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La poésie Japonaise

La poésie, sous sa forme écrite, remonte au VII e de notre ère. La poésie est pratiquée par tous
« moyen d’expression naturel à tout homme ». La poésie japonaise a une prédominance de deux
rythmes, les vers de 5 ou 7 vers mais également une prédilection pour la brièveté.

- Le tanka : 5 vers, 31 syllabes de répartition fixe 5/7/5/7/7.


- Le haïku : 3 vers, 17 syllabes de répartition fixe 5/7/5.

Le haïku est aujourd’hui une sorte d’emblème international ayant un sens profond. C’est un poème
de circonstance, sur la vie, le temps qui passe. Cela capte les impressions personnelles et les
sensations. Les mots utilisés y sont directs, sobre, discret. Il est difficile pour une traduction de
restitué toute l’intensité de cet éclat incomparable.

Poème
La plainte du pauvre
Le ciel et la terre Dorment près de mon chevet.
Sont vastes, dit-on Ma femme et mes enfants
Mais pour moi A mes pieds
Comme ils sont étroits ! M’entourent
Le soleil et la lune En geignant.
Brillent, à ce qu’on assure, Du foyer
Mais pour moi Aucune lumière ne s’élève
Ils ne luisent guère. Dans la marmite
En est-il pour tous de même Les araignées ont tissé leurs toiles.
Ou pour moi seulement ? On a oublié
Par fortune Comment on fait cuire un repas.
Je me trouve homme. Nous sommes là gémissants
Comme tous les autres hommes Comme l’oiseau nue
Je suis fait. Quand le chef du village
Ma veste de toile Porteur de sa canne
Non doublée Jusque dans notre chambre
Pend en lambeaux Vient nous appeler
Comme du varech. Pour raccourcir,
Ce ne sont que des haillons Comme on dit,
Jetés sur mes épaules Un bâton déjà
Dans ma cabane Trop court.
Qui penche, croulante, Est-elle donc à tel point
Le sol nu Sans remède
Est jonché de la paille tirée d’une botte La vie de ce monde ?
Mon père et ma mère

Yamanoue no Okura (660 vers 733)


Adieu du guerrier
De notre souverain Je regardais en arrière.
J’ai obéi aux ordres. De plus en plus
Bien qu’il m’en coûte Je me suis éloigné de mon pays,
De quitter ma femme, J’ai franchi des montagnes
J’ai fait appel à des sentiments Toujours plus hautes
Dignes d’un guerrier ! Et suis arrivé en Naniwa
Dûment équipé Où s’éparpillent les fleurs de roseaux.
J’ai franchi le portail. Avec le flot du soir
Ma mère, qui m’a tendrement choyé, Voulant mettre les barques à l’eau,
M’a caressé la tête. Dans le calme du matin
Ma femme, jeune et tendre épouse Ramer droit vers l’avant
A tenté de me retenir. Tandis que nous attendions
« Pour que rien de fâcheux Un temps favorable,
Ne t’arrive je prierai les dieux. La brume du printemps
En bonne santé Se levait sur les îles,
Reviens nous vite ! » Les oies sauvages
Prenant ses manches Poussaient leurs cris désolés.
Elle essuyait ses larmes. Loin des miens
Tout en sanglotant, Je pensais à eux,
Ainsi me parlait-elle. Soupirant si fort
Impossible il m’était de partir ; Que sur mes épaules cliquetaient
Ainsi que s’envole une bande de moineaux, Les flèches de guerre.
Hésitant,

Otomo no Yakamochi (vers 718-785)

Haïkus des quatre saisons


Printemps
Départ du printemps les oiseaux crient
Et les yeux du poisson sont en larmes
Été
Avant que je l’avale
l’eau de la source
a bruissé sur mes dents
Automne
Aux admirateurs de lune
Les nuages parfois
Offrent une pause
Hiver
La mer dans le soir
Le cri des canards
A quelque chose de blanc

Matsuo Bashô (1644-1694)


L’Absent
Triste et désœuvrée, je me surprends à contempler le ciel
D’où pourtant il ne descendra pas

Izumi Shikibu (autour de l’an mil)

Fleurs
Pluie de nacre
Sur les tables-
Les pruniers perdent leurs fleurs

Yosa Buson (1716-1784)

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