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UNIVERSITE LIBRE DES PAYS DES GRANDS LACS


« ULPGL-GOMA »
FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION
SEMESTRE I 2023-2024
L3
B.P. 368 Goma

COURS D’ETHIQUE ET
DEONTLOGIE DES AFFAIRES

Préparé et dispensé par le


Professeur BENOIT KAMBALE
MBAKUL’IRAH
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PLAN DU MODULE
Introduction
CHAPITRE PREMIER : CHAMP D’APPLICATION DE L’ETHIQUE ET
DEONTOLOGIE DES AFFAIRES AU SEIN DE L’ENTREPRISE
CHAPITRE DEUXIEME : LES PROBLEMES D’ETHIQUE DES AFFAIRES EN
RDC
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Introduction

Pour réaliser sa vision et sa mission, l’entreprise est appelée à entretenir des bonnes
relations entre ses différentes parties prenantes (partenaires) dans la mesure où elles
peuvent affecter négativement ou positivement les intérêts des uns et des autres. Pour
l’entreprise, les bonnes relations avec les fournisseurs, les clients, les personnels, l’État
ont une incidence certaine sur sa performance financière et sociale. Ainsi pour préserver
voir améliorer la qualité des relations de l’entreprise avec ses partenaires et garantir ses
propres intérêts et les leurs, l’entreprise est appelée à se doter d’un comité d’éthique ou
d’un code d’éthique dont l’objectif est de réguler des comportements de ses principaux
acteurs notamment les dirigeants. Ces derniers ayant la responsabilité de protéger les
intérêts de l’entreprise et ceux de toutes les parties prenantes. Cependant, dans la pratique,
le concept d’éthique est complété par celui de déontologie des affaires. On parle alors de
l’éthique et la déontologie des affaires.
Ainsi, l’objet de ce cours est de doter les apprenants, futurs entrepreneurs des
connaissances, des compétences et des attitudes dans le domaine de l’éthique et
déontologie des affaires. Il est structuré en deux chapitres.
Le chapitre premier porte sur le champ d’application de l’éthique des affaires au sein de
l’entreprise et le second porte sur les problèmes d’éthique des affaires en RDC.
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CHAPITRE PREMIER : CHAMP D’APPLICATION DE L’ETHIQUE ET


DEONTOLOGIE DES AFFAIRES AU SEIN DE L’ENTREPRISE

L’objet de ce chapitre est d’expliquer, préciser le concept de l’éthique et montrer son


importance, son rôle et son champ d’application au sein de l’entreprise. Il comprend
deux sections.
La première section est consacrée à la définition de l’éthique et déontologie des
affaires, leur différence, leur importance et leur rôle.
La deuxième section est consacrée au champ d’application de l’éthique au sein de
l’entreprise et aux problèmes fondamentaux qui en résultent.
I.1. Définition de l’éthique et déontologie des affaires, leur différence, leur
importance et leur rôle au sein de l’entreprise.

Généralement, les deux concepts sont pris comme synonymes alors qu’il n’en est pas
ainsi. C’est pourquoi avant de développer ce chapitre qui porte sur l’éthique et
déontologie des affaires, il s’avère utile de préciser ces deux concepts et ce qui en
découle pour permettre aux apprenants, futurs entrepreneurs d’en tirer le meilleur
pour garantir la performance de leurs entreprises dès la création, l’organisation et la
gestion.

I.1.1. Définitions
Il s’agit de préciser les concepts d’éthique et de déontologie des affaires et d’en
dégager la différence.

a) Éthique des affaires


De son origine, le concept Éthique vient du Grec Ethos,  qui fait référence
au comportement et au caractère d'un individu, et sa manière d'être. D’une
manière générale, l’éthique est définie comme l’ensemble des valeurs morales qui
déterminent les comportements des individus au sein d’une organisation ou d’une
communauté pour faire le bien et non le mal. Au sens de l’économie et donc de
l’entreprise, l’éthique économique ou des affaires est l’ensemble des valeurs morales
permettant à l’économie ou l’entreprise de produire les biens et services nécessaires
à satisfaire les besoins du marché dans des conditions rationnelles, justes et
équitables.
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Selon Arthur Rich, la finalité de l’éthique économique et donc de l’entreprise est de


« servir la vie » et de rendre justice à l’humain (homme et femme).
Or les acteurs qui interviennent dans l’économie c’est-à-dire les agents
économiques adoptent tous un comportement rationnel « égoïste ». Les entreprises
qui produisent les biens et services veulent à tout prix minimiser les coûts de leurs
facteurs de production (capital, travail, matières) et maximiser leurs bénéfices. Les
ménages qui consomment les biens et services produits par les entreprises cherchent
à minimiser leurs dépenses et à maximiser leur utilité et le prix de la main d’œuvre
qu’ils vendent aux entreprises. Il en est de même pour les autres agents qui sont
l’administration et le reste du monde. Ces relations réciproques caractérisées par la
rationalité et l’égoïsme débouchent sur des injustices voir de la corruption rendant
l’information imparfaite sur les marchés des échanges. Ce qui entraîne des risques
susceptibles de compromettre des objectifs de tous les intervenants sur le marché
dont les entreprises. En ce sens le but de l’éthique au sein de l’économie est de
réduire si non d’éliminer ces risques en régulant le comportement moral de tous les
acteurs surtout de ceux des entreprises qui se trouvent en position de force dans les
économies libérales ou de marché.
Ainsi, par exemple l’éthique des affaires invite les investisseurs à réfléchir sur les
valeurs qui motivent leurs actions et à choisir la conduite la plus appropriée.
b) Déontologie des affaires

Étymologiquement, le concept  Déontologie  vient du mot deontos qui signifie devoir.


Ainsi, la déontologie se présente comme une branche de l'éthique qui établit les
fondements des devoirs d'une personne en fonction de la morale. Dans le monde des
affaires et dans son sens restreint, la déontologie désigne l’ensemble des devoirs et
des obligations qui s’imposent aux membres d’un corps professionnel ou d’un
métier (avocat, comptable, médecin, professeur, etc). Comme les règles de droit, les
règles déontologiques s’appliquent de manière identique à tous les membres du
groupe, dans toutes les situations dans la pratique.

Dans son sens large, la déontologie renvoie aux obligations que des personnes sont
tenues de respecter dans leur travail. Par exemple les employés au sein d’une
entreprise sont soumis à des règles déontologiques consignées dans un code. Les
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obligations partagées par un groupe reflètent des valeurs ou des principes jugés
fondamentaux.

I.1.2. Différence entre éthique et déontologie des affaires

Au regard de ces deux définitions, il est possible de dégager la différence entre


éthique et déontologie des affaires.

L’éthique des affaires ou au sein de l’entreprise, a pour objectif de définir ce que


chaque membre de l’entreprise ou partie prenante estime particulièrement comme
moralement correct dans sa relation avec l’entreprise. A la différence de l’éthique des
affaires, la déontologie des affaires s'applique au monde professionnel en établissant
une série des règles et devoirs auxquels sont soumis tous les membres d'une même
activité professionnelle.

Exemple 1: le financier et le comptable au sien de l’entreprise sont soumis à des


règles déontologiques qui leur sont propres et différentes de celles des ouvriers. Dans
l’exercice de ses fonctions au sein de l’entreprise, le comptable devra se rassurer qu’il
assume ses fonctions conformément aux règles de déontologie édictées par l’ordre des
Experts comptables. Mais les deux catégories sont soumises à certaines règles
déontologiques qui sont communes à l’entreprise (par exemple le respect du chef
hiérarchique, l’obligation à l’altruisme, l’obligation à l’honnêteté, l’obligation au
secret professionnel, etc)

Au delà de ces règles codifiées, chaque agent devra régler son comportement sur le
plan éthique en faisant le bien et non le mal pour son propre intérêt, celui de tous et
celui de l’entreprise.

Exemple 2 : chaque travailleur, pour des considérations éthiques s’impose une
discipline personnelle de produire un travail de très haute qualité à l’absence ou non
du contre maître ou chef hiérarchique.

Contrairement aux exigences déontologiques qui obligent l’agent à accomplir son


devoir, des exigences éthiques impliquent que c’est l’agent lui-même qui s’oblige à
accomplir son devoir volontairement pour attirer pleine satisfaction et faire le bien
aux autres qui en bénéficient.
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Exemple 3. Pour des exigences éthiques, le chef de la production et son équipe,


s’obligent à respecter strictement les normes de qualité et de quantité par souci de
fournir au marché des produits qui satisfont pleinement les consommateurs.

Ici le chef de production et son équipe, pour des raisons d’éthique se sentent heureux
d’avoir accompli leurs devoirs vis-à-vis de leurs chefs hiérarchiques mais aussi
d’avoir satisfait les consommateurs.

Cette dimension éthique amène chaque travailleur à s’approprier la vision, la mission


et les objectifs de l’entreprise en considérant que leur réalisation dépend
essentiellement de lui et non de quelqu’un d’autre. Dans son comportement
quotidien, il parlera de « mon entreprise, notre entreprise » et non de l’entreprise du
« patron » ou des « actionnaires ».

L’éthique amène par conséquent le travailleur à s’auto évaluer et à s’auto apprécier


avant d’être évaluer et apprécier par son chef hiérarchique.

Exemple 4 : le dirigeant de l’entreprise, pour des exigences éthiques s’oblige à traiter
d’une manière juste et équitable tous les agents quelques soient leurs positions dans
l’entreprise. C’est-à-dire sans aucune discrimination tout en protégeant avec la même
rigueur les intérêts des autres parties prenantes.

Pour des exigences d’ordre déontologiques, le dirigeant se soumettra lui-même au


code de bonne conduite régissant tous les membres du personnel. Il veillera également
dans la recherche de positionnement stratégique de son entreprise sur le marché à ne
pas sombrer dans la concurrence déloyale, la corruption, la fraude.

I.1.3. Importance, rôle et place de l’éthique et déontologie des affaires

Au regard de ce qui précède, on constate que l’éthique et déontologie


professionnelles sont présents dans le monde des affaires aussi bien au niveau de la
gestion des ressources humaines, financières, matérielles, de la clientèle, des produits
ou services qu’à celui de stratégie d’entreprise pour son positionnement sur le
marché. Comme déjà souligné ci-haut, l’importance de l’éthique et déontologie au
sein des entreprises quelle que soit leur taille, est la recherche d’une coopération
accrue entre tous les acteurs. Leur rôle est d’améliorer sinon de renforcer les
mécanismes formels de contrôle et de l’autocontrôle en vue de réduire au strict
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minimum les antivaleurs au sein de l’entreprise et dans ses relations avec les parties
prenantes.

I.2. Champ d’application de l’éthique au sein de l’entreprise et les problèmes


fondamentaux qui en résultent.

Au sein de l’entreprise, les préoccupations d’ordre éthique et de déontologie portent


sur le trois niveaux de l’entreprise : politique, stratégique et opérationnel
I.2.1. Sur le plan politique et stratégique

Au niveau politique et stratégique, l’éthique de l’entreprise implique la satisfaction


des attentes des parties prenantes vis-à-vis de celle-ci. Aujourd’hui, pour répondre à
ces attentes, outre la responsabilité économique consistant à répondre aux besoins du
marché par l’offre des biens et services, l’entreprise se voit obligé d’assumer
impérativement une responsabilité sociale (RSE).

Définition : ici, il y a lieu de retenir les deux définitions suivantes :

- La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) également appelée responsabilité


sociale des entreprises est définie par la commission européenne comme
l'intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et
environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties
prenantes.

En d'autres termes, la RSE c'est la contribution des entreprises aux enjeux du


développement durable.

Une entreprise qui pratique la RSE va donc chercher à avoir un impact positif sur la
société tout en étant économiquement viable.

La norme ISO 26000, standard international définit le périmètre de la RSE autour de


sept thématiques centrales :

1. la gouvernance de l’organisation
2. les droits de l’homme
3. les relations et conditions de travail
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4. l’environnement
5. la loyauté des pratiques
6. les questions relatives aux consommateurs
7. les communautés et le développement local.

Selon Carroll cité par Stéfane BUFFA, la responsabilité sociale de l’entreprise 


« RSE » s’impose comme l’ensemble des attentes économiques, légales, éthiques et
philanthropiques que peut avoir la société à l’égard de la dite entreprise.

Ainsi, Stefane distingue 4 catégories de RSE : les responsabilités économiques,


légales, éthiques et discrétionnaires.

Les responsabilités économiques recouvrent le rôle économique de l’entreprise qui


est la capacité de produire les biens et services que souhaite la société dans les
conditions de profitabilité.

Les responsabilités légales correspondent à la nécessité pour les entreprises à obéir et


à se soumettre aux lois en vigueur dans la société.

Les responsabilités éthiques sont celles que les membres de la société s’attendent à
voir assumer par les entreprises, bien qu’elles ne soient codifiées par la loi comme
des normes sociales.

Les responsabilités discrétionnaires renvoient aux responsabilités pour lesquelles la


société n’émet pas des messages clairs et qui sont laissées à la libre appréciation des
individus.

Les outils fiscaux mis en place en faveur de la responsabilité sociétale de


l’entreprise

Selon Stéfane, les outils mis en place par le législateur pour inciter au comportement
éthique sont de deux ordres : pécuniaires et de sécurisation

1. Les outils pécuniaires


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Ces outils pécuniaires peuvent prendre deux formes en termes d’incitations. Il s’agit
des incitations pécuniaires et les dissuasions pécuniaires.

- Les incitations pécuniaires :

Elles consistent à conférer un avantage monétaire aux entreprises sous forme de


crédit d’impôt. L’État accorde cet avantage à l’entreprise lorsque celle-ci s’engage à
faire des dons aux organismes à intérêt commun et aux fondations ou organisations
philanthropiques reconnues d’utilité publique.

Il s’agit par exemple des organisations non gouvernementales engagées dans les
actions humanitaires ou sociales en faveur des populations sinistrées ou en situation
précaire suite à des événements politiques (déplacés de guerres, refugiés) ou à des
calamités naturelles (sécheresse, inondation, éruption volcanique, tremblement de
terre), économiques (mauvaise récolte, chômage) ou sociaux (enclavement
géographique, faible taux de scolarisation infantile, analphabétisme des femmes,
accès difficile aux soins de santé primaire ou au logement).

Le crédit d’impôt accordé à l’entreprise découle du fait que les charges engagées par
l’entreprise ne sont pas imposées d’une part et l’entreprise bénéficie des allègements
fiscaux d’autre part.

Exemple : l’entreprise AKILI qui a réalisé un résultat brut d’exploitation (résultat


avant impôt) de 100 000 $ est soumis à un impôt sur le bénéfice de 35 %.

Lorsque cette entreprise s’est engagée à fournir des dons aux organismes
philanthropiques, l’État peut décider de lui donner des faveurs fiscales en imposant le
bénéfice au taux de 25% au lieu de 35% après déduction des charges représentatives
des dons accordés.

Si le montant de ces charges est de 10 000$, l’impôt sera de 22500 (25% de 90000) et
le crédit d’impôt accordé à l’entreprise est de 35000-22500= 12500$

L’avantage pécuniaire tiré par l’entreprise est de 12500-10000= 2500$.

Si le bénéfice brut d’exploitation était de 1 000.000$ et que l’entreprise affectait 100


000 aux œuvres philanthropiques, l’entreprise en tirerait un avantage pécuniaire de
225000$ avec un taux d’imposition ayant passé de 35 à 25% et le crédit d’impôt
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serait de 350 000-225000 =125000$. dans ce cas l’avantage pécuniaire est de 125000-


100000=25000S

- Les dissuasions pécuniaires

Elles consistent à augmenter les charges d’imposition d’une entreprise pour certains
comportements qui sont considérés comme non éthiques par le législateur fiscal. Ces
comportements non éthiques sont ceux qui sont prohibés par la loi mais aussi ceux qui
sont légaux mais considérés comme non éthiques par la société parce qu’ils sont
nuisibles à la santé physique ou morale.

Il s’agit par exemple des œuvres et publications pornographiques ou de violence,


l’exploitation des entreprises de prostitution ; les entreprises tabacicoles, les
entreprises qui produisent les armes etc.

Pour protéger l’industrie locale, le législateur fiscal recourt à la dissuasion pécuniaire


en imposant très chère les produits importés concurrents.

Il s’agit aussi des dépenses consenties au profit des dirigeants n’étant pas déductibles
et augmentant ainsi la charge fiscale de l’entreprise. C’est le cas des dépenses
somptuaires ou luxueuses (résidence de plaisance, voiture particulière, etc), les jetons
de présence, des tantièmes.

Toutefois, le législateur permet de réduire les frais d’entretien des demeures


historiques confirmant ainsi le caractère éthique.

I.2. 2. Sur le plan opérationnel


Comme déjà souligner dans la définition, pour atteindre ses objectifs, l’entreprise
entretient des relations permanentes avec toutes les parties prenantes. Ces dernières se
situent au niveau interne et au niveau externe. Au niveau interne, l’entreprise à travers
la Direction Générale gère les ressources internes (humaines, matérielles et
financières) et les ressources externes (approvisionnement auprès des fournisseurs,
crédit contracté auprès des banques, crédits accordés aux clients, impôts et taxes à
verser à l’État).
Dans le processus d’acquisition et d’affectation rationnel de ces ressources,
l’entreprise est confrontée à de nombreux problèmes d’ordre éthique et
déontologique.
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Ces derniers affectent les fonctions de la direction, de la production, de la distribution


(commercialisation), les fonctions financières, etc.

a) Les problèmes d’ordre éthique lié aux fonctions de Direction et de


production
Au niveau des fonctions de la Direction et de production, Arthur Rich soulève trois
problèmes fondamentaux d’ordre éthique : la nature et la quantité des biens à
produire, la manière de produire c’est-à-dire les procédés et méthodes de production
et les destinataires de la production.
Ramenant les préoccupations d’Arthur Rich sur les questions d’éthique économique à
la dimension de l’entreprise le premier problème fondamental portant sur la nature et
la quantité des biens à produire consiste à trouver des réponses pertinentes aux deux
questions suivantes : « quoi produire et combien produire »
 Pour ce qui est de la question de « quoi produire », il s’agit de savoir si le
jeune entrepreneur qui veut lancer son entreprise doit le faire dans tous les secteurs de
l’économie où il trouve des opportunités (existence d’une demande réelle et solvable)
même lorsque les biens et services produits ont des répercussions négatives sur les
plans individuel, social ou écologique.
D’une manière concrète, il est question de savoir si les jeunes entrepreneurs en
formation peuvent lancer leurs entreprises dans les secteurs de production des
boissons fortement alcoolisées, (whisky Avion, le vin Rambo, le vin ushindi, etc) la
commercialisation du chanvre, le trafic de minerais ou dans l’exploitation des maisons
de tolérance. Avec comme seul souci de réaliser des bénéfices et d’assurer la
croissance rapide de l’entreprise.
Bien que très rentables, ayant une demande très solvable la production de ses boissons
fortement alcoolisées a des lourdes conséquences sur la santé des consommateurs et
des répercutions négatives sur le plan social et économique.
Lorsque une entreprise offre au marché des biens ou services répondant exactement
aux besoins des consommateurs et sans aucune répercussion négative au niveau
individuel ou sur le plan social et économique la question « de quoi » produire
conduit à celle « de combien » ou quelle quantité produire.
En effet, lorsque l’entreprise se trouve en position de monopole sur le marché, pour
maximiser son profit, elle aura tendance à réduire la quantité à produire, créant ainsi
la rareté par la restriction volontaire de l’offre en vue d’augmenter superficiellement
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le prix de vente unitaire. Ce qui a pour conséquence la ruine du pouvoir d’achat du


consommateur qui est obligé de trouver des ressources financières supplémentaires en
vue de se procurer la quantité dont il a besoin. Ce qui est à la base d’un nouveau
problème d’éthique.
 Aux questions de « quoi et combien produire » s’ajoute la question de la
« qualité » des biens et services à produire.
Cherchant toujours à maximiser son profit, la même entreprise en situation de
monopole peut chercher à offrir au marché des produits et services de très mauvaise
qualité sous le prétexte de satisfaire les besoins d’un grand nombre des
consommateurs.
Dans un contexte de concurrence, ce comportement soulève deux problèmes d’ordre
éthique dont le premier consiste à duper les consommateurs par des prix apparemment
bas et le second mettant l’entreprise dans une situation de concurrence déloyale.
Exemple : les produits importés de la Chine (les produits piratés).
La question de « comment » produire relève des critères d’allocation des ressources
et facteurs de production.
Pour rationaliser les processus de production, l’entreprise cherche à tout moment à
maximiser son profit et à minimiser ses dépenses.
La minimisation à outrance des dépenses par l’entreprise entraine des conséquences
néfastes sur les catégories qui fournissent les facteurs de production. Il s’agit de la
catégorie qui fournit les matières premières, de celle qui fournit le facteur travail
(main d’œuvre) et celle qui fournit le capital.
Pour s’approvisionner en matières premières, l’entreprise cherchera à réduire au strict
minimum le prix de celles-ci. Or généralement, les fournisseurs des matières
premières aux entreprises sont des paysans, qui sur le plan éthique ont droit à des prix
rémunérateurs équitables leur permettant d’avoir des revenus suffisants nécessaires
pour se procurer les autres biens et services dont ils ont besoin.
Lorsque l’entreprise achète ces matières premières auprès de ces paysans à des prix
non rémunérateurs, ce comportement n’est rien d’autre qu’une menace voir un crime
contre l’humanité (ces paysans), et donc un véritable problème d’ordre éthique.
Aussi lorsque l’entreprise minimise ses dépenses, cela signifie qu’elle verse des
faibles salaires aux travailleurs. Or ces derniers ont droit à des salaires équitables leur
permettant de satisfaire leurs besoins vitaux dont l’alimentation, le logement, les soins
de santé et l’éducation.
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Comme le souligne Arthur Rich, utiliser le facteur travail comme bien économique
dans un processus de production équivaut à utiliser les êtres humains, destinés à une
existence personnelle ; respecter ce destin, c’est ne jamais utiliser l’homme dans ce
processus de production comme un simple moyen pour arriver à une fin, mais lui
accorder dans ce processus de réaliser un statut de sujet personnel responsable. La
vulnérabilité de l’homme est encore tout autre que celle de la nature : les atteintes à
son intégrité peuvent être physiques, mais aussi psychiques lorsque son statut de
personne est méprisé. L’estime de l’homme à l’égard de sa personne surtout par
l’entreprise qui l’emploie constitue par conséquent une exigence éthique
fondamentale.
En fin, minimiser les dépenses pour maximiser son profit, implique que l’entreprise
minimise les coûts du capital financier en réduisant au strict minimum les intérêts
débiteurs vis-à-vis de ses créanciers financiers. Or dans la plupart des cas, l’entreprise
qui bénéficie des crédits auprès d’une banque, utilise des capitaux déposés auprès de
cette institution financière par des ménages. Lorsque l’entreprise veut à tout prix
minimiser le taux d’intérêt débiteur, cela consiste à réduire la possibilité pour la
banque à offrir aux ménages épargnants des taux d’intérêts plus rémunérateurs et
équitables. Ce qui constitue encore une fois un problème d’ordre éthique.
 A la question de « pour qui » doit-on produire, Arthur Rich préoccupé par
l’éthique économique, soulève les trois autres questions suivantes : « A qui revient
finalement la jouissance des biens et services produits ? Et selon quels critères le
revenu réalisé devra-t-il être redistribué entre les membres de la société ? Doit-on
accepter des injustices économiques flagrantes lors de la répartition des revenus ou
doit-on au contraire appliquer au mieux le principe d’égalité ?
Ramener au niveau de l’entreprise, la question « pour qui produire » trouve sa réponse
dans les deux premières c’est-à-dire « quoi et comment produire »
Pour mieux appréhender la dimension éthique de la question pour qui produire, on
peut prendre l’exemple de l’entreprise produisant les boissons fortement alcoolisées
dont nous avons déjà parlé précédemment. Il est reconnu que les grands
consommateurs de ces produits alcoolisés sont principalement des jeunes qui
constituent la population active au sein de la collectivité. Or la consommation de ses
boissons par ces jeunes les précipite rapidement à la mort. Il en est de même des
entreprises tabacicoles ou de celles qui produisent les armes.
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Conscient des effets néfastes de la production de ses différents biens sur leurs
consommateurs ou sur d’autres personnes innocentes qui s’en trouvent indirectement
victimes, les entrepreneurs ayant investi dans ces entreprises, quelques soient les
profits qu’ils en tirent devraient prendre conscience de leurs responsabilités d’ordre
éthique.
La question qui en découle est celle de savoir si ces entrepreneurs ont-ils le droit de
continuer à envoyer leurs consommateurs à la morts tout simplement parce qu’ils
veulent gagner à tout prix de l’argent ?
L’insécurité devenue structurelle au Nord-Kivu suite à la circulation des armes entre
les fournisseurs (entreprises) et les groupes armés (consommateurs) a été à la base des
assassinats meurtres et massacre des paisibles citoyens.
Aussi, les groupes armés encouragés par leurs fournisseurs ont initié des entreprises
informelles voir formelles engagées dans l’exploitation des minerais (qualifiés de
minerais de sang) à différents niveaux.
On sait aussi que dans les carrières où on exploite ses minerais se sont développées
des micros, de petites et moyennes entreprises intervenant en différentes étapes
(creuseurs, négociants, exportateurs). Dans un tel contexte à dépit des bénéfices tirés
par ces entreprises et de leurs avantages apparents sur le plan économique et social,
des graves problèmes d’ordre éthiques persistent et pèsent à la fois sur les consciences
des entrepreneurs locaux impliqués et des décideurs politiques et administratifs qui les
accompagnent.
On sait également que les destinataires finals des produits miniers en provenance de
l’Est de la RDC, sont des multinationales. Ces dernières généralement propriétaires
des industries des armes, achètent des produits miniers bruts à des villes prix les
transforment en produits finis qu’ils revendent aux congolais 10 fois voir 100 fois
plus chers.
En définitive, on peut constater avec regret que dans ce business éhonté, les
producteurs congolais de ces produits miniers et les populations sont doublement
victimes des entreprises qui interviennent à différentes étapes, surtout les
multinationales. Ce qui constitue un grave problème d’éthique ayant une dimension
locale, nationale, régionale et internationale.

b) Les problèmes éthiques liés aux fonctions de Direction et de la


distribution
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A l’instar de la fonction production, la fonction distribution au sein de l’entreprise


soulève également de nombreux problèmes d’éthique des affaires. Au sein de
l’entreprise, la fonction distribution s’étend à plusieurs aspects dont le marketing.
Ce dernier étant compris comme le processus qui consiste à l’identification et
l’analyse des besoins du marché, la conception des biens et services pour satisfaire ses
besoins, la création des conditions et leur mise en œuvre pour la vente de ses biens et
services auprès des consommateurs.

Problèmes d’éthique liés à l’identification et analyse des besoins des


consommateurs
L’analyse et l’identification des besoins des consommateurs et donc de marché
impliquent la collecte, le traitement et l’exploitation des données.
Comme on peut le constater, la collecte, le traitement, l’exploitation sans parler de la
diffusion des données sur des sujets individuels ou collectifs portant sur des
personnes ou des objets, quelles soient recueillis par des techniques d’interview,
documentaires ou d’enquêtes qualitatives ou quantitatives sont sources des problèmes
éthiques. Ces derniers peuvent résulter du mode de recueil et de l’exploitation, du but
de leur exploitation et de leur diffusion ainsi que du mode de leur utilisation.
Ainsi par exemple collecter des informations auprès des consommateurs sans les
informer au préalable et obtenir leur consentement n’est rien d’autre qu’une violation
de leurs droits et une atteinte à leur dignité humaine.
Cette situation est d’autant plus grave lorsque les informations collectées et diffusées
ou même utilisées ne reflètent pas la vérité. Il en est de même lorsque ces
informations ont été collectées d’une manière coercitive ou en utilisant la
« corruption » c’est-à-dire en obtenant des informations en contre partie d’argent
lorsque on ne pouvait pas les obtenir autrement.
Problèmes d’éthique liés à la détermination du prix
Ce problème de fixation de prix équitable a déjà été abordé dans le point sur la
fonction production. Puisque les biens et services produits sont destinés à la
distribution et donc à la vente, la fixation du prix de vente est directement lié au coût
de production.
Comme dans la fonction de production, le problème d’éthique les plus fragrants liés à
la fixation du prix de vente se manifestent dans les deux situations suivantes :
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- La fixation d’un prix excessif c’est-à- dire non équitable lorsque l’entreprise
se trouve en situation de monopole ou lorsqu’il ya entente entre plusieurs
concurrents.
- Recours et utilisation des procédés « malhonnêtes  ou déloyaux » en exerçant
une pression excessive sur le fournisseur en lui imposant des prix d’achat non
rémunérateurs, en utilisant les enfants comme main d’œuvre, des femmes ou
des jeunes sous rémunérés surtout dans le contexte des pays à un taux élévé
de chômage de la population active.
Problèmes d’éthique liés à la communication
Ici, les problèmes d’éthique liés à la communication portent sur la forme des
messages publicitaires, leur contenu, le média et les supports utilisés.
Il s’agit notamment :
- la publicité mensongère consistant à utiliser de labels non reconnus, créés par
l’entreprise elle-même ou dont le cahier des charges est inaccessible au
consommateur
- la publicité trompeuse qui consiste utiliser des suggestions de caractéristiques
que le produit ne possède pas réellement, mais aussi ’utilisation de médecins,
pharmaciens, scientifiques, etc. à une fin fiduciaire sans qu’il existe une base
scientifique aux arguments émis La diffusion auprès d’un public
potentiellement constitué de mineurs d’un contenu inapproprié.
- L’utilisation de messages subliminaux en associant la présentation des
produits aux images des femmes sans leur consentement ou par achat de leur
conscience.
Comme on peut le constater, le problème d’éthique lié à la communication est un
problème « d’aléa moral » ou d’anti sélection et de relation d’agence dans lesquels
l’entreprise qui communique (principale) a la vraie information sur le produits que le
consommateur (agent) n’a pas (information imparfaite).
L’entreprise qui adopte un comportement opportuniste cherche à tout prix à profiter
de l’ignorance du consommateur en l’agressant par des messages publicitaires sur les
qualités que le produit ne possède pas réellement.
Aussi la publicité agressive est une violation des droit des consommateurs qui est
contraint de consommer des produits non prévus dans son budget suite à l’influence
publicitaire.
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Problèmes d’éthique liés à la distribution

Ici les problèmes d’éthique découlent de l’optimisation des points de vente. Celle-ci
vise essentiellement à maximiser le panier moyen et traite des questions relatives à :

 L’optimisation des parcours : elle consiste à placer les points de vente dans
des endroits plus fréquentés par les consommateurs afin de les détourner de leurs
anciennes sources d’approvisionnement .L’entreprise va par exemple lancer un point
de vente plus proche que celui généralement fréquenté par les consommateurs en
cherchant à les convaincre par la présentation avec faste du nouveau produit et en
ventant ses vraies ou fausses qualités.

Ce comportement de l’entreprise met en évidence deux problèmes d’éthique :

Premièrement, l’entreprise désoriente le consommateur et perturbe sa relation avec


son ancienne entreprise

Deuxièmement, il cause des préjudices à cette entreprise concurrente qui perd une
partie de ses clients à cause de l’implantation de nouveau point de vente par cette
nouvelle entreprise qui entre sur le marché.

 L’utilisation du marketing sensorial :


Comme déjà souligné précédemment, le marketing soulève des nombreuses questions
d’éthique surtout lorsque celui-ci prend une forme sensoriale c’est-à-dire qui utilise
les méthodes qui consistent à frapper ou influencer les sens des consommateurs pour
les amener à prendre des décisions d’achat des nouveaux produits généralement non
planifiés ou prévus dans le budget et encore moins dans le panier ménager.

 L’offre de crédit en expansion dans la distribution


L’offre débouche sur les problèmes éthiques car elle est susceptible d’amener les
consommateurs au surendettement ou de s’engager à prendre des crédits dont ils n’ont
vraiment pas besoin.

Comme les autres pratiques stigmatisées ci-dessus, l’offre de crédit en expansion a


pour conséquence de perturber le budget des consommateurs qui sont contraints à
rembourser des crédits dont ils n’ont pas tiré profit.
19

C’est par exemple une entreprise de communication qui installe des points de vente au
quartier Mugunga où les clients visés sont déjà abonnés à une autre maison de
communication. La nouvelle entreprise qui s’installe, pour s’attirer la clientèle donne
des nouveaux téléphones à crédit au prix de 50$ la pièce, à payer sur une période de
10 mois en prétendant que pendant toute cette période la communication sera gratuite.

Le client qui ignore le vrai prix du nouveau téléphone et qui possède déjà le téléphone
de leurs anciens fournisseurs de services sont convaincu par cette nouvelle entreprise.
Alors que la réalité est que ce crédit ne leur offre aucun avantage mais au contraire
leur impose une nouvelle dépense non prévue car ils doivent désormais utiliser deux
téléphones qu’ils doivent charger en unités chaque jour et rembourser à même temps
le crédit reçu.

En définitive, la nouvelle entreprise qui offre ces crédits réalise d’énormes profits au
détriment des consommateurs «  trompés ».
Problèmes d’éthiques liés à la vente des biens et services

Il s’agit Ici de la dualité à laquelle se trouve confronté l’entreprise qui s’est dotée
d’une charte d’éthique et d’un code déontologique qu’elle est appelée à respecter et
les objectifs visés dont notamment la maximisation du profit ou de bénéfice. Or dans
la pratique, la recherche de la maximisation du bénéfice amène le plus souvent
l’entreprise à violer sa propre charte d’éthique ou son code de déontologie en adoptant
des comportements inappropriés :

 L’information incomplète ou erronée donnée au client


 La manipulation du client

CHAPITRE DEUXIEME : LES PROBLEMES D’ETHIQUE DES AFFAIRES


EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO.

II.1. Éthique et entreprenariat en RDC

Au regard des considérations théoriques développés au premier chapitre sur le plan


pratique, l’entreprenariat en général et l’entreprenariat des jeunes en particulier
soulève des nombreux problèmes d’ordre éthiques. Ces problèmes sont consécutifs à
20

l’environnement politique, institutionnel, économique, social et culturel dans lesquels


évoluent les entreprises et les entrepreneurs congolais.

Les crises multiformes liées à cet environnement ont eu pour conséquence la


destruction des valeurs éthiques dans tous les domaines dont celui de l’entreprenariat.

Les jeunes engagés ou qui veulent s’engager dans l’entreprenariat devront prendre en
compte l’éthique des affaires sans laquelle ils ne pourront pas connaître des succès
dans leurs affaires et réussir là où les aînés ou les parents ont échoué.

Sans être exhaustif, il y a lieu de retenir 6 éléments d’éthique ci-après :

1) Prendre conscience que dans la création d’une entreprise il y a plus d’appelés


que d’élus ;
2) connaître les qualités requises pour réussir dans son entreprise ;
3) mieux se connaître pour mieux réussir ;
4) connaître ses vraies motivations dans la création d’entreprise ;
5) connaître et évaluer le prix à payer pour la création et la réussite de son
entreprise ;
6) être capable de s’armer des valeurs  éthiques qui garantissent le succès dont
- la connaissance et la crainte de Dieu
- la foi, la vision, la passion et le courage
- la transparence
- le professionnalisme
- la crédibilité
- la responsabilité
- l’intégrité
- le prix à payer : la solitude, l’insécurité, la méfiance, le sacrifice familial et le
sacrifice financier

II.2. Éthique et gestion des finances individuelles et celles de l’entreprise

II.2.1. Les comportements financiers de congolais :

L’idée précise sur le comportement financier des congolais découle des résultats de
deux études menées en RDC, il s’agit de :
21

- L’étude diagnostique sur la protection des consommateurs de services


financiers en République  Démocratique du Congo commanditée par la Banque
Centrale du Congo et menée par CGAP en 2013.
- L’étude commanditée par le PNUD-UNCDF en 2014

La première étude a abouti aux résultats suivants :

 67,0 % des Congolais interviewés utilisent fréquemment le secteur financier


informel dont 40,4% font recours aux tontines et 26,6% aux prêteurs
informels.

 29,0 % des Congolais interviewés ayant obtenue un crédit ont dit de n’avoir
pas compris toutes les conditions de crédit.

 93 % des emprunteurs ne connaissent pas les pénalités liées aux contrats de


prêt auxquels ils souscrivent.

 79 % ne connaissent pas les méthodes de calcul des intérêts.

 73 % des Congolais interviewés épargnent. Selon ce dernier résultat l’épargne


est le produit le plus fréquemment utilisé, ce sont les personnes les moins
instruites qui mensuellement épargnent le moins et ce sont aussi les personnes
les moins instruites qui voient leurs comptes être les moins rémunérés.

La deuxième étude a abouti aux résultats suivants :

 38% de Congolais sont toujours ou régulièrement à court d'argent pour la


nourriture ou pour d'autres choses importantes tels que les médicaments à la
fin du mois ;

 Seulement 21% de Congolais épargnent régulièrement ;

 Seulement 17% de ceux qui empruntent de l'argent l'utilisent pour des


investissements productifs ;

 69% de Congolais ne paient pas leurs dettes à temps ;

 75% de Congolais qui signent des contrats financiers ne comprennent pas les
termes et conditions.
22

On constate que ces deux études se sont focalisées aux consommateurs des services
financiers en RDC. Pour appréhender d’une manière exhaustive les problèmes
d’éthique dans le secteur financier en RDC, des études plus sérieuses et plus
complètes devront se focaliser sur les offreurs des services financiers (les COOPEC,
IMF et banques) qui ont toujours englouti les épargnes des membres/clients.

Les autres intervenants dans le secteur dont la BCC, les bailleurs de Fonds, les
Associations professionnelles, les différents ministères impliqués ne sont pas épargnés
des problèmes éthiques que soulèvent le secteur bancaire et le secteur de
Microfinance en RDC.

Au stade actuel, ce problème d’éthique dans le secteur financier constitue un risque


majeur, voir le plus grand obstacle au développement de l’entreprenariat en RDC.
23

Ouvrages documents et site Web recommandés :

1. ARTHUR RICH, Ethique économique


2. Max WEBER, Protestantisme et esprit de capitalisme
3. Stéfane BUFFA, la responsabilité sociale de l’entreprise  « RSE »
4. MONUC, Rapport MAPING sur le pillage de ressources de la RDC
5. MONUSCO, Rapport 2019
6. Global éthique

II.2.2. L’EDUCATION FINANCIERE POUR LE RENFORCEMENT DE


L’ETHIQUE DES MENAGES, DES PETIT, MOYENS ET GRANDS
ENTREPRENNEURS

Plan de matière

1. EDUCATION FINANCIERE
2. GESTION BUDGETAIRE
3. EPARGNE
4. CREDIT
5. NEGOCIATION FINANCIERE

I. EDUCATION FINANCIERE
I.1. Définition :

L’éducation financière est un processus consistant à doter les personnes


des connaissances, des compétences et des attitudes nécessaires à une gestion
optimale de leurs finances personnelles.

On entend par :
24

 Connaissances : la compréhension des concepts et des problèmes liés à la


gestion des finances personnelles, notamment l’utilisation des services et des
produits financiers.

 Compétences: la capacité d’appliquer ces connaissances pour mieux gérer ses


finances personnelles.

 Attitudes: fait référence:

- à la volonté d’améliorer la gestion des finances personnelles et,

- au développement de la confiance en soi pour appliquer ces


connaissances

I.2. Objectif de l’éducation financière

 Elle vise un changement des comportements de la population :

- en améliorant la gestion des ressources et en permettant d’anticiper


financièrement les situations imprévues ;

- en faisant plus attention aux opportunités et aux risques des produits


financiers ;

- en permettant d’éviter la fraude et le surendettement.

Tout ceci conduit à terme, à l’amélioration du bien-être social de chacun


individuellement et de toute la population globalement. D’où son
importance!!

II. LA GESTION BUDGETAIRE


II.1. Définition

Le budget est une estimation des revenus attendus et des dépenses


prévues pour une période à venir. Par exemple le prochain mois ou la prochaine
année.

II.2. Utilité de la gestion budgétaire


La gestion budgétaire permet :
25

 De décider de l’affectation des revenus attendus aux différentes dépenses


qu’on désire réaliser pour une certaine période de temps.

 De savoir combien d'argent nous recevrons (obtiendront) et comment


nous voulons le dépenser sur la période de temps que nous choisissons.

 D’identifier et d’organiser les dépenses en fonction des objectifs bien


définis.

II.3. 5 Etapes pour concevoir un budget


Passer en revue vos
objectifs financiers
1
Faire une liste de
toutes les
Faire des dépenses et du
ajustements montant
nécessaire pour
5 2
chacune

Décider combien
Estimer le montant épargner
3
des revenus par 4
source

A retenir sur la procédure de conception du budget :

1. Qui se fixe d’avance les objectifs financiers, travaille pour les réaliser
2. L’épargne ne naîtra jamais de la satisfaction de tous les besoins de
l’homme mais d’une privation présente pour un avenir meilleur
3. Les ajustements du budget peuvent porter sur l’augmentation des
revenus ou la réduction des dépenses qui tient compte des priorités.
4. L’ordre de priorités recommandé pour les dépenses est la suivante :
1° Les dettes
26

2° Les dépenses Obligatoires


3° Les dépenses Optionnelles (dont les désirs)
5. L’évaluation du budget s’avère nécessaire avant l’élaboration d’un autre
II.4. Messages clés
1. Avoir un budget c’est bien, le respecter c’est mieux
A faire pour rester dans les limites de votre budget :

 Rappelez-vous souvent ce que vous avez prévu de dépenser

 Placez une somme dans le budget qui sera pour les besoins
imprévus

 N’emportez pas sur vous beaucoup d’argent dont vous n’aurez


pas besoin au courant de la journée.

 Faites le suivi de ce que vous dépensez

 Si vous dépensez plus pour un article, dépensez moins pour


autre chose

 Quand vous investissez de l’argent dans l’entreprise, considérez


ce qu’il faut faire si l’investissement échoue

2. Faite participer votre famille à l’élaboration et à l’exécution du


budget
3. Fixe tes objectifs aujourd’hui pour mieux les réaliser demain
4. Ne dépense pas plus que ce que tu gagnes et pense à l’épargne
5. Pour mieux gérer votre entreprise, faites la différence entre le
besoin et le désir

III. L’EPARGNE
III.1. Définition :
a) Selon l’économie

L’épargne c’est le surplus des revenus sur la consommation. Autrement dit,


l’épargne n’est possible que lorsque les revenus sont supérieurs aux dépenses.

b) Selon l’éducation financière


27

L’épargne n’est autre que des petits montants qu’on met de cô té sur une longue
période de temps afin d’avoir une plus grande somme dans le futur

Pour les uns, c’est l’argent qu’on met de cô té maintenant pour l’utiliser plus tard
dans des projets connus et pour les autres, il s’agit d’une sorte d’assurance pour
son futur.

III.2. Messages clés


1. Si la fourmi épargne, alors tout le monde peut épargner, toi aussi tu le
peux
2. É pargner dans une banque, COOPEC ou IMF reconnue par la Banque
Centrale du Congo rassure. Cependant, S'il n'y a pas de banque près de toi,
tu peux aussi épargner dans les likelemba – mais seulement si tu la
connais et si tu fais confiance aux autres membres du groupe. Garder une
grande somme d'argent à la maison n'est pas sû r !
3. A la perte totale de confiance dans les institutions financières, épargner
dans les biens dont la valeur est susceptible d’augmenter d’elle-même
avec le temps et facilement vendable (ex : champ, parcelle, concession
d’arbustes, volaille, chèvre, etc.)
4. Renforce ta capacité d’épargne en intégrant des associations d’épargne et
de crédit (AVEC, SACCOS) dont les membres inspirent confiance
5. Réalise tes objectifs d’épargne en quatre étapes :
a) Détermine pourquoi tu veux épargner (ex. : pour acheter une
maison ou un terrain, pour développer ton commerce, pour étudier
ou pour payer les frais de scolarité de tes enfants) et calcule la
somme dont tu as besoin. Assure-toi que ton objectif est réaliste.

b) Regarde combien tu peux mettre de cô té pour cet objectif chaque


jour, chaque semaine ou chaque mois. Tu peux maintenant calculer
combien de temps ça te prendra d’atteindre ton objectif.

c) Commence à épargner maintenant – le plus tô t tu commences, le


plus tô t tu vas réaliser ton objectif.
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d) Place ton argent dans un endroit sû r, avec un bon taux d’intérêt.


N’oublie pas de comparer plusieurs offres pour être sû r d’avoir fait
la meilleure affaire.

6. L’épargne se constitue petit à petit car dit-ton, Petit à petit l’oiseau fait
son nid.
7. Souvent, épargner est mieux que de prendre un crédit
8. J'épargne je m'assure, je me protège
9. É pargne pour les grandes occasions
10. Bénéficie des avantages de ton épargne, avec plus d’intérêts et moins de
frais
11. Renforce ta discipline en matière d’épargne avec un ordre de virement
permanent
12. Fais de l’épargne une culture familiale
IV. LE CREDIT
IV.1. Définition :

Un crédit, appelé aussi prêt, est de l’argent que l’on a emprunté auprès
d’une Banque, IMF, ou une COOPEC ou auprès d’une personne et que l’on doit
rembourser, normalement avec de l’intérêt et d’autres frais et dans une période
de temps sur laquelle on s’est mis d’accord.

Généralement, les gens empruntent pour trois raisons à savoir :

- Investir;
- Répondre à une urgence imprévue ;
- Consommer, acheter un article pour lequel ils n’ont pas actuellement
suffisamment d’argent.
IV.2. Messages clés
1. Un crédit peut t’aider à réaliser un projet quand tu n’as pas assez d’argent
pour le financer autrement ou par ton épargne. Mais il faut que le projet
rapporte assez d'argent pour rembourser le crédit, les intérêts, tous les
autres frais, et pour te payer pour ton travail.
2. Tout idée de recourir à un crédit exige qu’on se pose ces des questions

Avant de prendre le crédit


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- Ai-je réellement besoin de ce crédit ?

- Quel projet : un projet dont le niveau de rentabilité est supérieur au (taux


d’intérêt + les frais connexes)

- Quel montant ?

- Où  ? : Comparer plusieurs offres

Au moment de prendre le crédit

- Bien lire et comprendre le contrat de crédit

- Comprendre le coû t total du crédit, combien et quand on doit rembourser

Après avoir pris le crédit

- Respecter le sujet du crédit (résister à la tentation de dépenser l’argent pour


autre chose)

- Faire les remboursements comme prévu (faire un plan de remboursement)

- Prévoir un extra pour les imprévus

IV.3. Messages clés

1. Le crédit n’est jamais gratuit


2. Le crédit c'est l'argent des autres
3. Le crédit se prépare et se planifie
4. Compare toujours les offres de crédit
5. Réfléchis bien avant de te porter garant pour un crédit
6. Utilise le crédit pour le projet convenu
7. Celui qui ne rembourse pas son crédit est perdant
8. Ne rembourse pas un crédit par un autre crédit
9. Sois transparent avec ton prêteur
10. Evite le crédit sous pression et non transparent
11. Pas de crédit pour le prestige mais pour les investissements productifs
12. N’emprunte que ce que tu peux rembourser
13. Un crédit bien réfléchi d’avance peut développer tes projets
14. Rembourser ton crédit t’ouvre des portes
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V. LA NEGOCIATION FINANCIERE
V.1. Définition :

La négociation financière est un processus de communication entre une banque,


une IMF, une COOPEC et le client, communication qui permet de trouver un
accord.

V.2. Messages clés


1. Le banquier est un partenaire. Il a autant besoin de vous que vous avez
besoin de lui
2. Avant de signer un contrat avec une institution financière, prends le
temps de le comprendre.
3. S'informer auprès d'une banque est un droit. En effet, C’est ton droit de
recevoir toutes les informations sur l’offre de la banque que tu veux
utiliser (ex : un crédit, un compte courant, un compte d’épargne).
4. N’hésite donc pas à poser des questions si tu veux avoir plus
d’informations ou si tu ne comprends pas certaines choses. Si ta banque
ne veut pas t’informer, elle n’est pas la meilleure partenaire pour toi.
5. Comparez les offres de différentes institutions financières.
6. Sois vigilant(e) avec les offres financières qui attirent à priori car dit-on :
tout ce qui brille n’est pas de l’or.
7. N’hésite pas à demander de l’aide à tes amis, à ta famille, à d’autres clients
ou à ton conseiller si tu as des doutes.
8. Avant de signer un contrat avec une banque, prends le temps de le
comprendre
9. Respecte ton obligation qui est celle de de respecter le contrat signé avec
le banquier ou ton partenaire financier
10. Connais tes droits en tant que client d’une banque pour savoir les
revendiquer. Tu as droit :
- A toute information concernant l’offre que tu réfléchis d’utiliser et
les frais associés.
- D’être traité avec respect et d’être servi rapidement.
- Te plaindre (par écrit) auprès de ta banque si quelqu’un t’as
maltraité et d’obtenir une réponse d’elle.
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- D’attaquer en justice ta banque si elle ne respecte pas le contrat


que vous avez signé.
- De décider librement si tu veux ou pas emprunter de l’argent ou
non. Personne ne peut t’y forcer.
- D’accéder à ton épargne quand tu veux (sauf s’il est indiqué que
non dans le contrat que tu as signé)
- A ce qu’on ne partage pas tes informations personnelles : ta
banque ne peut partager tes informations personnelles que si tu
donnes ton accord
- D’utiliser l’offre de ta banque sans payer une corruption. Les
employés de la banque n’ont pas le droit de te demander une
corruption.

EN RESUME

Maitrisez bien vos revenus et vos dépenses au point de garder une petite somme
chaque période pour réaliser un projet. Si votre épargne ne suffit pas pour
réaliser votre projet, recourez au crédit pour le supplément. Mais en voulant
prendre le crédit, prenez soins de bien lire le contrat avant de le signer et surtout
d’affecter votre crédit dans une activité productive pour rembourser fidèlement
le crédit.

En tout cas, le banquier est un partenaire avec qui on peut négocier jusqu’à
obtenir des compromis avantageuses pour tous.

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