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UNIVERSITE DE LUBUMBASHI

HISTOIRE DE LA
MEDECINE
TROISIEME DOCTORAT MED H

Prof. César NKUKU KHONDE

2013-2014
1

Introduction

Objectifs du cours

La réforme des programmes des cours dans les universités congolaises intervenue en 2004 a
introduit des nouvelles matières au programme des études en médecine (cfr Arrêté ministériel
N° MINESU/CABMIN/067/2004). Parmi ces matières l'histoire de la médecine figure dans
les études qui préparent au grade de docteur en médecine générale (2è cycle).

Ce cours destiné aux étudiants de 3è doctorat en médecine vise plusieurs objectifs en rapport avec
la formation et l'information.
Globalement le cours d'histoire de la médecine vise à :
 apprendre à l'étudiant l'évolution de la science médicale à travers le temps et
l'espace;
 initier l'étudiant à la recherche épistémologique utile à tout chercheur qui veut se
spécialiser dans le domaine de la médecine ;
 faire connaître les maîtres de la médecine, les devanciers, les érudits ;
 faire connaître l'étudiant les différentes expériences enregistrées en médicine ayant
entraîné son évolution actuelle ;
 faire connaître à l'étudiant le rôle joué par la médecine dans la lutte contre la condition
dérisoire de l'être humain;
 préparer l'étudiant à une spécialisation en histoire de la médecine, une option post-
universitaire aujourd'hui en vogue dans les autres universités d'à travers le monde.

Essai de Définition
L'histoire de la médecine n'est pas facile à définir. En effet, le terme médecine est très
complexe et pas facile à définir. L'on est en droit de se demander si la médecine se définie
aux pratiques de l'art de guérir, s'il intéresse aussi les autres aspects ayant trait à la
médecine comme la technologie et la pharmacologie auxquelles recourt la pratique
médicale ou à la maladie qui donne l'occasion d'exercer la pratique ou au malade sur
lequel s'applique la médecine et bien d'autres aspects encore.
Il revient très difficile d'avancer une définition appropriée à l'histoire de la médecine. Mais avant
tout il faudra bien maîtriser le terme histoire.

Sans entrer dans les définitions savantes de l'histoire, l'histoire doit être ici appréhendée
comme la recherche de la réalité. Cela n'est pas différent de l'étymologie du mot histoire.
En effet, le mot grec historia signifie d'abord recherche et information. Il vise une activité

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intellectuelle. Par extension, il a désigné le résultat de cette activité, c'est-à-dire la


connaissance et l'information en tant que donnée. Enfin, il a servi à définir le récit ou la
recherche du résultat de la connaissance.
Cette définition étymologique recouvre les étapes importantes de l'histoire connaissance,
la démarche de la recherche historique : le travail de l'historien qui découvre l'histoire,
cette histoire qu'il découvre, le vécu (connaissance et information), le résultat de sa
recherche.
Dans le terme vécu, on dégage la connaissance et l'information. La connaissance, c'est le
passé dans la véracité; l'information est perçue dans les documents, les traces.

Importance de l'histoire de la médecine


L'importance de cette matière a été démontrée particulièrement par des médecins
expérimentés eux-mêmes avant que quelques historiens l'aient adopté comme sujet
d'études. En effet, à l'histoire traditionnelle qui veut décrire les événements politiques,
militaires et culturels les plus saisissants et rendre hommage aux grands hommes, on
s'adonne aujourd'hui à une vision plus complète du passé de l'humanité, une histoire de la
vie quotidienne que quelques médecins historiens appellent une approche sociologique de
la médecine.

Plan du cours
L'on est en droit de se demander si l'histoire de la médecine commence avec la mise en
place d'une médecine rationnelle au XIXe siècle ou doit-on le ramener au moment où
l'homme a exercé un geste sur ses semblables pour le soulager d'une douleur ou le guérir
d'un mal.

Les devanciers de la médecine reconnaissent que même si l'art de guérir actuel enregistre
depuis deux siècles seulement des progrès scientifiques immenses, l'homme
contemporain faisant confiance à la haute technologie hospitalière, celui-ci continue de
croire aux guérisons miraculeuses ; les médecines parallèles sont florissantes.
L'histoire de la médecine est donc complexe, et doit être considérée sur une longue durée.
Ainsi, c'est en la situant dans ses cadres traditionnels, culturels, mais aussi
sociopolitiques, sans oublier les hommes qui l'ont forgée, que ce cours va aborder les
grandes étapes de la médecine, de l'Antiquité, sinon de la préhistoire, à l'époque
contemporaine.

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Ainsi, le plan de ce cours est articulé de la manière suivante :

Introduction :
Objectifs du cours
Essai de définition
Importance de l'histoire de la médecine
Plan du cours
Quelques éléments bibliographiques
Chapitre 1 : A la fondation de la médecine :
1.1. : quelques éléments de la préhistoire
1.2. : les fondateurs de la médecine occidentale
1.3. : le développement de la médecine au Moyen-âge
Chapitre 2 : De la connaissance de l'anatomie du corps humain:
2.1. : la découverte du corps humain
2.2. : de la théorisation vers l'expérimentation
2.3. : de la révolution française et de la révolution expérimentale en médecine
Chapitre 3 : De la recherche scientifique et la pratique de la médecine
3.1. : de la médecine de laboratoire 3.2. : des rayons X à la pénicilline
Chapitre 4 : De la révolution technologique et la médecine contemporaine.
4.1. Le triomphe de la biochimie
4.2. Les réanimations
4.3 La physique médicale
4.4. Traitements efficaces
4.5. Les nouvelles maladies
4.5. La santé dans le monde

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Quelques éléments bibliographiques

DAREMBERG,C., Histoire des sciences médicales,Ballècre &fils, 1890


DENIS, Ph. & BECKER, Ch., L'épidémie du Sida en Afrique subsaharienne: Regards
historiens, Collection Espace Afrique, Editions Karthala et Académia-Bruylant, Paris et
Louvain-la-Neuve, 2006
GRMEK, M.D., «Préliminaire d'une étude historique des maladies », Annales E.S.C, 24è
année (novembre - décembre 1969), 1474-1483,
GRMEK, M.D., Histoire du sid~ Paris, Payot, 1989,
GRMEK, M.D., «Physiologie et médecine des lumières », Dix huitième siècle, n? 23, Paris,
PUF, 1991 ;
LAIGNEIL-LAVASTINE, M., Histoire générale de la médecine, de la pharmacie, de l'art
dentaire et de l'art vétérinaire, Albin Michel, Paris, 1963 ;
MOULIN, A.M., Le dernier langage de la médecine, histoire de l'immunologie de Pasteur au
Sid~ Paris, PUF, 1991 ;
NKUKU Khonde, Histoire du Paludisme au Congo Belge. Santé-Environnement et Impact
Socio-économique (1900-1960, Dissertation doctorale, Université de Lubumbashi, 1996 ;
NKUKU Khonde, C.,« La carte épidémiologique du paludisme au Congo Belge », in New
Yperman, Bulletin de la Société Belge d'Histoire de la Médecine, Vol 1. 1,2 ;
NKUKU Khonde, César, «L'histoire du Sida au Congo selon les sources orales », in DENIS,
Ph. & BECKER, Ch., L'épidémie du Sida en Afrique subsaharienne: Regards historiens,
Editions Karthala et Académia-Bruylant, Paris et Louvain-la-Neuve, 2006
POUCHELLE, M.C., Corps et chirurgie à l'apogée du Moyen Age, Paris, Flammarion, Paris,
Paris, 1983 ;
RAMSEY, M., Professional and Popular Medecine in France (1770-1830), the Social world
of Medical Practice, Cambridge University Press, 1988;
RUFFE, J. & SOURNIA, J.C., Les épidémies dans l'histoire de l'homme, Flammarion,
Paris, 1984 ;
SOURNIA, J.C. & POULET, J., (éd.) Histoire générale de la médecine, de la pharmacie, de
l'art dentaire et de l'art vétérinaire, éd. SFEMPS, Paris, 1981 ;
SOURNIA, J.C., histoire et médecine, Fayard, Paris, 1982 ;
SOURNIA, J.C., Médecins arabes anciens, Xè et XIè siècles, éd. CILF, Paris, 1986;

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Chapitre 1

A la fondation de la médecine:

1.1. Quelques données de la préhistoire

Très peu d'information sur cette période en ce qui concerne la médecine et les maladies dont
souffraient les premiers habitants de la terre. Par la paléontologie, on peut cependant avoir
quelques renseignements pas faciles à confirmer avec exactitude. La Paléopathologie, une
branche de la paléontologie, étudie la maladie de l’homme préhistorique au moyen des
ossements conservés dans les sols divers. Leur examen permet d'identifier certaines
affections qui le frappaient.
Les paléopathologistes ont trouvé de nombreuses traces de traumatismes : fractures des os
longs, de la colonne vertébrale ou du bassin, pointes de flèche ou de harpon fichées dans les
os. Les os présentent aussi des séquelles de rhumatismes déformant ou soudant les
articulations. D'autres altérations évoquent la tuberculose osseuse. Certains ossements
montrent le cancer des os, ainsi que des transformations du squelette dues à des anomalies
héréditaires de 1'hémoglobine. Certains restes de mâchoires découverts indiquent une
mauvaise denture: les dents manquent ou déchaussées, signe d'infections fréquentes et
graves des gencives. Certaines méthodes modernes permettent également d'examiner les
viscères et même parfois, les protéines qui les constituent et de fixer ainsi le groupe sanguin
ou tissulaire de personnes mortes depuis plusieurs milliers d'années.
A la naissance, les mêmes malformations osseuses qu'aujourd'hui existent parfois:
mauvaise disposition de l'articulation de la hanche, dissymétrie dans le développement de
certains os, doigts ou orteils en trop.
Comment se soignait l'homme préhistorique?
Très peu de renseignements à ce propos. Néanmoins, d'après les squelettes exhumés, on peut
affirmer qu'il savait réduire les fractures, en immobilisant les os cassés et en conservant leur
axe; mais comme des chevauchements des deux fragments subsistent, on peut conclure qu'il
ne sait pas exercer une traction sur les deux extrémités brisées qui aurait rétabli un parfait
alignement.
Les thérapeutiques sont de valeurs inégales.

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-Au premier rang se trouve la chirurgie : elle traite les fractures, extrait des corps étrangers,
les palies, amputes, la cataracte, sonde l'urètre.

-La matière médicale est constituée de plante, minéraux, décoctions d'organes ou d'animaux
les plus divers, huiles ou graisses, breuvages, baumes, onguents. A partir des tablettes, on peut
reconstituer la totalité de la flore médicinale utilisée par les Babyloniens
L'art de guérir n'est pas une profession attribuée à un groupe donné: devins, prêtres,
sacrificateurs, médecins tous traitent les malades.
L'Egypte semble avoir une médecine plus organisée.

La pratique médicale semblait s'être transmise non de maitre à l'élève, mais de père en fils.
Les médecins faisaient partie de l'élite ; ils voisinaient avec les prêtres, les chefs militaires, les
responsables des mines et l'agriculture.
On connaissait les titres de médecin en chef, chef des médecins, médecin inspecteur, médecin
de la cour. Il y avait déjà de spécialisation (yeux, ventre, gynécologie ... ). Le médecin le plus
célèbre fut IMHOTEP (vers 2800 av J.C).
Ils sont aidés par des auxiliaires : infirmiers-contremaitres.
La pathologie égyptienne semblait être constituée de caries dentaires, des rhumatismes
infectieux, cals vicieux, ostéomyélites, gibbosités pottiques, les prolapsus utérins, métrites,
vulvites, les cancers utérins, toux, asthme" douleurs abdominales, parasitoses intestinales,
constipation, pleurésie putride.

1.2. Les fondateurs de la médecine occidentale

Préliminaires: quelques révélations archéologiques:

La civilisation européenne demeure héritière de celle du Proche Orient. Celle-ci a légué ses
connaissances au monde occidental à travers la Grèce antique. Il en est de même de la
médecine. Le développement de l'Archéologie a permis des grandes révélations sur la
médecine du croissant fertile et sur la médecine précoce de l'Egypte. La Mésopotamie et
l'Egypte ont laissé des vestiges qui ont pu être interprété par les archéologues, parmi
lesquelles on mentionne les tablettes de terre cuite aux caractères cunéiformes, des
inscriptions en hiéroglyphes et les inscriptions funéraires relevées sur les stèles et les parois
des tombes.
En Mésopotamie, l'examen des textes et des tombeaux datés d'environ 3000 à 400 ans avant
J-C révèle que l'espérance de vie n'était pas longue. Ceux qui survivaient aux guerres
subissaient en permanence les attaques de la malaria dans les zones marécageuses, les

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épidémies de la variole, les affections intestinales et oculaires, les maladies vénériennes, ainsi
que la mortalité maternelle et infantile.
Le diagnostic et thérapie mêlaient maladie, religion et magie. En effet, en Mésopotamie
ancienne, l'homme vivait dans un environnement dominé par la religion et les dieux. Le dieu
de Babylone (la capitale), Mardouk étaient considéré plus puissant. Autour de lui, de
nombreux génies et autres démons, responsable s des maladies dont souffraient les hommes.
Ainsi cette médecine babylonienne se caractérise par l'association d'une thérapeutique
symptomatique que s'efforce de rendre efficace, et de pratiques incantatoires qui relèvent
davantage de traditions magiques et religieuses que de principes cliniques et rationnels.

Ainsi, quand on procède au diagnostic, on recherche minutieusement les antécédents du


malade afin de découvrir le péché récemment commis et d'identifier le génie responsable de
la maladie. Aux fautes morales, on recherche aussi les causes des impuretés physiques.

D'Apollon à Galien: la médecine grecque

Si de nombreuses découvertes indiquent que des pratiques médicales existaient en


Mésopotamie et en Egypte notamment dès le troisième millénaire avant J-C, la médecine Il

moderne a réellement été fondée par les Grecs.


Il

Les Grecs anciens comptaient de nombreux dieux et demi-dieux capables de guérir (ou de
provoquer des maladies ... ) : Jupiter (ou Zeus), bien sûr, le Pantocrator, et aussi son fils
Apollon (ou Phoïbos) ; s'y ajoutaient le dieu de la médecine Esculape (ou Asclépios, fils
d'Apollon et de Coronis qui passait pour avoir le don de guérir tous les maux), ses deux filles,
la déesse de la santé Hygie (ou Hygieïa) et Panacée (" celle qui guérit tout "), ou encore le
centaure Chiron (précepteur d'Apollon puis d'Esculape, qui enseignait la médecine et
pratiquait même la chirurgie).

On attribue souvent à Hippocrate l'origine de la médecine en Occident (une médecine


dissociée de la magie). Mais bien avant lui et dès le sixième siècle avant J-C, des savants
poseront les bases de la médecine des siècles à venir : ce sont les philosophes naturalistes. fis
seront les premiers à dissocier la médecine de la magie.

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Le premier d'entre eux est plus connu de nos Jours comme mathématicien que comme
médecin: il s'agit de Pythagore. Né à Samos en 580 avant J-C, il établit l'universalité des
quatre éléments que l'on retrouve dans le corps humain : la terre, le feu, l'eau et l'air.
D'autres suivront : Thalès de Milet, Alcméon (qui étudie l'origine de l'embryon et fonde la
théorie des quatre humeurs), Héraclite d'Ephèse, Zénon d'Elée, Empédocle d'Agrigente (qui
écrit un Discours médical) et Démocrite (qui entreprend un classement des médicaments).
Hippocrate naît vers 460 avant J-C dans l'île de Cos en Asie Mineure. Il tenait selon la
tradition ses consultations sous le platane de la ville de Cos (en réalité, la ville semble avoir
été fondée après sa mort ... ). Hippocrate met en avant l'intérêt capital de l'interrogatoire et de
l'examen du malade. Il pratique la chirurgie (traitement des plaies et des fractures), les
cautères, les saignées, les purgatifs et les vomitifs, et utilise une pharmacopée mêlant matières
minérales, végétales et animales.

Sa médecine est basée sur les mêmes principes que ceux des philosophes naturalistes : quatre
éléments fondamentaux entrent dans la composition du corps humain (le feu, l'eau, la terre et
l'air) sur lesquels se plaquent quatre caractères (le chaud, le froid, le sec et l'humide) et quatre
humeurs (le sang, la lymphe ou phlegme, la bile jaune et la bile noire ou l'atrabile). Son
enseignement est compris dans le Corpus Hippocratum, livre d'aphorismes édictant des
principes généraux. Ces aphorismes seront appris par coeur et déclamés par les médecins
jusqu'au dix-huitième siècle.

Corpus hippocratum [Hippocrate],

Recueil de textes médicaux attribués au médecin grec Hippocrate, contenant


notamment le texte original du serment d'Hippocrate.

Le Corpus hippocratum comprend de 50 à 70 traités, nombre variant selon la façon dont


sont regroupés les textes. Leur traduction la plus connue a été réalisée par Émile Littré,
qui constete : «Nous possédons sous le nom de livres d'Hippocrate une masse très
considérable d'écrits. C'est la réunion de ces écrits que j'appellerai pour abrége r la
Collection hippocratique. Le premier coup d'œil montre qu'ils ne forment ni un ensemble,
ni un corps, et qu'on y chercherait vainement l'œuvre d'un homme qui aurait travaillé sur
les différentes parties de la médecine. » (Œuvres complètes d'Hippocrate, 1839-1863).
Les écrits présentent, de fait, une très grande disparité, tant par les sujets abordés -
spécialités médicales destinées aux praticiens (chirurgie, gynécologie, diététique,
protocoles de pratique clinique, des aide-mémoire) ou conférences visant le grand
public - que par la diversité des styles.

On estime que la rédaction du Corpus s'échelonne entre 450 et 350 ans av. J. -CO Il ne
fait aucun doute qu'Hippocrate n'est l'auteur que de quelques traités, peut-être

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seulement six. Les autres textes seraient issus des bibliothèques de diverses écoles
d'Asclépiades (prêtres guérisseurs du dieu grec de la médecine Asclépios,groupe dont
Hippocrate lui-même aurait fait partie) telles celle de Kos et de Cnide (Asie mineure) ; les
auteurs en seraient des médecins, des Asclépiades, ou même des enseignants non
praticiens. Le gendre d'Hippocrate, Polybe, est l'auteur d'un traité.

Les livres hippocratiques doivent leur postérité à leurs traductions latines et arabes
dont certaines ont été à leur tour retranscrites en latin. Parmi les diffuseurs célèbres de
l'œuvre attribuée à Hippocrate figurent notamment Galien, dont le rôle dans la
découverte des traités par le monde occidental est capital, et le traducteur arabe Hunayn
ibn Ishaq (Ix" siècle).

LES THEORIES DEU CORPUS HIPPOCRATUM


L'origine des maladies

La théorie des humeurs

Les théories hippocratiques se fondent sur l'existence dans le corps de


plusieurs principes fondamentaux, dont le nombre est toutefois variable selon les
traités. Dans De la nature de l 'homme, ils sont quatre: « Le corps de l'homme a en
lui sang, pituite, bile jaune et noire •. c'est là ce qui en constitue la nature et ce qui y
crée la maladie et la santé. » (De la nature de l 'homme). Mais dans Du régime, il
n'existe que deux principes: « Tous les animaux et l 'homme lui-même sont composés
de deux substances divergentes pour les propriétés, mais convergentes pour l'usage,
le feu [ ... ] et l'eau. Ces deux propriétés se suffisent à elle-même et à tout le reste.
Leurs attributs sont: au feu le chaud et le sec, à l'eau le froid et l'humide» (Du
régime livre 1). C'est le bon rapport entre ces principes qui crée la bonne santé et,
inversement, un déséquilibre qui provoque les maladies: « Il y a essentiellement santé
quand ces principes sont dans un juste rapport de [. . .] force et de quantité, et que le
mélange en est parfait •. il Y a maladie quand un de ces principes est soit en défaut soit
en excès, ou, s'isolant dans le corps, n'est pas combiné avec tout le reste» (De la
nature de l'homme).

Par ailleurs, les maladies surviennent également quand les organes et les
humeurs ne sont pas à la bonne température ni au bon degré d'humidité, à l'image de
la folie qui apparaît quand « le cerveau n'est pas sain, c'est-à-dire quand il est trop
chaud, ou trop froid, ou trop humide, ou trop sec, ou quand il a éprouvé quelque autre
lésion contre nature à laquelle il n'est pas habitué» (De la maladie sacrée). Il est à
noter que, selon les théories hippocratiques, la proportion des humeurs varie en
fonction de la saison - par exemple, «la pituite augmente chez 1 'homme pendant
1 'hiver », car elle est « la plus froide de toutes les humeurs du corps »,

Les maladies ont des causes naturelles

Le point d'orgue de la médecine hippocratique est constitué par la négation


dans les traités du Corpus hippocratum d'une quelconque origine divine aux
maladies: ces dernières ont des causes naturelles; elles sont à relier aux

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modifications des humeurs du corps et au milieu extérieur: « Toutes les maladies


proviennent, quant aux choses du dedans, de la bile et de la pituite; quant aux choses
du dehors, des fatigues, des blessures, et du chaud trop échauffant, du froid trop
refroidissant, du sec trop desséchant, de l'humide trop humectant» (Des maladies).
Ainsi le temps, la consommation d'eau, les vents favorables, peuvent participer, avec
le médecin, au maintien de la bonne santé d'une population. Aussi les conditions
environnementales doivent-elles figurer en tête des préoccupations du médecin:
«Celui qui veut approfondir la médecine, doit faire ce qui suit: il considèrera
d'abord les saisons de l'année et l'influence respective que chacune d'elles
exerce [. . .] puis il examinera quels sont les vents chauds et froids, surtout ceux qui
sont communs à tous les pays, ensuite ceux qui sont propres à chaque localité. Il est
nécessaire aussi de connaître la qualité des eaux, qui, si elles different par la saveur et
par le poids, n'en diffèrent pas moins par leurs propriétés. » (Des airs, des eaux et des
lieux).

Pourtant, si elle contribue à démystifier la cause des maladies, et en


particulier l'épilepsie, dite à l'époque « maladie sacrée» et censée être provoquée
par les dieux - « elle ne me paraît avoir rien de plus divin ni de plus sacré que les
autres, mais la nature et la source en sont les mêmes que pour les autres maladies»
(De la maladie sacrée) -, si elle rassemble des descriptions et observations correctes
de nombreuses maladies, la médecine du Corpus hippocratum n'est cependant pas
exempte de magie et ne manque pas de prêter certains pouvoirs aux dieux - ils sont
par exemple à l'origine des guérisons spontanées. « Pour l'ensemble des maladies et
des symptômes, la médecine est, dans la plupart des cas, pleine de révérence à l'égard
des dieux. Devant les dieux les médecins s'inclinent; car la médecine n'a pas une
puissance qui surabonde. » (De la bienséance). Le traité Des songes (ou Du régime
livre IV) fait état de l'existence de songes divins, ainsi que d'autres «où l'âme
annonce les affections corporelles », et propose une interprétation des rêves pour
déceler des maladies.

La prédiction de l'évolution des maladies

Les traités Pronostic et Aphorismes font quant à eux avancer l'idée, alors
révolutionnaire, que le médecin peut prévoir l'évolution d'une maladie en se basant
sur l'expérience: «Le meilleur médecin me paraît être celui qui sait d'avance.
Pénétrant et exposant, au préalable, près des malades, le présent, le passé et l'avenir
de leurs maladies, expliquant ce qu'ils omettent, il gagnera leur confiance; et,
convaincus de la supériorité de ses lumières, ils n 'hésiteront pas à se remettre à ses
soins. Il traitera aussi d'autant mieux les maladies qu'il saura, à l'aide de l'état
présent, prévoir l'état à venir. » (le Pronostic). Cependant, «Rendre la santé à tous
les malades est impossible, bien que cela valût mieux que de prédire la marche
successive des symptômes; mais, puisque les hommes meurent [. . .j, il importe de
reconnaître la nature d'affections semblables ».

Le rôle du cerveau

Le traité De la maladie sacrée attribue son juste rôle au cerveau, en


opposition à l'autre théorie qui prévaut dans l'Antiquité et qui fait du cœur le siège de
la pensée, des sentiments, des fonctions morales et intellectuelles: « Il faut savoir que,
d'une part, les plaisirs, les joies, les ris et les jeux, d'autre part, les chagrins, les
peines, les mécontentements et les plaintes ne nous proviennent que de là [le cerveau).
C'est par là surtout que nous pensons, comprenons, voyons, entendons, que nous
connaissons le laid et le beau, le mal et le bien, l'agréable et le désagréable [. . .] C'est

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par là encore que nous sommes fous, que nous délirons, que des craintes et des
terreurs nous assiègent ».

Les devoirs du médecin et la déontologie médicale

Si le traité du Serment, dit serment d 'Hippocrate, est connu pour poser les
bases de la déontologie médicale, il n'est pas le seul livre du Corpus hippocratum à
évoquer le rôle et les devoirs du médecin. De la bienséance expose les attitudes à
observer pour acquérir honneur et bonne réputation: «Le Médecin philosophe est
égal aux dieux. Il n y a guère de différence entre la philosophie et la médecine; tout
ce qui est de la première se trouve dans la seconde: désintéressement, réserve,
pudeur, modestie du vêtement, opinion, jugement, tranquillité, fermeté dans les
rencontres, propreté, manière sentencieuse, connaissance de ce qui est utile et
nécessaire dans la vie, rejet de l'impureté, affranchissement de la superstition,
précellence divine. » (De la bienséance). «Faites de fréquentes visites, examinez
soigneusement », recommande également le traité De la bienséance. Du médecin
expose lui aussi les règles de vie à respecter, tant sur le plan physique que moral:
« La règle du médecin doit être d'avoir une bonne couleur et de l'embonpoint, suivant
ce que comporte sa nature; car le vulgaire s'imagine que ceux dont le corps n'est pas
ainsi en bon état ne sauraient soigner convenablement les autres. Puis il sera d'une
grande propreté sur sa personne [. . .]. Quant au moral, l 'homme sage non seulement
sera discret, mais aussi il observera une grande régularité dans sa vie; cela fait le
plus grand bien à la réputation; ses mœurs seront honorables et irréprochables, et,
avec cela, il sera pour tous grave et humain [. . .] il aura la physionomie réfléchie,
sans austérité [. . .] La justice présidera à toutes ses relations ». Car « Ce ne sont pas
de petits rapports que ceux du médecin avec les malades; les malades se soumettent
au médecin, et lui, à toute heure, est en contact avec des femmes, de jeunes filles, des
objets précieux; il faut, à l'égard de tout cela, garder les mains pures. »

Par ailleurs, le médecin doit pratiquer la médecine pour l'amour des hommes
et de son art. La question des honoraires ne doit venir qu'en second plan: « Si vous
commencez par vous occuper de vos honoraires [. . .] vous susciterez chez le malade
cette pensée que [. . .] vous partirez et le quitterez, ou que vous le négligerez et ne
prescrirez rien pour le moment présent. Vous ne vous occuperez donc pas de fixer le
salaire; car nous pensons que ce souci est nuisible au patient» (les Préceptes). Enfin,
le médecin ne doit pas refuser de soigner un homme sans ressource, bien au contraire,
il se doit de le secourir: « Je recommande de ne pas pousser trop loin l'âpreté, et
d'avoir égard à lafortune et aux ressources; parfois même vous donnerez des soins
gratuits, rappelant ou le souvenir passé d'une obligation ou le motif actuel de la
réputation. S'il y a lieu de secourir un homme étranger et pauvre, c'est surtout le cas
d'intervenir; car là où est l'amour des hommes est aussi l'amour de l'art. »

On connaît surtout de nos jours le serment qui porte son nom (mais que
d'aucuns attribuent à d'autres médecins) et que prêtent les étudiants en médecine lors
de la soutenance de leur thèse. Ce serment instaure la confraternité entre médecins,
l'égalité des hommes devant la maladie, la défense de la vie avant tout et le respect du
secret médical. Notons toutefois qu'Hippocrate aurait refusé de dispenser des soins au
roi des Perses alors en guerre contre ses compatriotes les Grecs, grave manquement
au serment qui porte son nom ... ;

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Biographie d'Hippocrate

Surnommé le prince des médecins, Hippocrate naît en 460 av. Je à Cos, une
île de la mer Egée consacrée à Esculape. Il est difficile de faire la part de la légende
dans les divers récits de sa vie. Selon un certain Soranus, il serait membre de la
famille des Asclépiades et le dix-septième descendant d'Esculape. Après avoir reçu
une première instruction par son père, Hippocrate part étudier à Athènes où il a pour
maître le sophiste Gorgias. Il devient rapidement aussi instruit en philosophie qu'en
médecine, mais il se consacre à la seconde discipline en ne gardant de la première que
ce qu'il croit nécessaire à la justesse du raisonnement. En allumant de grands feux
dégageant des substances aromatiques, il sauve les villes d'Athènes, d'Abdère et
l'Dlyrie des ravages d'une terrible peste. La ville d'Athènes le récompense alors en
lui donnant le droit de citoyenneté et en l'entretenant toute sa vie dans le Prytanée aux
frais du gouvernement. Il voyage beaucoup et sa réputation dépasse bientôt les
frontières de la Grèce. Mais sa passion de la vérité - il s'appuie sur les bases solides de
l'expérience et de l'observation des faits - lui fait dédaigner la gloire et les honneurs.
On raconte à ce titre qu'il refuse avec mépris les offres mirobolantes du roi des Perses
pour éradiquer l'épidémie qui décime ses armées. Cependant, sa célébrité ne
l'empêche pas de continuer à donner des consultations. Il passe les dernières années de
sa vie en Thessalie, où il s'éteint presque centenaire. Modeste et simple, il a
révolutionné la médecine en la débarrassant des superstitions et des sorcelleries. Une
soixantaine d'ouvrages lui sont attribués, mais il est difficile de savoir quels sont ceux
véritablement de sa main.

Serment d'Hippocrate

Fonction et valeur juridique: Le serment d'Hippocrate fixe un cadre éthique à l'intervention


du médecin. Il a également pour fonction de marquer le passage du statut d'étudiant (d'interne)
à celui de médecin proprement dit. En ce sens, on peut aussi considérer son énonciation,
devant ses pairs, ses proches, et ses maîtres, comme un véritable rite de passage. Sur le plan
légal, l'activité est encadrée par le Code de déontologie médicale, beaucoup plus précis.

La version originale du Serment d'Hippocrate

La traduction de Emile Littré :(Oeuvres complètes d'Hippocrate, traduction


nouvelle avec le texte grec en regard -JB. Bail/ère - Paris 1844)

"Je jure par Apollon, médecin, par Esculape, par Hygie et Panacée, par tous
les dieux et toutes les déesses, les prenant à témoin que je remplirai, suivant mes
forces et ma capacité, le serment et l'engagement suivants: Je mettrai mon maître de
médecine au même rang que les auteurs de mes jours, je partagerai avec lui mon
avoir, et, le cas échéant, je pourvoirai à ses besoins; je tiendrai ses enfants pour des
frères, et, s'ils désirent apprendre la médecine, je la leur enseignerai sans salaire ni
engagement. Je ferai par des préceptes, des leçons orales et du reste de
l'enseignement à mes fils, à ceux de mon maître, et aux disciplines liés par un
engagement et un serment suivant la loi médicale, mais à nul autre. Je dirigerai le
régime des malades à leur avantage, suivant mes forces et mon jugement, et je
m'abstiendrai de tout mal et injustice. Je ne remettrai à personne du poison, si on

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m'en demande, ni ne prendrai l'initiative d'une pareille suggestion; semblablement,


je ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif. Je passerai ma vie et j'exercerai
mon art dans l'innocence et la pureté. Je ne pratiquerai pas l'opération de la taille, je
la laisserai aux gens qui s'en occupent. Dans quelques maisons que j'entre, j y
entrerai pour l'utilité des malades, me préservant de tout méfait volontaire et
corrupteur, et surtout de la séduction des femmes et des garçons, libres ou esclaves.
Quoi que je voie ou entende dans la société pendant l'exercice ou même hors de
l'exercice de ma profession, je tairai ce qui n'a jamais besoin d'être divulgué,
regardant la discrétion comme un devoir en pareil cas. Si je remplis ce serment sans
l'enfreindre, qu'il me soit donné de jouir heureusement de la vie et de ma profession,
honoré à jamais parmi les hommes; si je le viole et que je me parjure, puissé-je avoir
un sort contraire !

Révision 1996: par l'Ordre national des Médecins français.

Le serment d'Hippocrate est un texte proposant un cadre moral ou éthique


pour l'exercice de la médecine. En France, les médecins doivent le prononcer devant
le buste d'Hippocrate, leur jury de thèse et leurs proches, après avoir soutenu avec
succès leur thèse d'exercice. En France, il a été réactualisé en 1996 par le professeur
Bernard Hoerni, et publié dans le Bulletin de l'Ordre des Médecins (Avril 1996, n04). ,
à partir de la traduction d'origine. Il n'a aucune valeur légale. Seule la législation et
les codes de déontologie des ordres des médecins où ils exercent leur activité peuvent
avoir une valeur légale:
«En présence des maîtres de cette école et de mes chers condisciples et selon la
tradition d'Hippocrate, je jure et je promets d'être fidèle aux lois de l'honneur et de la
probité dans l'exercice de la médecine. Je donnerai mes soins gratuits à l'indigent et
n'exigerai jamais un salaire au dessus de mon travail. Admis à l'intérieur des maisons,
mes yeux ne verront pas ce qui s y passe, ma langue taira les secrets qui me seront
confiés et mon état ne servira pas à corrompre les mœurs ni à favoriser le crime.
Respectueux et reconnaissant envers mes maîtres, je donnerai à leurs enfants
l'instruction que j'ai reçue de leur père. Que les Hommes m'accordent leur estime sije
suis fidèle à mes promesses. Que je sois couvert d'opprobre et méprisé de mes
confrères sij'y manque. Jejure! Jejure! Je jure!»

« Au moment d'être admisïe) à exercer la médecine, je promets et je


jure d'être fidèle aux lois de l'honneur et de la probité. Mon premier souci sera
de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments,
physiques et mentaux, individuels et sociaux. Je respecterai toutes les
personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon
leur état ou leurs convictions. J'interviendrai pour les protéger si elles sont
affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même
sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de
l'humanité. J'informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons
et de leurs conséquences. Je ne tromperai jamais leur confiance et n'exploiterai
pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences. Je donnerai
mes soins à l'indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas

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influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire. Admis( e) dans


l'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu(e) à
l'intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne
servira pas à corrompre les mœurs. Je ferai tout pour soulager les souffrances.
Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la
mort délibérément. Je préserverai l'indépendance nécessaire à
l'accomplissement de ma mission. Je n'entreprendrai rien qui dépasse mes
compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux
les services qui me seront demandés. J'apporterai mon aide à mes confrères
ainsi qu'à leurs familles dans l'adversité. Que les hommes et mes confrères
m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses; que je sois
déshonorée e) et méprisée e) si j'y manque ».

Platon (428-348 avant J-C), dans les Dialogues, analysera les théories existantes de l'art de la
médecine. S'il admet les quatre éléments composants universels, il attribue un rôle majeur au
Pneuma dans le fonctionnement de l'organisme. En effet, pour Platon, (et les pneumatistes qui
reprendront cette théorie au dix-septième siècle), le pneuma appartient à la fois à l'air et au feu
et forme le souffle vital, donnant aux organes mouvement et vie.
Aristote, né en 384 avant J-C à Stagire, d'abord intéressé par la zoologie, va transposer à
l'homme les découvertes anatomiques qu'il effectuera à l'occasion de dissections d'animaux ;
il attribue ainsi trois chambres au cœur humain (notion qui prévaudra jusqu'au seizième siècle
et à la généralisation des dissections chez l'homme).

Le Pneuma

Le pneuma [Souffle] est un concept de la force vitale. Chez


Galien, le pneuma est un souffle tout d'abord extrait dans les poumons
à partir de l'air inspiré, puis envoyé au cœur [le pneuma était « l'air
extérieur attiré par le larynx, l'œsophage et les pores jusqu'au cœur, et
qui dans le cœur, devient le souffle psychique qui règle, tend et
soutient toutes les parties du corps, assure leur croissance et leur
harmonie, préside aux mouvements de la pensée, des sentiments, des
sensations et des désirs.].

Les Stoïciens et les Pneumatiques distinguaient trois sortes de


pneuma : le pneuma hectique qui assure la cohésion des êtres matériels
; le pneuma physique, feu créateur qui fait naître vie et mouvement; et
le pneuma psychique, principe de vie, de connaissance sensible et
intellectuelle. Galien, par la suite, distingue trois sortes de pneuma : le
psychique [En latin, spiritus animalis], le vital [Pneuma zoticon, en
latin spiritus vitalis] et le physique [Pneuma phusicon, en latin spiritus
naturalis] .

C'est dans le cœur qu'il subit une combustion et est infusé dans
le sang, sous une forme intense et concentrée. Ce pneuma est l'esprit

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(pneuma) vital, qui est la forme première du pneuma dans l'organisme;


sa fonction principale est de faire circuler le sang. En atteignant le foie,
l'esprit vital, issu de la respiration et de la vaporisation du sang, se
change en esprit naturel [Pneuma physique]. Lorsque l'esprit vital
atteint le cerveau, il se transforme en esprit animal [Pneuma
psychique], la forme basique de pneuma pour la faculté psychique. Les
esprits animaux transportent les informations des cinq sens, vecteurs
entre l'âme et le corps, l'intérieur et l'extérieur.

Le schéma ci-dessous schématise la circulation et la


transformation du pneuma dans l'organisme:

Air extérieur

Organisme

Cœur: pneuma zoticon (esprit vital)

Foie: pneuma phusicon (esprit naturel)

Cerveau : pneuma psuchicon (esprit animal) ~


transporte les informations

Conservée telle quelle tout au long du Moyen-Age, la théorie des trois


formes de pneuma sera légèrement modifiée à la Renaissance. Charles
de Bovelles (1479 - 1567] dit que le foie infuse l'esprit naturel dans les
quatre humeurs, puis se divise en quatre formes, les quatre vertus, qui
animent les humeurs en leur donnant à chacune des fonctions et des
actions précises. La vertu attractive est infusée dans le sang, pouvant
provoquer l'humeur sanguine, la vertu digestive (expulsive) est infusée
dans la bile jaune, pouvant provoquer l'humeur colérique, la vertu
rétentive est infusée dans la bile noire, pouvant provoquer l'humeur
mélancolique, et la vertu expulsive est infusée dans la pituite, pouvant
engendrer l'humeur phlegmatique. Autre modification, Ambroise Paré
fait de l'esprit animal le premier pneuma « qui la distribue à toutes les
parties de nostre corps ».
Reprenant Galien, Marsile Ficin [1433 - 1499] considère que l'union
intime de l'âme et du corps passe par la présence du pneuma [Qu'il
nomme spiritu] qui permet de transmettre au corps les puissances de
l'âme
«Le fait est qu'il y a en nous trois parties: l'âme, l'esprit et le corps.
L'âme et le corps, très différents l'un de l'autre par nature, sont unis
parle truchement de l'esprit, qui est une vapeur extrêmement subtile et
transparente engendrée par la chaleur du cœur à partir de la partie la
plus fine du sang. Répandu de là dans tous les membres, il reçoit les
puissances de l'âme et les transmet au corps»

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Le début du troisième siècle avant notre ère est marqué essentiellement par les découvertes
des anatomistes d'Alexandrie qui grâce à la tolérance de leurs compatriotes, peuvent pratiquer
la dissection chez l'homme. Ainsi, Hérophile (né vers 330 avant JC ) étudie le système
nerveux, les méninges et le cerveau, et Erasistrate (né vers 320 avant JC) le système
vasculaire, corrigeant les conclusions d'Aristote. Ces deux anatomistes auront fait faire à leur
discipline des progrès considérables. Malheureusement, ils furent peu entendus de leurs
confrères, peu confiants envers l'anatomie.

La domination romaine sur le monde à partir de la deuxième moitié du deuxième siècle


avant J-C entraîne les médecins Grecs à venir exercer leur art à Rome. La médecine n'y étant
pas prisée jusqu'alors, on confiait les soins à des barbiers ou à des esclaves. L'arrivée des
Grecs, d'abord esclaves, puis citoyens, va faire évoluer cette pensée. Parmi les médecins
Grecs célèbres à Rome, on peut citer Asclépiade, Thessalos d'Ephèse ou Soranos d'Ephèse (et
son célèbre traité de gynécologie et d'obstétrique où il étudie la génération humaine ainsi que
les causes et les remèdes des dystocies, et où il décrit pour la première fois la pratique de
l'avortement).
Celse, au premier siècle de notre ère, est le premier à écrire un ouvrage complet sur la
médecine. Il y classe les maladies en trois catégories : celles guéries par un simple régime,
celles guéries par des médicaments et celles nécessitant une action chirurgicale.
Suivront dans ce premier siècle Archigène d'Apamée (le premier utilisateur du spéculum),
Rufus d'Ephèse (qui décrira la peste et la lèpre), Dioscoride (auteur du De materia medica,
ouvrage sur la thérapeutique).
Le deuxième siècle sera marqué par les travaux de Galien. Né à Pergame en 131, il va peu
à peu renier les doctrines de ces prédécesseurs. Pour cet organiciste, chaque trouble provient
de la lésion d'un organe. Toutefois, il conserve la théorie d'Hippocrate des quatre humeurs et
des quatre éléments, auxquels il ajoute quatre complexions ou tempéraments, l'équilibre de cet
ensemble conditionnant la santé (théorie qui conduira au Moyen-Age à la pratique d'une
médecine arithmétique.
Ne pratiquant la dissection que sur les animaux, il énoncera des contre-vérités qui ne seront
rétablies qu'à la Renaissance (communication inter-ventriculaire dans le cœur, utérusl bifide,
... ). De même, son mépris pour la chirurgie contribuera à reléguer cette dernière au rang d'art
mineur jusqu'aux travaux d'Ambroise Paré au seizième siècle. Galien meurt à Rome en 201.

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C'est à l'époque de Galien que remontent à Rome les débuts de la Santé Publique: fontaines
pour la distribution d'eau propre, mise en place d'égouts et de latrines publiques, construction
de thermes publics et de valetudinaria (établissements de soins tenus comme étant les
premiers hôpitaux, à l'usage des vétérans et des infirmes).
Claude GALIEN (Claudius Galenus) (131-201 après J.C) : Médecin et physiologiste grec,
établi à Rome: Galien est après Hippocrate la plus grande figure de la médecine antique. Ses
études anatomiques sur les animaux et ses observations sur les fonctions du corps humain
dominèrent la théorie et la pratique médicales pendant quatorze siècles.

Claude Galien est né en 131 après J.C., à Pergame en Asie Mineure, où se


trouvait un lieu saint dédié au dieu grec de la médecine Asclépios, dans une famille
de notables, son père est architecte et sénateur. Il commence des études de philosophie
dans sa ville natale. Il observa tout jeune les techniques médicales d'anatomie de
l'époque puis reçut sa formation de médecins à Smyrne, puis entreprit de nombreux
voyages autour de la Méditerranée (Corinthe et Alexandrie ... ), pendant dix ans, pour
élargir ses connaissances auprès des médecins les plus réputés de l'époque.

De retour à Pergame en 160, il devient médecin de l'école des gladia1eurs ce


qui lui permît de faire de notables progrès en chirurgie. Vers l'an 163, son ambition le
pousse à s'installer à Rome où il se rendit célèbre auprès des plus hautes personnalités
en vue, d'une part pour ses capacités à faire un diagnostic médical, (en revanche il
semble moins doué pour le pronostic des maladies); d'autre part pour son
enseignement qu'il illustre de dissections et de démonstrations anatomo-
physiologiques spectaculaires qui attirent une foule de curieux. Vers l'an 169,
l'empereur romain philosophe Marc-Aurèle l'engage comme médecin personnel et lui
confie la santé de ses fils Commodus et Sextus. Galien passa sans doute le reste de son
existence à Rome où il exerça son art auprès de la plus riche clientèle.

A Rome, il ouvre un cours public dans le temple de la Paix où se pressent les


plus hauts personnages de la Cour. C'est devant cet auditoire qu'il dissèque des
animaux vivants (chèvres, singes, chiens, porcs et même un éléphant) et réalise des
expériences
- sur le système nerveux il tente d'expliquer le contrôle des muscles par les nerfs qui
partent de la moelle épinière.
- Il observa les fonctions du rein et de la vessie.
- il identifia sept paires de nerfs crâniens ainsi que les ganglions du grand sympathique.
- En outre, Galien donna une description des valvules du cœur et constata les
différences de structure entre les artères et les veines et montra que les artères
transportent le sang, ce qui était nouveau à l'époque puisque une croyance ancienne
disait que les artères transportaient de l'air.
Il montra que le cerveau contrôle la voix: une des expériences consistait à passer un
lien autour des nerfs récurrents; il pouvait ainsi enlever ou rendre à l'animal l'usage de
sa voix, en serrant ou desserrant le lien.

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C'est en 165 ou 166 que se situe un événement de sa vie que certains


commentateurs jugent avec sévérité. Galien quitte brusquement Rome sans que
les motifs en soient clairement établis.
 A-t-il cédé aux attaques de ses confrères, ou à une défaveur de l'Empereur?
 A-t-il voulu éviter de participer à la guerre qui se préparait contre les germains?
A-t-il fuit l'épidémie de peste et de typhus qui sévissait dans la capitale, par manque
de courage professionnel et civique?
Galien semble avoir fait preuve en l'occurence d'une certaine faiblesse humaine. Il
voyage pendant trois ans, lorsqu'en 168 Marc-Aurèle le rappelle et lui demande
de reprendre sa place à la cour de Rome.

Considérant l'anatomie comme la base fondamentale de la médecine, mais ne


pratiquant la dissection que sur les animaux, - l'autopsie des corps humains étant
interdite à l'époque - il énoncera des contre-vérités qui ne seront rétablies qu'à la
Renaissance (il se trompe sur les rôles respectifs du foie et du cœur, faisant du premier
le centre de la circulation sanguine. Il croit à une communication inter-ventriculaire
dans le cœur, que l'utérus humain est bifide, au doublement des voies biliaires).

Par contre, son mépris pour la chirurgie contribuera à reléguer cette dernière
au rang d'art mineur jusqu'aux travaux d'Ambroise Paré au seizième siècle.
En médecine il admet que les principales causes des maladies sont la pléthore ou excès
des humeurs et la cacochymie ou altération des humeurs; la première se combat par la
saignée, la seconde par les purgatifs.

Il préparait la thériaque, le célèbre antidote utilisé par Mitridate. La formule de


Galien comportait 70 ingrédients, dont le principal était la chair de vipère ainsi que des
opiacés, ce qui en faisait le médicament capable de guérir ou d'atténuer les effets des
intoxications et des morsures venimeuses.

Organiciste, "les lésions des fonctions viennent des parties malades qui les
produisent; les maladies des parties organiques lèsent les fonctions." A partir de là
son diagnostic repose sur l'étude des symptômes. Contrairement à Hippocrate sa
thérapeutique repose sur l'emploi des contraires: "contraria contrariis curantur"; les
plantes médicinales tenant dans l'arsenal thérapeutique une place de choix, cette partie
de la pharmacopée garde encore le nom de "pharmacie galénique"

C'est à l'époque de Galien que remontent à Rome les débuts de la Santé Publique: fontaines
pour la distribution d'eau propre, mise en place d'égouts et de latrines publiques, construction
de thermes publics et de valetudinaria (établissements de soins tenus comme étant les
premiers hôpitaux, à l'usage des vétérans et des infirmes).

Galien prolongeant les notions hippocratiques

Dans son schéma de physiologie humaine Galien reprend la théorie des


humeurs d'Hippocrate qui repose sur les 4 éléments (eau, air, terre, feu) qui,
combinés aux 4 qualités physiques (chaud, froid, humide, sec), influent sur les
quatre humeurs: le sang, la bile, la pituite et l'atrabile. il y ajoute les quatre
tempéraments qui classent les hommes en sanguins (chaleureux et aimables),
flegmatiques (lents et apathiques), mélancoliques (tristes et déprimés) et
colériques (emportés et prompts à réagir).

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Galien fut également admiré par ses contemporains pour les idées qu'il
développe en philosophie. Dans son traité De l'utilisation des parties du corps
humain, il suivit l'approche d'Aristote selon laquelle il n'y a rien dans la nature
qui soit inutile. Il est vitaliste et admet qu'une force vitale appelée "pneuma"
émanation de la divinité, gouverne le corps comme elle gouverne le monde.
Selon Galien l'essence de la vie "pneuma" se manifeste sous trois formes
principales:
- Le "pneuma physique" ou esprit naturel siège dans le foie; centre de la
nutrition.
- Le "pneuma psychique" ou esprit animal siège dans le cerveau; il occupe le
centre des sensations et de l'intelligence.
- Le "pneuma zootique" ou esprit vital siège dans le cœur et les vaisseaux; qui
est le centre des pulsations. A quelques réalités près, ce système que Galien
voulait logique et simple, apparaît confus et surtout entaché d'erreur.

La principale contribution de Galien à la philosophie fut de mettre en


forme le concept selon lequel les objectifs de Dieu sont explicables par
l'observation de la nature. "11 faut connaître et révérer la sagesse, la toute
puissance, l'amour infini et la bonté du créateur de l'Être." La conviction de
Galien de l'existence d'un dieu unique, créateur du corps humain, incitera
l'Eglise à adopter cette doctrine qui se rapprochait le plus des aspirations de ses
dignitaires et fera ainsi admettre son autorité par l'Eglise. Ainsi, pendant
longtemps, s'opposer à Galien signifiera s'opposer à l'Eglise ce qui explique
sans doute son influence quasi constante auprès du corps médical jusqu'au
XVIème siècle (soit pendant 1400 ans !)

Du point de vue du développement de la médecine, l'œuvre de Galien se


résume en une tentative brillante mais sans lendemain. Il se pose lui-même
comme le successeur et le continuateur d'Hippocrate; il commente le plus
souvent avec pertinence les théories qui se sont affrontées avant lui.
Malheureusement convaincu de son infaillibilité, dépourvu de modestie dans
l'énoncé de ses succès, Galien fait état de sa propre valeur avec complaisance et
parfois exagération.
On peut reprocher à Galien ses erreurs redoutables, son incorrigible fatuité et
sa fâcheuse tendance à subordonner les résultats de ses observations à son
finalisme préconçu.
Galien a produit environ cinq cents textes sur la médecine, la philosophie et l'éthique, dont la
plus grande partie fut détruite en l'an 192 lors de l'incendie du Temple de la Paix à proximité
duquel ils étaient conservés. Quatre vingt trois ouvrages restent considérés comme
authentiques, de nombreux autres sont d'origine douteuse. Ses ouvrages médicaux furent
traduits au IXe siècle par des intellectuels arabes et furent hautement considérés par les
humanistes de la Renaissance.

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1.3. Le Développement de la médecine au Moyen âge


Constantinople, la" nouvelle Rome" inaugurée en 330 va être le théâtre de nombreux progrès
réalisés en médecine dans la première partie du Moyen-âge. Oribase (325 - 403) élabore une
monumentale encyclopédie médicale et plusieurs ouvrages sur la pharmacopée. Alexandre de
Tralles écrit Douze livres de médecine où il décrit toutes les maladies, les traumatismes de la
tête et les fièvres (notamment l'amibiase). Paul d'Egine (mort en 690) individualise dans son
Abrégé de médecine les affections chirurgicales des parties molles et celles des os. Il décrit en
outre les pratiques de la trachéotomie, du drainage de l'hydropisie du ventre ou de l'hydrocèle
vaginale.

Des hôpitaux sont ouverts à Edesse en Syrie et à Césarée de Cappadoce au quatrième siècle,
puis bientôt dans toutes les villes de l'empire Byzantin. Ces établissements, financés par la
charité chrétienne, accueillent les lépreux et autres malades, mais aussi les nouveau-nés.

Par la suite, les médecins les plus importants appartiendront à l'école de la " médecine arabe".
Ils commencent par traduire les livres des médecins Grecs ou Byzantins.

Puis, survient, à la fin du neuvième siècle, Abu Bakr Muhammand Ibn Zakaria ar Rasi, dit
Rhazès. Ce dernier décrit de nombreuses pathologies comme la goutte, les calculs rénaux et
vésicaux, la variole ou la rougeole. Ses élèves tireront de ses enseignements une encyclopédie
médicale, le Continens.
Abou Ali Ibn Abdillah Ibn Sina, connu en Occident sous le nom d'Avicenne, naquît en 980.
Pluridisciplinaire, il léguera essentiellement à la médecine son Canon (Qanun fit' tibb'), qui
est une revue de toutes les maladies humaines. On peut y trouver l'amour classé parmi les
maladies cérébrales au même titre que l'amnésie ou la mélancolie ... ). Ce Canon restera
pendant de nombreux siècles comme le fondement de la médecine pour les praticiens.
Pourtant, ses écrits apparaissent beaucoup plus philosophiques que cliniques.

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Kitab AI Qanûn fi AI-Tib : LE CANON DE LA MEDECINE


Ce livre aura un rôle considérable et resta l'ouvrage de référence en
Europe jusqu'au :XVIIe siècle. Le Qanün d'Avicenne est une immense
encyclopédie de cinq volumes synthétisant l'ensemble du savoir médical de
l'époque, incluant le savoir des grecs et des musulmans.
- Le premier volume d'Al-Qanûn présente l'anatomie du corps humain.
- Le deuxième volume se centre sur la pharmacologie, les médicaments
simples, les minéraux, les végétaux et les animaux
- Le troisième livre présente les pathologies, regroupées par organes ou
systèmes. Cette présentation systématique sera le modèle de
l'enseignement de la médecine durant des siècles.
- Le quatrième livre d'Al-Qânûn est un traité sur les fièvres, la chirurgie et
l'empoisonnement.
- Le cinquième livre est consacré aux médicaments composés, pommades,
onguents, suppositoires, cataplasmes, sirops .... 600 formules sont
détaillées en deux volumes.
Ibn Sinâ fait de nombreuses découvertes :
 l'aspect contagieux de la tuberculose
la propagation de nombreuses maladies par l'intermédiaire de l'eau et de la terre
•• les relations entre le psychologique et la santé du corps.
•. Il décrit pour la première fois la méningite
•• Il apporte de nombreuses observations nouvelles sur l'anatomie, la
gynécologie et la pédiatrie.
~ il développe l'anatomie de l'oeil présentant la rétine, l'iris, la cornée, le nerf
optique, etc ..
•. Il perçoit la synergie entre les nerfs et les muscles .
•. Il souligne l'importance du système nerveux dans la douleur.
Gérard de Crémone traduira en latin ce livre sous le titre de Canon medicinae.
Bien plus tard, les enseignements du Canon seront contestés par Léonard de
Vinci, puis par Paracelse. En 1628, les découvertes de William Harvey sur la
circulation dans le corps feront tomber en désuétude le Canon de la médecine

Le début du deuxième millénaire est marqué dans l'Orient arabe par l'établissement de
l'enseignement de la médecine dans les hôpitaux. Les élèves examinent les malades puis les
confient à des assistants plus expérimentés, avant que le maître ne confirme le diagnostic et ne
prescrive la thérapeutique
.
A la même période, d'autres médecins arabes se distinguent en Espagne: Le Cordouan, puis
AbulCassis (936 - 1013, il s'impose comme le meilleur chirurgien de l'époque après avoir
affirmé qu'il n'existe pas de frontière entre la médecine et la chirurgie) et Averroes (1126 -
1198, il écrit sur diverses pathologies et sur le rôle de la rétine).
En Europe, au onzième siècle, se crée l'école de Salerne où est enseignée la médecine par des
médecins laïcs. Pendant plusieurs siècles, des élèves venus de toute l'Europe étudieront en
latin, en grec, en italien et en arabe (Constantin l'Africain, Warbod Gariopontus, Jean

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Platearius, Roger de Panne). Une femme, Trotula, auteur d'un traité de gynécologie et
d'obstétrique, aurait été la première à enseigner la médecine en cette école. Un ouvrage écrit à
Salerne traversera les siècles : le Regimen Sanitatis(Régime de Santé), traité d'hygiène.

La suite du Moyen-Age est essentiellement marquée par la création des Universités, en Italie
tout d'abord (Bologne en 1188, Naples en 1224, Padoue en 1228, Rome en 1245), puis en
Espagne (Valence en 1209, Salamanque en 1230), en Angleterre (Oxford en 1214, Cambridge
en 1229) et en France (Paris en 1215, Montpellier en 1220, Toulouse en 1229).
L'enseignement distillé par ces Universités est très dépendant de l'Eglise. L'étudiant en
Médecine passe cinq à six ans sur les bancs de l'Université, devenant tour à tour bachelier,
licencié puis enfin maître ou docteur. Suivre cet enseignement nécessite une certaine richesse,
entre le prix à payer pour l'inscription et les divers cadeaux à offrir au personnel de l'école.

L'Eglise régit également les hôpitaux en cette fin du Moyen-âge. Ces hôpitaux accueillent
surtout les malades et les infirmes. D'autres lieux (des maladreries ou léproseries) permettent
de soigner les malades de la lèpre.

Peu de médecins se mettent en évidence en cette fin du Moyen-âge. Les progrès les plus
importants sont réalisés par les chirurgiens-barbiers qui commencent à pratiquer quelques
dissections de cadavres humains. Deux chirurgiens sont à distinguer particulièrement. Le
premier, Henri de Mondeville (1260? - 1320?), chirurgien à la cour de Philippe IV puis de
Louis X, écrit une Chirurgie très complète où il préconise notamment la suture immédiate des
plaies. Le second, Guy de Chauliac, exerce en Avignon auprès de différents papes et écrira la
Chirurgia Magnl!, traité qui guidera les chirurgiens durant de nombreux siècles et où il
conseille de laisser suppurer une plaie avant de la suturer.

Dates et faits importants :

1260 av. J.C.: naissance d'Asklépios, fils d'Apollon, le "premier médecin".

460-377 av. J.C. Hippocrate: début de la médecine clinique et fondement de l'Ethique


Médicale. Il élabore la théorie des Humeurs qui a joué un rôle prépondérant dans l'histoire de
la médecine jusqu'à la fm du XVIIIe siècle environ.

300 av. J.C.: opération de la cataracte attribuée à Hérophile, reproduite par Ambroise Paré en
1652.

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131-201: Claude Galien, premier physiologiste et le créateur de la médecine expérimentale. Il


affine et précise la théorie des Humeurs. Ses préceptes furent admis sans beaucoup
d'opposition jusqu'à la Renaissance.

1000: Avicenne (Ibn Sina) (980-1037) écrit le "Canon" de la médecine qui regroupe toutes les
connaissances médicales reprenant notamment l'enseignement de la Grèce antique et de
Galien. Traduit en latin par Gérard de Crémone à Tolède dans la seconde moitié du XIIe
siècle, le "Canon" servit de manuel dans les universités médiévales à partir du XIIIe siècle, où
il contribua à la formation d'une pensée médicale occidentale.
1123: Fondation de l'Université de Bologne.
1220: Fondation de l'Université de Montpellier.
1253: Fondation de la Faculté de Médecine de Paris.

1348: Grande épidémie de peste noire.

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Chapitre 2

De la connaissance de l'anatomie du corps humain

La Renaissance, qui voit resurgir les goûts artistiques de l'Antiquité, sera l'occasion de
perfectionner la représentation du corps humain à travers le retour à l'ordre universel
numérique et géométrique élaboré par les Grecs (nombre d'or, représentations de Léonard de
Vinci (1452-1519) ou d'Albrecht Dürer (1471-1528)).

Ce perfectionnement sera notamment permis grâce aux


travaux de dissection des anatomistes.

II.1. De la découverte du corps humain


Les dissections, dont le nombre annuel est limité (ce qui entraîne parfois des violations de
sépulture) sont réalisées par trois personnes : un enseignant, un démonstrateur et un
préparateur. Elles se déroulent en plein air puis, à partir du seizième siècle, dans des
amphithéâtres d'anatomie spécialement construits (Padoue en 1490, puis Montpellier),
comportant une table centrale et des gradins. Elles durent fréquemment plusieurs jours et leur
déroulement dépend de la vitesse de dégradation des différents organes : on débute par
l'abdomen, puis on poursuit par le thorax, le crâne, et enfin les membres.
La rareté des dissections impose rapidement aux anatomistes, après l'invention de
l'imprimerie, d'établir des livres d'anatomie illustrés. Le premier est écrit par un anatomiste
italien, Jacopo Berengario da Carpi (v.l470-1530). L'utilisation par les dessinateurs de la
perspective et la recherche de l'esthétique plus que de la rigueur scientifique conduira à une
opposition de style entre les artistes Michel-Ange (1475-1564), Dürer ou de Vinci et les
anatomistes Jacques Dubois (plus connu sous le nom de Sylvius, 1478-1555) ou harles Cil

Estienne (1504-1564).

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Le plus célèbre de ces anatomistes, Andreas Vésale, naît aux Pays-Bas en 1514. Après avoir
étudié la médecine à Paris sous la direction de Gontier d'Andemach et de Sylvius, et aux côtés
de Michel Servet, de Charles Estienne ou de Laurent Joubert, Vésale se rend à Padoue où il
pratique de nombreuses dissections. Il rédige en 1543 le De humani corporis fabrica, où tout
en s'inspirant des auteurs anciens, il expose ses théories et ses découvertes, et propose une
première nomenclature anatomique. Toutefois, le poids des traditions l'empêche de
s'affranchir de l'enseignement des anciens, et notamment de Galien, ce qui conduira Vésale à
quelques incohérences entre ses écrits et ses gravures. Il meurt en 1564 en Terre Sainte.

André Vésale : (ou Vésale, Vesalius, Andreas Vesalius, forme latinisée de


Andreas Van Wesel) naît le 31 décembre 1514, à Bruxelles et meurt en 1564 dans
l'île de Zante (Zakynthos) en Grèce. André Vésale a été un anatomiste et médecin
bruxellois considéré par de nombreux historiens des sciences comme le plus grand
anatomiste de la Renaissance, voire le plus grand de l'histoire de la médecine. Ses
travaux, outre qu'ils feront entrer l'anatomie dans la modernité, mettront fin aux
dogmes du galénisme qui bloquaient l'évolution scientifique depuis plus de mille ans
aussi bien en Europe que dans l'Islam. Il est l'auteur d'un des livres les plus novateurs
sur l'Anatomie humaine, De humani corporis fabrica (sur le fonctionnement du corps
humain). Il est aussi un grand humaniste de son époque .

. André Vésale est né le 31 décembre 1514 à Bruxelles (alors sous la


dépendance du Saint-Empire romain germanique) dans une famille de médecins. Sa
maison située juste en face de la colline des exécutions, l'a amené à voir de nombreux
cadavres et des squelettes nettoyés par les oiseaux durant son enfance. Ce fait a dû
jouer un grand rôle dans sa vocation. Son grand-père, Everard van Wesel, a été le
médecin particulier de Maximilien I" du Saint Empire, alors que son père, Andries van
Wesel, a servi Maximilien comme apothicaire et a été, plus tard, le valet de chambre
de son successeur Charles Quint. Andries a encouragé son fils à poursuivre la tradition
familiale, et l'a inscrit chez les Frères de la vie commune à Bruxelles pour apprendre
le grec et le latin selon la tradition de l'époque.

En 1528, il s'inscrit à l'Université de Louvain (Pedagogium Castrensis)


d'abord pour apprendre les arts puis la médecine en 1530 et, quand son père est 1
nommé valet de chambre du roi en 1532, il décide de poursuivre ses études à 1
'Université de Paris, ville où il s'installe en 1533. Là il étudie les théories de Claude
Galien sous la direction de Jean Femel et du grand Jacques Dubois (Jacobus Sylvius),
un des médecins les plus réputés de l'époque, mais également fervent partisan du
galénisme. De fait Sylvius fut le plus farouche adversaire de Vésale lorsqu'il publia
ses œuvres. C'est à cette époque qu'est né l'intérêt de Vésale pour l'anatomie, et on l'a
souvent vu examiner des os au Cimetière des Innocents.
1

La guerre entre la France et le Saint-Empire oblige Vésale à s'exiler au bout de


trois ans. Après un court service dans l'année impériale, il rentre à Louvain où il
termine ses études sous la direction de Johannes Winter von Andemach et obtient son

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doctorat en 1537. Sa thèse, Paraphrasis dans nonum librum Rhazae medici arabis
clariss ad regem Almansorum de affectum singularum corporis partium curatione, est
un commentaire sur le neuvième livre de Rhazes. Il ne reste que peu de temps à
Louvain avant de quitter la ville à cause d'un différend avec son professeur. Puis,
après un bref séjour à Venise il se rend à l'Université de Padoue (Universitas
aristarumi, l'école de médecine la plus réputée d'Europe. Au bout de deux jours
d'examen, l'université lui offre un poste de lecteur en chirurgie (explicator
chirurgiae), preuve de ses capacités. Il enseigne également la chirurgie et l'anatomie à
l'Université de Bologne et à l'Université de Pise. Auparavant, ces matières étaient
enseignées principalement par la lecture des textes classiques, de Galien surtout, suivie
de dissections d'animaux par un chirurgien barbier dont le travail était dirigé par
l'enseignant. Aucune expérience n'avait été réalisée pour actualiser les travaux de
Galien, considérés comme des références irréfutables. Vésale, pour sa part, innove en
utilisant la dissection comme principal outil d'enseignement, réalisant le travail lui-
même, tandis que ses étudiants sont regroupés autour de la table. L'observation directe
est devenue la seule source fiable de connaissance et cette révolution entraîne une
rupture considérable avec la pratique médiévale.

Il conserve pour ses étudiants des dessins méticuleux réalisés au cours de son
travail sous forme de six grands tableaux anatomiques illustrés. Quand il constate que
certains d'entre eux ont été largement copiés, il les publie tous en 1538 sous le titre de
Tabulae Anatomicae sex. Il poursuit son travail en 1539 avec une version actualisée du
manuel anatomique de Galien, Institutiones Anatomicae. Lorsqu'il arrive à Paris, un
de ses anciens professeurs publie une attaque contre cette version.

En 1538, il publie également une lettre sur le prélèvement sanguin, ou la


saignée. Il s'agissait alors d'un traitement largement prescrit pour presque toutes les
maladies, mais le choix du lieu de prélèvement faisait débat. La procédure grecque
classique, préconisée par Galien, était de faire couler le sang à partir d'un site situé
près de la partie du corps atteinte par la maladie. Toutefois, la pratique musulmane au
Moyen Âge était de retirer une plus petite quantité de sang à partir d'un site éloigné.
Vésale défendit la méthode de Galien dans une brochure et ses arguments étaient
fondés sur des schémas anatomiques.

En 1539, il obtient du juge Mercantonio les cadavres des condamnés, et va


même jusqu'à retarder leur exécution de façon à ce que les corps soient frais lorsqu'il
en aurait besoin pour les disséquer. Il réalise un grand nombre de schémas
anatomiques détaillés, la première série qui soit dessinée avec une telle précision.
Beaucoup de ces œuvres ont été commandées à des artistes, et sont donc de bien
meilleure qualité que celles qui avaient été produites auparavant.
Dès lors, Vésale constate rapidement des erreurs dans les descriptions de Galien et
comprend qu'elles s'appliquent au singe et non à l'homme. Du fait que la dissection
des corps humains était interdite dans la Rome antique, Galien avait disséqué à leur
place des singes magot en faisant valoir qu'ils étaient anatomiquement semblables aux
humains. Il va entreprendre la rédaction d'un traité d'anatomie destiné à corriger les
erreurs de l'Opera omnia de Galien. En 1540, il confirme son hypothèse en disséquant
à Bologne le cadavre d'un singe et celui d'un homme et montre que l'appendice tel que
le décrit Galien n'existe que chez le singe. Jusqu'à ce que Vésale en fasse la remarque,
ce fait était passé inaperçu et l'œuvre de Galien a longtemps servi de référence 1
incontestée à l'étude de l'anatomie humaine. Toutefois, certaines personnes

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continuèrent à suivre Galien et en voulurent à Vésale d'avoir attiré l'attention générale


sur des erreurs flagrantes.

Vésale, découragé par ces controverses, continue pourtant à en susciter


d'autres, cette fois non seulement sur les œuvres de Galien mais aussi sur celles de
Mondino de Liuzzi et même d'Aristote. Tous trois avaient fait des hypothèses
manifestement erronées sur les fonctions et la structure du cœur. Par exemple, Vésale
a noté que le cœur avait quatre cavités, le foie deux lobes et que les vaisseaux sanguins
partaient du cœur et non du foie. Il existe d'autres célèbres exemples où Vésale réfuta
Galien, en particulier, sa découverte que la mâchoire inférieure était composée d'un
seul os, et non pas de deux (Galien s'était basé sur la dissection de l'animal) et sa
démonstration que le sang ne passait pas à travers le septum interauriculaire.

En 1543, Vésale procède à une dissection publique du corps de Karrer Jakob


von Gebweiler, un meurtrier célèbre de la ville de Bâle, en Suisse. Avec l'aide du
chirurgien Franz Jeckelmann, il rassemble les os et, enfin, fait don du squelette à
l'Université de Bâle. Cette préparation ("Le squelette de Bâle") est la seule préparation
de Vésale concernant un squelette encore préservé de nos jours, et est également la
plus vieille préparation anatomique du monde. Il est toujours exposé au Musée
anatomique de l'Université de Bâle.

La Fabrica de Vésale contient de nombreux dessins détaillés et complexes de


dissections du corps humains, souvent dans des poses allégoriques. En 1543, après
quatre ans de travaux incessants, il publie ses découvertes à Bâle chez Jean Oporin
(imprimeur, universitaire et professeur de grec) dans De humani corporis fabrica (les
tissus du corps humain), couramment appelé la Fabrica et dédiée à Charles Quint.
Cette œuvre monumentale sur l'anatomie humaine, 7 volumes de 700 pages, illustrée
notamment par des dessins d'un élève du Titien, Jan Van Calcar, est imprimée et riche
en détails, mais surtout novatrice, car elle dénonce au moins 200 erreurs de Galien.

Ce travail souligne l'importance de la dissection et de ce que l'on appelle une


vue "anatomique" du corps le fait de voir le fonctionnement interne de l'homme
comme une structure essentiellement corporelle remplie d'organes représentés en trois
dimensions. Ce livre offre un contraste frappant avec un grand nombre de modèles
anatomiques utilisés précédemment, qui présentaient de nombreux éléments tirés de
Galien ou d'Aristote, ainsi que des éléments d'astrologie. Bien que des textes
anatomiques modernes avaient été publiés par Mondino de' Liuzzi et Jacopo
Berengario da Carpi, une grande partie de leur travail a été entachée par leur
vénération pour Galien et les doctrines Arabes.

Bien que le travail de Vésale n'ait pas été le premier à s'appuyer sur les
constatations d'autopsie, ni même le premier ouvrage de cette époque, la valeur de sa
production de planches très détaillées et complexes, et le fait que les artistes qui les ont
réalisées avaient réellement assisté à la dissection en fait un instantané devenu
classique. Des copies illégales ont été diffusées presque immédiatement, Vésale en
reconnaissait l'existence dans une note d'imprimerie. Vésale n'avait que 30 ans au
moment où la première édition de la Fabrica a été publiée.
Outre la première bonne description de l'Os sphénoïde, il montre que le
Sternum se compose de trois parties et le Sacrum de cinq ou six pièces, et décrit avec

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précision le vestibule de l'oreille à l'intérieur de l'os temporal. Il a non seulement


vérifié l'observation d'Étienne sur les valves des veines hépatiques, mais il a également
décrit la Veine azygos, et a découvert le canal qui passe chez le fœtus entre la veine
ombilicale et la veine cave, connu depuis sous le nom de Canal d'Arantius. Il a décrit
l'épiploon, et ses liens avec l'estomac, la Rate et le Côlon, a donné la première
représentation correcte du Pylore; Il a observé la petite taille de l'appendice cœcal
chez l'homme, a rendu compte le premier de l'existence du Médiastin et de la Plèvre et
réalisé une description de l'anatomie du cerveau encore plus avancée. Vésale décrit
parfaitement les valves cardiaques, le diaphragme, les adducteurs, le sternum, et la
cloison interventriculaire qui devait être selon Galien un espace percé de trous.
Toutefois, le poids des traditions l'empêche de s'affranchir totalement de
l'enseignement des anciens et notamment de Galien, ce qui conduira Vésale à quelques
incohérences entre ses écrits et ses gravures, avec toujours la présence de structures
imaginaires à savoir le réseau admirable et le reste mirabilis. Il n'a pas compris la
structure du récessus inférieur, et il s'est trompé dans le décompte des nerfs crâniens
en désignant le nerf optique comme la première paire et en confondant la troisième
paire avec la cinquième et la cinquième avec la septième.

L'autre point négatif qu'on pourrait attacher à la Fabrica, est le fait que
l'anatomie de Vésale n'est que descriptive donc fort peu utilisable par les chirurgiens.
Il faut attendre un peu pour que l'anatomie devienne tissulaire avec Malpighi,
topographique avec Winslow et Douglas, et pathologique avec Morgani. Mais avec la
Fabrica, la graine est plantée et parmi d'autres médecins de l'époque Ambroise Paré
reconnaît avoir largement puisé dans l'ouvrage de Vésale pour ses travaux.

Dans ce travail, Vésale devient aussi la première personne à décrire le


mécanisme de la respiration ouvrant la voie à la réanimation. Cette véritable bombe
dans l'histoire de l'anatomie apparait l'année-même où Copernic publie son De
revolutionibus orbium coelestium qui devait révolutionner l'astronomie en affirmant
que la Terre n'occupe pas le centre de l'Univers. Suite à la parution de La Fabrica, les
déchaînements des galénistes l'écœurent, il fait une dernière démonstration publique à
Padoue en décembre 1543. Puis, dans un accès de colère ou de lassitude, il brûle tous
ses documents scientifiques, ses livres et ses travaux. Il abandonne sa chaire de
professeur.

Peu de temps après la publication, on propose à Vésale le poste honorifique de


médecin impérial à la cour de Charles Quint. Il informe le Sénat de Venise qu'il quitte
son poste à Padoue, ce qui incite Cosme Ier de Médicis, grand-duc de Toscane à
l'inviter à venir développer l'université de Pise qui était alors en déclin. En 1544, il
passe à Bologne, à Pise et il accepte de devenir le chirurgien de l'empereur Charles
Quint puis de Philippe II d'Espagne. Dans ses fonctions à la cour, il doit affronter les
moqueries des autres médecins qui le traitent avec le mépris dû à un barbier.
Il se marie avec la fille d'un notable bruxellois et pour le reste de sa vie, il
devint le médecin des grands, il suit les déplacements de la cour, soigne les blessures
de guerres ou de tournois, réalise des interventions chirurgicales et des autopsies, et
écrit des lettres personnelles pour résoudre des problèmes particuliers sur des
questions d'ordre médical.

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En 1546, il publie ses recherches sur l'influence de la Racine de Chine contre la goutte
dans un court texte intitulé Radicis Chynae. Il recommande l'usage de cette plante,
avec autant de vigueur ainsi qu'il défendait auparavant ses découvertes en anatomie.
Cela suscite une nouvelle série d'attaques contre son œuvre, qui fait alors l'objet d'une
demande de condamnation auprès de l'empereur. En 1551, Charles V saisit une
commission à Salamanque pour enquêter sur les implications religieuses de ses
méthodes. Le travail de Vésale est autorisé par le conseil, mais les attaques se
poursuivent. Quatre ans plus tard, un de ses principaux détracteurs publie un article
qui prétend que c'était le corps humain lui-même qui avait changé depuis l'époque où
Galien l'avait étudié (et donc le maître ne s'était pas trompé).

Après l'abdication de Charles, il reste à la cour auprès de son fils Philip II qui
le tient en grande estime et le récompense par une pension à vie et fait de lui un comte
palatin. En 1555, il a publie une édition révisée de De Corporis.

En 1564 Vésale se rend en pèlerinage en Terre Sainte. Il navigue avec la flotte


vénitienne sous les ordres de James Malatesta par la route de Chypre. A son arrivée à
Jérusalem, il reçoit un message du Sénat de Venise lui demandant à nouveau
d'accepter le poste de professeur à Padoue, qui était devenu vacant à la suite de la mort
de son ami et élève Gabriele Falloppio.

Lors du voyage de retour, après avoir lutté des jours durant contre un vent
défavorable en Mer Ionienne, son bateau fait naufrage et Vésale finit par mourir
d'épuisement sur les côtes de l'Île de Zante (Zakynthos) le 15 octobre 1564 où il fut
rejeté par les matelots. Il meurt, dans un tel état de dénuement que, si un bienfaiteur
n'avait pas payé ses funérailles, sa dépouille aurait été jetée aux animaux. Au moment
de sa mort, il était à peine âgé de cinquante ans.

Pendant de nombreuses années, on a supposé que le pèlerinage de Vésale a été


imposé par une condamnation de l'Inquisition. Aujourd'hui, cette hypothèse est
généralement considérée comme étant sans fondement 3 et est rejetée par les
biographes modernes. Il semble que cette calomnie ait été diffusée par Hubert
Languet, qui avait servi Charles-Quint, puis le prince d'Orange. Il a affirmé en 1565
qu'au cours d'une autopsie sur une femme de l'aristocratie en Espagne Vésale aurait
constaté que le cœur battait encore, ce qui lui avait valu une condamnation à mort par
l'Inquisition. L'histoire prétend que Philippe II aurait transformé la sentence en
pèlerinage forcé à Jérusalem. L'histoire a de nouveau fait surface à plusieurs reprises
au cours des années qui ont suivi, persistant jusqu'à une époque récente.
D'autres anatomistes de la Renaissance s'illustreront: Bartolomeo Eustachio (v.1510-
1574), Leonardo Botallo (1530-1571), Realdo Colombo (1516-1559), Cesare Aranzio (1530-
1589), Gabriel Fallopio (1523-1562), Constanzo Varolio (1543-1575), Fabrizio
d'Acquapendente (1533-1619), Adriaan Von den Spiegel (1578-1625) Johannes Bauhin
(1541-1613), Giulio Casseri (1552-1616) ou Giovanni Ingrassia (v.1510-1571).
La deuxième moitié du quinzième siècle est marquée par les travaux de Thomas Linacre
(1460-1524) en Angleterre, de Brissot en France et de Pic de la Mirandole et de Nicolo
Leoniceno (1428-1524) en Italie. Ce dernier est le premier à décrire la syphilis, sous le terme
de " lues gallica ", le mal français.

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Trois médecins vont se distinguer au cours du seizième siècle: un Italien, un Français et un


Allemand:
Girolamo Fracastor (1483-1553) écrit de nombreux ouvrages dont Syphilis, sive de morbo
gallico (1530) et De contagione et contagionis morbis (1546), où il distingue les maladies de
transmission directe (comme la phtisie ou la lèpre) et celles de transmission indirecte dues à
des gennes, les" seminaria ", transportés par l'air ou les objets (comme la peste ou le typhus).

Jean Femel (1497-1558) publie une Universa Medicina où il accorde une place importante à
la physiologie mais conserve de Galien la théorie pneumatiste des esprits vitaux.
Paracelse (1493-1541), né en Suisse sous le nom de Theophrastus Bombastus von
Hohenheim, étudie en Italie puis parcourt l'Europe en rédigeant de nombreux ouvrages où il
critique certaines théories des anciens. Il reste comme le père de la chimie pharmaceutique. Si
ces trois praticiens adhéraient encore à la théorie pneumatiste de Galien, les médecins qui
leur ont succédé mettent fortement en doute cette théorie et l'existence d'un " souffle vital ".

Michel Servet (1509-1553) tout d'abord, qui affirme que le sang veineux est épuré par le
poumon pour revenir ensuite au cœur; critiquant les dogmes catholiques, il est, sur l'ordre de
Calvin, brûlé avec ses livres à Genève où il était venu se réfugier.
Realdo Colombo, élève de Vésale, décrit précisément le trajet du sang veineux du ventricule
droit au poumon par l'artère pulmonaire et son retour au ventricule gauche par les veines
pulmonaires.
Son élève, Andrea Cesalpino (1519-1603) emploie le premier le terme de" circulation ", sans
établir toutefois le lien entre le pouls et le flux sanguin.
Santorio Santorio (1561-1636), élève et ami de Galilée, est l'un des fondateurs 1 de la
physiologie expérimentale. Grâce à une balance de son invention, il mesure et compare les
apports et les pertes de poids chez l'homme.
Le développement des armes à feu comme l'arquebuse ou le mousquet va permettre aux
chirurgiens de se mettre en évidence. Ceux-ci n'ont normalement pas le droit de pratiqrer des
dissections, mais la multiplication des blessures nouvelles les oblige à en pratiquer
secrètement.
Les premiers à écrire sur le sujet sont les Allemands Brunschwig et Gersdorffer, s 'vis du
Français Ambroise Paré. Né en 1509 à Laval, il étudie à Paris puis parcourt les chips de
bataille en Europe auprès de grands seigneurs (Maréchal Montejan, Vicomte de 1 Rohan)
comme chirurgien de guerre. Il écrit de nombreux ouvrages, dont Cing livres de chirurgie

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(1571), des livres sur le traitement des plaies par armes à feu ou sur les malformations des
nouveaux-nés (1es monstres). Très proche des grands de la cour malgré son statut de
,
chirurgien, il s'illustre plusieurs fois.
Tout d'abord en tentant de sauver Henri II après son accident (lors d'une joute, la lancé de
1
Montgomery se plante dans l'œil du Roi ; Paré fait reproduire la blessure chez q1f1tre
suppliciés de la Bastille avant de les disséquer pour mieux comprendre le mécanisme de la
blessure), puis en soignant l'Amiral Coligny après un attentat perpétré à la veille de la Sbt-
1
Barthélémy, et enfm en étant sauvé par Charles IX lui-même qui le cache sous son lit au
1

Louvre lors de la nuit de la Saint-Barthélémy. A. Paré meurt en 1590 à Paris. D'autres


chirurgiens s'illustreront au cours du seizième siècle: Pierre Franco (1506-v.1579) en France
pour la chirurgie urinaire et herniaire, Guido Guidi (1509-1569) et Gaspare Tagliacozzi
(1545-1599, pour la chirurgie du nez) en Italie, Fabrice de Hilden (1560-1634) en Allemagne,
Félix Würtz (1518-1574) et Conrad Gessner (1516-1565) en Suisse, William Clowes (1544-
1604) et Peter Lowe (1550-1610) en Angleterre.

La Renaissance marque en outre le développement de la balnéothérapie, sous l'influence de


l'école de Padoue, et l'installation dans les villes d'établissements d'hébergement en cas
d'épidémies (appelés santés ou sanistats ") qui sont gérés le plus souvent par les villes et
Il Il Il

non plus par l'église


.

Les hôpitaux et hospices (dont certains sont des anciennes léproseries) servent encore
essentiellement à l'hébergement des pauvres et des infirmes plutôt qu'aux soins médicaux.
Dans certains de ces hôpitaux, on crée des salles réservées aux personnes atteintes de troubles
de l'esprit, que le Suisse Félix Planer (1536-1614) s'attache à décrire avec soin dans sa
classification des maladies.

Les médecins de l'époque sont pour la plupart étoffés, même s'ils ne font pas partie de la
noblesse. Beaucoup de médecins se regroupent en collèges en Italie, en Allemagne, en France
ou en Angleterre (création du Royal College of Physicians). Les chirurgiens, quant à eux,
gagnent mal leur vie et leur métier manuel est dénigré par des médecins cultivés qui parlent le
latin. Faun don»

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La balnéothérapie désigne l'ensemble des traitements thermaux et soins


effectués par des bains, ainsi que les activités auxiliaires de traitement du corps dans
l'eau. La thalassothérapie en est une variante; elle s'effectue avec de l'eau de mer (en grec,
thalassa signifie mer) et non de l'eau de source.

Histoire et développement

La balnéothérapie fut très en vogue durant la Renaissance. Montaigne, par


exemple, faisait de fréquents séjours aux eaux de Bango di Lucca en Italie pour
soigner ses problèmes de lithiases urinaires.T,a ville de Vichy est connue pour son eau
propice à la balnéothérapie. Deauville, Quiberon, Saint-Malo et Roscoff, pour ne citer
qu'elles, sont également des centres de thalassothérapie réputées.

Le fonctionnement de la balnéothérapie

En plus de ses effets thérapeutiques, la balnéothérapie apporte détente et


relaxation à son utilisateur. Comment cela fonctionne? Des jets orientables sont
installés un peu partout dans la baignoire. Ces jets mélangent l'air et l'eau et expulsent
l'ensemble sous pression.
Avec le temps, la technologie permet maintenant possible de profiter de ces bienfaits,
de chez soi. Toutes les baignoires actuelles peuvent être munies de ce système, y
compris la baignoire à porte !

Les bienfaits de la balnéothérapie

La balnéothérapie est surtout considérée comme l'un des agents


thérapeutiques naturels les plus puissants, tout en ayant une application facile et
pratique. Son influence est bénéfique sur tout l'organisme. La balnéothérapie
régularise la circulation: elle stimule la circulation sanguine, soulageant ainsi la
congestion interne et achemine les toxines à l'extérieur par l'intermédiaire de glandes
sudoripares (la sueur se produit grâce à celles-ci), apportant ainsi des effets positifs sur
le système cardiovasculaire. De plus, l'action de l'eau froide ou de l'eau chaude a un
effet stimulant sur une circulation faible ou paresseuse. La balnéothérapie permet aussi
de stimuler le tonus musculaire, la force nerveuse, la digestion, la nutrition, mais aussi
d'éliminer les cellules mortes et les toxines du corps. Sont également éliminés les
dépôts de calcium dans les vaisseaux sanguins et les vaisseaux capillaires
endommagés.

De nombreux médecins recommandent également un bain à remous, ou


simplement un bain chaud, comme moyen alternatif pour traiter les douleurs dorsales,
les tensions ou l'inflammation des tissus musculaires, les douleurs cervicales, les
épaules, l'arthrite, les maux de tête, les blessures dues au sport, les diverses douleurs
chroniques et le stress. Les bains à remous aident donc à la disparition de diverses
inflammations, mais aussi à la guérison du rhume et de la grippe. L'inhalation de
vapeurs d'eau chaude au cours d'un bain à remous est hautement recommandée en cas
de sinusite, de bronchite, d'allergie ou d'asthme.
Quant à l'hydromassage, il apporte une sensation de légèreté dans la
baignoire, apaise le système nerveux et relaxe les muscles. La présence des jets
entraîne un mouvement de l'eau pour procurer un effet tonifiant sur le corps, en plus
de revigorer les muscles endoloris.

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II.1. De la théorisation vers l'expérimentation


La médecine au dix-septième siècle:
Cette période est marquée, en médecine comme ailleurs, par l'avènement de la raison. Les
croyances anciennes sont battues en brèche et les esprits de ce siècle n'accordent foi qu'à ce
qui se vérifie, s'analyse et se palpe.

La plus grande découverte de ce siècle est, à n'en pas douter, celle de la circulation du sang
décrite par Harvey en 1628 dans son ouvrage Exercitatio anatomica de motu cordis et
sanguinis in animalibus. Né dans le Kent, William Harvey (1578-1657) étudie la médecine à
Cambridge puis à Padoue. Il décrit avec précision le système vasculaire de l'organisme,
rejetant amsi la notion de " souffle vital "
Certains médecins s'élèvent contre la théorie d'Harvey et ses adeptes " circulateurs ", comme
Jean Riolan (1577-1657) et Guy Patin (1601-1672) en France, Jacques Primerose en
Angleterre ou Hofmann en Allemagne. Mais les" circulateurs " (Dionis et Vieussens en
France, Jan de Wale aux Pays-Bas ou Sténon au Danemark) triompheront, notamment grâce à
Louis XIV qui, en 1672, chargera Dionis d'enseigner cette théorie en France. La découverte
d'Harvey sera complétée par la mise en évidence des vaisseaux lymphatiques en 1622 par
Gaspard Aselli à Pavie puis par la découverte du circuit lymphatique par le parisien Jean
Pecquet (1622-1674).

Histoire de la Circulation
Les Anciens n'ont jamais eu une idée correcte de la circulation et de son
fonctionnement, à l'exception d'Ibn al-Nafis (12] 0-1288).
EN EGYPTE: "Métou": "Si tu examines un gonflement des vaisseaux sur la peau d'un
membre et que son aspect augmente, devient sinueux et serpentiforme alors tu diras le
concernant: c'est un gonflement des vaisseaux" (papyrus d'EBERS (v 1550 avant J.C.)
EN GRECE : Deux sortes de sang ( artériel et veineux) s'écoulent sans se mélanger,
distribués depuis le foie et le coeur. - pour HIPPOCRATE 460-375 av J.C.: "lin fleuve
qui arrose tout l'intérieur du corps" . "Quand les fleuves sont à sec, l'homme est mort
" ; - pour GALIEN 130-200 ap JC: Les artères transportent "l'esprit vital". Le cœur
reste au centre du système, il siège dans l'âme, et n'est jamais conçu comme ayant
un rôle moteur.
Ce schéma restera le dogme et fera autorité pendant 15 siècles !
EN PAYS D'ISLAM: - IBN AL- NAFIS 1210-1288, réfute le dogme galénique sur la
communication interventriculaire et décrit clairement le concept de la circulation
pulmonaire: " Quand le sang a été raffiné dans cette cavité (ventricule droit), il lui faut
passer dans la cavité gauche, où se forme l'esprit vital. Cependant il n'existe, entre ces
deux cavités, aucun passage. A ce niveau la substance du cœur est particulièrement

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solide et il n'existe ni passage visible ... ni passage invisible pouvant permettre le


transit de ce sang, comme l'a cru Galien. Bien au contraire la substance est épaisse et il
n'y a pas de pores perméables. Donc ce sang, après avoir été raffiné, doit
nécessairement passer dans la veine artériels, aller ainsi jusqu'au poumon ... s'y
mélanger avec l'air. .. puis passer dans l'artère veineuse pour arriver dans la cavité
gauche du cœur ... "
Par malheur l'œuvre de ce génial précurseur ne fut révélée en Europe que 260 ans
après sa mort, par la traduction en latin, en 1547, faite par le médecin italien Andrea
Alpago de Belluno qui avait séjourné à Damas.
EN EUROPE: - André VESALE (1514-1564), publie en 1543 à Bâle une première
édition "De Humani Corporis Fabrica" dans laquelle il n'ose pas contredire Galien: il
admet que le sang "s'infiltrait abondamment au travers du septum, du ventricule droit
vers le gauche" Il publie une deuxième édition en 1555 dans laquelle il décrit la
circulation d'une façon semblable à celle d'IBN AL-NAFIS, en s'interrogeant: "Je ne
vois toujours pas comment la quantité de sang la plus infime pourrait être transfusée à
travers la substance du septum, du ventricule droit vers le gauche"
- Realdo COLOMBO 1516-1559, publie le "De Re Anatomica" à Venise en 1558. Il Y
développe les idées qu'il avait enseignées sur la petite circulation. Colombo fut plus
formel que Servet sur l'absence de passage à travers la cloison inter-ventriculaire et
n'évoqua pas le double passage dans l'artère pulmonaire; - Michel SERVET 1511-
1553 Il reprend la thèse de Realdo COLOMBO; - Andrea CESALPINO 1519-1603,
parle le premier de "circulation" (1559) et de mouvement perpétuel. Il attribue au cœur
une action essentielle ( et non au foie). Il entrevoit l'idée d'une grande circulation; -
Fabrice D'ACQUAPENDENTE 1537-1619, dans "De Venarum Ostiolis" il décrit
minutieusement les valvules veineuses qu'il étudie depuis 1574 (déjà observées par
Carpi et surtout Canani dès 1547); - William HARVEY 1578-1657, en 1628 Harvey
publie à Francfort "Exercitatio Anatomica de Motu Cordis et Sanguinis in animalibus"
Il donne un compte rendu précis des différentes étapes de la circulation. Il en fait la
démonstration expérimentale (ligatures), pharmacologique et physique (pressions
différentes dans les deux circulations); - Après HARVEY il y eut: MALPIGID,
VIRCHOW, ASELLI, PECQUET, BARTHOLIN, RIOLAN, HALES, DOPPLER

Le microscope inventé par Antoine van Leuwenhoek (1632-1723) aux Pays-Bas va permettre
aux savants du dix-septième siècle de réaliser d'énormes progrès.

Histoire du microscope

Il est difficile de dire qui a inventé le microscope composé. On dit souvent que
l'opticien hollandais Hans Janssen et son fils Zacharias Janssen fabriquèrent le premier
microscope en 1590, mais ceci provient d'une déclaration de Zacharias Janssen lui-
même au milieu du XVIIe siècle. La date annoncée est assez improbable étant donné
qu'il a été montré que Zacharias Janssen est né vers 1590. Un autre favori au titre
d'inventeur du microscope est Galilée. Il a développé un occhiolino, un microscope
composé d'une lentille convexe et d'une autre concave en 1609.
Un dessin par Francesco Stelluti de trois abeilles figure sur le sceau du pape
Urbain VIII (1623-1644) et passe pour la première image de microscopie publiée'.
Christiaan Huygens, un autre Hollandais, a développé à la [Ill du XVIIjsiècle un
oculaire simple à deux lentilles corrigé des aberrations chromatiques, ce . ui fut un
grand pas en avant dans le développement du microscope. L'oculaire de H ygens est

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toujours fabriqué aujourd'hui, mars souffre d'un champ assez réduit et d'autres
problèmes mineurs.
On attribue en général à Antoni van Leeuwenhoek (1632-1723) le fait d'avoir
attiré l'attention des biologistes sur les utilisations du microscope, même si des loupes
ordinaires étaient fabriquées et utilisées déjà au XVIe siècle. Les microscopes
artisanaux de Van Leeuwenhoek étaient des instruments simples et de taille réduite
comprenant une-lentille unique mais forte. En comparaison, les systèmes à plusieurs
lentilles restaient difficile à mettre au point et il fallut pas moins de 150 ans de
développement des optiques avant que le microscope composé puisse livrer une
qualité d'image équivalente à celle des microscopes simples de Van Leeuwenhoek.
Néanmoins, et malgré de nombreuses revendications, on ne peut pas considérer Van
Leeunwenhoek comme l'inventeur du microscope composé.

Leuwenhoek découvre ainsi les capillaires et les bactéries (1683) ; puis Marcello Malpighi
(1628-1694) décrit pour la première fois chez l'homme les cellules (déjà identifiées quelques
années plus tôt PfU" Hooke sur les plantes). Le Danois Sténon (1638-1686) et le Hollandais
Reinier de Graaf-(1641-1673) identifient les follicules ovariens en 1673, puis Leuwenhoek
découvre les spermatozoïdes en 1677.
L'Anglais Richard Lower (1631-1691) montre que le sang veineux devient rouge du fait de
son mélange avec l'air inspiré dans les poumons. Il tente également les premières transfusions
d'animal à animal, imité en 1667 à Montpellier par Jean-Baptiste Denis qui transfuse un
homme avec du sang animal (agneau) ; bien sûr, l'échec soldera ces tentatives.
L'obstétrique devient un peu plus prisée à partir du dix-septième siècle. Louise Bourgeois
(1564-1644) est la première à mettre en place un enseignement méthodique pour les sages-
femmes, suivie plus tard par François Mauriceau (1637-1704). Le forceps est inventé en
Angleterre par Chamberlen.
Les descriptions médicales des maladies deviennent de plus en plus précises grâce à certains

médecins comme l'Anglais Thomas Sydenham (1624-1689) qui décrit notamment la goutte et
la lithiase rénale ou le Hollandais Herman Boerhaave (1668-1738).

Le quinquina se répand après 1640 en Occident pour soigner les fièvres, notamment celles
dues au paludisme (décrit par Thomas Willis et Giovanni Lancisi qui évoque le rôle des
moustiques dans sa propagation et préconise l'assèchement des marais). Toutefois, le
qurnquma reste inefficace contre la variole et la diphtérie.
Baglivi établit l'efficacité de l'ipéca contre les fièvres diarrhéiques. Les autres thérapeutiques
varient beaucoup selon l'apothicaire qui les a préparées. La purgation, les saignées, les

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régimes alimentaires, les ventouses restent à la base de la thérapeutique tout comme


l'observation des urines reste à la base du diagnostic.
Les hôpitaux se développent pour héberger les pauvres et les infirmes. L'hôpital Saint-Louis
voit le jour à Paris à l'initiative d'Henri IV, et Louis XIV décide la création dans les grandes
villes d'un hôpital général pour les mendiants, les invalides et les prostituées. Par ailleurs,
Théophraste Renaudot (1586-1653), créateur du Mont-de-Piété, développera les consultations
gratuites pour les pauvres.

On crée dans les Universités des jardins botaniques afin de disposer des plantes médicinales ;
le premier est construit à Montpellier à l'initiative d'Henri IV et de Pierre Richer de Belleval.

Les premiers journaux publiant des articles médicaux sont créés: le Journal des savants en
1665 et le Journal des nouvelles découvertes sur toutes les parties de la Médecine en 1679.

La médecine au dix-huitième siècle :


La médecine du dix-huitième siècle est marquée par l'avènement d'un grand nombre d'écoles
de pensée, plus ou moins métaphysiques, au milieu des mécanistes toujours présents.
Georg Stahl (1660-1734) estime que la vie est due à une " âme sensible If, l'anima, qui règle
les échanges à l'intérieur du corps. Le stahlisme, ou animisme, se répand surtout dans les pays
Protestants de l'Europe du Nord.

L'Ecossais John Brown (1735-1788) conçoit la vie comme le résultat de forces nerveuses
répondant plus ou moins à des excitations. Le brownisme aura de nombreux adeptes en
Angleterre, en Allemagne et en Italie.
A Montpellier, Théophile de Bordeu (1722-1776) et Paul-Joseph Barthez (1734-1806)
développent l'école des Vitalistes, qui fait le lien entre les animistes et les mécanistes, en
identifiant un " élan vital " complémentaire aux échanges physico-chimiques.
Un certain nombre de médecins présentent des nouvelles classifications des maladies;
l'Ecossais William Cullen (1712-1790) classe les maladies selon les solides et les liquides
altérés, selon le manque ou la pléthore, etc. Boissier de Sauvages, à Montpellier, écrit la

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Pathologica methodica en 1759 où il divise les maladies en dix grandes catégories, s'inspirant
des travaux du botaniste Carl von Linné (1707-1778).
Ce siècle est encore marqué par le grand développement des cires anatomiques (véritables
œuvres artistiques réalisées par Mascagni, Fontana ou Fragonard).

Les débuts de l'anatomie entre art et science

Le rôle des artistes a été déterminant dans l'histoire de l'anatomie. Ses progrès ont été
tributaires de la représentation graphique de même que l'art s'est trouvé lié aux progrès
de l'anatomie. L'anatomie médicale et l'anatomie artistique se sont ainsi nourries
mutuellement, pendant près de cinq siècles en Europe, de la Renaissance au
Romantisme. Léonard de Vinci, Dürer, Rubens, bravant les interdits, ont disséqué
pour comprendre le corps par souci de vérité. Pour Léonard de Vinci, le «peintre
anatomiste» - comme il se nommait lui-même -, le dessin est d'abord un outil de
compréhension de la fonction et de la structure. Avec André Vésale, médecin flamand,
et la publication en 1543 de son De corporis humani fabrica (la fabrique du corps
humain), l'anatomie scientifique voit le jour. Les 300 planches de la Fabrica, qui
explorent méthodiquement le corps, seront des modèles pour les artistes pendant plus
de trois siècles.

Le rendu dans les trois dimensions du corps prend deux options. L'une, artistique:
l'écorché, un vivant qui aurait enlevé son habit de peau pour servir de modèle dans les
ateliers. L'autre, à destination médicale et réalisée par des artistes: la céroplastie,
sculpture en cire colorée, troublante de réalité, dont le volume est obtenu par moulage
sur les dissections puis retravaillée et colorée. Elle constituera le prolongement ultime
des traités de la Renaissance. Son apogée, au milieu du XVIIIème siècle, verra le
développement après les écoles italiennes de Florence et de Bologne de céroplasticiens
français comme André-Pierre Pinson.
Les expérimentations réalisées par le religieux Lazzaro Spallanzani (1729-1799) ou par le
chimiste français Antoine-Laurent de Lavoisier (1743-1794) permettent de montrer l'intérêt de
la mesure de la pression artérielle et de démontrer les mécanismes de la respiration et de
l'asphyxie. D'autres expériences feront avancer les connaissances dans le domaine de la
digestion (Jean Astruc, René de Réaumur), de la reproduction (Lazzaro Spallanzani, Caspar
Friedrich Wolff) ou de la neuro-myologie (description du réflexe par Jean Astruc et Albrecht
von Haller).
Des anatomistes se mettent également en évidence : l'Allemand Friedrich Hoffmann (1660-
1742, inventeur du terme Il anatomie pathologique "), le Danois Jacques Bénigne Winslow
(1669-1750) ou l'Italien Giovanni Battista Morgagni (1682-1771), auteur de l'ouvrage Le
siège et les causes des maladies démontrés par l'anatomie, où il présente les résultats de plus
de 600 autopsies réalisées par lui ou son maître Valsalva (de nos jours, les salles d'autopsies
sont souvent dénommées par l'expression Il chez Morgagni ").

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D'autres découvertes sont réalisées au cours du dix-huitième siècle: le rôle de la digitale


contre l'hydropisie et certaines maladies cardiaques (par l'Anglais William Withering en
1785), l'importance de la percussion au niveau thoracique (par l'Autrichien Leopold
Auenbrügger en 1761, repris plus tard par Corvisart), la première appendicectomie réalisée
avec succès (par Claudius Aymand en 1763) et l'utilisation de l'hypnose dans le traitement de
certains malades (par Franz-Anton Mesmer(1755-1815)).

Pour être complet, il faut citer ces médecins qui ont beaucoup fait pour leurs spécialités
respectives : Baptiste Sénac (1693-1770) en cardiologie, Jacques Daviel (1693-1762) en
ophtalmologie, Pierre Fauchard (1678-1761) en odonto-stomatologie, Nils von Rosenstein en
pédiatrie ou Pierre-Joseph Desault (1738-1795) dans l'enseignement de la chirurgie.

La santé publique fait un grand pas au dix-huitième siècle avec notamment le procédé de
variolisation importé de Constantinople (où il est utilisé dès 1701 par Giacomo Pylarini) par
Lady Mary Wortley Montagu (épouse de l'ambassadeur d'Angleterre en Turquie) et introduit à
Versailles par le Docteur Tronchin (1709-1781). Cette technique d'inoculation, parfois
dangereuse, sera remplacée à partir de 1796 par l'invention d'Edward Jenner (1749-1823) qui
injecte de la vaccine (maladie bovine) pour prévenir la variole. Sa " vaccination " remplacera
peu à peu l'inoculation.

On s'intéresse enfin aux méfaits de l'alcoolisme, en Angleterre notamment. L'économiste


allemand Gottfried Achenwall (1719-1772) met en avant la nécessité pour chaque nation de
tenir à jour un registre des naissances, des décès, des maladies et des épidémies. En France,
les intendants du Roi se doivent de prévenir les ministres des épidémies, de dépêcher des
médecins enquêteurs et de distribuer vivres et médicaments.
Parallèlement, Félix Vicq d'Azyr (1748-1794), secrétaire de la société Royale de Médecine,
constitue un réseau national de correspondants afin de notifier les éventuelles épidémies, l'état
de nutrition de la population, son habitat ou encore son hygiène de vie.
D'autres préoccupations de santé publique fleurissent: réglementation sur les établissements
de travail dangereux, déplacement des cimetières en périphérie des villes, aménagement
d'égouts. Les " pharmaciens " remplacent les " apothicaires " et, si les médecins du dix-huitième
siècle sont riches et érudits pour la plupart, ce siècle est marqué par la réhabilitation des
chirurgiens français qui peuvent devenir
docteurs et pour qui Louis XV crée l'Académie Royale de Chirurgie en 1731.
En revanche, les hôpitaux sont, selon un rapport de Jacques Ténon en 1788, dans un triste

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état
et ils servent toujours plus de refuges que de lieux de soins, mis à part dans l'armée et la
manne.

Histoire de la chirurgie

La chirurgie est un ensemble d'opérations manuelles et instrumentales


réalisées sur et dans un corps vivant à des fins thérapeutiques. C'est l'un des
plus anciens arts médicaux. Son efficacité a été très longtemps limitée par
quatre facteurs, dont les trois premiers déterminent la durée possible
d'intervention :

• l'ignorance de l'anatomie et de la physiologie: sans connaissance précise de


l'organisation intérieur du corps et de son fonctionnement, les interventions
ne pouvaient porter sur les organes vitaux et se limitaient aux organes
périphériques et aux plaies;
• l'hémorragie, souvent mortelle. Si la coagulation a été observée de longue
date, la compréhension de l'hémostase attendra le XXème siècle. Et cause
ou conséquence de l'intervention, le saignement artériel ne pouvait être
contrôlé que par la compression mécanique externe (garrot, clamp ou
tamponnement) ou la cautérisation, et plus récemment par obstruction
temporaire intracavitaire (sondes à ballonet, obturateurs gélifiés réversibles),
permettant la suture réglée des vaisseaux et des tissus;
• la douleur, entrainant des réactions motrices réflexes de défense ou
d'évitement, ou des réactions de choc, problèmes maintenant mieux résolus
avec la découverte de l'anesthésie;
• l'infection, qui causait de nombreux décès: la découverte des microbes par
Louis Pasteur mit Joseph Lister sur la voie de la découverte de l'antisepsie,
permit le développement de l'asepsie et de l'hygiène, et ajoutées à celles de
l'immunité, et des antibiotiques, firent chuter la mortalité post-opératoire de
façon spectaculaire.

L'époque préhistorique

Il nous reste des pièces squelettiques fossiles qui témoignent de certains


gestes chirurgicaux. C'est le cas des craniotomies, avec des résections
parfois larges sur la voûte crânienne et des signes de cicatrisation osseuse
qui permettent d'affirmer que 1'opéré a survécu longtemps au-delà du geste
chirurgical. Ces craniotomies étaient-elles motivées pour des soins ou des
gestes rituels? Il est bien difficile de trancher. Le pansement primitif, en
particulier à l'argile sur les doigts gelés ont laissé des empreintes sur les
parois des cavernes de l'époque magdalénienne. Les civilisations dites
« primitives» en Afrique ou en Indonésie utilisent toujours des substances
végétales ou minérales pour les soins des plaies.

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L'Antiquité

Les civilisations qui possédaient l'écriture nous ont laissé des documents
importants. Trois papyrus égyptiens rapportent des observations
pathologiques ainsi que des éléments de techniques chirurgicales
(craniotomies, soins des plaies et des brûlures, ablations de tumeurs
superficielles ... ). En Grèce un personnage va dominer tous les autres, c'est
bien sûr Hippocrate (Ve siècle av. J.-C. et IVe siècle av. J.-C.). Il crée une
école médico-chirurgicale, mais sous l'influence de Platon, la maladie est
surtout pour lui une base de réflexion et d'analyse, le résultat thérapeutique
est encore très accessoire. Hippocrate publie environ soixante livres dont six
sur la chirurgie. C'est le traitement des fractures et des luxations qui restera
le plus célèbre, avec la création d'un appareillage qui sera utilisé jusqu'au
XVIIe siècle en Occident.
er
L'Inde au 1 siècle av. J.C

Il y a une véritable unité médico-chirurgicale et des écoles avec un


apprentissage technique sur les animaux. La réparation plastique de
l'amputation nasale par un lambeau cutané frontal est mise au point, et reste
toujours pratiquée sous l'appellation de lambeau indien.

À Rome

La pratique chirurgicale se développe pour les besoins de l'armée et des jeux


du cirque, plusieurs techniques apparaissent (la césarienne, l'ablation des
varices, le traitement des plaies, l'amputation des membres ... ). Galien est le
personnage le plus marquant, par ses découvertes anatomiques et ses
innovations techniques, mais par conviction religieuse, il va faire interdire la
dissection anatomique, ce qui va engendrer une perte de la connaissance
anatomique pendant des siècles. En Occident, l'influence religieuse
empêchera tout progrès chirurgical pendant pratiquement mille ans; les
médecins continuent à appliquer les principes d'Hippocrate et de Galien,
sans les vérifier...

Au Moyen Âge
En Orient

Au Moyen Âge, l'Orient connaît une période favorable avec le


développement des universités arabes. Le personnage le plus marquant est
Abu Al-Qasim au IXème siècle dans le califat de Cordoue; il laisse un livre
important le Tarsif et prône l'utilisation de cautères pour faire l'hémostase.
L'usage de la cautérisation va se propager, et parfois même de façon
exagérée, pendant des siècles.

En Europe
Au Moyen Âge, des écoles chirurgicales s'ouvrent en Italie dès le Ixe sièc1~
à Salerne puis à Bologne. La première école chirurgicale en France est

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fondée à Montpellier au XIII"siècle, c'est de celle-ci que sera issu Guy de


Chauliac qui publie en 1368 la Grande Chirurgie, premier ouvrage
chirurgical en français. À Paris au XIVesiècle, Lanfranc de Milan crée la
première école de chirurgie de la capitale qu'il nomme la Confrérie de Saint-
Côme. Mais très vite celle-ci va entrer en conflit avec la faculté de
médecine ; un procès va durer pendant trois siècles et aboutir à la déchéance
de la Confrérie de Saint-Côme en 1660 ; les chirurgiens n'ont alors pas le
droit d'être bacheliers, ni docteurs. L'école chirurgicale de Paris disparaît.
Les conciles de Tours puis de Latran en 1215 interdisent aux prêtres toute
activité chirurgicale, même la saignée, sous prétexte que « l'Église a horreur
du sang ». Le monde médico-chirurgical du X' siècle comprend:

 Les médecins, qui généralement sont des clercs, parlant latin et possédant la
science.
 Les barbiers, qui en plus de leur activité de coiffeurs effectuent quelques
gestes chirurgicaux (traitement des plaies, d'abcès superficiels ... )
 Les inciseurs nomades, (généralement de redoutables charlatans)
 Les barbiers chirurgiens, qui sont les véritables chirurgiens.

La Renaissance

Elle apporte des progrès artistiques et techniques multiples en particulier


dans l'armement avec la généralisation des armes à feu qui provoquent des
blessures plus graves que par arme blanche, au niveau de la peau, des
vaisseaux et du squelette. Ces lésions sont responsables de complications de
type gangrène, et obligent les chirurgiens à développer davantage les
amputations. Les études anatomiques qui ont été inexistantes pendant plus
de mille ans reprennent avec les artistes italiens (Léonard de Vinci) et
surtout avec le Bruxellois André Vésale. Parmi les chirurgiens de la
Renaissance, Ambroise Paré est le plus marquant. Son activité alterne entre
la chirurgie de guerre et la pratique civile; il est promu chirurgien de quatre
rois de France; il innove et applique de nombreuses techniques
chirurgicales; il fait admettre la nécessité de la ligature des vaisseaux au
détriment de la cautérisation. Très créatif, il est à l'origine de nombreux
instruments et publie des ouvrages très originaux.

Les XVIIe et XVIIIème siècles

Les progrès chirurgicaux vont ensuite stagner pendant le XVIIe siècle suite à
la dissolution de la Confrérie de Saint-Côme. Mais deux événements royaux
vont remettre la chirurgie à l'honneur: en effet lorsque Marie-Thérèse
d'Autriche, l'épouse de Louis XIV, a un abcès à l'aisselle en 1683, Daquin,
médecin du roi, s'oppose à ce que Dionos, le chirurgien, pratique une
incision, ce qui aurait empêché l'abcès de s'ouvrir dans la poitrine. La reine
en meurt. Puis Louis XIV est atteint d'une fistule anale en 1686, et toutes les
tentatives médicales ne donnent aucun résultat. Il fait alors appel à son
chirurgien, un dénommé Felix Tassy qui le guérit, ce qui permet de redonner
un crédit aux chirurgiens par rapport aux médecins

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Le XVIII" siècle est l'une des plus grandes périodes de progrès chirurgicaux
car en 1731, Louis XV inaugure l'académie royale de chirurgie à Paris, et en
1742 il rétablit l'égalité hiérarchique entre médecins et chirurgiens, alors que
les médecins disaient auparavant : « Qu'il y avait de la folie d'imaginer que
le chirurgien soit l'égal du médecin ».

Trois personnalités vont se succéder comme premier chirurgien du roi :


Maréchal, La Peyronie et Pichault de la Martinière. C'est alors une période
de créativité, de liberté d'action et de pensées, et donc d'émulation, pendant
laquelle Paris est considérée comme la capitale mondiale de la chirurgie. On
vient de toute l'Europe pour se faire opérer par les chirurgiens parisiens.
Parmi les techniques novatrices, on peut citer l'évacuation de l'hématome
extra-dural, l'évacuation de l'abcès cérébral, la trachéotomie dans la
diphtérie, l'extraction des lithiases du rein, le traitement de la cataracte ...
Jean-Louis Petit et Pierre-Joseph Dessault sont les deux grands praticiens de
cette période. L'Académie royale de chirurgie est dissoute en 1793 par les
révolutionnaires.

La Révolution et l'Empire

Entre la Révolution et l'Empire, 20 ans de guerre créent la chirurgie et la


médecine militaires. Les maladies (typhoïde, paludisme, typhus ... ) déciment
les armées plus que les blessures, néanmoins le travail des chirurgiens est
important et on crée des écoles de santé pour former non plus des docteurs
mais des officiers de santé. En France, sous le Premier Empire, Dominique
Larrey et Percy sont les chirurgiens les plus illustres. En particulier Larrey,
adulé par les soldats, qui développe le traitement précoce des blessures et
rapporte des observations de troubles amnésiques et épileptiques à la suite
des plaies crânio-cérébrales. Les plaies du thorax sont traitées, les fractures
des membres sont immobilisées en attelles, mais on ne sait toujours pas
soigner efficacement les plaies et les fractures ouvertes des membres qui
font l'objet d'une amputation systématique. Lors de la bataille de Borodino,
Larrey aurait effectué 200 amputations en 24 heures, avec une mortalité de 3
sur 10. Les complications des plaies de guerre sont nombreuses (choc
traumatique, gangrène gazeuse, tétanos .. .). La marine impériale connaît
aussi son lot de souffrances. Ainsi en son sein, notamment dans les hôpitaux
des grands ports, sur les vaisseaux, mais aussi sur les pontons anglais où
s'entassaient dans le plus grand dénuement les prisonniers de la défaite de
Trafalgar, s'illustra un chirurgien: Pierre Lefort. Il se distingua également
par de remarquables travaux sur la fièvre jaune dont il tentera de préserver
les habitants de la Martinique.
Après la chute de l'Empire en 1815, la pratique civile reprend ses droits.
Dupuytren est la personnalité la plus marquante de cette époque; sa
mortalité opératoire est inférieure à celle de Larrey (1115) ; il traite de façon
innovante de nombreuses pathologies (les fentes labio-palatines ... ).
Récamier développe la gynécologie moderne et met au point l'hystérectomie
par voie vaginale. La deuxième moitié du XIXe siècle connaît à nouveau une
phase de régression à cause de la fréquence des infections. Les locaux, le
mobilier, le comportement des chirurgiens et des soignants favorisèrent

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l'infection, qu'ils considèrent comme une fatalité. On atteint 84% de décès


post-opératoires! Les progrès viennent d'Angleterre, avec des locaux plus
aérés, et moins de promiscuité entre les malades ; les Anglais ont seulement
48% de décès post-opératoires ... Malgré la fréquence et la gravité des
infections post-opératoires, les techniques continuent de se développer, en
particulier les ténotomies. Ce type de pratique (section d'un tendon) a été
alors très largement utilisé pour la correction des déformations (correction
du pied bot bien décrit par Flaubert dans Madame Bovary), mais aussi dans
des tentatives de correction des déformations vertébrales. C'est aussi
l'époque de développement de l'hystérectomie par voie abdominale, de la
chirurgie du larynx, de l'ablation de la rate en 1857, de l'ablation du rein en
1869... Le matériel et les instruments chirurgicaux s'améliorent avec les
pinces crantées de Péan puis de Kocher. L'orthopédie devient peu à peu une
spécialité chirurgicale avec la mise au point des techniques de
raccourcissement des membres, le traitement de la luxation congénitale de
la hanche, l'arthrodèse des articulations, les greffes osseuses autologues, et
l'ostéosynthèse aufil d'argent.

Dans la deuxième moitié du XIXe siècle


Deux découvertes vont révolutionner la pratique chirurgicale et ses
résultats: l'anesthésie et l'asepsie. L'anesthésie naît aux États-Unis, où
Faraday découvre les propriétés anesthésiques de l'éther. La première
utilisation humaine est réalisée par William Thomas Green Morton, un
dentiste de Boston, en 1846. L'anesthésie arrive à Londres en 1847, où elle
est utilisée par Liston; puis à Paris la même année. L'éther par ses
propriétés hypnotiques et analgésiques va transformer les conditions
opératoires; les opérations cessent d'être des séances de tortures. Louis
Hubert Farabeuf dira: « Désormais il faut opérer bien et non plus opérer
vite, le temps ne compte plus ».

L'antisepsie est initiée par Semmelweis à Budapest en 1847. Il est


obstétricien, et observe que la fièvre puerpérale, responsable d'1I3 des décès
en post-partum, est transmise par les mains des accoucheurs et des étudiants
qui viennent d'effectuer des autopsies. Il utilise pour la première fois le
chlorure de chaux pour le lavage des mains, il fait ainsi réduire les taux
d'infection à quelques pourcents seulement. Mais sa situation sociale et
politique ne lui donne aucune crédibilité. Joseph Lister en 1867 applique les
découvertes de Louis Pasteur, et opère dans un spray d'acide phénique, sa
mortalité opératoire passe alors de 48 % à 10 %. L'asepsie est ensuite mieux
appliquée par l'usage des gants de caoutchouc, la conception de bloc
opératoire n'arrive à Paris qu'en 1912.

Du XXe siècle à nos jours


Avant la Première Guerre mondiale on trouve une période de mise au point
des principales techniques chirurgicales (chirurgie de la paroi de
l'abdomen, du tube digestif, du thorax, de la gynécologie .. .). Par la suite tout
le XX· siècle verra l'explosion des progrès et des techniques chirurgicales
qui ne cessent alors de s'accélérer: microchirurgie, greffe d'organes,
endoscopie, multiplication des implants prothétiques, assistance

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informatique... avec l'aide indispensable de l'imagerie médicale, de


l'anesthésie et de la réanimation. Les spécialités chirurgicales se sont
multipliées, ainsi que la notion d'équipes médicales et para-médicales
spécialisées.
II.3. De la révolution française et de la révolution expérimentale en
médecine

De nombreux médecins français vont s'illustrer durant cette période.

François-Xavier Bichat (1771-1802) écrit de nombreux ouvrages durant sa courte vie ; il Y


parle notamment des différentes" membranes" (tissus) et de leur rôle respectif. Jean-Nicolas
Corvisart (1755-1821) est le médecin de Napoléon et il devient en 1801 le Médecin du
gouvernement (sorte de Ministre de la Santé). Cardiologue, il traduit en outre les œuvres de
l'Autrichien Auenbrügger et impose ainsi la percussion du thorax en France. Ses élèves
Gaspard Bayle (1774-1816) et Théophile-René Laennec (1781-1826) reprendront ses travaux.
Le dernier nommé inventera le stéthoscope en 1815 pour l'auscultation médiate du thorax des
patients (par pudeur vis-à-vis des femmes et après avoir vu des enfants jouer à se parler à
travers un tuyau dans un parc). Ces deux élèves mourront jeunes de phtisie, tout comme
François-Xavier Bichat.

Pierre Bretonneau (1778-1862), médecin originaire de Tours, décrit avec précision la fièvre
typhoïde et l'angine diphtérique (il aura pour élève Armand Trousseau (1807-1867)).

Philippe Pinel (1745-1826) est un aliéniste et il crée la première école de psychiatrie en


France; il libère de leurs chaînes les patients aliénés des hospices parisiens.
Parmi les chirurgiens de l'époque, il faut retenir le Parisien Pierre-Joseph Desault (1738-
1795), qui sera un grand maître pour de nombreux élèves, comme Dominique Larrey (1766-
1842) qui prendra part aux nombreuses campagnes de Napoléon, en Egypte, en Italie ou en
Russie, au cours desquelles il développera le transport des blessés de guerre (à l'aide de
mu1ets ou de chameaux) ; Larrey est resté, à tort ou à raison, comme un chirurgien à
l'amputation facile pour ses blessés.
D'autres élèves de Desau1t marqueront leur temps Guillaume Dupuytren (1777-1835),

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Joseph Récamier (1774-1852), Jacques Lisfranc (1790-1847), Joseph Malgaigne (1806-1865)


ou Auguste Nélaton (1807-1873).

Sur le plan de la santé publique, des chaires d'hygiène sont également créées dans les écoles
de santé: François-Emmanuel Fodéré (1764-1835) est ainsi nommé à Paris; il écrit en 1798
un Traité de médecine légale et d'hygiène publique. Par ailleurs, l'Autrichien Johann Peter
Franck (1745-1821) écrit un traité, Système de politique médicale, demandant une politique
nationale de santé sous la responsabilité du pouvoir politique.
L'époque est par ailleurs marquée par le développement en France de la vaccination contre la
variole à partir de 1799. Les campagnes de vaccination sont encouragées par Pinel, Guillotin
et Bonaparte, puis par le clergé qui défendra la vaccination dans ses prêches dominicaux.
La tuberculose, qui se développe en Angleterre à la fin du dix-huitième siècle, se propage en
France et touche de nombreuses personnes. Elle est alors considérée comme une maladie
romantique atteignant de jeunes hommes esthètes (cf. La dame aux camélias, par exemple).

Joseph-Ignace Guillotin (1738-1814, qui, à défaut d'avoir inventé la guillotine comme on le


dit souvent, l'a imposée comme supplice pour les condamnés à mort lorsqu'il était président
du Comité de salubrité sous la Constituante) met en place sous le Consulat le premier
programme de Santé publique en France. Les communes doivent à présent pourvoir à
l'alimentation en eau potable des habitants et doivent dresser la liste des établissements "
insalubres et dangereux " (parmi lesquels on trouve les boucheries, les équarrisseurs, les
abattoirs, les manufactures de produits chimiques ou les mines). Elles doivent également gérer
les hôpitaux (d'où la nomination aujourd'hui encore du maire de la ville comme président du
Conseil d'administration d'un hôpital) et pourvoir à la santé des malades indigents. Par ailleurs
la fin de l'Empire verra le début de l'utilisation des statistiques dans le domaine de la
médecine.
Durant la révolution, tout le système de santé est désorganisé. L'Assemblée Constituante
décide de supprimer le financement des hôpitaux et ces derniers se retrouvent rapidement
dans la plus grande misère. Plus tard, l'hôpital devenu municipal devient, plus qu'un refuge,
un lieu de soins pour les malades mais aussi un lieu d'apprentissage pour les étudiants. Le 15
septembre 1793, un décret de la Convention met fin à six siècles d'enseignement en
France en ordonnant la dissolution de " toutes les Académies et Sociétés littéraires ou
savantes patentées ou dotées par la Nation ". La médecine, comme beaucoup d'autres

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professions, peut alors être exercée sans diplôme ! Pour remédier à cet état de fait, Antoine de
Fourcroy (1755-1809) présente à la Convention un projet de réforme après la chute de
Robespierre. Celui-ci est accepté par le décret du 4 décembre 1794 (14 frimaire an III) et
décide la fondation de trois Ecoles de Santé à Paris, Strasbourg et Montpellier.
Ces dernières ont pour mission de dispenser un enseignement aux médecins et chirurgiens
militaires. Chaque école se voit pourvue d'un certain nombre de chaires de clinique, occupées
par des médecins nommés par l'état. Parmi eux, Jean-Louis Baudelocque (1746-1810), auteur
de L'art des accouchements en 1782, est nommé Professeur d'obstétrique à Paris, faisant enfin
de cet art une discipline médicale à pat entière. L'enseignement dans ces écoles est à présent
pratiqué en langue française et est bien sur entièrement laïque. Trois ans plus tard, le 27 juillet
1797 (9 thermidor an V), ces Ecoles de Santé seront intégrées à la nouvelle Université.

Sous l'influence de Pierre-Jean-Georges Cabanis (1757-1808) ou de Jean Chaptal (1756-


1832), l'enseignement médical évoluera encore sous le Consulat et l'Empire, avec un
enseignement commun aux étudiants de médecine et de chirurgie, une formation pratique
obligatoire comprenant dissections et enseignement au lit du malade.
A l'initiative de Corvisart, les études de médecine sont parfaitement réglementées sous le
Consulat et il est nécessaire d'obtenir un diplôme de docteur dans une école de médecine pour
pouvoir exercer. Seuls persistent encore quelques" officiers de santé" formés durant la
Révolution et auxquels on accorde un droit d'exercice temporaire (cf. Charles Bovary chez
Flaubert). On crée par ailleurs le concours d'élève-interne et on légifère sur la préparation et la
vente des médicaments.
Cette époque est marquée par une supériorité française sur le reste de l'Europe, tant sur un
point militaire que scientifique. On doit citer toutefois l'Allemand Christian Samuel
Hahnemann (1755-1843) qui crée l'homéopathie après avoir observé sur lui-même une fièvre
après un contact avec de la teinture de quinquina, habituel remède de l'hyperthermie. Il en
déduit en 1796 sa" loi de la similitude ", arguant que les maladies doivent être traitées par des
produits donnant les mêmes symptômes que la maladie elle-même, à doses infinitésimales,
puisque l'effet bénéfique vient de la répétition de l'administration de la substance plus que de
sa quantité.

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Dates et faits importants :

1407: Première dissection anatomique à la Faculté de Paris.

1493-1541: Paracelse refuse d'attribuer les dérèglements morbides aux altérations des
humeurs; pour lui, la maladie est due à l'affection particulière et locale d'un organe.
1537: Ambroise Paré (1510-1590) pratique la première désarticulation du coude et, manquant
de l'huile que l'on répandait bouillante sur les blessures par arme à feu, il panse la plaie avec
un mélange de jaune d'œuf, d'huile de rosat et de térébenthine. Il pratique la ligature des
artères dans les amputations.
1543: André Vésale est l'auteur du premier vrai traité d'anatomie "De humani corpons
fabriqua", publié à Padoue.

1628: William Harvey (1578-1657) découvre la "circulation du sang"; il publie à Francfort:


"Exercitatio anatomica de moyu cordis et sanguinis in animalibus".

1700: Anton van Leeuwenhoek (1632-1723) construit les premiers microscopes et découvre
les corpuscules sanguins.

1707: Première injection de la trompe d'Eustache.

1761: Giovanni-Battista Morgagni (1682-1771) montre l'intérêt de l'étude des lésions chez
l'homme malade et de leur confrontation avec les manifestations cliniques.

1761: Leopold Auenbrugger (1722-1809) invente la percussion thoracique.

1780: Apparition des premières brosses à dents à Londres.

1785: Emploi de la fleur de digitale pour les maladies cardiaques.

1796: L'anglais Edward Jenner (1749-1823) découvre la vaccination contre la variole.

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Chapitre 3

De la recherche scientifique et la pratique de la médecine

La médecine anatomo-clinique a conquis le monde, l'art de soigner dévoilent désormais


l'architecture des tissus vivants. La chimie décrit la transformation des« humeurs» chères à
Hippocrate, la physique analyse les mouvements de certaines fonctions élémentaires, enfin
Pasteur découvre un monde jusqu'alors inconnu.
Le XIXè S ouvre un débat entre le médecin qui interroge son malade, qui l'examine, qui
entretient avec lui des rapports de personne à personne ayant eux-mêmes une valeur
thérapeutique, et, de l'autre côté, le laboratoire anonyme dont les appareils dosent et chiffrent
les altérations physico-chimiques. A qui la médecine doit-elle accorder la primauté?

II.1. La médecine de laboratoire


Le point de départ de la médecxine de laboratoire reste l'invention et le perfectionnement du
microscope par Leeuwenhoek au XVIIè S. Mais jusque là, l'anatomie pathologique reste
d'abord macroscopique. Louis Pasteur va obliger la médecine à adopter la microscopie dans
l'anatomie pathologique.
Il est parti de la découverte de germe de Choléra des poules.
Un jour un collaborateur de Pasteur, Emile Roux fait un constat sur une culture de germe de
choléra des poules placé dans un placard depuis plusieurs semaines dans de mauvaises
conditions de conservation : sans oxygène et sans lumière. Pour vérifier la qualité de cette
culture, il l'injecte à des poules: elles ne meurent pas. Par souci de comparaison, il injecte à
ces mêmes poules les produits d'une culture fraiche : elles ne meurent pas davantage. Pasteur
et Roux concluent que les germes vieillis ont une virulence atténuée et protège les animaux
contre la virulence normale du microbe. Ainsi naquit la vaccination.
D'où, il faut savoir interpréter le hasard.

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Le vaccin contre le choléra des poules

Durant l'été 1879, Pasteur et ses collaborateurs, Émile Roux et Émile Duclaux,
découvrent que les poules auxquelles on a inoculé des cultures vieillies du microbe du
choléra des poules103 non seulement ne meurent pas mais résistent à de nouvelles
infections - c'est la découverte d'un vaccin d'un nouveau type: contrairement à ce qui
était le cas dans la vaccination contre la variole, on ne se sert pas, comme vaccin, d'un
virus bénin fourni par la nature (sous forme d'une maladie bénigne qui immunise
contre la maladie grave) mais on provoque artificiellement l'atténuation d'une souche
initialement très virulente et c'est le résultat de cette atténuation qui est utilisé comme
vaccin.

S'il faut en croire la version célèbre de René Vallery-Radot et d'Émile


Duclaux, c'est en reprenant de vieilles cultures oubliées (ou laissées de côté pendant
les vacances) qu'on se serait aperçu avec surprise qu'elles ne tuaient pas et même
immunisaient. II y aurait là un cas de sérendipité.

A. Cadeddu, toutefois, rappelle que « depuis les années 1877-1878, [Pasteur]


possédait parfaitement le concept d'atténuation de la virulence ». C'est un des motifs
pour lesquels Cadeddu", à la suite de Mirko D. Grmek, met en doute le rôle allégué
du hasard dans la découverte du procédé d'atténuation de la virulence et pense que
cette atténuation a sûrement été recherchée activement, ce que les notes de laboratoire
de Pasteur semblent bien confirmer.

Dans sa double communication du 26 octobre 1880 à l'Académie des Sciences


et à l'Académie de médecine, Pasteur attribue l'atténuation de la virulence au contact
avec l'oxygène. Il dit que des cultures qu'on laisse vieillir au contact de l'oxygène
perdent de leur virulence au point de pouvoir servir de vaccin, alors que des cultures
qu'on laisse vieillir dans des tubes à l'abri de l'oxygène gardent leur virulence. II
reconnaît toutefois dans une note de bas de page que l'oxygène ne joue pas toujours
son rôle d'atténuation, ou pas toujours dans les mêmes délais: « Puisque, à l'abri de
l'air, l'atténuation n'a pas lieu, on conçoit que, si dans une culture au libre contact de
l'air (pur) il se fait un dépôt du parasite en quelque épaisseur, les couches profondes
soient à l'abri de l'air, tandis que les superficielles se trouvent dans de tout autres
conditions. Cette seule circonstance, jointe à l'intensité de la virulence, quelle que soit,
pour ainsi dire, la quantité du virus employé, permet de comprendre que l'atténuation
d'un virus ne doit pas nécessairement varier proportionnellement au temps d'exposition
à l'air. »
Ph. Decourtlll faisait ce commentaire: « Dans ces conditions, il est impossible de
parler d'un procédé de vaccination. On est obligé de constater qu'à la fin d'octobre
1880, Pasteur n'en a encore aucun. »

On lit dans une publication Internet du Département américain de l'agriculture


en date du 14 janvier 2005 : « Pasteur travailla sur un vaccin contre le choléra des
poules, mais sans grand succès. Depuis Pasteur, il y eut plusieurs tentatives de
produire un vaccin efficace contre le choléra des poules. Une immunité substantielle
mais non absolue peut être conférée à la volaille, dans des conditions contrôlées, à
l'aide de vaccins tués de Pasteurella multocida. »
Quoi qu'il en soit de l'efficacité du vaccin de Pasteur, sa théorie de
l'atténuation par l'oxygène n'a pas été retenue. Th. D. Brock, après avoir présenté
comme vraisemblable l'explication de l'atténuation dans les cultures par mutations et
sélection (l'organisme vivant, qui possède des défenses immunitaires, exerce une
sélection en défaveur des microbes mutants peu virulents, ce qui n'est pas le cas dans
les cultures), ajoute: « Ses recherches [= de Pasteur] sur les effets de l'oxygène sont

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quelque chose de curieux. Bien que l'oxygène puisse jouer un rôle en accélérant les
processus d'autolyse, il n'a probablement pas une action aussi directe que Pasteur le
pensait. »
Pasteur est à l'origine d'un constat essentiel à l'histoire de la médecine: la preuve, pour
certaines maladies, de l'existence d'une contagion. En effet, depuis Hippocrate, on connaissait
l'existence de d'épidémies, mais depuis des siècles, les médecins se demandaient si la maladie
se transmet d'une personne à l'autre.

Quelques découvertes et faits de et au laboratoire


Au début du XIXè S la tuberculose se propage en Europe. En 1882, Robert Koch découvre le
bacille causal. Mais, il faut attendre près 60 ans pour un traitement antibiotique.
En 1867, Joseph Lister utilise le phénol pour détruire les germes lors des opérations
chirurgicales. Parallèlement, se développe l'anesthésie, inventée le 16 octobre 1846 par le
dentiste William Morton à Boston.
Le 14 mai 1796, Edward Jenner parvient à immuniser un enfant de la variole en lui inoculant
du pus prélevé sur une paysanne infectée par la vaccine. En 1885, Louis Pasteur parvient à
sauver un enfant en lui administrant son vaccin contre la rage.
De toutes ces curiosité et rivalités résulte un extraordinaire développement de la
bactériologie, de la pathologie liée aux champignons, ou celle liée aux acares comme celui de
la gale, ou aux helminthes comme les ténias et les filaires.

L'esprit le plus inventif de cette époque, comparable à Pasteur, est Robert KOCH (1843-
1910). Il affirme l'existence d'espèces de bactéries (êtres unicellulaires) ; c-à-d chaque espèce
a ses propres caractéristiques, produisant ses toxines, et déclenchant des phénomènes
pathologiques qui lui sont particuliers. Koch trouve une nouvelle confumation: chaque
maladie est due à un germe donné qui ne peut en provoquer une autre.

De 1870 à 1910, les progrès de la bactériologie font un bon spectaculaire : Loëffler décrit le
germe de la diphtérie, -Eberth celui de la fièvre typhoïde; - Laveran celui du paludisme ...
L'ingéniosité et le sens de l'observation de quelques médecins pour découvrir le rôle des
«insectes vecteurs» : les moustiques sont accusés en premier lieu lorsque Ross démontre leur
rôle dans la transmission du paludisme, -Manson dans celle des filaires, -Beauperthuy puis

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Finlay dans celle de la fièvre jaune, - puis vient la mouche tsé-tsé par Bruce de propager la
maladie du sommeil.

La bactériologie et la parasitologie révèlent ainsi aux hommes que l'homme se trouve au


milieu d'un monde microscopique mystérieux dont il est parfois victime

L'une des grandes innovations de la 2è moitié du XIXè S est la large diffusion des sérums
protégeant l'homme contre les infections. Parmi les premier chercheur ayant prôné une
anatomie pathologique microscopique, il faut mentionner Rudolph Virchow, très connu avec
sa théorie cellulaire :

Rudolf Ludwig Karl Virchow, né le 13 octobre 1821 à Schivelbein (aujourd'hui Swidwin),


en Poméranie, décédé le 5 septembre 1902 à Berlin) est un médecin pathologiste et homme
politique allemand, considéré comme l'un des fondateurs de l'anatomie pathologique moderne.
Il effectua l'essentiel de sa carrière à l'hôpital de la Charité de Berlin, se faisant le promoteur
d'une médecine strictement orientée vers les sciences naturelles. En tant qu'homme politique,
il fut l'un des représentants du parti progressiste allemand.

Virchow enseigna à partir de 1849 à l'Université de Wurtzbourg. En 1856 il revint à Berlin et


prenait en charge la chaire de professeur ordinaire de pathologie nouvellement créée en même
temps qu'il retrouvait son ancienne position au service de dissection de la Charité où il devait
rester 46 ans jusqu'à sa mort. Il développa la collection pathologique anatomique existante, et
dès 1899, celle-ci pouvait être visitée par le public au musée pathologique nouvellement
construit. C'est aujourd'hui le musée historique de médecine de Berlin à l'hôpital de la Charité.

En 1858, il publia sa théorie de la pathologie cellulaire d'après laquelle les maladies ont leurs
origines dans des altérations des cellules du corps. Cette découverte lui apportait une
renommée mondiale. En outre, il travaillait comme historien de la médecine et publiait
beaucoup et dans diverses revues. Jusqu'à sa mort il visita régulièrement le Solbad de Bad
Durkheim, promis au plus bel avenir, pour y suivre une cure de raisin (cure uvale) et se lia
d'amitié avec le médecin de l'arrondissement, le docteur Philipp Veit Kaufmann (1758-1838).
Son monument funéraire se trouve dans le vieux cimetière St Matthieu à Berlin-Schëneberg.

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Médecine et question sociale


Rudolf Virchow voulait aussi qu'on s'occupât à fond de l'état médical de la population. « La
Médecine est une science sociale, et la politique n'est rien de plus que la médecine pratiquée
en grand. » C'est à Virchow que l'on doit la création des premiers hôpitaux communaux à
Berlin, comme à Friedrichshain (1874), à Moabite (1875, fermé depuis), sans oublier la
clinique Am Urban (1890). Des parcs et de terrains de jeux devaient également améliorer la
situation du prolétariat urbain.

Hygiène et prévention des maladies

Virchow travaillait aussi de façon pratique comme hygiéniste; en cette qualité il conseillait
les gouvernements allemands et étrangers dans des questions d'épidémies. Il s'occupait de
rendre la recherche de la trichine obligatoire en Prusse.

L'assemblée des naturalistes et des médecins allemands se consacra à la question des eaux
usées lors de la conférence de Dresde en 1868. Virchow était partisan du drainage par des
égouts, contrairement à Georg Varrentrap, médecin à Francfort qui se prononçait pour un
enlèvement et pour une utilisation comme engrais. L'association entre James Hobrecht et
Virchow, dès 1869, fut décisive pour que Berlin reçut dans les années 1870 un tout-à-l'égout
et un approvisionnement central en eau potable. Le drainage de la ville se fit par plus de
douze systèmes radiaux indépendants qui menaient vers des champs d'épandage en dehors de
la ville, c'était la solution la plus convenable à l'époque pour l'élimination des eaux usées.

Quelques germes pathogènes identifiés jusque-là:

Date Germe Chercheur Pays d'origine


1875 Lèpre Hansen Norvège
1875 Amibiase Loesch Allemagne
1878 Furoncle Pasteur France
1879 Fièvre puerpérale Roux France
1879 Blénnoragie Neisser Allemagne
1880 Paludisme Laveran France
1880 Typhoïde Eberth Allemagne
1882 Tuberculose Koch Allemagne
1883 Choléra Koch Allemagne
1884 Tétanos Nicolaïer Russie
,

1887 Fièvre de Malte Bruce Grande Bretagne

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1889 Chancre mou Ducrey Italie


1894 Peste Yersin France
1901 Maladie du sommeil Dutton Grande Bretagne
1905 Syphilis Schaudinn Allemagne
1906 Coqueluche Bordet France
1909 Typhus Nicolle France

De la chimie analytique à la physique


Les travaux de Priestley et Lavoisier (XVIIIè S) ont stimulé les savants. Les chimistes vont
se détacher des physiciens et s'efforcer de tirer la substance active des végétaux que les
médecins employaient comme médicaments depuis des siècles. Cela va permettre à la chimie
analytique de faire des progrès rapides. On va élaborer des produits de synthèse. Les médecins
viennent stimuler la curiosité des chercheurs avec la nouvelle méthode
d'introduire les médicaments dans le corps humain: la seringue (mis au point par Charles
Pravaz (1791-1853).

Le XIXè S est aussi marqué par le renouveau de la chirurgie par l'anesthésie et l'asepsie. Le
chercheur le plus en vue est William Morton :

William Thomas Green Morton (né le 9 août 1819 et décédé le 15 juillet 1868) était un
américain qui fut responsable de la première démonstration publique réussie des qualités de
l'éther en tant qu'anesthésique par inhalation.

Beaucoup le considèrent comme "l'inventeur et découvreur" de l'anesthésie. Pourtant il ne fut


pas le premier à utiliser l'éther pour anesthésie chirurgicale, utilisation que l'on pourrait
attribuer à Crawford Williamson Long. Ses travaux furent décisifs dans toutes les disciplines
médicales et scientifiques traitant de l'anesthésiologie. C'est suite aux travaux en anesthésiologie
de son ancien professeur Horace Wells avec le
protoxyde d'azote que Morton s'intéresse à ce nouveau domaine de la médecine. Il participe à
la présentation manquée de Wells du 20 janvier 1845 devant le docteur John Collins Warren et
des étudiants en médecine au Massachusetts General Hospital.
Plus d'un an plus tard, le 30 septembre 1846, Morton réussit une extraction dentaire sans
douleur après avoir administré de l'éther à un patient. Cette opération fut à l'origine de la

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désormais célèbre démonstration du 16 octobre 1846 au Massachusetts General Hospital du


docteur John Collins Warren, qui enleva sans douleur une tumeur du cou d'un patient, M.
Abbott. Durant toute la démonstration, Morton tenta de cacher le nom de la substance utilisée,
parlant de "Letheon". Il avait en fait l'intention de breveter cette substance et de tirer profit de
son utilisation. Il fut rapidement montré que le "Letheon" n'était que de l'éther et son usage se
répandit bientôt aux États-Unis et en Europe. Morton ne réussira jamais à breveter l'éther.

Histoire de l'anesthésie

L'anesthésie, en tant que pratique, est née au milieu du XIX'siècle.


Cependant, en tant que savoir, elle est bien plus ancienne. On peut la tracer jusqu'à la
renaissance des connaissances médicales qui s'est opérée au Moyen Âge par Salerne.
L'école de médecine créée à Salerne a reçu au VII!'siècle, du temps de Pépin le Bref,
roi de France, un apport important du savoir grec, grâce à la venue de Constantin
l'Africain, qui avait amené de Carthage d'où il était originaire un grand nombre de
textes anciens. Moine au Mont-Cassin, il est à l'origine de la traduction de ces textes
en latin. L'enseignement de la chirurgie professé à Salerne a été connu dans toute
l'Europe grâce à la transcription par Guy d'Arezzo de l'enseignement de son maître,
Roger Frugardi, publié en 1170. C'est de cette époque que datent les documents qui
relatent différentes compositions d'une préparation anesthésique appliquée tantôt à
travers un tissu ou éponge placée sur la figùre, principalement sur le nez ou même
instillée dans le nez. Cette manière de faire a été connue par la suite sous la
dénomination des éponges soporifiques.

Pour la pratique de la chirurgie, l'élément important à connaître est


l'attribution d'un statut légal au corps médical par l'empereur Frédéric II en 1224,
statut strictement laïque. Ce statut rendait par ailleurs obligatoires des études tant
médicales que chirurgicales, sanctionnées par un examen. Après l'obtention du
diplôme, une année pratique était obligatoire. Les Arabes avaient eu connaissance des
ouvrages grecs anciens et s'étaient emparés des bibliothèques, dont une bonne partie
s'est trouvée par la suite installée en Andalousie. Au moment de la reconquête, ces
ouvrages ont été traduits en latin. La principale entreprise a été celle de Gérard de
Crémone, originaire de Lombardie, qui s'est installée à Salerne en 1170. Grâce à sa
connaissance de l'arabe, il a apporté au monde occidental des traductions latines de
quelque 70 ouvrages, parmi lesquels ceux des principaux médecins arabes.
Les écrits grecs avaient été traduits en arabe et sont donc parvenus au monde
chrétien par une double traduction. Ces connaissances sont arrivées non seulement à
Salerne, mais par la suite à Montpellier d'où elles se sont répandues dans le reste de
l'Europe. La Lombardie a été pendant une assez longue période le véritable foyer de
transmission des connaissances. On présume que le lombard Hugues de Lucques
(Borgognon, Ugo de Lucca 1220), chirurgien de la ville de Bologne, et qui a participé
aux croisades en Terre Sainte, a été à l'origine de l'emploi des éponges soporifiques
ou somnifères que l'Antiquité avait connues et qui avaient été décrites par Dioscoride.
Une filiation passe ensuite par Guillaume de Salicet, auteur d'un traité de (hirurgie
en 1275, à son disciple Lanfranc, qui a dû quitter Milan et qui est venu s'installer à
Paris en 1295. L'école de Salerne a été fermée en 1810 sur ordre de Napoléon.

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La médecine à Paris, contrairement à Salerne, était entre les mains du clergé


et Lanfranc, qui était marié, n'a pas pu être intégré à lafaculté de médecine. Il s'est
joint à la confrérie de Saint-Côme et de Saint-Damien, qui devint plus tard le collège
de Saint-Côme, école et organisation chirurgicale. Le statut de clerc des médecins a
été un élément de grande importance pour l'évolution ultérieure de la chirurgie. Une
certaine séparation de la chirurgie et de la médecine s'était déjà faite jour à cette
époque. Elle s'accentue jusqu'à la rupture complète à la suite d'une série de décisions
ecclésiastiques. En ce milieu, le rôle des moines dans la maladie avait déjà été
critiqué par plusieurs papes quelques siècles auparavant. Cependant un certain
nombre de personnalités éminentes maintenaient une activité soignante. La célèbre
sainte Hildegarde de Bingen au XI! siècle donnait des remèdes aux malades pour
leur permettre de résister au diable. Après plusieurs décisions conciliaires, interdisant
aux clercs de traiter par le feu (le cautère) et le fer, c'est au concile de Tours de 1163
que la déclaration Ecclesia abhoret a sanguine consacre le rejet de la chirurgie hors
de la médecine savante ecclésiastique. C'est peut-être l'influence venue d'Espagne qui
a fait perdurer assez longtemps un esprit de tolérance vis-à-vis de la chirurgie à
l'école de médecine de Montpellier. Deux des plus éminents chirurgiens français du
Moyen Âge, Henri de Morifort et Guy de Chauillac ont été élèves à Montpellier. Guy
de Chauilliac met en garde contre l'usage des éponges soporifiques, en raison du
danger que comporte leur utilisation. Parmi les chirurgiens devenus de simples
praticiens existait encore une stratification sociale. La confrérie de Saint-Côme et
Saint-Damien constituait l'élite de la profession. Durant plusieurs siècles, celle-ci a
lutté contre son abaissement scientifique et social, mais n'a pas réussi à s'affranchir
de la tutelle des médecins savants, en dépit de brillants succès de certains dont le plus
connu est certainement Ambroise Paré.
Il a fallu la courte et courageuse action du chirurgien Félix, pour soigner la
fistule anale de Louis XIV, pour qu'en 1686 le roi ouvre aux chirurgiens la voie à un
rang meilleur. Il faudra encore une cinquantaine d'années pour la création du collège
de chirurgie par lettre patente de Louis XV en 1724. Ce n'est que le 18 décembre 1731
que Maréchal et Lapeyronie le transforment en Académie Royale de chirurgie. Cette
Académie a disparu, tout comme la Faculté de médecine sous la Convention, le 8 août
1793. L'égalité des droits et des positions entre chirurgiens et médecins résultait
d'une déclaration royale du 23 avril 1743 dont les artisans ont été François Rigot et
François Lapeyronie, alors premier chirurgien du roi et chef de la chirurgie du
royaume. Cette accession des chirurgiens à un rang social pratiquement égal à celui
des médecins n'est pas restée limitée à la France; elle a été suivie dans d'autres pays
d'Europe. Ainsi, en Angleterre, les grands chirurgiens se sont faits connaître parmi
lesquels plusieurs Écossais, en particulier John Hunter. Il est probable qu'une
considération pratique ait joué un rôle dans ce changement. Les rois commençaient à
se soucier de la santé de leurs peuples. La population était majoritairement rurale.
Les chirurgiens étaient assez nombreux pour agir, contrairement à la poignée de
médecins savants. Il a fallu cependant attendre encore un siècle, pour, que les
chirurgiens passent d'un rôle secondaire au rang prédominant dans la hiérarchie
médicale, grâce aux deux innovations essentielles pour la chirurgie au XJ)(' siècle:
l'anesthésie et l'asepsie.

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II.2. Du rayon à la pénicilline


Le XIXè S est aussi marqué par l'amélioration des techniques du diagnostic.
Réné Laennec invente le stéthoscope en 1815, En 1868 Adolf Kussmaul crée la gastroscopie
en s'inspirant des exploits d'un avaleur de sabres. Scipione Riva -Rocci mesure la pression
artérielle au tensiomètre en 1896. Willem Einthoven met au point l'électrocardiographie.
En 1895, Wilhelmkôntgen découvre les rayons X. Il réalise la première radiographie sur la
main de son épouse.
En 1881, Theodor BilIroth réalise la première gastrectomie, il révolutionne ainsi la chirurgie
du pharynx et de l'estomac.

Toutefois la grande révolution reste la rayon X

À la fin du XIX" siècle, Wilhelm Rëntgen, comme de nombreux physiciens de l'époque, se


passionne pour les rayons cathodiques qui ont été découverts par Hittorf en 1869; ces
nouveaux rayons avaient été étudiés par Crookes'. À cette époque, tous les physiciens savent
reproduire l'expérience de Crookes mais personne n'a eu d'idée d'application de ces
rayonnements.

En 1895, Wilhelm Rôntgen reproduit l'expérience à de nombreuses reprises en modifiant ses


paramètres expérimentaux (types de cibles, tensions différentes, etc.). Le 8 novembre 1895, il
parvient à rendre luminescent un écran de platinocyanure de baryum. C'est une intuition que
l'on peut qualifier de « géniale» qui va mener Rëntgen dans la direction de sa découverte: il
décide de faire l'expérience dans l'obscurité en plongeant son tube de Crookes dans un caisson
opaque. Le résultat est identique à la situation normale. Rëntgen place ensuite différents
objets de différentes densités entre l'anode et l'écran fluorescent, et en déduit que le
rayonnement traverse la matière d'autant plus facilement que celle-ci est peu dense et peu
épaisse. Plus troublant encore, lorsqu'il place des objets métalliques entre le tube et une
plaque photographique, il parvient à visualiser l'ombre de l'objet sur le négatif.
Rôntgen parvient à en déduire que les rayons sont produits dans la direction des électrons du
tube et que ce rayonnement est invisible et très pénétrant. Comme il ne trouve pas de
dénomination adéquate pour ses rayons, Rëntgen les baptise « Rayons X ». Notons au passage
que ce rayonnement est encore souvent appelé Rôntgenstrahlung' en Allemagne.

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Le premier cliché est celui de la main d'Anna Bertha Rôntgen (22 décembre 1895, pose de 20
min.) ; il s'agit de la première radiographie, la radiologie est née. Un mois plus tard, Bergonié
reproduit à Bordeaux l'expérience de Rôntgen, avant que ce dernier publie officiellement.
Le 28 décembre 1895, Rôntgen publie sa découverte dans un article intitulé « Über eine neue
Art von Strahlen »4 dans le bulletin de la Société physico-chimique de Wurtzbourg. C'est cette
découverte qui lui vaudra le premier prix Nobel de physique en 1901.

Il tire quatre conclusions dans son article:

1. «les rayons X sont absorbés par la matière; leur absorption est en fonction de la
masse atomique des atomes absorbants ;
2. les rayons X sont diffusés par la matière; c'est le rayonnement de fluorescence;
3. les rayons X impressionnent la plaque photographique ;
4. les rayons X déchargent les corps chargés électriquement.»

La recherche de Rôntgen est rapidement développée en dentisterie puisque deux semaines


plus tard, le Dr Otto Walkhoof réalise à Braunschweig la première radiographie dentaire. Il
faut 25 minutes d'exposition. Il utilise une plaque photographique en verre, recouverte de
papier noir et d'une digue (champ opératoire) en caoutchouc. Six mois après, paraît le premier
livre consacré à ce qui va devenir la radiologie dont les applications se multiplient - dans le
cadre de la physique médicale, pour le diagnostic des maladies pUIS leur traitement
(radiothérapie qui donne une expansion extraordinaire à ce qUI était jusque-là
l'électrothérapie).
Röntgen laissa son nom à l'unité de mesure utilisée en radiologie pour évaluer une exposition
aux rayonnements. Le symbole des röntgens est R. La découverte de Röntgen fit rapidement
le tour de la terre. En 1897, Antoine Béclère, pédiatre et clinicien réputé, créa, à ses frais, le
premier Laboratoire hospitalier de radiologie. Tout le monde voulait faire photographier son
squelette. Mais pendant longtemps, les doses étaient trop fortes. Par exemple, Henri Simon,
photographe amateur, a laissé sa vie au service de la radiologie. Chargé de prendre les
radiographies, les symptômes dus aux radiations ionisantes apparurent après seulement deux
ans de pratique. On lui amputa d'abord la main (qui était constamment en contact avec l'écran
fluorescent) mais ensuite, un cancer généralisé se déclara. Au début de la radiologie, les
rayons X étaient utilisés à des fins multiples: dans les fêtes foraines où on exploitait le

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phénomène de fluorescence, dans les magasins où l'on étudiait l'adaptation d'une chaussure au
pied des clients grâce au rayonnement et bien sûr, on les utilisait pour la radiographie
médicale. Encore là, on fit quelques erreurs, par exemple en radiographiant les femmes
enceintes.

Sérums et vaccins après Pasteur et Koch

Toute la composition et le fonctionnement dans le corps humain des vaccins et sérums


venaient déjà être déterminés par Pasteur, Koch et leurs disciples. Le vaccin confere à
l'organisme une immunité active, puisque celui-ci fabrique ses propres anticorps contre
l'antigène étranger. Les sérums, eux, ne lui assure qu'une immunité passive.

Parmi les immunologues et physiologistes, il faut mentionner Jules Bordet et Claude Bernard.

Jules Jean-Baptiste Vincent Bordet (Soignies le 13 juin 1870 - Bruxelles le 6 avril 1961).
C'est un immunologiste et un microbiologiste belge. Les bactéries du genre Bordetella lui
doivent leur nom.Il devint docteur en médecine en 1892 et commença ses travaux dans le
laboratoire d'Elie Metchnikoff à l'Institut Pasteur de Paris. En 1894 il y observa les globules
blancs phagocytant des bactéries. En 1898, il décrivit l'hémolyse d'un sérum sanguin exposé à
des globules rouges étrangers. Il quitte Paris en 1900 pour fonder l'Institut Pasteur de
Bruxelles. Il y découvrit que l'effet bactéricide des anticorps spécifiques acquis est
considérablement amélioré in vivo par la présence d'un élément du sérum qu'il nommera
alexine mais qui sera plus tard nommé complément. Ce mécanisme fut utilisé pour développer
un test sérologique de dépistage de la syphilis, puis son emploi sera généralisé à tous les tests
reposant sur la méthode de fixation de complément utilisée pour dépister un très grand
nombre de maladies aujourd'hui encore. En coopération avec Octave Gengou, il isola la
bactérie Bordetella pertussis (« bacille de Bordet-Gengou ») en 1906 et formula, à raison,
l'hypothèse qu'elle était à l'origine de la coqueluche. Éminent pionnier de la microbiologie, Jules
Bordet a été le premier scientifique belge à se
voir récompensé du prix Nobel de Physiologie et de Médecine en 1919 pour ses travaux sur
les mécanismes de l'immunité.

Claude Bernard (1813-1878) a consacré sa carrière à la physiologie. Il découvre le rôle de la


sécrétion pancréatique dans la digestion des graisses (1848), le rôle du foie dans la sécrétion
1

interne du glucose dans le sang (1848), l'induction du diabète par ponction au niveau du

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plancher du 4" ventricule (1849), l'augmentation de la température cutanée après section du


nerf sympathique cervical (1851), la production de sucre par le foie lavé après excision (1855)
et isolation du glycogène (1857), la spécificité du curare dans la paralysie de jonction neuro-
musculaire (1856) et démontre que le monoxyde de carbone bloque la respiration dans les
érythrocytes (1857). Il a mis en évidence l'homéostasie (constance du milieu intérieur) vers
1860.

Des recherches sur les enzymes, vitamines et hormones

Alors que les chercheurs européens sont particulièrement préoccupés par la bactériologie, les
américains vont révéler l' existence des subsistances chimiques indispensables à l'homme,
dénommées vitamines. Tout comme les enzymes, elles sont efficaces en petites quantités,
mais leur absence entraine des troubles divers dits maladies de carence.
Tout comme les vitamines, les hormones sont des substances indispensables à la vie de
l'homme, et elles agissent en très petites quantités. Mais à la différence des premières, elles
sont produites par l'organisme en fonction de ses besoins. Claude Bernard avait établi la
notion de sécrétion interne, lors de ses études sur le pancréas. Les sécrétions du pancréas, de
l 'hypophyse, du corps thyroïde des parathyroïdes, des glandes sexuelles et des capsules
surrénales ont été appelées hormones en 1905. C'est à partir de ces découvertes que les études
se sont multipliées pour déterminer une longue liste des maladies liées aux glandes à sécrétion
interne.

Poursuite de la lutte contre les infections

Malgré les découvertes des vaccins et sérums, la protection de l'homme reste encore limitée à
un nombre restreint des maladies. Des infections sont constatées dans les traitements
chirurgicaux : suppuration des plaies due à germes fort répandus comme les streptocoques,
staphylocoques, colibacilles, germes à infections gangreneuses. La tuberculose reste un fléau
majeur malgré les travaux de Koch. A ce sujet, certains traitements d'infections viscérales
n'agissent qu'indirectement et ne portent pas atteinte au germe responsable de la maladie. A la
même époque, on parvient à identifier un nombre grandissant d'insectes qui transmettent
d'homme à homme, ou par l'intermédiaire d'objets ou d'aliments, des maladies bacfériennes
ou des parasitoses. Charles Nicolle (1866-1936, le pou pour le Typhus), Alphonse Laveran
(1845-1922 confirme le rôle des femelles d'anophèles pour le paludisme)...

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Tout le monde rêve alors d'un médicament qui agirait directement sur le microbe dans
l'organisme humain malade. Apparaissent ainsi les sufamides (Ehrlich, Gerhared Domagk
(1895-1954), Jacques (1897-1977), Thérèse Tréfouët (1892-1897), Daniel Bovet (1907- ) ...

Tandis que les sulfamides retiennent l'attention d'un bon nombre de chercheurs, Alexandre
Fleming (1881-1955) parvient à extraire une pénicilline des champignons dit Penicillium
notatum.

La découverte d'Alexander Fleming


Le 3 septembre 1928, le docteur Alexander Fleming alors âgé de 47
ans, revient de vacances et retrouve son laboratoire du Saint-Mary's Hospital à
Londres. Il retrouve alors les boîtes de Petri où il faisait pousser des cultures de
staphylocoques dans le but d'étudier l'effet antibactérien des lysozymes, une
variété d'enzyme se trouvant dans les larmes et la salive. Il a la mauvaise
surprise de voir ses boîtes envahies par des colonies cotonneuses de
moisissures d'un blanc verdâtre. Elles ont été contaminées par les souches d'un
champignon microscopique, Penicillium notatum, qu'utilise son voisin de
paillasse, un jeune mycologue irlandais, Charles J. Latouche, qui travaille sur
cette espèce de champignon, qui entraîne des allergies chez les patients
asthmatiques. Alors qu'il doit désinfecter ces boîtes contaminées, Fleming
s'aperçoit qu'autour des colonies de moisissure, il existe une zone circulaire
dans laquelle le staphylocoque n'a pas poussé. Il émet l'hypothèse qu'une
substance sécrétée par le champignon en est responsable et lui donne le nom de
pénicilline.

L'année suivante, en 1929, il publie dans le "British Journal of


Experimental Pathology" le premier compte rendu de l'effet de cette substance,
pensant que son action est du même type que celle du lysozyme.
" Au cours du travail avec différents staphylocoques un certain nombre
de cultures furent mises de coté et examinées de temps en temps. Lors de
l'examen, ces cultures étaient exposées à l'air et ensemencées par différents
micro-organismes. On remarqua qu'autour d'une grande colonie de
champignons polluant les colonies de staphylocoques étaient devenues
transparentes et sans aucun doute en voie de dissolution. La pénicilline
utilisée en doses massives n'est ni toxique ni irritante ... elle peut constituer,
par applications ou en injections, un antiseptique efficace contre les microbes
"
Craddock et Ridley, ses collaborateurs, tentent d'isoler et de purifier la
Pénicilline mais en vain. Fleming s'intéresse peu à une application
thérapeutique de sa découverte et utilise surtout les extraits de ce Penicillium
pour fabriquer des milieux sélectifs. Il prouve que la pénicilline ~'est pas
nocive pour l'homme et suggère de l'utiliser comme antiseptique c'est-à-dire un
désinfectant appliqué sur la peau, à l'extérieur du corps. Quelques essais
cliniques thérapeutiques sont tout de même effectués mais sans grand succès.
La découverte de Flemimg intéresse peu de monde, il recherchera d'autres

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micro-organismes producteurs d'antibiotiques mais il ne publiera pas ses


travaux.

Il faut attendre une dizaine d'années avant que la Pénicilline ne revienne


sur le devant de la scène. C'est en 1939, que Howard Walter Florey,
pathologiste britannique, et Ernst Boris Chain, biochimiste et pathologiste
d'origine allemande, réussirent à isoler l'agent actif de la pénicilline. En mai
1943, Florey et son équipe reçoivent assez de pénicilline pour des essais sur
des blessés britanniques. Ils se rendent à Alger où se trouvent les troupes
alliées afin de procéder aux vaccinations. En 1945, ces trois hommes (Fleming,
Florey et Chain) se partagent le prix Nobel de médecine pour leurs travaux la
pénicilline et son application thérapeutique.

Histoire de la pénicilline

Sir Alexander Fleming, fut le premier à suggérer que la moisissure Penicillium notatum
synthétisait une substance antibactérienne, et il fut le premier à isoler cette substance qu'il
appela pénicilline. Il ne fut pourtant pas le premier à utiliser ses propriétés, et il ne fut pas
celui qui permit le développement de l'application thérapeutique de la pénicilline.

Année Pays Découverte

L'utilisation des moisissures pour traiter des infections est


connue dès la plus haute antiquité. On savait, dans l'ancienne
Chine, faire régresser des panaris à l'aide de peaux de fruits
Grèce & moisies. L'efficacité de ce traitement vient de ce que certaines
Antiquité Chine moisissures produisent des antibiotiques naturels, dont le
penicillium. Néanmoins, on ne pouvait alors distinguer, isoler et
produire la substance active.

Il existait de nombreux remèdes dans lesquels les moisissures du


Serbie & pain étaient utilisées dans le traitement des blessures et des
"traditionnel"
Grèce infections.

Les paysans russes utilisaient de la terre et de l'humus chaud


"traditionnel" Russie pour traiter des plaies infectées.

Les soldats de l'armée du roi Dutugemunu (161 avant J.C - 137


150 avant avant J.C) avaient des provisions de gâteaux à l'huile (un plat
J.C Sri Lanka
traditionnel sri lankais) pour en faire un cataplasme dessicant et
désinfectant en cas de blessure.

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L'idée d'utiliser des moisissures en tant que traitement a été


formulée par des apothicaires comme John Parkington, King's
1640 Angleterre
Herbarian, qui fit allusion à ce sujet dans son book on
pharmacology en 1640.

Sir John Scott Burdon-Sanderson, qui commença sa carrière au


St. Mary's Hospital en 1852, observa en 1870 que les bouillons
1870 Angleterre de culture recouverts de moisissure ne produisaient pas de
bactéries.

Joseph Lister, un chirurgien anglais et le père de l'asepsie


moderne, décrit en 1871 que des échantillons d'urines
contaminées avec de la moisissure ne permettent pas la
croissance de bactéries. Il décrit également l'action anti-
1871 Angleterre bactérienne sur les tissus humains, d'une moisissure qu'il nomme
Penicillium glaucum. Une infirmière du Kings Collège Hospital,
dont les blessures ne répondent pas aux antiseptiques, est guérie
par Lister avec une substance à base de ce Penicillium.

William Roberts décrit en 1874 que les contaminations


bactériennes sont en général absentes dans les cultures de
Angleterre Penicillium glaucum.
1874

John Tyndall suit les travaux de Burdon-Sanderson et démontre


1875 Angleterre à la Royal Society l'action antibactérienne du Penicillium en
1875.'

Louis Pasteur et Jules Francois Joubert en 1877 observent que


les cultures du bacille du charbon sont inhibées, lorsqu'elles sont
1877 France contaminées par des moisissures. Certaines sources annoncent
même que Pasteur aurait identifié le Penicillium notatum.

France Garré trouve des résultats identiques en 1887.


1887

Vicenzo Tiberio de Naples produit, en 1895, des extraits de


Penicillium et les injecte à des animaux avec des bactéries
1895 Italie virulentes; les résultats ne sont pas concluants.

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Ernest Duchesne de l'École du Service de Santé Militaire à Lyon,


découvre les propriétés curatives de Penicillium glaucum sur des
porcs infectés par la typhoïde, et publie ce résultat dans sa thèse,
en 1897. Mais il est ignoré par l'Institut Pasteur. Duchesne
redécouvre en réalité une découverte faite par les Arabes qui
travaillaient dans les étables et qui utilisaient des moisissures
pour traiter les chevaux. Il n'affirma pas que la moisissure
contenait une substance antibactérienne, mais simplement que la
moisissure protégeait d'une certaine façon les animaux.
1897 France
 Duchesne traita avec succès la typhoïde, alors que la
pénicilline isolée par Fleming ne guérit pas la typhoïde.
 Duchesne injecta une moisissure contenant Penicillium
glaucum, alors que Fleming isola la pénicilline de
Penicillium notatum.
 Le terme Penicillium glaucum était utilisé à l'époque
pour désigner de nombreux et divers champignons
microscopiques, mais pas Penicillium notatum. Il est
aujourd'hui impossible de savoir avec certitude quel
champignon Duchesne à utilisé.

Dans les années 1920, Andre Gratia et Sara Dath observent une
contamination et une inhibition de leur culture de
1920 Belgique Staphylococcus aureus par une moisissure. Ils identifient cette
dernière comme étant de l'espèce Penicillium et publient leur
observation dans un journal qui passe inaperçu.
1923
Un scientifique costaricain de l'Institut Pasteur, Clodomiro
Costa Rica Picado Twight remarque l'effet antibiotique de Penicillium en
1923.
Alexander Fleming remarque un halo d'inhibition autour d'une
moisissure bleu verte qui a contaminé une culture de
Staphylococcus. Il en conclut que la moisissure produit une
substance qui inhibe la croissance bactérienne. Il cultive alors
cette moisissure et découvre qu'il s'agit de Penicillium notatum.
1929 Angleterre
Avec l'aide d'un chimiste, il isole la substance antibactérienne
qu'il nomme plus tard pénicilline. Pendant les douze années
suivantes, il cultive et distribue cette moisissure, mais ne
parvient pas à fabriquer une forme stable de pénicilline et à
développer ses propriétés thérapeutiques.
À Oxford, Howard Walter Florey est à la tête d'une importante
équipe de recherche, comprenant notamment Ernst Boris Chain
1938 Angleterre
et Norman Heatley. Ils se lancent dans de longs travaux et
finissent par arriver à produire une forme stable de pénicilline.

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Dates et fats importants :


1808: D. J. Larrey (1766-1842) ampute une cuisse en quatre minutes, un bras en douze
secondes.

1816: René Laennec (1781-1826) invente le stéthoscope.

1838: Theodor Schwann (1810-1882) et Johannes Müller (1801-1858) démontrent que la


cellule est l'élément fondamental des tissus vivants.

1843: Fabrication des premiers comprimés.

1846: Première anesthésie à l'éther par Morton et Wells à Boston.

1850: Premières injections parentérales.

1847: C. F. W. Ludwig mesure de la pression artérielle.

1853: C F Gerhardt découvre l'aspirine.

1856: Wunderlich mesure la température.

1861: Ignaz Semmelweis (1818-1865) découvre l'infection par contact lors des
accouchements.

1865: Louis Pasteur (1822-1895), montre que l'air atmosphérique véhicule des germes
microbiens qui pourraient être la cause des suppurations.

1865: Claude Bernard (1813-1878) publie "Introduction à l'étude de la médecine


expérimentale" .

1865: Joseph Lister (1827-1912) démontre le traitement antiseptique des plaies.

1885: Pasteur pratique la première vaccination contre la rage.

1887: Waller utilise l'électrocardiographie.

1895: Wilhelm Conrad Rôntgen (1845-1923) découvre les rayons X.

1901: Karl Landsteiner découvre les groupes sanguins.

1928: Alexander Fleming (1881-1995) découvre la pénicilline (industrialisée en 1943).

1931: Hans Berger met au point l'électro-encéphalographie

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Chapitre 4

De la révolution technologique et la médecine contemporaine

Depuis le milieu du XXè S. un nouveau pas vers l'infiniment petit a été franchi; l'analyse
porte maintenant sur des millionièmes de millimètres, sur la composition chimique et sur
l'architecture dans l'espace de chaque substance née ou détruite dans le corps, le médecin
devient attentif à l'arrivée ou au départ d'un nouveau radical sur une longue chaine de
polypeptides. Seule l'intéresse l'anatomie moléculaire dont chaque perturbation crée la
maladie. Cette évolution n'est pas propre à la médecine, qui, en réalité, se sert de toutes les
autres disciplines et techniques : l'électronique, la mécanique des fluides, l'astronomie et la
navigation spatiale, l'utilisation des ondes sonores et lumineuses, l'informatique.
En médecine, on s'interroge sur le passage de la physiologie à la pathologie, la définition de
la maladie par rapport à la normale devient de plus en plus imprécise. Dans la pratique
médicale, la séparation logique entre le diagnostic et le traitement s'estompe. Les techniques
de la recherche ont également changé. Les chercheurs ne sont plus seuls dans les laboratoires ;
ils forment des équipes.

4.1. Le triomphe de la biochimie


La biochimie triomphe parce qu'il faut des analyses minutieuses à cause de la complexité de
certains éléments composant le corps humain et du fait qu'il faut nécessairement sauver le
malade et aussi grâce à certaines découvertes cellulaires faites au paravent.

Le diagnostique médicale ne repose plus uniquement sur l'examen du malade, l'auscultation


de la poitrine et la palpation de l'abdomen: le médecin a grandement besoin d'un nombre
grandissant d'informations biochimiques sur le fonctionnement du rein, du foie ou de
l'appareil digestif, et ce dans le plus bref délai. Il faut ainsi tout un appareillage approprié .. La
simplicité de l'analyse a mis la biochimie à la portée de tous. La miniaturisation rendue
possible grâce à l'électronique n'impose plus à la biochimie que l'analyse de petites quantités
de liquide ou de cellules.

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4.2. Les réanimations


Avec le progrès de l'analyse biochimique, on s'aperçoit que de nombreuses maladies
entrainaient des désordres hormonaux insoupçonnés. Des maladies dont on observait les
conséquences mécaniques et que les chirurgiens traitaient par des moyens physiques
expliquaient mieux leurs méfaits par des conséquences chimiques.
Ainsi se sont développés dans les années cinquante différents types de réanimation destinés à
corriger les troubles métaboliques, protéiniques ou électrolytiques pour des maladies les plus
diverses.
La physique médicale
Entre les deux guerres mondiales les facultés de médecine d'Europe se dotent de chaires de
physique médicale.
*fabrication de scialytiques (luminaires sans ombre qui autorisent les interventions
chirurgicales à toute heure et toute saison)
*lunettes grossissantes pour la chirurgie des nourrissons
*Opérations chirurgicales sous microscope vers les années 60
*Entre les deux guerres: fabrication des tubes rigides, porteurs d'une ampoule à leur
extrémité, pour pénétrer dans les bronches, l' œsophage ou la trachée. Ce qui deviendra de
fibroscopes
"Usage du laser en médecine
*Début années 50, une épidémie de poliomyélite frappe l'Europe et les Etats-Unis: on
perfectionne l'électrophysiologie de Du Bois-Reymond pour explorer la valeur restante des
nerfs atteints et de leurs muscles, pour un traitement par stimulation. Aujourd'hui
l'électrocardiographie connaît un grand succès.
*Usage des radiations ionisantes. La radiothérapie et la curiethérapie sont nées entre les deux
guerres. A cela il faut ajouter la radiocinéma (angiopneumographie, angiocardiographie), la
scanographie, scintigraphie, gammagraphie; *Tout cela aboutit à l'imagerie médicale.
Les ordinateurs et l'atome domestiqués ont apporté de nouveaux procédés d'analyse du corps
humain.
Dès lors, la formation d'un médecin devient de plus en plus technique, la médecine se
diversifie en spécialités exigeant des connaissances de plus en plus précises, bien éloignées du
malade lui-même.

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4.3. Traitements efficaces


 Les officines pharmaceutiques n'ont plus ni mortiers, ni préparateurs de drogues, ni
piluliers, ni drageoirs,. Ils sont remplacés par présentoirs
 La décision de fabriquer un médicament résulte de différents mécanismes scientifiques
et fmanciers. Une fois le médicament mis à la disposition des médecins prescripteurs,
les praticiens observent les effets: en Europe il y a des systèmes de pharmaco-
vigilance, qui permettent aux médecins de signaler les résultats positifs, les échecs,
les modifications souhaitables de la posologie et surtout des effets nocifs inattendus.
 L'industrie pharmaceutique contribue au progrès de la médecine, mais la mise au point
de ses innovations demande de plus en plus de temps et d'investissements de plus en
plus importants dont le revenu n'est pas garanti.
 Le mode d'administration des médicaments évoluent aussi. L'ingestion reste le
procédé le plus facile et le plus répandu.
 La pharmacopée, demeurée presque inchangée pendant mille ans, il y a maintenant des
milliers de nouveaux médicaments : pénicilline à l' echelle industrielle, strétomycine
par SELMAN Waksman (1944), nouveaux produits pour le traitement de
l'hypertension artérielle, médicaments contre les cancers

Une découverte majeure pour mieux traiter le cancer (Août


2009)
L'équipe du Dr Rabinovich de /'Institut de biologie et de médecine
expérimentale (IBYME) de Buenos Aires a annoncé la découverte d'un
mécanisme du système immunitaire qui pourrait améliorer les traitements contre
le cancer, l'arthrose, la sclérose en plaques et le diabète
Ce mécanisme permet de désactiver le système immunitaire lorsqu'il
agit de façon contre-productive ou, à l'inverse, de l'activer lorsqu'il ignore
une tumeur au lieu de la combattre. La clé de cette découvertJ est la
galectine-l. Les galectines sont des protéines qui font l'objet de
nombreuses études. Elles sont en effet liées à plusieurs phénomènes
biologiques tels que la formation des organes, les métastases des tumeurs,
la division et la mort des cellules. La galectine-l est une protéine
surexprimèe par de nombreux cancers et intervient dans le développement
de certaines tumeurs. L'origine de cette découverte vient de la thèse d'un
étudiant du Dr Rabinovich, Juan Martin llaregui. Celui-ci a démontré que
la galectine-l peut conduire à la différenciation des cellules dendritiques.
Ces cellules ont pour fonction de déclencher une réponse im'7unitaire
adaptée ou de maintenir la tolérance immunitaire. L'invention d'une

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méthode thérapeutique par Juan Martin flaregui a permis d'aboutir à la


découverte du rôle de la galectine-I sur le système immunitaire. Ces
résultats pourraient ouvrir de nouveaux horizons dans le traitement de
différentes pathologies immunitaires. Ils donnent un meilleur aperçu de la
biologie du cancer et pourront à l'avenir permettre la mise en place de
nouvelles stratégies contre les tumeurs.

Première greffe presque totale du visage

Une équipe de chirurgiens de l'Ohio a greffé le visage d'une femme à 80 %,


réalisant une première mondiale dans la greffe presque totale d'un visage, a indiqué,
mardi 16 décembre 2008, la clinique où s'est déroulée l'opération. C'est la quatrième
greffe réussie du visage réalisée dans le monde, mais les précédentes étaient
considérées comme des greffes ''partielles''. L'opération a eu lieu il y a quelques
semaines sans que la clinique révèle l'identité de la patiente.
La première greffe partielle du visage a été réalisée en 2005 à Amiens en
France. Pour cette opération, les professeurs Bernard Devauchelle, du CHU
d'Amiens, et Jean-Michel Dubernard, du CHU de Lyon, avaient réalisé une greffe du
nez, de la joue, des lèvres et du menton sur une femme de 38 ans, Isabelle Dinoire,
qui avait été défigurée. par son chien. Trois ans plus tard, elle explique avoir "fait
beaucoup de kiné pour réactiver tous les muscles" et que "tout est redevenu normal
question sensibilité ".
Une opération controversée
En 2006, un Chinois de 30 ans a subi une greffe du visage incluant une
connexion avec des veines et des artères, la réfection du nez, des sinus et des lèvres.
1/ avait été attaqué par un ours.
En 2007, un autre Français de 29 ans a subi également une greffe partielle
après le retrait d'une massive tumeur faciale.
Les greffes du visage sont controversées car, comportent des risques) elles
sont réalisées davantage pour améliorer la vie du patient que pour des raisons
impérieuses de santé. Parmi les risques, figurent la dégénérescence des tissus
implantés et les complications dues aux médicaments an tire jet que le patient est
censé prendre toute sa vie.

4.4.Nouvelles maladies
Les maladies changent suivant les époques. On assiste par exemple à la fin des épidémies
de variole. D'autres maladies s'installent. Certaines sont liées aux modes alimentaires
(maladies du cœur et des vaisseaux), d'autres au comportement moraux et sociaux
(apparition du Sida, de la Grippe aviaire, de la Grippe Hl ... ).

Histoire du sida au Congo


Les témoignages oraux confirment que le sida, identifié au
Congo rn 1983, était présent dans la population dès le début des
années 1970, sinon plus tôt. L'origine africaine du sida est un sujet
disputé. Des anticorps VIH ont été retrouvés dans le plasma d'un
malade hospitalisé à Léopoldville en 1959. Mais cela n'empêche

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pas beaucoup des congolais de croire en l'origine étrangère de


l'épidémie.
Des chiffres fiables sur l'évolution de la séroprévalence au
Congo manquent. Des données existent sur certains groupes
particuliers de la population. Ce qui est sûr, c'est que le nombre de
cas de sida n'a cessé d'augmenter. De façon générale, la
prévalence du V1H chez l'adulte était estimée à 4% durant la
période 1986-1997; elle aurait déjà Aujourd'hui atteint 16 % dans
certaines agglomérations.
Les comportements sexuels liés à la prostitution ou proches
de celle-ci ont contribué à la diffusion du sida.. L 'histoire montre
qu'il y a une corrélation entre prostitution et pauvreté. C'est la
colonisation qui a rendu possibles les formes actuelles de
prostitution. Le commerce du sexe convenait aux femmes pauvres
des villes et cités, mais aussi aux femmes, adeptes de la formule du
«deuxième bureau ». Les troubles sociopolitiques ont non
seulement renforcé la prostitution et la pauvreté, mais augmenté la
violence sexuelle et la dépravation des mœurs, exposant davantage
encore la population au danger du sida.
Le sida attiré l'attention des pouvoirs publics dès son
apparition, mais la lutte contre l'épidémie ne s'est organisé que
lentement. Les stratégies qui semblent les plus efficaces datent de
200-2001. Toutefois, les campagnes contre le sida se buttent à des
résistances populaires qui sont inscrites dans les comportements et
à des attitudes de rejet et d'exclusion.

4.5.La Santé dans le monde

L'Organisation mondiale de la santé (ou OMS),

Institution spécialisée de l'ONU pour la santé. Elle dépend directement du Conseil


économique et social des Nations unies et son siège se situe à Genève, en Suisse.

Selon sa constitution, l'OMS a pour objectif d'amener tous les peuples du monde au niveau de
santé le plus élevé possible, la santé étant définie dans ce même document comme un « état
de complet bien-être physique, mental et social et ne consistant pas seulement en une absence
de maladie ou d'infirmité ».Sa directrice générale actuelle est le Dr Margaret Chan.
Fondée le 7 avril 1948, l'OMS trouve ses origines dans les guerres de la fin du XIXe siècle
(Guerre américano-mexicaine, Guerre de Crimée). Après la Première Guerre mondiale, la
grippe espagnole de 1918-1919, qui fit en six mois plus de vingt millions de morts, poussa la
Société des Nations (SDN) à créer le comité d'hygiène de la SDN, qui est de
l'OMS.

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70

L'OMS est dirigée par 193 États membres, réunis à l'Assemblée mondiale de la santé. Cette
assemblée, composée des délégués représentant les États membres, a pour fonctions
principales d'approuver le budget programme de l'OMS pour l'exercice biennal suivant et de
statuer sur les grandes orientations politiques de l'Organisation. Cette assemblée vote à la
majorité des deux tiers des conventions internationales sur la santé. Les règlements sont votés
par l'Assemblée mondiale de la santé à la majorité simple et ils entreront en vigueur pour tous
les États Membres sauf si ceux-ci refusent ou émettent des réserves dans les délais prescrits
pour la notification. Le Conseil exécutif est l'organe chargé d'administrer l'OMS. Ses 34
membres sont élus intuitu personae pour trois ans par l'Assemblée et le Conseil se réunit au
moins deux fois par an. Ses principales fonctions sont d'appliquer les décisions et les
directives de l'Assemblée mondiale de la santé et de lui indiquer des orientations. Le
Secrétariat est dirigé par le directeur général, nommé par les États membres pour une période
de cinq ans, sur proposition du Conseil exécutif. Le personnel du Secrétariat de l'OMS se
compose de professionnels de la santé, d'autres spécialistes ou experts et d'un personnel
administratif travaillant au Siège à Genève, dans les six bureaux régionaux et dans les pays.
En 2005, le total de ses effectifs était de 3 996 agents dont 1 549 administrateurs. Le Budget
biennal de l'OMS était de 3,3 milliards de dollars pour les deux années 2006-2007. Les zones
régionales de l'OMS ont pour but de tenir compte des problèmes sanitaires propres
à certaines régions du monde: New Delhi (Asie du Sud-Est); Le Caire (Méditerranée
orientale), le Bureau régional a été transféré en 2000 d'Alexandrie au Caire en Égypte;
Manille (Pacifique occidental) ; Washington (Amériques - Organisation panaméricaine de la
Santé (OPS, ou PAHO: Pan American Health Organisation); Brazzaville (Afrique);
Copenhague (Europe)

Les grands domaines d'activité de l'OMS, avec quelques exemples:

 Harmonisation, codification: classification de toutes les maladies. Pour cela, l'OMS


réalise la Classification internationale des maladies (CIM ou en anglais: ICD) et
maintient à jour une liste modèle des médicaments essentiels que les systèmes de santé
de tous les pays devraient rendre disponibles à un prix abordable pour la population
générale.

 Mesures sanitaires: prendre des mesures pour arrêter une épidémie et mesures
sanitaires en cas de voyages internationaux (comme la vaccination). L'OMS la déclaré

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en 1980 que la variole avait été éradiquée, après plus de 2 décennies d'efforts dans la
lutte contre cette maladie (c'est la première maladie de l'histoire à avoir été éradiquée
par un effort humain). L'OMS est proche du succès dans le développement de vaccins
contre le paludisme et la bilharziose, et a pour but d'éradiquer la poliomyélite dans les
prochaines années.
 Assistance aux P MA (Pays les moins avancés): vaccination contre les grandes
maladies infectieuses, approvisionnement en eau potable, élimination des déchets,
protection maternelle et éradication de certaines maladies.
 Recherche:

 le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) à Lyon en France, le


Centre pour le développement de la santé (WKC) à Kobe au Japon qui a été
établi en 1995
 Un programme global de lutte contre le sida, impliqué de diverses manières (accès aux
soins, recherche, surveillance épidémiologique, ... ) : le HIV/AIDS Programme
 Garantir l'accès à des médicaments de bonne qualité, sécurité, efficacité, grâce au
programme de Préqualification de médicaments. L'OMS préqualifie les médicaments
de laboratoires demandeurs, pour que les institutions telles que l'UNICEF ou la P ARO
puissent acheter ces médicaments en toute sécurité lors d'appels d'offres
internationaux, en particularité pour des pays en développement qui ne peuvent
assurer l'évaluation de ces médicaments par leurs propres moyens.

En plus de son travail d'éradication des maladies, l'OMS effectue diverses campagnes liées à
la santé - par exemple, pour l'augmentation de la consommation de fruits et légumes dans le
monde, et pour diminuer l'usage du tabac. L'OMS conduit des recherches sur, par exemple, le
fait de savoir si les champs électromagnétiques émanant des téléphones portables ont une
influence négative sur la santé. L'OMS compte un de ses membres dans le Conseil
d'administration du Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme, ou
Fonds mondial. L'OMS est financée par des contributions des états membres et d'autres
donneurs. Ces dernières années, le travail de l'OMS a impliqué plus de collaborations; il y a
actuellement environ 80 partenariats avec des ONG et l'industrie pharmaceutique aussi bien
qu'avec des fondations telles que la "Bill and Melinda Gates Foundation" et la "Rockfeller
Foundation". Maintenant, les contributions à l'OMS provenant des gouvernements nationaux
et régionaux, des fondations et ONG, d'autres organisations de l'ONU, et du secteur privé,
Excède celui des contributions évaluées (dû) provenant des 193 états membres. 1

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Déclaration d'Alma-Ata

(Organisation Mondiale de la Santé - 12 septembre 1978).

La conférence internationale sur les soins de santé primaires, réunie à Alma-Ata ce 12


septembre 1978, soulignant la nécessité d'une action urgente de tous les gouvernements, de
tous les personnels de secteurs de santé et du développement, ainsi que de la communauté
mondiale pour protéger et promouvoir la santé de tous les peuples du monde, déclare ce qui
suit:
1. La conférence réaffirme avec force que la santé, qui est un état de complet bien-être
physique, mental et social et ne consiste pas seulement en l'absence de maladie ou
d'infirmité, est un droit fondamentale de l'être humain, et que l'accession au niveau de
santé le plus élevé possible est un objectif social extrêmement important qui intéresse
le monde entier et suppose la participation de nombreux secteurs socio-économiques
autres que celui de la santé.
2. Les inégalités flagrantes dans la situation sanitaire des peuples, aussi bien entre pays
développés et pays en développement qu'à l'intérieur même des pays, sont
politiquement, socialement et économiquement inacceptables et constituent de ce fait
un sujet de préoccupation commun à tous les pays.
3. Le développement économique et social, fondé sur un nouvel ordre économique
international, revêt une importance fondamentale si l'on veut donner à tous, le niveau
de santé le plus élevé possible et combler le fossé qui sépare sur le plan sanitaire les
pays en développement et les pays développés. La promotion et la protection de la
santé des peuples sont la condition sine qua non d'un progrès économique et social
soutenu en même temps qu'elles contribuent à une meilleure qualité de la vie et à la
paix mondiale.

4. Tout être humain a le droit et le devoir de participer individuellement et


collectivement à la planification et à la mise en œuvre des mesures de protection
sanitaire qui lui sont destinées.

5. Les gouvernements ont vis-à-vis de la santé des populations une responsabilité dont ils
ne peuvent s'acquitter qu'en assurant des prestations sociales adéquates. L'un des

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principaux objectifs sociaux des gouvernements, des organisations internationales et


de la communauté internationale tout entière au cours des prochaines décennies doit
être de donner à tous les peuples du monde, d'ici l'an 2000, un niveau de santé qui leur
permette de mener une vie socialement et économiquement productive. Les soins de
santé primaires sont le moyen qui permettra d'atteindre cet objectif dans le cadre d'un
développement conforme à la justice sociale.

6. Les soins de santé primaires sont des soins de santé essentiels fondés sur des méthodes
et une technologie pratiques, scientifiquement valables et socialement acceptables,
rendus universellement accessibles aux individus et aux familles dans la communauté
par leur pleine participation et à un coût que la communauté et le pays puissent
assumer à tous les stades de leur développement dans un esprit d'autoresponsabilité et
d'autodétermination. Ils font partie intégrante tant du système de santé national, dont
ils sont la cheville ouvrière et le foyer principal, que du développement économique et
social d'ensemble de la communauté. Ils sont le premier niveau de contacts des
individus, de la famille et de la communauté avec le système national de santé,
rapprochant le plus possible les soins de santé des lieux où les gens vivent et
travaillent, et ils constituent le premier élément d'un processus ininterrompu de
protection sanitaire.

7. Les soins de santé primaires :


1. reflètent les conditions économiques et les caractéristiques socio-culturelles et
politiques du pays et des communautés dont ils émanent et sont fondés sur
l'application des résultats pertinents de la recherche sociale et biomédicale et
de la recherche sur les services de santé, ainsi que sur l'expérience de la santé
publique;
2. visent à résoudre les principaux problèmes de santé de la communauté, en
assurant les services de promotion, de prévention, de soins et de réadaptation
nécessaires à cet effet,
3. comprennent au minimum : une éducation concernant les problèmes de santé
qui se posent ainsi que les méthodes de prévention et de lutte qui leur sont
applicables, la promotion de bonnes conditions alimentaires et nutritionnelles,
un approvisionnement suffisant en eau saine et des mesures d'assainissement
de base, la protection maternelle et infantile y compris la planification
1

familiale, la vaccination contre les grandes maladies infectieuses, la prévention

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et le contrôle des endémies locales, le traitement des maladies et lésions


courantes et la fourniture de médicaments essentiels ;
4. font intervenir, outre le secteur de la santé, tous les secteurs et domaines
connexes du développement national et communautaire, en particulier
l'agriculture, l'élevage, la production alimentaire, l'industrie, l'éducation, le
logement, les travaux publics et les communications, et requièrent l'action
coordonnée de tous ces secteurs ;
5. exigent et favorisent au maximum l'auto responsabilité de la collectivité et des
individus et leur participation à la planification, à l'organisation, au
fonctionnement et au contrôle des soins de santé primaires, en tirant le plus
large parti possible des ressources locales, nationales et autres, et favorisent à
cette fin, par une éducation appropriée, l'aptitude des collectivités à participer,
6. doivent être soutenus par des systèmes d'orientation/recours intégrés,
fonctionnels et se soutenant mutuellement, afin de parvenir à l'amélioration
progressive de services médico-sanitaires complets accessibles à tous et
accordant la priorité aux plus démunis,
7. font appel tant à l'échelon local qu'à celui des services de recours aux
personnels de santé - médecins, infirmières, sages-femmes, auxiliaires et
agents communautaires, selon le cas, ainsi que s'il y a lieu, praticiens
traditionnelles - tous préparés socialement et techniquement à travailler en
équipe et à répondre aux besoins de santé exprimés par la collectivité.
8. Tous les gouvernements se doivent d'élaborer au plan national des politiques, des
stratégies et des plans d'action visant à introduire et à maintenir les soins de santé
primaires dans un système national de santé complet et à les coordonner avec l'action
d'autres secteurs. A cette fin, il sera nécessaire que s'affirme la volonté politique de
mobiliser les ressources du pays et d'utiliser rationnellement les ressources extérieures
disponibles
9. Tous les pays se doivent de coopérer dans un esprit de solidarité et de service en vue
de faire bénéficier des soins de santé primaires l'ensemble de leur population, puisque
l'accession de la population d'un pays donné à un niveau de santé satisfaisant intéresse
directement tous les autres pays et leur profite à tous. Dans ce contexte, le rapport
conjoint FISE/OMS sur les soins de santé primaires constitue une base solide pour

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l'avenir du développement de la mise en œuvre des soins de santé primaires dans le


monde entier.

10. L'humanité tout entière pourra accéder à un niveau acceptable de santé en l'an 2000 si
l'on utilise de façon plus complète et plus efficace les ressources mondiales dont une
part considérable est actuellement dépensée en armements et en conflits armés. Une
politique authentique d'indépendance, de paix, de détente et de désarmement pourrait
et devrait permettre de dégager des ressources supplémentaires qui pourraient très
utilement être consacrées à des fins pacifiques et en particulier à l'accélération du
développement économique et social dont les soins en santé primaires, qui en sont un
élément essentiel, devraient recevoir la part qui leur revient.
La Conférence internationale sur les soins de santé primaires
demande instamment que soit lancée d'urgence, aux plans national et
international. une action efficace pour développer et mettre en œuvre les soins
de santé primaires dans le monde entier et, en particulier, dans les pays en
développement, conformément à l'esprit de la coopération technique et d'un
nouvel ordre économique international. Elle appelle les gouvernements, l'OMS
et le PISE et les autres organisations internationales ainsi que les organismes
multilatéraux et bilatéraux, les organisations non gouvernementales, les
organismes de financement, tous les personnels de santé et l'ensemble de la
communauté mondiale à appuyer aux plans national et international
l'engagement de promouvoir les soins de santé primaires et à lui fournir un
soutien technique et financier accru, en particulier dans les pays en
développement. La Conférence les exhorte tous à collaborer pour instaurer,
développer et maintenir les soins de santé primaires conformément à l'esprit et
à la lettre de la présente Déclaration.

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Dates et faits importants:


1940 : Identification du facteur Rhésus
1942: - Sulfamides contre le diabète
- Fabrication industrielle de la pénicilline
1944 : - Kolff: le rein artificiel
- Waksman: la streptomycine
1948 : Organisation mondiale de la santé
1949 : La cortisone contre les rhumatismes
1951 : Pincus : la pilule contraceptive
1952 : Les tranquillisants en psychiatrie
1953 : -Les stimulateurs cardiaques
-Salk : vaccin contre la poliomyélite
1955 : - Débuts de la chirurgie à cœur ouvert
-Campagne mondiale contre le paludisme
1962: Wilkins et Watson, prix Nobel pour la structure de l'ADN
1967: Ch Barnard: première transplantation d'un cœur chez l'homme
1971 : La scanographie, la résonance magnétique nucléaire
1977 : Disparition de la variole
1980 : Développement de l'échographie
1982: Le sida et

- le lithotritie (ce terme désigne toute technique utilisée en thérapeutique pour


désintégrer les calculs. Il faut donc différencier la lithotripsie chirurgicale ou mécanique par
intervention directe sur le calcul et la lithotripsie par utilisation d'un générateur d'ondesl de

choc situé l'extérieur du corps).


Textes proposés

Genèse de la Psychiatrie contemporaine

Quatre événements ou ensembles d'événements ont joué un rôle


déterminant dans la genèse de la psychiatrie contemporaine française: -
L'abandon de la démonologie à la Renaissance, - Les réformes de la période
1780-1802, - L'invention de la psychanalyse (1895) et - La découverte des,
premiers traitements biologiques efficaces (1917-1952) 1
1.L'abandon de la démonologie à la Renaissance

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Il s'agit là de la condition de la naissance de la psychiatrie : la maladie


mentale, surnaturelle, considérée tantôt comme manifestation divine (saints,
fous de Dieu), tantôt comme possession par le démon, devient une maladie
naturelle. Il y a passage de la notion d'Esprit du Mal à celle de Maladies de
l'esprit, selon la belle formule d'Henri Ey. Ce qui, faut-il préciser,
n'empêche pas la coexistence d'une conception médicale et d'une perception
religieuse du trouble mental depuis l'Antiquité et pendant tout le Moyen
Age, dans le monde grec et dans le monde romain, en terre chrétienne
comme dans l'Islam. De même que l'idée de sumaturalité de la folie perdure
ensuite, jusqu'à nos jours dans certaines sociétés et dans certains secteurs de
notre propre société.

2. Le tournant 1780-1802

Il s'agit, en cette fin de siècle des Lumières et autour de la Révolution,


d'une période où s'opère une réforme radicale des institutions recevant les
aliénés, où s'élabore une nosologie simple et rationnelle, et s'invente une
modalité nouvelle de soin baptisée Traitement Moral, origine des méthodes
psychothérapiques. Certaines des méthodes de traitement les plus usitées
depuis l'Antiquité (saignées et purgations) sont dès lors progressivement
abandonnées, tandis que la théorie des humeurs tombe en désuétude.

3 L'invention de la psychanalyse (1895)

Freud (1856-1939) étudie l'hypnose en particulier dans le service de


Charcot à la Salpêtrière et dans le service du docteur Bernheim à Nancy,
puis élabore une nouvelle théorie de la vie psychique. La parution des
Études sur l'hystérie en 1895, constitue l'acte de naissance de la
psychanalyse. L'introduction de la méthode en France est assez lente. Son
contemporain Pierre Janet (1859-1946) s'intéresse également à l'hypnotisme,
et développe la théorie de l'automatisme psychique, où l'inconscient se
manifeste lorsque la conscience ne le contrôle plus.

4- La découverte de traitements biologiques efficaces (1917-1952)


La période est marquée par d'immenses progrès dans le domaine de la
thérapeutique de plusieurs maladies, que nous ne faisons ici que citer et sur
lesquels nous reviendrons:
- La malariathérapie, traitement de la paralysie générale découvert en 1917
par J. Wagner von Jauregg

- Les méthodes de choc: coma insulinique en 1932 par M. Sakel, choc au


cardiazol en 1936 par L. von Meduna, électrochoc en 1938 par U. Cerletti et
L. Bini
- La psychochirurgie, en 1936, par Egas Moniz
- La psychopharmacologie, née de la découverte en 1952 du premier
neuroleptique par Jean Delay et Pierre Deniker, du traitement par le lithium
par M. Schou, puis des premiers antidépresseurs (Imipramine et Iproniazide
en 1957), des hypnotiques et tranquillisants.

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Histoire de la pédiatrie en France

Jusqu'au siècle des lumières, les spécificités et la personne de l'enfant seront


pratiquement ignorées. Même les grands philosophes se désintéressent de
l'enfant. Seul saint Augustin racontera son enfance. L'enfant n'est qu'un
adulte miniature à la survie précaire. À partir du XVIIIe siècle, l'enfant va
progressivement être perçu comme un être en croissance et maturation,
somatique et psychique, en même temps qu'un sujet d'éducation et
d'apprentissage nécessitant une intervention précoce. Toutefois, le nouveau-
né sera longtemps considéré comme un simple « tube digestif», un être
réflexe, sans aucune compétence, dénué de sentiments et de sensations; une
considération à peine nuancée quand cet être devient rampant puis
ambulant. En outre, la forte mortalité infantile est considérée comme une
fatalité habituelle, presque normale et l'infanticide des malformés, ainsi que
l'eugénisme, auront longtemps droit de citèéf. nécessaire l. En fait, peu de
médecins s'intéressent à la médecine de l'enfant avant les deux guerres
mondiales du XX· siècle, même si l'on peut cependant évoquer certains
précurseurs comme Nils Rosén von Rosenstein en Suède au XVIIIe siècle,
ainsi que beaucoup plus tard, Armand Trousseau et Antoine Marfan en
France à l'aube du XX· siècle. Les préoccupations, prise en charge et
découvertes en la matière sont, en effet, récentes et ont suivi l'émergence
lente et progressive de la pédiatrie sous l'effet de l'hécatombe des deux
grandes guerres mondiales (nécessité de remplacer les générations
sacrifiées), des révolutions pastorienne et freudienne, de l'hospitalisme et de
la naissance de l'obstétrique. Le XIX· siècle constitue toutefois l'époque
charnière en matière d'hospitalisation des enfants et de promotion d'actions
préventives et sociales.

vers 1620 : Peter Chamberlen l'aîné invente le forceps


vers 1800 : Jean-Louis Baudelocque, et d'autres comme le professeur Joseph
Récamier son véritable précurseur, participe à la création de l'obstétrique
moderne. Il fonde à Paris une maternité et une école de sages-femmes qui
portent toujours son nom. Un peu plus tard, Abraham Jacobi' ouvre la
première clinique pour enfants aux USA
1872 : création du mot pédiatrie
1874: loi du 23 décembre 1874, dite loi Roussel (surveillance des enfants
placés en nourrice, organisation de circonscriptions responsables de la santé
des enfants qui y vivent et établissement de statistiques sur cette population
à risque).
1875 : Madeleine Brès peut être considérée comme la première pédiatre
française
1877 : repos de la femme enceinte
1878 : l'enseignement de la pédiatrie est officialisé en France
1891 : ponction lombaire
1892 : première consultation pour nourrissons en France, sous la
responsabilité de Pierre Budin
1894 : l'hôpital-dispensaire de Belleville fondé par Gaston Variot devient la
"Goutte de lait" (bienfaits d'une alimentation infantile strictement
contrôlée).
1895 : radiographie

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1896: la mairie de Paris met en place une Commission d'étude de


l'alimentation par le lait. Gaston Variot, Paul Strauss et Pierre Budin
fondent la Ligue contre la mortalité infantile ».
1901 : découverte des groupes sanguins
1906 : la cuti-réaction (test Pirquet) découverte par le pédiatre autrichien
Clémens Von Pirquet
1907 : apparition du mot pédiatre (Larousse)
1911 : création de l'Institut de puériculture à Paris qui comprend non
seulement une formation destinée aux médecins "puériculteurs" (qualificatif
de l'époque) mais aussi une « école des mères » et des cycles de conférence
destinés au grand public
1917/1920 : création de l'École de puériculture de la Faculté de Médecine
de Paris, ainsi que le diplôme de visiteuse d'hygiène maternelle et infantile,
future infirmière puéricultrice dont le diplôme d'État sera créé en 1947
1935 : loi du 1935, dite loi Strauss pour la protection des enfants de moins
de trois ans. Elle met en place également le carnet de croissance dont tout
enfant doit être pourvu dès la naissance.
1945 : ordonnance du 2 novembre (protection des enfants de moins de 6 ans,
généralisation du carnet de santé délivré à la naissance, obligation de créer
ou développer les consultations prénatales ou de nourrissons pour tous les
départements). Le professeur Robert Debré créé le premier service de
pédiatrie, avec du personnel infirmier et des soins spécifiques, distinct de la
prise en charge des adultes. C'est le début de la pédiatrie moderne et de la
PMI.
1948 : définition officielle de la prématurité par l'Office mondiale de la
Santé (enfant né vivant avec une période de gestation de moins de 37
semaines). Précédée des travaux de Pierre Budin, elle sera, en pratique,
affinée et précisée par la suite des découvertes scientifiques.
1950 : naissance de la pédiatrie néonatale, première sous-spécialité de la pédiatrie
1951 : une loi précise le rôle du médecin consultant et les éléments de
l'examen de l'enfant à effectuer, le rôle de la puéricultrice et étend les
services de PMI à l'ensemble de la population. Le décret du 19 juillet 1962
viendra compléter et réformer ces dispositions
1960/1970 : Françoise Dolto apporte la dimension psychanalytique à la
pédiatrie. C'est aussi à cette époque que s'affirment ou naissent de
nombreuses sous-spécialités de la pédiatrie
1970 : surveillance des nouveau-nés en maternité avec une consultation
médicale obligatoire dans la première semaine (loi du 15 juillet 1970, suivie
par l'arrêté du 27 août 1971)
1975 : l'échographie fœtale permet enfin d'observer le fœtus vivant dans sa
bulle amniotique. Actuellement, les différentes techniques de l'imagerie
médicale complètent ces observations et, avec les avancées de la génétique,
permettent des diagnostics de plus en plus précis et précoces.

Il existe une Société internationale de l'histoire de la médecine (SIHM) dont


l'un de ses présidents, le pédiatre canadien De la Broquerie Fortier (1976-
1980) s'est fortement investi dans l'histoire de la pédiatrie.

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Aristote avait effectué ses dissections animales sur la grenouille, ce qui a fait qu’il a mis en
évidence l’existence de trois chambres au niveau du cœur de cet animal dont les noms sont :
un ventricule et deux oreillettes (une oreillette gauche et une oreillette droite). C’est cela
même qui fait la différence entre le cœur de la grenouille et le cœur d’un être humain car
chez l’homme, comme chez tout mammifère, le cœur possède deux ventricules (un
ventricule droit et un ventricule gauche) et deux oreillettes (une oreillette droite et une
oreillette gauche).

Les études de Galien sur l’anatomie sur les animaux et ses observations sur les fonctions du
corps humain dominèrent la théorie et la pratique médicales pendant plusieurs siècles. Sa
découverte de communication interventriculaire (communication entre les deux ventricules du
cœur) et de l’utérus bifide (synonyme d’utérus double) à partir des dissections animales, sur
les singes, des hominidés qui présentent des similitudes avec l’homme.

L’Ipéca est une plante médicinale appartenant à la famille de rubiaceae. Il existe


deux espèces : Caripichea ipécacuanha et Caripichea accuminata. Ces deux
espèces contiennent trois alcaloïdes : Emétine, la céphéide et la psychotrine. En
Thérapeutique, ipéca est utilisé pour provoquer des vomissements. Ce produit
utilisé en homéopathie pour 3 systèmes de l’organisme.
En Gastro-entérologie, l’ipéca est utilisé pour combattre les diarrhées chroniques
ou récidivantes en cas de rectocolite hémorragique qui est une inflammation
chronique du colon généralement accompagné de diarrhée hémorragique. En de
diarrhée, du choléra. Dans les temps fut utilisé en cas d’empoisonnement.
En Pneumologie, l’ipéca est indiqué en cas de bronchite aiguë accompagnée de
quintes de toux et de nausées, en cas de bronchiolite chez les nourrissons pour
favoriser une meilleure expectoration, en cas de coqueluche.
En Gynéco-Obstétrique, pour soulager des symptômes associés à des
ménométrorragies.

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Histoire de l’Obstétrique

L’accouchement et ses suites, objet de l’Obstétrique, sont décrits dans leur dimension
médicale par le papyrus de Carlsberg qui date, pour sa partie la plus ancienne du
IIème millénaire avant J.C. C’est à partir du XVIè siècle que l’obstétrique cessa d’être
un domaine entièrement réservé aux femmes et dont les hommes ne s’occupaient que
dans des ouvrages théoriques, comme le fit Hippocrate.
Epoque médiévale. La fameuse éncyclopédie allemande Meyers Konversationlexikon
(1889) pouvait apporter au Moyen-Âge aux femmes qui accouchaient : « Dans
l’Occident chrétien, l’obstétrique se trouvait exclusivement entre les mains de femmes
qui ne savaient rien ou au plus d’hommes qui ne s’intéressaient guère à leur travail.
Dans les cas difficiles, on se contentait le plus souvent d’appeler le prêtre et l’aide
qu’il pouvait apporter relevait plutôt de la superstition. (…) Dans les faits, les
accoucheuses (ou matrones ou basle) étaient simplement des femmes qui avaient
survécu à de nombreux accouchements, et qui tiraient leur science de l’expérience
transmise oralement. Souvent, elles n’avaient pas de connaissance d’anatomie.
Temps modernes : C’est seulement au XVIème siècle que l’Obstétrique a commencé
à faire l’objet d’une science. En 1513 ou 1519 a été publié par Eucharius Rosslin
(latinisé en Rhodion), médecin allemand, un manuel destiné aux sages-femmes sous le
titre Der swangern Frawen und Hebammen Rosengarten (Le Jardin de roses des
femmes enceintes et des sages-femmes). On y indique comme la meilleure position la
naissance par la tête – ce qui n’est pas une grande trouvaille – la seconde serait la
présentation par le siège. La première traduction française fut publiée à Paris en 1536,
et eut un grand succès. Les accoucheurs étaient encore une rareté à l’époque et Louis
XIV a agi de façon inhabituelle en appelant pour l’accouchement de sa maîtresse,
madame de Lavallière, Julien Clément, un chirurgien d’Arles qui par la suite fut
nommé officiellement accoucheur de la cour. Jeune médecin à l’Hôtel-Dieu François
Mauriceau (1637-1709) publie un traité sur les Maladies des femmes grosses et
accouchées (1668) dont l’influence majeure à travers toute l’Europe contribuera à
faire de l’obstétrique une spécialité à part entière. Le premier lieu de formation des
sages-femmes est l’Hôtel-Dieu de Paris. Dans la deuxième moitié du XVIIIè siècle,
Angélique du Coudray (1712-1792) va instaurer un enseignement itinérant de
techniques d’accouchement. En Allemagne, l’obstétrique resta au contraire le domaine
de sages-femmes qui n’avaient pas reçu aucun enseignement pratique. Les
connaissances se transmettaient oralement, si l’on excepte quelques ouvrages
spécialisés. A en croire le Meyer Konversationslexikon, le premier ouvrage
scientifique à ce sujet serait Neues Hebammenlicht (La nouvelle lumière des sages-
femmes) (1701) du Hollandais Van Deventer ; on y lit : « Il cherchait à réduire
l’utilisation meurtrière des instruments qui servaient à mettre l’enfant en morceaux ».
Au XVIIIè siècle était inventé le forceps par Peter Chamberlen dont il garde
jalousement le secret au sein de sa famille, ce qui vaudra aux Chamberlen l’opprobre
de François Mauriceau qui s’offusque de voir ainsi les médecins cette technique. Par
la suite, le forceps gagnera en popularité mais son utilisation restera réservée aux seuls
médecins de même que les autres instruments obstétricaux. Au milieu du XVIIIè
siècle, on réussit en Angleterre à provoquer artificiellement les naissances afin
d’éviter les césariennes. Certes, la césarienne était une méthode connue dès
l’Antiquité, mais jusqu’à l’époque moderne on ne pouvait y avoir recours que si la
mère était déjà morte afin d’essayer de sauver l’enfant. En cas de complication
pendant la naissance, il ne restait à la sage-femme ou au médecin qu’à essayer de
tourner l’enfant avec la main dans le ventre maternel afin qu’il se présentât par la tête
ou par les pieds. C’est aussi au XVIIIè siècle qu’apparurent les premiers centres
d’accouchement ainsi que des écoles pour sages-femmes et accoucheurs. La première
institution de ce genre fut créée à Strasbourg en 1728, puis à Londres en 1739. En
Allemagne, c’est en 1751, qu’apparurent les premières maternités à l’hôpital berlinois
de la Charité. Cette année encore vit l’ouverture d’une maternité à Göttingen. En
1778l, une école de sage-femmes est créée à Yverdon. En 1779, Elisabeth Bourgeois,
l’épouse d’un chirurgien de Hôtel-Dieu reçoit pour la première fois le titre de sage-
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femme à l’Hôtel-Dieu de Montmorency (Val-d’Oise).


XIXè siècle. Au début du XIXè siècle éclata une discussion pour savoir si la naissance
par forceps présentait des avantages par rapport à la naissance naturelle. A cette
période on attachait si peu d’importance à l’hygiène que la fièvre puerpérale tuait plus
de mères dans les maternités qu’à la maison. C’est à Ignace Semmelweis que revient
le mérite d’avoir compris les causes des épidémies de fièvres puerpérales dans les
maternités de Vienne. Après lui (et avant Pasteur), l’usage du phénol a permis une
baisse considérable des décès maternels. C’est aussi au XIXè siècle que fut introduite
l’anesthésie dans les salles d’accouchement. La parturiente fut d’abord anesthésiée au
Chloroforme, mais cela compliquait et rendait parfois impossible l’accouchement.
Pour faciliter ce dernier, il fallait souvent recourir au forceps. C’est seulement à la
découverte de l’asepsie à la suite des travaux de Louis Pasteur qui permit de pratiquer
avec sécurité des césariennes, autrefois toujours mortelles. Seul le bon chirurgien
pouvait s’en charger.
XXè siècle : La médicalisation. Au début du XXè siècle, la plupart des naissances
avaient encore lieu à la maison, en présence seulement d’une sage-femme et il était
très difficile de faire quelque chose pour l’enfant en cas de complications (45% des
accouchements se font à domicile en France en 1950). L’encyclopédie Meyers
Konversationslexicon écrivait : « Le pire c’est la présentation par le visage si le
médecin accouheur ne peut pas par retournement la transformer en présentation par le
crâne ou par le siège. Mais, si la tête de l’enfant au contraire est déjà coincé dans le
bassin, il ne reste plus qu’à la briser par perforation ou cranioclasie et d’achever au
forceps avec les tenailles. Légalement, l’exécution du retournement n’est permis qu’à
la sage-femme que si elle sait que le médecin n’arrivera pas à temps. Le forceps ou la
cranioclasie n’appartient qu’au médecin. Progressivement, les sage-femmes furent
éclipsées par les médecins du domaine de l’obstétrique. Par la suite, l’idée s’est de
nouveau imposée qu’une naissance naturelle et sans complication ne reclame pas
d’intervention médicale. Ainsi, depuis les dernières décennies, l’Obstétrique n’est plus
considérée comme le secteur de la chirurgie, et on a vu apparaître le slogan
de : « Naissance sans violence » ou « accouchement naturel ».

DECOUVERTE DU NOUEAU LIGAMENT DU GENOU

Nom : Ligament Antéro-latéral du genou

Découvreurs : Steven Claes et Johann Belleman

Université : Université de Médecine de Louvain

Année de découverte : 2013

Principaux ligaments du genou : deux ligaments latéraux et deux ligaments croisés.

Il est à noter que ce ligament était déjà évoqué par un médecin français en 1879g

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