Vous êtes sur la page 1sur 20

RAPPORT DE

STAGE OFFICINAL
ème
6 année

Janvier à juin 2008


Stage effectué chez Madame LEPERE
46, rue d’Assas
75006 PARIS

Justine HECQUET

1
SOMMAIRE

Introduction

I- Présentation de la pharmacie

A- Aménagement de l’officine
B- Organigramme
1- Le pharmacien titulaire
2- Ses assistantes
3- La préparatrice

II- Ce que m’a apporté le stage

III- Des dispensations diverses


A- Les médicaments
1- Sur ordonnance
2- Sur conseil
B- Les orthèses et le matériel médical
C- La dermocosmétologie
D- Les préparations magistrales

IV- Gestion de la pharmacie

A- Approvisionnement direct ou par grossistes-répartiteurs


B- Gestion administrative du dossier patient
1- La délégation de paiement
2- Le tiers-payant obligatoire

V- Le conseil à l’officine

A- Le conseil associé à une ordonnance


B- Cas de comptoir : le rhume

Conclusion

2
Introduction

Afin d’effectuer mon stage de fin d’études, j’ai choisi une officine
parisienne, chez Madame LEPERE. Cela m’a permis d’acquérir une
expérience différente de celles que j’avais pu avoir à Bordeaux.

Durant ces six mois, de janvier à juin 2008, j’ai pu mettre en


pratique mes connaissances universitaires mais surtout découvrir
réellement le métier de pharmacien dans sa vie quotidienne. J’ai
remarqué à quel point ce dernier occupe une place importante chez sa
clientèle de quartier puisqu’elle lui est fidèle. Ceci fut intéressant pour
moi car je suivais ainsi l’évolution de leurs pathologies.

Je garderai un très bon souvenir de cette expérience


professionnelle grâce à mon maître de stage fort compétent ainsi que de
son équipe officinale. Je les remercie sincèrement de l’accueil
chaleureux qu’ils m’ont fait et de leur soutien appréciable pendant ces
six mois.

3
I- Présentation de la pharmacie

A- Aménagement de l’officine
Elle dispose de quatre comptoirs comportant chacun un ordinateur,
tous reliés au logiciel Pharmagest. Celui-ci permet de faire le dossier de
chaque patient, avec ou sans carte Vitale. Il est fort utile car il informe
l’équipe officinale des interactions ou contre-indications parfois
rencontrées sur une ordonnance ou même avec des médicaments pris
antérieurement.
Le dernier poste est situé plus à l’écart ce qui assure un espace de
confidentialité pour des problèmes demandant discrétion. C’est
également via cet ordinateur que l’on peut consulter « Clickadoc » si on
a besoin de plus d’informations sur un médicament ou s’il on recherche
un produit en particulier. Deux fois par jour, on y passe la commande à
l’OCP et, depuis peu, la commande de génériques par « virtuose ».
Derrière ces comptoirs se trouvent les médicaments dits « grand
public » ainsi que les tiroirs destinés à l’homéopathie.

Cette pharmacie possède également un espace parapharmacie


relativement grand avec au centre des présentoirs permettant de mettre
en avant certaines promotions ou les produits utiles en fonction de la
saison.
La vitrine est régulièrement changée, soit par l’équipe officinale,
soit par des personnes spécialisées. Elle est bien sûr réalisée selon les
demandes du moment : par exemple, un panneau Biotherm sur les
crèmes solaires avant l’été.

Derrière l’espace public, on trouve le bureau de la pharmacienne


où elle peut ainsi faire sa gestion et recevoir les représentants des
laboratoires. Un autre espace de confidentialité est disponible, à l’abri
des regards, permettant de prendre les mesures des patients pour les
bas de contention. Par ailleurs, les clients nous montrent ainsi plus
facilement des boutons mal placés ou des plaies délicates.
Les médicaments en comprimés sont rangés dans de vastes
tiroirs, par ordre alphabétique, les sachets, sirops et ampoules sont eux
sur des étagères, comme certains compléments alimentaires,
compresses, etc…
Enfin, toujours au rez-de-chaussée se trouve le préparatoire. Une
étagère contient les piluliers, les gélules, les flacons et pots destinés aux
préparations. Une armoire renferme à clé les produits en vrac de liste I et
les substances toxiques. Une plaque chauffante permet de chauffer les

4
glycérides semi synthétiques si des suppositoires seraient à réaliser.
Deux réfrigérateurs contiennent les vaccins et autres produits destinés à
être conservés entre +2 et +8°C. Ceux-ci sont régulièrement contrôlés et
chacun dispose d’un thermomètre.

Notons qu’une petite bibliothèque contient tous les ouvrages que


l’on doit obligatoirement trouver dans une officine, comme par exemple
le Vidal ou le Tarex de l’année en cours, mais aussi des livres
d’informations sur certaines pathologies.

Cette officine détient une grande cave où sont stockées les


réserves de médicaments et les produits de parapharmacie. On y trouve
également les documents qu’il faut conserver un certain nombre
d’années, comme l’ordonnancier.

B- Organigramme

1- Le pharmacien titulaire

Madame Lepère est le pilier de la pharmacie : c’est elle qui assure


le bon déroulement des activités et qui gère son équipe. Elle fixe les
emplois du temps et attribue à chacun les tâches à accomplir.

Elle occupe une place primordiale envers sa clientèle qui aime


souvent être personnellement servie par elle. Cela témoigne de la
confiance qu’elle lui voue. C’est avant tout un acteur de Santé Publique
qui engage sa responsabilité à chacun de ses actes et de ceux de son
équipe. De part le dialogue et l’écoute, elle sait donner le conseil adapté
à chaque pathologie. Elle connaît bien sa clientèle de quartier et celle-ci
lui en toujours reconnaissante.

Mais la titulaire, en plus d’être pharmacien, est aussi et surtout chef


d’entreprise, ce qui demande une gestion rigoureuse. En effet, c’est elle
qui s’occupe du paiement des factures, des fiches de paies, qui contrôle
les bordereaux de banques. Elle doit par ailleurs préparer les factures
pour que le comptable puisse calculer la TVA mensuelle et à un regard
sur la gestion du tiers payant et la caisse du jour. Elle assure donc la
gestion comptable. En cas d’erreur, elle devra comprendre d’où elle
vient.

5
Régulièrement, Madame Lepère reçoit les représentants des
différents laboratoires pour réaliser les commandes directes que soit en
génériques, en produits conseils ou en parapharmacie. Chacun de ces
rendez-vous sont assidûment préparés à l’avance afin de négocier les
meilleurs prix.

Le métier de pharmacien demande une grande disponibilité, que


ce soit envers ses clients ou son équipe officinale.

2- Ses assistantes

Madame Lepère dispose de deux assistantes : Claire, qui est là à


temps complet, et Marie-Caroline, qui vient une fois par semaine.

Elles secondent la titulaire souvent très occupée par la gestion et


sont habilitées à la remplacer si nécessaire.
Tous les matins, l’assistante présente s’occupe de la
télétransmission des dossiers de la veille, c’est-à-dire du tiers payant.
Ces dossiers sont triés selon le centre auquel ils sont rattachés. Elle
veille au bon remboursement des prestations et doit traiter les « rejets »
si nécessaire. Notons que cela est fastidieux car il n’est pas toujours
facile de retrouver le patient en cas de problème.
Par ailleurs, elles doivent vérifier les ordonnances préparées par
les autres membres de l’équipe non pharmacien, comme le stagiaire.
Comme Madame Lepère, elles connaissent bien les patients habitués et
elles savent délivrer le conseil adapté.
Tout au long de mon stage, elles ont été disponibles pour répondre
à mes questions et m’ont toujours aidée à gérer les difficultés que j’ai pu
rencontrer.

3- La préparatrice

Catherine s’occupe bien entendu des préparations magistrales


mais est surtout un des piliers de la pharmacie ; en effet, les clients
l’apprécient particulièrement et aiment être servis par elle. De par son
expérience, elle est capable de délivrer les bons conseils, avec le
soutien de la titulaire ou des assistantes.

Elle s’occupe également de la réception des deux commandes


journalières de l’OCP, des retours, des manquants, de l’agencement de
la pharmacie et, lorsqu’il y a lieu, de faire circuler les procédures d’alerte
retrouvées dans les caisses du grossiste-répartiteur.

6
II- Ce que m’a apporté le stage
Avant tout, il a fallu m’adapter à l’équipe officinale et bien assimiler
comment fonctionnait le rangement de la pharmacie afin d’être plus à
l’aise pour dispenser les ordonnances face aux clients. Cela a été assez
rapide grâce à Catherine qui a été d’une grande patience pour tout
m’expliquer. J’ai dû par ailleurs apprendre à me servir du logiciel
Pharmagest qui m’était inconnu : celui est très ludique donc on s’y fait
vite.

Ces six mois m’ont permis d’appliquer en pratique mes


connaissances théoriques sur les médicaments de part la délivrance des
ordonnances. J’ai beaucoup appris grâce à Madame Lepère qui donne
toujours des conseils associés, notamment sur les bilans cliniques à
effectuer, sur les moments de prise dans la journée, sur les associations
à ne pas faire et sur les possibles effets indésirables. Elle veille à
personnaliser et sécuriser ses dispensations en s’assurant du bon usage
du médicament et à la bonne observance du traitement.

J’ai aussi été amenée à élaborer une opinion pharmaceutique


lorsqu’une spécialité n’était plus disponible ou si une contre-indication
apparaissait dans l’ordonnance.
A chaque acte pharmaceutique, l’entière responsabilité du
pharmacien est engagée, il est le dernier maillon de la chaîne avant la
prise du médicament par le patient et se doit toujours d’être d’une
extrême vigilance.

Avec l’aide la préparatrice, j’ai réalisé certaines préparations


magistrales (crèmes, pommades, collodions, gélules…). Celles-ci
demandent un étiquetage particulier et doivent systématiquement être
notées sur l’ordonnancier, conservé dix ans.

Durant le stage, j’ai pu voir à quel point le pharmacien occupait une


place importante chez les patients car ils viennent régulièrement lui
demander un conseil avisé sur leur pathologie. Cela leur évite d’aller
chez le médecin car bien souvent le pharmacien est à même de
conseiller les médicaments adaptés à leur maladie, si elle est bénigne
bien entendu.

Enfin, le stage m’a permis de me familiariser avec les diverses


activités d’une officine :
- la location de matériel médical comme les aérosols
ultrasoniques, les tire-lait, les cannes anglaises.

7
- la prise des mesures nécessaires pour l’achat de bas de
contention, d’orthèses orthopédiques comme les colliers
cervicaux, les genouillères, les chevillières…
- savoir se procurer au bon grossiste le produit désiré par le
client.
- conseiller en dermocosmétologie, notamment grâce à une
formation La Roche-Posay à laquelle j’ai pu assister.

II- Des dispensations diverses


Cette pharmacie effectue des dispensations de toutes sortes. Il faut
d’abord bien situer son emplacement : elle est à 50 mètres d’un institut
médical : l’Institut Vernes, ce qui fait que la délivrance d’ordonnances
représente environ 85% des actes. Par ailleurs, cette officine parisienne
est dans un quartier visité ce qui attire les touristes à la recherche de
produits dermocosmétiques typiquement français. Enfin, c’est une
pharmacie de quartier et les résidents lui sont fidèles.

A- Les médicaments

On distingue deux types de délivrance de médicaments : ceux sur


ordonnance et ceux par conseil.

1- Sur ordonnance

Avant tout dispensation, il faut réaliser une analyse rigoureuse de


la prescription qui recouvre les aspects :
- réglementaire : vérification de la validité de l’ordonnance
(valable 1 an ou 3 mois s’il s’agit de la première
délivrance), qualité du prescripteur, identification du
malade (nom, âge, poids surtout pour les enfants),
ordonnance sécurisée si stupéfiants, renouvellement.
- pharmacologique : détection d’interactions
médicamenteuses ou de contre-indications, vérification
des posologies.
- économique : envisager une substitution par génériques.
Ensuite, il faudra analyser l’objectif thérapeutique de l’ordonnance
et ne pas hésiter, en toute confidentialité, à questionner le patient sur
d’éventuelles allergies.

8
C’est après toutes ces vérifications que le pharmacien prend sa
décision, celle-ci engageant sa responsabilité. Ces décisions sont :
- la délivrance : remise des médicaments, substitués ou
non.
- le sursis de délivrance : dans l’attente d’une levée de
doute ou d’une information médicale.
- la modification concertée de la prescription avec le
médecin (ce qui nécessitera une opinion pharmaceutique).
- le refus de délivrance : en cas de danger pour le malade.

S’il choisit de délivrer les produits, le pharmacien accompagnera sa


dispensation de conseils avisés sur les posologies, la durée du
traitement, le mode d’administration. Il préviendra des possibles effets
indésirables et il s’assurera de la bonne observance de son client.

Rappelons que le pharmacien ne peut délivrer que pour un mois et


que chaque produit dispensé sera enregistré dans l’ordinateur ce qui
constituera l’historique du patient.
Mais depuis peu, certains médicaments peuvent être délivrés en grand
conditionnement pour 3 mois : c’est le cas des statines ou de quelques
ADO. Bien entendu les contraceptifs oraux sont très souvent vendus par
plaquette de trois.

Cas des renouvellements :

- médicaments de liste I :
Ils ne sont renouvelables que si mention expresse du prescripteur.
Attention, bien souvent le médecin a tendance à renouveler l’ensemble
de l’ordonnance. Si elle comporte un hypnotique, celui-ci ne sera pas
renouvelable car leur prescription se limite à quatre semaines. Il est
difficile de faire comprendre cela au patient qui veut toujours son
hypnotique…
Le Subutex® (buprénorphine) a une durée de prescription de 28 jours et
une délivrance fractionnée pour 7 jours voire journalière, sauf mention
expresse du médecin de délivrance en une seule fois. Le
chevauchement est impossible et on ne pourra délivrer la quantité totale
que si la prescription est présentée dans les 72 heures, sinon délivrance
pour le temps restant du traitement.
Le Rohypnol® (flunitrazépam) a lui une durée de prescription de 14
jours.

Remarque : même si les deux médicaments précédents sont inscrits en


liste I, il faut les noter sur le registre des stupéfiants.

9
- médicaments de liste II :
Ils sont eux renouvelables, sauf mention du médecin l’interdisant. Dans
le cas d’un renouvellement désiré par le patient, le remboursement est
par contre impossible.

2- Sur conseil

Le conseil officinal doit toujours se faire dans les limites de


compétence du pharmacien. Il ne faut pas hésiter à recommander la
consultation d’un médecin si nécessaire.

Généralement, le conseil fait suite à une demande du patient. Le


pharmacien se doit d’évaluer la gravité des symptômes évoqués après
dialogue avec le malade et c’est après qu’il fera le choix de sa
dispensation. Le plus souvent, il proposera des médicaments « grand
public » et il délivrera les conseils adaptés.

B- Les orthèses et le matériel médical

Pour pouvoir délivrer le maximum de produits orthopédiques, il est


primordial pour le pharmacien d’avoir son DU d’orthopédie. Claire le
détient et madame Lepère l’a passé durant le mois de mai afin de
pouvoir répondre à la demande de ses clients et d’agrandir son champ
d’activités.
Notons que le développement du maintien à domicile est plein essor et
que le pharmacien d’aujourd’hui se doit d’être le plus compétent possible
dans ce domaine.

Pendant mon stage, j’ai pu dispenser des orthèses courantes


comme les appareillages du rachis cervical, de la cheville, du genou ou
encore les contentions veineuses de classe I, II ou III (rare).
Pour cela, une prise de mesure adéquate est nécessaire.
Ces produits sont le plus souvent prescrits sur ordonnance afin de
bénéficier du taux de remboursement correspondant au prix LPPR.
En général, on les commande à l’OCP et lorsque le patient vient
chercher sa contention ou son orthèse, on lui explique comment bien la
mettre en place et comment l’entretenir.

10
Durant ces six mois, j’ai aussi pu me familiariser avec le matériel
médical.
La location d’aérosols est assez fréquente lors d’affections
bronchiques chroniques. Plusieurs types d’aérosols existent et
permettent d’obtenir un diamètre de gouttelettes variable selon la
localisation à traiter : on trouve des aérosols ultrasoniques, soniques,
pneumatiques ou manosoniques. C’est le médecin qui indique son choix
sur l’ordonnance.
Le masque à usage unique s’achète et la location de l’appareil est
remboursée par semaine au prix LPPR.
Pour ce qui est des cannes anglaises, il faut savoir que la location
est non remboursée tandis que l’achat l’est : c’est au patient de choisir
ce qui lui convient le mieux.

Enfin certains patients maintenus à domicile grâce à l’entourage et


la complicité du pharmacien, ont besoin de dispositifs médicaux
spécifiques. Cela peut être des poches à urine, des alèses, des canules,
des sondes ou encore des pansements anti-escarres. Les références
sont très nombreuses et il est important de s’y connaîte au mieux pour
satisfaire toute demande.

Qu’est ce que la LPPR ?

Il s’agit de la Liste des Produits et Prestations Remboursables qui


indique le matériel pris en charge par la Sécurité Sociale et fixe le taux
de remboursement. La somme remboursée est une somme forfaitaire.

Cette liste se divise en quatre parties :


 le titre I comprend les dispositifs médicaux pour traitements et
matériels d'aide à la vie, les aliments diététiques et les articles pour
pansements.
 le titre II concerne les orthèses et prothèses externes (lunettes,
montures, appareils correcteurs de surdité, prothèses oculaires et
faciales, chaussures orthopédiques, corsets, prothèses pour
amputation...).
 le titre III est constitué des dispositifs médicaux implantables
(prothèses internes).
 le titre IV concerne les véhicules pour handicapés physiques.

11
C- La dermocosmétologie
Ce domaine représente une place importante dans une officine. Le
pharmacien se doit de proposer une large gamme de produits avec le
plus de laboratoires possibles : Biotherm, Avène, La Roche-Posay, Roc,
Ducray… En effet, le client est assez exigeant quand il s’agit de
parapharmacie. Par ailleurs, il arrive régulièrement d’avoir des
prescriptions de dermatologues pour ce genre de produits et le
pharmacien doit être en mesure de répondre aux mieux à la demande.

Les représentants de ces laboratoires viennent présenter leur


nouvelle gamme ou pour réapprovisionner l’officine. Ils proposent
également à l’équipe officinale des formations car le client a besoin
d’être conseiller avec des arguments valables, que ce soit pour des
crèmes solaires, un shampooing anti-pelliculaire ou une crème
hydratante.

D- Les préparations magistrales

De nos jours, elles sont de moins en moins nombreuses mais


certains prescripteurs continuent à en faire, notamment les
dermatologues. Mon officine fait de la sous-traitance avec une autre
pharmacie si la préparation nécessite du matériel ou des dosages
particuliers. Dans ce cas, la responsabilité des deux pharmaciens est
engagée.
Chaque préparation demande un étiquetage adapté et sa
tarification se fait avec l’aide du Tarex. Les préparations à base d’acide
salicylique ne sont désormais plus remboursées. Les préparations pour
lesquelles il existe des spécialités équivalentes, répondant au même
usage thérapeutique (que ces spécialités soient remboursables ou non)
ne sont pas prises en charge.

Notons que d’autres activités existent en officine, plus ou moins


développées selon le titulaire, comme par exemple l’aromathérapie, la
phytothérapie ou encore l’homéopathie.

12
IV- Gestion de la pharmacie

A- Approvisionnement direct ou par grossistes-


répartiteurs
La pharmacie renouvelle son stock quotidiennement (deux fois par
jour) grâce à son grossiste : l’OCP. Elle n’est pas en gestion de stock
donc on recommande nous-même les quantités vendues dans la journée
avec l’aide des codes CIP, via internet.
Pour l’homéopathie, Boiron appelle plusieurs fois dans la journée
et livre trois fois par jour afin de répondre au plus vite aux demandes des
clients.

Mais d’un point de vue financier, il est beaucoup plus intéressant


de commander en direct, notamment pour les génériques. Quasiment
tous les mois, chaque laboratoire envoie un représentant pour faire de
grosses commandes et pour présenter leurs nouveaux produits.
Celles-ci se font avec l’aide du logiciel Pharmagest qui permet d’indiquer
le taux de rotation des médicaments. En effet, quand un médicament est
délivré, il est enregistré dans l’ordinateur ce qui permet de consulter les
quantités délivrées tous les mois et d’en tenir compte lors des
commandes pour ne pas aboutir à des produits manquants.
Lorsqu’on reçoit ces grosses commandes, il faut vérifier les quantités,
puis mettre en rayon ou constituer la réserve.

Notons que chaque entretien avec un représentant est préparé à


l’avance par Mme Lepère, surtout pour la parapharmacie, dans le but
d’obtenir les meilleures remises, les meilleures conditions d’achat et si
possible, la reprise des invendus et des périmés.

C’est ainsi qu’en plus d’être un acteur de santé publique reconnu,


le pharmacien se doit d’être en plus un véritable chef d’entreprise. En
effet, une gestion rigoureuse de son stock est primordiale.

B- Gestion administrative du dossier patient


Le pharmacien traite quotidiennement des ordonnances pour
lesquelles les clients ne payent pas, en totalité ou en partie, le montant
des produits qui leur sont délivrés. Désormais, presque que tous les
patients possèdent leur carte Vitale ce qui permet de connaître

13
l’ouverture des droits aux prestations ainsi que le régime d’exonération
qui est repéré par un message particulier en début de dossier.

Pour ceux qui n’auraient pas de carte Vitale, le pharmacien fera un


dossier comme autrefois, c’est-à-dire à l’aide d’une feuille de soins où il
faudra coller les vignettes, remplir le numéro de Sécurité Sociale, signer,
le tout à renvoyer par le client lui-même à son organisme en vue du
remboursement.

1- La délégation de paiement

Même si celle-ci n’est pas obligatoire, elle est présente aujourd’hui


dans la quasi-totalité des pharmacies. Elle permet aux assurés d’une
Caisse d’Assurance Maladie de ne pas avancer les frais
pharmaceutiques.
Cette délégation de paiement peut être partielle ou totale : soit le
pharmacien ne fait pas régler à l’assuré le montant remboursable par
l’organisme d’assurance obligatoire mais il lui fait par contre régler le
ticket modérateur ; soit la délégation de paiement s’étend également à la
part complémentaire (mutuelles).

Il existe de régimes particuliers d’exonération comme l’A.L.D., les


femmes enceintes mais le cas général présente les conditions de prise
en charge suivantes :

- remboursement à 65% des médicaments à vignettes


blanches, des produits du LPPR, du TPN.
- remboursement à 35% des médicaments à vignettes
bleues.
- remboursement à 100% des médicaments à vignettes
blanches encadrées d’un rectangle noir avec les deux
diagonales marquées (comme les anticancéreux…).

Chaque jour, il est important de faire la télétransmission de ces


dossiers pour éviter au pharmacien des problèmes de trésorerie, la date
de paiement étant différée. Ces télétransmissions se font vers les divers
organismes payeurs, ce qui est fastidieux. Il faudra ensuite suivre les
remboursements et s’occuper des « rejets » malheureusement assez
fréquents.

14
2- Le tiers-payant obligatoire

Certains patients possèdent un régime particulier : ils ne payent


jamais leurs médicaments. Dans ces cas que nous allons détaillés, le
pharmacien est obligé de faire l’avance des frais dans leur totalité.

 La Couverture Médicale Universelle (CMU) : il s’agit d’une


couverture de base pour ceux qui sont résidents en France ou dans les
DOM, qui sont donc obligatoirement affiliés, mais dont leurs ressources
ne dépassent pas un certains plafond (environ 530 euros pour une
personne seule).
C’est aussi une couverture complémentaire santé c’est-à-dire une
protection complémentaire en matière de santé au profit des personnes
résidant en France dont les revenus sont les plus faibles : le ticket
modérateur est alors pris en charge.

 L’article 115 : les bénéficiaires en sont les titulaires d’une


pension militaire d’invalidité. Seules les prestations nécessités par leur
pathologie sont offertes à titre gratuit. Les pensionnés possèdent un
carnet de soins à leur nom. Sur ce carnet à souches, un volet sert à la
rédaction de l’ordonnance et sera utilisé par le pharmacien pour sa
tarification et pour coller les vignettes. Ces feuillets sont expédiés
chaque mois dans une enveloppe spéciale à la délégation régionale du
ministère chargé des anciens combattants pour leur règlement.

 Les accidents du travail (AT) : les bénéficiaires en sont les


personnes accidentées dans leur travail ou ayant contracté une maladie
spécifique découlant de leur activité professionnelle.

15
V- Le conseil à l’officine
Afin d’insister sur le rôle primordial du pharmacien conseil, j’ai
choisi de présenter deux cas fréquemment rencontrés en officine qui
illustrent bien cette facette du métier.

A- Le conseil associé à une ordonnance

Docteur J-F G.
8, rue Bonaparte
75006 PARIS le 21 mai 2008
MEDECINE GENERALE

N° 75 458 9420

Madame L. 52 ans, 1m65 , 55kg

Duspatalin® 200 mg : 3 gélules par jour

Poly-Karaya® : 3 sachets par jour

Spasfon Lyoc® : 2 si crise douloureuse

Traitement pour 1 mois, renouvelable

G.

Il s’agit là d’une patiente souffrant de colopathie fonctionnelle ou


syndrome du colon irritable. Cette pathologie se manifeste par des
douleurs abdominales, des flatulences et des troubles du transit :
diarrhées et/ou constipation. Elle représente une gêne importante,
parfois mal vécue, même si cela reste bénin. La patiente sera menée le
plus souvent à faire une coloscopie, surtout à son âge, afin d’écarter tout
risque de cancer du côlon.

16
Le traitement, comme on peut le voir sur cette ordonnance, reste
symptomatique et vise à modifier la motricité colique.

Rôle du pharmacien face à cette ordonnance :

a/ Conseils sur le mode de prise

Le Duspatalin® (mébéverine) devra être pris avant les trois


principaux repas. C’est un antispasmodique utilisé dans le traitement des
douleurs ou de l’inconfort liés aux troubles fonctionnels intestinaux.
Le Poly-Karaya® (gomme karaya + polyvinylpolypyrrolidone) sera
lui aussi à prendre avant les trois principaux repas. Le mieux est de
dissoudre le sachet dans un verre d’eau et d’avaler sans croquer.
On signalera à la patiente qu’en début de traitement, des sensations
passagères de ballonnements peuvent apparaître.
Le Spasfon® (phloroglucinol) est à prendre en cas de crise
spasmodique douloureuse. Il s’agit d’un antispasmodique musculotrope
qui complète l’action du Duspatalin®. L’avantage de la forme lyoc est
que le comprimé est à laisser fondre sous la langue et qu’il agira ainsi
plus rapidement.
Il est important de signaler à la patiente qu’elle ne doit pas dépasser 6
prises par jour.

b/ Conseils hygiéno-diététiques

Cette pathologie nécessite une hygiène alimentaire et une hygiène


de vie particulières car certains facteurs émotionnels (stress, anxiété),
alimentaires, médicamenteux ou hormonaux peuvent favoriser ou
aggraver les troubles.

Le pharmacien devra alors lui conseiller d’apprendre à gérer son


stress par de la relaxation, voire par des cours de yoga.
Une activité physique est à recommander type marche à pied, vélo,
natation afin de contribuer à la régularité de la fonction intestinale.
Il faudra éviter les vêtements trop serrés à la taille et la position allongée
immédiatement après le repas.

Ses repas devront être pris dans le calme, à heure fixe. Ses
aliments consommés en petite quantité doivent être facilement
absorbables et digestes. En effet, certains aliments irritant la muqueuse
digestive ou favorisant les flatulences seront à proscrire : choux, lentilles,
haricots secs, rhubarbe, crudités, compote, fritures, mais également
alcool, boissons gazeuses, thé, café, cacao, chewing-gums.

17
Il sera important de boire 1,5 à 2L d’eau par jour.
Si diarrhées, adopter un régime sans résidus mais en cas de
constipation, privilégier légumes verts, salades, céréales, fibres
alimentaires.

Par ailleurs, il faudra lui rappeler que certains médicaments


accélèrent le transit comme les laxatifs irritants à base de séné ou de
cascara, ou au contraire constipent comme les antitussifs et antalgiques
à base de codéine, les sels de fer…

Enfin, on pourra lui proposer des produits à base de probiotiques


comme Bion transit® afin de restaurer sa flore intestinale : une gélule par
jour pendant un mois.

B- Cas de comptoir : le rhume


Le conseil officinal pour un rhume est sûrement un des plus
demandés en pharmacie. La personne vient lorsqu’elle ressent les
premiers symptômes du rhume : état grippal, nez qui coule, mal à la
gorge ; ou lorsqu’au contraire cela fait une semaine qu’elle est malade :
dans ce cas, elle désire toujours un traitement rapide pour en finir au
plus vite. Généralement, dans la seconde possibilité, la personne
toussera…

Le rhume étant lié à un virus, les antibiotiques sont bien entendu


inefficaces et on ne pourra délivrer qu’un traitement symptomatique
visant à soulager les symptômes les plus gênants.

Le pharmacien possède un arsenal thérapeutique assez vaste


dans ce domaine. Voici ce qu’il proposera, en posant des questions à sa
patiente pour mieux cibler ses symptômes, pour savoir aussi si elle n’est
pas allergique à telle ou telle molécule :

- Pour le mal de tête et pour éventuellement faire baisser la


fièvre : des antalgiques ou anti-inflammatoires comme le
paracétamol ou l’aspirine si pas d’allergie connue aux
salicylés.

- Pour dégager le nez bouché : des sprays nasaux sont


fortement recommandés, particulièrement ceux à base de
soufre comme RhinoTherm®, si pas d’allergie au soufre.
En effet, le soufre a une action bénéfique sur toute la

18
sphère ORL car il permet le processus de reconstitution
des muqueuses respiratoires lésées. Il est primordial de
drainer par mouchages fréquents les fosses nasales.

- Si la personne est très congestionnée, on pourra lui


proposer de la pseudoéphédrine – si pas de glaucome,
pas de problème de prostate chez l’homme, pas enceinte.
On en trouve dans le Dolirhume® par exemple. Si au
contraire son nez coule beaucoup, on avancera plutôt du
Fervex® qui contient un anti-histaminique.

- En cas de toux sèche, un antitussif opiacé comme Néo-


Codion® est judicieux. Si la toux est grasse, il faut un
expectorant à base de carbocystéine ou d’acétylcystéine.

- Pour soulager la gorge : les pastilles ou les collutoires sont


assez efficaces. Ils contiennent en général un
anesthésique local et un antiseptique : Drill®, Colludol®…

- Afin de booster les défenses immunitaires, on conseillera


d’associer de la vitamine C.

19
Conclusion

C’est avec beaucoup d’intérêt que pendant ces six mois j’ai pu
accéder aux diverses activités de l’officine et que j’ai pu mettre en
pratique mes connaissances acquises durant mes études.
J’ai réellement compris qu’en plus d’être un acteur de santé
reconnu, le pharmacien est aussi un véritable chef d’entreprise qui doit
gérer au mieux son stock mais aussi son équipe officinale. Il est
responsable de tout ce qui se passe dans sa pharmacie et doit avoir un
regard sur tout. J’ai constaté ainsi que la rigueur, la précision et la
discipline sont présentes à tous les niveaux, qu’il s’agisse de la
délivrance des ordonnances, des conseils portés aux patients ou de la
gestion.

Je conclurai par le fait que les rapports humains tiennent une place
essentielle et que la relation patient-pharmacien est à privilégier. Ce
métier est basé sur la confiance et le conseil, deux valeurs qu’il faut
s’efforcer de préserver.

20

Vous aimerez peut-être aussi