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L'attitude de l'Assemblée, royaliste et pacifiste, qualifiée d'« assemblée de ruraux » par les Parisiens, contribue à l'exacerbation
des tensions. Le 10 mars 1871, elle transfère son siège de Paris à Versailles parce qu'elle voit, à juste titre, dans Paris « le chef-
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lieu de la révolution organisée, la capitale de l'idée révolutionnaire » . Par une loi du même jour, elle met fin au moratoire sur les
effets de commerce, acculant à la faillite des milliers d'artisans et de commerçants,
et supprime la solde d'un franc cinquante par jour payée aux gardes nationaux.
Origine de l'insurrection
À Paris, la mixité sociale dans les quartiers, de règle depuis le Moyen Âge, a
presque disparu avec les transformations urbanistiques du Second Empire. Les
quartiers de l'ouest (7e, 8e, 16e et 17e arrondissements) concentrent les plus riches
des Parisiens avec leur domesticité. Les quartiers centraux conservent encore des
personnes aisées. Mais les classes populaires se sont installées à l'est (10e, 11e,
12e, 13e, 18e, 19e et 20e arrondissements). Les ouvriers sont très nombreux :
442 000 sur 1,8 million d'habitants, selon le recensement de 1866, ainsi que les
artisans (près de 70 000, la plupart travaillant seuls ou avec un unique ouvrier) et
les très petits commerçants dont la situation sociale est assez proche de celle des
ouvriers. Ces classes populaires ont commencé à s'organiser.
Les classes populaires parisiennes (ou tout du moins une partie d'entre elles) craignent de
se voir une nouvelle fois frustrées des bénéfices de « leur » révolution de septembre
1870 (renversement du Second Empire). Déjà, après les journées révolutionnaires
Guerre civile, lithographie d'Édouard
parisiennes de juillet 1830 comme après celles de février 1848, suivies des élections
Manet, 1871.
d'avril 1848, les classes aisées avaient confisqué le pouvoir politique à leur
profit [réf. nécessaire] en installant la Monarchie de Juillet et la Deuxième République, qui
débouchera sur le Second Empire. En 1871, les Parisiens sont méfiants envers l'assemblée élue en février, où les deux tiers des
députés sont des monarchistes de diverses tendances ou des bonapartistes. Comme l'écrit Jean-Jacques Chevallier, « la Commune
était l'expression, chez ses meneurs, d'un républicanisme ultra rouge, antireligieux, jacobin, prolétarien, fouetté par la haine pour
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cette assemblée monarchiste » .
D'autres facteurs ont contribué à son déclenchement. L'historien Jacques Rougerie, par exemple, voit dans l'insurrection des
Parisiens une conséquence de la révolution haussmannienne, et interprète la Commune comme « une tentative de réappropriation
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populaire de l'espace urbain » .
Jules Ferry, quant à lui, déclara devant la commission d’enquête sur les causes de l’insurrection, qu’il en voyait trois :
premièrement, ce qu’il appelle « la folie du siège », née de l’inactivité, du bouleversement des habitudes civiles, d’une tension
des esprits tournés vers la guerre, et enfin de « l’immense déception » d’une « population tout entière qui tombe du sommet des
illusions ». La deuxième se trouve dans la désorganisation de la garde nationale, source de graves désordres. Pour terminer, la
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ferme volonté des Prussiens d’entrer dans Paris finit par convaincre une grande partie de la population qu’elle était trahie .
Les archives de la répression qui frappa l'insurrection permettent de brosser le portrait social des communards. L'insurgé-type de
1871 est un travailleur parisien, un homme d'une trentaine d'années. Parmi ces insurgés, on rencontre principalement les ouvriers
du bâtiment, les journaliers, et les travailleurs du métal, ouvriers d'ateliers ou de petites fabriques. Ils forment respectivement
17 %, 16 % et 10 % du total. Viennent ensuite les employés (8 %), les cordonniers-savetiers (5 %), les marchands de vin (4 %) et
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les ouvriers du livre (3 %), fortement politisés .
L’écrivain Maxime du Camp, témoin hostile de la Commune, fait, en 1881,
une description sévère des insurgés : « Malgré certaines apparences et malgré
leur uniforme, les bataillons fédérés n’étaient point une armée ; c’était une
multitude indisciplinée, raisonneuse, que l’alcoolisme ravageait. Dans toutes
les luttes qu’ils engagèrent, même à forces triples, contre l’armée de
Versailles, ils furent battus. Lors du combat suprême commencé le 21 mai et
terminé le 28, malgré les positions formidables qu’ils occupaient, malgré les
abris qui les protégeaient, malgré les refuges que leur offraient les rues, les
ruelles, les maisons à double issue, malgré leur énorme artillerie, malgré leur
nombre, ils furent vaincus par nos soldats marchant à découvert. Plus d’une
cause leur a infligé une infériorité qui devait nécessairement amener leur
défaite : au point de vue technique, ils ne savaient pas obéir, et l’on ne savait
pas les commander ; au point de vue moral, la plupart ne savaient pas
pourquoi ils se battaient ; presque tous trouvaient le métier fort dur et ne le
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faisaient qu’en rechignant » .
Déclenchement
Le 17 mars 1871, Adolphe Thiers et son gouvernement, évaluant mal l'état d'esprit des Parisiens,
envoient au cours de la nuit la troupe sous le commandement du général Lecomte s'emparer des
canons de la Garde nationale sur la butte Montmartre. Alors que la population et les gardes
nationaux se rassemblent, Lecomte ordonne de faire feu, mais ses soldats refusent d’obtempérer.
Le général est capturé par les insurgés et tué le lendemain, comme le général Clément-Thomas,
malgré la demande de protection du maire du 18e arrondissement, Georges Clemenceau. Ce
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même jour, Thiers organise l'arrestation d'Auguste Blanqui qui se reposait chez un ami médecin
à Bretenoux (Lot). De là, il le fait transférer en Bretagne, sous surveillance militaire, avec ordre
de tirer en cas d'évasion.
Mise en place
Soulèvement du 18 mars
À Montmartre, Belleville, Ménilmontant, l'armée réussit sans difficulté à reprendre les canons. Cependant il faut les transporter et
les chevaux manquent. Une note du 16 mars 1871 du 3e bureau au ministre de la Guerre a pressé la réaffectation des
1 800 chevaux disponibles. Ce 18 mars, donc, l'armée attend les chevaux. On tente même de descendre les canons à bras
d’homme. À Montmartre, au matin, le peuple parisien s'éveille et s'oppose à la troupe venue chercher les canons. Puis,
rapidement, celle-ci fraternise avec lui. Un peu partout dans Paris, la population s'en prend aux représentants supposés du
gouvernement, élève des barricades et fraternise avec la troupe. Deux généraux, Lecomte, déjà cité, et Clément-Thomas, qui
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avait participé à la répression du soulèvement de juin 1848, sont massacrés par la foule rue des Rosiers malgré les ordres
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contraires du Comité de vigilance de Montmartre et l'intervention du maire du 18e arrondissement, Clemenceau. C'est le début
de l'insurrection. Apprenant les événements, Victor Hugo écrit dans son journal : « Thiers, en voulant reprendre les canons de
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Belleville, a été fin là où il fallait être profond. Il a jeté l’étincelle sur la poudrière. Thiers, c’est l’étourderie préméditée » .
Thiers gagne Versailles. Des Parisiens (100 000 selon Thiers [réf. nécessaire]), habitant surtout des quartiers aisés de l'Ouest
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parisien ou fonctionnaires, l'y suivent. La Commune ne représentait à peu près que la moitié de la population parisienne .
Le 25 mars, un jour avant les élections, le Comité central de la Garde nationale lance
auprès des Parisiens un appel à la vigilance et à la réflexion avant d’élire leurs
représentants. Les élections sont organisées le 26 mars pour désigner les 92 membres du
Conseil de la Commune. Compte tenu des départs de Parisiens, avant et après le siège de
Paris par les Prussiens, et de ceux qui suivent Thiers à Versailles, le taux d'abstention est
de 52 %. L'élection d'une vingtaine de candidats « modérés », représentant les classes
aisées [réf. souhaitée], montre que le scrutin ne fut au moins pas totalement biaisé. Les
arrondissements de l'Est et du Nord (18e, 19e, 20e, 10e, 11e), le 12e et le 13e dans le Sud
ont voté massivement pour les candidats fédérés. Les 1er, 2e, 3e, 9e et 16e ont quant à
eux voté massivement pour les candidats présentés par les maires du parti de l'Ordre
(environ 40 000 voix) et les abstentions y ont été très importantes. En réalité, 70 élus
seulement siègeront, du fait de la démission rapide de modérés, de l'impossibilité d'être à
Paris pour certains (par exemple Blanqui) et des doubles élections. Le Conseil est
représentatif des classes populaires et issues de la petite bourgeoisie parisienne : 33
artisans et petits commerçants (cordonniers, relieurs, typographes, chapeliers, teinturiers,
menuisiers, bronziers), 24 professions libérales ou intellectuelles (12 journalistes, 3
avocats, 3 médecins, 2 peintres, 1 pharmacien, 1 architecte, 1 ingénieur, 1 vétérinaire), et Les hommes de la Commune.
6 ouvriers (métallurgistes).
Toutes les tendances politiques républicaines et socialistes sont représentées, jusqu'aux anarchistes. Parmi la vingtaine de
« jacobins », admirateurs de la Révolution de 1789 et plutôt centralisateurs, on trouve Charles Delescluze, Félix Pyat, Charles
Ferdinand Gambon ou Paschal Grousset. À peine plus nombreux sont les « radicaux », partisans de l'autonomie municipale et
d'une république démocratique et sociale, tels Arthur Arnould, Charles Amouroux, Victor Clément et Jules Bergeret. On compte
une dizaine de « blanquistes », adeptes de l'insurrection et avant-gardistes, comme l'avocat Eugène Protot, le journaliste Édouard
Moreau de Beauvière, Jean-Baptiste Chardon, Émile Eudes, Théophile Ferré, Raoul Rigault ou Gabriel Ranvier. Des
collectivistes, membres de l'Association internationale des travailleurs, sont élus, dont Léo Fränkel, Benoît Malon et Eugène
Varlin. Quelques « proudhoniens », partisans de réformes sociales, siègent, comme Pierre Denis. Enfin, des « indépendants » ont
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été élus, tels Jules Vallès et Gustave Courbet. Vingt des soixante élus du Conseil de la Commune sont des francs-maçons .
les majoritaires sont les jacobins, les blanquistes et les indépendants ; pour eux, le politique l'emporte sur le
social ; se voulant les continuateurs de l'action des « montagnards » de 1793, ils ne sont pas hostiles aux
mesures centralisatrices, voire autoritaires ; ils voteront cependant toutes les mesures sociales de la
Commune ;
les minoritaires sont les radicaux et les « internationalistes », collectivistes ou proudhoniens ; ils s'attachent à
promouvoir des mesures sociales et anti-autoritaires ; ils sont les partisans de la République sociale.
Ces tendances se cristallisent le 28 avril à propos de la création d'un Comité de Salut public, organisme que les minoritaires
refusent comme contraire à l'aspiration démocratique et autonomiste de la Commune. Les majoritaires en imposent la création le
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1er mai par 45 voix contre 23 . La minorité au conseil de la Commune publie un Manifeste le 15 mai. Toutefois, ces luttes
d'influence restent incomprises d'une grande partie des Parisiens et les deux tendances feront combat commun dès l'entrée des
troupes versaillaises dans Paris.
Au début de la Commune, la volonté est de convaincre les «Versaillais» (les membres du gouvernement de Thiers partis à
Versailles) d'accepter l'autonomie communale qui vient de se constituer à Paris, cette proposition rencontrant un certain écho
parmi les Versaillais modérés. Les communards souhaitent la paix et veulent éviter la guerre civile, proposant à l'assemblée de
Versailles de négocier. Paris invite le reste de la France à rejoindre l'autonomie communale mais l'instauration de la République
sociale à Paris renvoie au souvenir de 1793 et de la Terreur chez les Versaillais. Du côté de la Commune, l'assemblée de
Versailles est vue comme une assemblée des ruraux, gouvernée par la province qui est accusée de soutenir Thiers et la
monarchie. Toutefois Versailles refuse de reconnaitre la validité des élections à Paris, refuse de négocier et prend l'initiative de
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l'affrontement le 2 avril 1871 .
Vie politique
À côté des personnalités élues, les classes populaires de Paris manifestent une extraordinaire effervescence politique. Les
élections à répétition, le 26 mars pour le Conseil de la Commune et le 16 avril pour des élections complémentaires, maintiennent
la tension politique. Les cérémonies officielles permettent aussi les rassemblements : l'installation du Conseil de la Commune à
l'hôtel de ville le 28 mars, les obsèques du socialiste Pierre Leroux à la mi-avril, la destruction de l'hôtel particulier de Thiers, la
démolition de la colonne Vendôme le 16 mai. Le photographe Bruno Braquehais rend compte de la chute de la colonne
Vendôme dans une série de clichés.
Surtout, la population peut se retrouver dans de nombreux lieux pour y discuter de la situation, proposer des solutions, voire faire
pression sur les élus ou aider l'administration communale. Réunis dans les lieux les plus divers, ils permettent à des orateurs
réguliers ou occasionnels de faire entendre les aspirations de la population et de débattre de la mise sur pied d'un nouvel ordre
social favorable aux classes populaires (comme au Club de la Révolution, animé par Louise Michel). Si ces clubs sont nombreux
dans les quartiers centraux (1er, 2e, 3e, 4e, 5e et 6e arrondissements), les quartiers aisés de l'ouest parisien (7e, 8e et 16e) n'en
comptent aucun. Les clubs se fédèrent le 7 mai afin d'avoir des contacts plus efficaces avec le Conseil de la Commune.
S'ajoutant aux titres déjà existants, plus de soixante-dix journaux sont créés pendant les soixante-douze jours de la Commune.
Mais la liberté de la presse est restreinte dès le 18 avril et, le 18 mai, le Comité de Salut public interdit les publications favorables
au gouvernement Thiers. Parmi les journaux les plus influents figurent Le Cri du peuple de Jules Vallès, Le Mot d'ordre d'Henri
Rochefort, L'Affranchi de Paschal Grousset, Le Père Duchêne d'Eugène Vermersch, La Sociale avec la féministe André Léo et
Le Vengeur de Félix Pyat.
Organisation
Le 29 mars 1871, la Commune se dote pour gouverner d'une Commission exécutive, à la tête de 9 commissions. Au
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21 avril 1871, leur composition est la suivante .
18 Délégués 19, 20
Commissions Membres initiaux 18 Réaffectations
initiaux
Politiques suivies
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Dans son programme daté du 19 avril 1871, la Commune résume :
« La Révolution communale, commencée par l'initiative populaire du 18 mars, inaugure une ère nouvelle de
politique expérimentale, positive, scientifique. C'est la fin du vieux monde gouvernemental et clérical, du
militarisme, du fonctionnarisme, de l'exploitation, de l'agiotage, des monopoles, des privilèges, auxquels le
prolétariat doit son servage, la Patrie ses malheurs et ses désastres. »
Le 21 avril le Conseil décide de nommer un membre de la commission exécutive « délégué » auprès de chacune des neuf autres
commissions pour en diriger les travaux. Gustave Cluseret devient délégué à la Guerre (remplacé le 1er mai par Louis Rossel,
lui-même remplacé le 10 mai par Charles Delescluze) ; Eugène Protot est délégué à la Justice ; Auguste Viard est délégué aux
Subsistances ; Édouard Vaillant à l'Enseignement ; Raoul Rigault à la Sûreté générale (où il sera remplacé le 24 avril par Frédéric
Cournet, puis le 13 mai par Théophile Ferré) ; Léo Frankel est nommé au Travail, à l'Industrie et aux Échanges ; Jules Andrieu
aux Travaux publics. Le Comité de Salut public, créé le 1er mai, dont les attributions n'ont pas été précisées, vient empiéter sur
celles des commissions et crée une certaine confusion (qui aboutit le 10 mai à la démission de Louis Rossel).
La Commune administre Paris jusqu'au 20 mai. De nombreuses mesures sont prises et appliquées pendant les 72 journées d'une
intense activité législative. La Commune n’ayant aucune légitimité au regard du gouvernement légal du pays, ces mesures
disparaissent avec elle sans qu’il soit nécessaire de les abolir explicitement ensuite. Certaines seront reprises par la République
plusieurs décennies plus tard.
Mesures d'urgence
Le Conseil de la Commune commence par régler les questions qui sont à l'origine du soulèvement du 18 mars : le 29 mars, un
décret remet les loyers non payés d'octobre 1870 à avril 1871 (il ne s'agit pas d'un moratoire, les locataires ne sont tout
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simplement plus redevables de ces loyers) , la vente des objets déposés au Mont-de-Piété est suspendue ; le 12 avril, les
poursuites concernant les échéances non payées sont suspendues ; le 16 avril, un délai de trois ans est accordé pour le règlement
des dettes et des échéances ; le 6 mai, le dégagement gratuit des dépôts de moins de 20 francs au Mont-de-Piété est permis
(décret du 6 mai 1871, J.O. du 7 mai).
La solidarité est également organisée : une pension est versée aux blessés ainsi qu'aux veuves (600 francs) et aux orphelins
(365 francs) des gardes nationaux tués au combat (8 et 10 avril) ; le 25 avril, un décret réquisitionne les logements vacants au
profit des sinistrés des bombardements allemands et versaillais ; des orphelinats sont créés avec l'aide en fourniture des familles
parisiennes.
La question du ravitaillement est devenue moins cruciale que pendant le siège hivernal de Paris par les Prussiens. À l'exception
du pain qui est taxé, les aliments se trouvent en suffisance grâce aux stocks accumulés après le siège et aux arrivages des terres
agricoles et des jardins situés entre les fortifications et les lignes allemandes. Mais par circulaire du 21 avril, le gouvernement
Thiers impose le blocus ferroviaire de la capitale. Le 22 avril, des ventes publiques de pommes de terre et des boucheries
municipales sont créées pour soulager le budget des familles (dont les dépenses alimentaires constituent à l'époque l'essentiel).
Cantines municipales et distributions de repas (à l'exemple des « marmites de Varlin ») fonctionnent, des bons de pain sont
distribués.
La Commune prend aussi quelques mesures symboliques : le drapeau rouge est adopté le
28 mars et le calendrier républicain (an 79 de la République) remis en vigueur. La
destruction de la colonne Vendôme, considérée comme le symbole du despotisme
impérial, est décrétée le 12 avril et réalisée le 16 mai. Sont aussi décidées la confiscation
des biens de Thiers et la destruction de son hôtel particulier à Paris (Thiers se fera
rembourser plus d'un million de francs).
Démocratie et citoyenneté
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L'appel du 22 mars du Comité central de la Garde nationale énonce que « les membres Chute de la colonne Vendôme
de l'assemblée municipale, sans cesse contrôlés, surveillés, discutés par l'opinion, sont (photographie de Franck).
révocables, comptables et responsables » et que leur mandat est impératif. Il s'agit d'une
démocratie directe reposant sur une citoyenneté active, renouant avec l'esprit de la
constitution de 1793 qui fait du droit à l'insurrection « le plus sacré des droits et le plus
imprescriptible des devoirs » (article XXXV de la Déclaration des droits de l'Homme de
1793).
Le 16 avril, un décret réquisitionne les ateliers abandonnés par leurs propriétaires (assimilés à des déserteurs) ; il prévoit de les
remettre à des coopératives ouvrières après indemnisation du propriétaire. Deux ateliers fonctionnent ainsi pour la fabrication
d'armes ; la journée de travail y est de 10 heures et l'encadrement est élu par les salariés. Le 20 avril, les bureaux de placement de
la main d'œuvre, entreprises privées très florissantes sous l'Empire, monopoles agissant bien souvent comme des « négriers »,
sont supprimés et remplacés par des bureaux municipaux. Le même jour, le travail de nuit dans les boulangeries est interdit, mais
il faut lutter contre le travail clandestin par des saisies de marchandises et l'affichage de la sanction dans les boutiques. Pour
contrer une pratique très répandue, la Commune interdit les amendes patronales et retenues sur salaires, dans les administrations
publiques comme dans les entreprises privées (28 avril). Pour lutter contre le sous-salariat dans les appels d'offres concernant les
marchés publics, un cahier des charges avec indication du salaire minimum est créé.
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La Commune annonce les prémices de l'autogestion . Dans les entreprises, un conseil de direction est élu tous les 15 jours par
l'atelier et un ouvrier est chargé de transmettre les réclamations.
Presse
La liberté de la presse est réaffirmée le 19 mars par le Comité central de la Garde nationale et
les journaux anti-communards continuent donc de paraître à Paris. Ils se livrent à des attaques
violentes contre le soulèvement et relaient les mots d'ordre politiques de Thiers. Aussi, dès le 5
avril, le Journal des Débats et La Liberté, jugés pro-versaillais, sont interdits. Le 12, Le
Moniteur universel connaît le même sort. La presse pro-versaillaise continuant ses attaques, le 9
avril, la Commission de Sûreté générale rappelle que la « déclaration préalable » reste en
vigueur. Dès le 18 avril, la Commune menace d'interdiction les journaux « favorables aux
intérêts de l'armée ennemie » qui continuent tout de même de paraître. C'est surtout en mai que
la lutte contre la presse pro-versaillaise prend de la vigueur : le 5 mai, 7 journaux sont
supprimés, le 11 ce sont 5 autres journaux dont Le Vengeur et le 18 mai, 9 autres. Néanmoins,
les publications interdites peuvent reparaître quelques jours plus tard du fait de la totale liberté
laissée pour la fondation d'un journal. De son côté, la presse parisienne procommunarde ne
peut être diffusée en province du fait de la vigilance du gouvernement Thiers [réf. nécessaire].
Justice
La plupart des professionnels de la justice ou du droit ayant disparu (il n'y a plus que deux notaires en activité dans Paris), il faut
pourvoir à tous les postes. Il y a beaucoup de projets, mais faute de temps, peu sont mis en application. Les enfants légitimés sont
considérés comme reconnus de droit ; le mariage libre par consentement mutuel est instauré (avec un âge minimum de 16 ans
pour les femmes, 18 ans pour les hommes) ; la gratuité des actes notariaux (donation, testament, contrat de mariage) est décidée.
Pour tempérer l'activité répressive de Rigault à la Sûreté générale, une sorte d’habeas corpus est mise en place par Eugène
Protot : les cas des suspects arrêtés par le Comité central de la Garde nationale ou la Sûreté doivent recevoir une instruction
immédiate (8 avril) ; les perquisitions et réquisitions sans mandat sont interdites (14 avril) ; il est obligatoire d'inscrire le motif de
l'arrestation sur les registres d'écrou (18 avril) ; une inspection des prisons est créée (23 avril).
Enseignement
Dans l'enseignement, le personnel de l'administration centrale s'est réfugié à Versailles, les professeurs du secondaire et du
supérieur, assez peu favorables à la Commune, ont déserté lycées et facultés et les écoles privées congréganistes, nombreuses, car
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favorisées par la loi Falloux de 1850, ont été vidées de leurs élèves depuis le décret du 2 avril « séparant l'Église de l’État ».
Édouard Vaillant, chargé de ce secteur, prévoit une réforme qui vise à l'uniformisation de la formation primaire et professionnelle.
Deux écoles professionnelles, une de garçons et une de filles, sont ouvertes. L’enseignement est laïcisé : l'enseignement de la
religion est interdit, les signes religieux chrétiens sont enlevés des salles de classe. Une commission exclusivement composée de
femmes est formée le 21 mai pour réfléchir sur l'instruction des filles. Quelques municipalités d'arrondissement, celle du 20e en
particulier, qui ont alors la responsabilité financière de l'enseignement primaire, rendent l'école gratuite et laïque. Le personnel
enseignant, qui est à la charge des municipalités, reçoit une rémunération de 1 500 francs annuels pour les aides-instituteurs et
2 000 pour les directeurs, avec égalité de traitement entre hommes et femmes.
Cultes
Dans le domaine des cultes, la Commune rompt avec le concordat de 1801 qui
« Art. 1er. L’Église est
faisait du catholicisme « la religion de la majorité des Français » et des membres
séparée de l’État ;
du clergé des fonctionnaires. À la fin de l'Empire, les classes populaires
Art. 2. Le budget des
parisiennes sont assez hostiles au catholicisme, trop lié au régime impérial et aux
cultes est supprimé ;
conservateurs (liens notamment incarnés en la personne de l'impératrice Art. 3. Les biens dits
Eugénie). L'anticléricalisme a été revigoré par la propagande blanquiste, d'un de mainmorte,
athéisme militant, et par l'attitude du pape Pie IX face à l'unification de l'Italie. Le
appartenant aux
2 avril, la Commune décrète la séparation de l'Église (catholique) et de l'État, la
congrégations
suppression du budget des cultes et la sécularisation des biens des congrégations
religieuses, meubles
religieuses.
ou immeubles, sont
Le même jour, l'archevêque de Paris, Georges Darboy, est arrêté comme otage. déclarés propriétés
Les religieux des couvents de Picpus, des Dames-Blanches et d'Arcueil sont nationales ;
inquiétés ou arrêtés sous divers motifs. Les églises Saint-Laurent et Notre-Dame- Art. 4. Une enquête
des-Victoires sont perquisitionnées. Les propositions d'échange de l'archevêque sera faite
contre Auguste Blanqui, détenu par le gouvernement d'Adolphe Thiers, sont immédiatement sur
repoussées par celui-ci le 12 avril, puis le 14 mai. Le prélat est fusillé par les ces biens, pour en
communards, avec quatre autres ecclésiastiques, en réplique à l'avance des constater la nature et
troupes versaillaises. D'autres exécutions de religieux vont avoir lieu et portent le les mettre à la
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nombre total à plus d'une vingtaine . disposition de la
nation. »
— Journal Officiel du 2
Arts avril 1871. Voir Les
Classiques des
Gustave Courbet publie le 6 avril 1871 un appel aux artistes afin de les Sciences Sociales, Le
encourager à participer aux réunions politiques. La première réunion se tient à Journal Officiel de la
l'amphithéâtre de l'école de médecine le 14 avril devant plus de 400 personnes, et Commune de Paris
Eugène Pottier lit devant une assemblée d'artistes et d'artisans parisiens le
manifeste de la Fédération des artistes de Paris, qui se conclut par la phrase : « Le
comité concourra à notre régénération, à l'inauguration du luxe communal et aux splendeurs de l'avenir, et à la République
32, 33
universelle » (p. 64). L'apport de Courbet consista principalement à l'établissement d'une fédération laissant libre les artistes
33
de gérer leurs propres affaires en dehors de toute tutelle administrative ou étatique (p. 65). La fédération des artistes réprouve
l'idée d'octroi de subventions, les considérant comme une forme de tutelle et privilégiant une organisation corporatiste prenant la
forme d'un syndicat des artistes. Il s'agit aussi d'une critique par rapport à l'administration muséale et l'emprise des musées sur le
travail des artistes, et pour ce qui concerne la production littéraire une critique de l’administration par la censure pratiquée sous le
33
Second Empire (p. 66).
Les artistes durant cette première assemblée élurent 47 représentants révocables pour les domaines suivants : peinture, sculpture,
architecture, lithographie, dessin industriel. Le manifeste se préoccupe de la propriété artistiques et du droit pour les artistes de
signer leur œuvre et de garder le contrôle de la distribution :
« [la Fédération] n'admet que des œuvres signés de leurs auteurs, créations originales ou traductions d'un art par
un autre, telles que la gravure traduisant la peinture, etc.. Il repousse d'une manière absolue toute exhibition
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mercantile tendant à substituer le nom de l'éditeur ou du fabricant à celui du véritable créateur (p. 68). »
Gustave Courbet devient le président de cette nouvelle fédération des artistes. D'autres sont élus, comme Corot, Manet, Daumier
(ils sont pourtant absents de Paris) mais Courbet est le seul peintre connu à s'y impliquer de façon résolue (Cézanne, Pissaro et
Degas quittent la ville durant le siège prussien avant la période de la Commune). Courbet sera rendu responsable financièrement
de la chute de la colonne Vendôme, et sévèrement critiqué par les artistes et écrivains bourgeois comme Émile Zola et Alexandre
33
Dumas pour être sorti de son rôle d'artiste et s'être engagé politiquement (p. 53). Zola tentera tout de même de sauver « ce
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grand artiste » .
D'après l'universitaire américaine Kristin Ross, « par « luxe communal », les artistes et les artisans de la Commune semblaient
penser à une sorte de « beauté publique » : l'amélioration des espaces partagés dans toutes les villes et tous les villages, le droit
pour chacun de vivre et de travailler dans un environnement agréable. En créant un art public, un art vécu, au niveau de
municipalités autonomes, le luxe communal œuvrait contre la conception même de l'espace monumental et sa logique
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centralisatrice (nationaliste) » .
Il s'agit également de gommer la séparation entre arts décoratifs et beaux arts réservés à une élite consommant des produits de
luxe. Élisée Reclus dans son livre L'art et le peuple décrira une volonté utopiale de transformer ce qu'il appelle le « palais
coutumier » (lieu où sont enfermés les beaux arts pour une petite élite) en un feu de joie créatif d'art vécu, indispensable et non
superflu :
« Ah ! Si les peintres et les sculpteurs étaient libres, ils n'auraient pas besoin de s'enfermer en de salons. Ils
n'auraient qu'à reconstruire nos cités ; tout d'abord démolir ces affreux cubes de pierre où sont entassés les êtres
humains dans une affreuse promiscuité […]. Ils brûleraient tout le barraquement des temps de misère en un
immense feu de joie et j'imagine que, dans le musée des œuvres à conserver, ils ne laisseraient pas grand chose
33
des prétendues œuvres artistiques de nos jours (p. 74). »
Le cordonnier Napoléon Gaillard par exemple se réclame d'une pratique quotidienne des arts intégrée dans le travail des artisans.
Il revendique une forme d'art dans sa pratique de cordonnier, Il se fait de façon emblématique photographier signant la barricade
33
qu'il a créée place de la Concorde, ce qui lui vaut le surnom de Château Gaillard par la suite (p. 70). Gaillard indique aussi être
fier de « faire une chaussure bien chaussante » et revendique en tant que cordonnier un statut « d'artiste chaussurier ». Outre le
35
fait qu'il est l'inventeur des chaussures en caoutchouc (gupta percha), il rédige des textes sur le pied et la chaussure .
Toutes ces réflexions sur l'art menées par la fédération des artistes influencèrent un artiste tapissier tel que William Morris, qui
33
devient dans les années 1880 un défenseur de la mémoire artistique de la Commune (p. 76).
36
Frank Jellinek qualifiera la commune de « révolution de cordonniers » dans son livre The Paris commune of 1871 . Selon
Kristin Ross, les artisans d'art ont joué un rôle important dans la commune de Paris et on compta 10 000 détenus plus tard parmi
33
eux (p. 77-78).
Médiatisation
Selon l'historien Quentin Deluermoz, « dès mars 1871, la révolte parisienne est sans doute l'un des événements les plus
37
médiatisés de l'époque » . La Commune est suivie par les journaux européens aussi bien que dans l'aire d'influence britannique
37
(Canada, Inde, Australie) et dans l'espace atlantique (Brésil, Mexique, États-Unis) . D'après l'examen des télégrammes Reuters
circulant sur le réseau du câble télégraphique transatlantique, l'écrasante majorité des informations concerne l'insurrection
37
parisienne « alors que de nombreux « faits » signifiants se déroulent bien entendu à l'échelle de la planète » . Selon l'historien
Samuel Bernstein (en), « aucun thème économique ou politique […], à l'exception de la corruption gouvernementale, n'a reçu
38
plus de gros titres dans la presse américaine des années 1870 que la Commune de Paris » . En France, l'insurrection parisienne
39
a été très largement combattue par la presse, tant monarchiste que républicaine modérée .
Une grande partie de l'action de la Commune fut absorbée dans la lutte contre
l'offensive menée par les troupes régulières obéissant au gouvernement du pays dirigé
par Thiers et dénommées les « Versaillais » par les insurgés.
Face à une armée nombreuse, expérimentée et bien armée, la Commune dispose des hommes de la Garde nationale. Depuis la
Restauration, tous les hommes de 25 à 50 ans pourvus de leurs droits politiques en font partie. Sous le Second Empire, tous les
hommes mariés de 25 à 50 ans sont enrôlés [réf. nécessaire]. Les armes sont fournies par l'État, mais l'habillement reste à la charge
du garde. À Paris, le recrutement se fait par arrondissement. Dans les limites communales, le service est gratuit, mais le garde
reçoit une solde s'il sert au-delà. Le 12 août 1870, le gouvernement réorganise 60 bataillons. Les quartiers bourgeois de Paris
(l'ouest et le centre de la capitale) en fournissent plus des trois quarts. Début septembre le gouvernement de la Défense nationale
en crée 60 autres, fin septembre il y a 254 bataillons. Les nouvelles créations sont aux trois quarts issues des quartiers populaires
de l'Est parisien (10e, 11e, 18e, 19e et 20e arrondissements). On peut y voir l'effet du siège de Paris par les Allemands, qui ranime
la fibre patriotique des Parisiens, mais aussi de l'attrait accru de la solde dans le contexte de chômage consécutif au blocus qui
accompagne le siège. Au cours de celui-ci, le manque d'entraînement de ces bataillons a pour résultat des performances militaires
assez médiocres et leur attitude volontiers frondeuse — ils refusent catégoriquement de se porter sur Sedan — ne les rapproche
pas des autres unités françaises [réf. nécessaire].
Paolo Tibaldi, Génois, carbonaro, franc-maçon, ancien militaire italien, ouvrier opticien,
est inculpé de complot et d'attentat contre Napoléon III en juin 1857 avec Ledru-Rollin,
Mobilisation de la Garde nationale.
condamnation fruit d'une manipulation de la police. Il revient de déportation à Cayenne
en 1870, et ami de Gustave Flourens, il monte durant le siège, une légion italienne, dite
parfois « tirailleurs de Tibaldi ». Ce commando Tibaldi et les bataillons de Flourens envahirent l’hôtel de ville le 31 octobre
41, 42, 43
1870 .
La Garde nationale estime disposer de 170 000 hommes en armes, dont 80 000 dans les compagnies de combat, 10 500 en
44
garnison dans les forts au sud et plusieurs milliers de réservistes dans les casernes . Cependant pour l'historien Robert Tombs :
44
« la totalité des forces ne furent jamais disponibles simultanément » . Si la garde nationale compte dans ses rangs des soldats
compétents, expérimentés et déterminés, d'autres font preuve de tiédeur, n'étant « pas profondément convaincus par une
44 44
idéologie révolutionnaire » . Elle souffre également d'indiscipline, avec notamment quelques cas spectaculaires d'ivrognerie .
L'état-major se rend aussi compte que de nombreux bataillons exagèrent leurs effectifs, parfois pour percevoir des soldes, des
44
équipements ou des rations supplémentaires, dont les surplus sont revendus . D'après le communard Gaston Da Costa, la
Commune ne pouvait compter que sur 20 000 combattants actifs, ce qui semble assez crédible pour Robert Tombs : « mais il faut
rappeler que le niveau d'implication variait beaucoup : certains se contentèrent de poser quelques pavés sur les barricades tandis
45
que d'autres combattaient jour après jour » .
Gustave Flourens est tué par un officier de gendarmerie à Rueil et Duval fusillé avec son état-major le 4, sans procès, sur ordre
du général Vinoy. Le même jour, Gustave Cluseret est nommé délégué à la Guerre de la Commune. En réponse aux actes des
Versaillais, celle-ci vote, le 5 avril, le décret des otages (trois otages fusillés pour un communard exécuté), qui ne sera mis en
application que pendant la Semaine sanglante, fin mai. Pendant trois semaines environ, les combats sont sporadiques, mais les
bombardements intensifs, en particulier sur Neuilly qui, le 25, bénéficie d'une suspension d'armes pour permettre l'évacuation de
la population. Cette période permet à l'armée versaillaise de se renforcer.
Au soir du 26 avril, le village des Moulineaux est
occupé par les Versaillais qui, le 29, menacent le fort
d'Issy où des ordres contradictoires ont entraîné un
début d'évacuation. Le 1er mai, Louis Rossel est
nommé délégué à la Guerre en remplacement de
Cluseret qui a été révoqué. Le 4 mai, les Versaillais,
aidés par une trahison (qui sera le motif de l’arrestation
des dominicains d'Arcueil), enlèvent la redoute du
Moulin-Saquet où ils se livrent à des Barricade située à l'angle des
atrocités [réf. nécessaire]. Le 5, ils s'emparent du village boulevards Voltaire et Richard-Lenoir.
de Clamart. Le 8, l'enceinte fortifiée de Paris est
violemment bombardée de Grenelle à Passy, tandis que
le 9, le fort d'Issy est pris par les Versaillais.
Barricade, lithographie
d'Édouard Manet, 1871.
Le 8 mai, Thiers adresse une proclamation aux Parisiens par la voie d’une affiche qui se
retrouve assez mystérieusement placardée sur tous les murs de la ville. Il demande leur aide
pour mettre fin à l’insurrection et les informe que l’armée régulière va devoir passer à
l’action dans la ville elle-même :
« Nous avons écouté toutes les délégations qui nous ont été envoyées, et pas une
ne nous a offert une condition qui ne fût l'abaissement de la souveraineté nationale
devant la révolte. (…) Le gouvernement qui vous parle aurait désiré que vous
puissiez vous affranchir vous-mêmes… Puisque vous ne le pouvez pas, il faut bien
qu'il s'en charge, et c'est pour cela qu'il a réuni une armée sous vos murs… (…) si
vous n'agissez pas, le gouvernement sera obligé de prendre, pour vous délivrer, les
moyens les plus prompts et les plus sûrs. Il le doit à vous, mais il le doit surtout à la
France. »
Le 21 mai, grâce à Jules Ducatel, piqueur des Ponts et Chaussées, qui est monté sur le bastion no 64 pour avertir les Versaillais
que la place n'est plus gardée, l'armée régulière pénètre dans Paris par la porte de Saint-Cloud. Ducatel, arrêté par les fédérés, va
être fusillé devant l'École militaire quand il est sauvé par l'arrivée de l'armée régulière. Son acte inspire au directeur du Figaro,
Hippolyte de Villemessant, le lancement d'une souscription publique qui rapporte à l'intéressé 125 000 francs-or.
Les communards fusillent 47 otages. La plupart sont des religieux. Le plus célèbre
d'entre eux, l'archevêque de Paris Georges Darboy, est arrêté le 4 avril 1871 avec quatre
autres clercs en application du « décret des otages ». Enfermé à la prison Mazas, il est
exécuté à la Roquette, à la suite de l'attaque versaillaise, le 24 mai avec l’abbé Deguerry,
trois jésuites et le président de la Cour de cassation, Bonjean, sur l'ordre de Théophile
49
Ferré . À cette exécution s'ajoutent celles des dominicains d'Arcueil et des jésuites de la
rue Haxo. Pendant toute la semaine du 21 au 28 mai, celle de l'offensive contre la
50
Commune, la Bourse de Paris reste fermée alors qu'elle était jusque-là restée ouverte.
L'historien britannique Robert Tombs avance que les représailles « ne furent pas
autorisées par les derniers membres de la Commune. Les quatre principaux incidents (il y
eut aussi des exécutions sporadiques de personnes soupçonnées d'être des espions ou des
traîtres) eurent lieu soit à l'initiative d'un petit nombre d'individus, en particulier des
blanquistes, soit furent la conséquence d'une rage spontanée de fédérés du rang et de
51
passants dans une situation confuse et traumatique » .
Les destructions et incendies d'immeubles civils (rues Royale, de Lille, de Rivoli, boulevard Voltaire, place de la Bastille, etc.),
sont liés aux combats de rue, aux tirs d'artillerie, autant fédérés que versaillais. Certains incendies d'immeubles auraient aussi été
52
provoqués pour des raisons tactiques, pour contrer l'avancée versaillaise .
Le palais des Tuileries, symbole du pouvoir impérial de Napoléon III (incendié par un certain Benot sur l'ordre
52, 53
du général Bergeret );
La Bibliothèque impériale au Louvre, située dans l'aile nord du Palais, et ses quelque 200 000 livres et
manuscrits (comprenant le fonds de la bibliothèque de l'administration impériale et l'important legs de livres
et manuscrits de Charles Motteley) ;
54
Le palais de justice (dont cependant la Sainte-Chapelle et la Cour de cassation échappent aux flammes ) ;
55
Le palais d'Orsay (où siègent le Conseil d'État en 1840 et la Cour des comptes en 1842) ;
Le palais de la Légion d'honneur ;
Le Palais-Royal (l'aile droite et une partie du bâtiment central) ;
La Caisse des dépôts et consignations.
56
Le ministère des Finances est également détruit par un incendie le 22 mai, selon un ordre donné à un certain Lucas par un
53
document ministériel signé de Théophile Ferré , dont il contestera être l'auteur. Des sources de l'époque proches des
communards avancent que l'incendie fut déclenché par des obus de l'artillerie de l'armée régulière, qui aurait visé la barricade
57
fédérée à l'angle de la rue Saint-Florentin : « Bon nombre d'obus, en éclatant, avait mis le feu de divers côtés : c'est ainsi,
quoiqu'on en ait dit que le ministère des Finances, incendié de cette façon, brûlait lentement derrière nous, depuis le lundi de
58
grand matin » .
Hôtel de ville de Paris Ministère des finances, Palais de la Légion Rue de Lille.
incendié, cliché rue de Rivoli. d'honneur.
d'Alphonse Liébert.
La cour intérieure du
Louvre, 1871.
L'hôtel de ville est incendié le 24 mai 1871 par deux inconnus munis d'un arrosoir de pétrole, quelques heures après son abandon
Note 1
par les communards qui n'avaient pourtant pas donné un tel ordre . L'un d'eux est habillé en zouave, selon le témoignage de
e 53
Monsieur Bonvalet, ancien maire du 3 arrondissement, qui fut l'un des derniers à quitter les lieux . La bibliothèque de l'hôtel
de ville et la totalité des archives de Paris furent ainsi anéanties, ainsi que tout l'état civil parisien à partir de 1515 (un exemplaire
existait à l'hôtel de ville, l'autre au palais de justice depuis 1668 ; ils furent tous deux la proie des flammes). Seul un tiers des huit
millions d'actes détruits a pu être reconstitué.
Les archives judiciaires du département de la Seine détruites furent essentiellement celles du conseil de préfecture, ancêtre du
tribunal administratif, conservées à l'hôtel de ville, et du tribunal correctionnel, conservées au palais de justice, pour la période
59
1800-1871 . Une grande partie des archives de la police fut également détruite dans l'incendie du palais de justice. Certains
54
bureaux de la Préfecture de police étaient alors intégrés aux bâtiments du palais ; la Conciergerie est également touchée . Les
55
archives comptables disparaissent également dans l'incendie du palais d'Orsay .
D'autres richesses culturelles connurent le même sort, à l'exemple, rue de Lille, de la
maison de Prosper Mérimée, qui brûla avec tous ses livres, souvenirs, correspondances et
manuscrits et de celle du sculpteur Jacques-Édouard Gatteaux avec la plus grande partie
de ses collections, ou celle de Jules Michelet, rue d'Assas. Le musée de la manufacture
des Gobelins est touché par l'incendie avec environ 80 tapisseries, dont la moitié
antérieure au xixe siècle et surtout l'exemplaire de François Ier de la série des Actes des
60
Apôtres de Raphaël , tout comme l'église Saint-Eustache, l’église Notre Dame de
Bercy, la caserne de Reuilly, les Magasins-Réunis place de la République, le Grenier
Plaque commémorative, vestibule
d'abondance sur le bassin de l'Arsenal incendié par un certain
53 Denon, musée du Louvre.
Ulric Interprétation abusive ?, le théâtre du Châtelet, celui de la Porte-Saint-Martin,
53
incendié par un certain Brunel Interprétation abusive ?, le théâtre du Bataclan et celui des
Délassements-Comiques ; tandis que le Théâtre lyrique est fortement touché.
La chronologie de ces destructions suit très précisément la reconquête de Paris par les troupes versaillaises : le 22 mai, le
ministère des Finances ; dans la nuit du 23 au 24, les Tuileries, le palais d'Orsay et l'hôtel de Salm (actuel Palais de la Légion
d'honneur) ; le 24, le Palais-Royal, le Louvre, l'hôtel de ville et le palais de justice ; le 25, les greniers d'abondance ; le 26, les
54
docks de la Villette et la colonne de la Bastille ; le 27, Belleville et le Père-Lachaise .
L'incendie de l'Hôtel-Dieu et de Notre-Dame, envisagé, semble avoir été évité. Le gouvernement publie a posteriori une liste de
54
plus de deux cents édifices touchés par les flammes . Les Archives nationales furent sauvées par l'initiative du communard
Louis-Guillaume Debock, lieutenant de la Garde nationale parisienne et directeur de l'Imprimerie nationale sous la Commune,
qui s'opposa in extremis à l'incendie ordonné par d'autres communards.
Le palais du Louvre et ses collections échappèrent le 24 mai à la destruction grâce à l'action de Martian de Bernardy de Sigoyer,
commandant le 26e bataillon de chasseurs à pied (appartenant aux forces versaillaises), qui fit intervenir ses soldats pour
empêcher que le feu ne se propage du palais des Tuileries au musée, comme en témoigne une plaque apposée dans le pavillon
Denon. Il trouve la mort en poursuivant les combats à la tête de son bataillon. Son corps est retrouvé percé de balles le 26 mai au
61
matin, entre le boulevard Beaumarchais et la rue Jean-Beausire [réf. à confirmer] .
Après 72 jours, la Commune est finalement vaincue durant la Semaine sanglante qui débute avec l'entrée des troupes
46, 47
versaillaises dans Paris le 21 mai pour s'achever par les derniers combats au cimetière du Père-Lachaise le 28 mai .
Une plaque commémorative des derniers combats se trouve rue de la Fontaine-au-Roi, dans le 11e arrondissement de Paris.
Un bas-relief et une autre plaque commémorative des derniers combats de la Commune, se trouvent également à la jonction des
rues de la Ferme-de-Savy et Jouye-Rouve, dans une entrée du parc de Belleville.
Entrée du parc. Bas-relief et plaque
commémorative.
Répression
Massacres
Tous les témoins mentionnent les nombreuses exécutions sommaires commises par les troupes versaillaises, frappant — par
62
exemple — ceux dont les mains portent ou semblent porter des traces de poudre révélant l'emploi récent d'armes à feu . La
63
répression contre les communards est impitoyable et féroce . Dans les premiers jours de juin, la justice « régulière » remplace
les massacres de communards par les Versaillais et les exécutions sommaires massives avec la mise en place de conseils de
64
guerre, qui siègent pendant quatre années consécutives . Les trois principaux charniers à l'intérieur de Paris étaient au
Luxembourg (3 charniers), à la caserne Lobau et au cimetière du Père-Lachaise.
En 2014, l'historien britannique Robert Tombs revoit le bilan à la baisse et évalue entre 5 700 et 7 400 le nombre des morts, dont
70, 71, 72
environ 1 400 fusillés .
Selon l'historien Quentin Deluermoz, qui cite en exemple la Terreur, la guerre de Vendée, la bataille de Montréjeau, la révolution
de Juillet et les Journées de Juin, « la révision à la baisse » des victimes de la Semaine sanglante « s'inscrit en fait dans une
65
tendance historiographique concernant les grands massacres du XIXe siècle » .
En 2021, l'écrivaine et mathématicienne Michèle Audin conteste le bilan de Robert Tombs et estime que le nombre des
73
communards tués se situe probablement entre 15 000 et 20 000 .
En 2021, l'historien Jacques Rougerie révise son bilan. Il considère que Robert Tombs néglige les inhumations sauvages, mais
74
que le bilan de près de 30 000 morts donné par Camille Pelletan est « incontestablement une estimation excessive » . Jacques
74
Rougerie conclut qu'un bilan de 10 000 victimes semble le plus plausible et « reste énorme pour l'époque » .
En face, l'armée versaillaise dénombre officiellement 877 tués, 6 454 blessés et 183 disparus pour l'ensemble des combats livrés
68, 75
contre les communards . Selon Robert Tombs, pour la période spécifique de la Semaine sanglante, le bilan est d'environ
76
400 soldats et officiers tués et 3 000 blessés, dont 1 000 sérieusement, soit environ 500 morts ou blessés par jour .
Neuf cents barricades ont été emportées mais seules une centaine étaient sérieusement
76 77, 78
défendues . Environ 50 à 100 otages ont également été fusillés par les
77
communards, principalement le 26 mai .
La plaque ci-contre, signalée par L'Aurore du 5 septembre 1903, rend hommage à celles
et ceux qui sont morts au combat dans le quartier des Carrières d'Amérique ou qui
ensuite y ont été exécutés sommairement, et à celles et ceux dont les corps ont été jetés
ici, plus tard.
Procès
On estime par ailleurs, sans qu'il soit possible d'avoir un chiffre exact, qu'environ 5 000 à
6 000 communards se sont exilés, principalement en Grande-Bretagne, en Suisse, en
90
Belgique ou aux États-Unis .
L'historien François Furet note que le socialisme français pâtit « de l'exil du mouvement
ouvrier », et écrit que « ces morts, ont une nouvelle fois et plus profondément encore
qu'en juin 1848, creusé le fossé qui sépare la gauche ouvrière et le républicanisme L'arrestation de Louise Michel le 24
bourgeois ». Pour Le Figaro, « Jamais, pareille occasion ne s'est offerte pour guérir Paris mai 1871, par le peintre Jules
1
de la gangrène morale qui le ronge depuis vingt ans » . L'historien Alistair Horne note Girardet.
que la répression eut un impact terrible sur la classe ouvrière parisienne : « L'aspect de
Paris changea de façon curieuse pendant quelques années. La moitié des peintres en
1
bâtiment, la moitié des plombiers, des couvreurs, des cordonniers et des zingueurs avaient disparu » .
Amnistie et réhabilitation
À la charnière de 1871 et de 1872, deux propositions d'amnistie sont présentées au Parlement, par Henri Brisson et 47
parlementaires, d'une part, par Edmond de Pressensé, de l'autre. En 1873, l'élection du radical lyonnais Désiré Barodet face à
Charles de Rémusat fait de l'amnistie un thème électoral. À l'automne 1874, Édouard Lockroy, soutenu par dix-neuf députés,
émet un vœu amnistaire relayé par la presse. Le 20 décembre 1875, le député du Vaucluse, Alfred Naquet, dépose au nom de la
gauche radicale une proposition d'amnistie qui est repoussée à main levée par l'Assemblée nationale.
Lors de la campagne électorale de 1876, de nombreux candidats républicains font de l'amnistie, formulée comme une politique
91
de l'oubli, l'un des points forts de leur programme . En mai 1876, les députés Raspail, Clemenceau, Naquet, Floquet et
92
Lockroy récidivent en vain (377 contre, 99 pour) .
Détournée temporairement par la crise du 16 mai 1877, l'attention sur la question de l'amnistie se pose de nouveau en 1879. Le
3 mars 1879, le ministre de la Justice Le Royer fait voter un projet substituant une « grâce » partielle à l'amnistie par 345 pour et
93
104 contre .
Ce n'est que le 11 juillet 1880 qu'avec l'appui tardif de Gambetta, alors président de la Chambre, qui prononce un discours le 21
juin, l'amnistie pleine et entière est votée sur un projet du gouvernement déposé le 19 juin par 312 voix contre 136. Les exilés et
94
les déportés peuvent alors revenir en France .
Le 29 novembre 2016, l'Assemblée nationale adopte une résolution qui « proclame la réhabilitation des victimes de la répression
95, 96
de la Commune de Paris de 1871 » .
Anne Simonin, chercheuse au CNRS, soutient toutefois que « la Commune n'a jamais été amnistiée, pas plus en 1880 qu'à
aucune autre époque de la République », soulignant que les lois dites d'amnistie ont recouru à la « grâce amnistiante », un
« monstre juridique » qui « entraîne de très nombreuses exceptions », s'agissant notamment des communards tués lors de la
Semaine sanglante ou des condamnés à mort : « Par leur éviction de fait, le législateur ne reconnaît pas la Commune en tant que
97
guerre civile mais uniquement comme insurrection ayant fait l'objet d'une répression légale » . Les communards hors amnistie
97
sont au nombre de 10 000 selon les estimations les plus basses, à savoir celles de l'historien Robert Tombs .
Après la proclamation de la Commune de Paris le 18 mars 1871, les Communes de provinces se développent plus rapidement,
mais sont de courte durée : à Marseille, une seconde a lieu du 23 mars au 4 avril sous le commandement de Gaston
L 1, 98 L1 99
Crémieux , à Saint-Étienne, l'insurrection ne dure que quelques jours du 24 au 28 mars , à Narbonne du 24 au 31,
proclamée par Émile Digeon, à Toulouse du 24 au 27, à Perpignan le 25, au Creusot le
L1
26 par Jean-Baptiste Dumay , puis à Grenoble le 16 avril, à Bordeaux les 16 et 17 et à
100 101
Nîmes le 18 . D'autres soulèvements ont lieu à Limoges , Périgueux, Cuers, Foix,
100
Rouen ou au Havre , et une tentative est organisée à Besançon.
Ces mouvements furent précurseurs des idées révolutionnaires qui amenèrent le monde
du travail à s'organiser pour défendre ses intérêts et à créer la CGT en 1895. [réf. souhaitée]
Plaque commémorative de la
Construction de la basilique du Sacré-Cœur sur la Commune de Narbonne, mur de
C’est d’abord en réparation de la défaite de 1870 qu’est souhaitée la construction de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre.
Dans une lettre adressée aux curés de son diocèse le 4 septembre 1870, jour de la proclamation de la troisième république,
l'évêque de Nantes, Félix Fournier attribue la défaite de la France à une punition divine après un siècle de déchéance morale
102
depuis la Révolution de 1789 .
Cette lettre a pu inspirer un vœu prononcé en décembre de la même année par le philanthrope Alexandre Legentil devant son
103
confesseur le père Gustave Argand, dans la chapelle du collège Saint-Joseph de Poitiers dont ce dernier était le recteur , et
rédigé en janvier 1871. A posteriori, la loi du 24 juillet 1873 invente une autre justification : « expier les crimes des
104, 105, 106
fédérés » . Sa construction débuta en 1875.
Le choix d'ériger la basilique sur la colline de Montmartre était hautement symbolique pour la droite victorieuse : c'est là que
débuta l'insurrection le 18 mars lorsque les troupes d'Adolphe Thiers tentèrent d'enlever à Paris les canons qui y étaient
entreposés et que les Parisiens considéraient comme leur propriété puisqu'ils les avaient eux-mêmes payés par souscription.
Après la cérémonie de pose de la première pierre, Hubert Rohault de Fleury fit explicitement le lien : « Oui, c'est là où la
Commune a commencé, là où ont été assassinés les généraux Clément Thomas et Lecomte, que s'élèvera l'église du Sacré-
Cœur ! Malgré nous, cette pensée ne pouvait nous quitter pendant la cérémonie dont on vient de lire les détails. Nous nous
rappelions cette butte garnie de canons, sillonnée par des énergumènes avinés, habitée par une population qui paraissait hostile à
toute idée religieuse et que la haine de l'Église semblait surtout animer ». Un précédent lieu de culte, l'église Saint-Marcel de la
Maison-Blanche, fut d'ailleurs construit dans des circonstances semblables : surnommée la « chapelle Bréa », du nom du général
Jean Baptiste Fidèle Bréa, abattu lors des Journées de Juin. On ne trouve pas de mention de cette motivation dans le texte de loi
voté par l'Assemblée nationale, mais déjà à l'époque elle était dénoncée par l'opposition de gauche.
Par ailleurs de nombreuses villes françaises ont donné le nom d'Adolphe Thiers à une voie publique, voyant en lui le fondateur
de la Troisième République plutôt que le responsable de la répression de la Commune.
Depuis 1882, une association, fondée au départ comme une société d'entraide des
communards de retour d'exil, puis devenue Les Amies et Amis de la Commune de Paris
107
1871, défend ce qu’elle considère comme les valeurs et l'œuvre de la Commune .
Karl Marx juge néanmoins que la Commune fut l'une des expériences les plus démocratiques depuis l'aube de la société de
classes : « Au lieu de décider une fois tous les trois ou six ans quel membre de la classe dirigeante devait "représenter" et fouler
aux pieds le peuple au Parlement, le suffrage universel devait servir au peuple constitué en communes […] Son véritable secret,
le voici : c'était essentiellement un gouvernement de la classe ouvrière, le résultat de la lutte des producteurs contre la classe des
1
appropriateurs, la forme politique enfin trouvée qui permettait de réaliser l’émancipation économique du travail » , Karl Marx est
par ailleurs surpris voire admiratif du pacifisme qu'ont exercé les communards : « Du 18 mars à l'entrée des troupes de Versailles
à Paris, la révolution prolétarienne resta si exempte des actes de violence qui abondent dans les révolutions, [...] que ses
adversaires ne trouvent pas matière à exhaler leur indignation, si ce n'est l'exécution des généraux Lecomte et Clément Thomas,
et l'affaire de la place Vendôme. [Mais] Le Comité central et les travailleurs de Paris [ne furent pas] responsables de l'exécution
de Clément Thomas et de Lecomte [et] le prétendu massacre de citoyens sans armes place Vendôme est un mythe dont [les
politiciens] n'ont absolument pas voulu dire un mot à l'Assemblée, s'en remettant exclusivement pour le diffuser [aux journaux
européens]. [La panique des bourgeois] fut leur seul punition. Même les sergents de ville, au lieu d'être désarmés et mis sous les
verrous comme on aurait dû le faire, trouvèrent les portes de Paris grandes ouvertes pour aller se mettre en sûreté à Versailles [...],
même [les espions de Versailles] pris dans Paris, [...] même les sergents de ville pris avec des bombes incendiaires sur eux,
110
étaient épargnés » .
L'écho de la Commune dans la Russie tsariste, avec une population largement analphabète, met du temps à se déployer.
Néanmoins, dès 1872, la littérature anti-communarde commence à être traduite en russe, avec la traduction de l'ouvrage Le Livre
noir de la Commune de Paris : L'Internationale dévoilée. La référence à l'insurrection parisienne se développe avec la révolution
de 1905, le groupe anarchiste Les Communards (Kommounary) appelant à transformer Białystok selon cette perspective et le
journal Kommouna, organe d'une aile radicale des socialistes-révolutionnaires, appelant à la commune dans toutes les villes. Les
111
analyses des révolutionnaires occidentaux sont alors traduites et imprègnent la culture politique des militants russes .
112
Dans L’État et la Révolution, Lénine consacre la Commune de Paris pour son caractère prophétique et sa valeur exemplaire .
112
Il transmet le mythe communard aux premiers communistes chinois dans les années 1920 . L'arrivée au pouvoir des
bolcheviks entérine le terme de kommouna dans l'imaginaire, à la fois compris comme gouvernement ouvrier et communauté
d'égaux. Parmi les 32 exploitations collectives en activité dans un district rural au sud de Kharkov dans les années 1919-1920,
deux d'entre elles sont dénommées « Commune de Paris ». Le discours sur cet évènement devient plus homogène au fil du
temps, les maisons d'édition officielles et les traductions d'auteurs occidentaux éclipsant les points de vue libertaires. Léon Trotski
y consacre un chapitre de Terrorisme et communisme en 1920 et expose Les Leçons de la Commune en 1921 dans lesquelles il
explique que l'indécision des masses parisiennes dans la conduite du mouvement s'explique par l'absence d'un parti. La
Commune devient peu à peu un motif de la culture soviétique. Elle est alors représentée au théâtre, au cinéma (par exemple dans
Les Aubes de Paris de Grigori Rochal) et dans les arts plastiques, mais son évocation se vide peu à peu de sa signification et de
111
sa portée émancipatrice .
112
Les premiers communistes chinois célèbrent comme une fête traditionnelle l’anniversaire de l’insurrection parisienne . Mao
Zedong mobilise la référence à la Commune de Paris à partir du Grand Bond en avant, et en particulier au lancement de la
révolution culturelle : il présente le premier dazibao de l'événement — dans lequel Nie Yuanzi, professeure de philosophie à
l'université de Pékin, attaque le recteur dont elle dépend — comme « la proclamation de la Commune de Pékin des années
112, 113
soixante du 20e siècle, en Chine » dont la « portée dépasse celle de la Commune de Paris » . La sinologue Marie-Claire
Bergère relève qu'à l'occasion de la révolution culturelle, Mao utilise « l’appel des communards parisiens à la destruction de
112
l’État pour déclencher son offensive contre les organes du gouvernement et du Parti communiste chinois » . La Résolution en
16 articles du 8 août 1966, qui fixe le cadre de la révolution culturelle en Chine, déclare qu'« il est nécessaire d’appliquer un
112
système d’élection générale semblable à celui de la Commune de Paris », ce qui restera sans effet .
Dans leur proclamation du 5 février 1967, les ouvriers « rebelles révolutionnaires » qui proclament la Commune populaire de
Shanghai, emmenés par Zhang Chunqiao, évoquent « la nouvelle Commune de Paris des années 1960 » et reprennent les
112, 114
principes de la Commune de Paris en précisant qu’ils peuvent être destitués à tout instant . Très rapidement, Mao rejette,
112
dans sa pratique, l'idéal d'autonomie locale associé à la Commune de Paris . Il fait rebaptiser la Commune populaire de
112, 114
Shanghai, qui aura duré vingt jours, en « Comité révolutionnaire de la ville de Shanghai » . L'historien Alain Roux,
spécialiste du mouvement ouvrier à Shanghai au xxe siècle, indique : « Il n’y a pas en Chine d'étude concrète de ce que fut la
Commune de Paris. Rien sur sa dimension de pouvoir nouveau avec le rôle d’une assemblée générale élisant des délégués
révocables, de la démocratie directe, au moins au départ. Tout cela, en Chine, on n’y pense pas. L’influence de la Commune est
plus sémantique. C’est un thème : le drapeau rouge. Un mot d’ordre : le pouvoir prolétarien, la destruction par la force du
112
pouvoir bourgeois capitaliste » .
Au xxie siècle, sous Xi Jinping qui cherche à faire de la Chine un modèle pour elle-même et abandonne les références historiques
à l'Occident, les revues du Parti communiste chinois citent la Commune de Paris comme un exemple raté de mouvement
112
révolutionnaire ouvrier .
Historiographie contemporaine
Pour l’historien François Furet, « aucun événement de notre histoire moderne, et peut-être de notre histoire tout court, n’a été
l’objet d’un pareil surinvestissement d’intérêt, par rapport à sa brièveté. Il dure quelques mois, de mars à mai 1871, et ne pèse pas
lourd sur les événements qui vont suivre, puisqu’il se solde par la défaite et la répression. […] Le souvenir de la Commune a eu
la chance de se trouver transfiguré par un grand événement postérieur : la révolution russe de 1917 l’a intégré à sa généalogie,
115
par l’intermédiaire du livre que Marx avait consacré à l’événement dès 1871 . Pourtant, la Commune doit beaucoup plus aux
116
circonstances de l’hiver 1871 et au terreau politique français qu’au socialisme marxiste, auquel elle ne tient par rien » .
Pour les historiens François Broche et Sylvain Pivot, « la Commune, dépourvue d'idées neuves, de valeurs fondatrices et de
117
dirigeants d'envergure, ne fut jamais en mesure de précipiter l'enfantement d'un monde nouveau » .
L’historien Alain Gouttman écrit dans La Grande Défaite (2015) : « Devant l'histoire, les communards se sont montrés le plus
souvent médiocres, à quelque poste qu'ils se soient trouvés entre le 18 mars et le 26 mai 1871. Ils n'en incarnent pas moins, dans
la mémoire collective, une grande cause, la plus grande de toutes peut-être : celle d'une société jaillie du plus profond d'eux-
mêmes, où la justice, l'égalité, la liberté n'auraient plus été des mots vides de sens. Une utopie ? En tout cas, une grande
espérance qui les dépassait de beaucoup, et dont ils furent à la fois acteurs et martyrs ».
La plus récente synthèse, de l'historien Jean- Louis Robert, propose de dépasser l'opposition entre les principales interprétations
de la Commune : prémices de la révolution ouvrière et de la dictature du prolétariat, remise en cause libertaire de l’État et des
dominations, insurrection d’abord républicaine et patriote, mouvement de circonstance loin de tout mouvement long, rebond des
insurrections populaires qui accompagnent l’histoire de France...
Chronologie
Iconographie
Philippoteaux : Derniers
combats au Père-Lachaise,
Peinture qui fit des « panoramas-
spectacles » sur la
Des peintres, présents au moment des faits, vont être directement témoins, voir acteurs, de Commune.
l'insurrection parisienne. Certains vont choisir de la représenter a posteriori. Ainsi Édouard
118
Manet, retiré à Bordeaux et qui rentre début juin dans la
capitale ; traumatisé, il produit deux lithographies. Sur place, très
actif, Gustave Courbet lance un appel à la création de la
Fédération des artistes de Paris qui regroupe 290 personnes le 15
119 120
avril 1871 ; s'il en préside le comité , ce n'est qu'une fois
arrêté et emprisonné, depuis sa cellule, qu'il remplit un carnet de
croquis représentant les familles d'insurgés parquées, et dont il
121
est le témoin direct .
Léon-Paul-Joseph Robert :
Les ruines de Paris,
La Colonne Vendôme
couverture de l'album de
renversée (1871), musée Photographie
photographies d'Alphonse
d'Art et d'Histoire de Saint-
Liebert (1872).
Denis. Plusieurs photographes documentent la Commune de Paris, dont
Bruno Braquehais dans sa série de La Chute de la colonne
Vendôme. Le camp versaillais est soutenu par les photomontages
engagés de Jules Raudnitz — Le Sabbat rouge — et d'Eugène Appert, les Crimes de la Commune.
Alfred d'Aunay et Alphonse Liébert, Les Ruines de Paris et de ses environs 1870-1871. Cent photographies,
Volume I et II, Paris, Photographie américaine A. Liébert, 1872 — sur Gallica (https://catalogue.bnf.fr/ark:/1214
8/cb34032335h).
Quentin Bajac [dir.], La Commune photographiée, Paris, Éditions de la Réunion des Musées Nationaux,
2000.
Gravure
Des milliers de caricatures (pour la plupart des lithographies) dépeignant les personnalités politiques de l'époque et le
comportement des Parisiens assiégés sont produites à Paris pendant la guerre franco-prussienne puis sous la Commune, souvent
par le biais des journaux et magazines satiriques illustrés. D'importantes collections sont conservées au musée d'art et d'histoire
Paul Éluard (https://musee-saint-denis.com/portfolio/le-siege-et-la-commune-de-paris/) (Saint-Denis), au musée Carnavalet à
122
Paris (fonds Maurice Quentin-Bauchart), à la British Library et au Victoria & Albert Museum (Londres), ou encore aux
123
bibliothèques universitaires de Cambridge (https://cudl.lib.cam.ac.uk/collections/caricatures/1) et d'Heidelberg (https://heidico
n.ub.uni-heidelberg.de/search?p=59&ot=objekte&inp=fulltext:Collection%20caricatures%20charges%20guerre).
À l'automne 1871, Alfred Cadart publie l'album Paris et ses avant-postes pendant le siège (1870-1871), douze eaux-fortes
124
signées Léopold Desbrosses .
En 2022, les Cahiers Tristan Corbière n° 4 (éditions Classiques Garnier) publient 24 caricatures de communards et du « parti de
125
l'ordre » réalisées par le poète breton Tristan Corbière . Ces dessins, que l'on croyait perdus, ont été retrouvés à la bibliothèque
de Bologne. Benoît Houzé retrace dans ces cahiers leur histoire et analyse leur contenu.
Sculpture
Sculpture monumentale
Art urbain
Littérature
Bande dessinée
Roman
L'historienne Laure Godineau indique qu'« un mur s'est dressé entre les communards et le milieu littéraire » et que « la liste des
détracteurs est longue », citant George Sand, Gustave Flaubert, Maxime Du Camp (Les Convulsions de Paris, 1878), Théophile
Gautier (Tableaux de siège, 1871), Leconte de Lisle, Ernest Renan, Edmond de Goncourt, Champfleury, Edmond About,
Alphonse Daudet (Souvenirs d'un homme de lettres, 1886), Louis Veuillot, Francisque Sarcey, Alexandre Dumas fils, Paul de
90
Saint-Victor, Jules Barbey d'Aurevilly, Hippolyte Taine, Émile Littré, Paul Bourge ou encore Eugène-Melchior de Vogüé . A
contrario et hormis Jules Vallès, grand défenseur de la Commune à laquelle il a lui-même participé, notamment à travers son
roman L'Insurgé,et aussi l'Histoire de la Commune de 1871 par P-O Lissagaray, Arthur Rimbaud a « pleinement sympathisé
avec les insurgés ; il consacra à la Commune et à la répression au moins deux poèmes : L'Orgie parisienne ou Paris se repeuple
90
et Les Mains de Jeanne-Marie, en hommage aux femmes combattantes » .
Émile Zola fait office de « cas particulier » : « correspondant du journal La Cloche, il donne des articles pendant les événements
de 1870-1871 qui ne ménagent pas l'Assemblée de Versailles, tout en condamnant la Commune. Cependant, dans son roman La
Débâcle, qu'il publie en 1892, Zola donnera le beau rôle au paysan Jean Macquart, le soldat versaillais plein de sagesse (« l'âme
même de la France équilibrée et grave »), contre son ami Maurice Levasseur, l'intellectuel communard qu'il a tué : « Tout le
90
symbole est là ; c'est la mauvaise partie de la France, la raisonnable, la pondérée, la paysanne, qui supprime la partie folle. » » .
Paul Lidsky publie en 1970 aux éditions François Maspéro son mémoire de DESS intitulé Les Écrivains contre la commune.
127, 128
Réédité aux éditions de La Découverte en 2010, cet ouvrage est considéré comme une référence dans son domaine .
L'auteur y montre combien, à l'exception de quelques auteurs comme Hugo, Rimbaud ou Villiers-de-L'Isle-Adam, la quasi-
totalité des auteurs célèbres à l'époque (Flaubert, Dumas Fils, Du Camp, les frères Goncourt, Gautier, Sand…) témoigne d'une
haine et d'un mépris absolus pour un phénomène dont ils ne cherchent pas à comprendre les causes. En 2020, l'auteur ajoute un
chapitre à la dernière réédition, intitulé Les artistes pour la Commune.
Chant de guerre parisien, Les Mains de Jeanne-Marie et L’Orgie parisienne ou Paris se repeuple, poèmes
129
d'Arthur Rimbaud , 1870-1871.
Théophile Gautier, Tableaux du siège : Paris 1870-1871, Paris, Éditions Charpentier, 1871 — sur Gallica (htt
ps://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1031535/f).
130
L'Année terrible, poèmes de Victor Hugo , 1872.
Contes du lundi, contes d'Alphonse Daudet, 1873.
Jacques Damour, nouvelle d'Émile Zola, 1880.
L'Insurgé, roman de Jules Vallès, 1886.
Bas les cœurs !, roman de Georges Darien, 1889.
Histoire d'un trente sous (1870-1871), souvenirs du garde national, le
journaliste et poète : Sutter-Laumann, 1891.
La Débâcle, roman d'Émile Zola, 1892.
Sueur de sang, recueil de nouvelles de Léon Bloy, 1893.
La Commune, roman de Paul et Victor Margueritte, Paris, Plon et Nourrit, 1905.
Paul Martine (1845-1913), Les Insurgés, souvenirs d'un insurgé, éditions
Laville.
Philémon, vieux de la vieille, roman de Lucien Descaves, 1913, réédition : La
Découverte, 2019, avec un appareil critique (présentation, notes, repères
chronologiques et index des noms propres) de Maxime Jourdan Lire en ligne (h
ttps://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96168962).
Jules Vallès.
Mes cahiers rouges, récit de Maxime Vuillaume, 10 cahiers parus entre 1907 et
1914.
Le Canon Fraternité, roman de Jean-Pierre Chabrol, 1970.
La Communarde, roman de Cecil Saint-Laurent, 1970.
Les Écrivains contre la Commune, étude de Paul Lidsky, Maspéro, 1970 ; rééd. augmentée d'un chapitre sur
Les artistes pour la Commune, La Découverte.
L'Ordre et le désordre, roman de Claude Spaak, 1971.
Une Histoire de la Commune de Paris, roman d'Armand Lanoux, Grasset, deux tomes : La Polka des canons
et Le Coq rouge, 1971-1972.
Marx et Sherlock Holmes, roman d'Alexis Lecaye comportant une longue évocation de la Semaine sanglante,
éditions Fayard, 1981.
Les Boulets rouges de la Commune, roman de Georges Coulonges, 1993.
131
Le Cri du peuple , roman de Jean Vautrin, 1998, par la suite adapté en bande-dessinée par Tardi entre
2001 et 2004.
Le Roman de Rossel, roman de Christian Liger, 1998.
L'Imitation du bonheur, roman de Jean Rouaud, 2006.
Le cimetière de Prague, roman d’Umberto Eco, 2011.
À notre humanité, roman de Marie Cosnay, 2012.
La Fosse commune, roman de Pierre Vinclair, 2016.
Dans l'Ombre du Brasier, roman de Hervé Le Corre, 2019
Théâtre et spectacles
La Commune à Nouméa de Georges Cavalier, Séguier. Pièce créée à Fort
Boyard, le 1er janvier 1872
La Commune de Paris de Jules Vallès (1873), pièce inédite en cinq actes et
onze tableaux, préface et notes de Marie-Claire Bancquart et Lucien Scheler, les
Éditeurs Français Réunis, 1970. - 377p.
Le Dernier jour de la Commune, spectacle théâtral et musical en panorama peint
par Charles Castellani, rue de Bondy, Paris, 1883-1884 — au moins trois
affiches produites.
Manhattan Beach, Paris and the Commune, spectacle pyrotechnique monté par
132
Henry J. Pain et Patrick Gilmore, Coney Island, New York, septembre 1891 .
L'Ami de l'ordre, drame en un acte de Georges Darien, 1898.
Les Jours de la Commune (Die Tage der Commune), pièce de Bertolt Brecht
créée en 1949 (Théâtre complet, tome VI, L'Arche, 1957).
Affiche de Léon Choubrac,
Printemps 71 d'Arthur Adamov, in revue Théâtre populaire, no 40, 1960 . spectacle théâtral Le Dernier
Réédition Gallimard, 1968. Jour de la Commune (1883).
La butte de Satory de Pierre Halet, Seuil, 1967.
Place Thiers, chronique des temps de la Commune de Paris vus de province
d'Yvon Birster, Pierre - Jean Oswald, janvier 1971.-93p, ill.
Commune de Paris d'André Benedetto, Pierre-Jean Oswald, juillet 1971.- 196p.
Barricade, par la compagnie Jolie Môme, création collective inspirée d'Adamov et de Brecht. Pièce créée en
1999 à la Cartoucherie de Vincennes et rejouée régulièrement depuis.
La Commune de Paris, par la compagnie Pierre Debauche. Pièce créée en mars 2007 au théâtre du Jour à
Agen, dans une mise en scène de Robert Angebaud.
U-topie, textes, mise en scène et chansons de Guillaume Paul. Pièce créée en avril 2009 à l'Heure bleue de
Saint-Martin-d'Hères, représentée du 12 au 23 mai 2009 au théâtre du Pavé à Toulouse et rejouée
notamment au festival d'Avignon en 2010.
Métropole, écrit et mis en scène par Vincent Farasse, publié aux éditions Actes sud-Papiers, créé en janvier
2017 au Théâtre La Virgule, Tourcoing, et repris en décembre 2018 au Théâtre de la Reine Blanche à Paris.
Cette pièce, située dans le Grand Paris contemporain, se termine sur une large évocation de la Commune de
133
Paris .
Musique
Le Temps des cerises, paroles de Jean-Baptiste Clément (1866), musique d'Antoine Renard (1868). Cette
chanson d'amour romantique, bien qu'antérieure à la Commune, lui a été rattachée sentimentalement :
dédiée par son auteur, célèbre communard, à une ambulancière de la Commune, elle parle d'une « plaie
ouverte » au temps des cerises, qui correspond à l'époque de la Semaine sanglante. Cette célèbre chanson
a été interprétée par de très nombreux artistes dont Yves Montand en 1974 lors de son concert en faveur du
Chili, le groupe Noir Désir en 2008 et aussi en 2016 Le Chœur de l'Armée française en hommage aux
victimes des attentats terroristes de 2015.
La Semaine sanglante, paroles de Jean-Baptiste Clément (1871) sur l'air du Chant des paysans de Pierre
Dupont.
Le Capitaine « Au mur », paroles de Jean-Baptiste Clément, musique de Max Rongier.
L'Internationale, paroles d'Eugène Pottier (1871), musique de Pierre Degeyter (1888). Le texte de cette
chanson fut écrit par un communard, mais ne mentionne pas nommément la Commune.
L'insurgé, paroles d'Eugène Pottier (1880), musique d'Hervé Ghesquière
Elle n'est pas morte !, paroles d'Eugène Pottier (1886) sur l'air de T'en fais pas Nicolas de Victor Parizot.
Le Tombeau des fusillés, paroles de Jules Jouy (1887) sur l'air de La Chanson des peupliers de Frédéric
Doriat.
La Commune, ou Versaillais Versaillais, chanson de Jean-Édouard (1968).
La Commune en chantant, album de chants de la Commune interprétés par Marcel Mouloudji, Francesca
Solleville et Armand Mestral (1970).
La Commune, chanson de Jean Ferrat, paroles de Georges Coulonges (1971).
La Commune est en lutte, de Jean-Roger Caussimon et Philippe Sarde. Chanson écrite pour le film Le Juge
et l'Assassin de Bertrand Tavernier (1976).
Die Pariser Commune, album du groupe allemand Oktober (1977).
Rue des fusillés, chanson du groupe Molodoï (1992).
La Commune, chanson du groupe Vae Victis (1997).
Le Blues des communards, morceau d'Alain Soler (1999).
Raison d'État, chanson du groupe Paris Violence (2001).
Le Cri du peuple - Chansons de la Commune 1871, album interprété par Francesca Solleville, Serge Utgé-
Royo, Dominique Grange et Bruno Daraquy, extrait de l'intégrale de la bande dessinée du même nom de
Jean Vautrin et Jacques Tardi (2005)
Vive la Commune, chanson du groupe 10 rue d'la Madeleine (2006).
Les Femmes de la Commune de Paris, album de 17 chansons sorti chez EPM, de Pauline Floury et Séverin
Valière (2021)
La Commune refleurira, album collectif de 21 chansons pour revisiter les grandes chansons de la Commune
ainsi que des textes de Louise Michel, Jules Vallès, Arthur Rimbaud et Victor Hugo sorti chez Irfan et
interprété par Les Ogres de Barback, François Morel, HK, Francesca Solleville, Michèle Bernard, Melissmell,
Christian Olivier, Mouss et Hakim, Les Croquants, Agnès Bihl, Eyo’nlé, Thomas Pitiot, Coko, Florent
Vintrigner, Manu Théron, Audrey Peinado, Arthur Bacon, Laurent Cavalié et La Mal Coiffée, Michel Bühler,
Nathalie Fortin, Damien Toumi, Ben Herbert Larue, Le Chœur du Lamparo (2021)
Filmographie
Cinéma
La Nouvelle Babylone (Novyy Vavilon), film soviétique de 1929 réalisé par Grigori Kozintsev et Leonid
Trauberg. Ce film muet en noir et blanc compte 120 minutes dans sa version initiale et 93 minutes dans la
version restaurée de 2004. Plus qu'un simple produit de la propagande soviétique de l'époque, l'œuvre
s'inscrit dans la tradition expressionniste du début du xxe siècle (exagération des formes et des contrastes par
des angles de prise de vue improbables, notamment). On y suit la rencontre et le destin tragique de deux
amants amenés par les événements à se trouver de part et d'autre des barricades pendant la Commune.
La Pipe du communard, film soviétique de 1929 réalisé par Constantin Mardjanov.
La Barricade du point du jour de René Richon (1977).
Mémoire commune de Patrick Poidevin (1978).
La Commune (Paris, 1871), de Peter Watkins, produit en 2000 par l'Office national du film du Canada. Il s'agit
d'un film noir et blanc de 345 minutes où ont joué plus de 200 acteurs et tourné dans un hangar. L'historien
Jacques Rougerie le « considère comme l'œuvre cinématographique la plus accomplie et la plus
remarquable sur la Commune, dont elle restitue extraordinairement le climat, avec une fidélité historique
134
impeccable » .
Plusieurs fois la Commune, de Katharina Bellan, Régis Boitier, Julien Chollat-Namy, Damien Peaucelle,
135
Vincent Poulin et Aziz Soumaré. Film réalisé en 2012 et présenté au festival de Lussas la même année .
Télévision
Emission
136
Les dossiers de l'histoire, Henri Guillemin,RTS, 1971
Série
Isabelle de Paris, série animée japonaise de 1979, se déroulant à Paris en 1870-1871 ; les personnages
vivent les événements de la guerre, du siège puis de la commune, connaissant un sort tragique lors de la
semaine sanglante dans les derniers épisodes.
Documentaires
Commune de Paris, documentaire réalisé par Robert Ménégoz en 1951 (25 minutes).
137
Paris 1871 la semaine sanglante , documentaire réalisé par Jean-Pierre Gallo en 1976 (54 minutes).
138
La Commune de Paris 1871 , documentaire réalisé par Mehdi Lallaoui en 2004 (54 minutes), diffusé le 15
décembre 2012 dans l'émission « Lundi histoire » sur France 5 et présenté par Jean-Luc Hees.
139
La Commune de 1871 , documentaire réalisé par Cécile Clairval-Milhaud et Olivier Ricard en 1971 (1h16).
140
28 mai 1871, l'ordre règne à Paris , documentaire réalisé par Michel Pamart en 1971 (52 minutes).
Le temps des cerises : la Commune de Paris, réalisé par Robert Lombaerts en 1971 (45 minutes) et diffusé le
23 mars 1971 dans l'émission « Signes des Temps », Radio-télévision belge de la Communauté française,
Sonuma « voir en ligne (http://www.sonuma.be/archive/le-temps-des-cerises-la-commune-de-paris) », sur
sonuma.be (consulté le 30 juin 2016).
Sur les traces de Maxime Lisbonne, documentaire conçu à partir de l'ouvrage de Marcel Cerf "Maxime
Lisbonne, le d'Artagnan de la Commune", scenario de Claudine Cerf , réalisé par Jacqueline Margueritte et
diffusé à la télévision en 1983 (28 minutes).
Les Damnés de la Commune (1h35), 2021, Raphaël Meyssan, Arte.
1871, la Commune - Portraits d'une révolution, écrit par Jean-Yves Le Naour et réalisé par Cédric Condon en
141
2021 (52 minutes), diffusé le 2 mai 2021 dans l'émission « La Case du siècle » sur France 5 .
Odonymie
La ville d’Évry-Courcouronnes possède un quartier dont le nom des rues est dédié à la
Commune de Paris. On trouve par exemple le mail du Temps des cerises, la place de la
Commune, la place des Fédérés, le square Charles-Amouroux, le boulevard Louise-
Michel, l'allée de l'Affranchi, la rue Léo-André, etc. Une sculpture représentant une main
qui tient une paire de cerises se trouve devant le groupe scolaire du Temps des cerises.
La ville du Kremlin-Bicêtre a, dès sa fondation, attribué des noms de communards à des Place de la Commune-de-Paris -
rues dispersées sur le territoire communal : Jean Baptiste Clément, Charles Delescluze, Paris 13e
Paul Lafargue, Élisée Reclus, Louis Rossel…). Elles se croisent avec nombre d'artères
portant, quant à elles, le nom de protagonistes de la Révolution française.
Paris possède une place dans le 13e arrondissement en référence à la commune de Paris, la place de la Commune-de-Paris et un
grand nombre de communes de la banlieue parisienne possèdent une rue de la Commune-de-Paris dont Aubervilliers,
Romainville, l'Île-Saint-Denis et Le Blanc-Mesnil en Seine-Saint-Denis, Villejuif, Villeneuve-le-Roi, et Bonneuil-sur-Marne
dans le Val-de-Marne, Vigneux-sur-Seine, Morsang-sur-Orge et Saint-Germain-lès-Corbeil en Essonne et Mitry-Mory en Seine-
et-Marne.
En 1923, une localité de l'oblast de Nijni Novgorod en Russie soviétique fut renommée Pamiat’ Parijskoï Kommouny, soit
littéralement « Mémoire de la Commune de Paris ».
Hô Chi Minh Ville (Vietnam) possède une place de la Commune de Paris (Công trường Công xã Paris en vietnamien).
Cartes
Paris en mai 1871. Plan indiquant les opérations de l'armée contre l'insurrection / dressé par L. Meunier ; et P.
Rouillier (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53085566g/f1.item.zoom)
Charles Proles Commune de Paris, 1871, La semaine sanglante du 21 au 28 mai 1871 (https://gallica.bnf.fr/a
rk:/12148/btv1b53061526t)
Notes et références
Notes
1. Jules Claretie rapporte que Jean-Louis Pindy fut accusé, sans preuves, d'avoir donné cet ordre 53
2. Commissaire du gouvernement (représentant le ministère public) devant le 3e conseil de guerre, il avait été
auparavant interné dans « une maison de fous, » et dut être réinterné peu après selon Lissagaray (Lissagaray
2004, p. 415, 428).
3. Officier du maréchal Bazaine, puis président du 3e conseil de guerre, il dirigea également, le 28 novembre 1871
à Satory, l'exécution de Rossel, Ferré et du sergent Bourgeois (les deux premiers ayant été condamnés par
Merlin, le dernier par le 2e conseil de guerre) (Lissagaray 2004, p. 415, 434).
Références
86. « Rapport d'ensemble de M. le général Appert sur les opérations de la justice militaire relatives à l'insurrection
de 1871, présenté à l'Assemblée nationale par ordre de M. le maréchal de Mac-Mahon, duc de Magenta,
président de la République française, par M. le général de Cissey, Ministre de la Guerre », Annales de
l'Assemblée nationale, vol. XLIII, Paris, Cerf et fils, 1875.
87. 36 309 personnes, dont 819 femmes et 538 enfants, ne sont pas concernées par ce refus d'informer, selon
Christophe Monat, Gaston Alexandre Auguste de Gallifet : de la Commune à l'Affaire Dreyfus, J.-C. Godefroy,
1985, 208 pages, p. 84 (ISBN 2865530477), 34 952 hommes, 819 femmes et 538 enfants, pour Bertrand Tillier,
Tillier 2004, p. 144.
88. « Extrait du procès de la communarde Louise Michel, Versailles, décembre 1871 » (http://increvablesanarchiste
s.org/articles/avan1914/1871proces_louisemichel.htm), sur le site increvablesanarchistes.org, consulté le 15
octobre 2008.
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131. Ce titre reprend celui du quotidien de Jules Vallès.
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Voir aussi
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ikimedia.org/wiki/Commune_de_Paris?us
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Sources primaires
Témoignages
Les témoignages dits de première main doivent donc être présentés dans l'ordre chronologique de publication pour des raisons
historiographiques évidentes :
Autres témoins
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Correspondance d'Alix Payen reprise par Michèle Audin, C'est la nuit surtout que le combat devient furieux :
Une ambulancière de la Commune, 1871, Libertalia, coll. « La petite littéraire », 2020, 128 p.
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Collection de caricatures et de charges pour servir à l'histoire de la guerre et de la révolution de 1870-1871:
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Articles connexes
Chronologie de la Commune de Paris
Ordre de bataille de l'armée versaillaise
Comité central républicain des Vingt arrondissements
Communards
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