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MEMOIRE PROFESSIONNEL
INTRODUCTION...................................................................................................................... 4
2
DEUXIEME PARTIE : mise en place de la démarche d’apprentissage de la prise
de notes et évaluation.......................................................................................................... 21
CONCLUSION ........................................................................................................................ 31
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................... 32
ANNEXES…………………………………………………….…………………………...…33
3
INTRODUCTION
En tant que professeur stagiaire au lycée des Arcades à Dijon, j’ai pris en charge
l’enseignement des processus 8 et 9 (prévision et gestion budgétaire, mesure et analyse de
la performance) en classe de BTS 2 ième année.
Ma classe est constituée de 27 étudiants dont les origines sont assez hétérogènes tant au
niveau social qu’au niveau de leur parcours scolaire. Mes premiers cours m’ont très vite
amenée à constater l’écart qu’il y avait entre mes attentes vis-à-vis d’étudiants de BTS et la
réalité de ma classe. Le constat le plus marquant était sans aucun doute pour moi leur
absence totale de prises de notes pendant le cours. En dehors des parties explicitement
dictées, ils ne notaient visiblement rien d’autres (commentaires, exemples, questions posées
et réponses apportées). J’ai dans un premier temps changé ma façon de faire mes cours afin
d’être sure que chacun ait noté le plus important à la fin d’un cours. Je les ai rejoint là où ils
en étaient dans leur conception d’un cours.
Mais dans un deuxième temps, je me suis demandée comment les faire évoluer dans leur
pratique ce qui me paraissait essentiel pour des étudiants amenés à s’intégrer dans le
monde du travail à la fin de l’année. C’est pourquoi la prise de notes m’a paru un thème
intéressant pour mon mémoire. C’était l’occasion d’effectuer une recherche et un travail dont
je sentais l’utilité à la fois urgente et immédiate pour mes étudiants
Mes premières lectures sur la prise de notes m’ont fait prendre conscience de l’importance
de la motivation dans la démarche de la prise de notes. En parallèle, un certain manque de
participation orale, l’abandon par deux étudiants de leurs études et les discussions eues lors
d’entretiens de stages avec certains étudiants m’ont amenée à penser que les problèmes
rencontrés au niveau de la prise de notes ne pourraient s’analyser sans avoir recours à cette
dimension. J’envisagerai donc aussi la motivation comme nécessaire à la prise de notes et
la motivation comme résultat potentiel d’un travail sur la prise de notes.
Nous verrons dans un premier temps comment les analyses théoriques confrontées aux
constats établis en classe ont aidé à formuler des hypothèses de travail. Dans un deuxième
temps, après avoir décrit les exercices mis en place et leur déroulement, je tenterai d’évaluer
la pertinence des hypothèses posées et les résultats tant au niveau du travail fait avec les
étudiants que de la démarche pédagogique suivie.
4
PREMIERE PARTIE : observations de la classe et
formulation d’hypothèses
Dans un premier temps , nous allons observer la classe, ses caractéristiques et son
comportement au niveau de la prise de notes et de la motivation. Puis nous mettrons en
parallèle ce que nous apprend la théorie et ce diagnostic afin de formuler des hypothèses
pour dépasser les difficultés d’apprentissage rencontrées et mettre en place les travaux
nécessaires au changement.
Pour comprendre les freins à la prise de notes et le manque de motivation des étudiants,
l’observation de la classe est importante. Elle met en lumière les caractéristiques communes
aux étudiants mais aussi leurs différences.
Une analyse des fiches d’informations obtenues en début d’année nous donne les éléments
suivants :
L’âge :
Les étudiants ont entre 19 et 25 ans ce qui laisse supposer des expériences préalables et
des différences de maturité importantes. L’ambiance de la classe n’est pas très bonne au
dire même des étudiants malgré deux années bientôt passées ensemble.
Etudes précédentes :
15% des étudiants ont obtenu un baccalauréat général (ES, L, S). Parmi ceux-ci, 2 étudiants
ont suivi des études supérieures en préparant un DEUG de gestion.
26% des étudiants ont un baccalauréat STT dont un seul avec une option Action et
Communication Administrative.
59% des étudiants ont passé un baccalauréat professionnel ce qui est un pourcentage très
élevé pour une classe de BTS, la voie professionnelle ayant pour objectif de les préparer à
travailler et non spécifiquement à poursuivre des études supérieures. C’est une situation
exceptionnelle pour l’équipe enseignante les baccalauréats professionnels ne dépassant
normalement pas 25 à 30% de l’effectif de la classe.
On peut voir dans l’âge et la mauvaise ambiance une première explication à un manque de
motivation qui d’ordinaire passe aussi par une émulation de classe et un travail en commun.
5
I.2. Quels sont leurs comportements ?
1. confirmer ’limpression générale qui se dégageait des premiers cours afin de savoir
exactement où en étaient les étudiants dans leur prise de notes. Je me suis intéressée à leur
façon de prendre un cours, à ce qu’ils notaient en dehors des parties dictées et enfin à leur
prise de notes lors de la préparation d’exercices.
2. essayer de valider les hypothèses précédentes sur les freins rencontrés à la prise de
notes.
De façon générale, l’observation faite me porte à croire que les étudiants ne notent pas les
informations que je leur donne si je ne prends pas soin de leur préciser explicitement qu’il
faut les noter et si je ne les dicte pas.
Même après avoir adapté mes cours en début d’année, j’ai continué à observer des
réactions montrant un réel manque d’autonomie.
Ainsi deux étudiants m’interrompent très souvent pendant le cours pour me faire répéter et
ne réussissent à écrire que si la phrase est reprise au mot près et non pas simplement au
niveau du sens.
J’ai donc choisi d’observer 6 personnes plus précisément, pendant deux cours successifs de
deux heures, sélectionnées en fonction de leurs notes et ayant des parcours scolaires
différents si possible.
Notes Observation
Prise du cours lié au Prise du cours lié à la Prise de notes supplémentaires
fond forme
Elève A <7 Cours complet et Usage de couleurs Aucune
(bac pro) structuré Parfois beaucoup
d’abréviations
Elève B <7 -Cours incomplet, Propre mais sans Aucune
(bac pro) simple reprise du effort de mise en
tableau valeur d’éléments
-Aucune prise de
note
Elève C Entre 8 Cours complet Beaucoup Aucune
(bac pro) et 12 d’abréviations
Elève D Entre 8 Cours complet Souligné, sobre Aucune
(bac pro) et 12
Elève E > 13 Prise du cours Prise linéaire sans Réponses à des questions
(bac ES complet aucune aération ni Compléments de cours, exemples
+redouble mise en valeur
BTS)
Elève F > 13 Prise du cours Cours aéré, souligné Commentaires repris et intégrés de
(bac ES+ complet façon cohérente dans le cours,
1 an psycho) schématisation
(Exemple de cours en annexe 1)
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Remarques :
L’étudiante A fait partie des personnes réclamant très souvent que je répète. Sa prise de
notes d’un cours dicté est très lente. J’ai constaté qu’elle utilisait parfois, comme l’étudiant C,
énormément d’abréviations dans une même phrase. A ce stade, cela ne peut que gêner sa
relecture du cours voire même sa prise de notes initiale. Voyant cela j’ai observé d’autres
élèves très lents. Ceux-ci à l’inverse n’abrégeaient rien. Il semble que l’excès soit leur point
commun.
L’étudiant B semble totalement démotivé. Le premier cours, il s’est contenté de reprendre ce
que j’avais transcrit au tableau mais n’ayant pas été attentif, il n’a rien noté des parties
dictées. Le cours suivant et malgré mes remarques préalables, il n’a rien noté du tout se
croyant peut être affranchi de toute observation de ma part. Il m’a déclaré avoir été
« ailleurs » pendant le cours ce qui finalement était relativement vrai !
Le fait qu’il ne note pas, ou pas toujours son cours explique sans doute en partie ses
résultats mais pour notre thème justifie qu’on ne trouve pas non plus de prises de notes. En
revanche rien n’indique qu’il ne soit pas capable d’une vraie prise de notes. La démotivation
est visiblement ici son premier problème.
Les étudiants E et F ont un clair mais globalement moins soigné que les autres. Certains
étudiants n’essayent –ils pas de compenser leur manque de compréhension par le soin
apporté à la forme et leur lenteur d’écriture par un excès d’abréviations ?
Conclusion :
Ces observations semblent établir un lien entre prise de notes et niveau, prise de notes et
motivation. Mais dans quel sens cela fonctionne-t-il ? Nous chercherons des pistes de
réponses dans les analyses théoriques.
b) Observation en TD :
Lors d’un TD, j’ai distribué un schéma récapitulatif avec des zones à remplir pour repréciser
certaines notions vues lors d’un cours précédent.
Dans le premier groupe, nous avons commenté ensemble le document. Je n’ai rien dicté.
Très peu ont noté d’eux-mêmes (2 de filières STT et 1 de filière bac pro).
Dans le deuxième groupe, nous avons procédé de la même façon puis j’ai dicté un
commentaire et tout le monde l’a noté.
Cette expérience me confirme ma première impression de passivité des étudiants. En
revanche, je ne peux rien en conclure sur le profil des étudiants ne prenant pas de notes.
A l’écriture : je me suis demandée si mes étudiants aimaient écrire et quelles étaient leurs
facultés en ce domaine. J’ai observé en ce sens leurs copies de devoirs. Il apparaît
clairement :
- qu’ils ne rédigent que très peu lorsqu’il faut expliquer une démarche, un calcul, un
raisonnement ;
- lorsque les questions appellent clairement une réponse rédigée, l’expression est souvent
approximative, les phrases abrégées voire incomplètes.
Les étudiants ont donc pour la plupart des réticences face à l’expression écrite.
7
annoter ou souligner. Ils ne retiennent pas ce qu’ils lisent et posent beaucoup de questions
dont les réponses se trouvent déjà dans leur TD.
Ils ont donc une lecture passive et trop rapide.
Plusieurs angles peuvent être envisagés dans la recherche théorique liée au problème
de la prise de notes. Il s’agit dans notre cas d’essayer en théorie de répondre aux
questions suivantes :
- En quoi les théories de l’apprentissage nous permettent de considérer
l’apprentissage de la prise de notes comme une activité importante à acquérir et à
pratiquer pour l’étudiant ?
- Quelles explications peut-on apporter à la difficulté que rencontrent certains
étudiants à la prise de notes ? Quelles compétences particulières doivent être
maîtrisées ?
- Comment transmettre de telles compétences dans le cadre qui nous intéresse ici ?
De nombreux pédagogues, sociologues ont développé des théories sur l’apprentissage pour
essayer de comprendre quelles étaient les meilleures conditions de l’apprentissage et les
freins correspondants.
1
Iredu , « Tonalité sociale du contexte et expérience scolaire des élèves au lycée et à l’école primaire, M. Duru
Bellat, 01/2004
8
Un article du Monde de l’Education publié en Avril 2004 suite au débat national sur l’avenir
de l’école titrait « Motiver, motiver il faut les motiver ! ». Au delà de l’effet journalistique d’un
tel titre, il était souligné que la question de la motivation avait été un thème abordé dans un
débat sur deux loin devant tous les autres (violence, incivilité, orientation).
- La psychologie humaniste :
Maslow présente les besoins de l’homme sous la forme d’une pyramide traduisant la
hiérarchie des besoins. Les plus élémentaires sont les besoins physiologiques (faim,
soif,…) puis viennent les besoins de sécurité, d’appartenance, d’estime et de
réalisation de soi. Chaque besoin ne peut être assouvi que si les précédents ont déjà
été satisfaits. On peut trouver ici des freins à la motivation et à l’apprentissage.
Beaucoup d’enfants manquent ainsi de signes de reconnaissances suffisants ce qui
bloque les autres développements.
Clark Hull inscrit sa théorie des motivations dans le cadre des théories de
l’apprentissage. La réussite dans une tâche, dans un comportement encourage sa
reproduction.
- La psychologie cognitive :
L’orientation cognitive se concentre sur les processus mentaux et sur les buts
conscients qui interviennent dans la motivation. L’hypothèse centrale des théories de
l’autodétermination qui en découle est de considérer que le comportement individuel
est motivé par le besoin de se sentir compétent en se sentant à l’origine de ses propres
comportements.
Alors, le manque de motivation caractérise les individus qui effectuent un travail de
façon mécanique. Un état d’aliénation se développe au détriment d’une recherche de
satisfaction de ce besoin d’autodétermination. 1
1
La motivation au travail : concept et théories P. Roussel, Octobre 2000 LIRHE
9
Il existe des conditions proprement didactiques à l’apprentissage1.
Philippe Meirieu 2 insiste sur la nécessité du passage d’une pédagogie de l’information à une
pédagogie de l’entraînement : « en matière de travail scolaire, le maître devrait bien être un
véritable entraîneur ». Il développe certaines capacités méthodologiques fondamentales :
Là encore la prise de notes permettra de travailler l’attention, c'est-à-dire ici l’écoute active et
par ailleurs la lecture efficace.
f) Conclusion :
Certaines de ces théories de l’apprentissage nous montrent que l’apprentissage passe par
une démarche active de l’élève, d’appropriation de l’information. Il a besoin de techniques
pour faire cette démarche et par ailleurs de conditions propices au soutien de sa motivation.
Or nous allons le voir par la suite, la prise de notes répond bien à ces deux impératifs de
l’apprentissage : une démarche active et par ailleurs une démarche qui donne du sens (il n’y
a pas de prise de notes sans but) et qui valorise (production d’un écrit propre à chacun).
Louis Timbal-Duclaux dans son livre la prise de notes efficace, insiste sur le lien entre
enseigner et apprendre la prise de notes. L’enseignant « croise sans cesse le contenu du
programme avec les méthodes de travail correspondantes : lire, écrire, compter, résoudre
des problèmes … Et bien sûr la base indispensable de toutes ces techniques : prendre des
notes. »
1
Pierre Astolfi, article paru dans la revue Sciences Humaines n°32 – 1993
2
Enseigner, scénario pour un métier nouveau Collection Pédagogie, éd. ESF
10
II.2. Les activités liées à la prise de notes
En m’intéressant à la littérature existante sur la prise de notes, j’ai recherché des réponses
aux trois questions suivantes :
Renée et Jean Simonet définissent la prise de notes « comme une démarche active
d’enregistrement par écrit d’une information ».
ü La prise de notes s’insère dans un processus de communication.
ü Elle est un travail intellectuel qui partant d’une matière première écrite, orale ou
mentale élabore un produit qui sera utilisé tel quel ou servira de base à une
rédaction ultérieure.
Autrement dit, elle est « un travail intelligent, qui doit apporter une réelle valeur
ajoutée, et non une activité mécanique ».
Ils citent Georges Brown1 qui rappelle, à titre de mise en garde, l’aphorisme selon lequel un
étudiant ne fait souvent que transférer les notes de son professeur sur son cahier sans
qu’elles passent par la tête de l’un ou de l’autre !
La prise de note efficace ne doit pas être cela.
Pour noter efficacement, il faut noter en fonction d’un but. Le but détermine le critère de tri
des informations reçues et également la forme que prendra la prise de notes.
Noter des faits, idées et chiffres précis pour Noter ses idées, matériaux de base d’une
les retrouver avec exactitude. future réflexion, texte, discours, action.
Noter les éléments d’un raisonnement ou Noter ses réactions pour les intégrer et
d’une procédure pour pouvoir les structurer, réagir.
les parcourir.
1
Bien faire un cours, un exposé, une conférence (Les Editions d’Organisation, 1980)
2
La prise de notes efficace, Louis Timbal-Duclaux, édition Retz, 1988
11
La littérature sur les techniques de prise de notes souligne de façon constante qu’il n’y a pas
de recettes universelles à la prise de notes. La qualité de celle-ci dépend de « son
adéquation à l’usage que l’on veut en faire ».
La prise de notes fait le pont entre les quatre techniques fondamentales du travail
intellectuel :
C’est d’ailleurs là l’une des principales difficultés de la prise de notes qui consiste à combiner
plusieurs opérations mentales en même temps.
Ces capacités sont bien connues de chacun mais nous allons nous attarder sur la dernière
qui est très liée à la problématique de la prise de notes : l’écriture efficace.
L’écriture efficace :
12
Une prise de notes efficace combinera les deux procédés avec des dominantes différentes
selon l’objectif visé. On trouve en résumé : la prise de notes linéaire (mode gauche), des
prises de notes visuelles et hiérarchisantes (mode droit). On trouvera en annexe 2 une
représentation des différents modes d’écriture possibles.
On peut remarquer que les premières méthodes (1, 2) prennent du temps et conviennent
surtout aux définitions. Les suivantes (3, 4, 5, 6) aident à structurer et conviennent bien à un
cours. La dernière (7) établit des liens mais demande une compréhension plus importante et
n’est pas toujours envisageable dans le cadre scolaire.
Bien qu’il existe autant de prise de notes que de buts à celle-ci, Renée et Jean Simonet ont
dégagé une méthodologie commune à toute prise de notes et bien adaptable à un public
d’élèves. Celle-ci peut se résumer comme suit :
ü Noter le plan.
ü Noter l’essentiel.
ü Eliminer l’inutile.
ü Comprendre ce qu’on écoute.
ü Indiquer ses propres idées ou associations d’idées.
ü Consigner ses doutes ou ses incompréhensions (noter dans la
marge).
ü Noter en un minimum de mots, se défaire du mot à mot (maîtrise
des abréviations).
ü Avoir recours à des schémas, tableaux, graphiques.
Dans le cas d’une source orale, il faudra s’attacher à repérer les éléments du discours
signifiant :
- la structure (ce sera le plan écrit au tableau dans le cadre d’un cours),
- les figures de style indispensables au discours oral mais qui ne présentent pas le
même intérêt à l’écrit (la répétition par exemple fait partie du discours oral mais
écrire une fois suffit),
- Les mots clés, phrases clés, soulignés souvent par la voix ou l’attitude.
Dans le cas d’une source écrite, il faudra aussi repérer l’essentiel du texte en fonction du
thème. Les notes devront être prises après une bonne connaissance du texte.
13
III. La prise de notes vue par les étudiants
a) Les objectifs
Il est nécessaire pour faire progresser des étudiants de partir de leurs présentations. Pierre
Astolfi nous rappelle qu’il existe « un état initial de l’apprenant ». « L’absence de prise en
compte d’un tel état des lieux conceptuel, (…), peut expliquer bien des déceptions
pédagogiques ».
Dans cet état d’esprit, il apparaît nécessaire de faire un questionnaire pour répondre au
moins à trois questions :
- que signifie pour les étudiants : ‘prendre des notes’ ?
- quel type de cours les étudiants attendent–ils et jugent–ils efficace ?
- quelle perception ont les étudiants de leur propre pratique ?
Il s’agit de comprendre à quelles techniques les étudiants ont recours pour essayer de juger
de l’efficacité de leur prise de notes. Cette efficacité peut avoir des degrés divers. On parle
d’une prise de notes passive lorsqu’elle se résume à une simple écriture linéaire abrégée de
ce que l’on entend ou lit. On parle d’une prise de notes active lorsque l’information est
analysée et retranscrite de façon structurée en fonction du but recherché (noter des faits,
des idées, des raisonnements, des sentiments).
Je demande donc aux étudiants de s’interroger sur les techniques qu’ils utilisent sachant que
la théorie rattache ses différentes techniques à une prise de notes passive ou active.
La nuance entre les deux types de prise de notes est importante. Guy Leperlier 1, formateur
et professeur de lycée, animant depuis plusieurs années des stages de méthodologie
scolaire, souligne les raisons essentielles du bienfait de la prise de notes active. Justifier la
prise de notes linéaire, « c’est faire l’apologie du bachotage », de la « mémorisation
mécanique ». Par ailleurs, la littéralité du cours alourdit inutilement l’effort de mémorisation
compte tenu de la redondance que comporte un cours.
A l’inverse, la réflexion liée à la prise de notes active fait que « la classe devient un lieu
d’échanges, un lieu de parole où l’élève s’affirmera par une écoute participative et par la
reformulation ».
On pourrait objecter au premier point que les étudiants font souvent des fiches à partir de
leur cours. Je poserai donc aussi la question des fiches faites à partir du cours, ce qui, après
tout, constitue également une forme de prise de notes et l’occasion d’une réflexion active sur
le cours.
1
Réussir sa scolarité, (Re)motiver l’élève, Les éditions de la Chronique Sociale, 2001
14
III.2. L’analyse des réponses
Avant toute analyse détaillée la première remarque que l’on peut se faire c’est que tous les
étudiants affirment prendre des notes, pas dans toutes les matières mais au moins dans
une. Ceci est important à savoir puisque dans mes premiers cours aucun étudiant n’avait
pris de notes.
On peut donc supposer que les étudiants prennent des notes si on respecte un cadre
minimal pour le cours : leur fournir une base d’information structurée, dictée, qui les rassure
et à partir de laquelle ils se sentent assez en confiance pour noter d’autres éléments.
Ceci rejoint finalement les théories liées à la motivation. Atkinson notamment montre que le
besoin de réussite est fondamental et que l’individu fuit l’échec et recherche le succès. On
peut supposer que les étudiants sont bloqués face à un cours à prendre entièrement en note
sans structure apparente de soutien (plan au tableau) devant en quelque sorte ‘l’immensité’
de la tâche par rapport à ce qu’ils anticipent être capables de faire. A partir du moment où j’ai
respecté ces cadres de base dans mon cours, les étudiants ont commencé à prendre des
notes.
On peut tirer trois enseignements de leurs réponses (voir en annexe 4, les réponses
données).
ü Tout d’abord pour 70% des étudiants, la notion de vitesse est primordiale.
De façon logique, ils privilégient donc la technique des abréviations
Il s’agit pour eux de reprendre tout ce que dit leur professeur le plus rapidement
possible pour suivre son rythme.
21%
41% un peu
régulièrement
beaucoup
38%
Il n’y a pas ici une prise de notes active mais plutôt passive.
La prise de notes n’est pas sujet de réflexion sur les informations reçues et donc n’entraînent
sans doute pas une motivation et une participation plus active au cours en dehors des
demandes de répétition des phrases énoncées par le professeur.
ü Pour les 30% restant, prendre des notes signifie extraire l’essentiel du cours et le
noter. On a ici une prise de notes active qui fait au moins appel à une activité
d’analyse de l’information. On pourra envisager de travailler plus loin encore
dans la réflexion, l’organisation des idées et la synthèse à partir de ce que
nous enseignent les différentes théories liées à la prise de note.
15
ü Il reste un étudiant qui introduit en plus dans sa définition l’idée que la prise de
notes est une aide à la compréhension du cours. Pour ma plus grande surprise, j’ai
constaté qu’il s’agissait de l’étudiant B (voir tableau d’observation en cours) qui
dans la réalité de mes cours ne prend aucune note et plus encore parfois ne note
pas le cours lui-même. Je me suis donc attachée à connaître ses résultats et
attitudes dans les autres matières.
La lecture de ses moyennes par matière du premier trimestre nous montre qu’il
excelle dans certaines matières (gestion financière, gestion sociale), frôle la
moyenne dans d’autres (gestion fiscale, anglais, français, contrôle de gestion) et a
beaucoup de difficultés en mathématiques et en informatique.
Est-ce une question de choix personnel suivant ses motivations ou de réelles
difficultés ? Le contrôle de gestion demandant également des compétences en
mathématiques, peut être y a-t-il un lien entre un manque de motivation manifeste
dans ma matière et ses difficultés en mathématiques, ce qui justifierait l’impression
qu’il donne de « ne plus y croire ». Là encore, on pourra peut être s’inspirer des
éléments de théorie sur la motivation pour essayer de débloquer cette situation.
70
Réponses positives en %
60
50 Cours entièrement dicté
40 Notions essentielles
30 Le plan
20 Rien
10
0
On peut noter que si 60% des étudiants jugent que le professeur ne doit pas forcément tout
dicté, 40% d’entre eux n’en jugent pas de même et ont des attentes beaucoup plus fortes. 1
En croisant ces résultats avec les réponses recueillies sur la notion de prise de notes, on
constate que 75% des étudiants réclamant un cours entièrement dicté ont considéré la prise
de notes comme une simple technique de notation rapide. Ils ne voient donc effectivement
pas l’intérêt de prendre des notes puisqu’il n’y a aucune activité vraiment valorisante dans
cette démarche (voir le point de vue d’Atkinson sur les motivations sociales et le besoin
d’accomplissement dans des tâches valorisantes).
1
Les questions pouvant faire l’objet de plusieurs réponses, les pourcentages cumulés sont supérieurs à 100%.
16
c) Profil des étudiants réclamant un cours dicté
Je me suis donc intéressée plus précisément aux 40% qui souhaitent un cours dicté, pour
essayer de leur trouver un point commun qui pourrait expliquer leur point de vue.
Je me suis d’abord concentrée sur leur résultat dans ma matière. Mais les résultats ne sont
pas significatifs car 50% d’entre eux sont au dessus de la moyenne et 50% sont en dessous.
Comme il s’agit ici de méthode de travail, j’ai regardé leur formation d’origine.
Les résultats indiquent que 80% d’entre eux ont passé un baccalauréat professionnel. Il est
donc possible que leur demande traduise pour une majorité d’entre eux une simple habitude
de travail antérieure. Il faudrait donc envisager un véritable travail de fond
d’apprentissage de la prise de note.
Par ailleurs, ces réponses semblent confirmer l’influence de la formation d’origine. Un
professeur de français en filière professionnelle m’a réaffirmé qu’ils avaient beaucoup de mal
à faire travailler la prise de notes à leurs élèves.
Prise de notes à partir d’un écrit : la quasi-totalité des étudiants disent prendre des notes : à
80% lors de la lecture d’énoncés, à 40% pendant la lecture d’un polycopié (dans certaines
matières, je sais qu’ils ont effectivement une base de cours polycopié).
Soulignement : près de 80% soulignent leur cours polycopié (contre 40% prenant des notes).
ð ils font bien la différence entre l’action de souligner et de prendre des notes
(certains précisent que la prise de notes apporte un « supplément »).
ð Toutefois si on compare cette réponse aux résultats liés à la constitution de
fiches à partir des cours, on peut s’interroger là encore sur l’activité réelle
d’analyse et de synthèse liée à leur prise de notes.
Quel type de prise de notes ?
En effet à la question « faites vous des fiches à partir de vos cours » les résultats sont les
suivants :
? 72% des étudiants font des fiches en recopiant les idées principales et/ou le plan.
Personne ne reconnaît recopier complètement le cours, pourtant pour avoir observé
certaines de leurs fiches apportées en cours, il me semble qu’on est parfois très proche de la
recopie pure et simple « au propre » du cours.
? 36% des étudiants disent utiliser des schémas, ce qui demande une vraie réflexion
d’organisation des idées contenues dans le cours.
? J’ai regardé plus attentivement les personnes concernées. Cette fois on constate que 80%
de ces étudiants ont des résultats supérieurs à 12 et 20% ont entre 8 et 9 de moyenne. On
est donc tenté d’établir un lien entre leurs résultats et le travail fourni d’assimilation du cours.
60% d’entre eux proviennent d’une filière technique ou générale.
40% des étudiants proviennent de bac professionnel. On ne peut rien en conclure ici.
e) Composition du cours
17
Composition d'un cours
100
80
Cours dicté
% d'élèves
60 Explications supplémentaires
Exemples
40 Questions et réponses d'un tiers
En dehors de quelques étudiants qui répondent avec incohérence qu’ils prennent des notes
en cours mais que leur cours n’est composé que de ce qui est dicté par le professeur, il
semblerait que plus de 60 % des étudiants notent des commentaires.
Il est possible que l’incohérence de ces réponses tienne à un manque de clarté du
questionnaire. En effet pour les étudiants noter un cours dicté représente une prise de notes
ce qui n’était pas ce que je voulais demander.
On notera juste que le pourcentage d’éléments notés à partir des réponses faites à leurs
questions est relativement faible !
Confronter les théories existantes et les constats faits en première partie permet de répondre
en partie à deux questions :
- quels freins rencontrés par les étudiants les empêchent de prendre vraiment des
notes ?
- quel travail mettre en place afin qu’il soit efficace pour eux dans les délais impartis
et évaluable (je rappelle que ce sont des BTS de 2ième année qui pour beaucoup
finiront leurs études supérieures fin mai) ?
Ma première impression était que mes étudiants ne prenaient pas de notes d’eux même et
qu’ils attendaient que je leur dicte tous les éléments du cours.
Les éléments nécessaires à une bonne prise de notes (repérer les structures du discours,
les mots clés) et les théories sur la motivation m’ont fait prendre conscience du décalage
qu’il y avait entre la forme de mon enseignement et ce qu’ils étaient capables de faire pour
une majorité d’entre eux.
Plus exactement, j’y ai trouvé une justification théorique des premiers changements que
j’avais depuis longtemps opérés dans mes cours (noter le plan au tableau, dicter plus
lentement) et qui nous sont par ailleurs enseignés comme éléments indispensables à un
cours efficace.
18
Malgré tout, bien que mes étudiants soient maintenant dans des conditions favorables à la
prise de notes, il reste un fort décalage entre mes attentes et ce qu’ils réalisent réellement en
cours.
Les théories de l’apprentissage et de la prise de notes nous donnent les freins possibles. En
les confrontant au constat fait dans le diagnostic et aux réponses du questionnaire, j’ai
retenu les freins suivants :
- Pour certains, des habitudes de travail antérieures où le cours était totalement dicté.
- Mais encore plus qu’un problème d’expression, plusieurs ont des problème s de
concentration notamment au niveau de la lecture. Presque la moitié des étudiants ne font
pas attention au contexte des exercices donnés et reprennent le contexte vu en cours alors
que l’exercice en précise un différent. On peut supposer qu’on retrouve le même souci au
niveau de l’écoute sur deux heures de cours.
- Quant à leur capacité d’analyse, la matière même que je leur enseigne fait appel en
permanence à celle ci. J’aurai tendance à considérer que leur résultat est en partie
proportionnel à leur faculté dans ce domaine et c’est dans tous les cas une compétence que
l’on travaille à chaque cours.
a) Hypothèses :
1. Ce n’est pas la technique de la prise de notes en tant que maîtrise et usage d’abréviations
qui leur pose le plus de problème mais la motivation liée à une attitude active en classe.
2. En travaillant sur la lecture et la prise de notes à partir d’un écrit (leur énoncé d’exercices),
je les ferai progresser dans leur conscience de l’utilité d’avoir une attitude active pour arriver
à ses fins (résoudre un exercice ou comprendre un cours).
3. Si ce travail contribue à développer leur réflexe d’écrire suite à une lecture, on devrait plus
facilement les amener à écrire à partir d’un message oral.
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4. Développer leur prise de notes devrait contribuer aussi en retour à développer leur envie
de poser des questions quand ils ne comprennent pas ou pour en savoir plus.
1. Il semble que la motivation soit vraiment le premier élément à travailler pour pouvoir
prétendre dans un deuxième temps mettre en place un travail lié à la prise de notes.
Nous avons vu plus haut qu’il est important que les étudiants puissent donner du sens à leur
apprentissage pour être motivés.
Il faudra en convaincre certains qui assimilent sans doute cette dimension de leur travail au
travail de français et ne voient pas pourquoi on travaillerait cela en contrôle de gestion !
Il sera donc nécessaire que je leur explique le sens de notre travail. Cette démarche sera
d’autant plus facile à intégrer que les conseils de classe se sont terminés au moment où
j’envisageais de mettre en place ces outils de travail. Or tous les professeurs ont constaté un
fort manque d’autonomie chez les étudiants, une participation parfois trop faible et la
nécessité pour eux d’être plus actifs. Je pourrais donc m’appuyer également là-dessus pour
rendre cohérente ma démarche par rapport aux remarques faites par l’ensemble de l’équipe
pédagogique.
2. Je voudrais ensuite que les étudiants prennent conscience de l’intérêt d’une réelle prise
de notes, résultat d’une démarche de travail active de compréhension.
J’ai donc pensé mettre en place une méthode de travail dans le cadre de la résolution
d’exercices. Cette méthode de travail ferait appel à la prise de notes lors de la lecture de
l’énoncé, donc à partir d’une source écrite.
En effet, une réflexion sur le contenu des cours de contrôle de gestion m’amène à penser
que nous nous trouvons dans un cadre où la prise de notes a surtout une dominante
objective (faits + structure, voir p.11). Les étudiants peuvent développer des capacités à
prendre des notes linéaires mais il faut bien reconnaître qu’il est difficile dans cette matière
d’avoir en temps réel une compréhension suffisante pour pouvoir prendre des notes en
schémas ou tableaux ! En revanche, il est d’autant plus important d’avoir le réflexe de noter
ses impressions, ses questions, les réponses à des questions qu’on ne s’est pas forcément
posées soi-même que l’effort de compréhension sera sans doute abouti seulement lors de la
pratique d’exercices.
Pour cela, j’ai complété mes recherches théoriques sur la lecture efficace.
1
Enseigner, scénario pour un métier nouveau
20
b. permettre l’adaptation de la technique de prélèvement des indices au type
de lecture,
c. offrir la possibilité d’utiliser différentes stratégies.
A partir de là, je me suis demandée quelle stratégie pédagogique suivre : allais-je construire
cette méthode avec eux, allais-je leur donner une méthode toute faite?
Il s’est avéré que dans le même temps les étudiants bloquaient sur un exercice un peu
complexe qu’ils devaient préparer pour un TD ultérieur. « Ils n’y arrivaient pas ! » L’énoncé
se prêtant bien à un travail méthodologique, j’ai saisi cette opportunité pour mettre en place
la démarche suivante :
Situation espérée :
• la résolution de l’exercice devrait être facilitée par le travail effectué sur l’énoncé,
• leur motivation pour un travail de lecture actif et une prise de notes correspondante
devrait s’en trouver renforcée ,
• le résultat devrait justifier à leurs yeux qu’on suive désormais cette nouvelle
méthode de travail
3. Au niveau des cours théoriques, j’attends d’eux qu’ils prennent le réflexe de noter leurs
questions, les réponses, certaines images ou exemples qui parfois sont autant de moyens
de retenir une technique assez complexe et auxquels ils ne portent pas assez attention.
A partir d’un questionnement sur la présentation de leur cours, je leur proposerai quelques
règles simples de présentation qui favorisent la prise de notes et me permettent également
le suivi de leur progrès en ce domaine.
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Dans une deuxième partie, nous verrons comment les travaux précédents se sont déroulés.
Dans une troisième partie, nous tenterons d’évaluer leur progression et d’analyser en quoi
ces résultats peuvent confirmer ou infirmer les hypothèses formulées initialement.
A partir de ces constations, une quatrième partie sera consacrée à l’évaluation de la
démarche suivie.
I. Travaux réalisés
Ces travaux ont été réalisés au mois de janvier et février, en mars pour la prise de notes en
cours.
a) Objectifs du travail :
- Leur dire explicitement que nous allions entamer un travail sur la prise de notes.
- Donner du sens à cette démarche par rapport à leurs besoins, par rapport aux exigences
du contrôle de gestion en matière de résolution d’exercices.
- Définir et reformuler l’expression « prendre des notes ».
- Ecrire une synthèse de l’analyse faite précédemment.
- Faire l’expérience d’un vrai de travail de prise de notes : compréhension, question, puis
reformulation écrite.
- Leur montrer qu’ils en sont pour la plupart capables.
b) Réalisation
- Je leur ai d’abord présenté les constats faits lors du conseil de classe et les objectifs qui
allaient en découler pour nous ;
? constats suite aux devoirs effectués et au conseil de classe :
• manque de méthode de travail,
• attitude trop passive,
? objectifs :
• travailler la prise de notes à travers un travail de
méthodologie portant sur la lecture des énoncés d’exercices,
• acquérir le réflexe de l’écriture en cours.
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? Ils n’avaient pas été prévenus de ce travail final car je voulais qu’ils se
retrouvent dans une situation réelle qu’ils refusent d’ordinaire : écouter,
comprendre, puis noter, ce qui représente une vrai prise de notes.
? Si je les avais prévenus, je pense qu’ils se seraient focalisés sur une
notation au mot à mot des éléments mis au tableau et non sur la
compréhension des concepts et sur le travail de fond de réflexion.
? En revanche, je leur ai précisé que ce travail ne ferait pas l’objet d’une note
mais d’une appréciation
a) Objectifs du travail
- la lecture des questions : il s’agit ici pour chaque question de comprendre quels en
sont les objectifs (partie de cours concernée, compétences à mettre en œuvre).
Une fois ce travail de réflexion fait, les étudiants connaissent les objectifs de
l’exercice et peuvent lire de façon active l’énoncé.
- Dans un deuxième temps, lecture de l’énoncé avec un souci de souligner ou de
noter les choses essentielles. Maintenant que l’on a des objectifs de lecture, on
aborde l’énoncé avec un regard particulier en fonction de la question à laquelle on
souhaite répondre. Les énoncés en contrôle de gestion sont constitués de
beaucoup d’informations qui sont souvent toutes relativement importantes. Il ne
s’agit pas ici de tout recopier linéairement ce qui serait une perte de temps mais
d’utiliser la prise de notes de deux façons particulières :
? relever les éléments inhabituels ou à ne pas oublier et qui nous surprennent
par rapport à ce qu’on attendait,
? relever les éléments dont on ne comprend pas le sens pour ne pas les
oublier et pouvoir y revenir plus tard.
- la lecture de l’énoncé avec prise de notes par rapport aux différentes questions
posées : dans certains cas il est intéressant de trier les éléments de l’énoncé pour
les organiser en fonction des étapes de résolution de la question.
Je leur ai proposé une organisation sur la première question et je leur ai laissé le
choix sur les deux autres questions.
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c) Déroulement de la séance
- Après un temps de préparation par les étudiants de la partie 1, nous avons fait une mise
en commun afin que chacun ait bien connaissance des objectifs pour la lecture de
l’énoncé (partie 2).
- Je les ai laissés travailler sur la partie 2 sans leur donner plus d’explications que ce qu’il
y avait de noté sur la feuille. Puis nous avons redéfini ensemble les objectifs d’une
lecture active de l’énoncé au vue de ce qu’ils avaient souligné et des éléments que j’ai
développés ci-dessus et ils ont retravaillé l’énoncé.
- Pour le travail n°3, ils ont traité la question 1, puis je leur ai demandé de corriger cette
question en fonction de la résolution qu’ils avaient trouvée dans leur travail de
préparation des quinze jours précédents.
- Nous avons vu ensuite comment l’analyse que nous venions de faire aurait pu les aider
dans la résolution de la question.
a) Objectifs du travail
L’objectif de ce travail en commun est de les amener à réfléchir sur le travail méthodologique
que nous avons fait en TD et à s’approprier cette méthode.
b) Déroulement du travail
Durée : 20 minutes
Ce travail s’est effectué en classe entière afin de produire une seule fiche et d’avoir une
référence commune.
Je leur ai demandé ce qu’ils avaient retenu d’utile.
J’ai listé au tableau leurs réponses puis nous avons ordonné les différents points.
a) Objectifs
Je voudrais faire un cours qui soit une liaison entre notre travail sur les énoncés et ce que
doit être une prise de notes en cours.
L’objectif pour les étudiants est :
- de prendre en note des éléments non dictés par le professeur ;
- de choisir les éléments qu’ils vont noter.
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b) Travail réalisé
D’ordinaire, je ne fais jamais de cours polycopié à trous. Je crois en effet que pratiquer
régulièrement ce type de cours favorise la passivité des étudiants, voire leur absentéisme !
Toutefois ici, il me semble que ce pourrait être une bonne transition. J’ai donc conçu un
cours où apparaissent très clairement des espaces pour compléter le cours mais aussi et
surtout une marge pour les inciter à prendre des notes supplémentaires.
Je dois préciser que pendant toute la première étape (énoncé du constat, des objectifs et
réflexion commune), les étudiants n’ont rien noté !
Tout s’est passé comme s’ils n’attachaient pas d’importance au travail effectué.
Evidemment lorsque j’ai demandé une synthèse, la surprise a été générale.
Certains ont un peu paniqué en me disant : « mais…, on n’a rien noté » !!
D’autres ont réagi sur le contenu (« c’est de la philosophie ! ») alors qu’ils n’avaient émis
aucune critique jusqu’alors.
Les synthèses rendues font ressortir plusieurs points :
- sur la forme : la plupart des étudiants ont écrit leur synthèse sur un « bout de
papier »
- sur le fond : la synthèse est souvent partielle. Seule une partie des éléments vus
ensemble s’y trouve : ou bien les constats du début, ou bien la définition de la prise
de notes.
- Toutefois, j’ai noté une compréhension bien meilleure de ce que représentait la
prise de notes à la fois du point de vue des activités intellectuelles en jeu et du point
de vue des objectifs de la prise de notes.
13 étudiants ont fait une synthèse sous forme de prise de notes qui reprenait certains
éléments vus. La synthèse à défaut d’être complète, montrait une compréhension plus large
de la prise de notes par rapport aux réponses du questionnaire.
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4 étudiants n’ont écrit que sur les toutes dernières remarques faites (travail sur les énoncés)
qui n’étaient là qu’en exemple.
3 étudiants ont fait un « hors sujet ».
Un seul étudiant n’a rien écrit.
a) Travail 1 :
Les étudiants ont trouvé très difficile au début de travailler les questions sans avoir lu
l’énoncé. Pour beaucoup, ils n’avaient pas su y répondre dans leur préparation. Ils ont
travaillé par deux et n’ont pas mis longtemps finalement à en voir le sens.
Le passage à l’écriture est également difficile. Il m’a fallu beaucoup insister pour que certains
écrivent.
J’ai pu observer leur démarche.
? Devant une question très générale, ils paniquent facilement et ne font pas l’effort de
mobiliser leurs connaissances pour voir à quoi la question pourrait bien correspondre.
Ensuite ils manquent de confiance en eux par rapport à leur réponse.
? D’autres croient avoir tout compris et ne font pas non plus l’effort de s’interroger sur leurs
connaissances pour identifier éventuellement quelque chose qu’ils auraient oublié.
b) Travail n°2
Il est apparu assez vite qu’une majorité d’entre eux commençaient à tout souligner.
Je les ai donc interrompus pour expliquer de façon plus détaillée ce qu’était l’objectif du
travail. Leur synthèse sur la prise de note a montré qu’ils ne prenaient pas encore en compte
l’idée qu’une prise de notes se faisait en fonction d’un but et que selon ce but elle pouvait
prendre des formes différentes.
C’était l’occasion de le leur redire exemple à l’appui.
Ensuite, ils ont en général bien poursuivi le travail (voir copies en annexe 7).
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c) Travail n°3
Dans un premier temps, ils ont su trier les informations en fonction des différents éléments
de réponse à calculer. Mais, dans la résolution, ils se sont trompés car, malgré le travail
fourni, ils n’avaient pas vu qu’ils n’utilisaient pas toutes les données.
Nous avons donc rajouté un élément de méthode : « pointer les informations utilisées dans
la résolution de la question et s’interroger à la fin sur les données éventuellement non
utilisées ».
a) Contenu de la fiche
1. Etre prêt !!
On ne prend pas des notes sans un papier et au moins un crayon, une règle…
A quels cours les questions nous font penser, quelles difficultés possibles, quelles
informations recherchées…
Utiliser des couleurs, des sigles ( ?), des encadrés selon les habitudes de chacun.
b) Evaluation du travail
Ce travail a surtout été le fruit de quelques uns et on sent toujours une réticence certaine de
la part d’étudiants qui ne sont pas convaincus de l’utilité de noter cela. Il est aussi visible que
ce sont ceux qui ont le plus de réticences à noter. En revanche, j’ai noté un intérêt particulier
de la part d’un étudiant ayant travaillé un an en faculté et qui par ailleurs fait beaucoup de
fiches.
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II.4. Prise de notes en cours
Les étudiants n’ont pas été très surpris par la notion de polycopié à trous puisqu’ils le font
par ailleurs.
Ils ont majoritairement pris des notes dans la marge prévue à cet effet (annexes 8.1 et 8.2).
Cependant, je n’ai pu finir ce cours dans le temps imparti et je l’ai fini le cours suivant. Je n’ai
pas reformulé l’objectif initial de la prise de notes. J’ai constaté que beaucoup moins
d’étudiants prenaient des notes. C’était très visible au moment de la conclusion qui n’était
pas tapée (annexe 8.3).
Les différences exercices réalisés m’ont permis d’être plus attentives à leur façon de prendre
des notes. Il apparaît que finalement beaucoup d’étudiants sont très lents dans l’écriture.
Dès qu’ils pensent écrire quelque chose d’important, certains ne veulent plus abréger de
peur de ne pas pouvoir se relire. Par ailleurs, ils tiennent beaucoup à avoir un cours propre,
voire très propre. C’est tout à leur honneur dans certains cas, mais là, poussé à l’extrême,
cela représente un frein certain à la prise des cours et sans doute également à la rapidité de
leur travail professionnel futur.
Cependant, s’ils ont peur de ne pas pouvoir se relire, c’est aussi que souvent ils ont le
sentiment de ne pas avoir tout compris donc ils veulent tout noter au mot près. Une attitude
plus active, qui les pousserait à poser des questions en cours, leur fait donc défaut. Le
premier travail de synthèse effectué a bien montré cela.
Le travail effectué sur les énoncés leur a prouvé de façon concrète l’utilité d’une lecture
active. Ils en ont convenu sur le coup.
Cependant, j’ai voulu valider leur progrès en relevant à la suite d’un devoir sur table leurs
énoncés. Malheureusement, un « raté » dans l’organisation avec les surveillants ne m’a pas
permis d’obtenir les brouillons. J’ai tout de même pu observer que quatre étudiants avaient
suivi la méthode vue en cours, au moins partiellement. Il était évident que seules les
informations absolument essentielles de l’énoncé étaient mises en valeur.
Les autres, ou bien n’ont rien souligné (et je ne sais pas s’ils ont pris des notes) ou bien se
sont servis de l’énoncé comme d’un brouillon, sans organisation.
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La théorie n’est pas la pratique et un gros travail de répétition de la méthode reste à faire.
Mon hypothèse reposait sur le fait qu’en les faisant travailler sur l’écrit, je pourrais plus
facilement les faire progresser sur la prise de notes en cours.
L’essai partiel fait à l’oral me montre que deux groupes se sont créés. Certains étudiants de
« bonne volonté » ont suivi la démarche et essaient de travailler leur prise de notes. Le
travail à l’écrit les a motivés pour travailler l’oral et ils en ont compris le sens.
D’autres étudiants restent sur leur « position », le cours doit être dicté et le travail fait à l’écrit
ne les a pas convaincus.
Cette hypothèse ne peut encore être validée. Les analyses précédentes montrent combien
l’apprentissage est aussi question de temps et de répétition et il est sûr qu’ils n’ont pas assez
pratiqué d’exercices de ce type pour en être au stade du réflexe.
L’augmentation de la participation orale des étudiants a été très sensible ces dernières
semaines.
Toutefois, il est difficile d’en estimer les raisons.
J’aurai tendance à penser que c’est l’ensemble du travail effectué qui a modifié leur attitude
en cours.
Toutes les observations que j’ai faites sur leur travail en cours leur a montré mon intérêt pour
eux et a été souvent l’occasion d’échanges par la suite.
Ils se sont sentis sans doute également évalués sur cet aspect de leur travail ce qui n’était
pas le cas auparavant.
Dans l’ensemble, il m’a semblé que tous les travaux réalisés avaient apporté une pierre à
l’édifice.
J’ai toutefois l’impression de n’avoir réalisé que le début d’une longue démarche.
Pour la suite du travail, les éléments suivants me paraissent importants à prendre en compte
ou à changer :
- Les travaux proposés n’ont pas fait l’objet d’une évaluation notée. Je pense que
j’aurai du prévoir cette phase car finalement pour eux tant qu’un travail n’est pas
noté, il n’est pas important.
- Je dois continuer à les faire travailler sur des énoncés longs et complexes sur la
forme car c’est là qu’ils peuvent vraiment voir l’utilité d’une prise de notes active.
J’ai sans doute utilisé des énoncés trop courts jusqu’à présent.
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- Il faut que j’organise mes cours de telle sorte qu’ils aient à chaque fois un temps de
cours où la prise de notes soit « officiellement » privilégiée afin de les entraîner à
celle-ci. Pour cela je dois encore leur fournir des outils et techniques pour cette
autre forme de prise de notes (abréviations…).
- Je pense enfin qu’il faudrait que je travaille d’un commun accord sur ce thème avec
d’autres professeurs. Il m’est plus difficile par exemple de les faire travailler la
synthèse car je manque d’occasion assez régulière pour que le travail porte des
fruits. Une autre matière (économie, français…) pourrait y être plus propice. Cette
cohésion serait sans doute un facteur de motivation pour les étudiants.
- Enfin, pour les années à venir, il me semble que ce type de travail doit être mis en
place beaucoup plus tôt dans l’année pour que les étudiants y voient bien un
objectif de l’année et non un ensemble de changements déstabilisants en cours
d’année.
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CONCLUSION
Le travail effectué pour le mémoire a été un outil fondamental pour m’obliger à observer non
pas la classe dans son ensemble mais les étudiants au cas par cas.
Après avoir passé des semaines très centrée sur moi, ma pratique d’enseignante, la
construction de mes cours et mon attitude en cours, le mémoire m’a permis de me décentrer,
de prendre du recul pour aller vers les étudiants et susciter par une plus grande écoute la
parole des étudiants. Il me semble que leur confiance s’est accrue, pour certains parce qu’ils
ont senti que je m’intéressais vraiment à tous les aspects de leur travail et pour d’autres
parce qu’ils se sont sentis mieux encadrés.
Ces aspects sont sans doute aussi très importants et préalables pour pouvoir motiver les
étudiants sur un travail nouveau et demandant un effort certain.
Mes étudiants n’ont pas tous à ce jour acquis le réflexe de la prise de notes face à un
énoncé d’exercices ou pendant un cours. Mais pour certains, la démarche suivie leur a
donné un cadre pour les aider à développer leur prise de notes ou renforcer leurs pratiques
antérieures.
L’analyse de ce qui s’est passé m’amène à penser qu’il faudrait développer d’autres types
d’exercices pour mettre en pratique une pédagogie différentiée qui conviendrait mieux à
certains étudiants peu réceptifs jusqu’à aujourd’hui.
Par ce travail, j’ai également évolué dans ma façon de faire cours. J’ai pris conscience de
l’importance pour eux d’avoir un cours fait dans un cadre structuré (connaissance de ce
qu’on va faire, quand, dans quel ordre…). Ce cadre permet ensuite de leur demander plus
d’autonomie dans leur travail sans pour autant les déstabiliser.
J’aurai pu suivre d’autres pistes de travail mais je crois avoir cherché à m’adapter à ma
classe, sachant que dans les années à venir je devrais à nouveau rechercher le bon
équilibre entre les besoins des étudiants et les travaux envisagés quelque soit le thème sur
lequel je souhaite les voir progresser.
31
. BIBLIOGRAPHIE
La motivation au travail : concept et théories Patrice Roussel, note 326, Oct. 2000
LIRHE (Laboratoire Interdisciplinaire de
recherche sur les Ressources Humaines et
l’Emploi).
« Motiver, motiver, il faut les motiver » article paru dans le Monde de l’Education, Avril
2004
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1. Extraits de cours d’élèves
3. Questionnaire
6. Exercice de synthèse
7. Travaux d’étudiants
33
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