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L'autre aspect du droit de l'environnement et son intégration dans les droits déjà
garantis.
Au niveau des Nations unies, le comité des droits de l'homme créé par le pacte relatif aux
droits civils et politiques peut recevoir des communications permettant d'assurer le
respect des droits garantis. Des affaires en rapport avec la protection de
l'environnement ont ainsi invoqué devant cet organe des dispositions du pacte relative
au droit à la vie et à la protection des minorités. (Voir la communication numéro
67/1980 concernant un dépô t de déchets nucléaires au Canada et la communication
numéro 645/1995 concernant les essais nucléaires français dans le Pacifique ou encore
la communication numéro 511/1992 concernant l'exploitation d'une carrière sur un
territoire appartenant traditionnellement au peuple Sami et la communication numéro
547/1992 relatives aux droits des maoris à la pêche).
Au niveau européen, ce sont surtout les articles huit (droit au respect de la vie privée
familiale) et 10 (liberté d'expression) de la Convention européenne des droits de
l'homme, ainsi que l'article premier de son premier protocole (protections de la
propriété) qui ont fait l'objet de recours impliquant des questions d'environnement.
Une série de requêtes invoquées notamment le droit au respect de la vie privée et du
domicile, s'agissant de nuisances sonores (le bruit des avions de l'aéroport de hisser au a
été considéré comme une violation de l'article huit mais la cour a jugé que l'ingérence
était justifiée par le deuxième alinéa de l'article huit comme étant nécessaire dans une
société démocratique pour le bien-être économique du pays). D'autres requêtes ont
concerné des projets industriels mais elles n'ont pas abouti car ils ont été jugés
considérer comme justifier là encore par la nécessité d'assurer le bien-être économique
du pays mis en cause. Par contre une affaire déclenchée par l'installation d'une station
d'épuration des eaux et de déchets provenant d'une tannerie dans la ville de Lorca
(Espagne) a abouti à un arrêt de la cour européenne qui est considéré à juste titre
comme ouvrant la voie vers la reconnaissance du droit des individus à un
environnement sain. (Lopez –Ostra c. Espagne, CEDH 1994). La station d'ouverture
n'était pas autorisée, causer des émanations de gaz et d'odeurs nauséabondes
provoquant des troubles de santé et des nuisances auprès des habitants du quartier la
cour a jugé que des atteintes graves à l'environnement peuvent affecter le bien-être
d'une personne et la priver de la jouissance de son domicile de manière à nuire à sa vie
privée et familiale, sans pour autant mettre en grave danger la santé de l'intéressé. En
conséquence la cour estimait que la le gouvernement espagnol n'avait pas su préserver
l'équilibre entre l'intérêt du bien-être économique de la ville de Lorca, celui de disposer
d'une station d'épuration, et la jouissance effective du droit au respect de son domicile et
de sa vie privée par la requérante qui a obtenu une somme de 4 millions de pesetas en
dédommagement.
Dans une autre affaire, Anna maria Guerra contre Italie, la cour européenne des droits de
l'homme a jugé en 1998 que des nuisances industrielles provenant d'une usine de
produits chimiques portait atteinte au droit des requérants au respect de leur vie privée
et familiale.
La cour européenne a rendu aussi plusieurs arrêts dans des affaires concernant la
violation du droit de propriété par des mesures tendant à protéger l'environnement.
Pour diverses raisons les requêtes n'ont pas abouti sans même que la cour ait eu à se
prononcer sur les relations de ce droit de propriété avec l'environnement. Certains
arrêts reconnaissent par ailleurs la légitimité de la protection de l'environnement, à
condition que les restrictions imposées au droit de propriété soient proportionnelles ou
raisonnables (par exemple :Pine Valley Dévelopment contre Irlande, CEDH,1991).
Si des progrès sérieux ont été réalisés pour prendre en compte les considérations
relatives à la protection de l'environnement dans la pratique des organes internationaux
judiciaires ou quasi judiciaires chargés de garantir le respect des droits de l'homme, il
faut cependant constater qu'il n'existe pas de jurisprudence systématique reconnaissant
le droit à l'environnement en tant que des droits de l'homme. Des progrès peuvent
cependant être envisagés dans ce domaine et il convient en conclusion de s'interroger
sur la possibilité de reconnaître à chaque personne des droits substantiels en la matière.