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Accords préalables/Prix de transfert:

Comment ça marche
Par Hassan EL ARIF | Edition N°:5086 Le 15/08/2017 | Partager 
Le dispositif officiellement opérationnel
Les demandes doivent être déposées six mois avant l’exercice concerné
Les premières conventions applicables à partir du 1er janvier 2019

C’est un véritable pacte de sécurité que propose l’administration fiscale aux filiales
des multinationales opérant au Maroc. En signant un accord sur les prix de transfert
pratiqués au sein de leur groupe, elles bénéficient de solides garanties et ne
risquent pas d’être redressées.

Il fallait un décret définissant les modalités de ces accords, il a été publié au B.O.
n°6594 du jeudi 10 août après deux ans d’attente. Le texte s’inspire des «meilleures
pratiques» en matière de fiscalité dans les pays développés et permettra
certainement au Royaume de gagner des points auprès des investisseurs étrangers.

La notion de prix de transfert renvoie au prix auquel une multinationale facture ses
transactions à ses filiales installées dans un pays donné. Ces transactions peuvent
concerner des ventes de biens, de services ou de licence de propriété.
Certaines maisons-mères sont parfois amenées à tricher sur ces prix de manière à
éluder l’impôt. Ce qui constitue une importante source de litige avec
l’administration fiscale. D’ailleurs, de nombreuses sociétés relevant d’un groupe
international ont déjà été redressées à coup de dizaines de millions de dirhams. Des
situations à l’origine d’un important malentendu entre ces sociétés et
l’administration.
D’où le principe de signer un accord préalable sur ces prix pendant une période
maximum de quatre ans, au cours de laquelle l’administration ne pourra pas
contester ces prix. La mesure, qui a été instituée par la loi de finances 2015, répond
aux attentes des centaines de filiales de groupes étrangers installées au Maroc et
permettra à l’administration de neutraliser une source de contentieux avec les
contribuables.

Les entreprises opérant dans le Royaume et qui ont des liens de dépendance
directe ou indirecte avec une maison-mère implantée à l’étranger doivent déposer
une demande auprès de la Direction générale des impôts (DGI) et ce, au moins six
mois avant l’ouverture de l’exercice concerné par l’accord. Au vu de la date de la
publication du décret, les premiers accords préalables porteront sur l’exercice
2019.

Avant d’effectuer cette démarche, les sociétés intéressées peuvent d’ores et déjà
demander une entrevue exploratoire avec un responsable de l’administration
fiscale pour discuter des conditions d’application de l’accord. La rencontre est
destinée à informer les contribuables sur la procédure, la nature des informations
nécessaires à l’analyse de la politique de prix de transfert pratiquée par la firme,
ainsi que l’échéancier des rendez-vous ultérieurs avant la signature finale de
l’accord.

«Ces rencontres sont également prévues au plan international.  La rencontre


permet d’exposer l’activité de l’entreprise, les aspects concernés par l’accord,
notamment les services, les redevances…», explique Adelmejid Faiz, expert-
comptable associé à EY.
La demande doit renseigner sur la relation exacte entre une multinationale et une
ou plusieurs sociétés installées au Maroc, la nature des transactions et les prix de
transfert proposés ainsi que la période visée par l’accord, qui peut être inférieure à
quatre ans.
La demande doit être accompagnée d’une panoplie de documents, notamment le
cadre général de l’exercice des activités des entreprises associées. Le dossier doit
également comprendre l’organigramme général du groupe auquel appartient la
société et décrivant les liens juridiques entre les filiales et la maison-mère, la
stratégie prévisionnelle des filiales, les documents financiers et fiscaux certifiés des
quatre dernières années. Le dossier doit également renseigner sur la norme
comptable adoptée et qui a une incidence directe sur la détermination des prix de
transfert.

Le décret prévoit également l’obligation de donner la description générale des


fonctions exercées, des actifs utilisés et des risques encourus par les entreprises
associées, le récapitulatif des actifs incorporels. La description du marché
économique, des domaines d’activité des entreprises associées et des transactions
contrôlées fait également partie des éléments d’information exigés.
Les accords préalables en matière de prix de transfert signés avec d’autres autorités
étrangères doivent être signalés. La société doit décrire la méthode de
détermination des prix de transfert proposée ainsi que les comparables adoptés
pour justifier les prix pratiqués. La liste n’est pas exhaustive et l’administration peut
demander tout complément d’information qu’elle juge nécessaire pour l’étude du
dossier.

Le dispositif des accords préalables devrait mettre fin aux rapports de suspicion
entre le fisc et certaines filiales de multinationales.

L’administration reste vigilante


Le fait de signer un accord préalable sur les prix de transfert pour une période de
quatre ans ne met pas à l’abri de la vigilance de l’administration fiscale. Un rapport
de suivi doit être fourni chaque année sur l’état détaillé du calcul des prix de
transfert tels que prévus par l’accord, l’état récapitulatif des éventuelles
modifications apportées aux conditions d’exercice des transactions visées. Une
copie du rapport annuel d’activité des entreprises associées doit également être
fournie.

Les relations économiques concernées


■ Transfert de biens
■ Transfert de services (y compris les «management fees»)
■ Ventes/Concessions d’incorporels économiques ou juridiques
■ Opérations financières  
■ Opérations courantes ou exceptionnelles
■ Mise à disposition de biens ou de personnel
Source: E&Y
Les prix de transfert concernent les prix appliqués aux transactions entre une
ou plusieurs filiales et leur maison-mère installée à l’étranger. Toutes les
relations économiques sont visées à l’exception de la distribution de bénéfices

 
Fiscalité: comment vont
 

fonctionner les nouveaux


accords préalables sur les
prix de transfert  
Par N. E.

Dimanche 20 août 2017 à 08h28

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MEDIAS24
 

Institué par la Loi de Finances 2015, l’APP (accord préalable sur les
prix de transfert) voit enfin le jour. Le décret attendu a été signé le 3
juillet et publié dans le B.O. du 10 aout (n°6594). L’administration
fiscale va maintenant publier la circulaire sur les modalités de
conclusion de cet accord préalable.

Les prix de transfert concernent les facturations entre sociétés du


même groupe. L’APP instauré par la Loi de Finances 2015 concerne
les sociétés établies au Maroc et qui ont un lien de dépendance avec
des sociétés à l’étranger. En d’autres termes, les filiales de
multinationales d’abord. C’est là qu’il y a un enjeu fiscal (traité par
cet APP) et un enjeu également au niveau de la règlementation des
changes (non concerné par l’APP).

Les prestations ou marchandises facturées concernent des achats de


produits, des frais de gestion, de redevances, d’assistance, d’études…
Une suspicion a toujours entouré ce genre de facturations ciblées
régulièrement par le contrôle fiscal. La suspicion concerne les
possibilités de surfacturer, majorer les prix, voire l’existence de
prestations fictives, dans l’objectif de déplacer une partie du chiffre
d’affaires et/ou du résultat fiscal vers la maison mère.

La Loi de Finances 2015 s’était traduite par l’ajout de deux articles


au Code général des impôts:

-L’article 234 bis portant sur le champ d’application de l’APP.

-et l’article 234 ter, portant sur les garanties et les cas de nullité de
l’accord.

Comme le prévoit l’article 234 bis, les modalités de conclusion de


l’accord sont fixées par voie réglementaire (décret et circulaire de
l’administration).

Le décret n°2.16.571 du 3 juillet qui va être précisé par la circulaire


de l’administration fiscale, vient préciser cette marche à suivre.
Voici donc une première esquisse de guide pratique, telle qu’elle
ressort du décret:

> La demande d’APP

Les entreprises qui ont un lien de dépendance avec des entreprises


situées hors du Maroc et qui désirent conclure un accord préalable
sur les prix de transfert (APP) doivent déposer une demande à
Direction Générale des Impôts. Des rencontres préliminaires avec
l’administration sont possibles, avant le dépôt de la demande d’APP.

*Les rencontres préliminaires

Parmi les points que l’entreprise a intérêt à soulever:


-les parties et les participants visés: s’agit-il d’un APP unilatéral,
bilatéral ou multilatéral?

-les données, les analyses et les documents qui peuvent être requis;

-les exercices visés par l’APP (4 exercices au maximum).

*La demande

Elle doit être déposée six mois au moins avant l’ouverture du


premier exercice visé par l’accord. Cette demande devra préciser,
notamment:

1. les entreprises associées en relation avec l’entreprise


demanderesse;

2. les opérations objet de l'accord;

3. les exercices visés par l’accord;

4. la méthode de détermination des prix de transfert proposée et ses


hypothèses de base.

L’objectif des éléments susvisés est d’avoir un point de départ qui


fait l'objet de discussions entre les parties. Ainsi, il se peut que la
méthode et les hypothèses proposées soient modifiées lors des
négociations de l’accord préalable.

A cet effet, il est à souligner que:

1. l’entreprise demanderesse peut indiquer dans sa demande qu’elle


veut conclure un APP bilatéral ou multilatéral. Ce point constitue
une surprise. On s’attendait à une seule formule: l’APP unilatéral,
qui n’engage que le Maroc. Dans le cas d’un APP bilatéral ou
multilatéral (qui évite donc la double ou la multiple imposition), elle
doit indiquer les parties concernées par l’accord: par exemple une
ou plusieurs autorité(s) fiscale(s) étrangère(s) concernée(s) par
l’accord et ayant conclu avec le Maroc des conventions fiscales
internationales contenant une disposition sur la procédure à
l’amiable.
2. les opérations objet de la demande de l'accord doivent être
transfrontalières et peuvent concerner les biens, les services et les
incorporels et peuvent cibler une ou plusieurs transactions.

3. Le contribuable doit proposer une période initiale pour un APP


qui tient compte notamment de l'activité, des opérations visées, des
faits, des circonstances et du dénouement du cas. Cependant, cette
durée ne peut excéder 4 ans et ce, conformément aux dispositions
de l’article 234 bis du CGI.

4. l’entreprise doit décrire brièvement dans sa demande :

a. les hypothèses critiques sur lesquelles elle se fonde pour


justifier l'application de la méthode de détermination des prix
de transfert proposée ;

b. La méthode de détermination de prix de transfert la plus


appropriée proposée pour rémunérer l’activité considérée

5. la demande doit être signée par un représentant de l’entreprise


dûment accrédité.

*Pièces accompagnant la demande

En vue de permettre à l’administration de posséder tous les


renseignements nécessaires lui permettant de prendre une décision
éclairée sur la demande d'un APP. La demande d’un APP doit être
accompagnée des documents suivants :

1. le cadre général de l’exercice des activités des entreprises


associées:

- la structure organisationnelle de l’ensemble des


entreprises associées et leurs liens juridiques ainsi que la
répartition du capital de ces entreprises ;

- la stratégie prévisionnelle de l’entreprise (business plan)


;
- les documents financiers et fiscaux des entreprises
associées certifiés par les autorités compétentes et
couvrant les quatre derniers exercices comptables;

- les normes comptables appliquées par les entreprises


associées et qui ont une incidence directe sur la méthode
de prix de transfert ;

- l’activité des entreprises associées ;

2. la description générale des fonctions exercées, des actifs


utilisés et des risques assumés par les entreprises associées ;

3. la description détaillée des actifs incorporels détenus par les


entreprises associées ;

4. la description du marché économique et du (des) domaine


(s) d’activité des  entreprises associées et de l’ensemble des
transactions contrôlées;

5. les accords contractuels entre les entreprises associées ;

6. les accords de répartition de coûts entre les entreprises


associées ;

7. les accords préalables en matière de prix de transfert conclus


entre l’entreprise demanderesse avec d’autres autorités
étrangères ainsi que les consultations fiscales établies par ces
dernières ;

8. l’identification, l’analyse et la sélection des comparables


ainsi que les justifications et éventuels ajustements de la
comparabilité ;

9. la méthode de détermination des prix de transfert proposée


et ses hypothèses détaillées ainsi que ses conditions
d’ajustement.

L’entreprise peut appuyer sa demande par toute autre information


ou documents supplémentaires jugés pertinents.
L’administration fiscale peut également demander à l’entreprise
demanderesse de lui communiquer des compléments d’informations
relatifs aux documents précités pour lui permettre d’analyser la
méthode objet de l’accord.

>L’instruction et la conclusion de l’accord préalable

*L’instruction de la demande

L'accord préalable en matière de prix de transfert suppose une


coopération étroite entre l'entreprise demanderesse et
l'administration.

Différentes réunions sont donc tenues avec l’entité chargée des APP
au sein du Fisc, avant le dépôt de la demande, pendant l’instruction
de la demande et enfin, avant le dépôt des conclusions.

*La conclusion d’un APP

Etant donné que chaque APP est unique, les exigences concernant
les termes de l’accord seront traitées au cas par cas. Néanmoins, les
termes de l’accord doivent préciser, notamment:

1. la période couverte par l’accord et sa date d’entrée en


vigueur;

2. la description précise des opérations objet de l’accord;

3. la description de la méthode retenue pour la détermination


du prix de transfert;

4. le dispositif de suivi de l’accord ainsi que les renseignements


et les informations à porter dans le rapport annuel de suivi;

5. les hypothèses de base pour la détermination du prix de


transfert;

6. les cas de révision et d’annulation de l’accord.


Il est à souligner que l’Accord doit être signé par les personnes
habilitées et fonction de sa nature (APP unilatéral, bilatéral ou
multilatéral).

*Le rapport de suivi

L’entreprise ayant conclu un APP doit déposer annuellement à


l’entité chargée des APP au siège de la Direction générale des Impôts
un rapport de suivi qui doit contenir, au minimum les éléments
suivants :

1. un état détaillé du calcul des prix de transfert prévus par


l’accord ;

2. un état récapitulant des modifications éventuelles apportées


aux conditions d’exercice concernant les transactions visées
par l’accord ;

3. une copie de la structure organisationnelle de l’ensemble des


entreprises associées et leurs liens juridiques ainsi que la
répartition du capital de ces entreprises en détaillant les
éventuelles modifications ;

4. une copie du rapport annuel d’activité des entreprises


associées.

>Garanties apportée à l’entreprise

L’accord sur la méthode de détermination des prix de transfert


permet à la société concernée de bénéficier des garanties suivantes:

-la garantie que les prix pratiqués dans ses relations


industrielles, commerciales ou financières intra-groupe ne
feraient pas l’objet d’une rectification au titre des bénéfices
indirectement transférés.

-la garantie que ledit accord s’applique à toutes ses


transactions futures réalisées durant la période de l’accord.
>Les cas où l’administration peut remettre en cause
l’accord

L’administration peut remettre en cause la méthode de


détermination des prix de transfert ayant fait l’objet d’un accord
préalable avec une entreprise, conformément aux dispositions de
l’article 234 bis du CGI, dans les cas suivants:

-la présentation erronée des faits, la dissimulation


d’informations, les erreurs ou omissions imputables à
l’entreprise ;

-le non-respect de la méthode convenue et des obligations


contenues dans l’accord par l’entreprise ou l’usage de
manœuvres frauduleuses.

L’administration fiscale précise que le dépôt d'une demande d'APP


n'entraîne pas automatiquement ou nécessairement un contrôle
fiscal, ni n’empêche ou retarde une éventuelle procédure de
contrôle.

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