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COURS D’ANTHROPOLOGIE
PHARMACEUTIQUE
DESTINE AUX ETUDIANTS DE 2ème GRADE EN SCIENCES
PHARMACEUTIQUES (P2)
E-mail : josebazonzi@yahoo.fr
INTRODUCTION
De nos jours, la santé n’est plus une affaire individuelle ; elle est devenue
une préoccupation des groupes, des communautés, des collectivités : la
santé publique est devenue, en effet, l’un des défis majeurs des sociétés
contemporaines. C’est pourquoi, les sciences sociales demeurent
étroitement associées à la réflexion axée sur les préoccupations des
groupes humains en matière de santé. Et il faut aussi signaler le rôle clé
que joue le médicament dans l’efficacité de la thérapeutique et de tout
système de santé.
1. Démarche didactique
Le cours est conçu suivant une démarche didactique classique, et les leçons
sont présentées suivant un gradient de complexité : le cours débute avec
des notions simples, avant d’aborder les notions beaucoup plus complexes.
2. Objectifs du cours
4. Articulation du cours
1. Introduction
Pour des raisons liées au volume horaire (1 crédit), nous allons nous limiter
à souligner, dans ce chapitre, l’apport des deux disciplines, à savoir
l’Anthropologie et la Sociologie, et les liens entre sciences sociales et
sciences pharmaceutiques.
C’est la raison pour laquelle, les grilles analytiques des sciences sociales
(et en particulier celles des disciplines scientifiques telles l’Anthropologie
et la Sociologie) sont indispensables pour mieux appréhender les rapports
complexes qui lient l’homme au médicament, produit de la culture
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C’est ainsi qu’il existe autant d’anthropologies que d’objets liés à la culture
de l’homme, hormis les grandes subdivisions ou branches classiques
(anthropologie sociale et culturelle, anthropologie politique, anthropologie
économique, anthropologie de la santé, anthropologie juridique,
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Pour Alice Desclaux et Marc Egrot (2015), le médicament peut être défini
comme une substance thérapeutique pharmacologiquement active, conçue
et/ou validée par la recherche médicale, produite de manière industrielle
et dont la vente et l’usage sont autorisés et régis par des instances
sanitaires.
Quant à nous, nous retiendrons, pour ce cours, une définition qui tient
compte des divers aspects du médicament, notamment :
2.2. La notice
La notice est rédigée dans un langage savant, et est destinée à une pluralité
de destinataires (le patient, le pharmacien, le médecin, les organismes
publics). Il appartient donc au pharmacien, l’unique interface légale entre
le patient et le médecin, de décrypter les informations savantes contenues
dans la notice à l’endroit du patient.
Les enquêtes sociologiques sur les préférences des patients sur les formes
galéniques des médicaments (cf. C. Méadel, 1989, cité par M. Akrich, 1995)
ont permis de construire des systèmes d’équivalence ou de préférence
entre des catégories de patients et des formes de médicaments. Ces
relations peuvent ensuite être renforcées par les choix que font les
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Toutefois, le travail sur la forme est l’un des moyens privilégiés par
lesquels on essaie de prévenir des usages déviants : certains médicaments
passent d’une forme éventuellement injectable à une forme non injectable
de manière à prévenir leur utilisation par les toxicomanes.
1994), à partir de tous les appels concernant des erreurs d’utilisation des
médicaments en pédiatrie, démontre que cette préoccupation n’est pas
vaine ; on y relève en particulier la diversité des erreurs qui portent sur :
- le médicament (30%),
- la dilution (1%),
* L’automédication
* La sous-consommation médicamenteuse
4.2. La « pharmaceuticalisation »
3. La médiatisation du médicament ;
1.1. Le fabricant
1.3. Le prescripteur
1.4. Le dispensateur
En effet, si les trois premiers types d’acteurs dont nous venons d’examiner
le rôle appartiennent au secteur « biomédical », d’autres acteurs
interviennent soit dans le secteur traditionnel ou de la médecine
alternative, soit dans le secteur populaire, caractérisé par une forte
informalisation. Mais il n’est pas exclu l’existence des passerelles entre les
trois types de secteur du « système du médicament ». Ainsi, le tradi-
thérapeute peut proposer un médicament traditionnel amélioré (ayant la
forme d’un médicament moderne), ou le vendeur du secteur populaire peut
proposer au patient une potion, des herbes, voire des produits
pharmaceutiques, même si souvent ces derniers sont soit falsifiés, soit
avariés pour cause de mauvaise conservation (intempéries : chaleur,
humidité, …), soit tout simplement trafiqués, …
1.6. Le patient
* le réarmement moral ;
* l’approche socioculturelle ;
Pour réussir cet audacieux pari, le Pharmacien congolais doit passer par
une resocialisation pharmaceutique de proximité. C’est ce que fait ce
nouveau programme (parmi l’un des objectifs de la réforme).
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2. La polysémie du médicament
Les travaux de Johanne Collin et ceux de Sjaak Van der Geest et Susan
Reynolds Whyte montrent combien un même produit peut être chargé de
significations multiples par différents acteurs, en interrelations
consensuelles ou conflictuelles. En outre, la polysémie du médicament est
aussi nourrie par son parcours biographique qui s’accompagne d’un
cortège de valeurs en constante évolution et par sa diffusion dans des
milieux sociaux et des cultures les plus diverses.
Sjaak Van der Geest et Susan Reynolds Whyte cernent la dialectique qui
sous-tend le rapport aux médicaments et qui s’organise autour de
l’opposition entre la popularité et le scepticisme. Les médicaments sont
perçus comme des substances séduisantes non seulement pour les
professionnels de santé mais aussi pour les consommateurs. Cela est dû
notamment à leur efficacité éprouvée, l’apparence des produits ainsi que
leur origine étrangère. Ajouter à cela leur rôle dans le renforcement des
relations sociales à travers les dons et les contre-dons qu’ils impliquent.
Par contre, les médicaments n’ont pas que des avantages : ils sont
également l’objet de perceptions négatives, liées notamment à leur toxicité,
leur agressivité et leurs effets secondaires (indésirables). C’est ainsi que les
résistances à l’égard des médicaments peuvent aussi s’exprimer par des
formes de non-observance, reflet d’un scepticisme face au corps médical
et ses prescriptions, ou même d’une rébellion contre ses diktats, positions
alimentées par les effets iatrogènes des médicaments et la critique de leur
commercialisation.
Selon Freidson, l’histoire de la médecine nous montre « que bien des idées
médicales d’aujourd’hui sur la maladie ne sont pas les mêmes que celles de
la médecine ‘’moderne ’’ d’hier et que certaines idées de la médecine
‘’moderne ‘’ de demain contrediront celles d’aujourd’hui » (Freidson,
1984 :215). En effet, les considérations d’ordre historique et
épistémologique ont persuadé les sociologues à ne plus percevoir le savoir
et les normes de la médecine moderne comme des entités et des catégories
absolues, mais plutôt comme une construction relative qui, tout en
s’inscrivant dans le social, produisent du social.
réalité sociale étudiée. C’est le cas des études portant sur les conduites des
soins, et qui font intervenir divers acteurs et agents impliqués dans le
processus de soin, de prise en charge et d’encadrement du malade
(médecins, infirmiers, guérisseurs, organismes d’assurance, entourage du
patient …).
Ce dernier chapitre est bâti sur les conclusions d’une étude menée en
Suisse romande, auprès des pharmaciens d’officine ainsi que leur clientèle
(enquête dans une pharmacie de garde), cf. J. Mbarga et al., 2014.
1. Introduction
De manière générale, ces relations oscillent entre deux pôles. D’une part,
les pharmaciens affirment entretenir des rapports satisfaisants avec la
majorité des usagers, résultant du fait que ceux-ci leur reconnaissent le
rôle primordial de spécialiste et de promoteur du bon usage du
médicament.
D’autre part, ils évoquent des rapports plus tendus et rapportent le manque
d’intérêt d’une partie des usagers pour les conseils qu’ils désirent leur
prodiguer.
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Une personne qui boucle la conversation, disant "Je sais, j'ai déjà utilisé ce
médicament, merci". Ben on va pas l'énerver et continuer à lui poser des
questions. Après c'est aussi sa responsabilité ; donc du moment qu'on
dispense un médicament à un adulte et qu'on a dit ce qu'il y avait à dire,
ben c'est aussi sa responsabilité d'être humain, conscient, de savoir ce qu'il
fait quelque part (Olive, pharmacienne).
(Extrait tiré de J. Mbarga et al., 2014).
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CONCLUSION
Parmi les biens les plus précieux que l’homme puisse avoir sur terre figure
la santé. Celle-ci, en effet, n’a pas de prix ; et son amélioration et sa
préservation ont toujours été un souci permanent pour toute société
responsable qui aspire au développement » (Mvuezolo Bazonzi,
1996 :818). Et le médicament se trouve être l’un des moyens de
prédilection pour l’amélioration et la préservation de cette santé.
BIBLIOGRAPHIE
Baxerres, C., Cassier, M., Chabrol, F., et Haxaire, C., « Trente-cinq ans
d’anthropologie du médicament en Afrique : retour sur l’étude des
marchés informels, des hôpitaux et des usages pharmaceutiques »,
Anthropologie & Santé [En ligne], 14 | 2017, mis en ligne le 01 avril 2017,
consulté le 27 mai 2019. URL :
http://journals.openedition.org/anthropologiesante/2462
Fournier, P., Lomba, C., et Muller, S., (éd.), Les travailleurs du médicament.
L’industrie pharmaceutique sous observation, Paris, éd. Eres, coll. Clinique
du travail, 2014.