17/10/2023 08:08 Hausse du Smig: Un bug dans le projet de décret | L'Economiste

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Hausse du Smig: Un bug dans le projet de décret

Par Hassan EL ARIF (/content/hassan-el-arif) (/node/) | Edition N°:6620 Le 17/10/2023 | Partager

Le texte examiné et adopté, le 21 septembre, en Conseil de gouvernement bloqué au SGG

L'augmentation de 5% en deux temps ne donnant pas le même montant
Le ministère de tutelle vient de peaufiner une nouvelle version

Où est passé le décret sur la deuxième hausse de 5% du Smig? Lasses d’attendre la publication du décret relatif à la seconde tranche de la hausse du salaire
minimum, certaines entreprises ont déjà procédé à l’augmentation au titre du mois de septembre. D’autres, plus «légalistes», s’en tenant aux considérations de
compliance, ont préféré tempérer en attendant une base juridique pour une augmentation du Smig avec un effet rétroactif.

Calcul sur la base de 7,33 heures/jour, 191 heures de travail par mois et 26 jours ouvrés par mois
1) Augmentation de 10% appliquée au Smig horaire initial de 14,81 DH
2) Augmentation de 5% appliqué au Smig horaire initial de 14,81 DH = 15,55 DH, suivie d’une autre hausse de 5% appliquée à 15,55 DH

Certaines directions régionales de la CNSS ont même envoyé des mails aux adhérents pour les informer «qu’à partir du 1er septembre, le Smig/Smag a connu une
augmentation de 5%. Merci de prendre en considération cette hausse dans vos prochaines déclarations à partir du mois de septembre 2023».

Un autre mail est venu préciser que le précédent était «juste pour information, l’application de cette augmentation ne sera mise en place qu’à la communication du
décret par le Conseil de gouvernement». La situation est cocasse car le décret portant sur la deuxième hausse du salaire minimum aurait dû être publié depuis
plusieurs semaines pour une application dès le mois de septembre dernier.

https://www.leconomiste.com/article/1111311-hausse-du-smig-un-bug-dans-le-projet-de-decret 1/6
17/10/2023 08:08 Hausse du Smig: Un bug dans le projet de décret | L'Economiste

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La question que se pose toujours l’entreprise est de savoir quel sera le taux effectif d’augmentation du Smig horaire actuel de 15,55 DH?
4,77% ou 5%

Les entreprises concernées pensaient voir le bout du tunnel après l’examen et l’adoption du projet de décret n°2.23.845 par le Conseil de gouvernement, réuni le
jeudi 21 septembre dernier. Il ne restait donc plus qu’à transmettre le projet de texte au SGG pour publication au Bulletin officiel. Mais le gardien du temple s’est
aperçu que le compte n’était pas bon. En effet, appliquer une hausse de 10% à un montant ne donne pas le même résultat que s’il augmentait de 5% en deux
temps (2022 et 2023).

La différence est de taille. Selon les calculs d’un expert-comptable, l’application de l’augmentation de 5% à un Smig
déjà revalorisé de 5% donnerait une hausse d’environ 5,25% au lieu de 5% comme convenu dans le cadre du
dialogue social (voir aussi simulations ci-contre). Ce qui dépasse le niveau prévu initialement et qui était de 10% en
tout. Il faut rappeler que certaines entreprises emploient parfois plusieurs milliers de salariés tous payés au Smig. Ce
qui renseigne sur l’enjeu financier potentiel.

Le projet de décret serait donc actuellement bloqué au SGG pour ces raisons inédites. Le ministère de l’Inclusion
économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences devra le réécrire et le soumettre de nouveau au
prochain Conseil de gouvernement pour examen et approbation. Il s’agirait de revoir les calculs pour qu’ils soient
conformes au niveau de hausse convenu à l’issue du dernier round du dialogue social fin avril 2022. Faudra-t-il
appliquer une augmentation de 10% au dernier Smig qui était en vigueur jusqu’à fin août 2022 et la répartir en deux
opérations ou revoir à la baisse le taux de 5%?

Selon nos informations, le projet de décret a été réécrit de façon à correspondre à l’augmentation de 10% convenue
dans le cadre du dialogue social. Reste maintenant à voir si le texte doit être de nouveau examiné et adopté en
Conseil de gouvernement ou directement publié au Bulletin officiel.

Médecins, notaires, pharmaciens… tous concernés

Si la différence de calcul d’une seconde hausse de 5% du Smig ne dépasse pas une poignée de dirhams par salarié,
elle a quand même un effet boule de neige. Elle va se répercuter sur le calcul des cotisations à l’indemnité pour perte
d’emploi, l’assurance maladie obligatoire, la prime de panier... Le différentiel de calcul influerait également le montant
du salaire minimum versé au personnel domestique et qui est indexé sur le Smig. Et ce n’est pas tout. L’augmentation du salaire minimum impactera également la
base de calcul des cotisations à l’assurance maladie obligatoire des professionnels, des travailleurs indépendants et des personnes non salariées exerçant une
activité libérale (notaires, médecins, pharmaciens, opticiens, dentistes…). Un effet multiplicateur variant entre 2 fois et 5,5 fois le montant du Smig. L’idée que la
hausse du salaire minimum en deux temps aurait un effet cumulatif a échappé à beaucoup de praticiens puisque personne n’a relevé le hiatus.

Plusieurs questions s’imposent d’elles-mêmes et concernent l’attitude que devront adopter les entreprises qui ont déjà procédé à la hausse du Smig selon le
scénario initial et qui induit un surcoût. Devront-elles revenir sur cette décision et réajuster la hausse selon la nouvelle configuration? Les salariés qui ont bénéficié
de cette augmentation providentielle pourraient la considérer comme un acquis. Un avocat affirme que cela ne devrait pas poser de problème et qu’il suffit de
corriger cette erreur au niveau de la paie du mois suivant. Quid également des sociétés ayant déjà souscrit leurs déclarations CNSS sur la base de chiffres
erronés?

Hassan EL ARIF

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