Vous êtes sur la page 1sur 3

LA n°1 Sonnet XXIII de Pierre de Ronsard dans Les Amours (1552)

Problématique de Lauriane : en quoi le poète allie-t-il sentiments et perfection ?

Secrétaire de séance : Marley


Plan élaboré collectivement
I / Le poète (à travers la métaphore filée des pierres précieuses) dévoile ses sentiments pour une
femme
a/ Son amour
- Vers 9 : la structure de ce vers met en avant ses sentiments. Le mot « cœur » a une place centrale
car il est placé à la césure1 (4/6) le lecteur fait une pause entre ce qu’il est écrit avant et après ce
mot / place de premier choix + 1er vers sizain = dévoilement du sentiment du poète.
- Tps verbal = bcp de verbes conjugués au présent « me sont » (verbe d’état); « ne se présente » ;
« j'adore » (verbe de sentiment) = signes de la grandeur et persistance de son amour / sentiment
amoureux pour cette femme.
- Bcp de marques personnelles du poète = registre lyrique : « me sont » = pronom personnel
complément, « à moi » = pronom, « j' » = pronom personnel sujet
- Emotion forte, intense, vive = « en si profond émoi » : "si" = adverbe intensif / adjectif
« profond » antéposé = avant le nom = effet d’insistance sur l’importance de son trouble face à elle
- Insistance des rimes en fin de vers --> « émoi + moi » donnent de l'importance à son ressenti

b/ Son désir
Il aime / désire le corps de cette femme qu'il désigne par :
- les comparaisons / la métaphore filée des pierres matières précieuses : « Corail » = lèvres,
« Marbre » = Peau, « ébène » = la couleur de ses sourcils (bois noir et cher) /« Albâtre » = son front
(blanc) / « Saphir » = ses yeux bleus, « diamants et rubis » = ses seins, diérèse sur le substantif
di/amants = mise en évidence / clin d’œil coquin / un indice de grivoiserie ?, « ce fin or » = sa
chevelure blonde = description d’une beauté occidentale / d’une beauté qui reprend les canons de
beauté du XVIème siècle : l’énumération des parties de son corps court sur 2 strophes, les deux
premiers quatrains c’est dire le désir du poète pour ce corps féminin.
- insiste sur un amour charnel
- allitération en [s] = « saphirs » / « soupirs » x2 / « jaspe »/ « songer » x2 « penser » x2 = mime la
sensualité de la femme (sons sensuels), sonorité douce, pense bcp à son corps.
- Anaphore (ou reprise anaphorique) de "et" = conjonction de coordination (répétition) = accumule
toutes les parties de son corps = mime la montée de son désir, il l'aime dans sa globalité, comme si
son désir était inépuisable. Polysyndète = reprise d’une conjonction de coordination en début de
phrase ou de proposition pour marquer le principe de l’accumulation.
- « Le plaisir qui ne se peut passer » -> insistance sur le fait que son désir est irrépressible -> verbe
modalisateur (verbe de modalité) « pouvoir » associé à une négation : seul le plaisir que cette
femme lui inspire compte, elle devient son exception.
- Femme comparée à la rose -> une femme jeune / insistance sur sa jeunesse = une image topique =
un topos (des topoi) en poésie = une tradition

1
La césure d’un alexandrin (12 syllabes) délimite le vers en deux hémistiches (6/6).
c / Sa nostalgie
- Strophe 4 : « Songer, penser et repenser encore », insistance, répétition des mêmes mots d’un
vers sur l’autre (vers 13 et 14) / encore plus insistant -> adverbe de fréquence « encore » à la fin
du vers, ces deux vers sont la pointe du sonnet = plus d’importance, verbes de pensée à l’infinitif ->
pas de bornes d’espace-temps -> cela mime le mouvement de pensée du poète qui semble être un
mouvement de survie.
- présence de virgules = obsession
- « repenser » -> préfixe « re » devant penser qui souligne encore une fois l’obsession

Transition : L’écriture pour le poète devient le moyen de dépasser son chagrin d’amour / pour tenter de
donner vie à son idéal / sa muse dans un écrin parfait. ou Le poète ne fait pas que dévoiler ses sentiments,
il écrit un chant de célébration à Cassandre et aux mots eux-mêmes.
II/ Le poète donne vie à un idéal de perfection

a/ La description idéalisée de la femme


- « ce fin or, où l'or même se mire » = hyperbole pour insister sur la brillance / la beauté de ses
cheveux
- Strophe 2 --> assonance en [i] avec les termes « saphirs / porphyre / soupirs … » = insiste sur le
fait qu'elle est totalement inaccessible
- Motif de la blancheur avec les matériaux tels que l’albâtre et marbre = pureté et noblesse
- Premier tercet : « qu’un autre objet ne se présente à moi », il ne pense qu’à elle -> négation
exceptive (ne que) = elle devient son exception.
- L’adjectif « beau » a une connotation méliorative, ici le poète en fait un complément du nom : « le
beau de leur beau » -> hyperbole par la répétition de beau, phrase avec un effet d’insistance /
structure ou construction superlative
- Elle ressemble à une déesse -> Aphrodite ou Vénus, déesse de la beauté et l’amour, référence à
Zéphyre dans le poème donc il y a un effet de contamination, comparaison implicite entre Vénus et
cette femme désirée.
- « qu’un autre objet ne se présente à moi », il compare les autres femmes à des objets alors qu’il
compare la femme à une déesse
- Jeu avec les 5 sens : Comparaison de la femme à deux fleurs = joue sur l’odorat = une synesthésie
/ le toucher avec le marbre
- Choix du verbe « adorer » = sens étymologique / sens fort = rendre un culte

b/ Une femme rêvée / en songe (= un certain onirisme présent dans le poème)


- un sonnet qui comporte une seule phrase = comme un souffle = 11 virgules (et 2 enjambements) au
vers 5,6 et 12,13 = accentue l'inaccessibilité cette femme et le fait qu’elle soit sa muse / sa source
d’inspiration inépuisable.
- une femme fantasmée décrite comme un tableau vivant, le poète crée des images animées : « ce
marbre qui soupire » = personnification du marbre, corps féminin pas inerte, qui vit = proposition
subordonnée relative « ce marbre qui … »
- « ces diamants qu'un Zéphyre tient animés d'un soupir adouci » = vers érotique, Zéphire = allégorie
du vent, comme si le vent lui-même venait souffler sur le bout de ses seins pour les faire bouger /
exciter. Effet d’hyperbole. Personnification des diamants qui bougent.
- Comparaison de la femme à des roses « Et ces œillets et ces roses aussi »= une passante, qqn
d’éphémère comme la vie d’une rose. D’autant plus belle que sa beauté est éphémère.
- Choix du marbre = matériau froid -> femme inaccessible
- Répétition du déterminant démonstratif « ces » : comme si le poète la désigner du doigt mais il ne
la voit qu’en rêve. Référence à son fantasme
- Le souvenir de cette femme est un refuge pour le poète et l’écriture un moyen de compenser le
sentiment de manque / ses tourments.

c / Le poète, un être virtuose

Le plaisir des sens rejoint ici le plaisir des mots et des sons. Ronsard joue avec le rythme et la musicalité
des mots.

- Choix du sonnet (= petite chanson étymologiquement en italien) lui-même = petit bijou / écrin pour
mettre en valeur la femme qu’il aime :
- Rythme marqué / bien frappé avec un huitain qui reprend la même structure 4 /6 1ère partie plus
courte et césure mise en évidence avec des virgules pour mettre encore une fois la femme sur un
piédestal. Dans le sizain, les vers 11 et 14 ont un rythme différent avec une 2ème partie plus longue
qui marque l’épanchement des sentiments du poète / le dévoilement de ses sentiments / son
intériorité. (schématiquement huitain = éloge de son cops / sizain = sentiments)
- Choix du décasyllabe : pas aussi noble que l’alexandrin mais c’est un vers héroïque ce qui est en
cohérence avec le projet de Ronsard car il fait de Cassandre / cette femme l’héroïne de ce
poème.
- Des enjambements (= quand le vers déborde sur le suivant) très symboliques : le poète joue avec
ces effets. Vers 5 et 6 : c’est le mot « Zéphyre », un vent doux et léger qui fait déborder le verbe
de mouvement au début du vers suivant = donne une impression de mvt au lecteur. Vers 12 et 13 : «
… qui ne se peut passer / De les songer … » crée un effet de suspense / de … mais la chute est
douloureuse pour le poète car la femme aimée n’existe que dans ses rêves.

= tradition en poésie depuis Pétrarque (poète italien du 14ème) qui a écrit son Canzionere en 1330
où il dépeint ses amours malheureuses avec la belle Laure. Ici Ronsard reprend cette tradition
dans un sonnet !

- Jeu sur les sons pour rendre cette femme d’autant plus belle : plusieurs chaînes rimiques qui donnent
un caractère plaisant et sensuel au poème. Rimes embrassées (ABBA ABBA) dans le huitain et
schéma italien dans le sizain (CCD EED) référence à Pétrarque ! omniprésence du son [i] = crée une
harmonie sonore dans le poème = ce qui vise à accentuer la beauté de la femme aimée. Jeu de
répétitions / reprises des sons ou de mots dans le tercet comme dans une chanson.

Vous aimerez peut-être aussi