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ECRICOME ECE Correction mis en ligne par ANNÉE 2021

PROPOSITION DE
CORRIGÉ ECRICOME

CONCOURS D’ADMISSION 202122

Prépa
Economie

Option Technologique

Mardi 20 avril 2021 de 8 h 00 à 12 h 00

Durée : 4 heures

Candidat bénéficiant de la mesure « Tiers-temps » :


8h00 - 13h20

PARTIE 1 : Questionnaire à choix multiple

PARTIE 2 : Argumentation structurée

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Ecricome 2021 Partie économie Voie ECT

Corrigé propose par Frédéric Larchevêque professeur au Lycée Michelet à Vanves.

Partie 1 Questionnaire à choix multiples

Questions Réponses correctes


Q1- Pour John Maynard Keynes, l’effet a- induit une création de richesses dans
multiplicateur : l’économie supérieure à la somme
dépensée initialement, réponse exacte (la
valeur du multiplicateur dépend de la
propension marginale des ménages à
consommer le revenu supplémentaire
reçu)
b- montre que les marchés s’autorégulent,
réponse fausse
c- justifie l’intervention de l’Etat dans
l’économie, réponse exacte (permet une
relance de l’activité en cas de crise)
d- aucune réponse ne convient
Q2- L’accord de partenariat économique a- de la montée en puissance des
entre l’Union européenne et le Japon, négociations multilatérales, réponse fausse
entré en vigueur le 1er février 2019, b- de la montée en puissance des
témoigne : négociations bilatérales, réponse exacte
c- de la reconnaissance de l’UE comme
une puissance commerciale de premier
plan, réponse exacte (l’UE est le marché le
plus important au monde)
d- aucune réponse ne convient
Q3- Selon Robert Lucas, la théorie des a- les agents disposent de toute
anticipations rationnelles implique que : l’information disponible pour prendre
leurs décisions, réponse exacte
b- certaines politiques économiques sont
inefficaces, réponse exacte
c- la rationalité des agents est limitée et
qu’ils prennent de mauvaises décisions,
réponse fausse
d- aucune réponse ne convient
Q4- L’Allemagne est un pays connu pour a- Textile, réponse fausse
sa spécialisation dans les filières : b- Pétrole, réponse fausse
c- Luxe, réponse fausse
d- aucune réponse ne convient, réponse
exacte (l’Allemagne est spécialisée dans les
produits industriels)
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Q5- Le PIB français, en 2019 et selon a-s’élevait à 2425 milliards d’euros en
l’Insee : volume, réponse exacte
b- s’élevait à 2 425 millions d’euros en
volume, réponse fausse
c- a été stimulé principalement par la
croissance de la consommation et des
investissements réponse exacte
d- aucune réponse ne convient
Q6- Parmi les instruments conventionnels a- l’assouplissement quantitatif, réponse
de politique monétaire, on trouve : fausse
b- les opérations d’open market, réponse
exacte (moyen d’action de la banque
centrale sur la liquidité)
c- les taux d’intérêt directeurs, réponse
exacte
d- aucune réponse ne convient
Q7- La concurrence monopolistique : a- est une situation de déficience de marché,
réponse fausse (concerne les biens collectifs,
les biens communs, les externalités, les
externalités, les asymétries d’information)
b- est une situation dans laquelle il existe un
petit nombre d’offreurs et un grand nombre
de demandeurs, réponse fausse (oligopole)
c- peut être sanctionnée par l’Autorité de la
concurrence ou la Commission Européenne,
réponse fausse
d- aucune réponse ne convient, réponse
exacte (la concurrence monopolistique
correspond à une structure de marché
combinant des éléments de monopole et de
concurrence parfaite. Les offreurs sont
nombreux et il est assez facile d’entrer sur
le marché, mais les produits qu’ils offrent
sont différenciés ce qui leur accorde un
pouvoir de marché temporaire.
Q8- L’inflation a- peut s’expliquer par une augmentation
de la masse monétaire, réponse exacte
b-peut modifier l’arbitrage entre
consommation et épargne, réponse exacte
c- pénalise les exportateurs et les
créanciers, réponse exacte
d- aucune réponse ne convient

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Q9- Depuis 2019, la directrice générale du a- la Française Christine Lagarde, réponse
Fonds monétaire international est : fausse (présidente de la BCE)
b- La Bulgare Kristalina Georgieva,
réponse exacte ( a succédé à Christine
Lagarde)
c- L’Allemande Ursula von des Leyen,
réponse fausse (Présidente de la Commission
européenne)
d- aucune réponse ne convient
Q10- Une politique de l’offre : a- est d’inspiration keynésienne, réponse
fausse
b- vise à soutenir prioritairement les
ménages par exemple par une augmentation
des revenus, réponse fausse
c- vise à soutenir prioritairement les
entreprises par exemple par une baisse
des charges, réponse exacte
d- aucune réponse ne convient
Q11- La crise sanitaire liée au coronavirus a- un choc de demande, réponse exacte
a généré, en raison des restrictions mises (un choc de demande négatif)
en place dans de nombreux pays : b- un choc d’offre, réponse exacte (un
choc d’offre négatif)
c- une chute du PIB, réponse exacte (-
8,3 % de PIB selon l’Insee)
d- aucune réponse ne convient.
Q12- Le PIB est souvent critiqué car il ne a- les externalités négatives sur
prend pas en compte, entre autres : l’environnement, réponse exacte
b- le travail domestique, réponse exacte
c- le comportement d’épargne des ménages,
réponse fausse
d- aucune réponse ne convient
Q13- Une obligation : a- est rémunérée par un dividende, réponse
fausse
b- ne peut être émise que par des
entreprises, réponse fausse (par les Etats
aussi pour financer leurs déficits publics)
c- n’est échangée que sur le marché
primaire, réponse fausse, les titres
obligataires sont cotés et échangés sur le
marché secondaire
d- aucune réponse ne convient

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Q14- Selon Robert Solow : a- la croissance est un phénomène endogène,
réponse fausse
b- La croissance est un phénomène
exogène, réponse exacte
c- la croissance provient du progrès
technique sur le long terme, réponse
exacte
d- aucune réponse ne convient
Q15- L’accroissement des inégalités en a- par l’existence d’inégalités de
France peut s’expliquer : patrimoine, réponse exacte
b- par les inégalités de qualification,
réponse exacte (effets du progrès
technique biaisé)
c- par la valeur de l’indice des prix à la
consommation, réponse fausse
d- aucune réponse ne convient
Q16- Les progrès de l’intelligence a- des ingénieurs et des professions
artificielle et de la robotisation toucheront supérieures, réponse fausse
relativement plus l’emploi : b- des ouvriers de l’industrie et des
employés administratifs, réponse exacte
(tâches routinières et automatisables)
c- des artisans et des salariés des services à
la personne, réponse fausse (tâches
personnalisées peu automatisables)
d- aucune réponse ne convient
Q17- La compétitivité hors-prix repose a- des coûts salariaux plus faibles, réponse
sur : fausse
b- une meilleure productivité, réponse fausse
(revient à fonder la compétitivité hors prix
sur de faibles coûts unitaires de production)
c- un taux de change faible ou en baisse,
réponse fausse
d- aucune réponse ne convient, réponse
exacte, la compétitivité hors coût repose
sur la capacité à innover, à monter en
gamme ses produits pour se différencier et
atteindre un certain pouvoir de marché

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Q18- Le financement intermédié ou a- passe par les banques commerciales,
indirect des agents économiques : réponse exacte (crédit bancaire)
b- passe par les marchés financiers, réponse
fausse (finance directe)
c- passe par l’autofinancement, réponse
fausse
d- aucune réponse ne convient
Q19- Les évaluations du nombre de a- des institutions différentes (Pôle emploi,
chômeurs et du taux de chômage sont très BIT….) proposent leur propre système de
discutées car : comptage, réponse exacte
b- elles masquent souvent des écarts
importants entre certaines catégories de
chômeurs, réponse fausse
c- les frontières entre actifs occupés, actifs
inoccupés et inactifs sont parfois floues,
réponse exacte (phénomène du halo
autour du taux de chômage officiel)
d- aucune réponse ne convient
Q20- La courbe de Laffer indique que : a- il existe un taux d’imposition qui
dissuade les ménages de travailler et les
entreprises de produire, réponse exacte
b- le taux d’imposition a tendance à baisser
au cours du temps, réponse fausse
c- Les recettes fiscales augmentent tant
que l’on n’a pas atteint un taux
d’imposition dit optimal, réponse exacte
d- aucune réponse ne convient

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Partie 2 Argumentation structurée

L’accumulation d’épargne par les ménages en France aujourd’hui est-elle réellement un


frein à la reprise économique ?

La pandémie de Covid-19 a provoqué la crise économique la plus sévère de l’histoire de


l’économie française hors période de guerre. En 2020, le coût de la crise est estimé par l’Insee
à une perte de PIB de l’ordre de 8,3%. Pourtant, grâce aux stabilisateurs automatiques, les
administrations publiques ont absorbé l’essentiel de cette crise inédite si bien que les ménages
ont globalement préservé leur revenu disponible qui baissera peu au niveau macroéconomique
même si des ménages se retrouvent perdants. Dans ce contexte, les ménages français, qui sont
habituellement de gros épargnants (15% de leur revenu disponible en 2019), ont porté le
niveau de leur épargne à un niveau jamais observé. Selon la Banque de France, au deuxième
trimestre 2020, c’est-à-dire durant le confinement strict, leur taux d’épargne a atteint 27 % de
leur revenu disponible. Après un recul temporaire durant l’été, il a augmenté de nouveau de
manière significative au quatrième trimestre 2020, ressortant à 22 %. En valeur absolue, cet
excès d'épargne des ménages français est donc de l’ordre de 7 points de revenu disponible par
rapport à 2019 ce qui représente plus de 100 milliards d'euros de sur-épargne à la fin de 2020,
soit environ 5 % du PIB.
Définir les termes du sujet
L’épargne désigne la part du revenu disponible des ménages qui n'est pas utilisée en dépense
de consommation finale. Le taux d’épargne des ménages est donc mesuré en rapportant sur
une période de temps donné, le montant de l’épargne au revenu disponible des ménages.
Les motifs de l’épargne sont nombreux, mais de façon habituelle on en retient trop
principaux. Les ménages mettent d’abord un peu un peu d’argent de côté parce qu’ils sont
prévoyants. Il s’agit d’être en mesure de faire face à des dépenses futures, connues et
anticipées (motif de prévoyance), comme par exemple le paiement de ses impôts, la
préparation des prochaines vacances, etc., ou pour financer un gros achat sans s’endetter.
Mais les ménages épargnent aussi parce qu’ils sont prudents (motif de précaution) et
cherchent à se prémunir contre un certain nombre de risques comme par exemple, une hausse
des impôts, la perte de son emploi ou de celui d’un proche, des problèmes de santé, bref tout
ce qui risque d’obscurcir l’avenir. Enfin, ils épargnent pour se constituer un patrimoine afin
de se créer un revenu complémentaire à l’âge de la retraite, pour aider des enfants et leur
léguer quelle que chose. Tant que les mesures prophylactiques seront mises en œuvre d’une
façon plus ou moins stricte (couvre-feu, confinement), la reprise économique ne pourra pas
avoir lieu. Pour parler de reprise, il faut donc faire l’hypothèse d’une sortie de la pandémie.
Reformuler le plan
L’épargne Covid des ménages en France peut-elle empêcher la reprise économique ? Si l’on
veut se faire une idée du profil de la reprise économique, rapide ou au contraire lent et limité,
toute la question est de savoir si cette épargne Covid sera transformée en dépense de
consommation ou si au contraire elle restera thésaurisée par précaution.
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Annonce du plan
La proportion de l’épargne de précaution dans l’épargne Covid totale sera déterminante pour
la vigueur de la reprise (I) ce qui implique une action des pouvoirs publics de nature à en
limiter l’importance (II).

Partie I La vigueur de la reprise dépendra en partie des comportements de précaution


des ménages
A- L’enjeu de la répartition de l’épargne Covid entre une épargne forcée et une épargne
de précaution.
Dans le contexte de la crise de la Covid, l’explication de l’augmentation de l’épargne reste
assez incertaine et se situe entre une épargne forcée ou involontaire et un regain de l’épargne
de précaution. Il est certain que l’excès d’épargne résulte au moins immédiatement d’une
épargne forcée puisque l’économie s’est trouvée à l’arrêt. Les dépenses de consommation et
d’investissement ont en effet été empêchées dans un certain nombre de secteurs lors des
épisodes de confinement. Compte tenu de l’importance de la dépense de consommation dans
le PIB (environ 50 %) cela explique le puissant choc de demande négatif qui a affecté
l’économie.
Mais en même temps, la période de crise s’est prolongée et les ménages ont pu anticiper la
dégradation d’un certain nombre de facteurs d’environnement les poussant à accroître leur
épargne de précaution.
Il est donc acquis qu’une grande partie de la hausse de l’épargne s’explique par une épargne
involontaire du fait des restrictions administratives dans certains secteurs économiques
(restauration, activités de loisir, tourisme) pendant la première période de confinement.
Néanmoins, elle est due aussi à des réflexes de précaution des ménages face aux incertitudes
pesant sur leur revenu et leur emploi.
Mieux connaître ces motifs de précaution est important pour deux raisons principales. En
premier lieu, plus les réflexes de précaution resteront dominants après la levée des mesures de
confinement et moins le choc de demande négatif sera rapidement annulé. En second lieu, le
maintien d’une épargne de précaution élevée peut limiter l’efficacité de mesures de politique
budgétaire à destination des ménages. En effet, si les ménages préfèrent épargner plutôt que
dépenser lorsqu’une incertitude pèse sur leur revenu futur, cela peut freiner la transmission de
la politique de relance visant à soutenir la demande globale. La vigueur de la reprise dépend
donc bien de la part de l’épargne de précaution des ménages dans leur épargne totale.
Une étude réalisée par la Banque de France montre que l’épargne forcée des ménages
explique une grande partie de la variation de la consommation des ménages, mais que
l’épargne de précaution qui ressort d’une plus forte incertitude économique a pesé pour un
quart dans la baisse de la croissance de la consommation durant la période de confinement.
C’est l’incertitude sur l’emploi et le chômage qui a joué le rôle le plus important.

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B- L’épargne est objectivement la clé de la reprise
La vigueur de la reprise repose fondamentalement sur deux conditions cumulatives : revenir
au taux d’épargne antérieur à la crise, autrement dit, faire en sorte que les ménages ne relèvent
pas durablement leur effort d’épargne par précaution et 2- faire en sorte que l’épargne
involontaire accumulée par les ménages au cœur de la crise sanitaire soit consommée le plus
rapidement possible.
Dans ses perspectives de croissance pour 2021 et 2022, l’OFCE pose clairement la question
de ce que les ménages vont faire de leur épargne-Covid sans masquer que le suspens est à peu
près total à ce jour. Objectivement, l’épargne Covid représente un « carburant » liquide
potentiellement mobilisable très rapidement pour alimenter la consommation et accélérer la
reprise. En effet, l’argent des ménages dort le plus souvent sur leurs comptes bancaires ou
sur les livrets réglementés car les ménages ont une préférence forte pour la sécurité. Mais
comment savoir et prévoir ce que les ménages vont décider lorsque la pandémie sera
définitivement derrière nous et que l’ensemble des commerces aura rouvert et que les secteurs
à l’arrêt de l’économie comme les loisirs, les transports et le tourisme vont pouvoir
redémarrer. Faut-il s’attendre à de nouvelles « années folles » où l’argent serait dépensé sans
compter comme le prédisent certains ou au contraire à un maintien de comportements
attentistes et prudents ?
Face à cette incertitude, l’OFCE a réalisé deux scénarios. Dans le scénario pessimiste, le taux
d’épargne revient en 2022 au voisinage de son niveau de fin 2019, tandis que dans un
scénario plus optimiste, les ménages dépensent une partie de leur épargne Covid et réduisent
leur taux d’épargne de 1,8 point en dessous.
Les résultats sont édifiants. La croissance serait de 1,7 point supérieure (6 % au lieu de 4,3 %)
par rapport au scénario sans désépargne, créant ainsi davantage d’emplois pour un chômage
0,7 point plus bas (8,7 % au lieu de 9,4 %), ce qui représente environ 200 000 personnes
supplémentaires en emploi. De quoi alimenter une spirale positive. La reprise amorcée, les
réflexes de précaution se réduisent et la reprise en sort confortée. Dans le cas contraire le
risque est de s’enliser dans des réflexes de précaution qui tuent les perspectives de croissance
et renforcent l’incertitude et donc l’épargne de précaution.

Partie II Les pouvoirs publics doivent mener une politique économique de nature à
renforcer la confiance des ménages en l’avenir
Pour s’assurer des meilleures perspectives de reprise, l’Etat ne doit pas commettre les mêmes
erreurs que celles qu’il a commises en retirant trop tôt les mesures de soutien à l’économie
lords de la crise des subprimes.

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A- L’indispensable soutien apporté à l’emploi pour éviter une forte montée du taux de
chômage
L’enjeu de politique économique est d’éviter que l’incertitude économique et la crainte du
chômage ne finissent par miner totalement la confiance des ménages. Il faut absolument éviter
que l’épargne involontaire des ménages ne se transforme en épargne de précaution.
De ce point de vue la dynamique de l’emploi apparaît déterminante. Le taux de chômage est
en effet un facteur déterminant dans l’arbitrage des ménages entre la consommation et
l’épargne. Outre le fait que l’augmentation du chômage pénalise immédiatement le revenu
disponible, elle induit des comportements d’épargne de précaution.
Une plus grande incertitude sur l’emploi se traduirait par un renforcement des motifs de
précaution et une progression de l’épargne. Pour l’éviter l’Etat doit continuer à soutenir le
revenu des ménages comme il l’a fait massivement et ce tant que la crise sanitaire ne sera pas
définitivement derrière nous. Il doit aussi préserver au maximum l’emploi, notamment des
jeunes qui vont arriver sur le marché du travail au pire moment, en continuant à soutenir les
entreprises comme il l’a fait au cœur de la crise sanitaire. Là encore ce serait une erreur
économique de retirer trop tôt les mesures de soutien au revenu et à l’emploi au prétexte de
leur coût budgétaire et du surcroît d’endettement public que ces mesures entrainent.

B- Apporter des soutiens ciblés au pouvoir d’achat des ménages et résister à la tentation
d’augmenter la fiscalité
Certes l’épargne des ménages a considérablement augmenté pendant la crise sanitaire, mais le
conseil d’analyse économique a montré que cette épargne était très concentrée au profit des
ménages les plus aisés dont le patrimoine a augmenté. 70% du surplus d'épargne a été
accumulé par les 20% des ménages les plus aisés. Or, les ménages modestes sont à la fois
ceux qui ont une propension marginale à consommer la plus élevée et qui sont davantage
exposés au risque de chômage et de précarité. Cibler les aides financières sur ces ménages
dans l’esprit du doublement de l’allocation de rentrée scolaire irait probablement dans le bon
sens.
Pour certains auteurs, il faudrait taxer les « gagnants » de la crise, autrement dit ceux dont non
seulement le revenu n’a pas été affecté, mais qui de surcroît ont accumulé une épargne
supplémentaire leur permettant d’accroître leur patrimoine. L’argument de la justice et de la
lutte contre les inégalités est-il pour autant le meilleur dans le contexte actuel ?
En tous les cas, le gouvernement répète à l’envie qu’il n’est pas question d’augmenter les
impôts. Et il a probablement raison dans la mesure où la probabilité de comportements
ricardiens de la part des ménages ne doit pas être écartée. Selon Robert Barro, il y a
comportement ricardien lorsque les ménages augmentent leur épargne de précaution parce
qu’ils anticipent une hausse future des impôts. Dans ce cas, les perspectives de reprise se
trouveraient durablement entravées. Or, un tel mécanisme doit être pris au sérieux. Les
ménages ont gardé la mémoire de la hausse de la pression fiscale liée aux efforts budgétaires
pour maîtriser les finances publiques suite à la crise des dettes souveraines. De plus, un
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sondage Elabe-Les Echos de septembre 2020 révèle que « 63 % des Français estiment que
l’endettement est inquiétant et rend le niveau de la dette trop important. » Les anticipations
des ménages quant à la hausse future des impôts est donc centrale pour la croissance future.
Il est donc important de dire et répéter aux français que la dette n’est pas le problème le plus
urgent et qu’ils n’ont donc pas à craindre une augmentation des impôts. Deux arguments
principaux vont dans ce sens. La dette publique Covid est acquise sur les marchés par la BCE
ce qui écarte toute forme de pression financière, de plus, les déficits sont financés à des taux
historiquement bas, souvent négatifs ce qui permet de réduire le coût de la dette malgré son
explosion

Conclusion : la crise sanitaire a porté un rude coup au moral des ménages et expliqué en
partie cette énorme épargne qu’ils ont accumulée faute de pouvoir ou d’avoir envie de
dépenser. Compte tenu du poids élevé de la consommation des ménages dans le PIB, le retour
de la croissance dépend à court terme de la transformation de cette épargne en consommation.
La question n’est en réalité pas de savoir si cela se fera, car cette épargne est conjoncturelle,
mais de savoir avec quelle intensité cela se fera. Tout dépend en dernier ressort des décisions
de millions de ménages qu’il est bien difficile de prévoir à l’avance, voire d’influencer. Tout
au plus peut-on éviter de commettre de grosses erreurs de politique économique qui
briseraient la confiance des ménages. Enfin, il reste qu’à plus long terme, cette épargne
pourrait servir à financer des projets de long terme comme tous ceux attachés à la transition
écologique. Mais, les ménages français ont une forte aversion pour le risque et une préférence
pour la sécurité.

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