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Psycho-Oncologie (2008) 2: 200–209

© Springer 2008 Dossier :


DOI 10.1007/s11839-008-0096-7 Cancers et cultures

MÉTA-ANALYSE

Comment le facteur culturel est-il considéré en psycho-oncologie ?

How are cultural factors taken into account in psycho-oncology?


M. Reich

Résumé : La prise en charge des aspects psychosociaux du l’évaluation et la prise en charge de la détresse émotionnelle
cancer doit intégrer les problématiques culturelles du patient des patients souffrant de pathologies cancéreuses.
et de son environnement social et familial. Paradoxalement, La recherche transculturelle en psycho-oncologie doit
cela reste encore très disparate, tant pour des contraintes respecter les principes éthiques d’autonomie et de non-
économiques que justement culturelles, ce qui explique en malveillance quant à l’obtention d’un consentement dit ou
partie le peu de recherches effectuées sur la thématique supposé éclairé. Cette éthique repose sur le distinguo de
transculturelle en psycho-oncologie. La question est de savoir différentes dimensions socio-économiques, socio-linguis-
comment transposer chez des populations de culture tiques, institutionnelles et socio-culturelles sans oublier les
différente et variée les diverses problématiques rencontrées principes méthodologiques qui régissent ce type d’études.
en psycho-oncologie clinique au quotidien ou étudiées lors
La clinique quotidienne dans ce champ transculturel
de projets de recherche sur les sciences psychosociales,
suppose l’acquisition chez les soignants de compétences
sponsorisées par le biais d’organismes tels que l’INCa ou les
culturelles qui leur permettront d’aborder et de prendre en
cancéropôles, mais aussi de réfléchir aux particularités de
charge le patient dans toutes ses dimensions. Cela passe
leurs repérages et de leurs prises en compte quand on aborde
par la prise de conscience du concept d’acculturation qui
le champ transculturel.
va moduler le stress et les capacités d’adaptation des
Les facteurs culturels ont un impact tant chez les patients de culture différente et confrontés à la maladie.
patients au niveau de la perception, la compréhension et le
L’abord transculturel en psycho-oncologie s’intègre
vécu de leur maladie et des traitements proposés que chez
dans la dimension et la prise en charge psychosociale du
les soignants et in fine sur la dyade soignant/soigné.
cancer. Pour ce faire, il y a une nécessité de sensibiliser
Ces facteurs culturels vont influencer les divers champs puis de former les acteurs de la cancérologie à cette
de la psycho-oncologie et la façon pour les « psycho- dimension culturelle du soin et de développer et de mettre
oncologues » de les aborder en général : communication et en valeur la recherche dans le domaine des sciences
annonce de mauvaises nouvelles, relation médecin-malade, psychosociales transculturelles qui, à ce jour, reste encore
vécu de la douleur physique et psychique, investissement trop peu explorée.
du corps, croyances et sens attribués au cancer, adaptation
face à la maladie, rôle des familles, accès aux soins Mots clés : Psycho-oncologie – Aspects culturels – Accultu-
psychosociaux, satisfaction des soins, fin de vie. ration – Éthique
Il existe donc une nécessité à promouvoir le développe-
ment de recherches transversales et transculturelles Abstract: Psychosocial cancer care must integrate the
dans le champ de l’oncologie psychosociale. Cela a commencé patient’s cultural issues and social and family background.
à se faire sous l’égide de la société internationale de psycho- Paradoxically, these aspects are still undeveloped for
oncologie (Ipos) sur des thématiques bien précises telles que economic and cultural reasons, which explains the paucity
of transcultural research in psycho-oncology.
The challenge is to find out how best to transpose, to
M. Reich (*)
Centre Oscar-Lambret, 3, rue Frédéric-Combemale,
populations from different cultures, the various issues that
BP 307, F-59020 Lille, France have come to light in daily clinical psycho-oncology or been
E-mail : m-reich@o-lambret.fr revealed by research projects in psycho-social sciences
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sponsored by organisms such as the INCa or Canceropôles sente l’organisme mondial de la psycho-oncologie, fondé en
(cancer research centres). It also involves thinking about 1984, en a recensé vingt-six à ce jour, ou du moins présentes
specificity of screening and management when transcultural lors du dernier congrès fédéral de l’Ipos de juin 2008.
issues arise. Cultural factors impact on patients’ perception, Cela s’est traduit dans le domaine des aspects psycho-
comprehension and experience of their disease and its sociaux du cancer par un corpus de connaissances et une
treatment, on the medical professionals involved and, in fine, augmentation des travaux de recherche internationaux en
on the doctor / patient dyad. perpétuelle expansion. Ce n’est que très récemment que la
These cultural issues influence the various psycho- psycho-oncologie s’est intéressée aux aspects culturels de
oncological factors and the way in which psycho-oncologists l’approche psychosociale dans le cancer. Ainsi, le thème du
generally approach them: communication and disclosure of dernier congrès de l’Ipos (3-6 juin 2008) à Madrid était
bad news, the doctor-patient relationship, physical and consacré à cette thématique : Advancing culturally diverse
psychological experience of pain, body investment, beliefs approaches in psycho-oncology and palliative care.
and meanings invested in cancer, coping with the disease, Paradoxalement, la prise en charge psychosociale des
role of the family, access to psychosocial care, satisfaction cancers reste très disparate en fonction des pays et des
with treatment, end of life. ressources économiques, de la disponibilité des structures de
Thus it is necessary to promote transversal and trans- soins, de l’intégration au sein des équipes d’oncologie et des
cultural research in the field of psychosocial oncology. Such approches thérapeutiques et culturelles [48]. Les aspects
research has been started, under the aegis of the International transculturels concernant la psycho-oncologie restent encore
Psycho-oncology Society (IPOS), with respect to specific peu développés. Or force est de constater qu’il existe
thematics, such as how to assess and care for emotional actuellement peu d’études en psycho-oncologie centrées sur
distress in cancer patients. le thème de la recherche transculturelle. Pourtant, confrontés
Transcultural research into psychooncology must au cancer, tous les êtres humains ont les mêmes processus
respect the ethical principles of autonomy and nonmale- psychologiques, mais leur expression ou manifestation
ficence when so-called informed consent is requested. This diverge d’une culture à l’autre [21]. La question est donc de
ethic is based on distinguishing between different socio- savoir comment transposer les pratiques scientifiques
economic, socio-linguistic, institutional and socio-cultural classiques occidentales de psycho-oncologie et de santé
dimensions, without forgetting the methodological princi- publique à une communauté culturelle différente ? C’est
ples involved in this type of research. aussi appréhender non seulement les particularités du
repérage des diverses problématiques en psycho-oncologie
Daily clinical work in this transcultural field necessi-
mais aussi leurs prises en compte quand on aborde le champ
tates the acquisition by medical personnel of cultural skills
transculturel.
enabling them to care adequately for all the patient’s
needs. Such work requires an awareness of the accultura-
tion concept, so that patients from different cultures who
are confronted with the disease can be helped to deal with Comment définir la culture ?
the stress engendered and improve their ability to adapt.
La culture chez un individu donné renvoie à ses croyances,
The transcultural approach in psychooncology should ses valeurs, ses connaissances, ses comportements. Elle
be part of the psychosocial dimension and psychosocial définit chez un sujet son appartenance ou pas à un groupe
cancer care. To this end, health professionals working in socioculturel donné ou à une communauté d’individus et
oncology need to be made more aware of the cultural in fine va caractériser son identité [54].
dimension in cancer care and trained in how best to
Si la culture est véhiculée par le patient et sa famille, la
approach it. Research into transcultural psychosocial
société et les médias interviennent aussi dans sa caractérisa-
sciences must be developed and promoted, as to date it
tion (« l’expression culturelle »). Lorsqu’on évoque les aspects
is a field of research that is seriously under-developed.
culturels chez un patient atteint de cancer, s’agit-il d’une
Keywords: Psychooncology – Cultural aspects – Accultu- culture spécifique, voire unique à l’individu ou générale et
ration – Ethic transposable à différents groupes d’individus, y compris
confrontés à la maladie somatique ?
La psycho-oncologie peut aborder cette problématique
sous l’angle du retentissement des facteurs culturels sur la
Introduction maladie cancer et ses traitements.
La psycho-oncologie est une discipline internationale qui s’est Ceux-ci ont chez le patient un impact et une influence
considérablement développée depuis ces trente dernières sur son comportement, son niveau de perception de sa
années. Cet activisme s’est traduit par un nombre croissant de santé et de sa maladie et son degré de souffrance et de
sociétés savantes de psycho-oncologie à travers le monde. handicap [66]. Ils interviennent aussi sur la conception des
L’Ipos (International Psycho-Oncology Society) qui repré- soins et la manière dont ils doivent lui être prodigués,
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et sur le niveau d’adhésion aux thérapeutiques instaurées problèmes psychosociaux de santé publique et tenir
et de la réponse à ses traitements [66]. Ils modulent ainsi le compte des modifications démographiques dues aux
rapport au médecin et au système de santé en général et migrations des populations. Le développement des pays
la confiance par rapport au praticien, à l’infirmière et à dits émergents (Inde, Asie, Brésil, Argentine...) a vu
l’institution médicale. apparaı̂tre au sein de ces populations de nouveaux besoins
Chez les soignants, les facteurs culturels vont influencer psychosociaux. L’essor de l’Internet peut faciliter la
les attitudes vis-à-vis de l’annonce et de la divulgation ou non communication et les échanges d’informations avec tous
de la vérité au malade et des décisions médicales de fin de les chercheurs intéressés par cette problématique.
vie et de manière générale de la conception de la relation L’influence de l’Ipos pour promouvoir le développe-
thérapeutique avec le patient [67]. En fonction des ethnies, ment international de la prise en charge et de la recherche
du niveau socioculturel et économique, il existe des disparités dans le domaine psychosocial en cancérologie ne doit pas
à l’accès aux soins, à la recherche en cancérologie, et vis-à-vis être négligée.
de l’interprétation des normes éthiques et des principes Pour avoir un impact international, l’Ipos a proposé
de la conception de la relation médecin-malade [67]. d’intégrer la thématique psychosociale dans les program-
Chez les professionnels du champ de la psycho-oncologie, mes prioritaires de l’OMS [33] et de favoriser le dévelop-
l’anormalité « psychique » va se définir différemment selon pement d’un curriculum en psycho-oncologie sur des
le contexte culturel donné. Celui-ci va influencer l’abord des thèmes disponibles on line et traduits dans de multiples
troubles psychologiques et psychiatriques. Cela pose le langues (www.ipos-society.org) en tenant compte des
problème des limites culturelles des définitions des troubles diversités et spécificités culturelles.
mentaux selon le contexte socioculturel du patient et du La détresse psychologique est un des exemples de cette
psychothérapeute. De même, peut-on considérer un trouble volonté d’aborder un symptôme crucial en psycho-
psychiatrique unique, car spécifique à une culture donnée oncologie en prenant en compte les spécificités culturelles
chez un patient ? de chaque pays.
Ainsi, la présence de troubles alimentaires n’aura pas la Ce symptôme serait potentiellement considéré comme
même signification psychopathologique selon le rapport le 6e signe vital en oncologie [35]. De multiples validations
culturel à la nourriture et au corps. De même, ce qui du distress thermometer scale (DTS) pour améliorer le
pourrait être considéré dans nos sociétés occidentales dépistage de la détresse émotionnelle en cancérologie ont
comme une conduite d’addiction ne le sera pas forcément été effectuées dans divers pays comme les États-Unis, le
dans certaines sociétés tribales africaines (exemple de la Canada, l’Australie, le Royaume-Uni, le Japon, la France,
consommation de cannabis en Afrique subsaharienne) [58]. l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne, la Hongrie, Israël, la
Pour un trouble psychiatrique donné, les manifesta- Turquie [27,31,34,55,60]. Un exemple pratique a été
tions symptomatiques varient selon la culture et peuvent ledéveloppement d’un programme d’évaluation de la
être soit majorées ou au contraire minorées. morbidité psychosociale (DTS et humeur dépressive)
Il est démontré que certaines minorités sociales dans les pays méditerranéens (Italie, Espagne, Portugal)
(comme les Portoricains aux États-Unis et les Asiatiques) [29] et en Suisse [28].
sous-utilisent les services de santé mentale et par voie de
conséquence de psycho-oncologie [3,7]. Aspects éthiques de la recherche transculturelle
La sensibilité multiculturelle du thérapeute inhérente
La prise en compte de la dimension culturelle des patients
à chaque psychothérapie intervient aussi en venant biaiser la
relation singulière avec le patient. Concernant le domaine et l’acquisition de compétences dans ce domaine sont
devenues très importantes pour les oncologues et les
de l’oncologie, les barrières géographiques et culturelles des
psycho-oncologues [54]. Pourtant, les approches trans-
patients et de leur famille impactent sur la compréhension
culturelles en oncologie peuvent être source de dilemmes
du diagnostic de cancer et de ses thérapeutiques. Elles
éthiques dans des pays multiethniques. Les différences
influencent l’adaptation à un environnement médical avec
culturelles entre patients et soignants peuvent parfois
ses codes, ses rites, son langage différent et la survenue
conduire à des incompréhensions, à des malentendus et
de conflits avec les équipes soignantes (incompréhension,
non-respect de la différence, collusion). à des désaccords.
Selon la conception culturelle occidentale, la recherche
transculturelle doit respecter l’autonomie des personnes,
La recherche transculturelle l’individualisme, l’autodétermination et les droits indivi-
en psycho-oncologie : quelles nécessités ? duels, la vie privée et la confidentialité, la capacité à
prendre des décisions personnelles concernant la santé
Si les professionnels du champ de la psycho-oncologie (acceptation ou refus des soins), le choix de la personne en
souhaitent développer les recherches transculturelles, ils lien avec les normes de sa communauté et le multicultu-
doivent s’adapter à la mondialisation, y compris pour les ralisme [54].
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Cela vient souligner l’importance de l’éthique dans à intervenir dans le projet de recherche et leur niveau
cette réflexion. d’intégration et de familiarité ou pas avec la culture du
Ainsi, avant d’entamer une recherche transculturelle en pays où a lieu l’étude.
psycho-oncologie, il convient de se poser certaines questions
Thématique socioculturelle
éthiques en fonction des thématiques étudiées [54].
Les concepts utilisés par la culture occidentale sont-ils les
Thématique socio-économique mêmes et applicables à d’autres sociétés ?
Est-on prêt, pour des raisons de santé publique et Ainsi, ce qui est culturellement ou socialement
d’hygiène mentale, à imposer à un groupe ethnique acceptable ou inacceptable dans une société ou un pays
ou culturel différent du nôtre (« minorités culturelles ») donné ne l’est pas forcément ailleurs. Qu’en est-il de
de changer son hygiène de vie et ses comportements l’hégémonie culturelle « occidentale » ?
(habitudes de vie, travail, consommation, nutrition,
Thématique éthique
sports...) ?
Les principes éthiques qui font sens dans une culture
Des raisons économiques et matérielles prévalent-elles
donnée comme en Occident sont-ils transférables dans une
dans la réalisation de cette étude ?
autre culture ?
La recherche proposée est-elle pertinente aux besoins
Quid de « l’impérialisme éthique » selon l’expression
du pays hôte où elle va se dérouler ?
d’Angell [4] ?
La recherche proposée au pays hôte va-t-elle contribuer
La collaboration à parts égales des comités scientifiques
directement ou indirectement au bien-être de ses habitants ?
et éthiques est-elle respectée ?
Thématique personnelle ou institutionnelle Quelle validité peut-on accorder au consentement
Est-on en train de transposer un conflit personnel ou informé chez des populations de culture différente incluses
interne par le biais de cette recherche [50] ? dans la recherche [54] ?
L’intérêt personnel de la recherche prévaut-il au Quel peut être le niveau de transparence éthique
détriment de l’intérêt général ? vis-à-vis des fonds de recherche et de l’indépendance
face aux organismes financeurs [26] ?
Quid du transfert de technologies et des participations
investigateur étranger par rapport aux autochtones dont
les apparitions dans les communications et les publica-
tions doivent être précisées préalablement à la recherche ?
Compétence culturelle chez les soignants
Depuis quelques années, un nouveau concept est apparu,
Thématique sociolinguistique à savoir le développement des compétences culturelles
Qu’en est-il de la barrière langagière ? La langue du (ou chez les médecins exerçant en oncologie et chez les
des) questionnaire(s) utilisé(s) dans l’étude est-elle psycho-oncologues. Il s’agit pour tout soignant exerçant
compréhensible par les populations étudiées et le discours en oncologie d’acquérir dans sa pratique clinique au
de l’interviewer est-il applicable [24] ? quotidien une connaissance spécifique sur les aspects
Le (ou les) questionnaire(s) utilisé(s) est-il (sont-ils) transculturels et d’être sensibilisé à la diversité culturelle
transposable(s) dans les autres cultures géographiques et des patients atteints de cancer et donc de développer sa
linguistiques : sémantique, idiomes, distinctions expéri- propre sensibilité culturelle [66,68].
mentales ou conceptuelles [30] ? Toutefois, l’acquisition de ces compétences culturelles
suppose au préalable le respect de certaines règles de
Thématique méthodologique fonctionnement [66,68] :
Qui formule la question de la recherche ? Qui est qualifié – la prise de conscience que nos propres attitudes
pour conduire de telles études ? thérapeutiques fonctionnant dans une culture donnée
Est-elle applicable, transposable dans le pays étudié ? peuvent s’avérer contre-productives si elles sont appli-
Existe-t-il un partenariat entre l’investigateur autoch- quées à un patient de culture différente ;
tone et l’investigateur « étranger » ? – la connaissance de ses propres valeurs et croyances
Les différents biais culturels sont-ils pris en compte en fonction de nos origines culturelles ;
dans l’étude ? – le développement de cette approche dans la globalité
Un exemple classique est celui du biais de « courtoi- de la prise en charge des patients (somatique et
sie » dans les réponses. Ainsi, le malade répond dans le psychosociale) adaptée à la culture du patient ;
sens que souhaite l’investigateur ou l’interviewer afin de ne – la sensibilisation aux différents modes de communi-
pas le « froisser ». Un autre biais est celui des différences cation (vérité diagnostique et pronostique, processus
pouvant exister dans l’entraı̂nement du personnel amené décisionnel) fonction de la culture du patient ;
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– l’adoption d’une attitude faite d’humilité, d’empathie, de culturelles des patients. En effet, la pharmacocinétique
curiosité, de respect, de sensibilité et de conscience de l’autre ; peut être modifiée selon les ethnies et en particulier en
– la connaissance sur les points clés de la culture de fonction de la présence ou l’absence de certains génotypes
l’autre (stéréotypies, racisme, sexisme, ethnicité) et le fait des cytochromes P450 CYP2D6 et CYP2C19 qui inter-
de pouvoir apprécier la différence des valeurs chez autrui ; viennent dans le métabolisme des antidépresseurs et
antipsychotiques [17]. Ainsi, certaines populations orien-
– rester vigilant sur les dynamiques engendrées par les
tales, maghrébines et asiatiques seraient considérées
différences culturelles ;
comme des métaboliseurs lents du fait d’un polymor-
– répandre la connaissance sur l’approche culturelle phisme génétique au niveau du cytochrome P450 2C19
des soins en oncologie. alors que les populations américaines ou européennes
Cela passe par une sensibilisation au niveau individuel, seraient des métaboliseurs rapides [62]. Cela a donc des
au niveau du service ou du département médical et de connaissances sur l’élimination et l’efficacité du psycho-
l’institution en privilégiant l’adaptation des services aux trope utilisé.
besoins culturels des patients, qu’ils soient l’expression
d’un individu ou d’un groupe [10].
Modèles de communication
Comment appliquer ce concept de compétences Les facteurs culturels interviennent dans les schémas de
culturelles au domaine de la psycho-oncologie ? communication sur le fait de vouloir ou non connaı̂tre le
diagnostic et vont ainsi pouvoir influencer l’alliance
En premier lieu, il convient de connaı̂tre l’impact culturel
thérapeutique.
sur les thématiques rencontrées en psycho-oncologie.
Dans une étude comparative, Perez-Stable et al. [57]
Ainsi, les origines culturelles peuvent influer sur les
notent que les sujets sains américains d’origine hispanique
réponses émotionnelles face au cancer (adoption d’une
ne veulent pas savoir s’ils sont atteints d’un cancer
attitude stoı̈que ou au contraire expressive et théâtrale) et
incurable au contraire des individus d’origine anglo-
le sens attribué aux symptômes physiques.
saxonne.
Les modalités et stratégies d’adaptation à la maladie ou
Les manières d’évoquer la maladie et de rapporter les
styles de « coping » (exemple : recherche d’aide, résolu-
tion de problèmes, utilisation de réseau de soutien durant symptômes physiques ou de signifier la détresse psycho-
logique diffèrent selon la culture. Ainsi, certains migrants
la maladie ou évitement) sont aussi tributaires des facteurs
d’origine russe ont une tendance à exagérer leurs symptômes
culturels et peuvent influer sur l’adhésion ou non à des
afin d’obtenir une prise en charge optimale [72].
campagnes de dépistage, par exemple pour la prostate [41]
ou le sein [42]. Certaines populations du Moyen-Orient font une
évocation vague de leurs symptômes [41].
Selon les ethnies, l’identification des lieux de soins
médicaux et l’accès aux services psychosociaux peuvent L’annonce de mauvaises nouvelles est là aussi fortement
varier avec de grandes disparités selon les ethnies influencée par la culture à la fois du patient et du médecin
concernées [19]. annonceur. Ainsi, aborder le diagnostic et le pronostic est
considéré comme cruel et inhumain et donc évité dans les
Concernant les croyances sur les origines du cancer, les
cultures asiatiques (japonaise, chinoise) [2,46] et latines
Anglo-Saxons ont tendance à attribuer des causes externes
(hispaniques, portugaise et italienne) [23,51,65].
telles qu’un agent bactérien ou viral, des facteurs sociaux
et le mode de vie. À l’opposé, les Latins et les Germaniques On retrouve une attitude plus pragmatique en Europe de
seront plus enclins à envisager des causes internes comme l’Ouest où la forme va prévaloir sur la quantité d’informa-
une défaillance interne à l’individu, une origine génétique, tions à délivrer. Le problème devient plus le « comment
une personnalité prédisposante. Ce distinguo se retrouve dire » et non plus le « faut-il dire » la vérité [69].
même au sein d’une même nationalité pour peu que le pays Cacher le diagnostic est considéré comme illégal et non
d’adoption diffère [43]. Précisons qu’il n’y a pas d’élabo- éthique dans la culture anglo-saxonne [14,32].
rations de ce type rencontrées chez les populations
Mentionnons certaines particularités culturelles spéci-
musulmanes qui ont plus tendance à invoquer la fatalité
fiques à l’oncopédiatrie : la culture anglo-saxonne prônant
ou le destin (« Mektub »)[20]. autonomie et indépendance favorise l’information donnée
L’imaginaire et les représentations sociales face à cet à l’enfant pour qu’il participe activement à ses soins [18].
« univers culturel... engendré par le cancer » peuvent ancrer Ainsi, dans une étude comparant l’annonce par des
les individus dans une société multiculturelle et les rassem- oncopédiatres du diagnostic de cancer à des enfants aux
bler derrière la bannière d’une « société cancérigène » [52]. États-Unis (N = 350) et au Japon (N = 362), Parsons et al. [56]
La prescription des traitements médicamenteux, dont retrouvent que 65 % des pédiatres américains disent toujours
les psychotropes, doit aussi tenir compte des différences la vérité aux enfants et 31 % la plupart du temps et
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0,6 % rarement ou jamais (« culture du tout dire »). Parmi les comme supérieur au corps [36]. Quant aux Africains,
pédiatres japonais, 9,5 % disent toujours la vérité aux enfants habitués à une certaine forme de stoı̈cisme, ils évoquent
et 28,7 % la plupart du temps et 34,5 % rarement ou jamais rarement leur douleur et ont peu tendance à faire appel au
(« culture du rien ou peu dire pour maintenir l’espoir »). service d’algologie [37].

Influence culturelle des familles Influence culturelle dans la relation


médecin/malade
Les liens familiaux avec le patient vont influencer l’inter-
prétation de la maladie et de ses traitements, les modalités Selon les origines culturelles du patient et sa conception de
de stratégies de « coping » mises en place et le poids des la maladie, la relation médecin/malade va différer [53]. Il
décisions médicales partagées avec les autres membres de la s’agit d’une relation contractuelle, à visée égalitaire et
famille. Le fonctionnement de la dynamique familiale consensuelle aux États-Unis avec un partenariat influencé
(système ouvert ou fermé) va influer sur la liberté ou pas par les valeurs d’autonomie, d’individualisme et de
de la circulation et du partage des informations médicales. consumérisme. Le patient doit avoir toute l’information
L’importance du soutien familial accordé au patient est pour pouvoir décider en connaissance de cause [13].
primordial pour son adaptation à sa maladie et aux La relation est hiérarchique et empathique chez les
traitements, faciliter ou non sa prise en charge et sa qualité Japonais et les Chinois [51].
de vie [47]. La relation est focalisée sur une personne plutôt qu’une
Les liens familiaux avec le patient durant sa maladie institution chez les Hispaniques.
vont diverger selon les cultures : Pour les populations russes, vietnamiennes et du
– implication forte des familles étendues (nucléaire et Moyen-Orient, il s’agit avant tout d’une relation d’autorité
grands-parents) chez les Hispaniques [6], les Asiatiques non remise en question [19].
(Corée, Vietnam, Japon, Chine) [39,61] et au Moyen-Orient Un paramètre transculturel « universel » se retrouve
[44], implication moins importante pour les familles dans la relation médecin/malade, à savoir la perception par
d’origine anglo-saxonne [63]. le malade de l’importance du degré d’investissement de
son médecin [59].

Influence culturelle sur l’expérience


et la perception de la douleur Influence culturelle dans la satisfaction des soins
S’il n’existait pas de différences ethniques dans la capacité La satisfaction des soins est un indicateur de la qualité des
à discriminer les stimuli douloureux, le facteur culturel soins et les facteurs culturels peuvent moduler son
interviendrait quand même dans les modalités et la expression. Dans une étude transculturelle [12] menée en
variabilité des réactions à la douleur et les moyens de la Europe du Nord, de l’Est et du Sud et concernant la France
soulager. (N = 140), l’Italie (N = 395), la Pologne (N = 186) et la
Ainsi, il est classique d’observer une théâtralisation Suède (N = 133), le questionnaire Casc (Comprehensive
chez les populations d’origine méditerranéenne, une assessment of satisfaction with care),traduit dans la langue
froideur et une réserve chez les Anglo-Saxons qui préfèrent des quatre pays étudiés, a été utilisé [11]. Cette étude
les thérapies per os ou par voie intraveineuse ou montre que le désir d’amélioration de la qualité des soins
intramusculaire, un stoı̈cisme chez les hindous et une ne varie pas indépendamment des aspects culturels et
préférence des agents externes (massages, onguents, linguistiques. En revanche, ces facteurs culturels inter-
huiles) pour les Orientaux [70,71]. viennent à niveau égal de satisfaction des soins reçus sur le
désir de les voir s’améliorer. Selon ces auteurs, il existe
Une étude retrouverait une moindre utilisation d’antal-
donc une influence des différences linguistiques et
giques en postopératoire chez les patients asiatiques en
socioculturelles pour expliquer les résultats divergents
comparaison avec des malades opérés d’origine euro-
entre le niveau de satisfaction des soins et le souhait de les
péenne [64].
voir s’améliorer [12].
Toutefois, la transplantation géographique ne modifie-
rait pas la perception initiale, innée et acquise cultu-
rellement de la douleur comme chez des patients Influence culturelle du soutien social
américains atteints de cancer qu’ils soient d’origine dans le cancer du sein
asiatique [36] ou africaine [37]. Ainsi, les Américains
d’origine asiatique ayant migré aux États-Unis ou y étant Dans une étude transculturelle (Japon, Chine, États-Unis)
nés ont tendance à minimiser l’intensité de leur douleur et comparant 46 patientes atteintes de cancer du sein en post-
à adopter une attitude « zen » où l’esprit est considéré traitement (de six mois à trois ans) vivant aux États-Unis
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depuis plus de cinq ans mais d’origine soit asiatique La définition sociologique considère qu’il s’agit de
(18 sino-américaines et 15 nippo-américaines), soit anglo- l’adaptation d’un individu à une culture étrangère avec
saxonne (13 anglo-américaines), les auteurs retrouvent les laquelle il est en contact, ou à un nouveau milieu
résultats suivants [71] : socioculturel dans lequel il se trouve transplanté.
– le besoin en soutien social est accru chez les anglo- L’aspect psychologique et psychiatrique le voit comme
américaines, surtout sur le plan du soutien émotionnel : l’adaptation d’un individu au milieu socio-culturel dans
conseils, « feedback » de la part des professionnels de santé ; lequel il vit.
– les Américaines d’origine asiatique ont plus de J. B. Berry a beaucoup théorisé sur ce concept qu’il
difficultés à solliciter l’aide extérieure : soutien tangible définit comme « l’ensemble des phénomènes qui résultent
demandé de la part d’un membre féminin de la famille d’un contact continu et direct entre des groupes d’indi-
nucléaire (chinoise) ou étendue, voire amicale (japonaise). vidus de cultures différentes et qui entraı̂nent des
changements dans des modèles culturels initiaux de l’un
ou des deux groupes [9] ».
Influence culturelle et fin de vie et deuil
La peur de la mort est présente dans toutes les cultures [40]. Acculturation psychologique
Selon les cultures, l’acceptation de la mort fait partie du
cycle de la vie et a donc un sens pour chaque individu et Sur un plan cognitif, il s’agit pour un individu donné
détermine son choix [15,49]. d’apprendre des techniques et d’acquérir des compétences
Le déni et le refus de la mort se manifestent par une quête dans un nouveau contexte tout en préservant ses origines
fantasmée de la vie éternelle où la médecine se doit de ethniques et identitaires, en faisant le choix d’un langage
repousser sans cesse les limites et de préserver la vie, y préférentiel (maternel ou du pays d’adoption).
compris de la prolonger par le biais des greffes d’organe [45]. Sur un plan comportemental, le langage et l’expression
Les soignants doivent adapter leurs prise en charge aux émotionnelle ainsi que les habitudes alimentaires peuvent
différences culturelles des patients en fin de vie et qui se modifier chez un individu donné par ce processus
parfois vont diverger des pratiques médicales occidenta- d’acculturation.
les [16]. Cela n’est pas sans générer un stress lié au processus
d’acculturation avec la nostalgie de la culture d’origine et
la confrontation à des attitudes discriminatoires mettant
Différences culturelles dans l’adaptation parfois en péril l’identité ethnique et raciale des popula-
psychologique et la perception du cancer tions concernées.
et de son traitement L’élaboration de stratégies d’adaptation aux nouveaux
modes de vie culturels et familiaux est parfois complexe. La
Dans une étude comparant 172 patients belges à 124 patients préservation des traditions engendre soit un retrait et un
turcs traités en radiothérapie [22], l’analyse de la perception comportement communautaire autarcique, soit à l’opposé une
de la maladie (facteur dépendant du contexte culturel) par un rupture avec le milieu d’origine qui facilite les interactions et
entretien semi-structuré et le questionnaire SCL-90-R en l’intégration avec le nouveau milieu socioculturel [25].
début et en fin de radiothérapie a été réalisée.
Les Belges reçoivent plus d’informations explicites sur
la maladie et ses traitements que les Turcs. Variables influençant le processus
Les Belges ont une meilleure perception de la maladie d’acculturation chez les migrants
(53 %) que les Turcs (34 %) et mettent en place un déni des
affects (21 %) supérieur à celui des Turcs (14 %). Sur le plan individuel, certaines variables vont influencer
le processus d’acculturation chez les populations de
L’impact de la maladie est moins dénié chez les Belges migrants et avoir des conséquences lorsque ceux-ci sont
(13 %) que chez les Turcs (19 %). atteints par un cancer.
Ainsi, le niveau de ressources, l’âge et les raisons de la
Concept d’acculturation migration, la durée du séjour, l’existence ou non d’une
communauté de soutien, la connaissance de la culture et
D’après le dictionnaire Le Grand Robert, ce concept peut des habitudes du pays d’accueil, les traits de personnalité
être abordé selon trois aspects : ethnologique, socio- du migrant et le désir de changer ou non de croyances et de
logique et psychologique. traditions sont autant de facteurs à prendre en compte
Selon une définition ethnologique, l’acculturation est le dans le processus d’acculturation [1,5].
processus par lequel un groupe humain assimile tout ou Dans une étude de Baider et al. [8] concernant
partie des valeurs culturelles d’un autre groupe humain. 166 patients cancéreux immigrants soviétiques émigrants
207

en Israël comparés à 288 immigrants soviétiques en bonne thérapeutiques proposées seront modulés selon les
santé, il est retrouvé un niveau de détresse psychologique facteurs culturels rencontrés chez les patients ;
plus marqué chez les migrants atteints de cancer avec une – l’adaptation des prises en charge thérapeutiques,
influence de l’âge et du sexe. Ainsi, le soutien familial qu’elles soient psychothérapeutiques ou pharmacologi-
serait plus efficace chez les patients masculins que chez les ques, au contexte culturel des patients.
femmes. La présence d’un facteur d’intrusion (intrusive-
ness) associé au stress accentue les troubles de l’adap-
tation. Selon Baider, le facteur d’immigration rendrait les Conclusion
patients cancéreux encore plus vulnérables [8]. La psycho-oncologie a pour vocation de considérer l’individu
Kagawa-Singer et al. [38] ont étudié l’impact psycho- malade dans sa globalité physique et psychique et ce quelle
social de l’acculturation respectivement chez des patientes que soit sa culture d’origine. Cet abord transculturel s’intègre
américaines d’origine asiatique et anglo-saxonne et toutes naturellement dans la dimension et la prise en charge
atteintes de cancer du sein. De leur étude ils dressent les psychosociale du cancer. Pour ce faire, il y a une nécessité de
conclusions suivantes : sensibiliser et de former les différents professionnels exerçant
– les femmes américaines d’origine asiatique choisis- dans le champ de la cancérologie à cette dimension culturelle
sent un traitement conservateur et un traitement adjuvant du soin et aux implications du concept d’acculturation. Cela
à un taux significativement plus bas que les Américaines passe aussi par le développement et la mise en valeur
d’origine anglo-saxonne ; des projets de recherche dans le domaine des sciences
– la somatisation n’est pas apparue comme étant une psychosociales de manière transversale et transculturelle.
attitude prédominante chez les femmes américaines À cet effet, les modalités de repérage des problématiques
d’origine asiatique eu égard au degré d’acculturation. classiquement rencontrées dans le champ de l’oncopsycho-
L’âge jeune et l’acculturation influent sur la manière logie doivent tenir compte des diversités et spécificités
d’exprimer la détresse émotionnelle ; culturelles des populations concernées et ne pas négliger
l’influence de l’acculturation sur les modalités d’adaptation
– les femmes américaines d’origine asiatique ont au cancer et à ses traitements.
recherché moins souvent une aide psychosociale chez des
professionnels que les Américaines d’origine anglo-
saxonne. Elles utilisaient d’autres modalités de soutien Références
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