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GRAND ANGLE
Risques biologiques
et chimiques encourus
par les fossoyeurs
AUTEURS :
I. Balty, département Expertise et conseil technique, INRS
en V. Caron, département Études et assistance médicales, INRS
résumé
L
processus de décomposition
des corps ce qui permet
une évaluation du risque
biologique. Sont également
évoqués brièvement le a question des risques roulent dans les tous premiers jours
risque chimique et celui dû infectieux encourus par les fos- suivant le décès. Or, au moment de
aux radiations ionisantes. soyeurs lors des exhumations est l’inhumation ou des exhumations,
L’article propose enfin des régulièrement posée par des ser- la microflore aura évolué.
mesures de prévention et vices de santé du travail. S’il existe Cet article évalue les risques bio-
des conseils pour le suivi des publications, aussi bien en logiques encourus par les fos-
médical des fossoyeurs. France qu’à l’étranger, traitant des soyeurs. Par ailleurs, la décom-
risques biologiques dans les activi- position des corps conduisant à
tés de thanatopraxie, des pompes la formation de gaz de putréfac-
funèbres, de la médecine légale ou tion, la réflexion a été élargie aux
de la médecine de catastrophe, en risques chimiques. Cette évalua-
revanche il en existe peu concer- tion s’appuie sur une analyse de
nant les exhumations. la littérature, des observations
Lors des soins funéraires et de de terrain et des entretiens avec
la mise en bière, les personnels des fossoyeurs, des responsables
peuvent être exposés à des germes municipaux de cimetières et des
pathogènes présents dans le corps médecins du travail confrontés à
du défunt car ces activités se dé- ce problème.
(photo 2) .
Enfin, la plaque métallique
est replacée et le pourtour
de la tombe soigneusement
balayé. Les fossoyeurs Photo 3 : creusement à la pelle d’une sépulture
en pleine terre.
retirent ensuite leurs gants
et leur combinaison.
Photo 1 : ouverture à la hachette d’un cercueil métallique.
QUATRIÈME EXHUMATION
Il s’agit d’un caveau, concession datant de trente ans, dans un cimetière situé
à Rennes.
L’ouverture du caveau est difficile. Ce dernier est rempli d’eau et l’utilisation
d’une pompe est nécessaire. L’eau, boueuse, est rejetée dans l’allée du
cimetière. Le vide sanitaire est peu profond. Le premier cercueil est coincé
sous une dalle en béton armé que le fossoyeur dégage à l’aide d’une barre à
mine (photo 6) et d’un coupe-boulon (photo 7) pour couper les ferraillages.
Le cercueil est hermétiquement fermé par des boulons. Il est très difficile à
ouvrir, obligeant le fossoyeur à se servir d’une clé à molette. Cette opération
se fait dans une position instable, une posture contraignante, elle est gênée
par le ferraillage, source potentielle de blessure. Le corps est bien conservé,
sa forme apparaît nettement sous le linceul (photo 8). La tombe est donc
refermée.
Photo 4 : utilisation de la pelleteuse pour évacuer les planches
de la sépulture. © I. BALTY POUR L'INRS
TROISIÈME EXHUMATION
Cette exhumation d’une sépulture en pleine terre datant de plus
de quarante ans se situe à Rennes. La largeur des allées le permet-
tant, le creusement est commencé avec une pelle mécanique, qui
remonte terre, boue et planches (photo 4). La terre est très lourde
et les parois doivent être étayées. Les étais transversaux gênent
le travail du fossoyeur.
L’eau apparaît vers un mètre de profondeur. Le fossoyeur sonde
à travers le bois du cercueil à l’aide d’une fourche à ossements
et constate que le corps est décomposé. Il ne reste que les os,
les vêtements et les capitons du cercueil noyés dans la boue.
Le fossoyeur place les os et les objets dans un seau qu’il passe à dPhoto 6 : tentative
son collègue resté « en surface ». Celui-ci sépare soigneusement pour soulever et tordre
des ferraillages avec une
les os (crâne, tibias… jusqu’aux petits os des mains) des objets barre à mine. Risque de
(linceul, capitonnage, restes de vêtements). Ce travail est long blessure.
et difficile. Le fossoyeur resté au fond est régulièrement obligé
© I. BALTY POUR L'INRS
pour éviter les éboulements. Pour corps est sorti et mis dans un cer- Ainsi, les observations de terrain ef-
la même raison, il est d’usage de ne cueil en pin. Quand le corps est laissé fectuées et les récits des fossoyeurs
pas creuser des fosses pour plus de en place, il est procédé au pompage montrent que les conditions de tra-
deux cercueils superposés. de l’eau. Cette opération ainsi que vail peuvent varier de façon impor-
Lors de la construction d’un ca- l’aération sont supposées accélérer tante selon les exhumations.
veau, le blindage est réalisé par des la décomposition. Dans l’autre cas, le
plaques en béton. cercueil et son contenu seront inci-
En général, ce sont les employés des nérés ou déposés dans un ossuaire. CONTRAINTES ET RISQUES
pompes funèbres qui descendent le Lorsqu’une famille souhaite placer PROFESSIONNELS PERÇUS
cercueil en présence des familles. un cercueil supplémentaire dans un Lors des différentes rencontres et
Ensuite les fossoyeurs referment caveau ou une tombe, il peut être observations de cette étude, les fos-
la fosse. La pose d’un monument nécessaire de réaliser une exhuma- soyeurs et les personnels chargés de
funéraire sera ensuite réalisée par tion afin de procéder à une réduc- la prévention des risques mettent en
les marbriers. Dans certaines com- tion de corps et ainsi libérer de l’es- avant l’exposition aux intempéries,
munes, les fossoyeurs peuvent être pace. Après ouverture du caveau, si la pénibilité du travail physique et le
amenés à descendre les cercueils ou les conditions d’hygiène et de sécu- volet psychologique. Les contraintes
à placer les marbres funéraires. rité ne sont pas satisfaisantes (corps physiques sont liées à l’activité elle-
non décomposé par exemple), la même (creusement à la pelle des
tombe peut être refermée sur déci- tombes dans des espaces restreints
EXHUMATIONS sion de l’autorité administrative. Il d’accès difficile, démolition des mo-
Seuls les fossoyeurs procèdent aux est alors demandé à la famille de numents funéraires à la masse…).
exhumations. Elles sont en géné- trouver une autre concession. Lorsque les abords de la tombe en
ral secondaires à l’expiration des À l’inverse, si le corps est entière- permettent l’accès, l’utilisation
concessions. Elles peuvent égale- ment décomposé, et qu’il ne reste d’une pelle mécanique ou de la grue
ment avoir lieu à la demande des fa- plus que les os, le corps est dit auxiliaire des camions réduit la
milles ou, plus rarement, suite à des « réductible ». Le bois de cercueil, les charge physique et le risque de bles-
décisions judiciaires ou adminis- restes de vêtements et de capiton- sure lors des creusements. Lorsque la
tratives. Si les conditions d’hygiène nage et les ossements sont retirés pelle mécanique n’est pas utilisable,
et de sécurité ne sont pas satisfai- de la sépulture. Les ossements sont un portique à treuil permet d’aider la
santes, le fonctionnaire chargé de placés dans une petite boîte en bois remontée des charges.
la surveillance des opérations peut (reliquaire) qui est remise dans la Les fossoyeurs évoquent également
faire interrompre la procédure [4]. tombe en cas de réduction de corps les chutes de plain-pied, les chutes
Quel que soit le motif de l’exhuma- (article R. 2213-42) ou transférée de hauteur et le risque d’ensevelisse-
tion, l’état du corps peut présenter vers un ossuaire. Le bois, les restes ment dans les fosses ou les caveaux
tous les stades de décomposition. de vêtements et de capitonnage profonds. Même si ce dernier risque
De fait, la vitesse de décomposition sont destinés à être incinérés. est peu fréquent, il reste un facteur
dépend principalement du temps Dans le cas d’une exhumation de- de préoccupation du fait des consé-
écoulé depuis l’inhumation et des mandée par la famille pour un chan- quences traumatiques possibles et
caractéristiques du terrain, humide gement de cimetière ou une mise en de sa dimension psychologique.
ou sec et de la présence d’arbres. Les caveau définitif, le cercueil, s’il est Durant les exhumations, existe un
tombes sont souvent remplies d’eau, intact, peut être sorti de la sépulture risque de blessures avec des clous
ce qui ralentit la décomposition du puis déplacé dans un autre lieu. ou ferrailles lors de l’ouverture des
corps. Les fossoyeurs confirment Les sépultures contiennent parfois sépultures ou avec les outils utili-
que les corps sont rarement décom- des cercueils hermétiques métal- sés pour ouvrir des cercueils métal-
posés au bout de 10 ans, et même au liques qu’il faut sortir avant de liques. Ainsi, les plaies et contusions
bout de 20 ans, si la quantité d’eau les ouvrir à l’aide d’une hachette. dues à la manutention représentent
est importante. Des auteurs ont rap- Les fossoyeurs ne sont parfois pas la majorité des accidents survenus
porté des faits similaires [4, 5]. informés de la présence de ces cer- aux fossoyeurs de la ville de Paris.
Au terme d’une concession, si le cueils. La décomposition des corps Les risques biologiques et chimiques
corps n’est pas décomposé, selon les est moins rapide dans un cercueil sont suspectés mais mal identifiés.
communes, soit la tombe est refer- hermétique métallique que dans L’odeur désagréable des corps en
mée pour plusieurs années, soit le un cercueil en bois. décomposition est perçue par les
peuvent présenter des états diffé- telles les Clostridium, puissent maines. Pour exemple, à l'extérieur
rents selon les terrains : squelet- être également responsables du de l'hôte, le virus de l’hépatite B sur-
tique (le plus fréquent), momifié décès (septicémies). vit dans le sang pendant plusieurs
ou « gras ». semaines, le virus de l’immunodé-
La flore endogène normale de ficience humaine peut rester viable
l’homme (flore commensale) est pendant 2 semaines environ en
constituée en quasi-totalité par des solution aqueuse [17, 18].
ÉVALUATION DU RISQUE bactéries anaérobies, dont on dé-
BIOLOGIQUE nombre plus de 500 espèces culti- Bactéries
vables. On les retrouve dans diffé- La disparition progressive de l’oxy-
Plusieurs questions sont récur- rentes sites anatomiques (cavité gène ne permet pas non plus la
rentes : les micro-organismes pa- bucco-pharyngée, vagin, intestin) survie dans le corps des bactéries
thogènes présents dans le corps et sur la peau. La structure de ces aérobies telles que Mycobacterium
humain au moment de la mort sites permet de cantonner la flore tuberculosis.
sont-ils encore présents lors des anaérobie dans un territoire où elle Concernant les interrogations sur
exhumations ? Quels micro-orga- n’est pas pathogène [14]. la présence de Bacillus anthracis,
nismes participant à la décompo- La presque totalité des bactéries les cas d’infection chez l’homme
sition pourraient représenter un du colon est anaérobie stricte 2. Chez certaines sont rares. La sporulation de la
danger ? (Eubacterium, Bacteroides, Pep- bactéries, les spores bactérie dans un cadavre qui n’a
tococcus, Clostridium…). Les bac- constituent une pas été ouvert est peu probable.
forme de résistance
téries aéro-anaérobies telles les La présence de spores(2) de char-
à des conditions
MICROBIOLOGIE POST entérobactéries ne représentent environnementales bon dans les sépultures nécessite-
MORTEM qu’environ un millième de la flore défavorables. La rait une succession d’événements
S’il existe des publications concer- totale. Dans cette famille, E. coli est sporulation est (personne décédée du charbon,
nant l’identité des germes pouvant l’espèce prédominante, les espèces provoquée par écoulement de liquides biolo-
l’épuisement du
être retrouvés dans le corps de Proteus, Klebsiella, Enterobacter, giques contaminés au moment du
milieu en substrat
personnes récemment décédées, Serratia n’étant retrouvées qu’en nutritif et elle décès), rendant cette hypothèse
en revanche peu de littérature quantité bien moindre [15]. peut nécessiter hautement improbable.
concerne les micro-organismes La plupart des Clostridium pré- des conditions Après la mort, les bactéries anaé-
présents lors de la décomposition. sents dans l’intestin ne sont pas particulières : robies issues de la flore intestinale
absence d’oxygène
La microflore évolue dans le temps pathogènes (C. ramosum, C. inno- participent activement à la décom-
pour les clostridies,
en fonction des étapes successives cuum, C. butyricum, C. bifermen- présence d’oxygène position du corps. Elles gagnent peu
de la décomposition du corps. tans…). Certains peuvent devenir pour Bacillus à peu l’ensemble des tissus. Lors de
pathogènes (C. perfringens et C. anthracis [19]. l’avancement de la putréfaction, les
> MICRO-ORGANISMES PRÉSENTS difficile) lorsqu’ils sortent de leur La bactérie ne se tissus et les liquides se retrouvent
multiplie sous sa
DANS L’ORGANISME AU MOMENT milieu naturel. Parmi les espèces progressivement exposés au milieu
forme végétative
DU DÉCÈS présentes dans l’intestin, C. per- que dans environnant, la dégradation s’ache-
Au moment du décès, l’organisme fringens arrive en seconde place l’organisme vivant. vant en aérobiose par les germes
humain peut contenir des germes derrière C. ramosum [16]. présents dans l’environnement.
pathogènes (bactéries, virus…). Ainsi, durant la décomposition, se
Il contient également une flore > ÉVOLUTION DE LA MICROFLORE succèdent en théorie une phase aé-
commensale variée dite flore de APRÈS LE DÉCÈS robie de très courte durée, puis une
Veillon. phase anaérobie suivie d’une phase
Virus aérobie. Cependant, la décompo-
Les bactéries pathogènes éven- Très rapidement après le décès, la sition évolue différemment selon
tuellement présentes au moment disparition progressive de l’oxy- les tissus, rendant inhomogène la
du décès sont en général aérobies gène conduit à la mort cellulaire. Les présence d’oxygène. La survie des
(Mycobacterium tuberculosis, Le- virus sont incapables de se multi- micro-organismes et la sporula-
gionella pneumophila…) ou aéro- plier en dehors des cellules vivantes tion des bactéries anaérobies telles
anaérobies facultatives (Strepto- de l’hôte dont ils sont les parasites que C. perfringens est mal connue.
coccus pneumoniae…), bien que obligatoires. Leur survie est limitée Néanmoins, lors d’une étude réali-
certaines bactéries anaérobies, à quelques jours ou quelques se- sée par le laboratoire de médecine
principal réservoir de cette bacté- hautement improbable dans un de l’ouverture d’une tombe conte-
rie. Le tétanos est une toxi-infec- cimetière. nant un corps inhumé récemment
tion grave. La transmission se fait Les champignons microscopiques ou au moment de l’ouverture d’un
par effraction cutanée. La mala- environnementaux (moisissures cercueil hermétique ou de son per-
die est devenue relativement rare ou levures) peuvent présenter cement accidentel. Néanmoins,
en Occident du fait d’une bonne un risque lorsqu’ils sont inhalés. il semble qu’il y ait moins de gaz
couverture vaccinale de la popu- Certaines exhumations peuvent dans les sépultures en pleine terre
lation (moins de dix cas par an en mettre en suspension des pous- que dans les caveaux.
France). sières contaminées par ces cham- Les cercueils étanches prévus dans
La présence de B. anthracis dans le pignons dans un milieu confiné le cas de certaines maladies infec-
sol paraît improbable (encadré 5) sans qu’il soit possible d’en évaluer tieuses doivent être munis d’un dis-
car il y a peu de chance qu’un ci- la quantité. Il est difficile de définir positif épurateur de gaz agréé par
metière soit installé sur un ancien ce qui pourrait favoriser l’appari- le ministre chargé de la santé après
« champ maudit ». tion de pathologies infectieuses avis de l’Agence nationale de sécu-
La littérature sur l’activité de fos- chez un individu (état d’immuno- rité sanitaire de l’alimentation, de
soyeur évoque fréquemment dépression, existence d’une cavité l’environnement et du travail et du
la possibilité de contracter une pulmonaire…). Conseil national des opérations fu-
leptospirose ou une hépatite A. néraires [2]. Cette disposition devrait
Certes, les leptospires excrétées réduire le risque d’exposition dans le
par les rats peuvent survivre dans cas d’un cercueil hermétique.
la nature de plusieurs semaines à ÉVALUATION DU RISQUE Dans le cas des exhumations peu
plusieurs mois si le milieu leur est CHIMIQUE profondes, où les voies aériennes
favorable. Mais la présence du ré- supérieures des fossoyeurs restent
servoir est essentielle, ce qui n’est Bien qu’il s’agisse de conditions ex- suffisamment proches de la sur-
pas le cas dans un cimetière, où périmentales différentes des condi- face, les concentrations de ces gaz
les rats ne trouvent pas des condi- tions rencontrées dans la réalité, ne semblent pas être suffisantes
tions de vie favorables (encadré 5). les résultats de certaines études en pour provoquer des irritations
Il en est de même du virus hu- sépulture étanche montrent une des yeux ou de la gorge. Elles sont
main de l’hépatite A. Ce virus se production abondante de gaz du- plutôt responsables d’une gêne
retrouve essentiellement dans les rant la putréfaction [7]. La question olfactive due à la présence de gaz
eaux usées, ce qui rend sa présence ,Encadré 5 de l’exposition à ces gaz se pose lors soufrés et d’amines malodorants.
Par contre, dans le cas de caveaux
> RAPPELS SUR LE CHARBON ET LA LEPTOSPIROSE très profonds, il faut se poser la
question de la teneur en oxygène
Le charbon est une maladie due à une bactérie aérobie capable de sporuler, B. anthracis. Le
qui pourrait diminuer du fait du
réservoir est animal, plus rarement humain. La bactérie se multiplie sous sa forme végétative dans
l’organisme vivant. À la mort de l’animal infecté, les spores peuvent se former dans les écoulements remplacement de l’oxygène par
de liquides biologiques. Les spores de B. anthracis survivent dans le sol durant de longues périodes (la les gaz de décomposition.
survie des spores est de l'ordre d'une centaine d'années). Cette résistance explique la persistance de la Cependant, aucun malaise ni acci-
maladie dans certaines régions ou sa résurgence lorsque des spores enfouies remontent à la surface à dent n’est rapporté ni par la litté-
la faveur de grands travaux (drainage, construction de routes ...). Néanmoins il y a peu de chance qu’un rature ni par les fossoyeurs.
cimetière soit installé sur un ancien « champ maudit » dans lequel un animal mort du charbon aurait
été enterré. En dehors de ces situations, les activités professionnelles à risque sont celles mettant en
contact avec des animaux malades du charbon ou leurs cadavres [26].
La leptospirose est une maladie due à une bactérie aérobie Leptospira interrogans. ÉVALUATION DU RISQUE
L’épidémiologie est étroitement liée aux écosystèmes : présence d’eau douce, conditions de LIÉ AUX RAYONNEMENTS
température et d’humidité, pluviométrie. Les leptospires survivent d’autant mieux dans la nature que IONISANTS
le milieu leur est favorable : humidité, température entre 20° et 30° C, zones ombragées, abritées du
rayonnement solaire (berges). Leur présence est corrélée à la présence de rats qui en sont le réservoir Trois situations peuvent impli-
principal et qui gardent leur vie durant la bactérie dans leur système urinaire sans être malades. Les quer la présence de radionucléides
activités professionnelles à risque sont celles mettant les travailleurs en contact avec les eaux douces
dans le corps humain au moment
ou les sols humides contaminés par les urines de rat [27].
du décès.
ODe même, une réflexion sur l’orga- aux exhumations doivent por- PRÉVENTION DU RISQUE
nisation du travail (panneautage ter un « costume spécial » qui est CHIMIQUE
des tombes, retrait des ferrailles ensuite désinfecté ainsi que leurs Une première mesure consiste
avant de descendre dans le caveau…) chaussures. Bien que ces termes à permettre la ventilation de la
devrait permettre de réduire ce paraissent obsolètes, ce costume sépulture avant l’exhumation en
risque de blessure. peut être entendu comme la tenue l’ouvrant quelques heures aupa-
O Par ailleurs, le pompage de l’eau de travail spécifique et la désin- ravant. Dans le cas d’exhumations
des sépultures devrait permettre fection comme un lavage efficace. peu profondes, il est suffisant de
de ne plus se servir de seaux pour Si les tenues de travail sont en proposer des masques destinés à
évacuer l’eau stagnante, pratique nombre suffisant pour permettre diminuer la gêne olfactive, comme
paraissant comme une source po- de se changer aussi souvent que des masques de protection respi-
tentielle d’accidents. nécessaire, il n’est pas utile de 3. Ces masques ratoire jetables anti odeurs (3). Les
O Enfin, le port des équipements faire porter systématiquement des comportent un masques munis de filtres antigaz
de protection individuelle (gants, combinaisons de protection imper- peu de charbon ne sont pas nécessaires.
actif de type A
bottes) est indispensable pour pré- méables jetables qui se déchirent Lorsqu’il s’agit d’un cercueil her-
pouvant capter
venir les blessures. et n’autorisent pas l’évacuation de des molécules métique, il semblerait logique de
la chaleur corporelle et l’humidité comme les le remonter à la surface avant de
(sueur). Le port d’une telle com- mercaptans, la l’ouvrir afin d’éviter l’émission de
RESPECTER LES MESURES binaison est à réserver pour une putrescine et la gaz au fond du caveau. L’utilisation
cadavérine, sans
D’HYGIÈNE exhumation en milieu humide ou d’un engin de levage permettrait
pour autant être
En complément des mesures pour l’ouverture d’un cercueil her- conformes aux de remonter le cercueil même s’il
d’hygiène prévues par le Code du métique du fait du contact possible exigences des est lourd, sans avoir à le percer
travail, il est conseillé d’aména- avec des liquides de putréfaction. filtres antigaz. pour faciliter l’écoulement des
ger les locaux de façon à respec- Le port de gants imperméables à liquides.
ter le principe de la « marche en manchette couvrant l’avant-bras Dans le cas de caveaux très pro-
avant », c'est-à-dire du sale vers et de bottes est indispensable pour fonds, il n’est pas exclu que la
le propre sans possibilité de croi- prévenir les plaies et le contact teneur en oxygène ait diminué.
sement ou de retour en arrière. direct avec l’eau stagnante et la Néanmoins le fait de sortir les cer-
Ainsi les locaux devraient com- boue. Le retrait des gants ne pose cueils un par un produit un bras-
porter une zone destinée au retrait pas de problème dans la mesure sage de l’air qui devrait éviter le
des vêtements de travail et à leur où la présence d’un bidon d’eau risque d’anoxie ou d’intoxication
rangement s’ils sont suffisam- et de savon permet de se laver par H2S. Dans tous les cas, les me-
ment propres pour être utilisés le les mains. En revanche, lorsqu’il sures à proposer doivent être adap-
lendemain. Une zone différente s’agit de les remettre, les mains tées au risque évalué, par exemple
sera consacrée à l’entreposage des touchent la surface souillée des ventilation mécanique et descente
vêtements de travail propres et gants et vont ensuite macérer. Il d’un détecteur de gaz avant de pé-
aux vêtements personnels. Idéale- est donc conseillé de se laver les nétrer dans la sépulture, port d’un
ment les locaux sanitaires seront mains gantées à l’eau et au savon détecteur de gaz (H2S, O2 et explo-
placés entre ces deux zones. avant de retirer les gants. simètre), surveillance par une per-
Les mesures d’hygiène habituelles Une boîte de premier secours doit sonne en surface…
(lavage des mains…) sont difficiles être à disposition au plus près du
à appliquer lors du travail à l’exté- lieu de travail (dans la camionnette
rieur. Aussi est-il recommandé de par exemple) dont le contenu est FORMATION-INFORMATION
mettre à disposition de l’eau et du défini par le médecin du travail. Il est important pour les fossoyeurs
savon à bord des camionnettes d’être informés des risques liés à
et de rappeler l’importance de se leur profession et d’indiquer leur
laver les mains après avoir retiré profession à leur médecin traitant
ses gants, tout particulièrement ou leur médecin spécialiste si né-
avant de fumer ou de boire. cessaire.
L’article R. 2213-42 précise que les La formation à l’hygiène, à l’évalua-
personnes chargées de procéder tion du risque et à la prise de déci-
BIBLIOGRAPHIE