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PROTECTION ENVIRONNEMENTALE
0. INTRODUCTION
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critères de définition d’un Etat de droit, comme valeur sacrosainte de l’être ensemble, du
bien-être des peuples. Les préoccupations environnementales accèdent à la haute dignité
de dispositions constitutionnelles pour la première fois en République du Congo, dans
l’Acte fondamental portant organisation des pouvoirs publics durant la période de
transition en 1991. Deux fois le constituant évoque l’environnement comme une
prérogative constitutionnelle, le droit à un environnement sain avec imputation à l’Etat
du devoir de le protéger, en son article 21 qui dispose : « Chaque citoyen a droit à un
environnement sain que l’Etat a l’obligation de protéger ».
En 2002 cet article est renforcé et accueille de nouvelles exigences à savoir, l’exigence
du durable et la reconnaissance du droit à la justice environnementale, tel qu’il apparait
aux termes de l’article 35 suivant : « Tout citoyen a droit à un environnement sain,
satisfaisant et durable et a le devoir de le défendre. L’Etat veille à la protection et à la
conservation de l’environnement ». La Constitution du Congo de 2015 prend le relais et
entérine ces acquis constitutionnels. Depuis 1991, la loi n°003-91 porte le destin de la
protection de l’environnement en République du Congo, complété par une panoplie de
textes législatifs et réglementaires. Les intérêts théorique et pratique de ce chapitre
consistent respectivement en la découverte des règles qui encadrent la protection de
l’environnement au Congo-Brazzaville et les stratégies de leur mise en œuvre. La
question centrale de cette partie du cours est celle de savoir : quels sont les aspects
majeurs de la législation congolaise en matière de protection de l’environnement ? Pour
répondre à cette question l’on examinera la protection de l’environnement des ressorts
naturel (I) et culturel.
I. L’environnement du ressort naturel
Sous cet intitulé, l’on entend rendre sommairement compte du cadre législatif et
réglementaire congolais en matière de la sauvegarde des écosystèmes et de la
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Le cadre juridique des espèces habituellement connues sous les vocables écosystèmes et
biodiversité, faune et flore, renvoie à la conservation de la végétation et des êtres
vivants, pour le dire prosaïquement. C’est au Titre 3 de la Loi 003-91 du 23 avril 1991
et des articles 11 à 20 que le législateur congolais fixe les règles qui régissent cette
matière en droit de l’environnement, en dehors des conventions et des traités signés et
ratifiés, comme la Convention africaine sur la conservation de la nature et les ressources
naturelles, d’Alger (15 septembre 1968), ratifiée par la Loi no 27/80 du 21 avril 1980 et
le décret du 29 avril 1981 ; La convention de Londres relative à la protection de la faune
et de la flore en Afrique, du 8 septembre 1933, ratifiée par le Congo par la Loi du 8
novembre 1937 et le Décret du 31 mai 1938 ; La convention sur la conservation des
espèces migratrices appartenant à la faune sauvage ou convention de Bonn de 1985,
ratifiée par la Loi no 14/99 du 3 mars 1999.
2.La flore
Le Congo est également partie des conventions sur la conservation des espèces végétales
comme l’Accord international sur les bois tropicaux, du 18 novembre 1983, ratifié par la
Loi no41/84 du 7 septembre 1984.
Substantiellement, la convention de la faune et de la flore implique deux mesures
restrictives : la proscription de certaines conduites et le classement des aires protégées.
En vue d’obtenir la protection effective de la faune et de la flore, le législateur retient
quelques mesures de proscriptions. Au titre de cette Loi, sont proscrits :
- Les feux de brousses ou incendies des broussailles, hormis les feux stratégiques
encadrés par la Loi, prévu à l’article 16 qui ont un caractère préventif jouant le
rôle de créateur de pare-feu des aires protégées.
- L’abattage ;
- La chasse ;
- La capture de la faune sauvage protégée ;
- La destruction de l’Habitat de type d’espèce ;
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dans les conditions prévues par la Loi » (art. 23, Constitution du 25 octobre 215).
En rapport avec cette disposition constitutionnelle, le classement des aires protégées
constituant une privation de jouissance d’une propriété, dans le cas où le régime foncier
est établi, le législateur congolais se prévalant du caractère d’utilité publique de cette
mesure, affirme : « Lorsque le classement des aires reconnues d’intérêt particulier pour
la protection de la faune et de la flore entraîne un préjudice certain et direct, il peut
donner droit à une indemnisation de la part de l’Administration au profit du propriétaire
ou titulaire des droits réels » (art. 12 de la Loi 003-91 du 23 avril 1991). Les aires
protégées identifiées au Congo se présentent ainsi qu’il suit :
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naturelles, sans préjudice toutefois des obligations qui découlent des conventions
internationales auxquelles il est partie. Il a l’obligation, notamment d’assurer la gestion
durable de l’environnement dans les limites de l’espace territorial sous juridiction
nationale ; ». C’est ce qui ressort de l’article 1 er de la Loi suscité qui précise son champ
d’application. Il y est énuméré justement des espaces aériens et terrestres et des eaux
sous juridiction congolaise. Ainsi donc c’est à juste titre que la protection de
l’atmosphère (1), des espaces terrestres (de eaux et des sols) (2) préoccupe le législateur
congolais.
1. L’espace aérien : l’atmosphère
L’atmosphère joue un rôle unique dans la gestion du rayonnement solaire dont l’impact
sur la vie humaine et son environnement est une condition de vie ou de mort. Dans ce
sens l’émission dans l’atmosphère de certaines substances toxique a été identifié comme
cause du réchauffement climatique dérèglement climatique au cœur d’une croisade
diplomatique entre les Etats.
Dans ce cadre, plusieurs instruments juridiques internationaux et conventionnels signés
et ratifiés par le Congo font partie du paysage normatif en vigueur. C’est, en guise
d’illustration : de l’Accord de coopération et concertation entre les États d’Afrique
Centrale sur la conservation de la faune sauvage, Libreville 16 avril 1983, ratifié par la
Loi no 047/84 du 7 septembre 1984. Et à la Convention de Ramsar sur les zones humides
d’importance internationale particulièrement comme habitats des oiseaux d’eau, 2
février 1971, ratifiée par la Loi no 28/96 du 25 juin 1996 et son incidence sur la question
des tourbières à la mode.
La protection de l’atmosphère consiste, au titre de la loi sur la protection de
l’environnement au Congo, en la proscription de substance polluante toxique à la couche
d’ozone et pouvant polluer l’air. Est-il besoin de rappeler que le législateur congolais
D’ailleurs, en France, le ministre de santé publique fut à la fois l’initiateur des mesures
de lutte contre la pollution de l’atmosphère et l’autorité compétente dans la matière. Le
décret 60-789 du 28 Juillet 1960 disposait, aux termes de l’article 1er : « Le ministre de
la santé publique et de la population est chargé de coordonner les mesures de lutte
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contre la pollution de l’atmosphère en accord avec les autres ministres intéressés. A ce
titre il contresigne les projets de lois ou textes règlementaires intervenants dans un
domaine qui peut avoir des répercutions sur la santé publique en raison de la pollution
atmosphérique » 1La prise en charge de cet aspect sanitaire lié à la protection de
l’atmosphère est par ailleurs distincte dans la Loi sur la protection de l’environnement
au Congo. Il s’agit, en dehors de la coopération interministérielle, d’un ensemble
instruments législatifs.
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- prévenir les effets nuisibles de l'eau;
- lutter contre la pollution de l'eau ».
Cette consécration de la protection de l’eau est complétée par bien d’autres lois et un
cadre réglementaire abondant. L’on note entre autre :
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La seconde mesure porte, à proprement parler, sur la protection de l’eau dans la
perspective de sa sécurisation et de la durabilité environnementale. C’est à l’article 28,
de la loi 003-91 du 23 avril sur la protection de l’environnement que le législateur
congolais énonce le principe de la protection de l’eau.
La pollution de l’eau par le déversement, l’écoulement, le rejet ou le dépôt direct de
tout ce qui est de nature à altérer la qualité de l’eau est proscrite. Dans ce sens, l’article
32 de la Loi sus citée sur la protection de l’environnement est d’une clarté notable. Il
dispose : « l’usage de de produits toxiques et d’explosif dans les eaux sous juridiction
congolaise est interdit ». Cependant l’on note un aménagement encadré à ce principe de
non pollution des eaux justifié par une sorte de « responsabilité de protéger », du moins,
justifiable par l’exigence d’assistance à personnes en danger ».
A cet effet, l’article 29 dispose que « Les dispositions de l'article 28 ne s'appliquent pas
au rejet d'hydrocarbures ou de mélange d'hydrocarbures effectué par un navire pour
assurer sa propre sécurité ou celle d'un autre navire, pour éviter une avarie à la
cargaison, ou sauver des vies humaines en danger. Le rejet visé à l'alinéa ci-dessus est
soumis à autorisation préalable de l'Autorité maritime ou fluviale ». Cette autorisation, à
« légalement polluer les eaux » n’exonère pas pour autant le pollueur de sa
responsabilité de nettoyer après s’être mis hors de danger.
Par ailleurs, dans la mesure où cela ne porte pas atteinte à l’environnement notamment
au milieu aquatique, à ses ressources, à ses utilisations et ses utilisateurs, cette exception
s’étend aux opérations d’incinérations, aux déversements ou à l’immersion de certaines
substances non visées ou interdites par la présente loi en mer (article 30). A ce moment-
là, une autorisation des Ministres chargés respectivement de l'environnement et de la
marine marchande par un arrêté conjoint est requise.
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de l’article 34 des mesures protectrices. Il subordonne notamment leur usage à
Autorisation préalable. L’article évoqué dispose : « Sans préjudice de l’application des
dispositions législatives et réglementaires en vigueur, la production, l'importation, la
vente et l'utilisation des pesticides agricoles ou produits assimilés sont soumises à
autorisation du ministre chargé de l'environnement ». En plus, à l’article 36 : « lorsqu'un
engrais ou un pesticide s'avère nuisible ou dangereux pour l'environnement, l'homme,
les animaux ou les végétaux, le ministre chargé de l'environnement peut procéder
d'office à des restrictions concernant la production, l'importation, l'utilisation ou le
commerce d'un tel engrais ou pesticide. »
Par ailleurs, dans le cadre de la réalisation des travaux, l’intérêt de l’intégrité des sols est
mis en avant ici (article 37) : les travaux ouvrages et aménagements susceptibles de
nuire à la conservation des sols et d'engendrer l'érosion, notamment la perte des terres
arables, la pollution du sol et du sous-sol, sont soumis à autorisation préalable du
ministre chargé de l'environnement ».
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toujours mutation d’un environnement à un autre : du naturel à l’artificiel. Et l’enjeu de
la loi est que cette mutation préserve le de bien-être que procure la nature en plus de
l’apport de l’urbanisme comme il sera développé plus loin dans les exigences actuelles
de développement durable. Aussi, en matière de certaines installations réputées
dangereuses, le législateur subordonne-t-il la délivrance des autorisations au document
d’urbanisme ainsi qu’il ressort de l’article 41, alinéa 2 de la présente Loi congolaise sur
l’environnement ainsi qu’il suit : « La délivrance de l'autorisation est subordonnée à
l'éloignement de l'installation des habitations, des immeubles habituellement occupés par des
tiers, des installations fréquentées par le public, des cours d'eau ou des zones destinées à
l'habitation telles que définies par les documents d'urbanisme opposables aux tiers ».
Ces mesures sont au demeurant transversales au droit de l’environnement et au droit de
l’urbanisme et de la construction. Les articles suivants de la Loi n°6-2019 du 5 mars
2019 portant code de l’urbanisme en République du Congo disposent par exemple :
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configuration coloniale des villes africaines s’est montrée favorable au développement des
problèmes structurels qui les transforment en des villes cruelles, pour pasticher le titre de la
fiction littéraire du romancier camerounais EZA BOTO où il est question d’un Tanga Nord
pour Blancs et où se concentrent les services publics et un Tanga sud pour Nègres où
s’assemblent toutes les pénuries « des réseaux d’eau courante, d’électricité, de voirie urbaine,
d’assainissement, de transports en commun et des équipements de base » identifiés
aujourd’hui encore dans le Schémas Directeur d’Urbanisme de la ville de BZV (p.3). Les
défis urbanistiques de ville verte et non pas noire où les criminels dits « bébés noirs » trouvent
un cadre opérationnel idéal ; défis de ville saine et durable mais non pas puante et distributive
de morbidité, ces défis trouvent ici sens et urgence. L’imaginaire urbanistique dans nos
grandes villes doit prendre en compte ces paramètres pour aller vers l’établissement d’un
urbanisme favorable à l’ordre publique.
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par les générations passées, expression de la vision collective du monde d’une société et
de ses idéologies. Ce type de patrimoine constitue un « environnement » déterminant
pour l’épanouissement psychosocial des peuples étant donné notamment qu’ils
deviennent partie prenante de l’identité du peuple. C’est l’esprit l’article 9 de cette loi
qui dispose : « Le patrimoine culturel, historique et architectural est protégé par la loi.
Un décret pris en Conseil des Ministres précise les conditions et les modalités de
protection du dit patrimoine ».
Il faut faire allusion dans cette perspective à la jurisprudence de la justice internationale
pour souligner l’importance plus, la gravité de la protection du patrimoine historique de
l’humanité. De fait, le 27 septembre 206, la Cour pénale international s’était autos-saisie
sur l’affaire de la destruction du Mausolée de Tombouctou classé patrimoine mondiale
de l’Unesco depuis 1988, contre Ahmad Al-Mahdi reconnu pour la première fois de
l’histoire, coupable de crime de guerre contre un patrimoine culturel. Cette
jurisprudence internationale qui traduit des avancées inédites dans cette matière, montre
à quel point ce cadre environnemental est déterminant dans la définition du bien-être de
l’homme et la sécurité internationale. La disposition légale soulignée supra est ordonnée
au même but et jouit d’une même importance. C’est ce qui justifie, par ailleurs
l’importance de l’attention étendue du législateur qui reprend cette protection dans le
code d’urbanisme tel qu’il en découle des articles suivants : Article 2 : « Sont interdites,
sauf prescriptions spéciales (...) [alinéa 2] :
- les constructions dans les aires protégées, les zones de mise en défens, les sites
abritant le patrimoine archéologique, les zones pétrolières et gazières, les jardins,
les parcs zoologiques ou botaniques, les aires de détente ou de sport, les aires
agropastorales et ou aquacoles ou à vocation agropastorale et/ou aquacole
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informatisé ouvert dans la circonscription administrative concernée.
- Pour les ouvrages implantés dans une zone de préservation du patrimoine ou dans une
zone de restauration, la commission technique doit consulter le service chargé des
monuments et sites
- Article 223 : Quiconque désire démolir, en tout ou partie un bâtiment, à quelque
usage qu’il soit affecté, doit au préalable, obtenir un permis de démolir dans les
cas suivants :
- 1) Lorsque ce bâtiment est situé à l’intérieur de :
- un site classé ;
- un secteur sauvegardé ; - un périmètre de restauration immobilière ;
- une zone d’environnement protégé ;
- une zone de protection de patrimoine urbain ;
- une zone de protection de monuments et de sites naturels et culturels.
- 2) Lorsque le bâtiment est situé à l’intérieur de :
- monument historique ;
- monument artistique ;
- immeuble classé.
Il faut par ailleurs noter l’aggravation de la pénalité qui se justifie par la précaution de la
sauvegarde du patrimoine culturel. Le législateur affirme, aux termes de l’article 26
que : « Lorsque les infractions sont constatées dans une zone de préservation du patrimoine ou
lorsqu’il s’agit d’un immeuble classé ou d’un immeuble situé dans une zone agropastorale et/ou
aquacole ou à vocation agropastorale et/ou aquacole, les peines sont une amende d’un million (1
000 000) de francs CFA à cinq millions (5 000 000) de francs CFA et d’un emprisonnement de
un an à cinq ans ou de l’une de ces peines seulement ». Il apparait que le régime juridique de
telles installation passe des privilèges de zone non aedificandi aux circonstances
aggravantes dans l’ordre de la répression pénale des infractions qui leur porte atteinte.