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Journal de Traumatologie du Sport (2017) 34, 227—239

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FORMATION MÉDICALE CONTINUE

Ostéochondrite disséquante de la patella


Osteochondritis dissecans of the patella

L. Vilcoq ∗, S. Besch

Hôpitaux de Saint-Maurice, 14, rue du Val-d’Osne, 94110 Saint-Maurice, France

Résumé L’ostéochondrite disséquante (OCD) est définie comme étant une altération localisée
de la trophicité du tissu osseux épiphysaire et du cartilage en regard, pouvant amener à la libé-
ration d’un défect ostéo-cartilagineux au sein de l’articulation. Elle touche préférentiellement
les adolescents masculins sportifs. L’atteinte des condyles fémoraux est la plus fréquente ; la
localisation patellaire est rare. Son développement précis est encore inconnu aujourd’hui, bien
que des microtraumatismes répétés associés à des lésions vasculaires soient fortement suspec-
tés dans sa genèse. L’OCD de la patella peut intéresser aussi bien les enfants que les adultes.
La forme juvénile évolue le plus souvent spontanément de manière favorable, contrairement à
la forme adulte. La maladie évolue progressivement. Les signes cliniques sont aspécifiques. Ils
varient suivant le stade évolutif. Initialement on retrouve des gonalgies d’horaire mécanique,
majorées à l’effort, associées à des épisodes de gonflement articulaire. À un stade plus avancé,
la libération du défect ostéo-cartilagineux entraîne des épisodes de blocage du genou associés à
des gonalgies et à des épanchements à répétition. L’examen complémentaire de 1ère intention
est la radiographie de genou. Cet examen facilement réalisable permet de visualiser la lésion
ainsi que d’éliminer les nombreux diagnostics différentiels. On distingue trois stades radiolo-
giques selon l’aspect lésionnel : le stade I correspond à une lacune ostéochondrale, le stade II
à un nodule ostéochondral et le stade III à un nodule partiellement ou complètement détaché.
L’IRM sera demandée en cas de stades II et III. Une prise en charge conservatrice est proposée
en cas de stade I ou certains stades II du sujet jeune. L’arrêt des sollicitations excessives du
genou est nécessaire pour une durée d’au moins trois mois. Un traitement chirurgical se discute
pour les formes adultes ainsi que pour certains stades II et les stades III juvéniles.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : louis.vilcoq@gmail.com (L. Vilcoq).

http://dx.doi.org/10.1016/j.jts.2017.09.004
0762-915X/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
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Rappels sur l’ostéochondrite La distinction est importante car ces deux formes pré-
sentent des caractéristiques distinctes, notamment sur le
Historique potentiel de cicatrisation spontanée.
L’OCD juvénile est deux fois plus fréquente chez le garçon
L’OCD a été décrite pour la 1re fois au XVIe siècle par que chez la fille [15]. L’âge moyen de survenue varie entre
Ambroise Paré [1], après l’ablation d’un corps étranger 11,3 et 13,4 ans [16]. Elle se rencontre davantage chez
au niveau du genou [2,3]. Broca, au XIXe siècle, émet l’enfant sportif [5]. Une atteinte bilatérale est présente
l’hypothèse que la présence d’un corps étranger dans une chez 30 à 40 % des sujets [17]. L’évolution spontanée est
articulation serait secondaire à une nécrose de ce dernier. de bien meilleur pronostic que chez l’adulte.
König introduit le terme d’ostéochondrite disséquante en Chez ce dernier, l’OCD est habituellement le résultat
1887 [3]. Pour lui, l’OCD est associée à un processus inflam- d’une guérison incomplète d’une forme juvénile passée
matoire [3]. Cette hypothèse est aujourd’hui écartée. inaperçue. L’âge d’apparition des symptômes varie de 17 à
La première localisation patellaire a été décrite par Rom- 36 ans, mais des révélations plus tardives sont possibles [18].
bold en 1936 [4]. Depuis, moins de 200 cas ont été rapportés
dans la littérature. Étiopathogénie
L’OCD est définie comme une altération localisée de la tro-
Épidémiologie phicité du tissu osseux épiphysaire et du cartilage articulaire
en regard pouvant aller, en l’absence de cicatrisation, vers
L’OCD n’est pas une pathologie rarissime (5 à 21 pour 100
la nécrose et la libération d’un fragment ostéochondral [19].
000 personnes) [5]. Elle est responsable de 0,01 % à 4 % des
De nombreuses hypothèses ont été évoquées sans
gonalgies [6—10]. Elle survient entre 10 et 20 ans dans 70 %
qu’aucune n’ait pu être unanimement validée. Le seul fac-
des cas [11].
teur de risque prouvé est une activité physique soutenue
Les genoux constituent la localisation la plus fréquente
dans le cadre de l’OCD juvénile [20].
(75 %) [3].
L’atteinte des condyles fémoraux est largement majo-
ritaire ; la localisation patellaire est beaucoup plus rare. Traumatique
D’autres sites peuvent être touchés, isolément ou simul- Des traumatismes répétés pourraient jouer un rôle dans
tanément : le talus, le capitellum, la tête fémorale, le le développement de l’OCD juvénile [3]. Pour Fairbanks,
poignet. la rotation interne du plateau tibial externe est source
La prévalence de l’atteinte patellaire varie entre 0,09 et de microtraumatismes répétés au niveau du condyle fémo-
0,15 % selon les études [7,12,13]. Sur les 30 000 genoux opé- ral interne, responsables du développement d’OCD juvénile
rés par Schwartz, une OCD de la patella a été constatée dans locale [21], mais cette théorie n’explique pas les autres
31 cas (soit 0,15 %) [12]. Choi, sur 20 000 IRM de genoux localisations.
douloureux effectuées, n’a retrouvé que 18 cas d’OCD de la Mizuta [22] rapporte une série de six patients âgés de
patella (soit 0,09 %) [13]. six à 12 ans, opérés d’une méniscectomie totale latérale
Une atteinte de la ligne médiane est retrouvée dans 74 % dans le cadre d’un ménisque discoïde. L’évaluation pré- et
des cas ; l’atteinte supérieure est présente dans 15 % ; le peropératoire ne retrouvait aucun signe d’OCD. À 50 mois
reste des localisations est minoritaire [12] (Fig. 1). de l’intervention, tous les enfants (tous sportifs depuis au
L’OCD touche deux populations distinctes qui se diffé- moins deux ans) ont développé une OCD du condyle fémoral
rencient par le statut du cartilage de croissance : juvénile externe.
(présent) ou adulte (cicatrisé). Cahill rapporte 204 patients atteints d’OCD secondaire
à une fracture de fatigue, sans autre traumatisme retrouvé
[23].
Pour Flynn, les microtraumatismes [24] provoquent un
stress sur le cartilage et une fracture de contrainte au niveau
de l’os sous-chondral. Si les charges mécaniques perdurent,
la consolidation devient impossible, une nécrose locale se
produit, puis une fragmentation de la zone et une séparation
de son socle.

Vasculaire
La fragilité de la vascularisation terminale de la zone épiphy-
saire a été incriminée par Enneking [25]. L’os sous-chondral
est vascularisé par une arcade artérielle terminale (tout
comme le système gastro-intestinal), avec des anastomoses
de mauvaise qualité aux artérioles environnantes.
L’artère épiphysaire et ses nombreuses branches forment
des arcades qui vascularisent la zone sous-chondrale. Chez
un enfant ayant une croissance rapide, des épisodes macro
Figure 1. Distribution des atteintes patellaires sur une vue pos- ou microtraumatiques répétés perturbent l’apport san-
térieure de patella gauche [12]. guin sous-chondral, à l’origine d’une possible ischémie
Ostéochondrite disséquante de la patella 229

osseuse [15,22]. La croissance des bourgeons vasculaires et Des protocoles de recherches complémentaires sont en
mésenchymateux provoquent ensuite la résorption de l’os cours pour étayer cette hypothèse.
nécrotique, et un tissu de granulation se forme à l’interface Gornitsky a effectué une étude rétrospective [6] de plus
de l’os viable et nécrotique. En cas de traumatismes répé- de 500 patients atteint d’OCD à la recherche d’autres cas
tés, une fracture du cartilage articulaire sus-jacent se familiaux. Dans cette série, 14 % des patients avaient un
produit, libérant potentiellement un fragment ostéochon- antécédent familial d’OCD. Malheureusement, cette étude
dral dans l’articulation. présente plus de 400 perdus de vue, empêchant de conclure
à tout lien de causalité.
Inflammatoire
Koenig avait émis l’hypothèse qu’une inflammation de
Messages clés
l’os sous-chondral et du cartilage était responsable d’une
• L’ostéochondrite n’est pas une pathologie rare. C’est
nécrose spontanée [26]. Il avait donc choisi le terme adéquat
la localisation patellaire qui n’est pas fréquente.
d’OCD. Des études histologiques ultérieures ont démontré
• Il faut distinguer les formes juvénile et adulte ; elles
l’absence de cellules inflammatoires au sein de la zone
se différencient en fonction de la fermeture ou non
atteinte. L’hypothèse de Koenig a donc été écartée, mais
du cartilage de croissance.
le terme est resté.
• L’étiologie est encore inconnue, bien que des
troubles de la vascularisation en lien avec des
Analyse histologique microtraumatismes répétés soient fortement
Une analyse histologique précise permettrait de mieux suspectés.
comprendre les modifications cellulaires entraînant
l’apparition de l’OCD, et donc d’orienter les recherches de
manière plus précise pour appréhender sa physiopathologie
exacte.
Shea a effectué une revue de la littérature sur l’approche
histologique des OCD de la trochlée et des condyles fémo-
Rappels sur la patella
raux. [26]. Seuls 11 travaux publiés s’y sont intéressés. Shea
Développement de la patella
a soulevé trois questions :
• l’ostéonécrose est-elle présente systématiquement?
La patella est l’os sésamoïde le plus volumineux de
Sept études retrouvent de l’ostéonécrose sous- l’organisme. Sa constitution est entièrement cartilagineuse
chondrale ; deux n’en retrouvent pas. les trois premières années de la vie (et donc radiotranspa-
• le cartilage est-il sain ? rente).
Son ossification évolue en 4 étapes (Fig. 2) :
Cinq études retrouvent du cartilage sain et dégénéra- Floculaire (4-6 ans) ; semi-lunaire (7 ans) ; parallélo-
tif en regard de la zone pathologique, deux du cartilage gramme (10 ans) ; puis croissance en épaisseur (12 ans)
dégénératif et quatre du cartilage sain. [39].
• y a-t-il une étiologie proposée dans ces études ? À l’âge adulte, la patella est plate en proximale, tri-
angulaire en distale, avec une surface antérieure convexe.
Cinq travaux proposent un mécanisme traumatique, La surface articulaire postérieure est angulée, formant une
notamment Uozomi après avoir retrouvé une fissure sous- facette articulaire médiale et une facette latérale plus
chondrale sur l’ensemble des biopsies pratiquées [27]. Il large. Les facettes s’articulent respectivement avec les sur-
attribue cette fissure à un stress sous-chondral dû a des faces trochléaires médiale et latérale.
microtraumatismes répétés. On retrouve de nombreuses modifications de l’anatomie
Pour autant, aucune étude n’arrive par l’histologie à de cet os, responsables d’un panel important de pathologies.
expliciter clairement la physiopathologie de l’OCD. Plusieurs classifications sont retrouvées dans la littérature.

Génétique
Variations inter-individuelles et leurs
La plupart des cas sont sporadiques, mais des formes fami-
liales soulèvent la question d’un gène prédisposant au classifications
développement de l’OCD. Pour autant, ces formes familiales
sont rares ; elles associent une petite taille constitution- SAUPE : centres d’ossifications secondaires
nelle, des OCD multiples et des ostéoarthrites précoces À l’adolescence, 23 % de la population générale présentent
[9,27—31]. des centres d’ossification secondaires de la patella [32].
Dans une famille Suédoise, composée de 53 individus, Normalement, ils fusionnent avec le centre d’ossification
15 sujets atteints de ce syndrome ont été recensés. Stat- primaire avant la fin de la croissance.
tin et son équipe ont effectué une analyse du génome de La non-fusion aboutit à la formation d’une patella bipar-
cette fratrie. Une mutation du gène ACAN sur le chromo- tita. Gruber décrit le premier cas en 1883 [34].
some 15 a été retrouvée. Ce gène est responsable d’une La patella bipartita concerne 2 % de la population géné-
modification des aggrecans, molécule largement distribuée rale, avec une prédominance masculine [44]. Elle peut être
au sein du cartilage [31]. Sa transmission se fait sur un mode bilatérale dans 40 % des cas. Si le fragment est double on
autosomique dominant. parle alors de patella tripartita.
230 L. Vilcoq, S. Besch

Figure 2. Développement de la patella. Radiographies du Dr. Vial publiées avec son aimable accord [33].

Le Type I retrouve une facette médiale concave en arrière


(10 %).
Le Type II une facette médiale concave en arrière et
courte (60 %).
Le Type III une facette médiale convexe en arrière et
courte (25 %).
Ces morphologies prédisposent à une instabilité patel-
laire et peuvent engendrer un syndrome fémoro-patellaire
douloureux, une instabilité patellaire potentielle ou objec-
tivée [32].

MALDAGUE et MALGHEM : bascule et


Figure 3. Classification de Saupe (schéma d’une patella droite translation latérale
vue de face). Cette classification [32] étudie la bascule patellaire par des
clichés de profil faits à 30◦ de flexion du genou (Fig. 5).
Le profil normal retrouve une facette latérale (FL) en avant
Cette variation anatomique est le plus souvent asympto- de la crête patellaire (CP). Ces deux dernières sont superpo-
matique (64 %) mais elle peut être responsable de douleurs sées lors d’une bascule modérée. Lorsque la facette latérale
fémoro-patellaires (36 %) [35]. passe en arrière de la crête, la bascule est dite marquée
Saupe, en 1921, en a proposé une classification [33] [32].
(Fig. 3) : Ces anomalies prédisposent également à des épisodes
Type I supérolatéral : 75 % des variations. d’instabilité ou de luxation.
Type II latéral : 20 % des variations.
Type III inférieur : 5 % des variations.
WINTER-BARAISTER Dysmorphology Database
(WBDD) : agénesie et hypoplasies
WIBERG : dysplasie patellaire Il existe plus de 35 entités dysmorphiques répertoriées [32].
La classification de Wiberg [32] (Fig. 4) présente des aspects La plus fréquente est le « Nail Patella Sd ». Cette mala-
dysplasiques de patella à l’âge adulte. die autosomique dominante, d’une fréquence de 1/50000,
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Figure 4. Classification de Wiberg.

ischémiques potentiellement responsables de nécrose sous-


chondrale.

Messages clés
• La patella est cartilagineuse à la naissance. Son
ossification débute à l’âge de 4 ans pour se terminer
à l’adolescence lors de la fermeture du cartilage de
croissance.
Figure 5. Classification de Maldague et Malghem. Nor- • Les variations anatomiques sont multiples et
mal/modéré/marqué. fréquentes, tant lors de la croissance (centres
d’ossifications secondaires) qu’à l’âge adulte
(dysplasie patellaire). Ces variations peuvent être à
comprend une dysplasie unguéale, des patellas de petites
l’origine de syndrome fémoro-patellaire.
tailles ou absentes ainsi qu’une dysplasie des coudes et des
• La patella est vascularisée par un double réseau
ailes iliaques associées [32].
artériel en arcade. Cette vascularisation est
terminale avec peu d’anastomoses.
Vascularisation
Le réseau vasculaire artériel s’effectue grâce à une anasto-
mose de cinq artères géniculées (suprême, supéro-médiale,
supéro-latérale, inféro-latérale et inféro-médiale) et de Ostéochondrite de la patella
l’artère récurrente tibiale antérieure (Fig. 6). Elles forment
un réseau péri-patellaire en forme d’anneau [36]. Diagnostic clinique
Seule l’artère géniculée supérieure a une origine variable
selon les individus (artère fémorale superficielle 76 %, artère Le manque de spécificité des symptômes et des signes cli-
poplitée 34 %) [36,37]. L’artère géniculée suprême trouve niques rend problématique la démarche diagnostique. Or, un
son origine au niveau de l’artère fémorale superficielle alors dépistage précoce réduit la morbidité de l’OCD.
que l’artère poplitée donne naissance aux artères géniculées L’interrogatoire minutieux est une étape fondamen-
supéro-latérale, inféro-latérale et inféro-médiale. L’artère tale du diagnostic ; ce dernier précède toujours l’examen
récurrente tibiale antérieure naît de l’artère tibiale anté- physique. Il retrouve l’apparition de gonalgies d’horaire
rieure [36]. mécanique, survenant lors de la pratique sportive. Les dou-
Les portions supérieures (artère géniculée médio- et leurs sont uni-, voire bilatérales, s’il existe une atteinte
latéro-supérieures) et inférieures (artère géniculée médio- simultanée des deux patellas. Ces douleurs sont chroniques
et latéro-inférieures) s’anastomosent sur les bords médial et évoluent sur plusieurs mois.
et latéral de la patella à l’intérieur du rétinaculum [37]. Ce Dans certains cas, les douleurs peuvent survenir brutale-
réseau péri-patellaire en forme d’anneau pénètre la capsule ment, avec ou sans antécédents, après un traumatisme aigu.
puis la synoviale avant d’aller vasculariser les bords médiaux Celui-ci révèle les douleurs en lien avec l’OCD et suit une
et latéraux de la patella. évolution chronique. En cas d’atteinte sévère avec libéra-
Les branches obliques supérieure et inférieure de ce tion d’un fragment ostéochondral au sein de l’articulation,
réseau deviennent superficielles et traversent la fine couche une sensation de corps étranger dans le genou peut être
de tissu pré-patellaire avant de pénétrer la partie antéro- retrouvée.
médiane de la patella donnant le réseau prépatellaire [37]. L’examen physique programmé du genou permet de
La vascularisation intra-osseuse de la patella est donc rechercher un faisceau d’arguments en faveur d’une OCD
divisée en deux systèmes principaux, le système radial de la patella, ainsi que d’écarter les autres diagnostics dif-
(anastomoses médiale, latérale et inférieure péri- férentiels.
patellaire) et le système dorsal (réseau prépatellaire) Les symptômes rencontrés dépendent du stade et de la
[37]. gravité de l’atteinte.
Des analyses en IRM ont montré que les artères du Une lésion précoce est associée à une symptomatologie
pôle inferieur péri-patellaire (système radial) étaient domi- pauvre et inconstante. Douleur et gonflement articulaires
nantes chez 100 % des sujets [37], 80 % sur le bord sont intermittents et accentués par l’effort ou l’activité
inféro-médial contre 20 % en inféro-latéral. physique. Les différents tests fonctionnels tels que la
Une meilleure connaissance de la vascularisation de marche sur les talons, sur les pointes, l’appui et/ou le
la patella permet de mieux comprendre les mécanismes squat unipodal peuvent être sensibles, voire douloureux.
232 L. Vilcoq, S. Besch

Figure 6. Vascularisation de la Patella [41], publiée avec l’aimable accord de l’éditeur Elsevier.

Les manœuvres recherchant une chondropathie fémoro-


patellaire peuvent également être algiques. Les amplitudes
articulaires fémoro-patellaire et fémoro-tibiale sont conser-
vées. Seule, la flexion du genou peut être limitée en cas
d’épanchement important.
Une atteinte plus sévère retrouve des signes physiques
plus prononcés. Le gonflement articulaire est plus important
et perdure plus longtemps que dans les formes précoces.
Les gonalgies sont plus intenses et limitent l’activité spor-
tive ainsi que celles de la vie quotidienne. Les tests en
charge sont douloureux. La présence d’un fragment libre
dans l’articulation apporte un signe capital : le blocage de
l’extension du genou [20,38]. Ce dernier doit systématique-
ment faire rechercher une OCD.
L’atrophie du quadriceps est un bon signe pour rensei-
gner sur la durée d’évolution de la maladie [22]. Plus la
souffrance de l’articulation fémoro-patellaire est ancienne,
plus cette amyotrophie est importante.
L’âge du patient étant déterminant dans le choix théra-
peutique, il est important d’évoquer le diagnostic devant
toute gonalgie s’accentuant à l’effort chez l’adolescent ou
le jeune adulte, ainsi que devant un blocage du genou uni-
Figure 7. Classification de Bedouelle pour l’OCD fémorale.
ou bilatéral.

Messages clés Elles permettent de caractériser la lésion, localisation et


• L’OCD de la patella doit être éliminée devant étendue, et de déterminer la nécessité ou non d’étoffer le
toute gonalgie, s’accentuant ou non à l’effort chez bilan par d’autres examens.
l’adolescent ou le jeune adulte. Contrairement à l’OCD des condyles fémoraux (classifi-
• Un blocage du genou à l’extension chez le sujet jeune cation de Cahill et Berg qui sépare la partie inférieure du
est très évocateur du diagnostic. fémur en cinq parties), aucune classification n’existe pour
localiser les lésions patellaires [39].
Pour caractériser le stade évolutif, la classification radio-
logique de Bedouelle est la plus utilisée (Fig. 7). Elle
comporte quatre stades [40,41] :
Imagerie • Le stade 1 correspond à une image lacunaire claire, bien
délimitée (1a), comportant parfois des petites calcifica-
Radiographie standard tions à l’intérieur (1b).
Les radiographies du genou sont indispensables en cas de • Le stade 2 correspond à la présence d’un nodule plus
suspicion d’OCD patellaire. Elles comprennent des inci- ou moins condensé avec un liseré périphérique (2a) ; si
dences de face, de profil et un défilé fémoro-patellaire. le nodule apparaît en retrait de la patella cela évoque
Ostéochondrite disséquante de la patella 233

régulière. Le rythme de surveillance s’adaptera ensuite à


l’évolution ;
• une OCD juvénile de stade 1 d’évolution défavorable, un
stade 2 ou 3 ou une OCD de l’adulte nécessitent une ima-
gerie complémentaire afin d’adapter la prise en charge
thérapeutique. Le traitement sera fonction de l’atteinte
du cartilage, de la vitalité du fragment et de sa stabilité.

Examen de seconde intention


L’IRM
Il s’agit de l’examen de référence en seconde intention dans
le cadre de l’OCD juvénile stade 2 et 3 ainsi que dans la
forme adulte [14].
Vipaola a proposé une classification IRM des lésions [42]
Figure 8. Radiographie du genou gauche face et profil, chez un (Fig. 9).
enfant de 10 ans, OCD patellaire stade 3. • Stade 1 : épaississement du cartilage articulaire ; diminu-
tion du signal osseux en T2 ;
• Stade 2 : brèche dans la surface articulaire ; diminution
une fissuration de la patella (2b). Il est parfois extrême- du signal osseux en T2 avec une zone de tissus fibreux
ment difficile de différencier les stades 2a et 2b sur des entourant l’OCD ;
radiographies simples. • Stade 3 : séparation du cartilage ; augmentation du signal
• Le stade 3 correspond à une image en grelot signant en T2 en arrière du fragment témoignant de la présence
l’ouverture du cartilage. de liquide synovial ;
• Le stade 4 est représenté par un fragment libre détaché • Stade 4 : corps étranger libre.
dans l’articulation avec une niche vide.
Les séquences standard explorent l’articulation en géné-
Des études épidémiologiques [14] corrélées à cette clas- ral, mais le radiologue dispose de nombreuses séquences
sification historique de l’OCD ont permis de montrer que spécifiques au cartilage car étant riche en protons, une ana-
80 % des atteintes juvéniles se répartissent entre le stade Ia lyse fine de ce dernier à l’IRM est possible [14].
et IIb de Bedouelle, alors que chez l’adulte, 66 % des cas se Les paramètres impliqués dans le pronostic et le choix
trouvent à des stades plus évolués, entre IIb et IV[14]. thérapeutique sont étudiés : aspect du cartilage, état de
Devant la grande difficulté à différencier les stades radio- l’interface os épiphysaire-fragment, vitalité du fragment,
logiques, la SOFCOT, sous l’égide de Lefort et Moyen, a cartilage épiphysaire de croissance résiduel et plaque de
proposé une nouvelle classification radiologique se basant croissance [14,43—47].
sur les anomalies de la trame osseuse, sans se prononcer sur La séquence écho de gradient T2 avec saturation de la
la vitalité du cartilage [3]. Cette classification a l’avantage graisse permet d’analyser tous ces paramètres. L’étude de
d’être plus simple d’utilisation car celle de Bedouelle pose la vitalité du fragment nécessite le recours à une séquence
parfois quelques problèmes, notamment pour faire la dis- T1 avec injection de gadolinium pour mettre en évidence la
tinction entre les stades 1a-1b et 2a-2b, même pour des perfusion ou non de celui-ci [14] :
observateurs avertis [14]. • cartilage en surface : son atteinte constitue un élé-
Cette nouvelle classification est spécifique à l’OCD des ment défavorable, son analyse est donc indispensable. En
condyles fémoraux mais pourrait être extrapolable à l’OCD regard d’une OCD sous-chondrale, le cartilage peut être
de la patella : épaissi, sombre et hétérogène. C’est le premier signe de
• Le stade 1 est défini par la présence d’une lacune simple, souffrance cartilagineuse correspondant à l’œdème chon-
calcifiée ou non. Il correspond aux stades 1a et 1b de dral ;
Bedouelle. • interface os épiphysaire-fragment : une modification de
• Le stade 2 retrouve un nodule dense en place dans sa niche l’interface os épiphysaire-fragment fait craindre une
ostéochondrale. Il correspond aux stades 2a, 2b et 3 de organisation de la lésion [14,44]. Aussi, l’absence de
Bedouelle. À ce stade, le cartilage articulaire peut être modification de signal au niveau du fond de la niche
atteint. Il conviendra de le confirmer par une imagerie constitue un élément favorable en faveur d’une réinté-
complémentaire. gration du fragment. En revanche, s’il existe un liseré
• Le stade 3 retrouve un nodule partiellement détaché ou d’hypersignal correspondant à un tissu de granulation,
totalement intra-articulaire. La niche est vide (Fig. 8). associé ou non à des microkystes, le pronostic évolutif
est plus sombre [14,43—45] ;
À partir de ces trois stades, la prescription d’une nouvelle • la vitalité du fragment est un élément capital. On étudie
imagerie ainsi que la prise en charge thérapeutique qui en le signal du fragment par rapport à l’os épiphysaire sain :
découle sont différentes [14] : s’il est identique ou supérieur, le fragment est perfusé
• une OCD juvénile de stade 1 est considérée comme donc viable. Si, au contraire, le signal diminue ou devient
d’évolution favorable. Elle ne requiert pas d’autre ima- noir, le fragment évolue vers la nécrose ;
gerie complémentaire en première intention. Des clichés • le cartilage épiphysaire résiduel et la plaque de crois-
radiologiques de contrôle seront demandés à distance sance : la situation est différente en fonction de la
(3 à 6 mois) conjointement avec une surveillance clinique population analysée, juvénile ou adulte. La présence d’un
234 L. Vilcoq, S. Besch

Figure 9. IRM du genou gauche chez un enfant de 10 ans, OCD patellaire stade 3.

thérapeutique. Il n’est donc pas recommandé d’effectuer


un arthro-TDM en seconde intention dans le cadre de l’OCD
de la patella [14].

Messages clés
• La radiographie standard est l’examen de première
intention. Elle permet de poser le diagnostic. En
fonction du stade lésionnel, se discute l’indication
d’un second examen.
• L’IRM est l’examen de référence de seconde
intention. Elle permet, entre autres, d’analyser
la vitalité du fragment. Les séquences pondérées
T2 associées à une séquence avec injection de
Figure 10. Arthro-IRM montrant la diffusion dans les couches
superficielle du cartilage patellaire [48].
gadolinium sont suffisantes dans la majorité des cas.
• L’arthro-IRM permet une analyse plus fine de la
surface articulaire, mais cet examen est plus invasif.

cartilage de croissance ouvert est un facteur favorable


seulement si on est à plus d’un an de sa fermeture [46]. La
présence ou non d’un cartilage épiphysaire résiduel four-
nit des informations sur la plaque de croissance (fermée Diagnostics différentiels à l’imagerie
ou ouverte) ; s’il reste du cartilage épiphysaire, la ferme-
ture de la plaque n’est pas immédiate. L’écho de gradient Défect dorsal de la patella (DDP)
T2 avec saturation de la graisse visualise de façon directe D’étiologie également incertaine, il s’agit d’une lésion
la plaque de croissance et la séparation entre cartilage bénigne ayant une prévalence entre 0,3 et 1 %. Elle peut
épiphysaire et cartilage, sous la forme d’un fin liseré gris être bilatérale dans 1/3 des cas [49] (Fig. 11—13).
entre les deux couches de cartilage. La séquence T1 avec Elle se présente à l’imagerie sous forme d’une lacune
injection de gadolinium et saturation de la graisse met en sous-chondrale supéro-latérale cerclée d’un liseré de sclé-
évidence la zone hypervasculaire située immédiatement rose (1 à 2 cm). Le cartilage articulaire est normal en regard.
au contact des cartilages de croissance. Le diagnostic différentiel se fait à l’IRM : les séquences
L’arthro-IRM T2 et STIR retrouvent un hypersignal sous-chondral avec res-
pect du cartilage [50].
L’injection intra-articulaire de gadolinium est intéressante
L’absence de fragment osseux au sein de l’articulation
lorsque l’on souhaite visualiser plus finement la surface car-
est un bon argument pour évoquer un DDP.
tilagineuse (Fig. 10). Cette situation se rencontre dans le
Le plus souvent asymptomatique, cette lésion peut don-
cadre d’une OCD chez l’adulte.
ner lieu à des douleurs fémoro-patellaires. La prise en
L’arthroscanner charge est initialement médicale avec une réduction de
Il permet d’étudier le cartilage de manière indirecte en l’activité physique. En cas d’échec, un geste chirurgical peut
visualisant son épaisseur et sa régularité. Si le cartilage être proposée. Différentes techniques sont retrouvées dans
est atteint, cet examen identifie un fragment partiellement la littérature (curetage, greffe osseuse ou libération rétina-
détaché ou complètement libre dans l’articulation, et visua- culaire [50—53].
lise le fond de la niche avec une image dite « en clapet ». La chirurgie est également recommandée si l’imagerie
Cependant, cet examen ne renseigne pas sur la vitalité du est incapable d’éliminer formellement une pathologie tumo-
fragment et est donc insuffisant pour orienter la décision rale.
Ostéochondrite disséquante de la patella 235

Figure 13. IRM du genou gauche chez une fille de 17 ans avec un
DDP.
(Rx et IRM appartenant au Dr. Vial avec son aimable accord).

Figure 11. Radiographie de face d’une DDP gauche chez une fille
de 17 ans.

Figure 14. Radiographie genou de face d’un chondroblastome


patellaire, publiée avec l’aimable accord du Dr. Vial [57].

Figure 12. Radiographie de 3/4 d’une DDP gauche chez une fille
de 17 ans. retrouvent un signal hyperintense caractéristique de la
lésion avec une large plage hyperintense œdémateuse
Chondroblastome péri-lésionnelle.
La prise en charge est chirurgicale, dans un pre-
Les tumeurs de la patella sont très rares et bénignes dans la mier temps pour confirmer le diagnostic sur une biopsie,
majorité des cas (90 %) (Fig. 14). puis secondairement pour l’exérèse de la tumeur. Un
Le chondroblastome est la seconde tumeur la plus fré- bilan radiologique de surveillance doit être effectué en
quente au niveau de la patella (16 %), derrière les tumeurs postopératoire.
à grandes cellules [54—56] ; il s’agit d’une tumeur maligne ;
2 % des chondroblastomes se localisent au niveau de la
patella. Ils surviennent entre 10 et 25 ans. La clinique est Fracture traumatique ostéochondrale
non spécifique et est dominée par des gonalgies chroniques. Il s’agit de l’atteinte la plus fréquente de l’appareil exten-
Les lésions croissent lentement avec le temps sans seur. Un macrotraumatisme par choc direct est le plus
aucune régression. souvent retrouvé.
La radiographie retrouve une géode aux contours géo-
graphiques avec un liseré de condensation, inconstamment
des calcifications de la matrice cartilagineuse, une rup- L’ostéome ostéoïde
ture de la corticale et une extension possible aux parties De révélation tardive à l’imagerie standard, on l’évoquera
molles. de principe devant une symptomatologie à prédominance
L’IRM en séquence T1 retrouve un hyposignal ou nocturne initialement. L’IRM et le scanner sont souvent
intermédiaire de la lésion. Les séquences T2 et STIR indispensables pour les visualiser.
236 L. Vilcoq, S. Besch

Chez l’adulte, ce protocole doit être proposé en première


Messages clés intention mais l’évolution vers une cicatrisation spontanée
• Les diagnostics différentiels de l’OCD de la patella après la fermeture de l’épiphyse est beaucoup plus rare
sont discutés sur l’imagerie. (radiographie et IRM). [3,5].
• Tout doute diagnostique avec le chondroblastome
doit amener à une prise en charge chirurgicale pour Traitement chirurgical
confirmer, ou infirmer, cette tumeur maligne. Les objectifs de la chirurgie sont de retrouver une surface
articulaire stable en comblant les congruences, en fixant les
fragments instables et en réparant les défects ostéochon-
draux.
Traitement Chez l’enfant n’ayant pas terminé sa croissance, les
techniques doivent s’adapter pour ne pas perturber le déve-
Modalités loppement osseux.
Traitement non chirurgical La chirurgie doit être proposée aux patients n’ayant pas
Pour Cahill, en 1995, 50 % des OCD cicatrisent de manière répondu au traitement conservateur ou à ceux présentant
spontanée dans un délai de 10 à 18 mois [23]. Il propo- d’emblée une lésion instable ou détachée.
sait donc simplement l’arrêt de la sollicitation excessive du Plusieurs techniques sont recensées.
genou. Les modalités n’étaient pas standardisées (type et
durée d’immobilisations, avec ou sans appui autorisé). Cette Perforations antérograde ou transchondrales
option thérapeutique est recommandée en 1ère intention Il s’agit de la technique chirurgicale la plus réalisée. Le
dans le cas de l’OCD juvénile de stade 1 (lacune radiologique principe est de favoriser la revascularisation de l’os sous-
avec surface articulaire intacte) [3]. chondral, siège de la lésion, permettant ainsi l’initiation
Auparavant, les auteurs considérant l’OCD comme une des phénomènes de résorption-formation conduisant à la
fracture ostéochondrale, une immobilisation stricte asso- consolidation du fragment. Des perforations multiples (5 à
ciée à une décharge complète étaient préconisées. 10) de 1,2 à 1,5 mm de diamètre sont réalisées à travers
Aujourd’hui, les auteurs recommandent au contraire la le cartilage articulaire, en regard de la lésion, vers l’os
poursuite de mouvements continus, nécessaires pour la sous-chondral [3]. Les perforations doivent saigner en fin
santé du cartilage [5,39]. La suppression de l’appui ralen- d’intervention. Kramer, dans sa série portant sur 29 genoux
tirait la réparation du cartilage par manque de stimulation opérés (12 atteintes patellaires), retrouvait une disparition
des chondrocytes. De plus, Hughston a démontré les effets complète de la douleur ou une légère douleur persistance
négatifs d’une immobilisation prolongée (atrophie quadri- dans 96 % des cas. Le sport a été repris dans 85 % des cas
cipitale, rigidité, limitation des amplitudes articulaires, [58].
dégradation cartilagineuse) [39].
Greffes autologues ostéochondrales en mosaïque
La prise en charge non chirurgicale a été standardisée
par Kocher [38]. Elle se déroule en trois phases : Les greffes ostéochondrales en mosaïque s’adresse aux
• immobilisation avec appui partiel autorisé sous couvert OCD avec un fragment partiellement détaché, voire libéré.
de béquilles pendant 4 à 6 semaines. Le plâtre doit être Les défects ostéo-cartilagineux sont comblés grâce à des
discuté si on est confronté à un enfant hyperactif ou bien autogreffes prises en zone saine (trochlée ou échancrure
si la pathologie est hyperalgique ; inter-condylienne), juxtaposées les unes à côté des autres.
• l’immobilisation est levée et l’appui total est autorisé Cette technique s’est montrée efficace pour l’OCD des
après disparition complète des douleurs. Une rééduca- condyles fémoraux et patellaires [60—62].
tion est alors prescrite avec mobilisation active du genou Hangody a traité plus de 800 OCD de cette manière
et renforcement moteur des fléchisseurs et extenseurs avec des résultats intéressants, notamment chez des spor-
du genou, tout en respectant la règle de la non-douleur. tifs dont 64 % ont retrouvé leur niveau antérieur sans douleur
La pratique sportive est toujours contre-indiquée durant [60—62].
cette phase. Cette étape dure six semaines ; Visona [59] a opéré six patients atteints d’OCD de la
• la dernière phase est débutée si cliniquement il n’existe patella avec cette technique. Il a permis une nette amélio-
aucune douleur et que le bilan radiographique retrouve ration du score IKCD (37,2 vs 66,28) sur un recul de 26 mois.
des arguments en faveur d’une cicatrisation de la lésion La reconstruction de la congruence articulaire était satisfai-
initiale. Elle ne s’effectue qu’après trois mois minimum sante chez 5 des 6 patients.
de repos sportif strict. On introduit la reprise progres- Chadli a également opéré sept patients atteints d’OCD
sive de la course, des sauts ainsi que des tests d’aptitude de la patella de stades III et IV (classification radiologique
sportive spécifiques à chaque activité. L’absence de dou- de Bedouelle) via cette technique. Le score IKCD est passé
leur est naturellement nécessaire à la reprise complète de 49,9 à 86,5 en postopératoire [63].
du sport. Fixation des lésions instables par dispositif bio-
La récidive des symptômes n’impose pas impérativement absorbable
une prise en charge chirurgicale ; le traitement non invasif Mateva et Borwn sont à l’origine de cette technique au
peut être reconduit. La résolution complète des symptômes niveau patellaire. Il s’agit d’effectuer une arthroscopie afin
est longue et demande de la patience. Une frustration liée d’évaluer pleinement la stabilité du fragment libre. Si ce
au manque d’activité sportive s’installe régulièrement, et il dernier est supérieur à 1 cm et instable, l’épinglage est indi-
est absolument indispensable de l’identifier et de commu- qué. À noter que les corps étrangers complètement détachés
niquer sur les risques d’une reprise sportive trop précoce. de la patella sont réséqués [64,65].
Ostéochondrite disséquante de la patella 237

OCD Juvénile
Rx Systématique

STADE 1 STADE 2 STADE 3


Lacune ostéo-chondrale Nodule ostéo-chondrale Nodule partiellement
détaché ou intra-
articulaire

Traitement conservateur IRM


6 mois IRM
Réévaluation tous les 3
mois

Evolution Evolution Fragment Fragment Fragment Chirurgie


favorable défavorable stable bonne vitalité Instable
Cicatrisation IRM Perte de Stable Perte de
obtenue réévaluation vitalité Vitalité
Suivi Clinique du stade Clapet
et Rx régulier Cartilagineux

Traitement
conservateur
6 mois
Rx IRM à 6
mois Chirurgie

Figure 15. Algorithme décisionnel devant une OCD patellaire juvénile.

Thérapie cellulaire • Les atteintes de stade 1 dans l’OCD juvénile


La thérapie à base de cellules englobe l’implantation sont majoritairement d’évolution favorable. Un
de chondrocytes autologues (ICA) et de cellules souches traitement conservateur est préconisé avec une
mésenchymateuses dérivées de moelle osseuse (ICSM) pour surveillance radiographique et clinique régu-
combler le défect cartilagineux [66]. lière tous les 3 mois. Deux évolutions sont alors
Des chondrocytes autologues cultivés ex vivo et soumis au possibles :
procédé de dédifférenciation puis de redifférenciation sur ◦ La 1re , favorable. Une prise en charge non chirurgi-
une période de trois à quatre semaines sont injectés dans le cale avec le schéma thérapeutique de Kocher, décrit
défect. Ils permettent d’obtenir une réparation du cartilage précédemment, devra être proposé,
hyaline-like après leur auto-transplantation. Le périoste, ◦ La 2nde , défavorable. Le genou reste symptomatique,
en plus de son rôle de couvercle, permet la nutrition des les radiographies sont stables ou d’évolution nodulaire.
chondrocytes transplantés par le liquide synovial. Il pour- Dans ce cas, il faut réaliser une IRM afin de réévaluer
rait aussi jouer un rôle de stimulateur de leur division et le stade lésionnel,
de leur croissance clonale, en libérant certains facteurs de • Dans les atteintes de stade 2 juvénile ou les stades
croissance. 1 d’évolution défavorable, une IRM doit être demandée
Bryon [67] a évalué 23 patients atteints d’OCD de la pour analyser l’état du cartilage. Trois situations se pré-
patella ayant eu une ICA ou une ICSM. L’ensemble des sentent alors :
scores d’évaluation clinique utilisés (IKCD, Tegner-Lysholm, ◦ Si le cartilage est viable, l’intégration avec cicatri-
Lysholm-Gillquist) a retrouvé une amélioration de la fonc- sation est certainement possible [3]. Un traitement
tion du genou (l’IKDC est passé en moyenne de 45 à 75, le conservateur doit être proposé,
Lysholm-Gillquist de 50 à 70) à 2 ans d’évolution. ◦ Si le nodule est nécrosé (microkyste dans la niche,
signal sous chélate de gadolinium différent de
Indications thérapeutiques l’épiphyse) le potentiel de cicatrisation spontanée est
La prise en charge thérapeutique se base sur le stade de la faible. Une prise en charge chirurgicale doit être pro-
lésion et le caractère juvénile ou adulte du patient (Fig. 15) : posée,
238 L. Vilcoq, S. Besch

◦ S’il existe un fragment instable avec un clapet cartila- [11] Aichroth P. Osteochondritis dissecans of the knee. A clinical
gineux, une prise en charge chirurgicale avec fixation survey. J Bone Joint Surg Br 1971;53:440—7.
par dispositif bio-absorbable est préconisée, [12] Schwarz C, Blazina ME, Sisto DJ, Hirsh LC. The results of opera-
• Dans le cadre des stades 3, une IRM doit là aussi être faite. tive treatment of osteochondritis dissecans of the patella. Am
Une prise en charge chirurgicale doit être proposée. J Sports Med 1988;16:522—9.
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précoce, douleurs chroniques) elle doit être évoquée de the knee in children. Curr Opin Pediatr 2003;15:38—44.
principe devant toute gonalgie ou blocage chez l’enfant et [16] Kutscha-Lissberg F, Singer P, Vécsei V, Marlovits S. [Osteochon-
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chirurgicale sera proposée. [19] Federico DJ, Lynch JK, Jokl P. Osteochondritis dissecans of the
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