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COURS DE SOCIOLOGIE

I. INTRODUCTION A LA SOCIOLOGIE

1) Définition de le sociologie
La sociologie est une discipline scientifique qui étudie les comportements, les interactions et les structures sociales
des êtres humains. Elle s'intéresse à la manière dont les individus interagissent les uns avec les autres, comment ils
sont influencés par leur environnement social et comment ils contribuent à la construction de ce même
environnement.

La sociologie s'attache également à comprendre les phénomènes sociaux à une échelle plus large, comme les
institutions sociales, les organisations, les mouvements sociaux et les changements culturels. Les sociologues
utilisent des méthodes quantitatives et qualitatives pour recueillir et analyser des données afin de mieux comprendre
les dynamiques sociales

2) Les pères fondateurs et leurs apports

Emile Durkheim:

 Le fait social: les comportements et les pratiques des individus sont façonnés par les normes, les valeurs et
les croyances collectives de leur société
 La division du travail social: la société est divisée en différents groupes spécialisés qui ont des fonctions
différentes et complémentaires, ce qui crée une interdépendance sociale
 La solidarité: la force qui unit les individus et les groupes dans la société, basée soit sur la similitude et
l'homogénéité (solidarité mécanique), soit sur l'interdépendance et la complémentarité (solidarité organique)

Max Weber:

 La rationalisation: la transformation de la société traditionnelle en une société moderne, bureaucratique et


rationnelle, caractérisée par la division du travail, la spécialisation et la calculabilité
 Le capitalisme: l'étude de l'émergence et du développement du capitalisme, notamment la distinction entre
capitalisme traditionnel (fondé sur la propriété et l'héritage) et capitalisme moderne (fondé sur la rationalité
économique)
 La bureaucratie: l'étude de la structure et du fonctionnement des organisations bureaucratiques, ainsi que
des effets de la rationalisation sur les individus et la société en général
 L'idéal-type: une méthode de recherche qui consiste à construire un modèle théorique simplifié et idéal d'un
phénomène social, afin de mieux comprendre sa complexité et sa diversité.
Karl Marx:

 Le matérialisme historique: l'histoire de l'humanité est déterminée par les conditions matérielles,
économiques et sociales de chaque époque
 La lutte des classes: la société est divisée en classes sociales qui ont des intérêts opposés et qui luttent
pour le pouvoir et les ressources
 L'aliénation: les travailleurs sont aliénés de leur travail, de leurs produits, de leurs collègues et de leur propre
humanité sous le capitalisme
 La critique de la propriété privée: la propriété privée des moyens de production est la source des inégalités
sociales et économiques

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II. LA SOCIOLOGIE DE LA SANTÉ

1) Définition de la sociologie de la santé

La sociologie de la santé est une branche de la sociologie qui étudie les relations entre la santé et la société. Elle se
concentre sur la manière dont les facteurs sociaux, culturels, économiques et politiques affectent la santé, la maladie
et le bien-être des individus et des populations.

La sociologie de la santé aborde une grande variété de sujets, tels que l'accès aux soins de santé, les inégalités de
santé, les comportements de santé, les expériences de maladie et de soins, les politiques de santé publique et la
construction sociale de la maladie. Elle s'intéresse également aux pratiques et aux discours des professionnels de la
santé, ainsi qu'aux relations entre les patients et les professionnels de la santé.

Les sociologues utilisent des méthodes de recherche qualitatives et quantitatives pour examiner ces sujets, y compris
des enquêtes, des entrevues, des observations et des analyses de données. Ils travaillent souvent en collaboration
avec des professionnels de la santé pour améliorer les politiques de santé et les pratiques de soins de santé.

2) Importance de la sociologie de la santé

La sociologie de la santé peut être très utile aux étudiants en médecine et aux médecins et personnels de soins de
plusieurs manières :

 Comprendre les facteurs sociaux de la santé : La santé est influencée par de nombreux facteurs sociaux tels
que la pauvreté, l'éducation, la culture et les inégalités sociales. La sociologie de la santé permet de mieux
comprendre comment ces facteurs affectent la santé et comment ils peuvent être abordés.
 Améliorer la communication avec les patients : La sociologie de la santé aide les professionnels de la santé
à comprendre les croyances, les attitudes et les comportements des patients. Cela peut aider à établir une
meilleure communication entre les professionnels de la santé et les patients, ce qui peut améliorer les
résultats de traitement.
 Sensibiliser aux questions d'inégalités en santé : La sociologie de la santé examine les inégalités en santé,
qui sont souvent liées aux inégalités sociales et économiques. En comprenant mieux ces inégalités, les
professionnels de la santé peuvent être plus conscients des besoins des patients et travailler pour réduire
ces inégalités.
 Comprendre le contexte social de la santé : Les professionnels de la santé travaillent souvent avec des
patients issus de différents contextes sociaux et culturels. La sociologie de la santé peut aider à comprendre
ces contextes et à les prendre en compte dans la prise en charge des patients.

3) Les trois principaux courants de la sociologie de la santé

 Le fonctionnalisme : la société est un système composé de différents éléments interdépendants qui


travaillent ensemble pour maintenir l'équilibre. Dans la sociologie de la santé, cette approche se concentre
sur la manière dont la santé est liée à la stabilité et à la survie de la société. Talcott Parsons, un sociologue
américain, est considéré comme l'un des fondateurs du fonctionnalisme en sociologie de la santé. Pour
Parsons, la santé est un aspect fondamental de la stabilité sociale car une population en bonne santé est
plus productive et capable de remplir les rôles nécessaires à la survie de la société. Il croyait également que
la médecine avait une fonction de régulation sociale, en aidant à maintenir l'ordre social en diagnostiquant et
en traitant les maladies.

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 La théorie du conflit : les conflits sont des éléments fondamentaux de la société et que la compétition pour
les ressources peut conduire à des inégalités sociales. Dans la sociologie de la santé, cette approche se
concentre sur les inégalités en matière de santé et sur la manière dont ces inégalités sont liées à des
facteurs sociaux tels que la race, le genre et la classe sociale. Les théoriciens du conflit soutiennent que les
inégalités en matière de santé sont en grande partie dues à des facteurs économiques et politiques, et que
la médecine est souvent utilisée pour maintenir ces inégalités plutôt que pour les réduire. Par exemple, ils
peuvent s'intéresser aux différences de soins et de traitements médicaux pour les groupes sociaux
marginalisés.

 L'interactionnisme symbolique : se concentre sur la manière dont les individus créent et interprètent le sens
dans leurs interactions sociales. Dans la sociologie de la santé, cette approche se concentre sur la manière
dont les individus perçoivent et comprennent leur propre santé et maladie, ainsi que sur la manière dont ces
perceptions sont influencées par la société et la culture. Les chercheurs en interactionnisme symbolique
s'intéressent aux interactions entre les patients et les professionnels de la santé, et à la manière dont ces
interactions peuvent influencer les résultats du traitement. Par exemple, ils peuvent étudier comment les
perceptions des patients sur leur maladie peuvent influencer leur capacité à suivre les recommandations
médicales ou leur capacité à se rétablir.

4) Les grandes idées pour chacun des trois courants de la sociologie de la santé

Fonctionnalisme :

 La santé est un élément essentiel du fonctionnement de la société et est nécessaire pour maintenir
l'équilibre social.
 Les institutions de soins de santé sont importantes car elles contribuent à maintenir la santé des membres
de la société.
 Les médecins et autres professionnels de la santé sont des experts qui ont un rôle clé à jouer dans la
gestion de la santé de la population.
 La prévention est aussi importante que la guérison, car elle permet de maintenir un niveau de santé optimal
et d'éviter les coûts élevés associés aux soins de santé.
 Les normes sociales et les valeurs influencent les comportements liés à la santé, comme la consommation
de tabac et d'alcool.
 La maladie peut perturber le fonctionnement normal de la société en créant des coûts économiques et en
perturbant les relations sociales.

Théorie du conflit :

 Les inégalités sociales et économiques sont à l'origine des inégalités en matière de santé.
 Les systèmes de soins de santé sont biaisés en faveur des riches et puissants de la société, ce qui les prive
les plus pauvres et les plus vulnérables d'un accès égal aux soins de santé.
 La maladie est souvent utilisée comme un outil de contrôle social par les élites qui cherchent à maintenir leur
pouvoir sur les populations défavorisées.
 Les groupes marginalisés, tels que les minorités ethniques et les personnes LGBTQ+, les personnes en
situation de handicap, etc. sont souvent confrontés à des disparités de santé en raison de la discrimination
et de l'exclusion sociale qu'ils subissent.
 Les conflits de pouvoir entre les différents groupes de professionnels de la santé, tels que les médecins et
les autres professions de la santé, peuvent affecter la qualité des soins de santé.
 Les mouvements sociaux, tels que les luttes pour les droits des patients et des travailleurs de la santé,
peuvent avoir un impact sur l'élaboration des politiques de santé et les pratiques de soins de santé.

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Interactionnisme symbolique :

 La maladie n'est pas seulement un phénomène biologique, mais est aussi socialement construite et
interprétée.
 Les personnes perçoivent et interprètent leur propre santé et leur maladie en fonction des normes sociales,
des valeurs et des croyances qui leur ont été transmises.
 Les interactions sociales entre les patients et les professionnels de la santé peuvent influencer la perception
de la maladie et l'efficacité des traitements.
 Les comportements liés à la santé, tels que l'adoption de modes de vie sains, sont influencés par les
relations sociales et les modèles de comportement observés dans leur environnement social.
 Les attitudes et les comportements des professionnels de la santé envers les patients peuvent influencer
leur satisfaction à l'égard des soins de santé et leur conformité aux traitements prescrits.
 Les interactions sociales entre les membres d'une communauté peuvent avoir un impact sur leur santé et
leur bien-être collectifs, ainsi que sur leur perception de la maladie et de la santé.

III. QUELQUES APPORTS DE LA SOCIOLOGIE DE LA SANTÉ

1) Critique du modèle biomédical

La sociologie de la santé a permis de critiquer le modèle biomédical en mettant en évidence les limites de cette
approche qui tend à réduire les maladies à des dysfonctionnements physiologiques. Voici quelques exemples de
critiques :

 La prise en compte des facteurs sociaux : La sociologie de la santé a montré que les facteurs sociaux tels
que la pauvreté, l'éducation, l'emploi et l'environnement peuvent avoir un impact sur la santé. Ces facteurs
doivent être pris en compte pour comprendre les causes des maladies et pour élaborer des politiques de
santé efficaces.
 L'importance des déterminants sociaux de la santé : La sociologie de la santé s'intéresse aux déterminants
sociaux de la santé tels que l'accès aux soins de santé, les inégalités de santé, les conditions de travail, la
qualité de l'air et de l'eau, etc. Ces facteurs ont un impact significatif sur la santé des individus et des
populations.
 La dimension culturelle de la maladie : La sociologie de la santé a montré que la maladie est aussi une
construction culturelle. Les différentes cultures ont des conceptions différentes de la maladie et des
traitements qui y sont associés. Il est important de comprendre ces conceptions pour mieux répondre aux
besoins des patients.
 La critique de la medicalisation de la vie : La sociologie de la santé a montré que la médecine tendait à
médicaliser des aspects de la vie qui n'étaient pas nécessairement des problèmes de santé. Cela peut
conduire à une surmédicalisation de la société et à des coûts de santé élevés.
 La critique de la sur-spécialisation de la médecine : La sociologie de la santé a montré que la spécialisation
de la médecine peut conduire à une perte de vue de l'ensemble du patient. Il est important de considérer les
aspects sociaux, psychologiques et émotionnels de la maladie pour fournir des soins de santé holistiques.

2) La théorie de l'étiquetage

La théorie de l'étiquetage, également appelée théorie de la déviance, est un concept important dans le courant
interactionniste en sociologie de la santé. Selon cette théorie, le comportement d'une personne est influencé par les
étiquettes sociales qui lui sont attribuées.

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Dans le cas de la santé, la théorie de l'étiquetage peut expliquer comment les patients peuvent être stigmatisés en
fonction de leur maladie ou de leur état de santé. Par exemple, une personne atteinte de troubles mentaux peut être
étiquetée comme « folle » ou « instable », ce qui peut entraîner une marginalisation sociale et des difficultés à obtenir
des soins de santé adéquats.

En outre, cette théorie peut également expliquer comment les professionnels de la santé peuvent étiqueter les
patients en fonction de leur comportement ou de leurs antécédents médicaux. Par exemple, un patient qui a un passé
de toxicomanie peut être étiqueté comme étant à risque de rechute, ce qui peut affecter les soins de santé qui lui sont
fournis.

Ainsi, la théorie de l'étiquetage est importante en sociologie de la santé car elle montre comment les perceptions et
les croyances sociales peuvent affecter la santé et le bien-être des individus, ainsi que les soins de santé qu'ils
reçoivent.

3) La promotion de la participation des patients

La sociologie de la santé a promu la participation des patients dans la prise de décision en matière de santé. Les
patients ont une connaissance unique de leur corps et de leur expérience de la maladie, et doivent être impliqués
dans le processus de traitement pour une meilleure compréhension de leur maladie et une prise de décision éclairée.

4) Le regard sur la maladie chronique et l'expérience de la maladie

La sociologie de la santé a permis de renouveler le regard sur la maladie chronique et l'expérience de la maladie en
remettant en question les représentations médicales traditionnelles. En effet, la maladie chronique, qui dure souvent
toute la vie, est une expérience particulière pour les personnes touchées, qui doivent faire face à des conséquences
physiques, émotionnelles et sociales durables.

L'approche de la sociologie de la santé a permis de mettre en avant plusieurs points :

 La maladie chronique est une expérience subjective : elle est vécue différemment selon chaque individu. La
sociologie de la santé s'intéresse ainsi aux représentations de la maladie par les personnes concernées et
aux conséquences psychologiques et sociales qu'elle peut avoir.
 Les facteurs sociaux influencent l'expérience de la maladie chronique : l'environnement social, les inégalités
économiques et les différences culturelles peuvent influencer l'accès aux soins, la prise en charge de la
maladie et le vécu de la personne malade.
 La maladie chronique nécessite une prise en charge globale : la sociologie de la santé met en avant
l'importance d'une prise en charge globale, qui prenne en compte les aspects psychologiques et sociaux de
la maladie, en plus de l'aspect médical.
 Les patients chroniques sont des acteurs de leur santé : la sociologie de la santé met l'accent sur
l'importance d'impliquer les patients dans leur propre prise en charge, en leur permettant de prendre des
décisions éclairées sur leur santé.

 Les aidants ont un rôle crucial : la maladie chronique peut également avoir des répercussions sur
l'entourage de la personne malade. Les aidants, qu'ils soient familiaux ou professionnels, ont un rôle crucial
à jouer dans la prise en charge globale de la maladie.

 La maladie chronique nécessite une approche multidisciplinaire : la sociologie de la santé encourage une
approche pluridisciplinaire de la maladie chronique, qui prenne en compte les dimensions médicales,

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sociales et psychologiques. Cette approche permet de mieux comprendre les facteurs qui influencent
l'expérience de la maladie et de proposer une prise en charge adaptée.

5) L'approche centrée sur le patient

L'approche centrée sur le patient (ACP) est une approche en santé qui vise à placer le patient au centre du
processus de soins, en prenant en compte ses besoins, ses valeurs et ses préférences. Cette approche est née
d'une critique du modèle biomédical traditionnel, qui ne prenait pas en compte l'expérience subjective des patients et
qui se concentrait uniquement sur la maladie plutôt que sur la personne dans son ensemble.

La sociologie de la santé a joué un rôle important dans le développement de l'ACP. En effet, les travaux de
sociologues ont montré que la maladie n'est pas seulement un phénomène biologique, mais qu'elle est aussi une
expérience sociale, culturelle et psychologique pour les patients. Cette prise de conscience a conduit à une demande
croissante de soins de santé centrés sur le patient, dans lesquels les patients sont considérés comme des
partenaires à part entière dans leur propre processus de soins.

Des recherches ont été menées pour comprendre les préférences, les besoins et les attentes des patients en matière
de soins de santé. Ces études ont montré que les patients ont besoin de se sentir écoutés, compris et impliqués dans
les décisions qui les concernent. Ils ont également montré que les patients ont des préférences différentes en matière
de communication, de prise de décision et de traitement, en fonction de leur culture, de leur éducation et de leur
expérience de la maladie.

L'ACP est donc une approche qui a été développée grâce à la reconnaissance de l'importance de l'expérience
subjective des patients dans leur propre processus de soins. Cette approche a été soutenue par des recherches en
sociologie de la santé qui ont mis en évidence l'importance de considérer la maladie dans un contexte social et
culturel plus large, plutôt que simplement en tant que phénomène biologique isolé.

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