Vous êtes sur la page 1sur 12

171

Kystes osseux : kyste osseux


essentiel et kyste osseux
anévrysmal
Bonecysts: simple bone cyst and aneurismal
bone cyst
E. Mascard

E. MASCARD

Résumé Abstract
Le kyste osseux essentiel (KOE) et le kyste osseux anévrysmal (KOA) Simple bone cyst or unicameral bone cyst (UBC) and aneurysmal
sont des lésions osseuses lytiques, bénignes, rencontrées le plus bone cyst (ABC) are lytic benign bone lesions, usually encoun­
souvent chez l'enfant et l'adolescent. Le KOE est une lésion, kys- tered in children and adolescent. UBC is a cystic lesion liquid
tique, à contenu liquidien pouvant être unicamérale ou partielle- filled, unicameral or partially separated. UBC can involve all
ment cloisonnée. Le KOA peut toucher tous les os de l'organisme, skeleton but usually the long bone metaphysis and primarily
mais le plus souvent la métaphyse des os longs. Ses localisations proximal humerus and femur. The classic ABC is an expansive
préférentielles sont l'humérus proximal puis le fémur proximal. and haemorrhagic tumour with a caracteristic translocation.
Le KOA est une lésion expansive et hémorragique qui dans sa Secondary ABC represents 30% of ABC and have no transloca­
forme habituelle présente une translocation caractéristique. Les tion. It is developed in reaction to another lesion, usually benign.
KOA secondaires représentent 30 % des cas, correspondent à ABC aremetaphyseal, excentrated, bulging, containing liquid,
une lésion réactionnelle qui se développe sur une autre lésion and may develop in all bones of the skeleton. In MRI, the liquid
osseuse généralement bénigne. Le KOA est une lésion métaphy- level image is usual. It is mandatory to distinguish ABC from
saire excentrée, soufflante à contenu liquidien souvent multilo- UBC, because their evolution and treatment are different. UBC
culée qui peut toucher tous les os de l'organisme. En IRM l'aspect spontaneously disappear between adolescence and adulthood.
de niveaux liquides est évocateur. Le diagnostic différentiel entre The main concern in UBC is the risk of pathologic fracture. UBC
KOE et KOA est important car leur pronostic et leur traitement could be cured by cortico-steroid injections. When there is a risk
sont différents. L'évolution du KOE se fait spontanément vers la of fracture, especially in the femoral neck, surgery with curet­
guérison entre l'adolescence et l'âge adulte. Le principal risque tage, filling with bone substitute or graft and osteosynthe­
du KOE est celui de fracture. Son traitement peut se résumer à sis are recommended. ABC are more aggressive lesions with a
l'injection intrakystique de corticoïdes dans les formes non mena- risk of bone destruction. The diagnosis must be assessed by a
çantes. En cas de risque de fracture notamment au col fémoral, biopsy because a telangiectasic sarcoma can mimic an ABC.
le traitement peut nécessiter un curetage et un comblement avec Sclerotherapy with alcohol is an effective treatment. In spinal
une greffe ou un substitut osseux associé à une ostéosynthèse. Le ABC and in aggressive lesions with a risk of fracture, surgical
KOA est une lésion potentiellement plus agressive qui présente treatment should be preferred, after a pre operative emboliza­
un risque de destruction osseuse. Le diagnostic doit toujours être tion. The risk for malignant transformation is very low, excepted
confirmé par biopsie après IRM en repérant les zones charnues in case of radiotherapy.
car un ostéosarcome télangiectasique peut prendre l'aspect d'un
KOA. Le traitement peut se faire par sclérothérapie intrakystique Key words: Simple bone cyst. - Unicameral bone cyst. - Aneurysmal
à l'alcool. En cas de risque fracturaire, ou sur une localisation ver- bone cyst. - Bone tumor. - Curettage. - Biopsy.
tébrale, un traitement chirurgical éventuellement précédé d'une
embolisation peut être nécessaire. Le risque de transformation
maligne des kystes osseux est anecdotique.

Mots clés : Kyste essentiel des os. - Kyste anévrysmal. - Tumeur


osseuse. - Curetage. - Biopsie.

Conférences d'enseignement 2014


© 2014, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
172 E. MASCARD

Introduction l'avant-bras [2, 7]. Le KOE peut se compliquer d'un


kyste anévrysmal secondaire. Il y a quelques cas rap-
Le kyste osseux essentiel et le kyste osseux anévrysmal portés de patients ayant eu deux KOE simultanés.
sont des lésions bénignes rencontrées le plus souvent
chez l'enfant et l'adolescent. Le diagnostic différen-
tiel de ces deux lésions est important car elles peuvent
Étiologie et pathogénie
mimer dans certains cas une tumeur maligne et que Le KOE semble plus une lésion dysplasique ou réac-
leur traitement est différent. Nous ne parlerons pas tionnelle qu'une réelle tumeur. Il apparaîtrait en rai-
des kystes sous-chondraux rencontrés dans l'arthrose son d'un trouble de la circulation veineuse dans le
ni des lésions kystiques des maxillaires ou des kystes tissu spongieux. La résorption osseuse serait due à
anévrysmaux des parties molles. l'obturation du réseau veineux entraînant une aug-
mentation de pression et à un taux élevé de protéines
Kyste osseux essentiel de l'inflammation dans le liquide intrakystique [2–4].
D'exceptionnelles anomalies cytogénétiques ont été
ou kyste solitaire des os décrites mais restent isolées [1].
Le kyste osseux essentiel (KOE) est une lésion lytique,
bénigne, kystique, à contenu liquidien pouvant être Symptomatologie clinique
unicamérale ou partiellement cloisonnée.
Les KOE n'ont souvent aucun retentissement clinique.
Les lésions du col fémoral sont parfois découvertes de
Épidémiologie façon fortuite, par exemple sur une radiographie de
Les kystes essentiels sont des lésions très fréquentes. Il rachis, et les lésions du calcanéum lors d'une radio-
existe une prédominance masculine de 2 ou 3 pour un. graphie faite en urgence pour traumatisme de la
Environ 85 % des patients sont dans leur deuxième cheville.
décennie [1–4]. Les kystes essentiels sont habituelle- La fracture est le mode de révélation le plus habituel
ment uniques. des KOE : fracture spontanée de l'humérus supérieur,
et post-traumatique au col fémoral. Parfois, il s'agit
d'une fissuration du kyste qui entraîne des douleurs ou
Localisations une boiterie [3, 4].
Les KOE touchent préférentiellement les os longs,
et en premier lieu l'humérus proximal puis le fémur
proximal, ces deux localisations représentant plus
Examens complémentaires
de 80 % des cas [1–4]. D'autres localisations sont En radiographie standard, le KOE est développé essen-
plus rares (tibia proximal ou diaphysaire, humérus tiellement dans la métaphyse des os longs (90–95 %),
diaphysaire ou distal, fémur diaphysaire ou distal, juxtaphysaire, radiotransparent, modérément expan-
fibula, avant-bras), voire exceptionnelles : métacar- sif, bien limité, centré, de forme allongée dans l'axe
piens, phalanges, os du carpe, os du pied, scapula, longitudinal de l'os, le plus souvent uniloculé, avec
mandibule. Les lésions de l'os iliaque, des côtes et des marges finement ostéocerclées et un amincisse-

© 2014, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés


du radius touchent surtout le grand adolescent ou ment cortical en regard (figure 14.1). Dans quelques
l'adulte [1, 2, 5]. rares cas, il est diaphysaire, large, multiloculé et légè-
Les KOE du calcanéum sont parfois révélés par des rement expansif [4]. En cas de facture, on peut voir
douleurs, une fissuration ou une véritable fracture. un petit fragment osseux déclive qui a migré grâce
Ces lésions ne doivent pas être confondues avec les au contenu liquidien du kyste (figure 14.2) [3]. Ce
pseudo-kystes du calcanéum qui sont une image trian- signe du « fallen fragment » est considéré par certains
gulaire liée à la raréfaction des travées osseuses du comme pathognomonique [2]. De même, la visualisa-
spongieux. L'imagerie permet de les différencier : le tion d'une bulle de gaz migrée vers le haut, ou signe du
scanner en montrant la paroi du kyste condensée et « rising bubble », serait également en faveur d'un KOE
l'IRM en montrant le contenu liquidien de la lésion [8]. L'aspect du KOE est souvent caractéristique et ne
[3, 6]. nécessite pas d'exploration complémentaire.
Les images résiduelles de kyste chez l'adulte, diaphy- Le scanner montre une lésion à parois fines, souvent
saires, sont liées à la migration du kyste avec la crois- pseudo-septée (figure 14.3) et peut montrer une fis-
sance [2, 3]. Des kystes essentiels post-traumatiques suration du kyste. Son principal intérêt est d'évaluer
peuvent apparaître après fracture des deux os de l'épaisseur des parois du kyste et le risque fracturaire
Kystes osseux : kyste osseux essentiel et kyste osseux anévrysmal 173

A B C
Figure 14.1. A. Aspect radiographique de KOE du col fémoral. B et C. IRM coupe coronale : aspect intermédiaire ou en hyposignal
T1 et en hypersignal intense T2, homogène, témoignant du contenu exclusivement liquidien de la lésion.

Figure 14.3. KOE de l'os iliaque révélé par des douleurs sacro-
iliaques chez une fille de 16 ans. Aspect TDM.

La scintigraphie osseuse [4] et la tomographie par


émission de positrons sont inutiles : il peut exister une
© 2014, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

normo- ou une hypofixation en cas de kyste non com-


Figure 14.2. Fracture d'un KOE de l'os iliaque chez une fille de pliqué et une hyperfixation en cas de fracture.
16 ans. Multiples fragments de corticale dans le kyste. La kystographie fait déjà partie du traitement
(figure 14.4B). L'injection de produit de contraste peut
potentiel. Il peut être utilisé pour évaluer l'extension montrer des parois intrakystiques, un éventuel contin-
de la lésion dans une région complexe, comme le gent tissulaire et l'importance du drainage veineux [2, 9].
rachis ou le bassin [2].
L'imagerie par résonance magnétique (IRM) Diagnostic différentiel
confirme la nature kystique de la lésion en montrant
un signal liquidien (figure 14.1B, C). Un niveau liquide Le principal diagnostic différentiel est le kyste osseux
est rarement retrouvé. Après injection de gadolinium, anévrysmal [4, 10]. D'autres lésions comme la dys-
la périphérie du kyste et les septums éventuels peuvent plasie fibreuse, le fibrome non ossifiant, le granulome
se rehausser. Un KOE fracturé peut être le siège de éosinophile, l'enchondrome ou le fibrome chondro-
niveaux liquides et présenter des rehaussements myxoïde peuvent dans certaines formes faire discuter
pseudo-nodulaires [2]. un KOE [2, 4].
174 E. MASCARD

A B C
Figure 14.4. A. KOE du tibia chez un enfant de 3 ans. B. Kystographie montrant une opacification complète. C. Aspect radiogra-
phique 3 ans après traitement par une injection d'acétate de méthylprednisolone (Prednisone®).

Anatomie pathologique
Le KOE est classé dans le chapitre des tumeurs bénignes
de nature néoplasique indéterminée. Macroscopique-
ment, la cavité du KOE peut être remplie d'un liquide
clair, jaunâtre, ou hémorragique en cas de fracture.
Histologiquement, cette cavité est tapissée par une
fine membrane fibreuse, pouvant contenir une subs-
tance osseuse immature, calcifiée, floconneuse, cémen-
tiforme. En cas de fracture, la présentation se modifie
et mime celle d'un KOA. La membrane fibreuse s'épais-
sit, devient cellulaire, avec une réaction fibroblastique,
des cellules géantes de type ostéoclastique, des élé-
ments cellulaires inflammatoires, est le siège de dépôts
d'hémosidérine et de cholestérol [1].

Histoire naturelle
© 2014, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Le KOE se développe dans la métaphyse des os longs,
puis avec la croissance (figure 14.5), migre dans la
diaphyse et finit habituellement par se combler et
s'ossifier [4]. Il est exceptionnel de retrouver des KOE
chez l'adulte, ce qui plaide pour une guérison spon- Figure 14.5. Radiographie d'un KOE de l'humérus avec migra-
tanée. Le KOE n'a pas de tendance particulière à se tion diaphysaire. Brochage pour fracture pathologique chez un
transformer en lésion maligne [2, 3]. garçon de 14 ans.
Des troubles de croissance peuvent survenir quand
le kyste traverse la plaque de croissance et s'étend La principale complication est la fracture qui peut
vers l'épiphyse. Ces inégalités de longueur ou dévia- faire évoluer le kyste vers la guérison, dans 15 % des
tions axiales peuvent survenir spontanément ou être cas. Des éléments cliniques comme les douleurs, le
la complication des traitements [3]. L'atteinte épiphy- jeune âge, les localisations humérales supérieures, et
saire est mieux analysée sur l'IRM que les radiogra- des éléments radiologiques comme la progression de
phies [2]. la cavité avec le temps, sa distance d'avec la physe,
Kystes osseux : kyste osseux essentiel et kyste osseux anévrysmal 175

le caractère multiloculaire des lésions, ou la récidive Canavese et al. ont montré que le curetage endolé-
rapide après un premier traitement, sont des témoins sionnel percutané, sans aucun comblement ni injec-
de l'activité du kyste et du risque de fracture [2–4, tion, donnait de meilleurs résultats que les injections
11, 12]. Cette agressivité est difficile à évaluer à un isolées [17]. Il faut cureter systématiquement les
moment donné. Il a été montré que les critères comme parois, les perforer pour faire communiquer le kyste
l'épaisseur de corticale restante, le diamètre du kyste avec la cavité médullaire, le produit de curetage étant
rapporté au diamètre de l'os, l'index kystique (qui est aspiré pour examen anatomopathologique. Ce cure-
calculé en divisant la surface du kyste par le carré du tage peut, dans certaines localisations, se faire sous
diamètre de la diaphyse) étaient peu spécifiques, peu contrôle endoscopique.
reproductibles et que la radiographie ne donnait pas L'association du curetage, de la décompression,
une évaluation tridimensionnelle fiable contrairement du comblement par substitut osseux, à l'injection de
au scanner [2, 13]. moelle osseuse ou de poudre d'os déminéralisée per-
mettrait d'obtenir une nette amélioration des taux de
Traitement guérison en une seule procédure [2, 5]. Il ne paraît pas
possible de conseiller l'un ou l'autre des moyens de
La principale indication de traitement des KOE est le comblement. La cautérisation électrique ou chimique
risque de fracture [3, 4, 10]. Aucun traitement ne per- des parois du kyste ne semble pas utile. La greffe
met à coup sûr d'obtenir la guérison, hormis la résec- iliaque autologue ne paraît pas supérieure aux autres
tion large qui n'est bien entendu pas indiquée. Toutes les méthodes. L'association à ces techniques d'un drai-
autres méthodes ont un taux d'échec d'au moins 10 à nage par vis perforée ou broche est un élément d'ap-
plus de 30 %. Il paraît donc logique de proposer d'abord point [18, 19]. L'embrochage a par ailleurs un effet
les techniques les moins agressives, éventuellement asso- de protection mécanique [2, 18]. L'utilisation de Bone
ciées à une ostéosynthèse préventive. La gravité des Morphogenic Protein (BMP) doit être évitée car elle
complications potentielles après fracture du col fémo- n'apporte pas de bénéfice et peut entraîner des compli-
ral, nécrose, coxa vara résiduelle et le risque de nouvelle cations : réaction inflammatoire et doute sur un pos-
fracture, incitent à proposer un traitement chirurgical sible rôle carcinogène [20].
lors de la découverte d'une lésion du col fémoral et ce Dans les lésions du col fémoral, l'ostéosynthèse doit
d'autant plus s'il y a déjà eu une fracture [2–4, 11, 12]. être adaptée à l'âge du patient, préservant la physe et
Scaglietti a proposé de traiter les KOE par injection permettant la poursuite de la croissance chez l'enfant
d'acétate de méthylprednisolone [4, 14]. Le kyste est [4, 13].
ponctionné avec deux aiguilles, le liquide est aspiré, En pratique, deux cas différents se présentent : soit la
puis la cavité est opacifiée avec un produit de contraste fracture est l'événement qui amène au diagnostic, soit
radiologique permettant en théorie si le liquide est clair le kyste a été découvert fortuitement. Dans les deux
(possible dans certains KOA) et l'opacification com- cas, il faut éliminer un KOA ou une tumeur maligne.
plète, sans septumde faire la distinction avec un KOA En cas de fracture, un traitement orthopédique per-
(figure 14.4B). Le drainage veineux visible lors de la met la consolidation de la fracture et parfois l'ossifi-
kystographie serait pronostique, les kystes sans retour cation du kyste. Ensuite, le kyste lui-même sera traité
veineux consolidant mieux après injection [9]. Wright après consolidation de la fracture s'il n'a pas eu ten-
a montré dans une étude randomisée que l'injection de dance spontanément à se combler. Pour les lésions
© 2014, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

corticoïdes donnait de meilleurs résultats que l'injec- du col fémoral, qui présentent en cas de fracture un
tion de moelle osseuse [15]. Des publications récentes risque de complication important, et pour les fractures
remettent cette vieille technique à l'honneur du fait de itératives des autres os, notamment l'humérus, une
sa simplicité, son faible coût et d'un taux de succès intervention comprenant curetage, décompression par
acceptable. En de réponse incomplète à une première pénétration médullaire, comblement avec un substitut
injection, il est habituel de répéter le traitement encore osseux et ostéosynthèse paraît donner les meilleures
une à deux fois [2, 3, 12, 15, 16]. chances de succès.
Les publications sur les injections intrakystiques iso- En cas de KOE non fracturé, peu menaçant d'un
lées de poudre d'os déminéralisée, de moelle osseuse, point de vue mécanique, principalement au membre
de substituts sont contradictoires [2, 17]. Ces produits supérieur, le traitement peut reposer sur la ponction et
sont plutôt à retenir comme adjuvants au curetage. l'injection de corticoïdes, voire la simple surveillance
On a proposé de traiter les KOE par décompression clinique et radiologique jusqu'à la fin de la croissance
ou drainage en perforant leur parois ou en les faisant en fonction des demandes du patient et du contexte
communiquer avec la cavité médullaire [2, 18, 19]. familial.
176 E. MASCARD

Kyste osseux anévrysmal Formes particulières


ou anévrysmatique Les KOA secondaires représentent 30 % des cas [10,
Le kyste osseux anévrysmal (KOA) est une lésion 21, 23] et sont réactionnels à une autre lésion comme
bénigne, ostéolytique, expansive et hémorragique. une tumeur à cellules géantes, un chondroblastome,
Il existe plusieurs formes de kystes anévrysmaux, la un ostéoblastome, un fibrome chondromyxoïde,
forme habituelle ou kyste primitif dit classique, les une dysplasie fibreuse ou un fibrome non ossifiant.
kystes secondaires ou associés à une autre lésion, les Parfois, le KOA paraît au premier plan et masque la
kystes anévrysmaux solides ou granulomes répara- lésion causale qu'il faut rechercher. Plus rarement, les
teurs à cellules géantes et les kystes anévrysmaux des KOA secondaires peuvent être associés à des tumeurs
parties molles. malignes primitives (ostéosarcomes) ou métastatiques.
Il ne faut donc plus les appeler KOA secondaires mais
les désigner sous le nom de la lésion causale primitive
Étiologie et pathogénie « avec remaniements anévrysmatiques ou modifica-
tions kystiques et hémorragiques » [21].
Le KOA est de nature et d'histogénèse encore mal Les kystes anévrysmaux solides ou granulomes répa-
connues, classé dans les tumeurs de nature indéter- rateurs à cellules géantes représentent moins de 10 %
minée, de malignité intermédiaire, localement agres- des KOA. En imagerie et macroscopiquement il s'agit
sives [21]. On a longtemps pensé que les KOA étaient de lésions pleines, contenant un tissu friable avec des
causés par des hémorragies intra-osseuses ou sous- foyers hémorragiques. Ces formes sont de bon pronos-
périostées, dues à une anomalie de circulation vei- tic, avec très peu de récidives après traitement [23].
neuse. Ces hémorragies expliqueraient l'activation des Les kystes anévrysmaux des parties molles sont des
ostéoclastes, la résorption osseuse et les remaniements lésions exceptionnelles. Quelques cas apparemment
locaux. Cette théorie n'est plus retenue pour les KOA fortuits de patients ayant eu plusieurs KOA de façon
primitifs qui présentent des réarrangements de l'onco- successive et des cas de jumeaux ayant eu des KOA ont
gène USP6, situé sur le chromosome 17, mais elle reste été rapportés.
plausible dans les KOA secondaires, qui n'ont pas de
translocation [21].
Symptomatologie clinique
Épidémiologie Les KOA sont souvent révélés par des douleurs, parfois
par une tuméfaction, et plus rarement par une fracture
Le KOA est plus rare que le KOE et se retrouve chez [10, 22, 23]. Les symptômes peuvent apparaître ou
0,14 individus pour 100 000 par an. Il existerait s'aggraver pendant la grossesse [10, 23]. Les lésions
peut-être une légère prédominance féminine. On peut rachidiennes peuvent se révéler par des douleurs, un
rencontrer des KOA à tout âge, mais la plupart des torticolis, une scoliose raide et douloureuse, plus rare-
patients sont dans leur deuxième décennie et 75 à ment par une masse, une fracture ou des symptômes
90 % des cas surviennent avant 20 ans. Le KOA est neurologiques [10, 24].
plus rare après 30 ans et devient exceptionnel après
50. Les KOA sont habituellement uniques [10, 21,

© 2014, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés


22]. Examens complémentaires
En radiographie standard, le KOA est une lésion
Localisations excentrée, ostéolytique, expansive parfois trabécu-
lée, contenant des cavités kystiques à cloisons fines
Les KOA peuvent toucher tout le squelette mais (figure 14.6). Les limites internes sont bien définies,
atteignent préférentiellement les os longs, dans 67 % avec ou sans anneau de sclérose osseuse, et la corti-
des cas, puis le rachis (15 %) et le pelvis (9 %). La cale est soufflée ou ballonisée. La perte des contours
lésion atteint surtout la métaphyse, et les os les plus corticaux ou une extension apparente dans les parties
touchés sont fémur distal, tibia, humérus et fibula. molles peuvent simuler une lésion maligne et indiquent
Le KOA atteint habituellement l'arc postérieur des une forme agressive (figure 14.7A, B). Une localisa-
vertèbres, surtout lombaires puis cervicales et enfin tion centrale est plus fréquemment observée dans les
thoraciques. Les lésions pelviennes touchent plutôt le os courts des mains et des pieds (figure 14.8A) [10,
cadre obturateur et seraient périphériques au cartilage 23]. Les lésions vertébrales (figure 14.9) sont dévelop-
triradié [23]. pées dans l'arc postérieur ou à la fois dans le corps et
Kystes osseux : kyste osseux essentiel et kyste osseux anévrysmal 177

A B C
Figure 14.6. A. Radiographie de poignet d'un KOA de la métaphyse distale de l'ulna. Volumineuse lésion ostéolytique expansive,
excentrée avec effraction corticale. B. IRM coupe axiale T2 : lésion multikystique cloisonnée, siège de nombreux niveaux liquides.
C. IRM coupe sagittale T1 après injection de gadolinium : rehaussement de la périphérie du kyste et des cloisons.
© 2014, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

A B
Figure 14.7. A, B. KOA du col fémoral chez un garçon de 4 ans. Évolution destructrice en 9 mois ayant fait craindre un ostéosarcome
télangiectasique.

l'arc postérieur [10, 24]. Souvent, les radiographies ne L'IRM est l'examen de choix en complément des
permettent pas de faire le diagnostic et une imagerie radiographies. L'aspect typique est celui d'une lésion
complémentaire s'avère nécessaire [10, 22]. expansive, lobulée ou avec des septums. De multiples
La tomodensitométrie est moins sensible que l'IRM niveaux liquides peuvent être détectés sur les séquences
et ne montre les niveaux liquides que dans un tiers des axiales pondérées T2, après mise au repos du patient.
cas. Dans des régions complexes comme le rachis et le Ils ne sont pas spécifiques mais sont très évocateurs
pelvis, le scanner permet d'obtenir une cartographie (figure 14.6B). L'injection de gadolinium objective
lésionnelle, de préciser le risque de fracture et d'appré- un rehaussement des parois des kystes et des septums
cier le comblement du kyste après traitement [10, 13]. internes (figure 14.6C). Les KOA primitifs peuvent
178 E. MASCARD

A B
Figure 14.8. A. KOA de forme solide du premier métatarsien chez un garçon de 9 ans. B. Évolution spontanément favorable après
biopsie.

La kystographie peut faire partie du traitement


quand on s'est orienté vers une sclérothérapie ou
que l'on a évoqué un KOE. L'injection de produit de
contraste peut montrer des parois intrakystiques, un
éventuel contingent tissulaire à biopsier et l'impor-
tance du drainage veineux. Selon les localisations kys-
tiques et l'organisation des services, l'injection peut se
faire sous simple contrôle scopique (au bloc opératoire
ou en radiologie interventionnelle) ou TDM.
L'artériographie n'a pas de valeur diagnostique. Elle
peut être faite comme première étape d'une emboli-
sation. Elle montre un blush diffus et prolongé, sans
ou avec de rares vaisseaux afférents, sans shunts
artério-veineux.

Anatomie pathologique © 2014, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

La biopsie, indispensable au diagnostic de KOA, peut


Figure 14.9. KOA de la première vertèbre thoracique révélé par être réalisée au trocart ou de préférence chirurgicale-
une paralysie ulnaire de la main droite. Aspect en IRM montrant
la lésion de l'arc postérieur et la fracture du corps vertébral.
ment, voire consister en un curetage biopsique (curo-
psy). Elle permet d'abord d'éliminer un ostéosarcome
télangiectasique et de différencier formellement KOA
contenir une composante tissulaire solide qui doit et KOE. Si le diagnostic de KOE peut être quasi cer-
aussi faire évoquer l'ostéosarcome télangiectasique et tain après ponction de liquide clair et opacification
le KOA secondaire [10, 22]. complète d'une cavité vide à la kystographie, à l'in-
La scintigraphie osseuse habituellement inutile mon- verse, une ponction ramenant un liquide clair peut
trerait une hyperfixation, parfois une hypofixation cen- correspondre à un KOA, qui ne sera pas complète-
trale, non spécifique. Elle peut aider à localiser une lésion ment opacifié. Lorsque la ponction ramène un liquide
douloureuse notamment rachidienne chez l'enfant. sanglant, il peut toujours s'agir d'un KOE surtout
Kystes osseux : kyste osseux essentiel et kyste osseux anévrysmal 179

après un traumatisme ou même de l'association KOE le diagnostic différentiel est difficile dans un contexte
et KOA. La biopsie sera orientée vers une zone tis- de fracture, et la meilleure aide est la confrontation
sulaire par l'imagerie. La biopsie de certaines lésions radioclinique [21].
notamment rachidiennes peut être très hémorragique L'ostéosarcome télangiectasique doit systématique-
ce que l'on peut prévenir par une embolisation préa- ment être recherché et la biopsie est indispensable
lable [10, 23]. avant de traiter tout KOA [10, 22]. L'aspect est parfois
Macroscopiquement, le KOA, est constitué de mul- très trompeur et le diagnostic histologique difficile. Le
tiples cavités anastomotiques de quelques millimètres diagnostic différentiel repose sur la mise en évidence,
à 2 cm de diamètre, contenant du sang non coagulé et, en faveur d'un ostéosarcome, de cellules et de mitoses
dans les lésions anciennes, un liquide séreux ou séro- atypiques, ainsi que d'une matrice ostéoïde plus irré-
sanglant. Ces cavités sont délimitées par des septa tis- gulière. Ces éléments doivent être recherchés sur l'en-
sulaires qui s'ossifient progressivement dans les lésions semble du matériel biopsique. On peut s'aider de la
anciennes. En périphérie, la corticale est amincie ou biologie moléculaire qui montre le réarrangement de
a totalement disparu, alors remplacée par une fine USP6 par FISH (hybridation in situ par fluorescence)
coque d'ostéogenèse périostée en coquille d'œuf [21]. dans le KOA primitif [21].
Histologiquement, les cavités sont dépourvues de La tumeur à cellules géantes (TCG) ne se voit quasi-
revêtement endothélial et sont remplies de sang. Elles ment jamais avant fermeture des cartilages de croissance
sont délimitées par des septa fibreux, renfermant des et atteint plutôt la zone épiphyso-métaphysaire des os
fibroblastes, des éléments inflammatoires lympho-­ longs. C'est parfois les seuls éléments qui différencient
histiocytaires, des sidérophages et des cellules géantes le KOA de la TCG. Une forte expression de P63 est plus
de type ostéoclastiques. À la phase initiale, l'activité souvent associée à la TCG qu'au KOA [21].
mitotique peut être importante, mais sans mitose Le granulome éosinophile, l'ostéoblastome ou une
anormale. Aucune fibre musculaire lisse, ni élastique tumeur maligne peuvent être confondus avec un KOA
n'est retrouvée. Une ostéogenèse réactionnelle appa- dans les localisations rachidiennes et seule la biopsie
raît au sein des septa immature, faite d'un fin réseau permet de faire le diagnostic.
d'ostéoïde « tressé », en « dentelle », ou de travées plus Fibrome non ossifiant (FNO) et KOA de forme solide
matures. Dans plus d'un tiers des cas, une matrice fibro- pourraient selon certains auteurs être assez proches.
chondroïde fortement calcifiée, basophile est présente. Même si le FNO a un aspect soufflant et excentré sur
Dans la variante dite « solide » du KOA, les cavités la métaphyse des os longs, il s'agit d'une lésion généra-
sanguines sont limitées. La composante cellulaire est lement asymptomatique et d'aspect plein en IRM pour
en revanche la même que celle observée au sein du laquelle il est rarement utile de faire une biopsie.
KOA de forme classique [21]. Le KOA solide ne peut pas être distingué morphologi-
quement d'un granulome réparateur à cellules géantes,
ni d'une tumeur brune de l'hyperparathyroïdie.
Diagnostic différentiel
Le KOE et le KOA touchent la même population, Histoire naturelle
les mêmes localisations (humérus proximal, fémur
proximal), peuvent prendre un aspect comparable, Le KOA est une lésion qui, quoique bénigne, peut
© 2014, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

et l'aspect du liquide n'est pas spécifique à la ponc- laisser des séquelles graves. Le diagnostic et le trai-
tion ce qui rend leur diagnostic parfois difficile [10, tement doivent donc être rapides. Le KOA a une
22]. Dans certains cas, les deux lésions sont asso- évolutivité extrêmement variable et on a décrit trois
ciées. Habituellement, le KOA est plus excentré sur types de formes : quiescente, active et agressive.
la métaphyse, et prend un aspect plus agressif avec Certains évoluent spontanément, ou après simple
des parois plus soufflées et amincies. La trabécula- biopsie, vers la guérison (figure 14.8A, B) [10].
tion est plus marquée dans le KOA. Le KOA évolue Dans d'autres cas, le kyste peut être très agressif,
de la diaphyse vers l'épiphyse au contraire du kyste détruisant complètement une extrémité osseuse, fai-
essentiel. Le diagnostic différentiel est difficile à faire sant craindre une tumeur maligne (figure 14.7A, B).
entre un KOA primitif et un KOE traumatisé. En L'évolution se fait en trois ou quatre phases :
microscopie, les territoires de substance floconneuse ostéolyse avec destruction corticale et soulèvement
cémentiforme sont plus caractéristiques du KOE. Les du périoste, réaction périostée avec une bordure
zones fibrochondroides en voie de calcification, d'as- d'ossification néoformée donnant un aspect ballo-
pect bleuté, seraient pathognomoniques du KOA. En nisé à l'os, stabilisation avec apparition de septa,
l'absence de l'une ou l'autre de ces caractéristiques, puis cicatrisation avec calcification, ossification
180 E. MASCARD

et remodelage variables. Après guérison, l'os peut L'injection intrakystique d'Ethibloc® a donné de 70 à
reprendre un aspect normal, mais souvent persistent 94 % de guérison [28]. L'Ethibloc® n'est plus dispo-
des géodes non évolutives. nible et d'autres techniques se sont montrées moins
Le KOA ne se transforme pas en lésion maligne, sauf dangereuses [22, 28, 29]. Varshney a publié en 2010
en cas d'irradiation [22, 23]. De rares cas de tumeurs une étude randomisée qui a montré que la sclérothé-
malignes ont été décrits sur le site de KOA traités plu- rapie au polidocanol (Aetoxysclérol®) apportait des
sieurs années avant [10, 22]. taux de guérison comparables à la chirurgie au prix de
Plus souvent que dans le KOE, des troubles de crois- complications moindres [27]. Trois injections étaient
sance peuvent entraîner des inégalités de longueur ou en moyenne nécessaires (figure 14.10A, B, C).
des déviations axiales, quand le KOA traverse la plaque L'alcool absolu a également une bonne efficacité
de croissance, spontanément ou après traitement. thérapeutique au prix d'un taux minime de compli-
Certaines formes rachidiennes peuvent entraîner des cations. Il peut nécessiter des injections répétées, si le
complications neurologiques, soit du fait de la crois- kyste reste insuffisamment comblé [29]. C'est la tech-
sance tumorale, soit après fracture. nique que nous privilégions actuellement du fait de sa
La plupart des KOA guérissent après traitement et simplicité, de son innocuité et de son efficacité.
la majorité des récidives locales se voient chez l'enfant, Simm et al. ont réussi à faire recalcifier un KOA
dans les formes agressives et dans les lésions centrales. du sacrum résistant à l'embolisation, par perfusions
d'acide zolendronique sans qu'il soit ensuite nécessaire
Traitement de l'opérer [30]. Le denozumab a été proposé pour
traiter les KOA en particulier rachidiens. Il n'y a pas
Une fois le diagnostic établi avec certitude, nous avons de données sur la durée du traitement et les résultats à
l'habitude, si possible, d'attendre 4 à 6 semaines après long terme [31].
la biopsie avant de traiter les KOA, pour permettre Le traitement chirurgical a longtemps été le traite-
à l'orifice de trépanation de se combler et parfois au ment de choix des KOA [10, 22, 23, 27]. La résec-
kyste d'involuer [22]. tion large est garante de l'absence de récidive locale
Aucune thérapeutique ne permet à coup sûr d'obte- mais au prix de problèmes de reconstruction et de
nir la guérison, hormis la résection large. Les autres complications potentielles non justifiés par la béni-
méthodes ont un taux d'échec d'au moins 15 à 30 %, gnité des KOA. On peut encore être amené à réaliser
ce qui amène à proposer d'abord les techniques les une résection marginale dans des formes très expan-
moins agressives, éventuellement associées à une sives. Dans les formes moins agressives, la résection
ostéosynthèse en cas de fragilité majeure [10, 22]. sous-périostée permet de diminuer le risque de réci-
La radiothérapie est efficace, mais le risque de trans- dive locale par rapport à un simple curetage et la
formation maligne en limite l'usage à quelques cas abso- conservation du périoste favorise la reconstruction.
lument exceptionnels, comme les lésions rachidiennes Quand la tumeur laisse persister une paroi osseuse
récidivantes non accessibles à un autre traitement [23]. continue, le curetage et le comblement par greffe,
L'embolisation seule permet de traiter certains KOA, ciment ou substitut donnent aussi de bons résultats
notamment du rachis et du sacrum. Elle doit parfois avec néanmoins un risque de récidive locale de 10 à
être répétée. Elle nécessite l'existence de vaisseaux 30 %. Le curetage percutané et l'aspiration du kyste
afférents, et n'est pas sans risque, comme l'ischémie sans comblement donneraient des résultats compa-

© 2014, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés


accidentelle d'organes viscéraux ou de la moelle épi- rables à ceux de la résection intralésionnelle. On
nière [25]. L'embolisation préopératoire est utile pour peut diminuer le risque de récidive en associant une
diminuer le risque hémorragique dans les KOA du cryothérapie au curetage, ou une coagulation à l'Ar-
rachis, du sacrum ou du pelvis [10, 22, 24]. gon avec un risque majoré de fracture. En cas de
L'injection d'acétate de méthylprednisolone doit être fragilisation majeure ou de fracture, une ostéosyn-
évitée car elle entraîne parfois une aggravation des thèse peut se discuter à condition que le diagnostic
lésions [10, 22]. soit certain.
Les injections intrakystiques isolées de poudre d'os Le traitement chirurgical reste préféré par certaines
déminéralisée, de moelle osseuse, de Calcitonine, de équipes, mais nous pensons qu'il doit être réservé aux
substituts injectables, de doxycycline ont des résultats cas où une sclérothérapie ne peut être effectuée du fait
contradictoires et nécessitent parfois un nombre élevé de la localisation, ou dans les formes les plus agres-
de procédures [10, 22, 26, 27]. sives où il est parfois le seul possible.
Kystes osseux : kyste osseux essentiel et kyste osseux anévrysmal 181

A B

Figure 14.10. A, B, C. KOA du fond du cotyle chez un garçon de 12 ans. Image de scanner lors de l'injection d'Ethibloc®. Radiographie
standard au diagnostic. Évolution favorable 4 ans après sclérothérapie.

Conclusion Déclaration de conflit d'intérêt : aucun.

KOE et KOA sont des lésions bénignes fréquentes, Références


qui touchent des populations semblables et dont les
Les contraintes éditoriales nous ont obligé à limiter les références
aspects cliniques et radiologiques sont proches. Leur
aux publications récentes. Des bibliographies plus complètes
diagnostic différentiel est parfois difficile mais il est pourront être trouvées dans les articles de Docquier et Cahuzac
nécessaire car leur traitement est différent. Les compli- pour le KOE et de Cottalorda et Docquier pour le KOA [2, 3,
© 2014, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

cations du KOE sont surtout les fractures. Les compli- 10, 22].
cations du KOA sont plutôt au potentiel ostéolytique ]1] Kalil RK. Simple bone cyst, in WHO Tumours of soft tissue
and bone. In : Fletcher JA, Hogendoorn PCW, Mertens F, edi-
des lésions et au retentissement sur la croissance. Dans
tors. IARC. 2013. p. 350–1.
le KOA, une biopsie est indispensable pour éliminer [2] Docquier PL. Kyste Osseux essentiel. Encycl Med Chir.
un sarcome télangiectasique. Dans les deux formes de Elsevier-Masson SAS ; 2011.
kystes, en l'absence de menace fracturaire, on privilé- [3] Cahuzac J-P, Sales de Gauzy J. Kyse osseux essentiel. In :
giera les traitements pas injections per cutanées. Sinon, Chotel F, Gouin F, editors. Tumeur osseuses bénignes. 2005,
Paris : Elsevier ; 2005. p. 176–87.
une ostéosynthèse sera nécessaire.
[4] Kaelin A. Kystes essentiels des os. In : Duparc J, editor. Cahiers
d'enseignements de la Sofcot. Paris : Expansion Scientifique
Remerciements Française ; 1995. p. 167–79.
[5] Gentile JV, Weinert CR, Schlechter JA. Treatment of unicameral
bone cysts in pediatric patients with an injectable regenerative
L'auteur remercie le Professeur Anne Gomez-Brouchet
graft : a preliminary report. J Pediatr Orthop 2013 ; 33 : 254–61.
anatomopathologiste au CHU de Toulouse et le [6] Weger C, Friesenbichler J, Grimer R, Andreou D, Machacek F,
Docteur Karen Lambot, radiologue à l'hôpital Necker Pfeiffenberger K, et al. Osteolytic lesions of the calcaneus :
pour leur participation à la rédaction de la conférence. results from a multicentre study. Int Orthop 2013 ; 37 : 1851–6.
182 E. MASCARD

[7] Lewandowski LR MM, Potter BK. Posttraumatic cysts after [20] MacDonald KMSM, McCarthy JJ, Nemeth BA, Guliani TA,
pediatric fracture. J Pediatr Orthop 2013 ; 33 : 239–43. Noonan KJ. Exaggerated inflammatory response after use of
[8] Jordanov MI. The "rising bubble" sign : a new aid in the dia- recombinant bone morphogenetic protein in recurrent unica-
gnosis of unicameral bone cysts. Skeletal Radiol 2009 ; 38 : meral bone cysts. J Pediatr Orthop 2010 ; 30 : 199–205.
597–600. [21] Nielsen GP FJA, Oliveira AM. Aneurysmal bone cyst. In :
[9] Ramirez A, Abril JC, Touza A. Unicameral bone cyst : radio- Fletcher JA, Hogendoorn PCW, Mertens F, editors. WHO clas-
graphic assessment of venous outflow by cystography as a pro- sification of Tumours of Soft Tissue and Bone, B.J.A. Lyon :
gnostic index. J Pediatr Orthop B 2012 ; 21 : 489–94. IARC ; 2013. p. 348–9.
[10] Docquier PL, Delloye C. Kyste osseux anévrysmal. Encycl [22] Cottalorda J, Bourelle S. Aneurysmal bone cyst in 2006. Rev
Med Chir (Elsevier-Masson), 2111. Chir Orthop Reparatrice Appar Mot 2007 ; 93 : 5–16.
[11] Sung AD, Anderson ME, Zurakowski D, Hornicek FJ, Gebhardt [23] Campanacci M. Aneurysmal bone cyst. In : Campanacci M,
MC. Unicameral bone cyst : a retrospective study of three surgi- Enneking WF, editors. Bone and soft tissus tumors. Padova :
cal treatments. Clin Orthop Relat Res 2008 ; 466 : 2519–26. Piccin ; 1999. p. 815–32.
[12] Pavone V, Caff G, Di Silvestri C, Avondo S, Sessa G. Steroid [24] Boriani S, De Iure F, Campanacci L, Gasbarrini A, Bandiera S,
injections in the treatment of humeral unicameral bone cysts : Biagini R, et al. Aneurysmal bone cyst of the mobile spine :
long-term follow-up and review of the literature. Eur J Orthop report on 41 cases. Spine (Phila Pa 1976) 2001 ; 26 : 27–35.
Surg Traumatol 2014 ; 24 : 497–503. [25] Amendola L, Simonetti L, Simoes CE, Bandiera S, De Iure F,
[13] Snyder BD, Hauser-Kara DA, Hipp JA, Zurakowski D, Hecht Boriani S. Aneurysmal bone cyst of the mobile spine : the the-
AC, Gebhardt MC. Predicting fracture through benign skeletal rapeutic role of embolization. Eur Spine J 2013 ; 22 : 533–41.
lesions with quantitative computed tomography. J Bone Joint [26] Shiels 2nd WE. JL Mayerson. Percutaneous doxycycline treat-
Surg Am 2006 ; 88 : 55–70. ment of aneurysmal bone cysts with low recurrence rate : a pre-
[14] Scaglietti OM, Bartolozzi P. The effects of methylprednisolone liminary report. Clin Orthop Relat Res 2013 ; 471 : 2675–83.
acetate in the treatment of bone cysts. Results of threee years [27] Varshney MK, Rastogi S, Khan SA, Trikha V. Is sclerotherapy
follow-up. J Bone Joint Surg Br 1979 ; 61-B : 200–4. better than intralesional excision for treating aneurysmal bone
[15] Wright JG, Yandow S, Donaldson S, Marley L. Simple Bone cysts ? Clin Orthop Relat Res 2010 ; 468 : 1649–59.
Cyst Trial Group. A randomized clinical trial comparing [28] Adamsbaum C, Mascard E, Guinebretière JM, Kalifa G,
intralesional bone marrow and steroid injections for simple Dubousset J. Intralesional Ethibloc injections in primary aneu-
bone cysts. J Bone Joint Surg Am 2008 ; 90 : 722–30. rysmal bone cysts : an efficient and safe treatment. Skeletal
[16] Flont P, Kolacinska-Flont M, Niedzielski K. Factors predictive Radiol 2003 ; 32 : 559–66.
of positive response to steroid therapy in simple bone cysts : an [29] Lambot-Juhan K, Pannier S, Grévent D, Péjin Z, Breton S,
old trick that still works. Int Orthop 2013 ; 37 : 1519–25. Berteloot L, et al. Primary aneurysmal bone cysts in children :
[17] Canavese F, Wright JG, Cole WG, Hopyan S. Unicameral bone percutaneous sclerotherapy with absolute alcohol and pro-
cysts : comparison of percutaneous curettage, steroid, and posal of a vascular classification. Pediatr Radiol 2012 ; 42 :
autologous bone marrow injections. J Pediatr Orthop 2011 ; 599–605.
31 : 50–5. [30] Simm PJ, O'Sullivan M, Zacharin MR. Successful treatment of
[18] Hou HY, Wu K, Wang CT, Chang SM, Lin WH, Yang RS. a sacral aneurysmal bone cyst with zoledronic acid. J Pediatr
Treatment of unicameral bone cyst : surgical technique. J Bone Orthop 2013 ; 33 : e61–4.
Joint Surg Am 2011 ; 93(Suppl 1) : 92–9. [31] Lange T, Stehling C, Fröhlich B, Klingenhöfer M, Kunkel P,
[19] De Sanctis NAA. Elastic stable intramedullary nailing is the Schneppenheim R, et al. Denosumab : a potential new and
best treatment of unicameral bone cysts of the long bones in innovative treatment option for aneurysmal bone cysts. Eur
children ? Prospective long-term follow-up study. J Pediatr Spine J 2013 ; 22 : 1417–22.
Orthop 2006 ; 26 : 520–5.

© 2014, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

Vous aimerez peut-être aussi