de la
plante au polluant. Cela va expliquer par la suite
que, pour chaque polluant, il existe une échelle ,Encadré 14-1", Remarque
spécifique de sensibilité des plantes. '~aâose est'~'~~~~Ilt" CalCUlée:~~~K~ùr des
Il faut signaler que lors de faibles pollutions etlou "conCentrations :~I1~pblluant présentes' dans
lorsque les systèmes de défense de la plante sont l'atmosphère, mais on sait que c'est le calcul '
suffisants pour limiter l'impact physiologique .des .: flux de polluants qui ont. réellement
d'un polluant, cette résistance va tout de même pénétré dansle~>On~anes foliair~~r~Hi donne"
avoir un coût physiologique, qui va se caractériser lés ,.Ineil1eures"hi~1~mations sur'ii~si;ifr~lations'
par des diminutions de taille, des baisses de rende- ,.p~ll~tion .: dégâtlà'i~végétation.):;!;i':rf;f.'
ment... On parle alors de « dégâts invisibles ».
Lors de fortes pollutions etlou lorsque les
systèmes de défense de la plante ne sont pas suffi- IMPACT DES STRESS ABIOTIQUES
sants, des dommages irréversibles avec des morts SUBIS PAR LA PLANTE SUR LES INSECTES
cellulaires apparaissent (les nécroses foliaires
entre autres). On parle alors de « dégâts visibles» Face à la sécheresse
liés à la pollution atmosphérique. 11 est fréquemment reporté une augmenta-
Mais la plante est un système biologique, et tion des populations d'insectes en situation de
comme tous les systèmes biologiques, elle est sécheresse (Koricheva et al., 1998; Larsson et
sensible parallèlement aux facteurs abiotiques Bjôrkman, 1993). Dans la plupart des cas, il n'a
(température, humidité, lumière... ) et aux pas été possible de déterminer la cause de ces
facteurs biotiques (âge, maladies, génotypes ... ) changements populationnels qui suggèrent l'effet
de son environnement, qui vont avoir des d'une meilleure qualité nutritive des plantes,

233
Interactions insectes-plantes

d'une diminution de l'efficacité des ennemis natu- La sécheresse procure des conditions de tempé-
rels et/ou directement de la température et de rature plus favorables au développement de
l'humidité. La qualité nutritive des plantes a fait certains insectes phytophages. Puisque les
cependant l'objet d'une attention particulière de insectes n'ont pas de système de thermorégu-
la part de bon nombre de chercheurs, car souvent lation, une température de l'air et de la plante
la plante en situation de déficit hydrique connaît hôte plus élevée peut s'avérer pour certains plus
une augmentation de la teneur en acides aminés favorable à leur développement.
et/ou en substances secondaires des feuilles.
Les plantes stressées sont plus attractives ou plus
Koricheva et al. (l998) ont réalisé sur plus de facilement acceptées par les insectes. Ils peuvent
70 études de la littérature scientifique une méta- détecter les propriétés thermiques, acoustiques et
analyse de l'influence des stress abiotiques (déficit biochimiques des plantes. La qualité spectrale et
hydrique, pollution et ombrage) des arbres et thermique des plantes change drastiquement lors
plantes arbustives sur les performances biolo- d'un stress hydrique pouvant influencer directe-
giques (cest-à-dire le développement, la fécon- ment le comportement et le développement de
dité, la survie et la densité populationnelle) des certains insectes. Les propriétés acoustiques des
insectes. Ils concluent que, d'une manière géné-
plantes servent comme mode de communication
rale, les stress abiotiques n'ont aucun effet signi-
entre individus chez certains insectes phyto-
ficatif. Pour le déficit hydrique par exemple, ils
phages. Une diminution de la turgescence des
trouvent une grande variabilité de réponse selon
tissus de la plante peut produire d'un point de
le mode d'alimentation des espèces d'insectes et
vue acoustique différents sons par rapport à une
le mode de croissance de l'espèce végétale incri-
situation hydrique normale, modifiant ainsi les
minée. En général, les insectes foreurs et les
communications entre insectes. Enfin, les chan-
piqueurs-suceurs (type pucerons) se développent
gements biochimiques du contenu cellulaire des
mieux sur plantes stressées, alors que les insectes
plantes en réponse au déficit hydrique (comme
broyeurs et producteurs de galles s'y développent
les acides aminés, les sucres, les sels minéraux ... )
moins bien. Cette plus faible performance pour
peuvent jouer le rôle de phagostimulants pour
les insectes broyeurs sur plantes stressées est
beaucoup d'insectes, surtout chez les phloé-
accentuée sur des espèces végétales à croissance
mophages (Calatayud et al., 2002; Calatayud
lente. Les potentiels de reproduction des insectes
et al., 1994). La production d'éthylène, d'éthane,
piqueurs-suceurs sont généralement amoindris
d'acétaldéhyde et d'éthanol des feuilles lors d'un
lors d'un déficit hydrique. Larsson (1989) propose
stress hydrique peut attirer de façon significative
que la sensibilité des insectes aux plantes stressées
diminue des insectes xylémophages > insectes certains Scolytidés et Cerambycidés. [augmen-
phloémophages > insectes mineurs > insectes tation de terpènes comme l'c-pinène permet
broyeurs > aux formateurs de galles, les plus l'attraction de certains Coléoptères.
sensibles étant les xylémophages et les phloé- Les plantes en situation de déficit hydrique sont,
mophages. Certes, si cette sensibilité dépend du dans certains cas, plus favorables au développe-
mode d'alimentation des insectes, elle doit égale- ment des insectes. Il est souvent reporté dans la
ment dépendre fortement de l'espèce végétale. La littérature que les plantes soumises à un déficit
plupart des travaux proviennent d'arbres ou de hydrique possèdent une teneur en sucres, acides
plantes arbustives, mais peu de plantes annuelles aminés et sels minéraux plus élevée et/ou mieux
telles que les Graminées ont été étudiées. équilibrée, facilitant ainsi le développement de
Mattson et Haack (l987) proposent six princi- certains insectes. C'est le cas, par exemple, de la
paux mécanismes qui pourraient expliquer l'aug- cochenille farineuse du manioc, Phenacoccus
mentation des populations d'insectes sur plantes herreni (Sternorrhyncha, Pseudococcidae)
stressées par un déficit hydrique (fig. 14-3). (Calatayud et Le Ru, 2006; Calatayud et al., 2002).

234
Adaptation des plantes aux stress environnementaux

SÉCHERESSE

l l
PLANTE HÔTE ENNEMIS NATURELS
(incluant les pathogènes)
Augmentation
Température Diminution
Émissions acoustiques Nombre
Métabolites de stress Virulence
Osmolytes
Azote soluble
Sucres solubles INSECTES PH'fTOPHAGES
Substances secondaires Augmentation
Diminution Nutrition
Croissance Environnement thermique
Mècanismes de rèsistance aux insectes Immunocompétence
Teneur en eau Détoxification
Altération Niveaux de développement
Expression du génome Recherche de la plante hôte
Morphologie de la plante Acceptation de la plante hôte
Utilisation de la plante hôte
Évitement des ennemis naturels
Croissance des symbiotes
Altération
Expression du génome
Sélection naturelle

~
AUGMENTATION DES POPULATIONS

Figure 14-3 - Schéma représentatif de l'influence de la sécheresse sur les plantes,


les ennemis naturels et les phytophages provoquant in fine une augmentation
des populations d'insectes (d'après Mattson et Haack, 1987).

Les plantes en situation de déficit hydrique champignons, virus et bactéries. Les insectes
peuvent favoriser également les systèmes de ingérant une plus grande quantité de substances
détoxication et d'immunocompétence des secondaires deviennent toxiques pour ces micro-
insectes. Parce qu'il est fréquent de voir une organismes. Il a été également observé une
augmentation des substances secondaires de étroite synergie entre la réponse immunitaire des
défense des plantes lors de périodes de séche- insectes et leur système de détoxification.
resse, on peut penser que les insectes sont Les plantes en situation de déficit hydrique
capables de mettre en place un système de peuvent en revanche ne pas favoriser l'action des
détoxication approprié. C'est le cas du papillon ennemis naturels. La sécheresse peut influencer
Spodoptera eridania (Lepidoptera, Noctuidae), indirectement les insectes phytophages, en
qui devient deux fois plus tolérant à l'alcaloïde optimisant les conditions pour leurs exo- ou
toxique du tabac, la nicotine, lorsqu'il sest nourri endo-syrnbiotes. Puisque beaucoup de micro-
préalablement d'a -pinène induisant son système organismes ont une température optimale de
de détoxification. De plus, les changements croissance comprise entre 25 et 30 "C, de plus
chimiques de la plante lors d'un déficit hydrique fortes températures lors de périodes de séche-
entraînent un renforcement du système immuni- resse peuvent stimuler leur croissance. Une
taire des insectes vis-à-vis des micro-organismes augmentation de la teneur des feuilles en glucose
entomopathogènes comme les protozoaires, et fructose doit également favoriser la crois-

235
Interactions insectes-plantes

sance de ces symbiotes. De plus, alors que de entraîné au XIX· siècle la disparition des lichens
plus fortes températures peuvent être optimales et parallèlement le noircissement des troncs de
pour le développement des insectes phytophages, bouleaux. On a alors constaté que la phalène du
elles ne le sont pas forcément pour celui de leurs bouleau (Biston betularia [Lepidoptera, Geome-
ennemis naturels (parasitoïdes et prédateurs). tridae]), papillon nocturne habituellement de
La sécheresse peut provoquer des changements couleur blanche tachetée de noir, se rencontrait
génétiques chez les insectes. Iélévation de la majoritairement sous sa forme mutée, beaucoup
température et de l'irradiation solaire associées plus sombre. Cela est expliqué par le fait que
à la sécheresse peut non seulement affecter le les papillons sombres, plus difficiles à repérer,
niveau et l'action des enzymes chez l'insecte, mais, étaient mieux protégés contre la prédation des
en association avec de nombreux changements oiseaux que les individus clairs. Le même phéno-
biochimiques de la plante, elle peut également mène a été observé à Paris dans les années 1980
induire des changements génétiques aléatoires ou au niveau du bombyx de l'ailante (Amias cynthia
programmés dans les populations d'insectes. Au [Lepidoptera, Bombycidae]), qui a spectaculaire-
niveau populationnel, les changements environ- ment évolué du beige clair au marron très foncé
nementaux peuvent faire apparaître des variants pour s'adapter à son environnement, suite à la
allozymiques non communs et, par le biais d'une pollution qui noircissait sa plante nourricière.
sélection naturelle, ces variants peuvent rapide- La pollution atmosphérique perturbe la commu-
ment augmenter en nombre. Au niveau indivi- nication chimique des relations plantes-insectes.
duel, les conditions physiques et/ou métaboliques Certains polluants comme l'ozone, en agissant
significativement différentes lors de périodes indirectement sur les substances chimiques
de sécheresse peuvent changer l'expression de de communication (terpènes) via leurs effets
certains gènes induisant des isozyrnes alternatifs. physiologiques sur les plantes (limitation des
De plus, les changements de température et de émissions par fermeture des stomates, modifica-
nutrition lors de la sécheresse peuvent provoquer tion de leurs compositions physico-chimiques),
l'induction de gènes thermodépendants, l'ampli- ou directement par dégradation de ces subs-
fication de certains autres gènes, la transposition tances dans l'air, perturbent les relations plantes-
d'éléments transposables et d'autres réarrange- insectes (Ioviposition par exemple) (Cannon,
ments génomiques comme la polyploïdie. 1990; Marchand, 2001; Moreau, 1988).
Enfin, la pollution atmosphérique entraîne égale-
Face à la pollution atmosphérique ment des modifications de la reconnaissance
La pollution atmosphérique, en modifiant la foliaire chez les insectes. Des polluants comme
physiologie et la biochimie des végétaux, va avoir l'ozone ou comme le CO 2, en favorisant la
un impact déterminant sur les paramètres clés production de cires cuticulaires et en modifiant
des plantes qui régissent les relations plantes- de ce fait les caractéristiques physico-chimiques
insectes (Nicole, 2002), et en particulier sur les des surfaces foliaires, ont des répercussions posi-
3 ensembles de paramètres suivants: tives sur la « reconnaissance» de celles-ci par les
- paramètres liés à la reconnaissance; insectes (Jackson et al., 1999).
- paramètres liés aux ressources nutritionnelles;
- paramètres liés aux systèmes de défense.
Ressources nutritionnelles des plantes
La pollution atmosphérique induit la' présence
Localisation et reconnaissance des plantes déléments exogènes dans ou sur les végétaux
La pollution atmosphérique entraîne souvent pouvant avoir des conséquences graves sur
une modification de la couleur des végétaux, ce les insectes associés. Les fortes accumulations
qui influence fortement la couleur des insectes dans les organes végétaux de polluants atmos-
associés. En Angleterre, dans les régions indus- phériques toxiques comme les métaux lourds,
trielles, la forte pollution atmosphérique a l'arsenic, le fluor sont souvent à l'origine d'une

236
Adaptation des plantes auxstress environnementaux

intoxication et d'une mortalité plus ou moins En conclusion, dans le cadre des relations
importante des insectes phytophages (chez plantes-insectes, il apparaît que, dans beau-
les broyeurs et les «piqueurs-suceurs») et des coup d'exemples, l'impact des polluants atmos-
insectes pollinisateurs (abeille... ) (Führer, 1985). phériques sur les plantes augmente à la fois les
Dans les plantes, la pollution atmosphérique qualités nutritives et les qualités défensives de
comme de nombreux autres stress entraînent des celles-ci.
changements qualitatifs et quantitatifs au niveau Les modifications positives ou négatives des
des métabolites primaires et secondaires. En relations plantes-insectes qui en découlent
particulier, on note souvent une augmentation vont donc dépendre de la conjugaison de ces
des concentrations des feuilles en acides aminés deux effets contradictoires vis-à-vis de l'insecte.
(proline), en protéines solubles, mais aussi en Mais, comme ces relations vont aussi dépendre
sucres, augmentant la qualité nutritive de celles-ci du mode d'alimentation de l'insecte (broyeur,
pour certains insectes (Kainulainen et al., 2000; suceur, mineuse), il est évident qu'il sera très
Trumble et al., 1987; Warrington, 1989). difficile de définir un modèle universel.
Signalons également l'effet positif pour les Toutefois, in situ, cest une augmentation des
insectes des polluants comme S02 et NOx qui populations d'insectes sur les plantes que Ion
augmentent les concentrations en S et en N dans observe le plus généralement dans les régions
les plantes. Cela se vérifie en particulier sur les polluées (Hain, 1987).
végétaux des bords de routes et d'autoroutes,
importantes sources de NOx (Bolsinger et Flüc- RÉPONSES PHYSIOLOGIQUES DE lA PlANTE
kiger, 1987; Braun et Flückiger,1985). Mais à l'in- AUX AGRESSIONS DE MICRO-ORGANISMES
verse, la pollution CO 2 souvent présente avec les
NOx entraîne une diminution des concentrations Les plantes ont élaboré des stratégies de défense
d'azote dans les feuilles suite à la modification du envers les bioagresseurs leur permettant de
rapport C/N (Bezemer et Jones, 1998; Hâttens- résister à la plupart des agressions parasitaires.
chwiler et Schhafellner, 1999; Holopainen, 2002). Bien que des barrières constitutives confèrent
à la plante une résistance générale hautement
Modifications des systèmes efficace, l'induction de défenses plus adaptées
de défenses chimiques et physiques à l'infection est nécessaire. Si les réponses sont
Si les composés phénoliques sont considérés tardives ou peu intenses, la plante sera sensible
comme des systèmes de défense chimique des au parasite; l'interaction est dite compatible. Si
feuilles, la cuticule constitue quant à elle une la défense active est rapidement induite avec
barrière efficace de défensephysique pour celles-ci. une forte intensité, l'extension de la maladie est
bloquée et la plante résiste. Sila résistance résulte
Iozone et le CO 2' comme de nombreux autres de l'activation de gènes de résistance (R), l'inter-
polluants atmosphériques induisant un stress action est dite incompatible et son phénotype est,
oxydatif, sont à l'origine d'une augmentation des dans la plupart des cas, une réaction d'hypersen-
concentrations en composés phénoliques dans sibilité (RH) (Duhoux et Nicole, 2004; Jones et
les plantes, avec des répercussions négatives sur DangI, 2006).
la qualité nutritionnelle des feuilles pour les
insectes (diminution de la palatabilité) (Bolsinger Le déterminisme génétique
et al., 1992; Bolsinger et al., 1991). de la résistance
Parallèlement, il faut noter que l'ozone comme
le CO 2' en favorisant la production des cires La réaction d'hypersensibilité (RH)
cuticulaires, améliorent les caractéristiques de La RH est une lésion nécrotique localisée autour
la barrière physique que représente la cuticule des sites de pénétration des tissus par le parasite.
(Percy et al., 2002). Elle est activée par l'interaction du produit du

237
Interactions insectes-plantes

gène d'avirulence (avr) du micro-organisme et les déterminants de l'avirulence


de celui du gène R de la plante. Ce mécanisme
Plus de trente gènes d'avirulence (avr) ont été
repose sur le modèle gène pour gène déve-
isolés chez les micro-organismes et les virus.
loppé par Fior (1971). [aboutissement de la RH
Mais leur fonction biologique n'est pas déter-
nécessite l'expression de gènes spécifiques sous
minée pour la plupart des parasites. D'une
contrôle d'un programme génétique spécifique.
manière générale, les gènes avr codent soit des
Les événements se succédant au cours de la RH
produits ayant une activité élicitrice directe des
impliquent des molécules diverses aux fonc-
réponses de défense, soit des enzymes impliquées
tions variables comme la signalisation, l'activa-
dans la synthèse déliciteurs, Chez les bactéries,
tion de gènes du suicide cellulaire et de défense
ces gènes codent des protéines solubles intra-
(Mur et al., 2008).
cellulaires, contrairement à celles codées par les
les gènes de résistance (R) : gènes de champignons, qui sont extracellulaires.
rôles etstructures Ils ont une fonction structurale plutôt quenzy-
matique, et possèdent des domaines conservés
Bien qu'isolés de différentes plantes, les gènes R
ainsi que des domaines d'adressage nucléaire'
présentent des régions homologues comprenant
(Cornelis et Van Gijsegem, 2000). Le fonc-
des séquences répétées riches en leucine (LRR)
tionnement des gènes avr dépend de celui des
et des sites de liaison nucléotidique (NBS),
gènes hrp (signifiant en anglais « hypersensitive
communs aux protéines végétales ou animales
reaction and pathogenicity»). Les protéines avr
impliquées dans les interactions protéines-
sont injectées dans le cytoplasme de la cellule
protéines et des mécanismes de transduction
végétale via un système de sécrétion. À ce stade,
(McHale et al., 2006). D'autres caractéristiques
soit la protéine avr interagit avec la protéine de
structurales permettent de définir plusieurs
résistance R pour déclencher la RH, soit elle est
sous-groupes : domaines « leucine zipper »,
transportée dans le noyau où elle reconnaît une
sérinelthréonine kinase (Ser/Thr) ou de Tolli
protéine R pour activer la résistance. En l'ab-
interleukine-l (TIR). Ce dernier présente des
sence de reconnaissance, elle active le transcrip-
homologies de séquence avec la protéine Toll de
tomé et induit le développement de la maladie
la drosophile et le récepteur de l'interleukine-l
(Birch et al., 2008).
(IL-R) de mammifère. Les protéines R perçoivent
le signal émis par le parasite et coordonnent les
La transduction du signal
stratégies de défense en modulant la transduc-
tion du signal. Elles semblent être localisées dans En aval de la perception par la plante de l'agent
le cytoplasme, voire le noyau, et impliquées dans pathogène ou de l'éliciteur via un récepteur
la reconnaissance de produits des gènes avr, potentiel, se succèdent des étapes de signalisation
dont l'activité nécessite une localisation intracel- intracellulaire, la transduction du signal. Elles
lulaire. Les produits des gènes R trans-membra- concernent l'activation de protéines GS, la géné-
naires possédant un domaine LRRextracellulaire ration de formes réactives doxygène (FRO) et
confèrent la résistance à des champignons se du monoxyde d'azote (NO), l'altération des flux
développant dans l'apoplasme où ils libèrent ioniques, cascades de phosphorylation/déphos-
leurs produits de gènes avr. Pour certains phorylation. [activation de protéines G suit
couples plantes-parasites, le modèle gène pour la reconnaissance et précède la dépolarisation
gène requiert non seulement les déterminants R 3. Mécanismes associés au transport des protéines du
et avr, mais également d'autres protéines hôtes cytosol au noyau cellulaire.
qui s'associent au binôme RIavr pour activer 4. Ensemble des ARN messager issu de l'expression d'une
partie du génome d'un tissu cellulaire ou d'un type de
la résistance; l'appellation « résistosome » a été
cellule.
proposée pour ce complexe protéique (Lahaye et S: Guanine nucleotide binding proteins ; protéines qui
Bonas, 2001). permettent le transfert d'informations.

238
Adaptation des plantes auxstress environnementaux

transitoire de la membrane plasmique (efflux Plusieurs enzymes sont aptes à générer les
de Kt et de Cl- et l'influx de Ca/ et H"). Le rôle FRO au cours des interactions plantes-para-
du Cal + en tant que messager secondaire a été sites, soit en tant qu'intermédiaire, soit en tant
démontré dans l'activation de la production des que produit final de réactions contrôlées par
FRO et la synthèse de molécules anti-micro- les NAD(P)H-oxydases, glucose- et oxalate-
biennes. L'association Cal + -kinase est l'un des oxydases ou certaines peroxydases. Le peroxyde
exemples dans lequel deux signaux secondaires d' hydrogène, HP l ' la forme la plus stable des
interagissent pour ajuster certains enchaîne- FRO, peut être impliqué dans l'activation de
ments de la régulation cellulaire. Les étapes de lipoxygénases, de la synthèse d'acide salicylique
phosphorylation ou de déphosphorylation sont (AS), de phytoalexines ou de protéines liées à la
essentielles dans les phases précoces et tardives pathogénèse (PRp). Le monoxyde d'azote, NO,
de la signalisation conduisant aux réponses de une autre espèce radicalaire, est produit à des
défense et à la mort cellulaire de la RH. fins de médiation physiologique par des « nitric
oxide synthases ». Chez une plante du genre
Le choc oxydatif : Arabidopsis (Brassicaceae), le NO potentialise
les formes réactives de l'oxygène (FRO) la mor t cellulaire hypersensible induite par les
Loxyg ène est à l'origine des FRO formées par autres formes de FRO, en particulier HlO l . En
sa réduction séquentielle. Ces radicaux libres revanche, NO et HzOz semblent contrôler sépa-
incluent principalement l'oxygène singulet (l 0l)' rément Iexpression de gènescodant des enzymes
l'a nion superoxyde (Ol "), le peroxyde d'hydro- du métabolisme phénolique. Il peut également
gène (HPl) et le radical hydroxyle (OW) . jouer un rôle antioxydant cont re l'effet cyto-
Les FRO sont produites en faible quantité au toxique d'autres FRO. En combinaison avec
cours du métabolisme normal de tout orga- l'acide salicylique (AS) et des FRO exogènes,
nisme aérobie par le système de transport délec- le NO est capable d'induire la mort cellulaire.
trons tels les chloroplastes (photosynthèse) et les Résistances systémiques et hormones
mitochondries (respiration) ou lors de processus
de signa lisation et de régulation de défense
enzymatiques. Lorganisme s'en protège par
divers systèmes antioxydants enzymatiques Une résistance systémique s'exprime dans la
(superoxyde dismutase, catalase, peroxydase, plante entière pour résister non seulement à
glutathion-S-transférase) ou non enzymatiques l'agresseur d'origi ne, mais aussi à une large
en produisant de l'acide ascorbique et/ou du gamme de parasites. Le développement d'une
glutathion. Lëquilibre entre la production et résistance systémique dépend d'un réseau
l'élimination des FRO constitue le stress oxydant complexe de communications intercellulaires,
à l'origine de l'altération de l'a rchitecture cellu- Des messagers libérés par les cellules exprimant
laire, voire de la mort. Lévolution de la cinétique
de production de FRO dans une cellule végé-
tale infectée est différente selon qu'il s'agisse
d'une interaction compatible ou incompatible.
Dans le cas de l'interaction incompatible, deux
phases peuvent être observées : une première
identique à celle de l'interaction compatible,
suivie quelques heures plus tard d'une deuxième
phase de production. Celle-ci, caractéristique .~_: ,.
des situations incompatibles, coïncide avec r:\ .' .
un phénomène d'échange d'ions à travers la Filame nt mycélien d'Hemileia vastatrix, agen t de la
membrane cytoplasmique et conduit à la mort rou ille orangée, dans un pa rench yme de feuille de
(Lamb et Dixon, 1997). caféier (Coffea arabica))(x 5800 ) (© [RD/ M. Nicole).

239
Interactions insectes-plantes

une RH diffusent et atteignent d'autres cellules alexines. La voie de transduction de l'éthylène


qui déclenchent une réponse spécifique. [acide est relativement bien définie, notamment grâce
salicylique (AS), l'éthylène et l'acide jasmonique à l'étude de mutants d'Arabidopsis. [un des
(AJ) sont reconnus comme des signaux aler- régulateurs des réponses à l'éthylène appartient
tant les cellules non infectées, orientant leur à la famille des MAp 6-kinases, ce qui suggère
métabolisme vers une résistance. La résistance que ces réponses de défense soient activées via
systémique acquise (SAR) est contrôlée par l'AS, des facteurs de transcription. Cependant, le rôle
alors que la résistance systémique induite (ISR) de l'éthylène dans la résistance est controversé,
implique l'AT ou l'éthylène. puisque d'autres mutants d'Arabidopsis, insen-
sible à l'éthylène, sont toujours résistants à une
L'acide salicylique (AS)
souche avirulente de bactéries du genre Pseu-
LAS est un composé phénolique dont la forme domonas. [ambiguïté du rôle de lëthylène dans
acétylée est un antalgique bien connu. Consi- la défense est renforcée par le fait qu'il régule la
déré comme une phytohormone, il joue un rôle réponse de sensibilité à des agents pathogènes
majeur dans les mécanismes de défense des virulents.
plantes (Loake et Grant, 2007). Sa production
L'acide jasmonique (Al)
augmente localement et de manière systémique
après infection par différents agents pathogènes. LAT est un dérivé cyclique volatile produit à
Son implication dans la SARa été démontrée par partir de 13-hydroperoxydes de l'acide linolé-
la génération de plants de tabac transgéniques nique; il appartient à la famille des oxylipines.
et d'une autre espèce végétale du genre Arabi- LAT et son ester méthylé, le méthyle jasmonate
dopsis exprimant le gène nahG de la bactérie (MeTA), ne sont pas seulement impliqués dans
Pseudomonas putida (Pseudomonadaceae) qui la croissance et le développement de la plante,
code une salicylate hydroxylase. Cette enzyme mais également dans la signalisation de réponses
dégrade l'AS en catéchol, un phénol sans activité de défense (Wasternack, 2007). Régulateurs
inductrice. LAS méthylé peut conduire à lexpres- intra- et inter-cellulaires, ils assurent égale-
sion de gènes de défense via une reconversion ment la communication intra- et inter-plantes.
en AS. Cette molécule volatile pourrait induire Des mutants d'Arabidopsis qui ne peuvent pas
des réactions de défense par voie aérienne. La accumuler l'AT sont extrêmement sensibles à
relation entre l'AS et les formes réactives de l'infection par le champignon du genre Pythium
l'oxygène (FRO) a été suggérée après isolement (Pythiaceae). A l'inverse, un pré-traitement de
d'une catalase fixant l'AS avec une forte affinité. plantes par l'AT augmente leur résistance vis-
LAS serait donc impliqué dans l'inhibition de la à-vis d'autres parasites. Le rôle de l'AT comme
dégradation de H20 2, favorisant les réactions de molécule signal dans la défense semble toutefois
défense Hp2-dépendantes. Celui-ci est consi- dépendre de l'espèce végétale et de la nature des
déré comme messager intercellulaire potentiel réponses étudiées. Un modèle impliquant l'AT
induisant la mort cellulaire et/ou la SAR. et le MeTA dans la défense contre des insectes
et des agents pathogènes a été proposé. La
L'éthylène blessure provoquée par un insecte conduirait
Léthylène, C 2H4 , est une hormone volatile liée à la production d'un peptide, la systémine, ou
à plusieurs processus physiologiques dont la . d'oligogalacturonides pariétaux qui activeraient
résistance des plantes (Guo et Ecker, 2004). la voie de synthèse de l'AT. Enfin, l'implication
Ses niveaux augmentent dans les cellules lors de l'AT dans la RH a récemment été suggérée
de l'infection par des parasites ou après trai- (Delannoy et al., 2005).
tements par des éliciteurs. Selon la plante,
6. Mitogen-Activated Proteins, protéines régulant diffé-
l'éthylène peut stimuler des enzymes des voies rentes activités cellulaires comme lexpression de gènes, la
de biosynthèse de la lignine et/ou des phyto- mitose et la différentiation cellulaire.

240
Adaptation des plantes auxstress environnementaux

Interconnexion toutes les cellules de lorganisme coopèrent au


des différentes voies de signalisation bon fonctionnement de l'ensemble. Récemment,
certaines auxines et l'acide abscissique (ABA) ont
Le phénomène de potentialisation est un exemple été démontrés comme étroitement liés à la résis-
de coopération des systèmes de signalisation, tance. LABAcontrôlerait ainsi la pénétration des
lorsqu'un ou plusieurs signaux affectent positive- feuilles par les bactéries via une voie de signa-
ment l'expression de réponses de défense induite lisation dans les cellules de garde des stomates
par un signal primaire. Lëthylène potentialise l'in- pour activer leur ouverture et fermeture (Melotto
duction par l'AS du gène appelé PR-l chez Arabi- et al., 2006). Cette hormone aurait un rôle central
dopsis. LAS lui-même, injecté dans la plante à de dans la signalisation de la défense induite par
faibles concentrations, joue un rôle dans la poten- certains parasites (Flors et al., 2008). Quoi qu'il
tialisation de réponses de défense après élicitation en soit, le contrôle hormonal de la signalisation
ou infection, en stimulant l'expression de gènes de est un défi pour la croissance de l'agent patho-
défense, l'accumulation de HzOz et la mort cellu- gène et la survie de la plante (Lopez et al., 2008).
laire. Dans certains cas, l'AS et l'AJ agissent par
antagonisme où l'AS bloque la biosynthèse de l'AJ Les réactions de défense
chez la tomate ou contrôle négativement l'expres-
Les réactions de défense intéressent l'ensemble des
sion de gènes régulés par l'AJ et par l'éthylène.
organes de la plante, qu'elle soit sensible ou résis-
Dans d'autres cas, les signaux agissent en synergie
tante, avec des niveaux d'efficacité variables selon
pour activer des réponses de défense. Chez le
son âge et son état physiologique. Leur induc-
tabac, par exemple, l'induction de gènes PR est
tion se traduit, entre autres, par le renforcement
plus importante lorsque le MeJA et léthylène sont
de la paroi cellulaire, Iobstruction des vaisseaux
appliqués en combinaison. Lors de l'interaction
et la synthèse de molécules anti-microbiennes.
entre le tabac et le VMT7, les feuilles supérieures
Dans tous les cas, l'activation de ces réponses
sont le siège d'une induction, indépendante de
résulte d'un phénomène délicitation, voire de
l'AS, de gènes de défense 5158 dont certains sont
reconnaissance (Garcia-Brugger et al., 2006).
régulés indépendamment de léthylène. [aug-
mentation du niveau de protection contre un les éllclteurs des réactions de défense
parasite à travers l'activation concomitante et
Un éliciteur est une molécule capable d'induire
complémentaire de réponses de défense semble
une ou des réponses de défense, comme la
un mécanisme très efficace chez certaines plantes.
synthèse de phytoalexines, cela en l'absence de
[activation simultanée de la SAR et de l'ISR
toute infection. Cette étape de reconnaissance est
provoque un effet additif sur le niveau de protec-
soit spécifique, si elle résulte de l'interaction entre
tion induite par des agents pathogènes bactériens les produits du gène avr du parasite et du gène R
ou fongiques (Rojo et ai., 2003). de la plante, soit aspécifique lorsque cette étape
En fonction de l'agent pathogène qui l'agresse, implique des molécules élicitrices générales. Du
la plante va favoriser une voie de signalisation type de reconnaissance va dépendre le choix de la
essentielle pour induire l'expression de plusieurs stratégie de défense: voies de signalisation impli-
gènes, et un état de résistance qui diminue la quées dans l'activation des réactions de défense
sensibilité des cellules à l'infection s'installe. Les et la nature de la résistance. En cas d'inefficacité
autres messagers pourront jouer un rôle secon- du système défensif, la plante s'affaiblit ou meurt.
daire en potentialisant ou en renforçant les Deux classes dëliciteurs ont été caractérisées: les
réponses de défense. I'induction de la résistance éliciteurs généraux, tels ceux provenant d'agents
nécessite des programmes complexes, encore pathogènes (exogènes) et ceux produits par les
mal connus, et des signaux précis pour que plantes (endogènes), et les éliciteurs spécifiques
7. Virus de la Mosaïque du Tabac. (fig. 14-4). Les éliciteurs généraux, de nature
8. En anglais: Systemically InducedgeneS. polysaccharidique, lipidique, ou glycoprotéique,

241
Interactions insectes-plantes

PG
ÉLiCITEURS 000
ENDOGÈNES Chitinase
000
•• ÉLiCITEURS
Glucanase

•• • SPÉCIFIQUES
o 0 ÉLiCITEURS
Phytoalexines
Oxylipines

o EXOGÈNES

PGPI R

HRGPs
LIGNINE

perception - signalisation peroxydase

(ACTIVATION DES RÉACTIONS DE DÉFENSE) 1IIIII1lIIII1IIIII llIilII!riI~SIGNAUX


callose
CELLULE VÉGÉTALE

Figure 14-4 - Les éliciteurs des réactions de défense des plantes (Duhoux et Nicole, 2004).
Les éliciteurs spécifiques, produits des gènes avr, interagissent avec les protéines R de la plante pour déclencher
une RH. Les éliciteurs généraux endogènes sont relargués par la plante et résultent soit du métabolisme secondaire
(oxylipines), soit de l'action de polygalacturonases microbiennes (PG) qui peuvent être inactivées par des inhibiteurs de
polygalacturonases (PGPI). Les éliciteurs exogènes sont excrétés par le parasite. Lensemble de ces éliciteurs activent les
voies de signalisation pour induire la synthèse de signaux et de molécules de défense: phytoalexines, lignine, subérine,
callose, oxylipines, PR-protéines (chitinase, glucanases, peroxydases ... ) (HRGPs: hydroxiproline-rich glycoprotein).

ne reproduisent pas la spécificité de recon- les acides gras insaturés qui génèrent les oxyli-
naissance gène pour gène, contrairement aux pines", efficaces dans l'activation de la synthèse
éliciteurs spécifiques. Ils ont été rangés dans la de phytoalexines. D'autres, comme l'ergostérol,
catégorie des PAMP (en anglais «Pathogen-Asso- stérol majeur de la membrane des champi-
ciated Molecular Patternwï également présents gnons, les syringolides, éliciteurs race-spécifique
chez les parasites animaux (Ausubel, 2005). générés par la bactérie Pseudomonas, et certains
Trois types majeurs d'éliciteurs de nature poly- éliciteurs protéiques (harpine, cryptogéine,
saccharidique ont été identifiés : les glucanes PopA10, cellulases et xylanases) miment la RH et
(~-1,3 et ~-1,6) et les dérivés de la chitine prove- induisent la voie dépendante de l'AS, via les voies
nant des parois fongiques, et les oligogalactu- de signalisation sous-jacentes.
ronides, résidus d'acides galacturoniques en
liaison a -1,4 dérivés de la pectine des parois le renforcement des barrières physiques
végétales. La nature et l'intensité des 'réponses de La paroi cellulaire est un obstacle à la pénétra-
défense induites par ces éliciteurs dépendent de tion d'un parasite dans la cellule végétale. Elle se
leur degré de polymérisation. Ils interviennent compose de la cellulose, des hémicelluloses et de
probablement comme signaux de «deuxième
9. Lesoxylipines constituent une vaste famille de composés
génération» dans la cascade de réception -trans-
dérivant d'acides gras prélevés sur des glycérolipides struc-
duction participant à l'expression des réponses de turaux.
défense. Parmi les éliciteurs de nature lipidique, 10. En anglais: « Pseudomonas Out Proteins A".

242
Adaptation des plantes aux stress environnementaux

pectine souvent enrichie en polyphénols (lignine, (Waterhouse et al., 2001). Dans le cas d'une
subérine). Lincorporation réactionnelle de attaque virale, il consiste en une dégradation
lignine, de callose!' ou de glycoprotéines comme spécifique des transcrits de l'ARN viral, induite
celles riches en hydroxyproline contribue au par le virus lui-même et dénommée VIGS (signi-
renforcement de la paroi que de nombreux micro- fiant en anglais « Virus-Induced Gene Silencing»).
organismes sont alors incapables de dégrader. Ce système de défense hautement adaptatif nest
pas génétiquement programmé dans le génome
l'obstruction des vaisseaux de la plante et agit de manière systémique
Le cycle infectieux de certains parasites (Meister et Tuschl, 2004). [illustration extrême
fongiques ou bactériens comporte une phase de de ce mécanisme est la rémission des symptômes
colonisation qui se déroule dans les vaisseaux chez la plante infectée, associée à une réduction
du xylème, voie naturelle de circulation de l'eau importante de la charge virale. Des expériences
et des éléments minéraux, permettant à l'agent de protection croisée ont révélé que le principe
pathogène de progresser dans la plante. Pour de l'extinction de gènes repose sur les homologies
se défendre, celle-ci tente dobstruer la lumière de séquence; une plante résistante à un premier
des vaisseaux. La synthèse de pectine et la virus peut également présenter une résistance
production de thylles'", plus ou moins enrichies à un second virus si ces deux parasites présen-
en molécules microbicides, empêchent alors tent de fortes identités de séquences. Ce principe
efficacement l'extension du parasite. a été utilisé pour la mise au point de stratégies
de défense dérivées du parasite par transgénèse,
les molécules antimicrobiennes grâce aux homologies entre le génome viral
La synthèse de molécules antimicrobiennes et le transgène. Plusieurs étapes caractérisent
(réponse de défense non spécifique chez les l'extinction des ARN viraux par la plante:
plantes) se met en place suite à une agression - l'initiation : elle correspond au clivage de
parasitaire. Leur nature couvre un large spectre l'ARN cible selon un pas de 21 à 23 nucléotides
de composés aussi diversifiés que les phénols via les complexes DICER14 et RISCI 5. Ces petits
(flavonoïdes, phénylpropanoïdes, les protéines ARN seraient probablement les déterminants
liées à la pathogénèse [chitinase, glucanase et spécifiques de ce système de défense;
peroxydase]), les terpènes ou les radicaux libres. - la propagation systémique et le maintien du
Certains terpènes et composés phénoliques mécanisme: sa propagation semble très compa-
sont classés dans le groupe des phytoalexines':' rable à celle des virus dans la plante, impliquant
(Naoumkina et al., 2007). l'ARN bicaténaire qui servirait de précurseurs
aux petits ARN complémentaires. Le méca-
Une réponse originale: nisme d'extinction apparaît stable chez la plante,
l'extinction de gènes ou « gene silencing Il puisqu'il serait encore fonctionnel dans les
plantes sénescentes.
Lextinction de gènes est un mécanisme spéci-
fique de la résistance de la plante aux attaques Iextinction de gènes équivaut à une réaction de
virales, en développant un état d'immunité qui résistance; elle peut être à son tour contournée
lui confère une résistance à une surinfection par les virus eux-mêmes, qui vont développer un
mécanisme de suppression de l'une des différentes
Il. Polysaccharide de ~-1, 3 glucanes impliqué dans les étapes.Son inhibition intervient dans tous lestissus
phénomènes de «cicatrisation» des parois.
12. Une thylle (du grec thulas, signifiant sac) est une infectés, même ceux néoformés après l'attaque
excroissance cellulaire ou sécrétion gommeuse, engendrée virale. La diversité structurale et fonctionnelle,
par un processus naturel qui obstrue les vaisseaux de sève. et la variabilité dans leur séquence sont l'une des
13. Les phytoalexines sont des métabolites secondaires des
végétaux dont la biosynthèse est déclenchée par le parasi- 14. Ribonucléase qui clive les RNA doubles-brins en
tisme. Elles jouent un rôle important dans la résistance des courts fragments.
plantes aux maladies. 15. En anglais: «RNA-Induced Silencing Complex».

243
Interactions insectes-plantes

caractéristiques de ces facteurs viraux de suppres- Cannon J.w'N. - 1990, Olfactory response of eastern
sion, suggérant qu'ils aient pu évoluer spécifique- spruce budworm larvae to red spruce needles exposed to
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