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Raoudha Ben Béchir Baklouti ISET SFAX Réglementation QSE

CHAPITRE 2
VEILLE REGLEMENTAIRE
ENVIRONNEMENTALE

La réglementation stricte qui entoure la notion d’environnement et de qualité


est aujourd’hui le reflet d’une société qui évolue. Pour mener à bien ces enjeux de
demain, des certifications peuvent être délivrées aux entreprises qui peuvent attester
de leurs actions concrètes en ce sens.

La norme ISO 9001 définit des exigences pour la mise en place d’un système
de management de la qualité pour les organismes souhaitant améliorer en permanence
la satisfaction de leur client et fournir des produits et services conformes. La norme
ISO 14001 quant à elle, s’intègre dans le cadre du respect de l’environnement et
repose également sur une démarche volontaire d’amélioration continue. Elle définit
une série d’exigences spécifiques à la mise en place d’un système de management
environnemental au sein d’une organisation.

Le droit de l’environnement en Tunisie assorti de plusieurs sanctions pénales


dans de nombreux domaines dans la mesure où le législateur n’a hésité à faire appel
aux dispositions du droit pénal afin d’assurer la protection de l’environnement. Ainsi
ce droit prévient les dommages, sanctionne et répare les préjudices.

Section 1 : Définition et champs d’application du droit de


l’environnement
Le droit de l’environnement est une branche juridique qui concerne
l’environnement et qui a pour objet la protection de l’environnement.

Paragraphe 1 : La notion de l’environnement :


La notion de l’environnement est une notion récente elle est définie comme étant
l’ensemble des éléments naturels et artificiels qui conditionnent la vie de l’homme. 1

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Voir Dictionnaire Larousse.

1
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Alors l’environnement, c’est ce qu’il ya autour de l’homme c’est le cadre de vie de


l’homme.

En droit tunisien, l’inscription constitutionnelle du droit de l’environnement est un


acquis majeur de la nouvelle constitution du 27 Janvier 2014. Quatre décennies de
développement socio-économique se sont traduites par des pressions considérables
sur l’environnement mettant en péril la capacité d’absorption et de régénération des
ressources naturelles.

Vers la fin des années 80, la Tunisie s’est engagée de façon résolue dans la vie du
développement durable, en plaçant la protection de l’environnement au cœur même
de l’œuvre de développement. Elle a pour cela développé rapidement un cadre
législatif et institutionnel dans ce domaine en adoptant une stratégie axée
essentiellement sur la recherche de solutions adéquates aux problèmes
environnementaux hérité des décennies précédentes. Cependant il n’existe pas en
droit Tunisien une loi générale qui a pour objectif de définir l’environnement. En
effet, c’est à l’occasion de la création de l’agence nationale de la protection de
l’environnement (ANPE) en 1988 que l’environnement a été défini. 2 Cette définition
semble générale car elle vise tout le monde physique qui constitue le cadre de la vie
de l’homme. Cette définition est aussi générale parce qu’elle englobe les deux
composantes essentielles de l’environnement. Ce sont les éléments naturels d’une
part et les éléments artificiels de l’autre part.

Concernant les éléments naturels, ils sont composés de la faune (animaux) et de la


flore (végétaux) et plus généralement du patrimoine biologique, ces éléments peuvent
être regroupés dans le terme « forêt», mais aussi on peut retrouver l’eau qui se
présente comme une source plurielle composée d’eaux douces (exemples : l’oued,
rivière et l’eau salés comme l’eau de la mer) et le sol tel que la forêt et les terres
agricoles.

Concernant les éléments artificiels, ils sont composés des espaces verts, les sites et
tous les éléments qui composent l’environnement culturel que ce soit dans son aspect
historique, esthétique ou archéologique.

2
Voir la définition de l’article 2 de la loi n° 88-2 du 2 Aout 1988 portant création de l’agence nationale de
protection de l’environnement, définie l’environnement comme suit « C’est le monde physique, y compris le sol,
l’air, les eaux sous terrains et les eaux de surface, ainsi que les espaces naturelles, le paysage, les sites et espaces
animales et végétales et d’une manière générale, c’est tous le patrimoine naturel ».

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Paragraphe 2 : Le droit de l’environnement une nouvelle branche de


droit:
La nature n’est plus considérée par la loi comme un décor ou un cadre abstrait,
mais plutôt comme un élément indispensable à la vie de l’homme, c’est pour cette
raison que la loi réserve à la nature un objectif de protection. En effet le droit de
l’environnement se construit, dans une première étape, en superposition à des autres
droits existants tels que le droit administratif et le droit civil, cette discipline n’avait
pas donc d’autonomie. De plus en plus ce droit a acquis son indépendance en
établissant un nouveau rapport juridique entre l’homme et la nature.

Paragraphe 3 : L’objet du droit de l’environnement.


Le droit de l’environnement a définie les obligations de l’homme envers la nature,
son objet primordial vise la protection et la valorisation du milieu naturel et artificiel
pour satisfaire les besoins de la population. C’est ainsi que le droit de
l’environnement a construit son propre principe, ses techniques et ses concepts. Le
droit de l’environnement en Tunisie est le résultat de la ratification par la Tunisie
d’un nombre considérable et important de conventions internationales en matière
environnementale. Cette ratification a conduit à deux résultats à savoir :
- La modification au niveau du droit national, tel que la modification de la loi n°95
relative au domaine public maritime qui a supprimé la zone exclusive du pêche et la
zone économique exclusive afin de concilier le droit interne avec la législation
internationale puisque on a dans le cadre d’un système moniste ;
- L’édiction, l’élaboration et la création de nouvelles règles juridiques telles que la loi
du 04 juin 2007 relative à la qualité de l’air.

Section 2 : Les sources du droit de l’environnement

Paragraphe 1 : Les sources nationales du droit de l’environnement

Malgré l’absence d’une loi générale sur la protection de l’environnement, le droit


Tunisien comporte un arsenal juridique de base législative et réglementaire qui
compose le droit de l’environnement. Il faut souligner que la protection de
l’environnement reflète d’une part, une prise de conscience des problèmes liés à la
gestion des ressources naturelles, et d’autres part l’engagement du pouvoir
constituant à utiliser rationnellement et durablement le patrimoine des générations
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futures. Cet arsenal juridique se compose par des dispositions qui figurent dans la
constitution, les lois, les règlements et les arrêtés ministériels.

1 / La constitution

La constitution du premier Juin 1959, malgré ses multiples modifications reste


lacunaire en matière environnementale. En réalité, il a fallu attendre 56 ans pour que
le droit de l’environnement gagne le terrain constitutionnel. La nouvelle constitution
de 2014 a considérablement enrichie les droits fondamentaux de l’homme. En fait,
consacrer un texte constitutionnel spécifique à l’environnement revêt une grande
valeur symbolique. Cette insertion du droit à l’environnement dans la constitution
marque l’émergence de nouveaux droits fondamentaux.
Le droit de l’environnement en Tunisie revêt une valeur constitutionnelle dans la
mesure il s’agit d’un passage d’un statut législatif à un statut constitutionnel. En effet
l’article 45 de la nouvelle constitution prévoit que « L’Etat garantit le droit à un
environnement sain et équilibré ».
Dans les années 2000 un certain nombre de pays ont inséré le droit de
l’environnement dans leurs constitutions. La France a finalement rejoint, en 2005, ce
groupe de pays avec l’adoption de la charte de l’environnement, cette charte est
incluse dans le préambule de la constitution française de 1958.3 Concernant les pays
arabes c’est la constitution marocaine (l’article 31) qui a récemment (2011) consacré
le droit à l’environnement. Tous ces textes constitutionnels font référence directe à la
4

protection de l’environnement et à la valorisation du milieu naturel et artificiel pour


satisfaire les besoins de la population et garanti au citoyens le droit à un
environnement écologique équilibré pour les générations présentes et futures.

En réalité, il s’agit d’une volonté des constituants de marquer une nouvelle étape
historique post révolutionnaire dans la reconnaissance des droits fondamentaux. La
protection de l’environnement est ainsi mise à la même place que les droits de
l’homme de la 3ème génération et la souveraineté nationale. D’ailleurs, évoquer le
domaine environnemental en droit Tunisien nous impose d’axer notre étude vers deux
axes, à savoir le droit de l’environnement et le droit à l’environnement. C’est
particulièrement à ce niveau que les apports du nouveau texte constitutionnel
apparaissent pleinement, car on assiste à une double constitutionnalisation à la fois du

3
L’article 1er de la charte de l’environnement incluse dans le préambule de la constitution de 1958 prévoit
que «  chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé ».
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L’article 31 de la constitution Marocaine de 2011 qui dispose «  L’égal accès des citoyens au droit à
l’environnement ».

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droit à l’environnement, qui constitue une innovation, et du droit de l’environnement


qui confirme et renforce la consécration législative antérieure.

Il faut souligner que ce droit a traversé presque toute la constitution de 2014, en


commençant par le dernier paragraphe du préambule de la constitution jusqu'à 5

l’article 129 relatif à l’instance constitutionnelle de développement durable et des


droits des générations futures ; qui confirme la logique de responsabilité, d’équité et
de durabilité de l’environnement ; en passant par le chapitre relatif aux principes
généraux et aux droits et libertés couronné par l’article 49 qui consacre le principe de
non régression à travers « la clause d’éternité », cette clause interdit au législateur
toute révision constitutionnelle aux droits de l’homme et libertés publiques.

2/ Les lois

En droit Tunisien, il n’existe pas un code d’environnement qui contient toutes les
dispositions relatives au droit de l’environnement ; cependant, il existe plusieurs
dispositions éparpillées dans plusieurs textes juridiques qui concernent le domaine
environnemental et qui relève de la compétence du pouvoir législatif ;
En ce qui concerne les lois qui traitent de la matière d’environnement, nous
pouvons distinguer entre les codes et les lois spécialisées ; Cependant, il faut
souligner que les codes et les lois sont tous les deux de la compétence du pouvoir
législatif :

 Les codes : on peut citer


 - Le code forestier 1988
- Le code des eaux 1975
- Le code de l’aménagement et de l’urbanisme 1994
- Le code du patrimoine archéologique, historiques des arts traditionnels 1994
- Le code des hydrocarbures 1999
- Le code minier 2003

 Les lois : on peut citer


-La loi n°83-87 du 11/11/83 relative à la protection des terres agricoles
- La loi n°88-91 de la 02/08/88 portante création de L’ ANPE

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Conscients de la nécessité de contribuer à la protection du milieu naturel et d’un environnement sain, propre
à garantir la pérennité de nos ressources naturelles et la permanence d’une vie paisible aux générations
futures…

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- La loi n°96-41 du 10/06/96 relative aux déchets et au contrôle de leur gestion et


de leur élimination
-La loi n°96-25 de la 25/
03/96 portante création du centre international des technologies de l’environnement
de Tunis.
3 / Les règlements

Les règlements(ou décrets) relève de la compétence du pouvoir du chef de exécutif


qui était auparavant le Président de la république en application de la constitution de
1959, et qui est aujourd’hui le chef du gouvernement selon les dispositions de la
constitution de 2014.On cite à titre d’exemple de règlement qui se rapporte à la
matière :
- Le décret n° 2005-1991 du 11/07/2009 relative à l’étude d’impact sur
l’environnement et fixant les catégories d’unités soumises aux cahiers des charges.
- Le décret n°77-195 du 17/02/1997 réglementant l’encouragement de l’Etat à la
conservation des eaux et du sol.
4 / Les arrêtés ministériels

Les ministres interviennent en matière du droit de l’environnement par des arrêtés


pris en application des lois et des règlements, tel que l’arrêté du Ministre de
l’agriculture du 13 /12/1988 réglementant l’exercice du droit d’usage dans le domaine
forestier de l’Etat,…..

Paragraphe 2 : Les sources supra- nationales du droit de


l’environnement

Le droit Tunisien est très influencé par les conventions internationales


environnementales.

1 / Le droit international de l’environnement

Le premier texte relatif à la protection de l’environnement remonte au début du


20ème siècle, mais c’est plus tard que l’objectif de la protection de l’environnement
dont sa composante naturelle et artificielle est devenue le résultat des rencontres
internationales dans le cadre de l’organisation des Nations Unis.
L’une de première rencontre c’est la conférence internationale sur l’environnement
humain tenu à Stockholm en Juin 1972, et à partir de cette date, on a assisté au
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commencement de la construction de droit international de l’environnement, en fait à


l’occasion de cette rencontre que le droit international a posé des principes, tel que le
droit de l’homme à un environnement sain et équilibré. Ce droit s’inscrit dans les
droits de l’homme de la 3ème génération.6
L’ONU a crée le programme des nations unis sur l’environnement (PNUE), son
objectif est de concilier entre la politique de l’environnement et celle de
développement durable. Plus tard, l’ONU a organisé la conférence des nations unis
sur l’environnement et le développement en Juin 1992 à Rio de Jeniro,qui a abouti à
la déclaration de 27 principes relatifs à l’environnement, on cite à titre d’exemple ; le
principe de prévention, le principe de réparation et le principe de la responsabilité
environnementale.
En même temps, on a assisté à la déclaration de 4 documents internationaux et qui
sont ratifiés par la Tunisie, (voir annexe), à savoir la convention sur la diversité
biologique et le changement climatique ; la convention sur la protection des forets et
la convention de développement durable de la planète dans des différents domaines
pour le 20ème siècle.
En 2002, on a assisté au sommet mondial sur le développement durable qui a été
organisé en Afrique du Sud et qui a affirmé la responsabilité collective du peuple du
monde de faire progresser au niveau local, régional et mondial le développement
durable économique, social ; et la protection de l’environnement, comme fondement
indispensable de développement durable.7 Plus récemment, la nouvelle constitution
Tunisienne de 2014 s’est distinguée par la consécration d’un droit de l’homme à
l’environnement qui répond à des nouvelles aspirations non pas individualistes, mais
plutôt collectives et sociales liées essentiellement à l’environnement.

2 / Le droit communautaire de l’environnement

6
Le droit à l’environnement est inscrit à côté des autres droits fondamentaux de l’homme, ainsi, en plus de deux
premières générations figure une troisième génération de droit de l’homme lié à la paix, au développement et à
l’environnement. L’apport de la nouvelle constitution du 27 janvier 2014 : extension des droits de la 1ère et de la
2ème génération aux droits de 3ème génération.

7
Ce n’est qu’avec la révision de 2002 que le constituant a pris conscience de l’évolution du droit international
des droits de l’homme, il a rattrapé son retard par une insertion maladroite de l’universalité de droit de l’homme.  

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Le traité constitutif de la communauté européenne annonce dans son article 6 que


« l’environnement est indispensable qui doit être intégré dans toutes les décisions et
la politique de l’Union Européenne ».
Ainsi, le droit communautaire de l’environnement s’est construit à travers les
différentes décisions des organes de l’Union Européenne, il a affirmé certains
principes de droit de l’environnement tels que le principe de précaution. Le droit
Tunisien s’est influencé par ce principe à travers l’accord de l’association conclut
entre la Tunisie et l’Union Européenne et qui date du 17 Juillet 1995, cet accord tend
à l’harmonisation des différents secteurs avec le secteur de l’environnement.
Il faut souligner qu’en droit Tunisien, la ratification des conventions
internationales se fait par la loi organique, œuvre du pouvoir législatif. En effet, toute
convention dument ratifiée peut être appliquée par le juge administratif dans la
mesure ou dès sa ratification, elle sera considérée comme étant une partie intégrante
du droit national avec l’observation que les conventions dument ratifiées se placent
au dessus des lois dans la hiérarchie des normes juridiques tunisiennes.

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