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L'éclatement d'une insurrection

Certes, la Commune n'était pas une entreprise idéologiquement homogène et on trouvait parmi ses dignitaires des
fanatiques anarchistes et athéistes (l'exécution des otages innocents en avril 71 fut d'ailleurs une erreur politique
d'une cruauté sans nom), des utopistes, mais la majorité de la troupe était composée de petites gens qui n'arrivaient
plus à nourrir leurs enfants en travaillant 12 heures par jour et des patriotes sincères enragés devant la trahison de ces
Républicains corrompus par la haute-banque et l'Etranger. Du reste, les événements immédiats suivant la première
explosion de colère donnèrent raison à ceux qui pensaient que la Grosse Banque, Thiers et Bismarck marchaient
main dans la main au détriment du peuple. D'ailleurs, le plus apeuré dans cette crise fut le chancelier prussien lui-
même qui libérera aussitôt pas moins de 60 000 prisonniers français afin de soutenir l'effort de répression des
Versaillais. Quant à la Banque de France (que les Communards n'ont pas envahi, l'imaginant vide et ne comprenant
rien au pouvoir de la monnaie papier sur le court et le moyen terme.) préservé dans son indépendance, elle « prêta »
7 millions de Francs à Paris quand elle fournit aux Versaillais presque 320 millions de Francs ! C'est que, pour
rembourser la dette, il fallait pour les Versaillais reprendre le contrôle de Paris et de tous ses moyens financiers.
Grâce au soutien de l'Empire allemand qui venait d'être fondé sur l'écrasante victoire teutonne sur le coq déplumé, de
l'or amassé par les Rothschild, les Worms, les Bleichröder, les Oppenheim, les Goldschmidt, les Lazare, les Gradis,
les Schneider, les Seligmann, les Beer, les Haber, les Beyfus, les Pereire, les Stern, les Springer, les Ephrussi et les
Fould, tous liés comme la chair d'une seule bête par la magie des unions, et enfin de la petite bourgeoisie excédée
par la chienlit, l'Insurrection fut réprimée dans un déluge de mitrailles lors de la semaine sanglante du 21 au 28 mai
1871 où 35 000 hommes, femmes et enfants furent massacrés par la République des Droits de l'homme. Il est sûr que
le mouvement social sorti de ce carnage avait du plomb dans l'aile et qu'une leçon fut donnée à tous les agitateurs (le
marxisme ne constituait pas encore une menace favorisant la mobilisation collective aussi bien à gauche qu'à droite
par réaction) et à tous les pauvres s'imaginant un instant pouvoir rivaliser avec les porcs cités plus haut. Et il fallait,
pour la grosse bourgeoisie occidentale (la Commune a passionné le lectorat américain) capitaliser sur cette terreur
par des procès et surtout des déportations massives vers la Nouvelle-Calédonie et médiatisées à outrance par les
journaux conservateurs.
La haute-banque réprime, punit et prévient
Etrangement, pendant le temps des cerises 1871, Karl Marx n'apporta aucun soutien au mouvement communard.
Bien au contraire raillait-il ces Français devenus si gauches dans l'action révolutionnaire. C'est plus tard, quand tous
étaient morts, emprisonnés ou en fuite à l'étranger qu'il parla de l'épisode parisien dans les publications socialistes de
l'époque. Attitude qui fit dire à des observateurs de la fin du siècle, comme le communiste James Guillaume, que le
théoricien du Capital, fils de Henriette Pressburg et petit-fils de Mordechaï Mayer Marx Levi et d'Eva Chaje Haiem
Lwow, était pangermaniste... Il était surtout lié à l'esclavagiste Lion Philips qui déporta des milliers d'hommes vers
le Surinam (Guyane hollandaise) - Lion Philips, père du fondateur de la Multinationale Philips, est son oncle, et des
Rothschild par sa mère fortunée (cousine de Nathan de Rothschild).
Cependant, la gourmandise incurable de la grosse banque « européenne » eut pour conséquences des effets pervers
redoutables. En premier lieu une inflation galopante, là où les pires profiteurs étaient particulièrement actifs. Et
d'abord à Viennes, où le prix de l'immobilier doubla en quelques mois (il fallait bien investir les fruit du travail volés
aux Français). Phénomène qui précéda un krach formidable et les faillites des petites banques (pas celles, hormis
quelques succursales, des personnalités citées plus haut, rassurons-nous). Il s'ensuit une grande dépression
économique (c'est un fait historique établi, je n'invente ou n'imagine aucune corrélation) qui mina l'Allemagne,
l'Empire austro-hongrois, les Etats-Unis, l'Angleterre puis la France davantage rurale et artisanale. Seule la purge
monstrueuse de la Grande Guerre effaça sur le plan économique la trahison de 1870 et l'écrasement de la Commune
(qui fut d'abord en guerre pour empêcher la dilapidation de ces 5 milliards). Ainsi, la rapacité de la haute-banque (en
premier lieu celle des Rothschild qui organisa des deux côtés le transfert du bon argent et qui toucha un pourcentage
croustillant pour ses bons et loyaux services) et l'égoïsme de la bourgeoisie européenne (seuls les Catholiques
royalistes s'opposaient au travail des enfants qui avait explosé sous le Second Empire dans ce qu'on appelait encore
les forgeries) qui virent le siège de Bismarck avec soulagement, provoquèrent le chaos, et constituent la cause
essentielle de la tragédie de la première moitié du vingtième siècle. Le nationalisme, l'antisémitisme, le racisme, le
fascisme ont bon dos, et restent peu propices à expliquer l'histoire, la vraie, sans les éclaircissements apportés par
l'observation du dénouement, en 1871, de la guerre franco-prussienne, dénouement opéré par l'écrasement de
l'ultime contestation, tout rouge était-elle dans sa forme.
François-Xavier Rochette.

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