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CADRE LESGISLATIF ET REGLEMENTAIRE CONGOLAIS DE LA

PROTECTION ENVIRONNEMENTALE

0. INTRODUCTION

La protection de l’environnement est devenue un credo, un principe constitutif des

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critères de définition d’un Etat de droit, comme valeur sacrosainte de l’être ensemble, du
bien-être des peuples. Les préoccupations environnementales accèdent à la haute dignité
de dispositions constitutionnelles pour la première fois en République du Congo, dans
l’Acte fondamental portant organisation des pouvoirs publics durant la période de
transition en 1991. Deux fois le constituant évoque l’environnement comme une
prérogative constitutionnelle, le droit à un environnement sain avec imputation à l’Etat
du devoir de le protéger, en son article 21 qui dispose : « Chaque citoyen a droit à un
environnement sain que l’Etat a l’obligation de protéger ».

En 2002 cet article est renforcé et accueille de nouvelles exigences à savoir, l’exigence
du durable et la reconnaissance du droit à la justice environnementale, tel qu’il apparait
aux termes de l’article 35 suivant : « Tout citoyen a droit à un environnement sain,
satisfaisant et durable et a le devoir de le défendre. L’Etat veille à la protection et à la
conservation de l’environnement ». La Constitution du Congo de 2015 prend le relais et
entérine ces acquis constitutionnels. Depuis 1991, la loi n°003-91 porte le destin de la
protection de l’environnement en République du Congo, complété par une panoplie de
textes législatifs et réglementaires. Les intérêts théorique et pratique de ce chapitre
consistent respectivement en la découverte des règles qui encadrent la protection de
l’environnement au Congo-Brazzaville et les stratégies de leur mise en œuvre. La
question centrale de cette partie du cours est celle de savoir : quels sont les aspects
majeurs de la législation congolaise en matière de protection de l’environnement ? Pour
répondre à cette question l’on examinera la protection de l’environnement des ressorts
naturel (I) et culturel.
I. L’environnement du ressort naturel

Sous cet intitulé, l’on entend rendre sommairement compte du cadre législatif et
réglementaire congolais en matière de la sauvegarde des écosystèmes et de la

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biodiversité. A partir de la Loi 003-91 du 23 avril 1991, il est possible d’analyser le droit
de la protection des espèces (A) et des espaces (B) de ressort naturel.

A. Les espèces naturelles


Les espèces naturelles correspondent, dans le cadre de ce cours à la faune (1) et à la
flore (2) qui jouissent d’une protection juridique.
1. La Faune

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Le cadre juridique des espèces habituellement connues sous les vocables écosystèmes et
biodiversité, faune et flore, renvoie à la conservation de la végétation et des êtres
vivants, pour le dire prosaïquement. C’est au Titre 3 de la Loi 003-91 du 23 avril 1991
et des articles 11 à 20 que le législateur congolais fixe les règles qui régissent cette
matière en droit de l’environnement, en dehors des conventions et des traités signés et
ratifiés, comme la Convention africaine sur la conservation de la nature et les ressources
naturelles, d’Alger (15 septembre 1968), ratifiée par la Loi no 27/80 du 21 avril 1980 et
le décret du 29 avril 1981 ; La convention de Londres relative à la protection de la faune
et de la flore en Afrique, du 8 septembre 1933, ratifiée par le Congo par la Loi du 8
novembre 1937 et le Décret du 31 mai 1938 ; La convention sur la conservation des
espèces migratrices appartenant à la faune sauvage ou convention de Bonn de 1985,
ratifiée par la Loi no 14/99 du 3 mars 1999.
2.La flore
Le Congo est également partie des conventions sur la conservation des espèces végétales
comme l’Accord international sur les bois tropicaux, du 18 novembre 1983, ratifié par la
Loi no41/84 du 7 septembre 1984.
Substantiellement, la convention de la faune et de la flore implique deux mesures
restrictives : la proscription de certaines conduites et le classement des aires protégées.
En vue d’obtenir la protection effective de la faune et de la flore, le législateur retient
quelques mesures de proscriptions. Au titre de cette Loi, sont proscrits :
- Les feux de brousses ou incendies des broussailles, hormis les feux stratégiques
encadrés par la Loi, prévu à l’article 16 qui ont un caractère préventif jouant le
rôle de créateur de pare-feu des aires protégées.
- L’abattage ;
- La chasse ;
- La capture de la faune sauvage protégée ;
- La destruction de l’Habitat de type d’espèce ;

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Toutefois, pour des fins scientifiques, une dérogation à ce principe protecteur peut être
accordée par l’Autorité publique compétente (art. 19).
Quant aux aires protégées, il faut dès l’entame signifier qu’il pourrait s’agir d’un régime
privatif de propriété, qui constitue la violation d’un droit plus que constitutionnel,
fondamental :
« Les droits de propriété et de succession sont garantis. Nul ne peut être privé de sa
propriété que pour cause d’utilité publique, moyennant une juste et préalable indemnité,

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dans les conditions prévues par la Loi » (art. 23, Constitution du 25 octobre 215).
En rapport avec cette disposition constitutionnelle, le classement des aires protégées
constituant une privation de jouissance d’une propriété, dans le cas où le régime foncier
est établi, le législateur congolais se prévalant du caractère d’utilité publique de cette
mesure, affirme : « Lorsque le classement des aires reconnues d’intérêt particulier pour
la protection de la faune et de la flore entraîne un préjudice certain et direct, il peut
donner droit à une indemnisation de la part de l’Administration au profit du propriétaire
ou titulaire des droits réels » (art. 12 de la Loi 003-91 du 23 avril 1991). Les aires
protégées identifiées au Congo se présentent ainsi qu’il suit :

Aires protégées Année de classement Superficie (ha)


Parc national Nouabalé –Ndoki 1993/2003 421.592
Parc national d’Odzala Kokoua 1935 -1955 et 1999 1.354.600
Parc national de Conkouati-Douli 1980/1999 504.950
Réserve de faune de la Léfini 1951 et 1984 630.000
Réserve de faune de la Tsoulou 1963 et 1984 30.000
Réserve de faune du Mont Fouari 1958 15.600
Réserve de faune de Nyanga-Nord 1958 7.700
Domaine de chasse de Mont 1958 42.000
Mavoumbou
Domaine de chasse de Nyanga Sud 1958 23.000
Réserve communautaire du Lac 1999 438.960
Télé
Réserve Naturelle de Lossi 1999 35.000
Réserve Naturelle de Lésio-Louna 1999 44.000
Réserve Naturelle de Tchipounga 1999 7.000
Réserve de la biosphère de 1988 136.000
Dimonika
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Réserve Forestière de la Patte d’Oie 1938 38 
B. Les espaces naturels

Il faut rappeler que, depuis la convention de Montevideo du 26 Décembre 1933 un Etat


se reconnaissait déjà par l’exercice la souveraineté entre autre sur son territoire qui
s’entend des espaces aériens, terrestre et maritime. C’est le principe de souveraineté
traduit à Rio par le droit de l’« … l’Etat de disposer librement de ses ressources

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naturelles, sans préjudice toutefois des obligations qui découlent des conventions
internationales auxquelles il est partie. Il a l’obligation, notamment d’assurer la gestion
durable de l’environnement dans les limites de l’espace territorial sous juridiction
nationale ; ». C’est ce qui ressort de l’article 1 er de la Loi suscité qui précise son champ
d’application. Il y est énuméré justement des espaces aériens et terrestres et des eaux
sous juridiction congolaise. Ainsi donc c’est à juste titre que la protection de
l’atmosphère (1), des espaces terrestres (de eaux et des sols) (2) préoccupe le législateur
congolais.
1. L’espace aérien : l’atmosphère

L’atmosphère joue un rôle unique dans la gestion du rayonnement solaire dont l’impact
sur la vie humaine et son environnement est une condition de vie ou de mort. Dans ce
sens l’émission dans l’atmosphère de certaines substances toxique a été identifié comme
cause du réchauffement climatique dérèglement climatique au cœur d’une croisade
diplomatique entre les Etats.
Dans ce cadre, plusieurs instruments juridiques internationaux et conventionnels signés
et ratifiés par le Congo font partie du paysage normatif en vigueur. C’est, en guise
d’illustration : de l’Accord de coopération et concertation entre les États d’Afrique
Centrale sur la conservation de la faune sauvage, Libreville 16 avril 1983, ratifié par la
Loi no 047/84 du 7 septembre 1984. Et à la Convention de Ramsar sur les zones humides
d’importance internationale particulièrement comme habitats des oiseaux d’eau, 2
février 1971, ratifiée par la Loi no 28/96 du 25 juin 1996 et son incidence sur la question
des tourbières à la mode.
La protection de l’atmosphère consiste, au titre de la loi sur la protection de
l’environnement au Congo, en la proscription de substance polluante toxique à la couche
d’ozone et pouvant polluer l’air. Est-il besoin de rappeler que le législateur congolais

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protège ce faisant des risques de dégradation de la santé des populations exposées à
l’inhalation de l’air malsain ? (Art 1er, alinéa 4 de la Loi n°003-91 du 23 Avril 1991).

D’ailleurs, en France, le ministre de santé publique fut à la fois l’initiateur des mesures
de lutte contre la pollution de l’atmosphère et l’autorité compétente dans la matière. Le
décret 60-789 du 28 Juillet 1960 disposait, aux termes de l’article 1er : « Le ministre de
la santé publique et de la population est chargé de coordonner les mesures de lutte

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contre la pollution de l’atmosphère en accord avec les autres ministres intéressés. A ce
titre il contresigne les projets de lois ou textes règlementaires intervenants dans un
domaine qui peut avoir des répercutions sur la santé publique en raison de la pollution
atmosphérique » 1La prise en charge de cet aspect sanitaire lié à la protection de
l’atmosphère est par ailleurs distincte dans la Loi sur la protection de l’environnement
au Congo. Il s’agit, en dehors de la coopération interministérielle, d’un ensemble
instruments législatifs.

2. Les espaces terrestres : les sols et les eaux.


L’eau est objet d’une inflation normative. Il est reconnu que « L’eau peut modeler
l'Histoire. Faire ou défaire un roi, être instrument d'oppression ou même arme de guerre
»2. Etant donné son rapport spécialement étroit à la vie tant individuelle que
communautaire, l’eau est une des ressources les plus encadrées tant en droit
international qu’en droit interne. En effet, les ressources en eau font l’objet de plus de
3600 accords adoptés par la société internationale 3. Aussi, la législation congolaise, lui
consacre-t-elle une protection juridique appropriée4 cristallisée par la Loi N°13-2003 du
1
Prieur M, et alii, Droit de l’environnement, 8e Ed ; Paris, Dalloz, 2019, p. 277.
2
Le Monde, 28 Janvier 2000, p. 27. Cité par, Boutruche Theo, « Le statut de l’eau en droit international
humanitaire », RICR, Décembre, 2000 VOL.82 N°840 887, p.1.
3
Cf. Jesse H. Hammer et Aaron T. Wolf, « Patterns in international water resource treaties : the Transboundary
Freshwater Dispute Database », dans Colorado Journal of International Environmental Law and Policy, Vol. 9,
1998, pp. 157-177, cité par Maria Tagnino, Water international peace and security, International of the Red
Cross, Vo. 92, n°879, Septembre 2010, pp.647-674.
4
« Divers règlements complètent ce dispositif légal : le décret n° 2008-66 du 3 avril 2008 portant approbation
des statuts de l’organe de régulation du secteur de l’eau (ORSE) ; le décret n° 2008-85 du 16 avril 2008 fixant
les modalités et les conditions d’exercice de l’activité de production autonome de l’eau ; le décret n° 2008-559
du 28 novembre 2008 portant approbation des statuts du fonds de développement du secteur de l’eau (FDSE); le
décret n° 2010-807 du 31 décembre 2010 portant approbation des statuts de l’agence nationale de l’hydraulique
rurale (ANHYR) ; le décret n° 2010-809 du 31 décembre 2010 fixant les conditions et les modalités d’exercice
des activités de travaux et de prestations de services dans le secteur de l’eau et de l’assainissement; le décret n°
2010-822 du 31 décembre 2010 portant approbation de la stratégie de développement des secteurs de l’énergie
électrique, de l’eau et assainissement ; ainsi que différents autres décrets et arrêtés. Le dispositif juridique
régissant le secteur de l’eau doit idéalement être complété et renforcé » Cf. Dr. Sancy Lenoble Matschinga La
législation sur l’eau en République du Congo, 25 juin 2014.

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10 avril 2003 portant code l’eau dont l’article 2 signie en des termes précis le champs
d’application suivant : « Le présent code a pour objet la mise en œuvre d'une politique
nationale de l'eau visant à :

- assurer une utilisation rationnelle de la ressource en eau afin de répondre aux


besoins en eau des usagers sur l'ensemble du territoire de la République dans des
conditions de quantité et de prix satisfaisantes ;

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- prévenir les effets nuisibles de l'eau;
- lutter contre la pollution de l'eau ».
Cette consécration de la protection de l’eau est complétée par bien d’autres lois et un
cadre réglementaire abondant. L’on note entre autre :

- la loi n° 5-67 du 15 juin 1967 portant création de la société nationale de


distribution d’eau (SNDE) ;
- la loi n° 003/91 du 23 avril 1991 sur la protection de l’environnement ;
- la loi n° 10-2003 du 6 février 2003 portant transfert des compétences aux
collectivités locales ;
- la loi n° 31-2003 du 24 octobre 2003 portant détermination du patrimoine des
collectivités locales ;
- la loi n° 38-2008 du 31 décembre 2008 portant création de l’agence nationale de
l’hydraulique rurale (ANHYR).

Pour mettre en œuvre la politique nationale de protection et distribution d’eau, le code


de l’eau institue un cadre organique aux termes de l’article 5 qui dispose : « Il est
institué un organe consultatif dénommé « Conseil consultatif de l'eau », chargé de veiller
à la gestion globale, intégrée et concertée des ressources en eau. Le Conseil consultatif
de l'eau est placé sous la responsabilité du ministre chargé de l'eau. Il est composé de
représentants des principales catégories d'acteurs du secteur ».

L'organisation et les règles de fonctionnement du Conseil consultatif de l'eau sont fixés


par voie réglementaire. L’on notera dans ce cadre liminaire, deux mesures retenues par
ce code régissant le domaine de l’eau et le code de l’environnement.

Le premier concerne le rattachement, au nom de l’utilité publique, du réseau


hydrographique national à l’Etat comme propriété exclusive, en le soustrayant, par ce
fait même, de toute possibilité d’appropriation individuelle et consacre en conséquence
une insusceptibilité de droit personnel de propriété. L’article 6 de la loi n° 13-2003 du
10 avril 2003 portant Code de l’eau, dispose à cette fin :

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1.Les cours d'eau, les lacs, les étangs et les lagunes, les nappes d'eau souterraine et les
sources, tels que définis à l'article 13.2 de la loi n° 52-83 du 21 avril 1983 portant code
domanial et foncier et à l'article 5 de la loi n° 23-82 du 7 juillet 1982 portant code
minier, constituent le domaine public hydraulique. 2. L'Etat a la pleine et libre
disposition du domaine public hydraulique. Il dispose d'un droit général d'utilisation des
eaux qui le composent et en assure la gestion, directement ou en ayant recours à des
tiers, conformément aux dispositions du présent code ».

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La seconde mesure porte, à proprement parler, sur la protection de l’eau dans la
perspective de sa sécurisation et de la durabilité environnementale. C’est à l’article 28,
de la loi 003-91 du 23 avril sur la protection de l’environnement que le législateur
congolais énonce le principe de la protection de l’eau.
La pollution de l’eau par le déversement, l’écoulement, le rejet ou le dépôt direct de
tout ce qui est de nature à altérer la qualité de l’eau est proscrite. Dans ce sens, l’article
32 de la Loi sus citée sur la protection de l’environnement est d’une clarté notable. Il
dispose : « l’usage de de produits toxiques et d’explosif dans les eaux sous juridiction
congolaise est interdit ». Cependant l’on note un aménagement encadré à ce principe de
non pollution des eaux justifié par une sorte de « responsabilité de protéger », du moins,
justifiable par l’exigence d’assistance à personnes en danger ».
A cet effet, l’article 29 dispose que « Les dispositions de l'article 28 ne s'appliquent pas
au rejet d'hydrocarbures ou de mélange d'hydrocarbures effectué par un navire pour
assurer sa propre sécurité ou celle d'un autre navire, pour éviter une avarie à la
cargaison, ou sauver des vies humaines en danger. Le rejet visé à l'alinéa ci-dessus est
soumis à autorisation préalable de l'Autorité maritime ou fluviale ». Cette autorisation, à
« légalement polluer les eaux » n’exonère pas pour autant le pollueur de sa
responsabilité de nettoyer après s’être mis hors de danger.

Par ailleurs, dans la mesure où cela ne porte pas atteinte à l’environnement notamment
au milieu aquatique, à ses ressources, à ses utilisations et ses utilisateurs, cette exception
s’étend aux opérations d’incinérations, aux déversements ou à l’immersion de certaines
substances non visées ou interdites par la présente loi en mer (article 30). A ce moment-
là, une autorisation des Ministres chargés respectivement de l'environnement et de la
marine marchande par un arrêté conjoint est requise.

Quant aux sols, ils ne se soustraient à l’attention du législateur. En effet, l’activité


agricole est réputée indispensable pour le développement économique des Etats. Elle a

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souvent été empreinte des pratiques novatrices qui induisent, dans l’objet de la
performance et de la productivité, l’usages des nouvelles technologies. Celles-ci incluent
le recours aux substances organiques certes, mais également chimiques, en guise
d’engrais ou pesticides. Dans ce sens, il apparait que le sol s’en retrouvent quelque fois
appauvri outre mesure, en violation des principes du développement durable.

Le législateur congolais prévient cette éventualité dommageable, et prévoit aux termes

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de l’article 34 des mesures protectrices. Il subordonne notamment leur usage à
Autorisation préalable. L’article évoqué dispose : « Sans préjudice de l’application des
dispositions législatives et réglementaires en vigueur, la production, l'importation, la
vente et l'utilisation des pesticides agricoles ou produits assimilés sont soumises à
autorisation du ministre chargé de l'environnement ». En plus, à l’article 36 : « lorsqu'un
engrais ou un pesticide s'avère nuisible ou dangereux pour l'environnement, l'homme,
les animaux ou les végétaux, le ministre chargé de l'environnement peut procéder
d'office à des restrictions concernant la production, l'importation, l'utilisation ou le
commerce d'un tel engrais ou pesticide. »

Par ailleurs, dans le cadre de la réalisation des travaux, l’intérêt de l’intégrité des sols est
mis en avant ici (article 37) : les travaux ouvrages et aménagements susceptibles de
nuire à la conservation des sols et d'engendrer l'érosion, notamment la perte des terres
arables, la pollution du sol et du sous-sol, sont soumis à autorisation préalable du
ministre chargé de l'environnement ».

II. Protection de l’environnement du ressort culturel

Entendu prosaïquement comme tout ce qui environne l’homme, l’environnement


comprend, en outre des écosystèmes et la biodiversité, l’ensembles des œuvres
humaines qui expriment une vision collective du monde, des idéologies et qui
constituent un patrimoine commun de la communauté nationale, internationale. Dans ce
sens, on peut voir que les établissements humains (B) sont concomitamment régis par le
code de l’urbanisme et la loi sur l’environnement (A).

A. Concomitance juridique des matières environnementales et


urbanistiques.

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En effet, la planification urbaine tend de plus en plus à devenir un domaine
équitablement régulé essentiellement par les normes environnementales et urbanistiques,
outre les techniques de la construction dont il faut tenir compte. Il s’agit par exemple de
la norme impérative consacrée à l’article 2 à savoir : « Tout projet de développement
économique en République Populaire du Congo doit comporter une étude d'impact sur
l'environnement ».
Cette précaution est légitime et s’explique normalement. De fait, une planification est

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toujours mutation d’un environnement à un autre : du naturel à l’artificiel. Et l’enjeu de
la loi est que cette mutation préserve le de bien-être que procure la nature en plus de
l’apport de l’urbanisme comme il sera développé plus loin dans les exigences actuelles
de développement durable. Aussi, en matière de certaines installations réputées
dangereuses, le législateur subordonne-t-il la délivrance des autorisations au document
d’urbanisme ainsi qu’il ressort de l’article 41, alinéa 2 de la présente Loi congolaise sur
l’environnement ainsi qu’il suit : « La délivrance de l'autorisation est subordonnée à
l'éloignement de l'installation des habitations, des immeubles habituellement occupés par des
tiers, des installations fréquentées par le public, des cours d'eau ou des zones destinées à
l'habitation telles que définies par les documents d'urbanisme opposables aux tiers ».
Ces mesures sont au demeurant transversales au droit de l’environnement et au droit de
l’urbanisme et de la construction. Les articles suivants de la Loi n°6-2019 du 5 mars
2019 portant code de l’urbanisme en République du Congo disposent par exemple :

- Article 2 : Sont interdites, sauf prescriptions spéciales :


les constructions dans les zones exposées à des risques naturels possibles tels
que l’inondation, l’érosion, l’éboulement, l’affaissement, les sables
mouvants, ou autres ; les constructions dans les zones et les emprises
soumises à des servitudes sur lesquelles il est interdit de bâtir, y compris les
carrières de pierre et de sable ;

- Article 12 : « Les constructions qui, en raison de leur nature ou de leur


importance, présentent des risques particuliers pour la sécurité des
personnes et des biens doivent faire l’objet d’une notice ou d’une étude
d’impact environnemental et social ».

- Article 40 : Le schéma directeur d’urbanisme se compose d’un rapport et


des documents graphiques. Le rapport présente : (…) alinéa 4 : -
l’analyse de l’état initial de l’environnement et la mesure dans laquelle le
schéma prend en compte le souci de sa préservation » ;

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- Article 54 : « Le plan local d’urbanisme comprend : (…) [alinéa 9] : -
l’évaluation environnemental »
- Article 68 : Le plan sommaire d’urbanisme comprend : [alinéa 9] -
l’évaluation environnemental »

Le cloisonnement du code de l’urbanisme et la loi sur la protection de l’environnement sonne


le glas des nouvelles exigences d’aménagement du territoire, de la planification urbaine. La

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configuration coloniale des villes africaines s’est montrée favorable au développement des
problèmes structurels qui les transforment en des villes cruelles, pour pasticher le titre de la
fiction littéraire du romancier camerounais EZA BOTO où il est question d’un Tanga Nord
pour Blancs et où se concentrent les services publics et un Tanga sud pour Nègres où
s’assemblent toutes les pénuries « des réseaux d’eau courante, d’électricité, de voirie urbaine,
d’assainissement, de transports en commun et des équipements de base » identifiés
aujourd’hui encore dans le Schémas Directeur d’Urbanisme de la ville de BZV (p.3). Les
défis urbanistiques de ville verte et non pas noire où les criminels dits « bébés noirs » trouvent
un cadre opérationnel idéal ; défis de ville saine et durable mais non pas puante et distributive
de morbidité, ces défis trouvent ici sens et urgence. L’imaginaire urbanistique dans nos
grandes villes doit prendre en compte ces paramètres pour aller vers l’établissement d’un
urbanisme favorable à l’ordre publique.

B. Protection des établissements humains

Il faut entendre par établissement humains, suivant les dispositions de l’article 3 de la


Loi en étude, « toutes les agglomérations urbaines et rurales, quelle que soit leur taille,
ainsi que l'ensemble des infrastructures dont elles disposent pour assurer l'existence des
habitants ».
Les villes sont protégées par la loi, de toute atteintes d’ordre physique. Il s’agit
notamment de tout comportement polluant et de tout acte de vandalisme.
Au titre de l’article 48 de la Loi n°003-91 du 23 avril 1991 sur la protection de
l’environnement « Il est interdit de déposer ou d’abandonner des déchets dans des
conditions favorisant le développement des vecteurs de maladies ou susceptibles de
provoquer des dommages aux personnes et aux biens, ou de développer des odeurs ou
autres nuisances incommodantes ».
Si du point de vue législatif, la volonté de créer un environnement sain est manifeste
dans les textes en vigueur, il y a néanmoins lieu de nuancer l’effectivité de ces mesures,

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étant donné le visage déconcertant des grandes villes du Congo, BZV et PN, nonobstant
le contrat de ramassage d’ordures avec la société AVERDA. La question des déchets
urbains au Congo reste posée à l’urbaniste.
Les démolitions d’origine idéologique sont proscrites. C’est sous le régime de la
protection du patrimoine culturel, historique et architectural consacrée par cette loi, qu’il
convient de saisir cette précaution législative.
En effet, il en va de l’intérêt des générations présentes de préserver les œuvres réalisées

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par les générations passées, expression de la vision collective du monde d’une société et
de ses idéologies. Ce type de patrimoine constitue un « environnement » déterminant
pour l’épanouissement psychosocial des peuples étant donné notamment qu’ils
deviennent partie prenante de l’identité du peuple. C’est l’esprit l’article 9 de cette loi
qui dispose : « Le patrimoine culturel, historique et architectural est protégé par la loi.
Un décret pris en Conseil des Ministres précise les conditions et les modalités de
protection du dit patrimoine ».
Il faut faire allusion dans cette perspective à la jurisprudence de la justice internationale
pour souligner l’importance plus, la gravité de la protection du patrimoine historique de
l’humanité. De fait, le 27 septembre 206, la Cour pénale international s’était autos-saisie
sur l’affaire de la destruction du Mausolée de Tombouctou classé patrimoine mondiale
de l’Unesco depuis 1988, contre Ahmad Al-Mahdi reconnu pour la première fois de
l’histoire, coupable de crime de guerre contre un patrimoine culturel. Cette
jurisprudence internationale qui traduit des avancées inédites dans cette matière, montre
à quel point ce cadre environnemental est déterminant dans la définition du bien-être de
l’homme et la sécurité internationale. La disposition légale soulignée supra est ordonnée
au même but et jouit d’une même importance. C’est ce qui justifie, par ailleurs
l’importance de l’attention étendue du législateur qui reprend cette protection dans le
code d’urbanisme tel qu’il en découle des articles suivants : Article 2 : « Sont interdites,
sauf prescriptions spéciales (...) [alinéa 2] :
- les constructions dans les aires protégées, les zones de mise en défens, les sites
abritant le patrimoine archéologique, les zones pétrolières et gazières, les jardins,
les parcs zoologiques ou botaniques, les aires de détente ou de sport, les aires
agropastorales et ou aquacoles ou à vocation agropastorale et/ou aquacole

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- Article 195 : L’avis favorable du service technique chargé du patrimoine culturel
territorialement compétent doit être requis avant l’exécution de tous travaux de
restauration immobilière sur des immeubles classés monuments et sites historiques.

- Article 205 : L’autorité locale compétente de la circonscription administrative concernée


met en place une commission technique chargée de l’instruction des demandes de
permis de construire. La commission technique siège dans un guichet unique

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informatisé ouvert dans la circonscription administrative concernée.

- Pour les ouvrages implantés dans une zone de préservation du patrimoine ou dans une
zone de restauration, la commission technique doit consulter le service chargé des
monuments et sites
- Article 223 : Quiconque désire démolir, en tout ou partie un bâtiment, à quelque
usage qu’il soit affecté, doit au préalable, obtenir un permis de démolir dans les
cas suivants :
- 1) Lorsque ce bâtiment est situé à l’intérieur de :

- un site classé ;
- un secteur sauvegardé ; - un périmètre de restauration immobilière ;
- une zone d’environnement protégé ;
- une zone de protection de patrimoine urbain ;
- une zone de protection de monuments et de sites naturels et culturels.
- 2) Lorsque le bâtiment est situé à l’intérieur de :

- monument historique ;
- monument artistique ;
- immeuble classé.

Il faut par ailleurs noter l’aggravation de la pénalité qui se justifie par la précaution de la
sauvegarde du patrimoine culturel. Le législateur affirme, aux termes de l’article 26
que : « Lorsque les infractions sont constatées dans une zone de préservation du patrimoine ou
lorsqu’il s’agit d’un immeuble classé ou d’un immeuble situé dans une zone agropastorale et/ou
aquacole ou à vocation agropastorale et/ou aquacole, les peines sont une amende d’un million (1
000 000) de francs CFA à cinq millions (5 000 000) de francs CFA et d’un emprisonnement de
un an à cinq ans ou de l’une de ces peines seulement ». Il apparait que le régime juridique de
telles installation passe des privilèges de zone non aedificandi aux circonstances
aggravantes dans l’ordre de la répression pénale des infractions qui leur porte atteinte.

Int. Au droit congolais de l’environnement. M. Bassimas m.ng. Edmond


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Int. Au droit congolais de l’environnement. M. Bassimas m.ng. Edmond

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