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LES USAGES SOCIAUX DU

CORPS de Luc Boltansky


Présentation critique de Michel
Perreault dans le cadre du cours
SOI 6147:Dimensions sociales des
soins de santé
Faculté des sciences infirmières
Université de Montréal
Pourquoi cet article de Boltansky?
• Il s ’agit d ’un « classique » qui sert encore
de référence en sciences sociales par
rapport à ce qui touche le corps; un
classique dans la lignée de la sociologie de
Pierre Bourdieu, alors que Boltansky était
son assistant à l ’École pratique des Hautes-
Études
• Malheureusement sans suites: Boltansky,
aujourd ’hui directeur d ’études à l ’ÉHÉSS,
directeur du Groupe de Sociologie Politique
et Morale, travaille sur les nouvelles formes
d’organisation du capitalisme.
Pourquoi cet article de Boltansky?
Cet article « classique » va nous servir pour
introduire les trois blocs du cours:
• L ’inscription des soins de santé -tant
personnels ou génériques que
professionnels- dans les rapports sociaux,
dont les rapports sociaux de genre
• Les effets structurants des soins de santé sur
les rapports sociaux
• La production sociale des soins de santé
Pourquoi cet article de Boltansky?suite

CES TROIS DIMENSIONS SONT


TOUJOURS INTERRELIÉES
POUR DES RAISONS DE COMMODITÉ,
NOUS VERRONS AVEC BOLTANSKY
LA DIMENSION « PRODUCTION
SOCIALE DES SOINS DE SANTÉ »
AVANT CELLE DES « EFFETS
STRUCTURANTS »
LA SOCIOLOGIE ET LE
CORPS
La sociologie a de la difficulté à
« construire » le corps comme son objet
d ’étude p.c.q.
• elle reproduit les méthodes et les techniques
des autres disciplines (v.g. nutrition,
médecine etc…) qui tendent à réduire le
corps tout entier à une et une seule de ses
propriétés, dans une approche
« fonctionnaliste » (c.a.d. comment
comprendre en pratique ce qu ’il faut faire
pour que le corps réponde à ce que la
LA SOCIOLOGIE ET LE
CORPS
• Alors que la sociologie doit construire le
rapport social au corps comme
1-un système des relations entre l ’ensemble
des comportements corporels des membres
d ’un même groupe
2-un système des relations qui unissent ces
comportements corporels et les conditions
objectives d ’existence propres à ces
groupes (ex. mode d ’alimentation différent
selon les classes sociales)
LA SOCIOLOGIE ET LE
CORPS
En partant du principe que
« les déterminismes sociaux n ’informent
jamais le corps de façon immédiate par une
action qui s ’exercerait directement sur
l ’ordre biologique mais sont relayés par
l ’ordre culturel qui les retraduit et les
transforme en règles, en obligations, en
interdits, en répulsions ou en désirs, en
goûts et en dégoûts »
LA SOCIOLOGIE ET LE
CORPS
MAIS pour moi LA SOCIÉTÉ AGIT
VÉRITABLEMENT SUR LE
BIOLOGIQUE À TRAVERS CES
RÈGLES QUI SONT LA PLUPART DU
TEMPS DES ADAPTATIONS AUX
CONDITIONS SOCIALES
D ’EXISTENCE: exemples: la taille entre
les soldats selon classes sociales; le poids
de naissance des bébés au Québec.
Inscription des soins de santé dans les rapports
sociaux: les CLASSES SOCIALES

• La CONSOMMATION MÉDICALE:
Toutes les études montrent que le « besoin
médical » ne correspond pas à un « besoin
primaire » qui s ’exprimerait dès
qu ’apparaîtrait la maladie.
Au contraire, plus la catégorie sociale est à
risque sanitaire, moins elle consulte les
médecins (195 et 241 consultations annuelles par 100
chez ouvriers agricoles et agriculteurs versus 348 à 442
chez ouvriers, employés, cadres moyens et supérieurs)
Inscription des soins de santé dans les rapports
sociaux: les CLASSES SOCIALES

• La PERCEPTION DES SENSATIONS


MORBIDES
Les membres de chaque classe sociale
perçoivent et tolèrent différemment les
sensations morbides (par exemple, les classes
supérieures vont attribuer des sensations morbides
-lourdeur, mal au cœur, nausées, encombrements-
à un repas riche en féculents et en graisses, alors
que les classes populaires vont exprimer ressentir
des sensations euphoriques -être rempli, reprendre
des forces etc…)
Inscription des soins de santé dans les rapports
sociaux: les CLASSES SOCIALES
• Cette perception des sensations morbides
augmente avec la compétence médicale.
Or, cette compétence est plus élevée quand on monte
dans l ’échelle sociale car la médecine fait partie
des classes supérieures avec une formation
universitaire, une taxonomie très avancée (comme
nous le verrons dans la dimension Production
sociale des soins de santé)
Donc, plus on est au bas de l ’échelle sociale, moins
on sera en mesure d ’identifier des sensations
inhabituelles et d ’y reconnaître des symptômes de
maladie
Inscription des soins de santé dans les rapports
sociaux: les CLASSES SOCIALES
De plus, moins on a de compétence médicale,
plus on utilisera des mots que la médecine
n ’utilise plus et ne reconnaît plus: des
points dans le dos, des boules dans le ventre
etc….et moins on comprendra ce que dit la
médecine que l ’on interprétera à travers des
connaissances « archaïques »: par exemple,
le ventre rempli d ’eau puisque le médecin
fera une ponction lombaire; le cœur
« fatal » et non pas « fœtal ».
Inscription des soins de santé dans les rapports
sociaux: les CLASSES SOCIALES
• LA CULTURE SOMATIQUE:
Plus profondément, Boltansky montre que le
rapport au corps dans les cas de maladie
comme de santé fait partie d ’une culture de
l ’ensemble des conduites corporelles dans
un groupe social donné (en général les
classes sociales). Cette culture peut être
plus facilement retraçée dans un code des
bonnes manières
Inscription des soins de santé dans les rapports
sociaux: les CLASSES SOCIALES
Le CODE DES BONNES MANIÈRES:
la « bonne » façon de regarder les autres, de marcher,
de se tenir, de manger, de rire, de parler, de
s ’habiller, de se maquiller ….qui varient selon les
classes sociales et aussi à l ’intérieur de groupes
sociaux plus restreints comme les Punks, les
infirmières versus les sociologues etc…
Ce code est sanctionné POSITIVEMENT
(récompense) et le plus souvent
NÉGATIVEMENT (exclusion par le ridicule…)
IL S ’AGIT DU CONTRÔLE SOCIAL qui sera
réinterprété par le concept de gouvernementalité
Inscription des soins de santé dans les rapports
sociaux: les CLASSES SOCIALES

Dans un tel code des bonnes manières, les


attitudes à l ’égard de la santé et de la
beauté sont verbalisées et rationalisées à
peu près dans les mêmes termes: ainsi, les
femmes des classes populaires qui
réprouvent à la fois les femmes qui passent
leur temps à « soigner leur beauté » et à
« surveiller leur santé » car ces femmes ont
du temps et de l ’argent à perdre!!!!!
Inscription des soins de santé dans les rapports
sociaux: les CLASSES SOCIALES

De fait, les membres des classes populaires qui


réprouvent celui qui « s ’écoute trop » et qui
« passe sa vie chez le médecin » et qui valorisent
la « dureté au mal » attendent souvent avant de
consulter le médecin que la sensation morbide soit
devenue d ’une intensité telle qu ’elle leur
interdise de faire un usage normal de leur corps.
Ceci est lié à une conception de la maladie comme
ce qui peut empêcher d ’être fonctionnel et de la
santé comme l ’absence de maladie.
Inscription des soins de santé dans les rapports
sociaux: les CLASSES SOCIALES
Pour les membres des classes populaires, la
maladie est le plus souvent perçue comme
soudaine et brutale parce qu ’on n ’a pas fait
attention aux signes avant-coureurs alors
que pour les classes supérieures, la maladie
est une longue dégradation de la santé.
D ’où la difficulté pour les classes populaires
d ’adhérer au concept de PRÉVENTION
qui fait référence à une planification dans le
temps à partir d ’une écoute du corps.
Inscription des soins de santé dans les rapports
sociaux: les CLASSES SOCIALES

Pour Boltansky, le rapport au corps semble se


distinguer entre les classes sociales françaises
selon le rapport à la force physique: les classes
populaires cherchant en toute chose ce qui
favorisera la force (les aliments gras, à cuisson
lente; le vin plutôt que les spiritueux; les sports de
groupe exigeant beaucoup d ’énergie comme le
foot)
alors que les classes supérieures valorisent ce qui
montre une DISTINCTION, c.a.d. le bon goût, le
raffinement, et un certain ascétisme selon moi.
Inscription des soins de santé dans les rapports
sociaux: les CLASSES SOCIALES et les
RAPPORTS SOCIAUX DE GENRE
Pour Boltansky, le rapport à la santé des
femmes des classes populaires se rapproche
de celui des classes supérieures parce que
ces femmes ont une pratique corporelle
moins intense que les hommes. Ces femmes
ont une consommation médicale plus forte
que les hommes des classes populaires et
s ’attardent à des signes ou symptômes
représentatifs de personnes qui sont
davantage à l ’écoute de leur corps.
Inscription des soins de santé dans les rapports
sociaux: les CLASSES SOCIALES et les
RAPPORTS SOCIAUX DE GENRE

LES DIFFÉRENCES DE CLASSES


SUBSISTENT MALGRÉ LES
DIFFÉRENCES ENTRE LES GENRES:
« tout se passe comme si le système d ’opposition
entre les sexes, essentiellement fondé, dans les
classes populaires, sur l ’opposition physique entre
la force et la faiblesse, la dureté et la douleur, la
vigueur et la grâce, évacuait, à mesure qu ’on
s ’élève dans la hiérarchie sociale, le terrain
corporel pour se reporter dans d ’autres
domaines »
Inscription des soins de santé dans les rapports
sociaux: les CLASSES SOCIALES et les
RAPPORTS SOCIAUX DE GENRE
CES DIFFÉRENCES ENTRE HOMMES ET
FEMMES SEMBLENT S ’ÉTABLIR
DAVANTAGE:
• dans les aptitudes intellectuelles:
opposition entre « l ’intelligence »des hommes et la
« sensibilité » ou « l ’intuition » des femmes; entre
les « dons » des garçons pour les sciences, des
filles pour les lettres et les arts
• dans l ’économie domestique:
les hommes s ’occupant de la production et les
femmes de la consommation.
Inscription des soins de santé dans les rapports
sociaux, dont les rapports sociaux de genre
CONCLUSION
• Boltansky nous a bien démontré ce qu ’il
affirmait au départ: la sociologie doit
construire le rapport social au corps comme
un système des relations entre l ’ensemble
des comportements corporels des membres
d ’un même groupe et un système des
relations qui unissent ces comportements
corporels et les conditions objectives
d ’existence propres à ces groupes
• Ceci est une avancée FONDAMENTALE
pour analyser les soins de santé
Inscription des soins de santé dans les rapports
sociaux, dont les rapports sociaux de genre
CONCLUSION
• Cependant, il faudrait poursuivre ses travaux car les
classes sociales ne sont pas les mêmes selon les diverses
sociétés (par exemple le Québec et la France) et surtout
les changements sociaux depuis 1971 ont profondément
modifié les classes sociales selon deux grands
changements:
-la constitution d ’une « classe » d ’assistés sociaux au
Québec depuis les années 60 et en France les années 90
(rapport à la santé n ’est pas construit nécessairement
selon la force physique)
-le rôle uniformisant des médias et leur imposition d ’une
« culture » états-unienne (les codes de bonnes manières
changent rapidement mais les écarts subsistent-ils?)
PRODUCTION SOCIALE DES
SOINS DE SANTÉ
NOUS RETIENDRONS DEUX ANALYSES
FONDAMENTALES DE BOLTANSKY
POUR CETTE DIMENSION
• La médecine fait partie des classes
supérieures
• La médecine qui encourage l ’écoute
attentive du corps et les consultations
engendre un accroissement soutenu et
probablement incontournable des coûts de
la santé
PRODUCTION SOCIALE DES SOINS DE
SANTÉ: la médecine comme partie des classes
supérieures
Boltansky établit rapidement le lien entre la
médecine et les classes supérieures à travers le
partage d ’un même CAPITAL SOCIAL ET
CULTUREL: « les membres des classes
supérieures qui appartiennent à la même classe
sociale que leur médecin entretiennent avec lui
des rapports de familiarité. Ils parlent le même
langage, ont les mêmes habitudes mentales,
utilisent des catégories de pensées similaires,
bref ont subi l ’influence de la même force
formatrice d ’habitudes qui est en l ’occurrence
le système d ’éducation »
PRODUCTION SOCIALE DES SOINS DE
SANTÉ: la médecine comme partie des classes
supérieures
Au contraire, les membres des classes populaires
sont éloignés du médecin par la distance sociale
doublée par la distance linguistique: ils sont les
plus nombreux « à juger l ’examen médical
trop rapide et à considérer que le fait de
consacrer du temps au malade est une des
qualités les plus importantes d ’un médecin, à
estimer que leur médecin ne leur donne pas
assez d ’explications ou qu ’il a tendance à
utiliser des mots incompréhensibles, à ne pas
parler de leurs problèmes personnels à leur
médecin. »
PRODUCTION SOCIALE DES SOINS DE
SANTÉ: la médecine comme partie des classes
supérieures
La relation médecin/clients ou patients constitue un
RAPPORT DE FORCE dans lequel le médecin
essaiera d ’avoir toujours raison par rapport aux
classes populaires:
« L ’information médicale qui se transmet au cours
de la consultation est d ’autant moins importante
(quantitativement et qualitativement) que le
malade est situé plus bas dans la hiérarchie
sociale, c.a.d. que son aptitude à comprendre et à
manier la langue savante qu ’utilise le médecin et,
par conséquent ses moyens de pression sur le
médecin, sont plus faibles »
PRODUCTION SOCIALE DES SOINS DE
SANTÉ: la médecine comme partie des classes
supérieures

POURQUOI CEUX QUI EN AURAIENT LE


PLUS BESOIN EN ONT MOINS?

C ’EST QUE LA RELATION ENTRE LE


MÉDECIN ET LE MALADE EST
D ’ABORD UNE TRANSACTION
COMMERCIALE ET, À CE TITRE, UN
RAPPORT DE FORCE
PRODUCTION SOCIALE DES SOINS DE
SANTÉ: la médecine comme partie des classes
supérieures
« Du fait de la nature même de la marchandise qu ’il
produit, dont il fait commerce et qui a pour
caractéristique principale de tirer toute sa valeur (y
compris au sens économique)de la valeur qui lui
est reconnue, bref, de sa légitimité et de la rareté
de ses producteurs légitimes, le médecin qui vend
ses services (c.a.d. ses actes et son discours, ses
conseils et ses prescriptions) est contraint de tout
faire pour que le malade reconnaisse la valeur de
ses services » (p.214) et ne puisse pas se passer de
lui!!!!!!!
PRODUCTION SOCIALE DES SOINS DE
SANTÉ: la médecine comme partie des classes
supérieures
L ’explication de ce paradoxe (le contraire de
ce qui devrait se produire -la sociologie
s ’intéresse particulièrement aux paradoxes)
n ’est pas suffisante chez Boltansky: on peut
supposer que le médecin devrait aussi se protéger
des membres des classes supérieures en leur
donnant peu d ’informations. Probablement que le
médecin ne donne pas TOUTE l ’information mais
en donne DAVANTAGE qu ’aux membres des
classes populaires.
PRODUCTION SOCIALE DES SOINS DE
SANTÉ: la médecine comme partie des classes
supérieures

BELLE QUESTION:
LA PROFESSION ET LA DISCIPLINE
INFIRMIÈRES
• FONT-ELLES PARTIE DES CLASSES
SUPÉRIEURES?
• SONT-ELLES EN RAPPORT DE FORCE
AVEC LA POPULATION COMME CE
SERAIT LE CAS DE LA MÉDECINE?
PRODUCTION SOCIALE DES SOINS DE
SANTÉ: la médecine comme un puits financier sans
fond.
LA MÉDECINE PRODUIT LA MALADIE ET
POUR LE MOINS LE MALADE EN CRÉANT
DE NOUVELLES ENTITÉS MORBIDES, EN
LES DIVULGUANT ET EN ENSEIGNANT LE
LANGAGE DANS LEQUEL ELLES PEUVENT
ÊTRE EXPRIMÉES…SI LE « BESOIN
MÉDICAL » SEMBLE BIEN, EN EFFET, ÊTRE
« ILLIMITÉ » ET « IMPOSSIBLE À
SATURER », C ’EST QU ’IL EST, COMME LE
« BESOIN CULTUREL », UN « BESOIN
CULTIVÉ » ET QUE, COMME LUI, IL
S ’ACCROÎT À MESURE QU ’IL
S ’ASSOUVIT »
PRODUCTION SOCIALE DES SOINS DE
SANTÉ: la médecine comme un puits financier sans
fond
« TOUT SE PASSE COMME SI
L ’ACCROISSEMENT DE LA CONSCIENCE
DU CORPS ET DE L ’INTÉRÊT PORTÉ AU
CORPS ÉTAIT CORRÉLATIF D ’UNE SORTE
D ’INVERSION DE SES FONCTIONS
ÉCONOMIQUES: À MESURE QUE DÉCROÎT
LA PART RELATIVE DE LA FORCE
CORPORELLE DANS L ’ENSEMBLE DES
FACTEURS DE PRODUCTION, LE CORPS
DEVIENT L ’OCCASION, OU LE PRÉTEXTE,
D ’UN NOMBRE TOUJOURS CROISSANT DE
CONSOMMATIONS »
PRODUCTION SOCIALE DES SOINS DE
SANTÉ: conclusion
• C’est une prévision pratiquement prophétique de
Boltansky car à son époque la question
fondamentale était de savoir pourquoi les gens
consultaient peu!!!!
• Il est de plus en plus évident que toute la question
de la santé, et de la maladie, est un puits financier
sans fond qui risque de déclassifier ou condamner
des sociétés entières, tant à travers les soins
« médicaux » qu’à travers les consommations
pharmaceutiques, principalement à travers la
transformation de la maladie en maladie chronique
que Boltansky pouvait difficilement prévoir.
EFFETS STRUCTURANTS DES SOINS
DE SANTÉ
BOLTANSKY EST À L ’AUBE (1971) DES
GRANDES CONCEPTUALISATIONS DES
EFFETS STRUCTURANTS QUI VIENDRONT
DANS LES ANNÉES 70
CONCOMITTAMMENT PAR LES
MOUVEMENTS SOCIAUX (FÉMINISME,
MOUVEMENT GAY) ET DE GRANDS
PENSEURS (Goffman-Freidson avec la
stigmatisation; Foucault avec la
gouvernementalité; Zola et autres avec la
médicalisation et la normalisation)
EFFETS STRUCTURANTS DES SOINS DE
SANTÉ

L ’ARTICLE MENTIONNE DEUX EFFETS:

• LA HONTE DE SOI ET LA HONTE DE


SON CORPS
• LA DÉPOSSESSION CULTURELLE
EFFETS STRUCTURANTS DES SOINS DE
SANTÉ
LA HONTE DE SOI ET LA HONTE DE SON
CORPS
• elles ne sont pas conceptualisées en regard des
soins de santé mais bien des soins du corps: les
médias qui tentent d ’imposer aux classes
populaires les canons de beauté des classes
supérieures, ce qui engendrerait la honte
• pourtant il nous faudrait nous interroger sur la
création de cette honte de soi et de son corps par
les soins de santé à partir des canons de santé -
minceur, bronzage comme signe de santé- et à
travers la stigmatisation de la pauvreté
EFFETS STRUCTURANTS DES SOINS DE
SANTÉ
LA DÉPOSSESSION CULTURELLE
« L ’accroissement de la conscience du corps
qui est souvent décrit comme le résultat
d ’une sorte de croisade contre les tabous
religieux ou sociaux visant à rendre possible
la reconquête de son corps par le sujet peut,
tout aussi légitimement, être décrit comme
l ’aboutissement d ’un processus objectif de
dépossession culturelle puisqu ’il est
corrélatif d ’un accroissement du besoin
social de spécialistes » (p.232)
EFFETS STRUCTURANTS DES SOINS DE
SANTÉ
LA DÉPOSSESSION CULTURELLE
• les membres des classes populaires et paysannes
possédaient une compétence collective avec
laquelle ils prenaient soin de leur santé alors que
maintenant ils sont dépendants des spécialistes
• aujourd ’hui on ne reconnaît plus que la légitimité
du spécialiste: nous sommes passés d ’une
« économie naturelle » à une « économie de
marché » où ce sont les spécialistes patentés et
diplômés, consacrés par l ’institution scolaire qui
ont le pouvoir et maintiennent les inégalités
devant l ’école
EFFETS STRUCTURANTS DES SOINS DE
SANTÉ
LA DÉPOSSESSION CULTURELLE
Pour moi, il serait facile de voir cette dépossession
comme une perte partielle qui rend les gens
dépendants du système de santé (dépendance
dénoncée, surtout auprès des plus faibles, mais
ENTIÈREMENT ENCOURAGÉE pour ne pas
dire FORÇÉE) alors qu ’il faudrait prendre le
relais de Boltansky et montrer qu ’il s ’agit bien
d ’une DÉPOSSESSION de la vie elle-même, en
commençant par la santé, qui maintient en place
des privilégiés qui n ’ont de cesse de discréditer
les plus faibles et de les empêcher de s ’en sortir.
LES USAGES SOCIAUX DU
CORPS
• UN TEXTE MAJEUR
• À POURSUIVRE (pourquoi on ne le
prolonge pas dans des recherches?!?!)
• MAIS DIFFICILE À LIRE: l ’écriture
pourrait être plus simple MAIS
ATTENDEZ DE VOIR L ’ÉCRITURE DE
SON MAÎTRE BOURDIEU!!!!!!!!!!!!

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