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Dossier 1 - Fonctions d’utilité et dispositions à l’échange

EXERCICE 1 - REVISIONS
Soit une économie à deux biens ⧿ (1) et (2) ⧿ dont on désigne les quantités par q1 et q2
respectivement. Soit un consommateur A dont les dotations initiales sont (3 , 3) et dont les
préférences peuvent être représentées par la fonction d’utilité uA(∙) de IR² dans IR définie par :
1 2
𝑈𝐴 (𝑞1 , 𝑞2 ) = 𝑞1α𝑞2β avec α = 3 et β = 3.

1. Les paniers (3 , 3) et (27 , 1) sont-ils sur la même courbe d’indifférence ?


Les paniers (3 , 3) et (27 , 1) sont sur la même courbe d’indifférence car on a :
1⁄ 2⁄ 1⁄ +2⁄ 1⁄ 2⁄
𝑈𝐴 (3 , 3) = 3 3 ×3 3 =3 3 3 = 3 et 𝑈𝐴 (27 , 1) = 27 3 ×1 3 = 3 × 1 = 3.

2. Déterminer l’équation de la courbe d’indifférence de A passant par son panier de dotations


initiales et la représenter graphiquement (graphique I).
La courbe d’indifférence de A passant par son panier de dotations initiales, (3 , 3), relie tous
les paniers (q1, q2) apportant à A la même satisfaction que le panier (3 , 3). Elle a donc pour
équation :
uA(q1, q2) = uA(3 , 3)
autrement dit :
1⁄ 2⁄
𝑞1 3 𝑞2 3 =3
ce qui donne (en élevant tout au cube) :
𝑞1 𝑞22 = 27
ou encore (en exprimant q2 en fonction de q1) :
27 3√ 3
𝑞2 = √ 𝑞 = .
√ 1 √𝑞1
La courbe passe (par exemple) par les paniers (3 , 3) et (27 , 1) comme vu plus haut.
Elle est continue (bien infiniment divisibles et agents capables de classer, selon ses
préférences, tous les paniers de bien possibles), décroissante (substituabilité des biens et non
saturation des besoins), convexe (préférence pour les mélanges de paniers) et asymptote aux
axes (désirabilité des biens).

3. Indiquer, sur le graphique, l’ensemble des paniers de biens que l’agent A préfère à son panier
de dotations initiales. Expliquer.
L’ensemble des paniers que l’agent A préfère à son panier de dotations initiales sont ceux
situés au-dessus (ou à droite) de la courbe d’indifférence passant par (3 , 3). Zone hachurée
en rouge dans le graphique ci-dessus. L’agent A préfère, en effet, plus à moins (hypothèse de
non saturation des besoins) et ses préférences sont transitives. Explications détaillées dans
l’annexe du poly du cours n°1 pour celles et ceux qui ont oublié leur cours de L1. On ne le refait
pas.

4. Soit le panier (15 , 2) = 0,5×(3 , 3) + 0,5×(27 , 1). Sans effectuer aucun calcul, que pouvez-vous
dire de ce panier ?
La courbe d’indifférence passant par les paniers Q = (3 , 3) et Q’ = (27 , 1) est convexe (car la
fonction d’utilité est de type Cobb-Douglas). Cela signifie que tout panier situé sur le segment
[QQ’] est au-dessus de la courbe. Autrement dit, tout panier situé sur le segment [QQ’] est
préféré aux paniers de la courbe passant par Q et Q’. Or les paniers du segment [QQ’] sont de
la forme : λQ + (1 – λ)Q’, avec λ ∈ ]0 , 1[, ce qui est le cas du panier (15 , 2).
Rappel : on parle ici de « préférences convexes » ou de « préférence pour les mélanges » (sous-
entendu, les mélanges de paniers).

5. Déterminer le taux marginal de substitution (TMS) de A en un panier (q1, q2) quelconque, puis
en son panier de dotations initiales.
𝑢′ (𝑞1 , 𝑞2 )
Le TMS de A en un panier (q1, q2) quelconque est : TMSA(q1 , q2) = 𝑢𝐴𝑞

1
(𝑞
,
, 𝑞2 )
𝐴𝑞2 1

ce qui donne :
β
α𝑞α−1 𝑞2
TMSA(q1 , q2) = 1
β−1
β𝑞α
1 𝑞2

β 1−β
α𝑞 𝑞
= β𝑞2α𝑞21−α
1 1

β+1−β
α𝑞
= β𝑞α+1−α
2
1

α𝑞2
=
β𝑞1
1
𝑞2 1 2
= 32 pour α = 3 et β = 3.
𝑞
3 1
𝑞
= 2𝑞2
1
3 1
Au panier (3 , 3), on a donc : TMSA(3 , 3) = 2(3) = 2 .

A son panier de dotations initiales, l’agent A doit échanger (approximativement) 0,5 unités de
bien (2) contre une unité de bien (1) pour garder la même satisfaction 1.

Comme ses courbes d’indifférence sont décroissantes et convexes, ceci signifie que l’agent A
est prêt à céder au maximum une demie unité de bien (2) pour acquérir une unité de bien (1),
ou, ce qui revient au même, il est prêt à céder au maximum deux unités de bien (1) pour
acquérir une unité de bien (2).
1
Graphiquement, est la valeur absolue de la pente de la tangente à la courbe d’indifférence
2
au point (3 , 3) (valeur absolue de la pente de la flèche violette sur le graphique ci-dessus).

1 Plus
précisément, au voisinage du panier (3 , 3), A doit échanger ½ bien (2) par unité de bien (1) pour
garder la même satisfaction.

2
6. Pour quels prix du bien (1) en bien (2), la satisfaction de A augmente-t-elle lorsque ce dernier
cède du bien (2) en échange de bien (1) ?
On vient de voir que, à son panier de dotations initiales, l’agent A doit céder
(approximativement) 0,5 unités de bien (2) contre une unité de bien (1) pour garder la même
satisfaction. Comme il préfère plus à moins, sa satisfaction augmente donc s’il cède moins de
0,5 unités de bien (2) contre une unité de bien (1). Lorsqu’il cède du bien (2) en échange de
bien (1), la satisfaction de A ne peut donc augmenter que si le prix du bien 1 en bien 2 (p1/p2)
est inférieur à ½ .

7. On suppose que le prix du bien (1) en bien (2), p 1/p2, est égal à 3. Quel bien A est-il prêt à
1
céder/acquérir ? Pourquoi ? Mêmes questions si p1/p2 = 3.
[Le raisonnement va de soi quand on a compris qu’ici le TMS est le prix d’achat de réserve du bien
(1) en bien (2) de l’agent. Il faut donc partir de là puis déplier le raisonnement]
On vient de voir que, à son panier de dotations initiales, l’agent A est prêt à céder au maximum
une demie unité de bien (2) pour acquérir une unité de bien (1). Le prix maximum du bien (1)
en bien (2) qu’il est prêt à payer pour acquérir une unité de bien (1) est donc ½.
Si p1/p2, le prix du bien (1) en bien (2), est égal à 3, alors, ½ étant inférieur à 3, le bien (1)
coûte trop cher pour l’agent A, qui ne peut pas être d’accord pour céder du bien (2) en échange
de bien (1).
En revanche, si ce prix est égal à 1⁄3, comme 1⁄3 < 1⁄2, le prix du bien (1) en bien (2) étant
inférieur au prix maximum auquel il est prêt à acquérir du bien (1), A est susceptible d’être
d’accord pour céder du bien (2) en échange de bien (1).

8. Déterminer l’ensemble des prix du bien (1) en bien (2) pour lesquels A est prêt à céder du bien
(2) pour acquérir du bien (1). Déterminer l’ensemble des prix du bien (1) en bien (2) pour
lesquels A est prêt à céder du bien (1) pour acquérir du bien (2).
On généralise le raisonnement de la réponse précédente : à son panier de dotations initiales,
le prix maximum du bien (1) en bien (2) que l’agent A est prêt à payer pour acquérir une unité
de bien (1) est ½. Il s’ensuit que :
• Si le prix du bien (1) en bien (2), p1/p2, est inférieur à ½, l’agent A est prêt à acquérir du
bien (1) et à céder du bien (2) en échange.
• En revanche, si p1/p2 est supérieur à ½, A ne peut être prêt à acquérir du bien (1) et à
céder du bien (2) en échange. Dans ce cas, cependant, il est prêt à acquérir du bien (2) et
à céder du bien (1) en échange. En effet, si p1/p2 > ½, alors p2/p1 < 2 : le prix du bien (2)
en bien (1) est inférieur à 2, le prix de réserve du bien (2) en bien (1) de A.
• Enfin, si p1/p2 est égal à ½, alors A est on ne peut plus satisfait avec son panier de
dotations initiales.

9. Quelles auraient été les dispositions à l’échange de l’agent A, si son panier de dotation initiales
avait été (0 , 16) ?
1⁄ 2⁄
𝑈𝐴 (0 , 16) = 0 3 × 16 3 = 0. Cela signifie que l’agent A préfère n’importe quel panier
1⁄ 2⁄
(q1 , q2) où q1 > 0 et q2 > 0 au panier (0 , 16) puisque 𝑞1 3 𝑞2 3 > 0 si q1 > 0 et q2 > 0.
Remarque : graphiquement cette propriété se traduit par le fait qu’une courbe d’indifférence
passant par un panier (q1 , q2) avec q1 > 0 et q2 > 0 ne coupe jamais les axes. Economiquement,
cela traduit le fait que, pour l’agent A, les deux biens sont désirables.

3
Si le panier de dotation initiales de A avait été (0 , 16), cet agent aurait été disposé à céder
quasiment tout son bien (2) en échange d’une quantité infinitésimale de bien (1). Bref, il aurait
été prêt à céder du bien (2) pour obtenir du bien (1) à n’importe quel prix.
Remarque : lorsque q1 tend vers 0+, le TMS de A tend vers l’infini.

TEXTE : Kenneth Arrow, 1951, Choix collectifs et préférences individuelles, Calmann-Lévy, pp. 31-
32. « On adoptera ici le point de vue suivant : la comparaison interpersonnelle des utilités n’a
pas de sens et, à vrai dire, les comparaisons de bien-être sont indépendantes des problèmes de
mesure de l’utilité individuelle. (…) La seule signification véritable que l’on peut attribuer aux
concepts d’utilité concerne la représentation qu’ils donnent du comportement réel ; si l’on peut
expliquer à l’aide d’une fonction donnée d’utilité un comportement, on a largement démontré
qu’il peut être tout aussi bien expliqué par n’importe quelle autre fonction d’utilité, fonctio n
monotone croissante de la première. Si, en ce sens, il ne peut y avoir d’utilité mesurable, il est
impossible a priori de faire des comparaisons interpersonnelles des utilités ».

EXERCICE 2
Dans la même économie que celle de l’exercice 1, soit un consommateur B dont les préférences
peuvent être représentées par la fonction d’utilité uB(∙) de IR² dans IR définie par :
𝑈𝐵 (𝑞1 , 𝑞2 ) = 𝑞1α𝑞2β avec α = 1 et β = 2.

1. Comparer les préférences de A et de B. Sont-elles identiques ou différentes ? Pourquoi ?


Le fait que uA(3 , 3) = 3 soit inférieur à uB(3 , 3) = 27 signifie-t-il que le panier (3 , 3) apporte
plus de satisfaction à B qu’à A ? Vous répondrez à ces questions en vous appuyant sur le texte 2.
Dans le modèle Arrow-Debreu, la fonction d’utilité est ordinale, et non cardinale. Ceci signifie
qu’elle indique un ordre de préférence et non l’intensité de la satisfaction des agents. Ainsi,
dire que l’utilité d’un panier Q est égale à 1 et celle d’un panier Q’ est égale à 2 pour un agent
ne signifie pas que Q’ procure deux fois plus de satisfaction à A que le panier Q, mais
simplement qu’il procure à A plus de satisfaction de Q.
Cette fonction est donc valable à une transformation croissante près. C’est ce que dit K. Arrow
dans le texte encadré : « si l’on peut expliquer à l’aide d’une fonction donnée d’utilité un
comportement, on a largement démontré qu’il peut être tout aussi bien expliqué par
n’importe quelle autre fonction d’utilité, fonction monotone croissante de la première ».
Or de :
1⁄ 2⁄
uA(q1, q2) = 𝑞1 3 𝑞2 3 et uB(q1, q2) = 𝑞1 𝑞2 2 ,
on déduit que :
UB(q1, q2) = [uA(q1, q2)]3.
UB(∙) est donc une transformation croissante de uA(∙).
Il s’ensuit que uA(∙) et uB(∙) représentent la même relation de préférence. A et B ont donc
exactement les mêmes préférences.
L’ordinalité de la fonction d’utilité a pour conséquence que l’on ne peut comparer les utilités
de deux agents différents. Le fait que uA(3 , 3) = 3 soit inférieur à uB(3 , 2) = 27 ne signifie
pas que le panier (3 , 3) apporte une satisfaction plus grande à B qu’à A, parce que, ces
fonctions n’indiquant pas l’intensité de la satisfaction de chacun, mais simplement leurs
ordres de préférence, elles ne peuvent permettre de comparer la satisfaction des deux agents :
« l a comparaison interpersonnelle des utilités n’a pas de sens et, à vrai dire, les comparaisons
de bien-être sont indépendantes des problèmes de mesure de l’utilité individuelle » (texte
encadré).

4
Attention, cela ne signifie pas que la fonction d’utilité n’est jamais cardinale. Cela signifie
simplement que, dans le modèle Arrow-Debreu, elle pourrait certes être cardinale, mais elle
a juste besoin d’être ordinale (pour permettre la démonstration du théorème d’existence d’un
équilibre général).
2. On suppose que les dotations initiales de B sont (1 , 5). Déterminer le TMS de B en un panier
quelconque, puis en son panier de dotations initiales. Commentez.
A et B ayant les mêmes préférences, on a :
𝑞2
TMSB(q1 , q2) = TMSA(q1 , q2) = .
2𝑞1
5 5
TMSB(1 , 5) = = : à son panier de dotations initiales, l’agent B est prêt à céder au
2(1) 2
maximum 2,5 unités de bien (2) pour acquérir une unité de bien (1), ou, ce qui revient au
même, il est prêt à céder au maximum deux cinquièmes de bien (1) pour acquérir une unité
de bien (2).
A et B n’ayant pas les mêmes dotations initiales, ils n’ont pas les mêmes dispositions à
l’échange bien qu’ayant les mêmes préférences.

[FACULTATIF]
3. Quel est l’ensemble des prix du bien (1) en bien (2) pour lesquels B est prêt à céder du bien
(2) pour acquérir du bien (1), puis l’ensemble des prix du bien (1) en bien (2) pour lesquels B
est prêt à céder du bien (1) pour acquérir du bien (2).
Le prix de réserve du bien (1) en bien (2) de B est 2,5. Si p1/p2 est inférieur à 2,5, B est prêt à
acquérir du bien (1) et à céder du bien (2) en échange. En revanche, si p1/p2 est supérieur à
2,5, il est demandeur de bien (2) et offreur de bien (1).

EXERCICE 3
Dans la même économie que celle des deux exercices précédents, soit un consommateur C dont
les dotations initiales sont (8 , 2) et dont les préférences peuvent être représentées par la fonction
d’utilité uC(∙) de IR² dans IR définie par :
𝑈𝐶 (𝑞1 , 𝑞2 ) = 𝑞1α𝑞2β avec α = β =1.

1. Déterminer le TMS de C en un panier quelconque puis en son panier de dotations initiales.


𝑞2 2 1
TMSC(q1 , q2) = . D’où : TMSC(8 , 2) = = .
𝑞1 8 4

2. Les préférences de C sont-elles identiques à celles de l’agent A de l’exercice 1 ?


Non, les préférences sont différentes, car leurs TMS en un panier quelconque sont différents.

3. Représenter graphiquement la courbe d’indifférence de C passant par son panier de dotations


initiales (graphique II).
La courbe d’indifférence de C passant par son panier de dotations initiales a pour équation :
uC(q1, q2) = uC(8 , 2)
autrement dit :
𝑞1 𝑞2 = 8 × 2 = 16

ce qui donne :
16
𝑞2 = 𝑞
1
La courbe est continue, décroissante, convexe et asymptote aux axes. Elle passe (par exemple)
par les paniers (2 , 8), (4 , 4) et (8 , 2). Voir graphique II ci-dessous.

5
Graphique II

4. Quel est l’ensemble des prix du bien (1) en bien (2) pour lesquels C est prêt à céder du bien
(2) pour acquérir du bien (1), puis l’ensemble des prix du bien (1) en bien (2) pour lesquels C
est prêt à céder du bien (1) pour acquérir du bien (2).
1
Le prix de réserve du bien (1) en bien (2) de C est 4 (voir question 1). Donc si p1/p2 est inférieur
1
à 4, C est susceptible d’acquérir du bien (1) et de céder du bien (2) en échange. En revanche,
1
si p1/p2 est supérieur à 4, le bien (1) est trop cher pour lui. Il est offreur de bien (1) et
demandeur de bien (2).

EXERCICE 4 – L’INDETERMINATION DE L’ECHANGE


On se situe dans la même économie que celle des exercices 1 et 3. On suppose que cette
économie est sans production (économie d’échange pur) et à deux agents (les agents A et C des
exercices précédents).
1. Qu’est-ce qu’un état réalisable de cette économie ?
Un état réalisable d’une économie est une allocation des ressources de cette économie
entre les deux agents qui la composent.
Les ressources de cette économie sont les quantités disponibles de biens (1) et (2). Et
comme cette économie est sans production, la quantité de bien (1) disponible dans
l’économie, ̅̅̅,
𝑞1 est la somme des dotations initiales en bien (1) des deux agents :
𝑞1 = 3 + 8 = 11.
̅̅̅
Même chose pour ̅̅̅, 𝑞2 la quantité de bien (2) disponible dans l’économie. C’est la somme
des dotations initiales en bien (2) des deux agents :
𝑞2 = 3 + 2 = 5.
̅̅̅
Si l’on note (q1A , q2A) le panier de biens que possède A et (q1C , q2C) le panier de biens que
possède C, alors un état réalisable de cette économie est :
{(q1A , q2A) , (q1C , q2C)} avec q1A + q1C = 11 et q2A + q2C = 5.

2. Représenter cette économie dans un diagramme d’Edgeworth (graphique III).


Le diagramme d’Edgeworth représente l’ensemble des états réalisables d’une économie
d’échange pur (sans production) lorsque celle-ci est composée de deux agents (ici A et C)
et de deux biens (ici (1) et (2)).

6
On le dessine en retournant le graphique II (axe jaune et courbe rouge) et en le posant
ainsi à l’envers sur le graphique I (axe bleu et courbe verte) de façon à ce que les paniers
de dotation initiales de A et de C se superposent.

On obtient ainsi le graphique III suivant :

C’est un rectangle, une « boîte » (ce diagramme est également appelé « boîte
d’Edgeworth »), dont la base représente la quantité de bien (1) disponible dans l’économie
(à savoir 11) et dont la hauteur représente la quantité de bien (2) disponible dans
l’économie (à savoir 5). Le panier disponible pour l’économie est (11 , 5).
Chaque point du rectangle représente dès lors un état réalisable de l’économie. L’abscisse
et l’ordonnée d’un point quelconque donnent respectivement les quantités de bien (1) et
de bien (2) détenues par A lorsque l’on regarde le rectangle à l’endroit, et détenues par C
lorsqu’on le regarde à l’envers (puisque la quantité de bien (1) détenue par C est égale à
11 moins la quantité de bien (1) détenue par A, et la quantité de bien (2) détenue par C est
égale à 5 moins la quantité de bien (2) détenue par A).
Ainsi, par exemple, l’allocation initiale {(3 , 3) , (8 , 2)} (point vert sur le graphique)
apparaît comme le point (3 , 3) quand on regarde le diagramme à l’endroit, et comme le
panier (8 , 2) quand on le regarde à l’envers.

3. Représenter, sur le même graphique (III), l’ensemble des états réalisables que A et C
préfèrent à la situation initiale.
A et C préférant à la situation initiale les états réalisables situés au-dessus de leur courbe
d’indifférence, l’ensemble des états réalisables que A et C préfèrent à la situation initiale
est la « lentille » (i.e. la surface située entre les courbes d’indifférence de A et de C passant
par leur lanier de dotations initiales).

4. Déduire de vos réponses aux questions des exercices 1 et 3, les taux d’échange (ou prix
p1/p2) possibles. S’ils font des échanges à ces taux, quel bien A cèdera-t-il à C ?
Les réponses aux questions 7 de l’exercice 1 et 4 de l’exercice 3 sont résumées dans le
tableau ci-dessous (fond gris pour A et fond bleum pour C)

7
𝑝1 1 𝑝1 1 1 𝑝1 1 𝑝1 1 𝑝1 1
< = < < = >
𝑝2 4 𝑝2 4 4 𝑝2 2 𝑝2 2 𝑝2 2

A est on ne A n’est pas prêt à


A est prêt à acquérir du bien (1) : prix du bien (1) en
peut plus acquérir du bien 1
bien (2) inférieur à son prix de réserve. Il est donc prêt à
satisfait avec le (ni à céder du bien
céder du bien (2) en échange.
panier (3 , 3) 2 en échange)
C est on ne peut C n’est pas prêt à acquérir du bien (1) : prix du bien (1)
C est prêt à céder
plus satisfait en bien (2) supérieur à son prix de réserve. Il n’est donc
du bien (2) pour
avec son panier pas non plus prêt à céder du bien (2).
acquérir du bien
de dotations Il est en revanche prêt à céder du bien (1) pour acquérir
(1)
initiales (8 , 2) du bien (2).
Echange Echange Echange Echange
Echange possible
impossible impossible impossible impossible

Les taux d’échange susceptibles d’être acceptés à la fois par A et par C sont donc tous ceux
qui sont strictement compris entre 1/4 et 1/2. A ces taux, A est prêt à céder du bien (2)
en échange de bien (1) que C est prêt à céder du bien (1) pour acquérir du bien (2).

5. Est-il possible que A cède 2 biens (1) à C et que C lui cède 2/3 de bien (2) en échange ?
Est-il possible que A cède 3 biens (2) à C et que C lui cède 7 biens (1) en échange ?
Expliquer.
2
𝑝 1
Si A cède 2 biens (1) à C en échange de 2/3 de bien (2), on a : 𝑝1 = 3
= 3.
2 2
On est donc dans le cas : 14 < 𝑝𝑝1 < 12.
2

Or, dans ce cas, les échanges sont certes possibles, mais A n’est pas prêt à céder du bien
(1). Il est donc impossible que A cède 2 biens (1) à C et que C lui cède 2/3 de bien (2) en
échange.
Si A cède 3 biens (2) à C, alors il lui cède tout son bien (2). Ce qui diminue sa satisfaction.
Donc, il impossible que A cède 3 bien (2) à C, que que soit la quantité de bien (1) que C
lui cède en échange.

6. Si A n’avait pas aimé le bien (2), quels auraient été les taux d’échange possible avec C ?
Représenter cette situation sur un autre graphique.
Si l’agent A n’avait pas aimé le bien (2), il aurait été disposé à céder tout son bien (2) en
échange de bien (1), et ce, à n’importe quel prix. On aurait donc eu le tableau suivant :

𝑝1 1 𝑝1 1 𝑝1 1
< = >
𝑝2 4 𝑝2 4 𝑝2 4

A est prêt à céder tout son bien (2) en échange de bien (1)

C est on ne peut plus


C est prêt à céder du
satisfait avec son panier C est prêt à céder du bien (1)
bien (2) pour acquérir
de dotations initiales (8 , pour acquérir du bien (2).
du bien (1)
2)

Echange impossible Echange impossible Echange possible

8
𝑝1 1
Les échanges auraient donc été possibles entre A et C aux prix > 4 (auxquels C est
𝑝2
disposer à céder du bien (1) pour acquérir du bien (2)).
Graphiquement, les courbes d’indifférence de A auraient été verticales. L’ensemble des
états réalisables préférés à la situation initiale par A et par C n’aurait donc pas eu la forme
d’une lentille.

7. Si l’économie avait été composée de A et de B, quels auraient été les taux d’échange
possibles ?
De la même façon que dans la réponse à la question précédente, les taux d’échange
acceptables à la fois par A et par B sont donc tous ceux qui sont strictement compris entre
leurs TMS à leurs paniers de dotations initiales, autrement dit ici entre TMS A(3 , 3) et
1 5
TMSB(1 , 5), donc entre 2 et 2.

8. Si A et B avaient eu les mêmes dotations initiales, quels auraient été les taux d’échange
possibles ? Pourquoi ?
Aucun taux d’échange n’aurait été possible. En effet, A et B ont les mêmes préférences. S’ils
avaient eu les mêmes dotations initiales, ils auraient eu les mêmes dispositions à
l’échange ; ils auraient donc voulu du même bien aux mêmes taux : aucun échange n’aurait
été possible. L’échange est impossible si les individus sont identiques.

9. On suppose que A et C ne feront pas d’échange s’ils peuvent encore améliorer leur
situation. Ceci permet-il de savoir quelles quantités de biens ils vont échanger (et donc à
quel prix relatif) ?
Les états réalisables auxquels les agents ne peuvent plus améliorer leur situation par
l’échange sont ceux pour lesquels les deux TMS sont égaux : ce sont les états réalisables
situés sur la « courbe des contrats » (on reverra cette courbe plus tard, quand on étudiera
l’optimalité au sens de Pareto).
L’ensemble des états réalisable sur lesquels A et C sont susceptibles de se mettre d’accord
sont donc ceux situés à l’intersection de la courbe des contrats et de la lentille.
Il y a indétermination car une infinité d’états réalisables font l’affaire. On ne peut pas dire
si A et C vont se mettre d’accord ni, le cas échéant, sur quel état réalisable ils vont se mettre
d’accord.
Donc, pour répondre à la question posée, non, ceci ne permet pas de savoir quelles
quantités de biens les agents A et C vont échanger.
Pour le savoir, il faut ajouter d’autres hypothèses. Celles du modèle de concurrence
parfaite permette de lever l’indétermination, du moins dans les cas similaires à celui de
cet exemple.

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