Vous êtes sur la page 1sur 7

Thème 3 : La Troisième République avant 1914 : un régime politique, un empire

colonial.
Chapitre 6 : La mise en œuvre du projet républicain.

Introduction :
Proclamée après la chute du Second Empire, la IIIème République s'impose
progressivement dans le pays. Entre 1870 et 1914, les républicains réalisent un projet
dont les racines et valeurs remontent à la Révolution française.
Sa mise en œuvre s'effectue sans plan préétabli, au fil des événements
politiques. En outre, de nombreuses contestations existent, que ce soit dans le
domaine politique, social ou religieux. Si elles font tanguer l'édifice républicain, celui-
ci tient pourtant bon et sort finalement affermi des crises.

Problématique : Comment une majorité de Français ont-ils adopté


progressivement la République entre 1870 et 1914 ?

I L'instauration de la République et de la démocratie parlementaire (1870-1875).

Comment les républicains, pourtant minoritaires, parviennent-ils à l'emporter ?

1 Le retour délicat de la République en 1870.

> Le 4 septembre, alors que la défaite de Sedan contre les Prussiens a été annoncée
la veille , Léon Gambetta proclame la République à l'Hôtel de Ville de Paris.

> Doc. 4 p. 167 : Mais, aux législatives de 1871, les monarchistes l'emportent sur les
républicains, qui paient leur volonté de continuer la guerre. Le 17-02, Adolphe Thiers
est désigné par les députés « chef du pouvoir exécutif de la République ». La paix
avec la Prusse est alors signée.

> Doc. 3 p. 167 + PPO/Louise Michel p. 168 : La victoire monarchiste et la défaite


créent des émeutes à Paris en mars 1871. Thiers et son gouvernement fuient,
laissant la ville aux mains des émeutiers qui proclament la Commune. Les Parisiens
défendent la République et des mesures sociales.
En mai, l'armée réprime la révolte, c'est la Semaine sanglante. Cet épisode marque
une rupture entre la République et le monde ouvrier.
2 Le temps des incertitudes.

> En mai 1873, le monarchiste Mac-Mahon est élu président. Mais, en août , le
camp monarchiste reste divisé car le rapprochement des orléanistes avec les
légitimistes échoue : la France reste provisoirement une république.

> Doc. 4 p. 167 + doc. 1 p. 171 : Profitant de ces divisions lors des élections, les
républicains deviennent majoritaires à l'Assemblée en 1877. Mac-Mahon, après
avoir tenté d'empêcher le fonctionnement de la nouvelle assemblée, démissionne en
1879 : la République s'impose définitivement.

3 L'installation d'une démocratie parlementaire.

> Doc. 1 p. 174 : Lieu de débats souvent enflammés, l'Assemblée est le cœur de la vie
politique de la République. L'éloquence y devient essentielle : par leurs discours, des
députés élus au suffrage universel masculin, comme Clemenceau, Jaurès ou
Gambetta, peuvent faire tomber un ministère ou s'opposer à une loi.

> Doc. 1 p. 174 :Par peur d'une répétition du coup d'Etat de 1851, on décide que le
président sera élu par le Parlement, et non au suffrage universel direct : le régime
est donc parlementaire et le président a peu de pouvoirs réels.

II Le projet d'unification de la nation.

Comment la IIIème République tente-t-elle d'unifier la nation ?

1 La Révolution française, un modèle.

> Alors que, depuis la Commune, le Parlement était à Versailles (lieu symbolique de la
monarchie), il revient à Paris en 1879, rétablissant ainsi le lien avec le peuple.

> Dossier p. 172-173 : La culture politique républicaine se construit en se fondant


sur la Révolution française que rappellent tous les symboles qui vont incarner la
République.
Le buste de la
L’hymne national Le drapeau La fête République La Devise
nationale
Nom, Bleu et Rouge de
caractéristiqu la commune de
es ou La Marseillaise Paris 14 juillet Marianne « Liberté-
description Egalité-
Fraternité »

Blanc de la
royauté

Chant de 1792, Créé en1792. Prise de la 1792 1790


Bastille (1789) +
composé par
1ère fête de la
Rouget de Lisle Adopté en 1848 Fédération Dans les mairies Est gravée sur
qui devait
pour renforcer la et, voulant marquer les édifices
symboliser la
Dates, origine combativité des définitivement, nouvelle union leur choix publics à partir
du roi et de la
soldats en guerre en 1879-1880 républicain à partir de 1880
nation (1790).
contre les de 1877.
monarchies. Date choisie pour
Choix comme la fête nationale
hymne national en en
1879 1880

Patriotisme, liberté Réconciliation, Fraternisation Incarnation de la Principes


Signification, unité nationale. des Français République et de la fondamentaux
liberté. de la
symbolique République.

> PPO sur l'enterrement de Victor Hugo p. 169 : retenir le texte de présentation.

2 Unifier en s'appuyant sur l'école.

> Doc. 2 p. 175 + biographie p. 226 :


L'enseignement est depuis des siècles pris en charge par le clergé. L'article 7 de la loi de 1879 interdit aux
membres d'une congrégation non autorisée d'enseigner.
Le ministre de l'Instruction, Jules Ferry, refuse ensuite qu'un élève parcoure plus de 3 km pour aller en classe :
des écoles sont donc créées dans de nombreux hameaux isolés. Puis, en 1881, l'école devient gratuite et, en
1882, elle est rendue obligatoire et laïque pour les enfants de 6 à 13 ans. Cependant, les parents gardent la liberté
de choisir l'enseignement privé et confessionnel pour leur enfant.
> Doc. 4 et 3 p. 175 + doc. 2 p. 171 : parce qu'elle touche des générations successives
de Français, l'école inculque les valeurs républicaines. Les programmes sont ainsi
centrés sur les apports de la Révolution française (Histoire), sur les valeurs morales
et citoyennes (instruction morale et civique), sur la France (sa langue, aux dépens des
langues régionales ; sa Géographie) mais aussi sur les progrès de la raison (sciences).
Cela assure l'enracinement du régime républicain comme le montre le vote de 1893
plus massivement républicain que celui de 1885.

3 Une véritable nation ?

> Doc. 1 p. 166 : Répondant à la vision allemande d'une nation basée sur le sang, le
philosophe et historien Ernest Renan définit en 1882 la nation française de
manière culturelle et historique, comme la « volonté de continuer à faire vivre
l'héritage qu'on a reçu ».
Ainsi, en 1884, le manuel scolaire d'Ernest Lavisse exalte les grandes figures
patriotiques et contribue à créer un roman national (récit historique orienté
permettant d'exalter le patriotisme).

> Doc. 1 p. 166 + doc. p. 185 : Le désir de revanche contre l'Allemagne est ainsi
cultivé.
Les instituteurs, qualifiés de « hussards noirs de la République », conditionnent les
enfants à servir militairement leur pays. Un service militaire de 2 ans (puis 3 en
1913) est d’ailleurs instauré.

III L'affirmation des libertés fondamentales.

Comment la IIIème République promeut-elle et garantit-elle de grandes


libertés ?

1 Un âge d'or des libertés.

> Doc. 1 et 2 p. 175 : De nombreuses lois assurant les libertés fondamentales sont
adoptées, surtout au début des années 1880. Elles
sont sociales (rétablissement du divorce en 1884), économiques (limitation du temps
de travail des femmes et des enfants – 12 heures/jour à partir de 12 ans) ou encore
politiques (élection des maires par les conseils municipaux).
> Doc. 2 p. 175 : Adoptée en 1881, la loi sur la liberté de la presse permet la
multiplication des quotidiens. Cet essor est aussi soutenu par les progrès techniques
et l'alphabétisation croissante de la population.

> Doc. 2 p. 175 : Le droit de créer des syndicats, instauré en 1884 entraîne leur
multiplication dans différents secteurs. La loi sur la liberté d'association (1901)
complète le dispositif.

2 De véritables libertés ?

> Le droit de vote est au cœur des pratiques républicaines, mais il n'existe pas
d'isoloir avant 1913 : les électeurs sont souvent influencés par les notables du village ;
parfois, le président du bureau de vote met lui-même le bulletin dans l'urne, d'où de
nombreuses fraudes.

> Des libertés sont à double tranchant comme la liberté syndicale qui permet surtout
de discipliner les grèves en obligeant les organisations à se déclarer en préfecture.
Les libertés sont contrôlées : la création des Renseignements généraux en 1911
marque la naissance d'une vraie police politique.

3 Les Françaises privées de droits politiques.

> Doc. 2 p. 180 : Le droit de vote pour les femmes effraie. Les républicains pensent
qu'elles sont souvent sous l'influence de l'Eglise, et que leur vote pourrait mettre en
danger la laïcité républicaine.

> Doc. 3 p. 183 : Les nouvelles libertés permettent néanmoins aux revendications
suffragistes des femmes de s'organiser et de se diffuser, par l'intermédiaire
d'associations, et la publication de nombreux journaux.

> Doc. 1 p. 180 : Si les revendications s'intensifient au début du XXème siècle, la


question du vote des femmes n'est pas prioritaire à l'Assemblée où les partis de
gauche sont les premiers à se positionner clairement en faveur du vote féminin.
IV La République contestée et en débat.

Les divergences idéologiques de la société française de l'époque menacent-elles


réellement la République ?

1 Des courants révolutionnaires.

> Un syndicalisme révolutionnaire se développe, avec l'idée d'une « grève générale »


capable de renverser l'ordre établi : c'est le souvenir de la Commune qui perdure.

> Doc. 1 p. 182 : Des anarchistes (lexique p. 324) organisent une série d'attentats
entre 1892 et 1894 qui fascinent l'opinion et inquiètent le gouvernement. Ces actions
vont jusqu'à l'assassinat du président Sadi Carnot en 1894 .

2 Une France nationaliste et antisémite.

> Des scandales politico-financiers impliquant des députés alimentent une hostilité
au régime : l'antiparlementarisme (Voc. p. 182).
Beaucoup de cadres de l'armée adhèrent à cette vision antidémocratique.

> Etude p. 176-177 :


En 1894 commence l'affaire Dreyfus. L'officier Alfred Dreyfus est accusé d'espionnage pour le compte de
l'Allemagne. Juif et Alsacien (il s'exprime avec un accent allemand), il est le coupable idéal dans un pays où
l'antisémitisme est très ancré. L'enquête est falsifiée, la presse l'accable malgré des preuves de plus en plus
claires de son innocence.
Au début de l'année 1898, l'écrivain Emile Zola donne une publicité considérable à cette affaire dans une
lettre ouverte publiée dans L'Aurore, intitulée « J'accuse », et qui met en cause les autorités militaires. Le camp
dreyfusard compte dès lors des hommes politiques venus de la gauche socialiste et républicaine, ainsi que des
intellectuels comme Zola. Ils s'engagent pour faire réviser le procès de Dreyfus afin de prouver son innocence.
Ils s'opposent aux antidreyfusards qui comptent parmi eux bon nombre de dignitaires de l'armée et de l'Eglise
catholique, ainsi que les forces nationalistes antiparlementaires.
Rejugé mais condamné avec des circonstances atténuantes par un tribunal militaire (1899), Dreyfus est
finalement gracié par le président de la République la même année. Il n'est réhabilité qu'en 1906.

> Doc. 2 p. 183 : L'extrême droite prend donc de l'ampleur avec des partis appelés
ligues. Leurs membres défendent des valeurs réactionnaires et xénophobes (Voc. p.
183), exaltent le rôle de l'armée et l'appartenance nationale. Le gouvernement
réprime sévèrement les mouvements les plus radicaux qui désirent renverser la
République.
3 Une France réactionnaire et cléricale.
> La France est toujours un pays très croyant et, alors que les protestants sont
plutôt républicains, une partie du clergé et de l'électorat catholiques considèrent
la République comme un régime impie (qui méprise la religion).
==> PPO/loi 1905 p. 178 : Lire et retenir le texte de présentation.

> Etude p. 179 : L'Eglise catholique refuse de coopérer avec la République. Certaines
processions de rue tournent parfois à la violence et sont l'occasion de protester
contre la politique anticléricale du gouvernement.

> Enfin, une partie des Français est nostalgique. L'idée d'un retour à la monarchie
persiste même si elle reste minoritaire. L'affaire Dreyfus a ainsi révélé qu'une partie
des cadres de l'armée ne sont pas républicains mais monarchistes et fervents
catholiques.

Conclusion :
> Entre 1870 et 1914, la mise en place du projet républicain est longue et compliquée,
d'abord parce que la République est proclamée à la hâte en 1870 et, ensuite, parce
que les Républicains sont d’abord minoritaires.

> Il faudra ainsi un long travail pour persuader les Français du bien-fondé de ce
régime, à grand renfort de propagande républicaine. Cette propagande s'avérant
efficace, elle permet à la République de surmonter les crises.

Vous aimerez peut-être aussi