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CHAPITRE 4 : STABILITE DES FONDATIONS

INTRODUCTION

Il ya plusieurs types de fondations disponibles pour les ingénieurs géotechniciens : les


fondations superficielles (sur semelles isolées, sur semelles filantes, sur radier nervuré ou plan, sur
cuvelage), les fondations profondes et semi profondes (sur puits, sur caissons, sur pieux battus ou
forés). Le choix d’un type de fondations pour un ouvrage peut dépendre des éléments tels que :

 l’exigence de sécurité ;
 l’importance des charges de l’ouvrage ;
 la portance du sol en place ;
 l’ampleur de l’ouvrage (hauteur notamment) ;
 le coût ;
 la maîtrise technique ;
 la rapidité et l’aisance de mise en œuvre ;
 les délais.

Quelque soit le type envisagé, l’ingénieur doit s’assurer que la fondation jouera sa fonction de
transmission des charges issues de l’ouvrage sur le sol en toute sécurité et pendant la durée de vie de
cet ouvrage. Une fondation doit résister aux actions auxquelles elle est soumise et son sol d’assise ne
doit ni rompre, ni tasser de façon inconsidérée.

Normalement, toutes les tentatives seraient d’utiliser les fondations superficielles, c’est le
type le moins coûteux et le plus rapide. Pourtant, le concepteur devra surveiller la portance du sol et
les tassements avant d’envisager ce type. Si la capacité portante du sol qui se trouve immédiatement
sous la semelle est suffisante, on devra vérifier les tassements immédiats et finaux. Les radiers sont
des fondations superficielles envisageables pour les charges élevées en présence des mauvais sol, ou
lorsque la surface totale des semelles est supérieure à 50% de la surface totale de l’emprise au sol de
l’ouvrage. Malheureusement, c’est un système de fondations très couteux.

Schématiquement, les différents types de fondations peuvent être représentés comme suit :

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4.1. FONDATIONS SUPERCICIELLES

Les fondations superficielles (D/B < 6) constituent le type le plus courant et le moins coûteux.
Elles sont idéales dans les conditions où le sol immédiatement sous la semelle est résistant (bonne
portance) ; dans le cas contraire, il est recommandé de choisir un autre type de fondations.

Figure 4.1 : description d’une fondation Supervielle.

En fonction de la qualité du sol, on peut implanter les fondations comme suit :

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CALCUL DES FONDATIONS SUPERFICIELLES

Calcul de la capacité portante (équation générale pour sols cohésifs et non cohésifs)

Terzaghi démontre que le sol sous la semelle va générer un triangle de contraintes comme
indiqué sur la figure 4.2. Il considère l’angle entre la base de la semelle et le triangle de contraintes
π φ
égal à 4 + 2

La capacité portante est développée sur une semelle du fait des trois propriétés du sol
(cohésion, frottement interne, densité).

Figure 4.2 : triangle de contraintes sous la semelle.

La capacité portante ultime d’une fondation qult est la charge maximale au-delà de laquelle la
fondation va rompre en cas d’une quelconque utilisation.

L’équation générale de Terzaghi pour la capacité portante s’écrit :

qult = cNcSc + qNq + 0.5BNɣɣSɣ

͝terme de cohésion ͝terme de densité


Terme de surcharge

c : cohésion ; Nc, Nɣ, Nq: facteurs de portance de Terzaghi (voir tableau 4.1) ; Sc : facteur de
forme des fondations (voir tableau), q : contrainte effective à la base de la semelle q =ɣD ;
Tableau 4.1 : valeurs des coefficients de portance de Terzghi

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Et les facteurs de forme de la semelle sont tels que indiqués sur le tableau 4.2:
Tableau 4.2 : facteurs de forme de Terzaghi

D est la distance de la base de la semelle à la surface du sol et ɣ est la densité effective du


sol. Nq dépend de l’angle de frottement interne du sol φ.

Par exemple, si on place la base de la semelle très profonde, D va augmenter et par


conséquent la capacité portante va augmenter aussi. Envoyer la semelle en profondeur est une
méthode pour accroître la capacité portante, sous réserve que les couches de sol en profondeur ne
soient pas de très mauvaise qualité.

Le terme de densité représente la résistance du sol due à la densité. Si le sol a une densité
élevée, la capacité portante sera plus élevée. B est la largeur ou la plus petite dimension de la semelle.

En dehors du tableau 4.1 (TERZAGHI), MEYERHOF a donné des formules pour la détermination
des valeurs de Nc, Nɣ, Nq

NC = (Nq-1)/tg φ′
π φ′
Nq= 𝑒 𝜋𝑡𝑔φ′tg²( + )
4 2

Nɣ= (Nq-1)tg (1.4φ′)

Si on accroît la surcharge q, q = ɣ (D+X), la capacité portante augmente. Donc les ingénieurs


peuvent améliorer la capacité portante en ajoutant des surcharges.

Dans le cas où le sol est stratifié, la cohésion à prendre en compte est la valeur équivalente
𝐶1 ℎ1 + 𝐶2 ℎ2
Cequiv. = 𝐻
dans les calculs de la capacité portante.

C1 et C2 sont les valeurs de cohésion des différentes couches du sol ; h1 et h2 les épaisseurs
respectives tel que présenté à la figure 4. 3. H est déterminé par les relations trigonométriques.

Figure 4.3: capacité portante pour un sol stratifié


B φ
H = 2 tg(45+ 2 ) = h1 + h2

4
φ1 ℎ1 + φ2 ℎ2
De la même manière, l’angle de frottement interne équivalent est trouvé, φequiv. = 𝐻

Les deux valeurs équivalentes sont donc utilisées dans l’équation de TERZAGHI.

L’équation de la capacité portante de MEYERHOF


En 1963, MEYERHOF a proposé un autre groupe d’équations et autres outils plus précis que
ceux de TERZAGHI. MEYERHOF a donné deux équations ; une pour les charges verticales et une autre
pour les charges inclinées.

 Pour les charges verticales :


qult = cNcScdc + qSqNqdq+ 0.5BNɣɣSɣdɣ

π φ′
Nc,Nq,Nɣ sont les facteurs de MEYERHOF pour la capacité portante tels que Nq= 𝑒 𝜋𝑡𝑔φ′tg²( 4 + 2
),

NC= (Nq-1)/tg(φ′),

Nɣ= (Nq-1)tg (1.4φ′)


π φ′ B
Sc, Sq et Sɣ sont les facteurs de formes tels que : Sc =1+0.2tg²(4 + ).
2 L
pour toute valeur de φ′;
π φ′ B
Sq et Sɣ = 1+0.1tg²(4 + ).
2 L
pour φ′>10°

Et Sq et Sɣ =1.0 pour φ′= 0 et φ′< 10°


π φ′ D
dc, dq et dɣ sont les facteurs de profondeur tels que : dc =1+0.2tg( + ). pour toute valeur
4 2 B
de φ′ (remarquer que tg n’est pas élevée au carré ici) ;
π φ′ D
dq = dɣ = 1+0.1tg( + ). pour φ′>10°
4 2 B

dq = dɣ = 1 pour φ′= 0 et φ′< 10°

 Pour les charges inclinées:


qult = cNcdcic + qdqNqiq+ 0.5BNɣɣdɣiɣ

On remarque que MEYERHOF a supprimé les facteurs de forme pour les charges inclinées (figure 4.4).
Il est démontré que les charges inclinées réduisent la capacité portante.

Figure 4.4 : charge inclinée sur une semelle

Chargement excentré
A certains moments, les charges ne sont pas appliquées sur la ligne du centre de gravité de la
semelle (figure 4.5). A ce moment, la pression sur le sol n’est pas uniforme, la situation est comme
pour une semelle sans excentricité de largeur B’= B-2e (ou longueur L’=L-2e) suivant le coté excentré.

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Figure 4.5 : charge excentrée sur une semelle

Le chargement excentré implique qu’un coté de la semelle est plus chargé que l’autre ; ce qui
implique la naissance des tensions sous la semelle en certains points ; ceci est observé lorsque
l’excentricité dépasse B/6, i.e que la charge est appliquée hors du tiers central de la largeur.

Lorsque l’excentricité est très accentuée, les contraintes s’annulent su un côté et on observe
des tensions négatives sur l’autre due à la grande excentricité (figure 4.6). Il est prudent dans la
pratique de s’assurer que les tensions négatives ne sont pas développées sous la semelle.

Figure 4.5: répartition des tensions sous la semelle du fait de charge excentrée.

Fondations superficielles sous les culées de ponts


Les semelles des fondations superficielles des culées de ponts sont soumises à la poussée des
remblais en plus des charges verticales (figure 4.6).

Figure 4.6 : fondation superficielle sous culée de pont

Calcul de la capacité portante en présence de la nappe


La nappe réduit la densité du sol du fait de la boulance. Lorsque la nappe est présente, la
densité du sol doit donc être modifiée. Lorsque la semelle est chargée, le triangle des contraintes se
forme sous cette semelle. Si la nappe est sous le triangle des contraintes, alors son effet est

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négligeable (dw>H) ; par contre, si elle est située entre la base de la semelle et H (figure 4.7), alors la
(2H−𝑑𝑤 ) (H−𝑑𝑤 )²
densité équivalente à considérer dans les calculs est ɣe = . dw . ɣ + ɣ’. ; où ɣe est la
H² 𝐻2
densité équivalente, ɣ la densité humide et ɣ’ la densité déjaugée.

Figure 4.7 : capacité portante en présence de la nappe.

Si le niveau de la nappe est au-dessus de H (figure 4.8), alors dw devient nulle, et l’équation de la densité
équivalente permet de voir que ɣe = ɣ’

Figure 4.8 : capacité portante si la nappe est au-dessus de la base de la semelle

Calcul de la capacité portante avec EUROCODE


EUROCODE 7 propose deux équations pour le calcul de la capacité portante. Une équation
dans les conditions drainées et l’autre dans les conditions non drainées. Il est recommandé d’utiliser
l’équation drainée pour les sols sableux, latéritiques et silteux ; et l’équation non drainée pour les sols
argileux et limons plastiques.
R
Equation en condition drainée : A′ = c’NcbcScic + q’NqbqSqiq+ 0.5ɣ’B’NɣbɣSɣiɣ

Avec R, la charge en N ; A’ l’aire de la semelle. Quand la charge est verticale et appliquée au


centre de la semelle, c’est la surface exacte de la semelle qui est considérée. Lorsque la charge est
inclinée ou la charge excentrée, la valeur de A’ sera différente.

C’ est la cohésion en (kN/m²) ; Nc= (Nq -1)ctgφ′


π φ′
Nq= 𝑒 𝜋𝑡𝑔φ′tg²( 4 + 2
),

Nɣ= 2(Nq-1)tg (φ′)

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Pour les facteurs de forme, on aura:
B′
Sq = 1+ L′ sin φ′ (forme rectangulaire)

Sq = 1+ sin φ′ (forme circulaire ou carrée)

Sc = (SqNq-1)/(Nq-1)
B′
Sɣ = 1- 0.3 (L′ ) (forme rectangulaire)

Sɣ = 0.70 (forme circulaire ou carrée)

Pour les facteurs d’inclinaison de la semelle, b : bc = bq - (1- bq)/(Nctgφ′) et bq = bɣ = (1- αtg φ′)² (avec
α en radians)

Les facteurs i sont envisagés lorsque la charge est appliquée avec un angle θ :

Iq = [1-0.70 H/(V+A’x C’cotg φ′)]m


B′ B′
m=mB=[2+ L′ ]/[1+L′ ]

L′ L′
m=mL= [2+ B′]/[1+B′ ]

m = mθ = mLcos²θ + mBsin²θ

iC= (iqNq-1)/(Nq-1)

iɣ = [1- H/(V+A’x C’cotg φ′)]3

Les mi sont choisis en fonction de l’orientation de l’inclinaison du chargement.

Dans le calcul des fondations superficielles, les états limites suivants doivent être considérés :

 instabilité d’ensemble ;
 défaut de capacité portante (faible capacité), rupture par poinçonnement ;
 rupture par glissement ;
 rupture combinée dans le terrain et la structure ;
 rupture de la structure du fait des mouvements de la fondation ;
 tassements excessifs ;
 soulèvement excessif sous l’effet du gonflement du sol, du gel ou d’autres causes ;
 vibrations inadmissibles.

Plusieurs ingénieurs utilisent les équations de TERZAGHI, HANSEN, MEYERHOF ou VESIC pour
obtenir la capacité portante. Par ailleurs, les méthodes de règle générale ont été utilisées dans le
passé par des ingénieurs.

DIMENSIONNEMENT DES FONDATIONS SUPERFICIELLES EN CONTEXTE SISMIQUE

Les semelles des fondations superficielles peuvent rompre pendant les évènements sismiques. La
diminution de la capacité portante du fait des séismes a été étudiée par Kumar et Mohan Rao
(2002). Ils ont proposé de réduire les coefficients de la capacité portante de Terzaghi (Nc, Nɣ, Nq)
en se basant sur l’accélération horizontale du sol. Les fortes accélérations du sol induiront de
fortes réductions de ces coefficients. Les abaques suivants (figures 4.9 à 4.11) ont été élaborées
par Kumar et Mohan Rao. Ils permettent de déterminer les facteurs de capacité portante en

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fonction du coefficient sismique d’accélération horizontale du sol αh. αh = accélération horizontale
du sol/g (g=9.81m/S²).

Fig. 4.9 à 4.11: abaques de Nq, Nc et Nɣ en fonction de αh .

On constate que lorsque αh approche de 1.0, les coefficients de la capacité portante approchent
0. Ceci indique une perte de capacité portante sévère pour ce niveau de séismes.

Les valeurs de αh correspondent aussi à des dommages sur les ouvrages, comme indiqué sur le tableau
4.3
Tableau 4.3 : dommages potentiels en fonction des valeurs de αh

αh Dommages potentiels
0.04 Effet ressenti par les hommes
0.25 Dommages modérés sur les bâtiments
0.50 Dommages considérables sur les bâtiments
1.0 Dommages sévères sur les bâtiments

Dans certaines villes (certains pays), les probabilités d’occurrence des évènements sismiques sont
fixées :

 Occurrence de αh de valeur 1.0 = tous les 200 ans


 Occurrence de αh de valeur 0.5 = tous les 90 ans
 Occurrence de αh de valeur 0.25 = tous les 50 ans
 Occurrence de αh de valeur 0.1 = tous les 20 ans.

Si on dimensionne les fondations d’un hôpital, on devrait prendre une valeur αh de 1.0 ; alors
que si on dimensionne un entrepôt, la valeur de αh de 0.1 ou 0.25 serait suffisante. En effet, en cas
d’incident sismique, le nombre de décès pour un hôpital ne serait pas comparable à celui d’un entrepôt.
Les codes locaux orientent normalement sur le choix des valeurs de αh.

FONDATIONS PROFONDES
1. Fondations sur pieux

Les pieux sont utilisés pour transférer les charges sur les couches de sol profondes et plus stables.
Avant l’apparition des pieux, de larges structures étaient construites en Egypte, en Asie et en
Europe. Les ingénieurs de l’époque n’avaient aucun autre choix que de creuser profondément

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jusqu’à la roche mère. La structure Sri lankaise du 2ème siècle appelée « Jethavana » a une
fondation superficielle ancrée à environ 120 m de profondeur (figure 4.12).

Figure 4.12 : Jethavana (Sri Lanka)

De nos jours, sans les pieux, les larges structures seraient économiquement inappropriées. La
première utilisation certaine des pieux date de 148 ap. J.C. en France par des ingénieurs Romains,
lors de la construction du circuit des arènes d’ARLES (Figure 4.13). Les pieux en bois furent utilisés
et battus par un marteau manipulé manuellement.

Figure 4.13 : Circuit d’arène d’Arles

1.1. Types de Pieux

Tous les types de pieux peuvent être classés en pieux de déplacement et pieux de non
déplacement. Les pieux en bois, en tubes d’aciers bouchés à l’extrémité, en béton précontraint
ou non, déplacent le sol au cours de leur pénétration ; ces pieux sont qualifiés de pieux de
déplacement. Quelques pieux déplacent le sol pendant leur installation à un degré moindre, il
s’agit des pieux en H, en aciers ouverts à l’extrémité, en tubes en béton creux.

 Pieux de déplacement
 Pieux à large déplacement

Pieux en bois, en béton précontraint ou non, aciers fermés.

 Pieux à faible déplacement

Pieux tubes en béton, pieux en H, pieux en aciers ouverts, en béton à coque mince.

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 Pieux de non déplacement
Pieux alpha, delta, franki et vibrex (coffre en acier retiré après bétonnage), à forage à
tarière continue et bétonnage avec ou sans ferraillage, à Tarière et bétonnage, avec
introduction de bloc de béton après forage à la tarière.
1.2. Pieux en bois

Pour avoir 50 ml de pieu, on a besoin de couper le bois à 75 m ou plus.

 Les pieux en bois sont peu couteux par rapport à ceux en acier ou en béton ;
 Les pieux en bois se dégradent à cause des organismes vivants. Ces organismes ont besoin
de deux nutriments pour leur survie : l’oxygène et l’humidité. Pour que le pieu en bois se
dégrade, les deux nutriments doivent être présents. Au-dessous de la nappe souterraine,
il y a beaucoup d’humidité mais peu d’oxygène ;
 Les pieux en bois immergés dans les nappes souterraines ne vont pas se dégrader ;
l’oxygène est nécessaire pour la croissance des champignons. Au-dessous de la nappe, il
n’y a pas assez d’air dans le sol, et donc on aura une très faible dégradation.
 Au-dessus de la nappe, il y a beaucoup d’oxygène mais certaines régions (très chaudes)
ont peu d’humidité à ce niveau ; et donc les pieux en bois peuvent aussi tenir là pour
longtemps. Dans d’autres régions où il y a assez d’humidité (pluies, neige), les pieux en
bois se dégradent rapidement sous certaines conditions. Un traitement en créosotage ou
autre est alors indispensable.
 Lorsque St Marc a été démoli en 1902 pour des défauts structuraux, les pieux en bois
posés en 900 ap. J.C. étaient encore en bon état et ont été réutilisés pour la nouvelle tour
bâtie à la place de la vielle Eglise.
 La ville de VENISE avec une nappe très affleurant avec ses pieux en bois est debout depuis
les siècles.

Les pieux en bois demandent à être installé avec un soin particulier. Ils sont susceptibles d’être
affectés et endommagés. Toute chute de résistance lors de l’enfoncement doit être examinée.

Le jointoiement des pieux en bois doit être évité autant que possible (figure 4.14) ; car,
contrairement aux pieux en acier et en béton, les pieux en bois ne peuvent pas être joints
efficacement.

Figure 4.14 : jointoiement des pieux en bois

1.1. Pieux en acier


 Pieux en H
Ils peuvent être en H (figure 4.15) et en tubes fermés aux extrémités ou non (figure 4.16).

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Figure 4.15 : pieu en acier en H en place Figure 4.16 : pieux tubés en acier

Les pieux battus sont enfoncés à l’aide d’un marteau de battage (figure 4.17).

Figure 4.17 : marteau de battage

Choix du type de pieux

Une fois que l’option des pieux est retenue par le géotechnicien, il reste la question du choix optimal
du type de pieux à utiliser. Les pieux en bois sont peu couteux mais difficiles à utiliser sur des sols
durs ; les pieux en aciers ne sont pas recommandés en zone marine en raison des problèmes de
corrosion. Analysons quelques situations :

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 Situation 1 (figure 4.18)

Figure 4.18 : étude de situation 1

Les pieux en bois ne sont pas adaptés ici du fait de la présence d’une couche dure dans la partie
supérieure. Le choix optimal serait de déposer les pieux sur la roche, les pieux pourraient alors être
dimensionnés comme portant en pointe uniquement : dans ce cas, les pieux en H sont parfaits,
parceque, contrairement aux pieux en bois et en tubes, les pieux en H traversent la couche
rocheuse.

De l’autre côté, la roche pourrait être très loin pour y envoyer les pieux ; dans ce cas, on peut
examiner un certain nombre d’alternatives :

 envoyer des pieux de grande largeur sur la couche d’argile ;


 réaliser un caisson sur la couche d’argile. Mais la difficulté sera alors de faire passer
des pieux de large diamètre à travers la couche rocheuse : on peut faire une
excavation sur cette couche et envisager le caisson sur l’argile en vérifiant le
tassement.
 Situation 2 (figure 4.19)

Figure 4.19 : étude de situation 2

Les pieux ne peuvent être placés sur l’argile légère ; il est possible d’utiliser l’argile moyennement
raide. Dans cette situation, les pieux doivent être dimensionnés pour travailler en friction.

La capacité du pieu provient essentiellement de la friction latérale et de la résistance en pointe. Selon


le cas, le pieu travaille donc en friction ou en pointe. Donc, si les pieux étaient placés sur l’argile
moyennement raide, les contraintes arriveraient sur la couche d’argile légère ; à cet effet, l’ingénieur
doit s’assurer que le tassement dû à la compression de couche légère est dans les limites acceptables.

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 Situation 3 (figure 4.20)

Figure 4.20: étude de situation 3

Les pieux tubes peuvent être utilisés ici. Ils coûtent plus cher que les pieux en bois, mais l’un des
avantages de ces pieux sur les pieux en bois est qu’ils peuvent être battus fortement.

Les pieux en H sont idéaux pour le travail en pointe, or ici les pieux doivent travailler plus en friction ;
donc les pieux en H ne sont pas indiqués ici.

DIMENSIONNEMENT DES PIEUX

1. Dimensionnement des pieux sur un sol pulvérulent


Une version modifiée de l’équation de la capacité portante de TERZAGHI est largement utilisée
pour le dimensionnement des pieux. Le 3ème terme (terme de densité) de l’équation de TERZAGHI
est négligeable et généralement ignoré. Le coefficient K de pression latérale des terres est
introduit pour prendre en compte la friction.

Pult = σ’t Nq A + K σ’v tgδ Ap (terme de portance en pointe + terme de portance en friction)

σ’t : contrainte effective en pointe

A : surface du pieu en pointe

σ’v: contrainte effective à mi-hauteur du pieu

δ: angle de frottement sol – pieu


Ap: surface latérale du pieu
K : coefficient de poussée
Nq : facteur de charge

Tableau 4.4 : valeurs de K

Type de pieux K (pieux sous K (pieux sous tension – en


compression) soulèvement)
Pieux battus en H 0.5-1.0 0.3-0.5
Pieux de déplacement battus 1.0-1.5 0.6-1.0
(circulaire ou carré)
Pieux de déplacement 1.5-2.0 1.0-1.3
coniques
Pieux de déplacement tubés 0.4-0.9 0.3-0.6
Pieux forés 0.7 0.4
Sources : NAVFAC DM 7.2 (1984).

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Les angles de friction à considérer varient suivant les types de pieux et sont fonction de l’angle de
frottement interne du sol (voir tableau 4.5)
Tableau 4.5 : valeurs de l’angle de friction en fonction des types de pieux

Type de pieux Angle δ


aciers 20°
bois 3/4 φ
(φ, angle de frottement interne)
béton 3/4 φ
Sources : NAVFAC DM 7.2 (1984).

Les points de calcul des contraintes doivent être jouxtant aux pieux, et les valeurs de k sont
déterminées comme sur la figure 4.21.

Figure 4.21: Coefficients de poussée latérale . (a) K0 (sol au repos). (b) Ka (état de poussée ou
actif). (c) Kp (état de butée ou passif). (d) K (sur le pieu).

(b) Ka est le coefficient actif ; dans ce cas, le sol exerce une contrainte effective horizontale minimale,
Ka est toujours inférieur à K0.

(c) Kp est le coefficient passif, dans ce cas, le sol exerce une contrainte effective horizontale maximale,
Kp est toujours supérieur à K0 et à Ka.

(d) K est le coefficient près du pieu ; le sol près d’un pieu battu va se comprimé. Le sol exerce donc
une plus importante poussée horizontale qu’au repos. Puisque kp est le coefficient le plus élevé, on a
alors Ka < K0 < K( condition de pieu) < Kp

Une valeur approximative e souvent utilisée est K= (Ka + K0 + Kp)/3.

Détermination de la capacité portante en pointe

Plusieurs approches existent dans la littérature

 Méthode API (American Petroleum Institute, 1984)

q = σ’t Nq

q = capacité portante en pointe (mêmes unités que σ’t)

σ’t = contrainte effective en pointe (maximum autorisé pour les calculs est 240 kPa)

Nq = 8 -12 (sol meuble) ; Nq = 12- 40 (sol mi dense) et Nq = 40 (sol dense)

Les consistances (meuble, mi- dense et dense) du sol sont définies dans le tableau 4.6.

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Tableau 4.6 : consistances des sols pulvérulents

Profondeur (m) Sol meuble saturé Sol meuble sec Sol dense saturé Sol dense sec
(MN/m²) (MN/m²) (MN/m²) (MN/m²)
6.1 0.95 4.8 5.7 13.4
12.2 2.4 5.7 10.5 19.2
18.3 3.8 6.7 15.3 23.9
24.4 4.8 8.6 19.2 28.7
30.5 5.3 10.5 22.0 35.4
Sources : Kulhawy (1984).

 Méthode Martin et al., 1987)

Q = C.N (MN/m²)

N= SPT en tête de pieu

C= 0.45 ( sable pur) et C= 0.35 (sable silteux)

Les valeurs de Nq sont fonction de l’angle de frottement interne et la méthode de pose des pieux (voir
tableau 4.7).
Tableau 4.7 : valeurs de Nq en fonction du frottement interne

𝛗 26 28 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40
Nq 10 15 21 24 29 35 42 50 62 77 86 122 145
(pieux
battus)
Nq 5 8 10 12 14 17 21 25 30 38 43 60 72
(pieux
forés)
Sources : NAVFAC DM 7.2 (1984).

Détermination de la capacité portante en friction

Plusieurs méthodes existent :

 Mc Clelland (1974) pour pieux battus uniquement

S = β σ’v As

σ’v : Contrainte verticale à mi –profondeur du pieu ;

As: Section latérale du pieu

β = 0.15 – 0.35 (pieux en compression)

β = 0.10 – 0.25 (pieux sous tension)

 Meyerhoff (1976) (pieux battus)


S = β σ’v As

β = 0.44 pour φ′ =28° ; β = 0.75 pour φ′ =35° ; β = 1.2 pour φ′ =37° ;

 Meyerhoff (1976) (pieux forés)


S = β σ’v As

β = 0.10 pour φ′ =33° ; β = 0.20 pour φ′ =35° ; β = 0.35 pour φ′ =37° ;

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 Kraft and Lyons (1974)
S = β σ’v As

β = C.tg (φ − 5) avec C = 0.7 (pieux en compression) et C = 0.5 (pieux sous tension)

 NAVFAC DM 7.2 (1984)

S = K σ’v tgδ Ap

2. Dimensionnement des pieux sur un sol Cohérent


Sur les sols cohérents, on a la capacité en pointe et en friction.
qult = Pu + Su
qult = 9C Ac + αC As

C: cohésion

Ac: section transversale

As = section longitudinale

α = coefficient d’adhérence entre le sol et le pieu

Différentes méthodes de calcul existent :

SKEMPTON (1959) pour pieux battus

qult = 9 Cu

Martin et al. (1987) pour pieux battus

qult = C N (MN/m²)

N est la valeur SPT en pointe du pieu et C = 0.20

API pour pieux battus

qult = αCu

α = 1.0 pour Cu < 25kN/m²

α = 0.5 pour Cu > 70 kN/m²

NAVFAC DM 7.2 (1984) pour pieux battus

qult = α Cu AS

Fleming et al. (1985) pour pieux forés

qult = αCu

α = 0.7 pour Cu < 25 kN/m²

α = 0.35 pour Cu > 70 kN/m²

α est choisi pour être 7 fois la valeur utilisé pour les pieux battus.

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CALCUL DES FONDATIONS PROFONDES

1. METHODE SIMPLIFIEE DE MEYERHOF

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