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Chapitre 4 : Techniques d’exploitation rationnelle de la faune

4.1. Méthode de gestion : de la préservation, protection à la récolte légale

4.1.1. Au niveau international


Une convention internationale est un traité juridique signé par des États. Pour ces États, la signature implique des
avantages possibles d’ordre financier, technique ou sous la forme d’une reconnaissance par les autres États, mais
leur signature signifie également un engagement à respecter les clauses énoncées dans la convention. D’après
Ntamba Kakalo (2007), « L'Afrique a été l'un des premiers continents à prendre conscience de la nécessité de
protéger l'environnement». L’Afrique est le continent où les autorités ont très rapidement mis en place des cadres
nécessaires à l’action pour la sauvegarde de l’environnement. Créée en 1963, L'Organisation de l'Unité Africaine
(OUA) a progressivement défini une politique commune pour les États africains en matière d'environnement, à
travers une succession de déclarations et de plans d'action. Elle est aussi à l’initiative de l'élaboration de la
convention africaine sur la conservation de la nature et des ressources naturelles, adoptée à Alger le 15 septembre
1968 qui est la première convention internationale intégrant tous les aspects de la protection internationale de
l'environnement. Les principales conventions concernant les habitats sont entre autres :

 La convention africaine pour la conservation de la nature et des ressources naturelles


Adoptée à Alger, le 15 septembre 1968, par les États membres de l’OUA, la convention africaine pour la
conservation de la nature et des ressources naturelles est entrée en application le 16 juin 1969. Elle a été ratifiée
par 40 États et a vu le dépôt de 30 instruments de ratification.
Cette convention vise la conservation et l'utilisation rationnelle des ressources en sol, en eau, en flore et
en faune. La convention classe les espèces en espèces protégées (liste A) et celles dont l’utilisation doit faire l'objet
d’une autorisation préalable de prélèvement (liste B).

 Le programme Man and Biosphère (MAB) et les réserves de biosphère


Le programme interdisciplinaire sur l'homme et la biosphère (MAB) encourage le renforcement des capacités
dans le but d'améliorer les relations entre les hommes et leur environnement au niveau mondial. Lancé en 1971, le
MAB a pour principale mission de réduire la perte de biodiversité par des approches écologiques, sociales et
économiques. Il utilise son réseau mondial de réserves de biosphère comme un outil d'échange de connaissances,
de recherche et de surveillance continue, d'éducation et de formation, ainsi que de prise de décision participative.

 La convention de Ramsar
La convention sur les zones humides est un traité intergouvernemental adopté le 2 février 1971 dans la ville
iranienne de Ramsar, sur les berges méridionales de la mer Caspienne. Bien qu’on écrive généralement : «
Convention sur les zones humides (Ramsar, Iran, 1971) », elle est plus connue du grand public sous son nom de «
Convention de Ramsar». Il s’agit du premier traité intergouvernemental moderne, d’envergure mondiale, sur la
conservation et l’utilisation durable des ressources naturelles. La convention est entrée en vigueur en 1975 et
compte aujourd’hui (janvier 2009) 158 parties contractantes, ou États membres, partout dans le monde.

 La convention des Nations Unies sur le droit de la mer (1982)


Cette convention est entrée en vigueur le 16 novembre 1994, après ratification ou adhésion de 60 États et de
la Communauté européenne. Elle codifie les règles de droit international applicables aux espaces marins. Elle
rappelle le droit souverain des États à exploiter leurs ressources naturelles selon leur politique d’environnement,
ce droit étant assorti de l’obligation de préserver le milieu marin. L’application de cette convention doit permettre
la conservation de la faune et de la flore marines et côtières.

 La convention de Nairobi
Signé le 21 juin 1985, à Nairobi, la convention pour la protection, la gestion et la mise en valeur du milieu
marin des zones côtières de la région de l’Afrique orientale vise à garantir que la mise en valeur des ressources
soit en harmonie avec le maintien de la qualité de l'environnement dans la région et avec les principes évolutifs
d'une gestion rationnelle du point de vue de l'environnement.
 La convention sur la diversité biologique
La convention sur la diversité biologique (CDB) a été initiée par le PNUD qui avait décidé (en 1988) de
travailler à la mise en place d’un instrument juridique international pour la consécration et l’utilisation rationnelle
de la biodiversité. Les négociations, abouties en 1991, ont porté sur divers aspects de conservation et de la gestion
de la biodiversité avec un accent particulier sur les points suivants :
 les conditions plus équitables pour les pays en développement sur le rôle et la place des communautés
locales comme gardiennes et utilisatrices des ressources biologiques,
 la poursuite et l’approfondissement des recherches pour identifier toutes les espèces,
 le financement et la promotion de la diversité biologique,
 les conditions d’accès au matériel génétique,
 le transfert de technologies appropriées,
 le partage juste et équitable des avantages découlant de l’exploitation de la biodiversité,
La convention sur la diversité biologique définit la diversité biologique comme la « variabilité des organismes
vivants de toute origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques
et les complexes écologiques dont ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces
ainsi que celle des écosystèmes ».

 La convention de Washington
La convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction,
connue par son sigle CITES ou encore comme la convention de Washington, a pour but de veiller à ce que le
commerce international des spécimens d'animaux et de plantes sauvages ne menace pas la survie des espèces
auxquelles ils appartiennent. Le texte de la convention a été adopté lors d'une réunion de représentants de 80 pays
tenue à Washington le 3 mars 1973. Le 1er juillet 1975, la convention entrait en vigueur. La CITES est au nombre
des accords sur la conservation qui ont la plus grande diffusion : elle a été ratifié par 175 États. La CITES est
contraignante – autrement dit, les parties sont tenues de l'appliquer. Cependant, elle ne tient pas lieu de loi
nationale; c'est plutôt un cadre que chaque État doit respecter, et, pour cela, adopter une législation garantissant le
respect de la convention au niveau national. Les espèces protégées par la convention d’une surexploitation à des
fins de commerce international sont réparties dans trois annexes :
 l’annexe I comprend toutes les espèces menacées d’extinction qui sont ou pourront être affectées par le
commerce.

 l’annexe II regroupe toutes les espèces qui, bien que n’étant pas nécessairement menacées actuellement
d’extinction, pourraient le devenir si le commerce des spécimens de ces espèces n’est pas soumis à une
réglementation très stricte

 l’annexe III comprend toutes les espèces qu’une partie déclare soumises, dans les limites de sa
compétence, à une réglementation ayant pour but d’empêcher ou de restreindre leur exploitation, et
nécessitant la coopération des autres États pour le contrôle du commerce.

4.1.2. Au niveau national

 Loi N° 94/01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la pêche
Titre IV : Faune, Chapitre 1 : DE LA PROTECTION DE LA FAUNE ET DE LA BIODIVERSITE. Article 78. -
(1) Les espèces animales vivant sur le territoire national sont réparties en trois classes de protection A, B et C,
selon des modalités fixées par arrêté du Ministre chargé de la faune. (2) Sous réserve des dispositions des Articles
82 et 83 de la présente loi, les espèces de la classe A sont intégralement protégées et ne peuvent, en aucun cas, être
abattues. Toutefois leur capture ou détention est subordonnée à l'obtention d'une autorisation délivrée par
l'administration chargée de la faune. (3) Les espèces de la classe B bénéficient d'une protection, elles peuvent être
chassées, capturées ou abattues après obtention d'un permis de chasse. (4) Les espèces de la classe C sont
partiellement protégées. Leur capture et leur abattage sont réglementés suivant les modalités fixées par arrêté du
Ministre chargé de la faune. Article 82. - Lorsque certains animaux constituent un danger pour les personnes et/ou
les biens ou sont de nature à leur causer des dommages, l'administration chargée de la faune peut faire procéder à
des battues contrôlées suivant des modalités fixées par arrêté du Ministre chargé de la faune. Article 83. - (1) Nul
ne peut être sanctionné pour faire d'acte de chasse d'un animal protégé, commis dans la nécessité immédiate de sa
défense, de celle de son cheptel domestique et/ou de celle de ses cultures. (2) La preuve de la légitime défense doit
être fournie dans un délai de soixante-douze (72) heures au responsable de l'administration chargé de la faune le
plus proche. L’article 103 stipule en son alinéa 1 que
L'élevage des animaux sauvages en "ranche " ou
en ferme est subordonné à une autorisation
délivrée par l'administration chargée de la faune. L’alinéa 2 du même article indique que Les
modalités de création des ranches et des fermes ainsi que celles relatives à l'exploitation des
produits sont fixées par arrêté conjoint des ministres compétents.

 Loi n° 2021/014 du 9 juillet 2021 régissant l’accès aux ressources génétiques, à leurs
dérivés, aux connaissances traditionnelles associées et le partage juste et équitable
des avantages issus de leur utilisation
Cette loi est la conséquence du protocole de Nagoya sur la ressource génétique. Dans sa
disposition générale en sa section 1-de l’objet et du champ d’application, l’article 1 stipule que
la présente loi régit l'accès aux ressources génétiques, à leurs dérivés, aux connaissances
traditionnelles associées et le partage juste et équitable des avantages issus de leur utilisation.
Elle a pour objectifs :
a) de soutenir la valorisation des ressources génétiques et des connaissances traditionnelles
associées pour encourager leur conservation et leur utilisation durable ;
b) de réglementer l'accès aux ressources génétiques, à leurs dérivés et/ou aux connaissances
traditionnelles associées ;
c) de garantir l'implication des populations autochtones et communautés locales dans le
partage des avantages issus de l'utilisation des ressources génétiques ou connaissances
traditionnelles associées ;
d) de promouvoir et encourager, la valorisation des résultats de recherche, la documentation
des ressources génétiques et des connaissances traditionnelles associées;
e) de contribuer à l'amélioration des conditions de vie des populations autochtones et des
communautés locales ;
f) d'améliorer la contribution de la biodiversité au développement et au bien être humain ;
g) de découvrir et de rendre disponible l'information génétique.
Les dispositions de la présente loi selon l’article 3 s'appliquent notamment aux aspects suivants:
a) L'accès aux ressources génétiques d'origine végétale, animale et microbienne ou toutes
autres ressources génétiques contenant des unités fonctionnelles de l'hérédité sur le
territoire national;
b) L'accès aux connaissances traditionnelles associées y compris celles détenues par des
particuliers ou des populations autochtones et communautés locales ;
c) Le transfert des ressources génétiques, des connaissances traditionnelles associées, des
résultats de recherche aux tiers à des fins de développement ou commerciales ;
d) L'obtention des droits de propriété intellectuelle sur l'utilisation des ressources
génétiques, de leurs dérivés et/ou des connaissances traditionnelles associées ;
e) La coopération internationale et les aspects transfrontaliers relatifs aux ressources
génétiques
f) L'utilisation actuelle des ressources génétiques et/ou connaissances traditionnelles
acquises antérieurement ;
g) La conservation des ressources génétiques.
Dans la section II-Définition, deux concepts sont clairement définis : « Populations
autochtones et Communautés locales » et « Protocole bioculturel communautaire ». Le
premier renvoie à la communauté d'habitants qui s'appuie sur leurs connaissances
traditionnelles associées pour assurer leur subsistance à partir de leur milieu naturel et des
ressources génétiques, et dont le mode de vie présente un intérêt pour la conservation et
l'utilisation durable des ressources et le second est l’outil participatif qui articule les modes de
vies, les valeurs, les procédures et les priorités des populations autochtones et communautés
locales. Il établit les droits et responsabilités dans le cadre des règles coutumières, des systèmes
juridiques nationaux et le droit international en tant que base pour les interactions avec des
acteurs externes.
Ces concepts sont renforcés au chapitre III en ses articles 20 et 21. L’article 20 indique que,
chaque communauté ayant la connaissance traditionnelle associée, établit un Protocole
Bioculturel Communautaire qui détermine les conditions d'accès et de l'utilisation de
leurs connaissances traditionnelles associées, et constituant la base pour les négociations
des Conditions Convenues d'un Commun Accord. Et, l’article 21 nous renseigne que les
populations autochtones et les communautés locales concernées par la ressource
génétique ou les connaissances traditionnelles associées sollicitées, déterminent la
forme des avantages non monétaires appropriés. Ces deux article ci-dessus sont encadrés
par l’article 22 qui stipule que l'État assure la préservation, le maintien et la promotion
des connaissances traditionnelles des communautés locales en matière de conservation,
d'utilisation durable, et de partage juste et équitable des bénéfices issus de la diversité
biologique et génétique.

 Stratégie nationale des contrôles forestiers et fauniques au Cameroun


Le document de stratégie nationale des contrôles forestier et faunique se réfère à la politique forestière adoptée
en 1993, la loi forestière promulguée en 1994, la loi-cadre sur l’Environnement de 1996, la déclaration de Yaoundé
de 1999 et le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté de 2002.
L’objectif recherché est d’arriver, à travers le contrôle et l’amélioration de la gouvernance qui s’en suit, à :
 augmenter les revenus de l’Etat et des communautés locales ;
 garantir le respect des droits des communautés locales ;
 créer des emplois ;
 prévenir les distorsions économiques ;
 garantir la durabilité de la production forestière ;
 préserver la biodiversité et les écosystèmes.

 Loi n° 96/12 du 5 Août 1996 portant loi-cadre relative à la gestion de l'environnement


Article 1er : La présente loi fixe le cadre juridique général de la gestion de l'environnement au Cameroun.
Article 2: (1) L'environnement constitue en République du Cameroun un patrimoine commun de la nation. Il est
une partie intégrante du patrimoine universel. (2) Sa protection et la gestion rationnelle des ressources qu'il offre
à la vie humaine sont d'intérêt général. Celles-ci visent en particulier la géosphère, l'hydrosphère, l'atmosphère,
leur contenu matériel et immatériel, ainsi que les aspects sociaux et culturels qu'ils comprennent.

4.2. Techniques de gestion


Tous gestionnaires de la faune, qu’ils soient conservateurs, scientifiques ainsi que les gestionnaires d’une
zone de chasse villageoise ou encore les concessionnaires d’une zone de chasse, ont besoin d’un certain nombre
d’informations de bases sur la faune qu’ils ont à gérer. Trois informations principales sont recherchées :
 L’effectif d’animaux de chaque espèce vivant dans la zone d’étude ;
 La structure et la dynamique de chaque espèce ;
 La distribution et les mouvements, donc le domaine vital de chaque espèce.

4.2.1. Inventaire
Un inventaire est un « ensemble d’observations quantitatives et qualitatives et de mesures
utilisant des protocoles normalisés, réalisées en une période de temps limitée ». On peut ajouter
que les inventaires sont effectués selon des dispositifs d’échantillonnage représentatifs. Il faut
préciser que cet exercice est effectué « sans idées préconçues quant à la teneur des résultats ».
Ainsi, on propose une définition proche : « recensement le plus exhaustif possible d’un
ensemble de données taxonomiques sur une aire géographique précise et durant une période de
temps limitée».

Un inventaire correspond donc à une campagne de collecte de données. Il vise à fournir des
connaissances de base bien définies dans le temps et dans l’espace « permettant ultérieurement
un suivi scientifique et une gestion écologique ». La donnée minimum que l’on tire d’un
inventaire est de type présence-absence comme la présence de taxons, dans un endroit donné et
à un moment donné. Des informations quantitatives (effectifs, poids…) ou qualitatives
(comportement…) peuvent compléter cette donnée minimum. Ces informations sont
généralement utiles pour la rédaction de la partie « Analyse descriptive du site » d’un plan de
gestion de site. Cette méthode permet de dénombrer des populations à effectif élevé, dont le
recensement exhaustif est impossible. Plusieurs plans d’échantillonnage peuvent être effectués
en fonction des caractéristiques du milieu et de la répartition des individus dans l’aire à
échantillonner, les plus utilisés sont les suivants :
 Échantillonnage aléatoire simple : il s’applique dans les cas où le milieu est
suffisamment homogène ou lorsqu’on ignore les éventuelles variations de densité de la
population dans l’espace. La surface à prospecter est divisée en N unités de même taille
et les n unités tirées au sort constituent l’échantillon.
 Échantillonnage aléatoire systématique : ce plan d’échantillonnage ne requiert pas de
tirage au sort. Une règle de choix des unités à inclure est fixée au hasard et répétée
systématiquement. Pour les dénombrements biologiques, partant du principe que les
motifs réguliers se rencontrent rarement dans la nature, cette méthode donne souvent
des échantillons représentatifs. Elle a en outre l’avantage d’être plus aisée à mettre en
place (lieux plus faciles à localiser).
 Échantillonnage stratifié : il s’applique lorsque l’on sait que le milieu n’est pas
homogène et que la densité à estimer varie selon les caractéristiques de celui-ci. Le
terrain est divisé en zones plus homogènes, dans lesquelles la densité est jugée, a priori,
plus uniforme. Chaque zone constitue alors une strate à laquelle peut être appliqué l’un
des 2 plans d’échantillonnage précédent.

4.2.2. Méthode de marquage et recapture


Cette méthode est utilisée pour estimer l’abondance de populations animales dont les
individus sont mobiles. Il existe plusieurs variantes, mais toutes sont basées sur l’hypothèse
suivante : lorsque des individus sont prélevés au hasard dans une population, puis marqués et
relâchés, la proportion d’individus marqués dans tout échantillon ultérieur, constitué
aléatoirement à partir de cette population, est une estimation sans biais de la proportion des
individus marqués dans la population. Cette hypothèse n’est satisfaite que si plusieurs
conditions sont remplies :
 le marquage n’a pas d’influence sur la probabilité des animaux d’être capturés une
seconde fois;
 les marques ne disparaissent pas entre les captures ;
 les premiers animaux capturés forment un échantillon représentatif de la population ;
 la population étudiée est « fermée », il n’y a ni immigration, ni émigration ;
 l’effectif de la population ne varie pas du fait de la mortalité et de la productivité.

4.2.3. Suivi
Face à un problème bien identifié, le suivi repose sur une série de collectes de données répétées
dans le temps. Il est basé sur la surveillance et consiste à recueillir systématiquement dans le
temps des données et autres informations. Il diffère de la surveillance en ce sens qu’il est plus
précis et vise des cibles ou buts spécifiques et que l’on a une raison spécifique pour recueillir
les données et informations. Il est mis en œuvre pour « vérifier le niveau de conformité avec
une norme ou position prédéterminée, en référence à un standard prédéterminé (ex. : état de
référence) ou à un état recherché ».
Le suivi aborde la question générale du changement ou de l’absence de changement dans le
temps et dans des sites particuliers. Il est établi pour détecter des tendances présupposées dans
l’évolution des milieux, des espèces, des facteurs écologiques… ou pour répondre à des
questions claires. C’est le cas de l’évaluation d’une opération de gestion. Ainsi l’interprétation
des données pourra se faire en référence à un modèle choisi et prédéterminé au début de la mise
en place du suivi (placette témoin pour la végétation par exemple).
4.2.4. Surveillance
Une surveillance est un « programme étendu d’inventaires systématiquement mis en œuvre afin
de fournir des séries temporelles d’observations et de mesures ». La surveillance consiste donc
en « une série de collectes de données (série d’inventaires) répétées dans le temps », sans
hypothèse particulière, sans question préalable et sans idée préconçue sur l’évolution des
paramètres mesurés. C’est le cas des données météorologiques ou des comptages d’oiseaux par
exemple. L’objectif est principalement descriptif : disposer des données de base. On emploie
parfois le terme de surveillance continue.
La surveillance est « destinée à vérifier l’importance de la variabilité et/ou de la gamme de
valeurs de certains paramètres, permettant d’estimer les modifications et les évolutions sur le
long terme».

4.3. Technique spéciale du Game-ranching


Comme le secteur de l’élevage, l’industrie de la viande de brousse est composée des systèmes
de production, des méthodes de transformation, des techniques de marketing et des modes de
consommation. Mais, cette industrie est menacée par le braconnage dont la lutte contre ce fléau
peine à trouver des solutions au niveau des gouvernements. Or, il est à signaler que l’homme
pour assurer son alimentation à toujours mis les animaux sauvages en semi-captivité et,
quelques espèces de mammifères, de volailles et d'insectes (moins d'une cinquantaine) ont bien
réagi aux soins qui leur étaient prodigués, se sont adaptées aux différents types d'alimentation
et de milieu et sont donc devenues domestiques. Les autres près de 50 000 espèces de vertébrés
sont restées sauvages, même si nombre d'entre elles peuvent être apprivoisées et dressées. Le
game ranching d’animaux sauvages intègre toutes les dimensions du développement durable.

Modèle de durabilité du game ranching

A cet effet, la réalisation des ranches d’animaux sauvages présente des enjeux politiques,
économiques, environnementaux et socio-culturels.

4.3.1 Enjeux politiques du game-ranching


Les 50 prochaines années, la population africaine va doubler, ce qui doit nécessiter une
production massive d’aliment. Cette croissance démographique doit davantage augmenter la
pression sur le prélèvement des ressources naturelles au rang desquelles la ressource faunique
pour combler le déficit en protéine. Le développement du ranching de gibier, comme alternative
de réduction de la pression sur la faune sauvage, se doit d’être encouragé en Afrique Centrale
en général et au Cameroun en particulier par un environnement législatif approprié. Au
Cameroun, après la chute des coûts des matières premières agricoles dans les années 80 et la
crise économique, les populations rurales et les opérateurs économiques se sont rués sur les
ressources forestières donc la faune sauvage. Cette situation à amplifier le braconnage qui est
devenu l’une des plus graves menaces de la biodiversité faunique. Face à cela, le gouvernement
camerounais, à la suite de multiples conventions auxquelles il pris part (Convention sur la
diversité biologique, Lutte Anti-braconnage en Afrique Centrale), a pu élaborer des textes qui
concourent à la gestion durable de la faune sauvage (Loi du 20 Janvier 1994 portant régime des
forêts, de la faune et de la pêche ; manuel de procédures pour le contrôle de la légalité et de la
traçabilité des bois et produits dérivés en circulation au Cameroun ; stratégie nationale des
contrôles forestiers et fauniques au Cameroun…). L'élevage en semi captivité a été reconnu
comme une solution alternative au braconnage, au cours d’un séminaire tenu en 2015 à
Libreville en présence d'experts venus du Cameroun, du Congo-Brazzaville et du Gabon.
Organisée autour du thème : "Développement d'alternatives sur le braconnage en Afrique
centrale", la rencontre s'est tenue sous l'égide du projet Développement d'alternatives au
braconnage en Afrique centrale (DABAC), qui avait regroupé les trois pays concernés. Les
principes de base de cette politique étaient l'utilisation durable de la faune sauvage par
l’extension des droits d'usage de la faune sauvage aux zones rurales. Cette politique ne met pas
d’accent sur la création des game ranching en zone rurale comme cela s’est faite en Afrique du
Sud et de l’Est. Le programme de décentralisation amorcé au Cameroun pourrait intégrer le
programme d'aménagement des zones communales pour les ressources indigènes notamment
le ranching de gibier et contribuer ainsi à la protection, la conservation et la gestion durable des
ressources naturelles de la commune.

4.3.2 Enjeux économiques de game-ranching


Les activités liées avec la faune sauvage tels que la chasse, élevage, vente de la viande, des
sous-produits (cuirs, peaux, trophées...) ainsi que la commerce des animaux vivants et le
tourisme de vision, créent de nombreux emplois et représentent une source de revenus pour la
population et l’état. Dans certains pays africains la faune sauvage joue un rôle très important
dans les économies nationales. Par exemple au Zimbabwe où le secteur de la faune sauvage est
particulièrement développé, cette « industrie » occupe le premier rang en part du PIB agricole.
Dans d’autres pays comme par exemple en Côte d’Ivoire, en RCA, au Burkina Faso ou au
Cameroun, le secteur évolue plutôt dans une économie informelle où le commerce très lucratif
de la faune se fait, suivant des circuits bien organisés, au profit de toute une série d’acteurs
(chasseurs, braconniers, paysans, commerçants, transporteurs...) n’apportant que très peu de
recettes à l’Etat. Une étude globale récente démontre que ces produits fournissent 28% des
revenus dans les ménages en zone rurale des pays africains. La viande de brousse est l’un de
ces produits dont la contribution à la sécurité alimentaire et l’amélioration des conditions de vie
des populations rurales africaines est indiscutable. Compte tune de la pression exercée sur la
faune sauvage, il serait important de penser à la production de leur viande tant appréciée par les
communautés rurales et urbaines.
En effet, la production de viande de gibier est une activité économiquement rentable si on s’en
tient des exemples de l’Afrique du Sud où en 2011 les game-ranching a généré près de 13
millions de dollars. Une organisation judicieuse de l'exploitation du « gibier domestique »
profiterait avant tout aux populations des zones rurales, parmi lesquelles on trouve de nombreux
cas de carence protéique. Le principal enjeu du ranch est de concilier sa rentabilité économique
avec sa vocation de production de viande à faible coût. L’industrie de production de la viande
du gibier apparait comme un support de l’économie verte dans les pays en développement.

4.3.3 Enjeux environnementaux du game-ranching


L'exploitation de la faune sauvage, reposant sur le safari-chasse dont la viande est un sous-
produit. Elle constitue donc une ressource naturelle extrêmement précieuse qu’il conviendrait
de valoriser par une exploitation rationnelle en préservant la diversité et équilibre naturel.
L’exploitation actuelle du gibier en Afrique subsaharienne n’assure pas la conservation de la
diversité biologique et pose un problème environnemental. La chasse n’est pas sélective et elle
constitue une menace pour les espèces animales et l´environnement. Les ongulés fournissent la
grosse part de viande de brousse en zone rurale. Implémenter le ranching d’ongulés sauvages
pourra permettre de réduire la pression de chasse en milieu naturel tout en approvisionnant les
marchés ruraux et urbains. Les autres avantages de ranching d’animaux sauvages est la
fourniture des spécimens d’animaux pour la réintroduction dans les aires où ils sont en voie de
disparition. De plus, les ranching peuvent être utilisés pour les programmes d’éducation
environnementale. Les animaux, surtout les herbivores jouent un rôle important dans la
dynamique de la végétation, répartition des plantes, structure des habitats et modulation des
paysages. Le maintien de l’équilibre écologique entre la faune et la flore permettrait ainsi une
meilleure conservation de la diversité biologique africaine dans son plus large contexte. Le
game ranching est un milieu d’évaluation des impacts des changements climatiques sur la faune
sauvage et la mise sur pied des différentes techniques de mitigations. Vu le rôle de la faune
sauvage dans la dynamique végétale, la nécessité du développement rural et de la conservation,
vu l’insécurité alimentaire et les problèmes écologiques liés à l’élevage du bétail, la nécessité
de commencer à exploiter pleinement les possibilités offertes par l’utilisation et la gestion de la
faune apparaît comme incontournable. L’effet positif du game-ranching dans la conservation
peut être perçu sur deux aspects : premièrement, le game-ranching a été un instrument pour
accroitre la distribution de plusieurs espèces par le rétablissement dans leur précédent milieu.
Deuxièmement, le game-ranching a accru les nombres d’animaux au sein d’une même espèce
d’où son intérêt génétique.

4.3.4 Enjeux socio-culturels du game-ranching


Le rapport entre l’homme et la faune est historiquement très fort et les sociétés africaines
utilisent traditionnellement les animaux dans l’alimentation, la médecine, la religion,
l’éducation, l’artisanat, l’art, etc. A part la contribution directe au bien-être nutritionnel (apport
protéique indispensable à l’équilibre nutritionnel des populations), la faune contribue ainsi
positivement aussi à la santé spirituelle, physique et mentale. Les rituels et la médecine
traditionnelle sont largement pratiqués. Au-delà de ces contributions, la création des ranching
en zone rurale visera la politique générale des gouvernements africains en générale et du
Cameroun en particulier dans la lutte contre le chômage. Ces sont des sources d’emplois directs
et indirects et pourraient employer de milliers de personnes si cette activité est mise en œuvre.
En fait, les ranchs d’animaux sauvages sont source de nouveaux emplois, de laboratoires de
recherches pour les étudiants et les enseignants, ce sont des musées ouverts et les lieux de
préservation culturelle.

4.4 Etapes de réussite des animaux en semi-captivité

4.4.1 Elevage extensif


Les nombreuses expériences d’élevage extensif de faune sauvage en Afrique ont surtout eu lieu
dans des zones de savane en Afrique Australe ou en Afrique de l’Est, et elles ont principalement
concerné des espèces herbivores (antilopes, buffles). Un tel système d’élevage en milieu
forestier sur une espèce omnivore comme le potamochère et des espèces herbivores comme les
céphalophes n’a donc jamais été testé. Le premier problème qui se pose à élever des
potamochères et les céphalophes dans un système extensif, est l’apport de nourriture. Un milieu
naturel clos ne pourra comporter tous les aliments dont ces animaux ont besoin et l’apport
extérieur de nourriture sera indispensable.

4.4.2 Elevage intensif


L’élevage pilote de Bakoumba fournit un exemple d’application du système intensif à l’élevage
du potamochère. Ce système plus ou moins intensif a été testé. Il était constitué de 2 enclos
beaucoup plus petits (360m²) avec une partie en plein air sans végétation et une partie abritée.
Les animaux introduits dans ces enclos ont été choisis, les lots ont été constitués d’1 mâle et de
2 femelles adultes.

4.4.3 Choix du milieu et des infrastructures


Des enclos de taille réduite (moins de 500 m²) seraient mieux adaptés au suivi et à
l’apprivoisement des animaux. Le milieu devrait le plus possible, permettre l’expression de
comportements naturels comme le fouissage, les bains de boue et la construction de nids
(potamochère). Il doit donc comporter une végétation suffisante et une mare (sans être
totalement marécageux). En raison de la détérioration du milieu, il faudrait prévoir une rotation
entre plusieurs enclos (un système de portes entre enclos mitoyens permettrait de faire passer
facilement les animaux d’un enclos à un autre). Si la végétation est insuffisante pour que les
potamochères s’abritent, une partie couverte pourrait être prévue. L’aire d’alimentation
comporterait des mangeoires en béton comme à Bakoumba et pourrait être juxtaposée à un
couloir de contention (les animaux pourront ainsi y être attirés plus facilement par la nourriture).
Les clôtures seraient constituées d’un socle en béton enfoncé de 50 cm dans le sol surmonté
d’un grillage d’une hauteur de 1,50 mètre. Payne (2005) recommande l’utilisation de matériaux
locaux (bambous, rondins de bois) plutôt que du grillage métallique. Enfin, les bâtiments et
donc les animaux doivent être protégés contre l’attaque éventuelle des prédateurs. Pour cela,
soit l’élevage devra se trouver en dehors d’une zone à risque, soit des dispositifs devront être
mis en place pour empêcher le prédateur d’atteindre les animaux (grillage très haut, barbelés).

4.4.4 Gestion des animaux


Elle doit optimiser la production. Les lots devront être constitués selon la fonction des individus,
reproduction ou engraissement. Pour les reproducteurs, les lots pourraient se composer d’un
mâle et de 2 à 3 femelles. Cependant, il faudra vérifier que toutes les femelles se reproduisent.
Dans les cas de monogamie, il faudrait séparer la femelle gestante et observer si les autres
femelles s’accouplent. Une autre solution, si le nombre de mâles reproducteurs est suffisant et
si les infrastructures le permettent, serait de faire des lots constitués d’un couple. Avant la mise-
bas, la femelle gestante devra être séparée des autres femelles, afin d’éviter le cannibalisme (cas
du potamochère). Le choix des reproducteurs est important, ils devront, bien sûr, avoir atteint
la maturité sexuelle (18 mois pour les femelles, 20 mois pour les mâles chez le potamochère et
8 à 12 mois chez les céphalophes) mais ne devront pas dépasser un certain âge (pas encore
déterminé) pour pouvoir assurer leur fonction de géniteur. Les reproducteurs doivent donc être
renouvelés régulièrement en prenant soin d’éviter la consanguinité. Les jeunes resteraient avec
leur mère jusqu’au sevrage (environ 4 mois). Ils seraient ensuite transférés dans un enclos
d’engraissement. Etant donné le comportement social et territorial du potamochère et des
céphalophes, il serait préférable que les lots d’engraissement soient constitués par les fratries.

4.4.5 Alimentation
Il est nécessaire de déterminer une ration équilibrée répondant aux besoins des potamochères
et des céphalophes. Cette ration pourra être adaptée selon le stade physiologique (gestation,
lactation, croissance) dans le but d’améliorer les performances zootechniques. La composition
de la ration doit aussi tenir compte de la rentabilité économique de l’élevage.

4.4.6 Suivi sanitaire


Les animaux sauvages sont rustiques, cependant leur pathologie est très mal connue et, dans le
cadre d’un élevage, il est important d’instaurer une surveillance sanitaire. Les individus
présentant des symptômes ou une baisse des performances zootechniques pourront être isolés
et examinés. Ils hébergent de nombreux parasites externes et internes ainsi. Afin d’optimiser
leur production, il serait envisageable de les déparasiter. Enfin, afin d’assurer l’innocuité de la
viande pour la consommation humaine, un suivi sanitaire doit également être réalisé sur les
carcasses dans des abattoirs remplissant des normes d’hygiène minimales.

Travail personnel :
 Situer l’Afrique francophone en matière de durabilité des techniques
d’approvisionnement en gibier dans le pays
 Evaluer les niveaux de performances de technique d’exploitation rationnelle de
certaines espèces de choix au Cameroun
 Identifier des espèces de faune naturelle prisée dans l’alimentation des communautés
rurales et urbaines au Cameroun en tenant compte des zones agro-écologiques et
développer élaborer les démarches de leur exploitation durable
Chapitre 5 : Etudes de cas pratiques

Etude de cas 1 : Analyser de situation (choisir une région tropicale et faire la synthèse)
1. Problématique de la gestion de la ressource faunique
2. Importance de la faune sauvage
o Sur le plan économique
o Sur le plan socio-culturel
o Sur le plan touristique
o Sur le plan environnemental
o Sur le plan zoo-sanitaire et santé publique
o Sur le plan des nouveaux métiers
Etude de cas 2 : proposition d’une note technique
 Faire ressortir les objectifs du game-ranching ;
 Présenter le cadre règlementaire du game-ranching ;
 Proposer les techniques de mise en place du game-ranching ;
 Processus de conduite un game-ranching

Etude de cas 3 : Cas pratique d’une étude de faisabilité d’installation de game-ranching au


Cameroun
 Objectifs du Game-ranching
 Cadre réglementaire sur le game-ranching au Cameroun
 Techniques du Game-ranching
 Conduite d’un game-ranching
o Choix et justificatifs de l’espèce
o Choix du système (intensif ou extensif)
o Choix du milieu et des infrastructures
o Gestion de la reproduction
o Alimentation
o Suivi sanitaire

Etude de cas : pratiques comparées (rechercher les clés du succès)


S’inspirer des cas pratiques dans les pays de la sous-région Afrique Centrale, du Nord et du
Sud.
 Cas pratique au Gabon
 Cas pratique en Algérie
 Cas pratique en Afrique du Sud

Etude technique personnelle : projet d’exploitation (Proposition de projet personnel de


game-ranching par chaque étudiant et par espèce)
 Potamochère (Potamochoerus porcus)
 Céphalophes (Cephalophus spp)

Lectures recommandées pour cette section :


Abaigar, T., Belbachir-Bazi, A & Cano, M., 2009. Proposition d’aménagement et de gestion
d’un centre d’élevage de gazelles en captivité. Projet de Coopération Internationale Hispano-
algérienne (AECI-MESRS) Réf : A/011012/07. Rapport scientifique-technique, 54p.
Czudek, R., 2001. Utilisation rationnelle de la faune sauvage en Afrique. Moyen de la
conservation des ressources naturelles et de leur diversité biologique, de l’amélioration de la
sécurité alimentaire et du développement rural. FAO. Document de travail sur la gestion
de la faune sauvage. Numéro 1, 41p.
Fowler, M.E., 1996. Vue générale sur l'élevage et la pathologie des animaux sauvages en
captivité. Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 15 (1), 23-3
Lhoste, P., Dollé, V., Rousseau, J. & Soltner, D. 1993. Manuel de zootechnie des régions
chaudes. Les systèmes d’élevage. Collection précis d’élevage, Ministère de la
coopération, 288p.
Mossman, S.L. & Mossman, A., 1976. Wildlife utilization and game ranching. Report on a
study of recent progress in this field in Southern Africa. IUCN Occasional Paper No. 17, 99p.
Chapitre 6 : Perspectives et opportunités professionnelles

6.1 Perspectives de la zootechnie de la faune


La zootechnie de la faune ouvre des opportunités nombreuses, mais reste une alternative à
explorer, à mettre en place et surtout à améliorer et à faire insérer dans le calendrier national
des productions animales. Pour ce faire quelques pistes de réflexions à nourrir par des travaux
à synthétiser ou à inaugurer. Entre autres, il apparait les propositions suivantes :
 Inventaire et diversité des ressources génétiques animales susceptibles d’exploitation
dans ce mode de production ;
 Evaluation des principales contraintes politiques à la mise en place d’une exploitation
rationnelle de la faune naturelle ;
 Evaluation économique du secteur gibier légal et illégal au Cameroun ;
 Caractérisation des processus biologiques chez des espèces de ruminants forestiers ;
 Etudes botaniques des espaces et habitats des espèces de la faune sauvage du Cameroun.

6.2 Débouchés possibles en terme professionnel


 Responsable d’un game-ranching ;
 Guide écotouriste ;
 Conseiller technique et commercial des game-ranching ;
 Chef d’exploitation d’un game-ranching ;
 Formateur/chercheur en techniques de game-ranching ;
 Producteur de viande de gibier.

Travail personnel :
 Evaluer les possibilités techniques d’association pour exploitation rationnelle de
certaines espèces domestiques et de la faune naturelle de choix au Cameroun
(conditions, implications et impacts)
 Rédiger un projet de producteur légal de viande de gibier
 Planifier une analyse devant porter sur l’importance de la viande de gibier au
Cameroun (identifier les zones prioritaires).
Chapitre 7 : Les grands et moyens herbivores
La majeure partie des ongulés de savane sont représentés par des herbivores appartenant aux ordres
des artiodactyles, périssodactyles, proboscidiens, hyracoïdes et siréniens. Les artiodactyles,
comprenant le plus grand nombre d’espèces, renferment la plupart des herbivores ruminants
(Buffle, Girafe, antilopes) : parmi les non-ruminants figurent l’Hippopotame et le Phacochère. En
Afrique francophone, les autres herbivores non-ruminants sont représentés par l’Éléphant
(Proboscidiens), le Rhinocéros noir (Périssodactyles), le Daman de rocher (Hyracoïdes) et le
Lamantin (Siréniens). Les ongulés de savane sont en général composés d’espèces grégaires formant
des troupeaux plus ou moins importants. Ces derniers ne comptent généralement que quelques
dizaines d’espèces mais peuvent rassembler plusieurs centaines d’individus chez l’Éléphant, le
Buffle ou le Damalisque. Ce sont des animaux sociaux dont l’existence est régie par des stratégies
bien définies tant au niveau de l’utilisation des habitats et de la reproduction que de la lutte contre
les prédateurs. À l’inverse, d’autres espèces vivent en petits groupes familiaux comme le
Phacochère ou l’Ourébi, voire sont solitaires comme le Sylvicapre de Grimm. Dans ce dernier cas,
les couples ne se forment qu’au moment de la reproduction.
Les herbivores peuvent être séparés en deux groupes selon leur régime alimentaire. Les ruminants
sont généralement des « paisseurs » qui consomment des plantes herbacées (monocotylédones et
dicotylédones) dont une forte proportion de graminées. C’est le cas du Buffle et de la plupart des
Antilopes. L’autre groupe est constitué par les « brouteurs » qui se nourrissent principalement de
produits ligneux (rameaux, feuilles, fleurs, fruits, écorces, racines). La Girafe et les Céphalophes,
appartenant à ces derniers, sont cependant des ruminants. D’autres espèces, comme l’Éléphant et le
Phacochère, ont un régime « mixte » qui varie selon les saisons. En saison sèche, par exemple,
l’Éléphant est surtout « brouteur » mais il consomme une énorme quantité de plantes herbacées au
cours de la saison des pluies.

ÉLÉPHANT (Loxodonta africana) (Blumenbach, 1797)


Ordre : Proboscidiens ; Famille : Elephantidae
Identification : L : 650-750 cm (savane) ; Hg : en savane, en
moyenne, 300 cm pour la femelle et 350 cm pour le mâle ; poids:
2 200 à 3 500 kg pour la femelle et 4 000 à 6 000 kg, jusqu’à
7 000 kg pour le mâle
Biologie : gestation de 22 mois. À la naissance, le petit mâle pèse
déjà 120 kilos contre 90 à 100 kg dans le cas d’une femelle.
Description : L’Éléphant est le plus gros mammifère terrestre, à silhouette ensellée, il ne peut être confondu
avec aucun autre mammifère. La peau, épaisse mais souple, ridée et faiblement pigmentée, est de couleur grise
à noirâtre. Elle est pratiquement nue à l’exception de longs poils raides et sensitifs au niveau de la trompe, des
oreilles et du menton. Quelques poils persistent, disséminés, dans les replis formés par les rides. La peau peut
être plus ou moins jaunâtre ou rougeâtre en fonction de la terre utilisée par les animaux lors de leurs bains de
boue et de poussière. La tête, massive, au front convexe, présente trois caractéristiques essentielles :
 la trompe, pouvant atteindre 200 cm de longueur. Elle est composée de près de 15 000 muscles qui en font
un organe à la fois sensible et précis, notamment pour localiser une odeur.
 les oreilles, très grandes, en forme d’éventail, à lobe pointu et pouvant atteindre 200 cm de hauteur et 150
cm de large, sont abondamment vascularisées et servent, par leurs battements, à diminuer la température
interne du corps : elles s’enroulent sur les bords chez les vieux animaux. Les oreilles de l’Éléphant
d’Afrique sont plus grandes que celles de son cousin asiatique.
 les défenses, une par demi mâchoire supérieure, correspondent aux incisives supérieures, à croissance
continue. Elles sont d’abord dirigées vers le bas puis recourbées vers le haut. Les défenses peuvent atteindre
plus de 2,50 m, bien que de telles défenses soient aujourd’hui rares tant les animaux pourvus de longues
défenses sont la cible prioritaire des braconniers. En général, elles sont plus grandes chez le mâle que chez
la femelle.
Note bien : En milieu forestier, les Éléphants sont plus petits avec une hauteur au garrot comprise entre
160 et 280 cm et un poids variant de 900 kg à 3 500 kg. Les oreilles plus petites, à lobe arrondi et les défenses
moins longues, plus fines et dirigées vers le bas sont également des signes distinctifs. De récentes études
génétiques ont conduit à séparer les deux sous-espèces Loxodonta africana africana (Éléphant de savane) et L.
a cyclotis (Éléphant de forêt) en deux espèces distinctes: Loxodonta africana et L. cyclotis.

RHINOCÉROS NOIR (Diceros bicornis) (Linnaeus, 1758)


Ordre : Périssodactyles ; Famille : Rhinocerotidae
Identification : L : 290-375 cm ; Hg : en moyenne, 160 cm ;
Poids : 1 000 kg
Biologie : La gestation dure 450-480 jours et conduit à la
naissance d’un seul petit. L’intervalle entre les naissances est de
2,5 à 4 ans.
Description : Il se présente comme un animal puissant, avec le dos légèrement ensellé et reposant des membres
courts et robustes. La couleur de la robe est gris foncé mais tend à prendre la couleur du sol sur lequel il vit à force
de bains de boue et de poussière. La peau est épaisse, pratiquement dépourvue de poils à l’exception de franges de
poils aux extrémités des oreilles et des soies qui terminent la queue (qui est arrondie). La peau est pourvue de replis
qui forment des plaques sur le cou, la poitrine et au-dessus des genoux. La tête est massive, allongée, portée par un
cou puissant, avec des oreilles assez grandes et légèrement pointues. Elle se termine par un museau constitué d’une
lèvre supérieure musclée, triangulaire et mobile qui forme une sorte de doigt préhensile. Les yeux sont petits,
boursouflés, portent de longs cils et sont placés en avant, pratiquement au milieu de la tête. Les membres sont courts,
massifs, musclés, semblables à des piliers et terminés par trois doigts portant des ongles robustes visibles sur les
empreintes au sol. Les pieds antérieurs sont plus grands que les postérieurs et supportent le poids des épaules, du
cou et de la tête de l’animal. Les coussins des soles plantaires sont rugueux et plus ou moins crevassés. Ils laissent
des traces uniques pour chaque animal. Les cornes sont présentes chez les deux sexes. Elles sont constituées de
kératine et ne se développent pas à partir de la peau. Elles ne sont pas issues de l’os du crâne. Situées sur le nez et
le front, elles sont de dimensions inégales, l’antérieure étant généralement plus longue, et à croissance continue.
Leur forme est également variable et dépendante des conditions de milieu. L’antérieure peut être verticale et
légèrement recourbés en arrière ou au contraire parfois être presque horizontale. Leur taille moyenne est d’environ
75-80 cm mais peut atteindre 130 cm.

PHACOCHÈRE COMMUN (Phacochoerus africanus) (Gmelin, 1788)


Ordre : Artiodactyles ; Famille : Suidae
Identification : L : 105-152 cm ; Hg : moyenne, 55 à 85 cm ; poids:
60 à 100 kg
Biologie : La gestation, de 160-170 jours, conduit à la naissance
de 1-4 petits en moyenne qui sont sevrés à l’âge de deux mois. À
la troisième portée, ils sont chassés du groupe.
Description : le Phacochère est un animal à l’allure porcine, disgracieuse, avec un corps allongé et une tête
volumineuse. Sa morphologie en fait un animal trapu et robuste. La couleur de la robe, grise à noirâtre, varie
avec l’environnement de l’animal et peut être plus ou moins jaune ou rougeâtre selon le sol, argileux ou
latéritique, dans lequel il prend des bains de boue. La peau, parcheminée et ridée, est pratiquement nue à
l’exception de longs favoris blanchâtres, en brosse, sur la mâchoire inférieure et d’une crinière érectile de
longues soies rigides couvrant la nuque et le garrot. Ce Suidaea des membres assez longs, robustes. Les
membres inférieurs portent des callosités au niveau des genoux sur lesquels il s’appuie lorsqu’il est au pâturage.
La queue, portée à la verticale lorsque l’animal court, est longue, fine, terminée par un toupet de poils noirs.
La tête est massive avec un groin aplati et élargi par la base des canines, des yeux petits et des oreilles petites
et pointues. Chaque joue porte trois verrues infra-oculaire, pré-orbitaire et mandibulaire, la première
particulièrement protubérante chez le mâle. Les canines supérieures sont très développées (30 cm de longueur
moyenne), surtout chez le mâle, redressées vers le haut pour former un arc de cercle. Les inférieures sont plus
réduites, obliques et tranchantes. La femelle est plus petite et moins lourde que le mâle avec deux paires de
verrues uniquement et des canines moins saillantes.
POTAMOCHÈRE (Potamochoerus porcus) (Linnaeus, 1758)
Ordre : Artiodactyles ; Famille : Suidae
Identification : L : 100-145 cm ; Hg : 55-80 cm; poids: 45-115 kg
Biologie : La gestation s’étend sur environ 4 mois et conduit à la
naissance de 3-7 marcassins, en général à la saison le plus
favorable au niveau alimentaire. Deux portées par an ont été
observées. La femelle allaite les petits et le mâle dominant à la
charge de leur entière protection. À l’âge de six mois, ils sont
exclus de la harde.
Description : Le Potamochère, encore appelé Porc rouge des rivières (Afrique occidentale) ou Porc des bois
(Afrique du Sud), à la morphologie d’un porc domestique avec une tête allongée et un corps trapu et robuste
mais aplati latéralement. La robe, constituée de poils longs et grossiers (plus denses sur les flancs), est de
couleur très variable selon l’âge de l’animal mais surtout au sein de son aire de distribution, de brun rouge
(Afrique de l’Ouest) à roux clair (Afrique centrale et australe) mais pouvant devenir brun foncé ou presque
noire. Une courte crinière dorsale blanche ou jaunâtre, érectile, s’étend de la nuque à la naissance de la queue.
La tête, portée par un cou très court, et plus étroite que celle du Phacochère, est contrastée de noir et blanc. Le
sommet du crâne et les joues sont clairs alors que les parties inférieures de la face sont foncées. De chaque côté
de la tête, au niveau de l’angle de la mâchoire inférieure, se trouvent des touffes denses de poils blancs ou
jaunâtres (favoris) qui s’étendent parfois le long de la base de la mâchoire. En Afrique de l’Ouest, les favoris
et le tour des yeux sont blancs et la gorge est également couverte de longs poils blancs ou plus ou moins
jaunâtres. Les oreilles, allongées, sont prolongées par des pinceaux de longs poils d’où le nom de Potamochère
à pinceaux donné parfois à ce porc sauvage. Les bords extérieurs sont frangés de poils blancs ou jaunâtres. La
face, qui possède des glandes préorbitaires, ne porte pas de verrues comme chez le Phacochère : elles ne sont
présentes et peu proéminentes que chez les vieux mâles. Le museau, allongé, est terminé par un groin aplati.
Les défenses sont beaucoup moins développées que chez le Phacochère. Les canines supérieures, pouvant
atteindre 7,5 cm de longueur, sont enveloppées à leur base par des excroissances épaisses d’os et débordent
peu de la cavité buccale. Les inférieures, mesurant jusqu’à 19 cm de long, et en frottement permanent avec les
supérieures, sont pointues, avec des bords effilés et constituent de véritables armes. La queue est relativement
courte et terminée par un toupet de poils noirs. Les pattes sont courtes et noires, avec des taches blanches sur
les inférieures chez le Potamochère d’Afrique de l’Ouest. Les sabots sont plus larges que ceux du Phacochère.
Des glandes digitales et carpiennes ou tarsiennes sont présentes. Le mâle est généralement plus gros que la
femelle.

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