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Faculté de Médecine
Anthropologie Médicale
Par
Joël IPARA MOTEMA, PhD
Professeur Ordinaire
DESCRIPTIF DU COURS
OBJECTIFS DU COURS
MÉTHODES PÉDAGOGIQUES
INTRODUCTION A L’ANTHROPOLOGIE
1. Définition, origine et champ de l’anthropologie
L’Anthropologie a comme fondement " la connaissance globale de l'homme,
dans toute son extension historique et géographique ; aspirant à une
connaissance applicable à l'ensemble du développement humain depuis les
hominidés jusqu'aux races modernes ; et tendant à des conclusions, positives ou
négatives, mais valables pour toutes les sociétés humaines, depuis la grande ville
moderne jusqu'à la plus petite tribu mélanésienne" (Lévi-Strauss 1958 :388).
Ainsi, l'anthropologie a la prétention de connaître l’homme dans sa globalité des
sociétés industrialisées comme à celle des sociétés techniquement sous-
développées. Sa vocation est universelle.
L'anthropologie est une discipline passionnante qui étudie l'homme dans sa
globalité, en explorant sa diversité culturelle, sociale, biologique et historique.
Cette science sociale cherche à comprendre les origines, l'évolution et les
différentes manifestations de l'humanité à travers le temps et l'espace.
En somme, l'anthropologie nous invite à nous interroger sur ce que signifie être
humain, sur nos liens avec autrui et sur notre place dans le monde. Elle nous
incite à adopter une approche holistique et comparative pour mieux
appréhender la richesse et la complexité de la condition humaine.
des défis de santé contemporains et nous aide à proposer des politiques de santé
plus inclusives et adaptées.
Son rôle consiste à analyser les interactions entre les patients, le personnel
soignant et l'environnement hospitalier afin de favoriser une communication
efficace et une meilleure compréhension mutuelle. L'anthropologue peut
également aider à identifier les besoins spécifiques des patients en termes de
soutien psychosocial, d'adaptation aux traitements médicaux ou de gestion de
la douleur.
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1.2. Maladie
La conception africaine de la maladie est profondément enracinée dans la
philosophie et la culture traditionnelle du continent. Dans de nombreuses
sociétés africaines, la maladie est perçue comme étant causée par un
déséquilibre entre l'individu et son environnement, que ce soit physique, social
ou spirituel.
1 Enculturation : acquisition graduelle de normes et caractéristiques d’une culture par une personne, par un
groupe,… (Oxford Dictionnary, p. 878).
2 Marc Augé, Ordre biologique, ordre social : la maladie forme élémentaire de l’évènement in Le sens du mal.
Anthropologie, histoire, sociologie de la maladie. Sous la direction de Marc Augé et Claudine Herzlich, Editions
des archives contemporaines, Paris, 2000 (1ère édition 1984), p. 36.
3 Voir à ce propos Jacques Saliba, Les paradigmes des professions de santé in Les métiers de la santé. Enjeux de
pouvoir et quête de légitimité. Sous la direction de Pierre Aïach et Didier Fassin, Editions Anthropos, Paris, 1994,
pp. 43-85.
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Les maladies peuvent être causées par des virus, des bactéries, des troubles
génétiques, des facteurs environnementaux, des modes de vie malsains, etc. Il
existe de nombreuses maladies différentes, allant des infections courantes telles
que le rhume et la grippe, aux maladies chroniques graves comme le cancer ou
le diabète.
Sur le plan social, la maladie peut engendrer une stigmatisation et une exclusion
de la part de la société. Les personnes malades peuvent être perçues comme
différentes, fragiles ou contagieuses, ce qui peut entraîner des préjugés et des
discriminations. De plus, la maladie peut entraîner une perte de revenus pour la
personne malade et sa famille, ce qui peut entraîner des conséquences
économiques et matérielles importantes.
globalité, en prenant en compte non seulement les aspects médicaux mais aussi
les dimensions sociales et psychologiques de son expérience.
1.3. Santé
La conception africaine de la santé repose sur une vision holistique de l'être
humain, considérant que la santé n'est pas seulement l'absence de maladie, mais
aussi un équilibre harmonieux entre le corps, l'esprit et l'âme. Les traditions
africaines mettent l'accent sur la prévention des maladies par une hygiène de vie
saine, une alimentation équilibrée et la pratique d'activités physiques.
améliorer la qualité des soins et contribuer à réduire les disparités de santé entre
les différentes populations.
La diversité culturelle est une richesse à valoriser dans le domaine de la santé car
elle offre des perspectives uniques pour adapter les soins aux besoins de chacun.
Il est essentiel de promouvoir une approche inclusive.
1.5. Patient
Le patient en biomédecine est bien plus qu'un simple cas médical à traiter. C'est
un être humain complexe et unique, qui mérite une approche holistique et
individualisée de ses soins de santé pour favoriser son bien-être et sa guérison.
1.6. Malade
Le terme « malade » peut être utilisé pour décrire une personne qui souffre
d’une maladie ou d’une affection médicale. Lorsqu’une personne est malade,
cela peut se manifester par une variété de symptômes tels que la fièvre, la toux,
la fatigue, les maux de tête, les nausées, etc. Il est important de consulter un
professionnel de santé si les symptômes persistent ou s’aggravent.
Dans la conception africaine, le malade est perçu comme un être à part entière,
dont la maladie est vue comme un phénomène complexe impliquant des
dimensions physiques, sociales et spirituelles. Son rôle est donc crucial dans la
société africaine, en tant qu'agent de guérison et de réconciliation entre les
différents plans de l'existence.
Être malade peut être une expérience difficile, mais en prenant soin de soi et en
suivant les recommandations médicales, il est possible de se rétablir et de
retrouver la santé.
Être malade dans la conception africaine est souvent considéré comme étant
plus qu’une simple perturbation physique. En effet, la maladie est perçue
comme le résultat d’un déséquilibre entre l’individu et son environnement, qu’il
soit social, spirituel ou naturel. Dans de nombreuses cultures africaines, la santé
est un état d’harmonie et d’équilibre avec le monde qui nous entoure.
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Au cours du XXe siècle, la santé a connu une évolution rapide grâce aux progrès
technologiques et médicaux. L'utilisation de l'antibiothérapie, la généralisation
des vaccinations, l'amélioration des conditions sanitaires et l'accès plus large aux
soins de santé ont permis de réduire considérablement la mortalité due aux
maladies infectieuses. De plus, les avancées en matière de chirurgie, de
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Tout d'abord, il est important de considérer les coûts liés à la santé, qui
comprennent les dépenses pour les soins médicaux, les médicaments, les
équipements médicaux, les infrastructures de santé, etc. Ces coûts peuvent
varier en fonction du pays, du système de santé en place et des politiques
publiques adoptées.
des risques peuvent contribuer à réduire les dépenses de santé à long terme et
à améliorer la santé globale de la population.
Les relations entre les médecins et les malades revêtent une importance
primordiale dans le domaine de la santé. Ces interactions complexes et délicates
sont essentielles pour assurer des soins de qualité et une prise en charge
optimale des patients.
Tout d'abord, il est crucial que les médecins établissent une relation de confiance
avec leurs patients. Cette confiance est le socle sur lequel repose la coopération
entre le professionnel de santé et le malade. Les patients doivent se sentir
écoutés, respectés et compris par leur médecin, ce qui favorise un échange
ouvert et honnête.
Les médecins doivent également faire preuve d'empathie envers leurs patients.
Comprendre et prendre en considération les émotions, les craintes et les besoins
des malades permet d'établir une relation humaine et bienveillante, essentielle
pour le bien-être psychologique des patients.
Les relations médecins/malades doivent être basées sur le respect mutuel. Les
médecins doivent respecter l'autonomie et la dignité des patients, tout en
s'efforçant de répondre à leurs besoins de manière personnalisée et adaptée.
Les relations entre les médecins et les malades sont un pilier fondamental de la
pratique médicale. Une communication transparente, une écoute attentive, une
empathie sincère et un respect mutuel sont autant d'éléments essentiels pour
garantir des soins de qualité et une relation thérapeutique bénéfique pour les
patients.
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Il est crucial de reconnaître que les interactions entre médecins et malades vont
bien au-delà de simples consultations médicales. Elles sont le cœur même du
processus de guérison et jouent un rôle majeur dans la qualité des soins
prodigués. En favorisant une relation basée sur la confiance, le partage
d'informations et la collaboration, les professionnels de santé peuvent
véritablement contribuer au bien-être global de leurs patients.
Il est important de se rappeler que les patients sont des individus avec des
besoins uniques, des expériences personnelles et des émotions variées. En tant
que professionnels de santé, il est de notre responsabilité de traiter chaque
patient avec dignité et respect, en tenant compte de son histoire médicale, de
ses préoccupations et de ses valeurs. La qualité de la relation médecin/malade
repose sur la capacité d'écoute, l'empathie et la compréhension mutuelle,
permettant ainsi de créer un environnement de soins favorable à la guérison et
au bien-être des patients.
L'objectif des réseaux thérapeutiques est d'offrir une prise en charge globale et
personnalisée aux patients, en tenant compte de leurs besoins médicaux,
psychologiques, sociaux et émotionnels. En intégrant différents services de soins
et en favorisant la collaboration interprofessionnelle, les réseaux thérapeutiques
visent à améliorer la qualité des soins, à optimiser les résultats cliniques et à
offrir un soutien continu aux patients tout au long de leur parcours de soins.
Les réseaux thérapeutiques sont des structures essentielles pour assurer une
prise en charge holistique et coordonnée des patients, en favorisant la
collaboration entre les différents acteurs de la santé et en garantissant des soins
de qualité et personnalisés.
recherche d’un soin curatif ou préventif se trouve en fait au centre d’un réseau
qui connecte les chants populaires, traditionnels et professionnels ; on évoque
donc la notion de réseau thérapeutique. La construction d’un diagnostic et d’un
traitement passe par les liens de ce réseau et constitue une sorte de recherche
d’un avis qui fait sens. Ainsi, le traitement proposé par un médecin peut être
complètement remis en question par un ami qui vécut une mauvaise expérience
avec ce même médecin ou par un praticien non conventionnel qui aurait la
confiance de la personne.
Par exemple, la plupart des personnes atteintes d’un cancer tendent à changer
leur alimentation, à prendre plus de vitamines, à prier plus, à rejoindre des
groupes de self-help et à consulter des praticiens traditionnels (ou guérisseurs)
en complément de leurs traitements prescrits par la médecine conventionnelle.
De plus, la relation thérapeutique est façonnée par des normes culturelles et des
croyances qui influent sur les attentes et les perceptions de chacun. Par exemple,
les différences culturelles en matière de respect de l'autorité médicale ou de
prise de décision partagée peuvent influencer la dynamique de la relation
thérapeutique.
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Tout d'abord, les médecins africains sont confrontés à de nombreux défis liés à
la précarité des systèmes de santé, aux ressources limitées et aux infrastructures
inadéquates. Malgré ces obstacles, ils sont souvent amenés à travailler dans des
conditions difficiles pour répondre aux besoins de santé des populations, en
particulier dans les zones rurales et les zones reculées.
En outre, les médecins jouent un rôle crucial dans la lutte contre les maladies
endémiques en Afrique, telles que le paludisme, le VIH/SIDA, la tuberculose et
d'autres maladies tropicales négligées. Leur expertise médicale et leur
dévouement sont essentiels pour diagnostiquer ces maladies, prescrire les
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Par ailleurs, les médecins africains sont également impliqués dans la promotion
de la santé publique et la sensibilisation aux pratiques de prévention des
maladies. Ils interviennent dans des campagnes de vaccination, des programmes
de dépistage et des initiatives de santé communautaire pour prévenir la
propagation des maladies et améliorer la qualité de vie des populations.
L'anthropologie du corps est une discipline qui étudie le corps humain dans sa
dimension culturelle et sociale. Cette approche examine la manière dont les
sociétés perçoivent, représentent et utilisent le corps, ainsi que les normes, les
valeurs et les pratiques qui lui sont associées.
L'anthropologie du corps nous invite à réfléchir sur la manière dont notre corps
est à la fois le produit et le reflet de notre culture, de nos croyances et de nos
valeurs, et sur la façon dont il est investi de significations multiples au sein des
sociétés humaines.
C'est une approche fascinante qui remet en question nos perceptions habituelles
du corps en tant qu'entité purement physique, en mettant en lumière sa
dimension culturelle et sociale. En examinant le corps à travers un prisme
anthropologique, nous sommes amenés à repenser nos préjugés et à
reconnaître sa complexité en tant que lieu de construction et de négociation
d'identités individuelles et collectives. Cette perspective enrichissante nous
pousse à remettre en question les normes établies et à envisager le corps comme
un territoire de luttes et de significations plurielles, révélant ainsi toute sa
profondeur et sa richesse symbolique dans la diversité des sociétés humaines.
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Sur le plan religieux, le corps est souvent associé à des pratiques rituelles et
sacrées visant à honorer les ancêtres, à communier avec les esprits ou à guérir
les maladies. Les danses traditionnelles, les cérémonies de passage et les rituels
de guérison mettent en valeur la connexion entre le corps, l'esprit et l'âme.
En outre, les normes sociales et les médias jouent un rôle important dans la
construction des représentations du corps en RDC. Les médias, en particulier la
télévision et les réseaux sociaux, diffusent des images idéalisées du corps qui
peuvent influencer les normes de beauté et le comportement des individus. Ces
représentations peuvent parfois créer des pressions sociales et des complexes
chez les individus qui cherchent à correspondre à ces normes souvent
inatteignables.