Vous êtes sur la page 1sur 4

Université Ziane Achour de Djelfa

Département des Langues Etrangères

Module : CCL

Niveau 3 année Licence

Enseignant : MAKROF Mohamed

Cours 3 : La Commune de Paris

Plan du cours

I. La Commune de Paris, une brève expérience révolutionnaire


II. La Commune dans l’histoire

La capitulation de Napoléon III avec ses 83000 soldats, à Sedan, le 02 septembre 1870, met fin à
l’Empire, et permet la proclamation de la République. Un gouvernement de la défense nationale est investi,
Le 04 septembre 1870, dont la mission principale est de poursuivre la guerre contre l’Allemagne. A l’Est du
pays, les grandes villes capitulent, malgré la résistance héroïque. Le 19 septembre 1870 l’armée prussienne
assiège Paris qui capitule le 28 janvier 1871. Les Parisiens ont subi de plein fouet les conséquences du siège.

1. La Commune de Paris, une brève expérience révolutionnaire


2. Présentation

La commune de Paris est un gouvernement insurrectionnel mis en place par les Parisiens à l’issue de
la guerre franco-prussienne, du 18 mars au 28 mai 1871.

2. Les origines de la Commune


La Commune de Paris trouve ses origines dans plusieurs évènements historiques et sociaux :

a- La terrible famine qui touche les Parisiens durant le siège de Paris.


b- La proclamation de l’empire allemand dans la Galerie des Glaces du château de Versailles le 18
janvier 1871, et le défilé de l’armée allemande dans la capitale, le 01mars 1871.
c- Les élections du 08 février qui ont donné à la chambre une majorité de royalistes et de pacifistes.
d- L’annulation de la solde des Gardes nationaux, seule ressource des ouvriers mobilisés durant la
guerre.
e- Les maladresses du gouvernement de Thiers et de l’assemblée nationale installés à Versailles,
après la création de la Fédération des Batillons de la Garde nationale.
f- La cristallisation du mouvement ouvrier français constitué vers les années 1860, influencé par les
thèses anarcho-syndicalistes de Pierre Proudhon et Auguste Blanqui.
3. Naissance de la commune

17 mars 1871, Adolph Thiers et son gouvernement, évaluant mal l'état d'esprit des Parisiens, envoient
au cours de la nuit la troupe sous le commandement du général Lecomte pour s'emparer des 227 canons de
la Garde nationale sur les buttes Montmartre et Belleville. Le général Lecomte est capturé par les insurgés et
tué le lendemain, comme le général Clément-Thomas. Apprenant les événements, Victor Hugo écrit dans
son journal : « Thiers, en voulant reprendre les canons de Belleville, a été fin là où il fallait être profond. Il a
jeté l’étincelle sur la poudrière. Thiers, c’est l’étourderie préméditée1. »

Thiers gagne Versailles. Des Parisiens (100 000 selon Thiers), habitant surtout des quartiers aisés de
l'Ouest parisien ou fonctionnaires, l'y suivent.

Afin de combler le vide laissé par les instances gouvernementales, un gouvernement populaire appelé
Comité central de la Garde nationale est constitué. Le 26 mars 1871, les Parisiens élisent un conseil
communal de 90 membres, ce conseil prend le nom de Commune de Paris. Le mouvement communard est
suivi dans certaines grandes villes (Lyon, Marseille, Toulouse, Saint-Etienne)

Les membres de la Commune de Paris sont de diverses origines sociales et politiques. Le conseil se
compose d’une majorité de Jacobins désireux de voir Paris dominer le reste du pays. Mais il y avait des
syndicalistes, des socialistes et des indépendants comme le peintre Gustave Courbet ou l’écrivain Jules
Vallès.

I. La commune dans l’histoire


1. Les réformes de la commune de Paris

La Commune de Paris prend un certain nombre de mesures sociales d’urgence comme le rapport du
payement des dettes et des loyers.

La Commune prend aussi quelques mesures symboliques : le drapeau rouge est adopté le 28 mars et
le calendrier républicain remis en vigueur. La destruction de la colonne de Vendôme, considérée comme le
symbole du despotisme impérial, est décrétée le 12 avril et réalisée le 16 mai. Sont aussi décidées la
confiscation des biens de Thiers et la destruction de son hôtel particulier à Paris.

Pour gouverner, elle forme 9 commissions qui prennent des réformes chacune dans son champs.

1- La commission de l’enseignement, présidée par Édouard Vaillant, propose une réforme globale de
l’école. L’enseignement est laïcisé ; l’enseignement confessionnel est interdit. L’école est devenue
gratuite est laïque. Elle ordonne les municipalités d’ouvrir des classes pour les filles.

1
Victor Hugo, Choses vues, 1870-1885, Paris, Gallimard, Folio, 1972, 529 p.(ISBN 2-07-036141-1), p.159.
2- La commission du travail et de l’échange propose des réformes en faveur des ouvriers : abolition du
travail de nuit, abolition des amandes et des retenus sur les salaires et l’adoption de la journée de 10
heures.
3- Une pension, de solidarité, est versée aux blessés ainsi qu'aux veuves et aux orphelins, des gardes
nationaux tués au combat. réquisitionne les logements vacants au profit des sinistrés des
bombardements allemands et versaillais ; des orphelinats sont créés avec l'aide en fourniture des
familles parisiennes.
4- sous l'impulsion d'Elisabeth Dmitrieff jeune militante russe de l'Internationale, et de Nathalie Lemel ,
se crée l'un des premiers mouvements féminins de masse, l’Union des femmes pour la défense de
Paris et les soins aux blessés. L'Union réclame le droit au travail et l'égalité des salaires.
5- La commune adopte une loi séparant l’Etat de l’Eglise, et supprime le budget de cultes.
6- La liberté de la presse est garantie par la loi. Les journaux anti-communards continuent de paraitre
jusqu'à la semaine sanglante.
7- L'appel du 22 mars du Comité central de la Garde nationale énonce que « les membres de
l'assemblée municipale, sans cesse contrôlés, surveillés, discutés par l'opinion, sont révocables,
comptables et responsables » et que leur mandat est impératif. Il s'agit d'une démocratie directe
reposant sur une citoyenneté active.
Le 29 mars 1871, la commune se dote d’un Conseil exécutive, à la tête de
de 9 commissions
Commissions Délégués
Commission de guerre Cluseret
Commission des finances François Jourde
Commission de la sureté générale Raoul Rigault
Commission de l’Enseignement Edouard Vaiillant
Commission des subsistances August Viard
Commission de la justice Eugène Protot
Commission du travail et de l’Echange Léo Fränkel
Commission des relations extérieures Paschal Grousset
Commission des services publics Jules Andrieu
2. Ecrasement de la Commune

Le fossé idéologique, entre les membres de la Commune se creuse, elle est devenue paralysée par ces
conflits, et doit faire face, aussi, aux partisans de Thiers, surnommés les Versaillais.

Le 21 mai, les Versaillais pénètrent dans la capitale, par la porte du Point-du-jour. Jusqu’au 28 mai,
ils mènent des combats acharnés, quartier par quartier, dans la ville où se dressent plus de 500 barricades.
Les versaillais purifient Paris. On estime entre 20 000 et 30 000 le nombre de fédérés massacrés, et 7500
déportés, contre 880 du côté des forces gouvernementales de Thiers.
Durant ces évènements tragiques, les Communards fusillent 47otages. La plupart sont des religieux.
Le plus célèbre d'entre eux, l’archevêque de Paris Georges Darboy. Également, de grands édifices sont
victimes d'incendies déclenchés soit par les Communards visant des bâtiments symboliques de l’Etat, soit à
cause des violents bombardements.

Ci-dessous, liste des plus importants bâtiments et établissements victimes des incendies :

1. Le palais de Tuilerie, symbole du pouvoir impérial de Napoléon III.


2. la Bibliothèque impériale au Louvre, située dans l'aile nord du Palais, et ses quelque 200 000 livres
et manuscrits ;
3. Le palais de justice ;
4. Le palais d’Orsay (où siègent le Conseil d’Etat et la Cour des comptes) ;
5. Le palais de la Légion d’honneur ;
6. Le Palais-Royal (l'aile droite et une partie du bâtiment central) ;
7. La Caisse des consignations ;
8. Le ministère des Finances.

3. Retentissement national et international de la Commune

La tragédie de la « semaine sanglante » et la dureté de la répression donnent corps à un mythe


unificateur magnifié par le mouvement ouvrier, ainsi qu’à un lieu de mémoire, le mur des Fédérés, et le
cimetière du Père-Lachaise.

Paradoxalement, cette répression implacable mise en œuvre par le gouvernement de Thiers a pour
conséquence d’enraciner la république dans le pays en démontrant qu’elle est capable de résister à l’anarchie
et aux désordres populaires

Sur le plan international, la Commune de Paris a eu un grand retentissement international.


Le théoricien socialiste allemand Karl Marx, d’abord hostile à la Commune, dans laquelle il ne voit que les
discussions stériles d’une insurrection dominée par les Jacobins et les proudhoniens, se rallie au mouvement
au moment de la « semaine sanglante ». En guise d’oraison funèbre, il salue dans la Commune la première
révolution prolétarienne des temps modernes. La lecture marxiste de la Commune met en évidence ses
caractéristiques de lutte de classes, perceptibles non seulement à travers les discours, mais aussi à travers
certaines mesures prises par le gouvernement communard. Il dit : « Le Paris ouvrier, avec sa Commune,
sera célébré à jamais comme le glorieux fourrier d’une société nouvelle. Le souvenir des ses martyrs est
conservé pieusement dans le grand cœur de la classe ouvrière. »

Vous aimerez peut-être aussi