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Evaluation de fin de séquence : corrigé

La poésie lyrique
1 Elle a passé la jeune fille
2 Vive et preste1 comme un oiseau :
3 À la main une fleur qui brille,
4 À la bouche un refrain nouveau.

5 C’est peut-être la seule au monde


6 Dont le cœur au mien répondrait,
7 Qui venant dans ma nuit profonde
8 D’un seul regard l’éclaircirait !

9 Mais non, ma jeunesse est finie…


10 Adieu, doux rayon qui m’a lui2,
11 Parfum, jeune fille, harmonie…
12 Le bonheur passait, il a fui !

Gérard de Nerval, « Une Allée du


Luxembourg », Odelettes, 1853

Notes :
1 - Preste : agile, rapide.
2 - A lui : passé composé du verbe « luire ».

I – La forme du poème ( /3,5)

1. Comment appelle-t-on le type de strophes employé dans ce poème ? ( /1)


Les strophes employées dans ce poème sont des quatrains car elles sont composées de quatre
vers.

2. Comment appelle-t-on le type de vers employé dans ce poème ? ( /0,5)


Les vers de ce poème ont chacun huit syllabes prononcées. Ce sont donc des octosyllabes.

3. Quel est le type de rimes utilisé ? ( /1)


Les rimes de ce poème suivent un schéma ABAB, ce sont des rimes croisées.

4. Ce poème est-il un sonnet ? Pourquoi ? ( /1)


Non, ce poème n’est pas un sonnet car un sonnet est composé de deux quatrains et deux
tercets. Or, ici il y a trois quatrains.

II – Une apparition ( /11,5)

5. Relève le champ lexical de la lumière. Que met-il en valeur ? ( /2)


Le champ lexical de la lumière dans ce poème est composé des mots suivants : « brille » (v.4),
« éclaircirait » (v.8), « rayon » et « a lui » (v.10).
Ce champ lexical sert à décrire la jeune fille en la mettant en valeur, car elle est comparée à de
1
la lumière. Cela donne une image d’elle positive, associée au soleil qui symbolise la vie.

6. Relève une comparaison dans le texte. Que met-elle en valeur ? ( /1,5)


La jeune fille est comparée à un oiseau : « Vive et preste [comparé] comme [outil de
comparaison] un oiseau [comparant] » (v.2).
Cette comparaison donne une impression de rapidité et d’agilité animales à la jeune fille. On
lui imagine un caractère joyeux voire instable, à l’image de l’oiseau qui vole en tous sens. Cela
évoque aussi le printemps, symbole de renouveau et de joie.

7. Analyse les sensations dans le texte. Que remarques-tu ? ( /2)


- « Vive et preste comme un oiseau » (v.2) = vue
- « À la main une fleur qui brille » (v.3) = toucher, odorat et vue
- « À la bouche un refrain nouveau » (v.4) = goût et ouïe
- « Dont le cœur au mien répondrait » (v.6) = ouïe
- « D’un seul regard l’éclaircirait ! » (v.8) = vue
- « Adieu, doux rayon qui m’a lui » (v.10) = toucher (rayon du soleil sur la peau) et vue
- « Parfum, jeune fille, harmonie… » (v.11) = odorat, ouïe (harmonie musicale)
- « Le bonheur passait, il a fui ! » (v.12) = vue
On remarque que tout au long du poème les sens sont sollicités et parfois mélangés dans un
même vers. Ce poème joue donc sur la figure de style appelée la synesthésie. Cela donne
l’impression que la jeune fille est partout à la fois (tous les sens du poète sont éveillés).

8. a) Dans le vers 12, quel type de propositions est utilisé ? Délimite-les avec des crochets. ( /1)
[Le bonheur passait], [il a fui !]
Ces deux propositions sont séparées uniquement par un signe de ponctuation (la virgule), elles
sont donc juxtaposées.

b) Dans les vers 5 à 8, délimite les propositions avec des crochets et donne leur nature.
Justifie ta réponse. ( /3)
- [C'est peut-être la seule au monde] est la proposition principale. Elle est indépendante :
on peut couper la phrase ici et il n'y a pas de mot introducteur.
- [Dont le cœur au mien répondrait] est une proposition relative. Elle est introduite par
un pronom relatif (dont fait partie de la liste des pronoms relatifs et reprend
l’antécédent la seule), elle ne peut pas être déplacée, et elle ne répond pas à la
question quoi ?.
- [Qui venant dans ma nuit profonde D'un seul regard l'éclaircirait !] est une proposition
relative. Elle est introduite par un pronom relatif (qui fait partie de la liste et reprend
l’antécédent la seule), elle ne peut pas être déplacée, et elle ne répond pas à la
question quoi ?.

c) Quelle est la figure de style employée aux vers 7 et 8 ? A quoi sert-elle ? ( /2)
Dans les vers 7 et 8, il y a une antithèse, comme le montrent les deux termes surlignés qui
malgré leur opposition sont rapprochés dans deux vers qui se suivent : « Qui venant dans ma
nuit profonde / D’un seul regard l’éclaircirait ! ».
La jeune fille apparaît comme la seule et unique qui peut changer la nuit en journée, l’obscurité
en lumière, et qui réunit ainsi les contraires pour les faire fusionner. Elle est source de soleil
donc symboliquement de bonheur.

2
III - Le bonheur a fui ( /6)

9. Quelle est l’émotion mise en valeur par le poète dans le dernier vers ? Pour t’aider à
répondre, observe le type de phrase utilisé ainsi que le temps des verbes. ( /1,5)
Dans le dernier vers, le type de phrase utilisé est la phrase exclamative. Les verbes sont à deux
temps du passé (passait est à l’imparfait et a fui est au passé composé).
La tristesse exprimée est mise en valeur par l’exclamative et se concentre sur le passé, on
comprend donc que le poète exprime de la nostalgie.

10. Relève le verbe dans le premier vers et un autre endroit où le même verbe est employé à
nouveau. Que remarques-tu ? ( /1,5)
Dans le premier vers, le verbe passer est employé (a passé). Il réapparaît au dernier vers (v.12)
à l’imparfait : passait.
On remarque que dans le vers 1 le sujet de ce verbe est la jeune fille tandis que dans le dernier
vers le sujet est le bonheur. On comprend donc grâce à cette répétition du même verbe que la
jeune fille est associée au bonheur. Cela permet aussi de donner une unité au poème en créant
un effet de boucle entre le premier et le dernier vers.

11. Quels sont les autres verbes exprimant la même idée ? D'après cela, quel est le thème du
poème ? Détaille ta réponse. ( /1,5)
Les autres verbes qui expriment la même idée que le verbe passer sont : venir, finir, fuir (v.7, 9
et 12). Ce sont donc quatre verbes d’action qui expriment une idée de passage, de mouvement,
quelque chose qui s’en va. On comprend donc que le thème du poème est l’amour insaisissable
et la fuite du bonheur mais aussi du temps.

12. En quoi ce poème est-il lyrique ? ( /1,5)


Ce poème est lyrique car il exprime des sentiments personnels (il est écrit à la première
personne : Dont le cœur au mien répondrait v.6) et met l’accent sur l’amour et les émotions
(cœur v.6, harmonie v.11, bonheur et nostalgie v.12). Enfin, ce poème est à la fois personnel
(la seule au monde v.5) et universel (la jeune fille n’est pas décrite précisément, ni
physiquement ni moralement). La beauté des sentiments décrits est mise en valeur par les
jeux sur les sonorités (exemple : le son [eu] est décliné dans chaque vers).

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